vendredi 4 novembre 2011

Un chemin vers saint Silouane (XI)



"Voici donc comment vous devez prier: Notre Père…
Evangiles selon saint Matthieu et saint Luc

La prière du Notre Père, seule et unique prière que nous ait enseignée le Christ, le staretz béni l’accomplit dans sa vie et la manifesta parfaitement dans ses enseignements.

Notre Père qui es aux Cieux…
Reconnaître qu’Il est notre Père, c’est admettre ce lien unique que nous avons avec Lui, et comme le prodigue de la parabole du Christ, retourner — ne serait-ce qu’au moment de la prière — vers notre demeure véritable, celle qui sera nôtre pour l’éternité (Dieu voulant) : les Cieux. La lamentation d’Adam de saint Silouane est ce cri vers le Père… Un ascète qui reconnut la sainteté du staretz après sa mort, était du vivant de celui-ci troublé par la hardiesse qui le faisait parler de dieu comme de son propre Père.

Que Ton Nom soit sanctifié…
Est-il possible de sanctifier plus complètement le Nom qu’en L’ayant toujours sur les lèvres, dans l’intellect et dans le cœur ? Par la prière de Jésus, le staretz nous apprend à toujours respirer en Dieu et à garder Sa mémoire sans cesse comme une respiration essentielle à notre vie.

Que Ton règne vienne…
"Vous goûterez, dès cette terre, la béatitude du Paradis" a dit le staretz Silouane.

Que Ta volonté soit faite…
Sa volonté, nous le savons par le staretz et par sa vie exemplaire à la Sainte Montagne, c’est de ne jamais désespérer, de se garder par la prière dans l’acceptation de Sa volonté sainte.

Comme au Ciel sur la terre…
Le texte grec ou slavon parle d’abord du Ciel, et cela rétablit la priorité exacte de notre attente, la demande que s’accomplisse aujourd’hui dans ce monde ce qui existe de toute éternité dans le Royaume de Dieu. Nous savons que le staretz, par son enseignement et sa vie, a manifesté d’une manière tangible cette présence du Ciel sur la terre des vivants.

Donne-nous aujourd’hui notre pain substantiel…
Ce pain supra-essentiel ou substantiel, est Celui du Corps reçu avec le précieux Sang Divin lors de la Communion aux très purs Mystères du Christ. C’est la grâce que le staretz recherchait dans l’union avec Dieu, dans les purs Mystères du Corps et du Sang du Christ, union tangible et accessible dans l’Eglise, mais c’est aussi la prière pure à Son Saint Nom, et l’accomplissement de Ses commandements.

Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs…
Remets-nous nos dettes envers Toi, ou bien pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. L’amour du prochain, l’amour de tous les hommes et surtout lorsqu’il s’agit de l’amour des ennemis, entreprend une bienheureuse collaboration avec la grâce. Si je prie cette parole, et que véritablement j’aime mes ennemis, alors c’est Dieu Lui-même qui prie en moi, et je suis devenu théophore en vérité. N’est-ce pas l’enseignement primordial rappelé par le staretz à notre temps ?

Et ne nous soumets pas à l’épreuve…
Combien douloureuse fut cette perte, ou plutôt cette sensation de perte de la grâce chez le staretz, cette douleur de l’absence du Bien-Aimé. Cette épreuve, la plus grande, peut devenir tentation par découragement, tentation d’abandonner la lutte spirituelle. Cependant, la parole du Sauveur à saint Silouane est là pour rassurer : "Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas !". Dieu est aussi avec nous dans l’épreuve et, dans la tentation, Il ne nous abandonne pas, c’est nous qui nous éloignons de Lui. Il attend sans cesse. Il est à nos côtés, même si nous ne Le voyons pas.

Mais délivre-nous du Malin…
Il est fréquent, de nos jours, de faire de ce Malin, le simple mal, principe abstrait dans lequel on peut ranger tout ce que notre imagination fertile veut bien concevoir, ou ce que notre souci de ne pas paraître rétrograde aux yeux des théologiens modernes consent à imaginer. Cependant, l’expérience même du staretz nous montre la réalité objective du Prince de ce monde, et le besoin que nous avons que notre Père céleste nous en délivre véritablement.
Il n’est pas anodin que cette prière soit la seule que nous ait enseigné le Seigneur.

© Claude Lopez-Ginisty
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Une première version de ce texte 
a été publiée
aux 
Editions du Désert 
en 2003 
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