samedi 19 novembre 2011

John Romanidès: De l'Eglise


 

Source: Tiré de notes des étudiants sur la bande sonore sur le cours de Dogmatique, enregistré pendant les leçons données par le professeur Père John Romanidès, à Thessalonique, en 1972.

L'Eglise est le Corps du Christ, qui est composé de tous les fidèles dans le Christ; de ceux qui participent à la première résurrection et qui portent la promesse de l'Esprit ou même de ceux qui ont eu un avant-goût de la theosis (déification). L'Église a existé avant même la Création, comme le royaume et la gloire qui est cachée en Dieu et où Dieu réside, avec Son Logos et Son Esprit. Par une volonté de Dieu, les éons furent créés, comme le furent les puissances célestes et les esprits incorporels ou les anges qui y sont, et par la suite, le temps et le monde en son sein, dans lequel l'homme a également été créé, qui réunit en lui l'énergie noétique des anges avec le logos-raison et le corps humain.

L'Eglise est à la fois invisible et visible, en d'autres termes, elle est composée de ceux qui sont enrôlés (en service actif) sur la terre et de ceux qui sont dans les cieux, c'est-à-dire de ceux qui ont triomphé dans la gloire de Dieu.

Parmi les protestants, il règne l'opinion que l'Église est invisible seulement - alors que les sacrements du Baptême et de la Divine Eucharistie sont simplement des actes symboliques - et que Dieu seul sait qui sont les membres véritables de l'Église. L'Église orthodoxe, d'autre part, souligne aussi l'aspect visible de l'Eglise. Hors de l'Église, il n'y a pas de salut.

L'Eglise, comme corps du Christ, est la résidence de gloire incréée de Dieu. Il est impossible pour nous de séparer le Christ de l'Eglise, comme il l'est de séparer l'Église de Jésus-Christ. Dans le papisme et le protestantisme il y a une distinction claire entre le corps du Christ et l'Église, c'est-à-dire, que l'on peut participer au corps du Christ, sans être membre de l'église papiste. Ceci est impossible pour l'orthodoxie.

Selon les calvinistes, après son Ascension, le Christ réside dans le ciel et, par conséquent, la transformation du pain et du vin en Corps et Sang réels du Christ est impossible... Absence complète de Christ... A peu près la même chose est mise en valeur dans l'église papiste, parce que, le Christ est considéré comme absent, et par la prière du ministre, Il descend du ciel et devient présent. Cela implique que le Christ est absent de l'Eglise. Les membres de l'Eglise sont, comme mentionné précédemment, ceux qui ont reçu la promesse de l'Esprit et ceux qui sont déifiés.

Lorsque l'Eglise antique se référait au corps du Christ comme l'Église, et au Christ comme Tête de l'Église, bien entendu, elle ne voulait pas dire que le Christ s'étendait corporellement partout dans le monde et qu'Il avait -par exemple- la tête à Rome, une main à l'Est et l'autre à l'Ouest, mais que le Christ tout entier existe dans chaque Eglise particulière avec tous ses membres, à savoir, les saints et les fidèles de l'Univers. De cette façon, selon l'enseignement des Pères, lorsque nous célébrons la Divine Eucharistie, non seulement le Christ est présent, mais tous Ses saints et les chrétiens de l'univers sont présents, dans le Christ. Lorsque nous recevons un petit morceau du pain Saint, nous recevons tout le Christ en nous. Quand les chrétiens se rassemblent pour la même raison, l'Eglise tout entière est rassemblée, et pas seulement une fraction de celle-ci. C'est la raison pour laquelle il est devenu prédominant dans la tradition patristique de désigner le temple d'un monastère sous le terme de "Catholicon". La destination de tous les fidèles est la theosis (déification). C'est l'objectif ultime de chacun. C'est pourquoi un chrétien doit procéder "de gloire en gloire", en d'autres termes, l'esclave doit d'abord devenir un travailleur salarié, puis un fils de Dieu et un membre fidèle du Christ. Il ne peut pas y avoir de salut hors de l'Eglise. Le Christ offre la grâce rédemptrice à tous les êtres. Quand quelqu'un est sauvé en dehors de l'Eglise visible, cela signifie que le Christ Lui-même l'a sauvé. S'il est un membre hétérodoxe, alors il est sauvé parce que c'est le Christ Qui l'a sauvé, et non la "branche" religieuse à laquelle il appartient. Son salut n'est donc pas effectué par l'église à laquelle il appartient, parce que l'Eglise qui sauve est Une - et c'est le Christ.

Partout où le dogme orthodoxe n'existe pas, l'Eglise n'est pas en mesure de se prononcer sur l'autorité des sacrements. Selon les Pères, le dogme orthodoxe ne s'est jamais séparé de la spiritualité. Partout où il y a un dogme erroné, il y a une spiritualité erronée et vice-versa. Nombreux sont ceux qui séparent les dogmes de la piété. C'est une erreur. Quand le Christ dit "Soyez parfaits comme le Père est...", cela implique qu'il faut être familier avec le sens de la perfection. Le critère de l'autorité des sacrements pour nous orthodoxes est le dogme orthodoxe, tandis que pour les hétérodoxes, c'est la succession apostolique. Pour la tradition orthodoxe, il ne suffit pas de remonter depuis l'ordination jusques aux Apôtres, mais de posséder le dogme orthodoxe. La piété et le dogme sont une entité et ne peuvent pas être séparés. Partout où il y a un enseignement droit, il y aura une action verticale. "Orthodoxe" signifie:

a) gloire droite ( juste, honnête),

b) acte droit.

L'Eglise terrestre activement engagée est l'Eglise orthodoxe. Le "dogme orthodoxe" et "l'enseignement des Écritures" sont une seule et même chose, parce que le dogme existe, et qu'il vient de la Sainte Bible.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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