"Peut-être dira-t-on : ‘Cela n’arrive qu’aux saints’. Mais, moi, je dis que le Seigneur aime également le plus grand pécheur et lui accorde Sa grâce, pourvu que son âme se détourne du péché ; le Seigneur le recevra avec une grande joie dans Ses bras et l’apportera au Père, et alors tous les Cieux se réjouiront à son sujet."
Staretz Silouane (Archimandrite Sophrony, op. cit. p.426)
Un des plus grands obstacles à l’épanouissement de notre âme en Dieu est la pusillanimité. Or c’est notre salut qui est en jeu ! Le staretz béni par ses paroles et sa vie, nous aide à vaincre ce défaut commun à tous les hommes. La sainteté vers laquelle nous devrions tendre, par une fausse humilité nous nous disons indignes de cheminer vers elle, alors que l’injonction du Christ est claire : il veut que nous soyons parfaits comme notre Père Céleste est parfait. (cf Matthieu 5,48).
Le début de la perfection dans la vie spirituelle, c’est de commencer par voir tous nos péchés, nos manquements, nos faiblesses et de les confesser à Dieu devant un prêtre. Ensuite, comme le fit saint Silouane, nous devons prendre la ferme résolution de ne plus nous retrourner vers la vie du vieil homme , nous ne devons plus regarder en arrière. Pour nous, cela ne consistera pas à quitter le monde pour aller au Mont Athos, mais plus simplement à véritablement laisser notre vie passée comme une chose morte, et à regarder vers la Vie nouvelle en Christ.
La repentance et la vision du chemin à suivre ne nous sont pas aisées, car l’endurance au péché et l’indifférence dans lesquelles nous avons vécu, nous ont engloutis dans une apathie proche de la mort définitive de l’âme. Nous ne savons que faire. Le Père Joseph l’Hésychaste, contemporain du staretz à la Sainte Montagne de l'Athos, indiqua une voie à un laïc qui lui demandait conseil.
"Alors deviens comme un petit enfant avec toute sa simplicité enfantine et jette-toi aux pieds de notre Toute Sainte [Mère de Dieu] Qui porte le Grand Dieu comme un petit enfant. Pleure et crie vers Elle avec beaucoup d’amour : ‘Ma chère et douce Mère, aide-moi, montre-moi comment je puis être sauvé ! Intercède, ma chère mère auprès de Ton Fils afin qu’Il me montre ce qu’Il veut de moi, et ce que je devrais chercher en Lui. Qu’Il ouvre les yeux de mon âme qui sont fermés, et m’empêchent ainsi de Le voir, alors qu’Il me voit à chaque instant et que constamment je L’attriste." (Monastic Wisdom, The Letters of Elder Joseph the Hesychast, Saint Anthony’s Greek Orthodox Monastery, Florence, Arizona, USA, 1998, p. 306)
Demander à Dieu ce que nous devons faire, c’est déjà avouer que jusques alors, nous n’avons pas agi selon Ses commandements, et que nous voulons essayer de le faire à présent. La conversion est la réalisation éblouie qu’il y a un passé qui est mort (même si par le remords il revient souvent nous accabler) et un éternel présent en Dieu si nous le voulons, et si nous avons le courage de continuer une lutte commencée par cette grande victoire sur les ténèbres de la Rencontre avec Dieu.
Au début de notre conversion nous sommes dans l’Eternité du Royaume. Nous aimerions y rester. Pour ce faire, saint Silouane est allé au monastère de Saint Pantéléimon au Mont Athos. Nous, nous restons dans le monde, mais nous ne serons plus du monde. Intérieurement, nous vivrons en Christ. Extérieurement, faute de monastère, nous tiendrons le monde en respect avec l’aide de Dieu et de la prière, en étant immergés dans sa sainte respiration.
Pour nous garder en Dieu, nous nous agrègerons au saint troupeau des brebis logiques du Christ dans l’Eglise. Nous vivrons de la mémoire écrite de Dieu dans les Livres Saints, et nous les scruterons pour y trouver la Vie Eternelle.(cf Jean 5, 39)
Par la confession, nous purifierons notre âme; par la Communion aux Très Saints Mystères, nous la nourrirons du Christ, et dans l’abandon à Sa volonté, nous dirons à Dieu comme saint Silouane : "Je suis digne des tourments de l’enfer, et éternellement, je brûlerai dans le feu. Je suis en vérité pire que tous et indigne de compassion" (Archimandrite Sophrony, op. cit. p.373)
Nous savons que le Christ nous dira : "Vous êtes mes amis." ( Jean 15,14)
Et nous ne désespèrerons pas, même en enfer, car nous savons que l’Amour de Dieu y est aussi présent.
© Claude Lopez-Ginisty
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Une première version de ce texte
a été publiée
aux
Editions du Désert
en 2003
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