lundi 5 septembre 2011

Père Païssios de bienheureuse mémoire: La sécularisation du monachisme [V] (Annonce du Monastère de Koutloumoussiou)




 Addendum: l'annonce par le Monastère Sacré de Koutloumousiou de la Sainte Montagne

En réponse à la demande persistante de nombreux pèlerins et en pleine conscience des maux de notre temps, notre Monastère Sacré a décidé de rompre son silence temporairement et d'annoncer les informations générales suivantes, en raison du scandale qui a persévéré pendant une longue période dans la conscience du peuple à cause de la tourmente provoquée par les médias concernant les activités de certains moines d'un institut monastique de la Sainte Montagne. À une époque où l'exploitation des institutions, des principes et des valeurs est une condition préalable à l'acceptation et à l'ascension sociale, c'est avec tristesse que nous nous rendons compte que nous devons parler de choses qui, un jour étaient  généralement évidentes.

1. Le monachisme est le renoncement au monde et à toutes choses relatives au monde, c'est pourquoi l'une des promesses monastiques est le rejet de la propriété. Indépendamment du lieu où un moine peut se trouver, il est obligé de cultiver en lui la conscience qu'il ne possède rien, qu'il n'est possédé par rien, et que toute forme de biens personnels constitue une violation grave de cette promesse. Un moine cénobitique avec un compte bancaire personnel pour son propre usage constitue une contradiction, à la fois dans la terminologie et dans l'essence.

2. Un monastère est soit un petit ou un grand institut, qui offre une hospitalité tout au long de la vie aux moines sans possessions ainsi qu'aux pèlerins. Il leur fournit abri, nourriture, vêtements, couvertures, hospitalisation. En tant que tel, il est dans le même temps un système organisé, autonome, unité productive et économique, dont l'objectif n'est certainement pas l'incrémentation d'une marchandise financière, mais le perfectionnement de ses membres dans la productivité et dans l'offre de l'amour. Sa base financière sécurise simplement sa continuité à travers le temps, de la même manière que la première communauté apostolique de Jérusalem a été maintenue par un fonds communautaire. Seul, un moine peut rester un moine et passer cette vie partout: dans les montagnes, dans les villes, comme un mendiant ou avec l'hospitalité qui peuvent être offerts ou être un homme des cavernes. Un monastère, cependant, qui manque d'une base régulière et d'autonomie financières est condamné à mort, étant donné que, à un certain point, il cessera de soutenir les moines, il se transformera en un musée, mais même jusques à ce moment-là, il sera dépendant de dépendances. Les empereurs étaient bien conscients de cela, c'est pourquoi ils ont dotés les monastères, de terres, héritages, et de lettres de confirmation scellées avec des bulles d'or. Il est erroné de vouloir imposer la pauvreté à un monastère, étant donné que la pauvreté devrait normalement être la vertu personnelle de chaque moine. Notre monastère continue jusques à ce jour à sentir l'amertume de la privation qui lui a été infligée par des actions prédatrices qui ont été à son détriment; une privation qui met en danger son fonctionnement et sa pérennité.

3. L'entretien et l'utilisation des avoirs d'un monastère est une responsabilité assumée dans chaque fraternité. Bien sûr, cette utilisation ne comporte aucune des concessions pour des activités commerciales qui peuvent conduire à un état psychotique d'accumulation continue et d'investissement de la richesse - quelque chose de totalement contraire à la philosophie monastique, et il y a toujours le danger inhérent que le moine qui est chargé de l'administration, glisse dans ce genre de passion, parce que la vie spirituelle - et la vie monastique extrême en particulier - est suspendue à des fils de soie très fins. L'existence du Mamon de l'injustice - de l'argent - est justifiée, seulement quand il est utilisé pour les besoins des indigents.

4. Toute forme de déviation morale que ce soit, d'un moine ou de plusieurs, se propose comme un tremplin pour la promotion des plans de l'Ordre Nouveau à venir. Tout semble être mobilisé dans un jeu violent, truqué, où chaque système maléfique de conclusions pré-décidées et toutes sortes de chicanes intelligentes sont mises en œuvre. Le Nouvel Ordre, qui s'efforce de façonner une communauté universelle de population terrorisée, tente de saper les institutions et valeurs qui constituent la base spirituelle du peuple et le facteur de son unité culturelle. 
La Sainte Montagne, comme état monastique auto-gouverné qui professe la liberté de l'esprit - point axial de l'orthodoxie - ne peut être rien qu'une dissonance indésirable dans une société homogénéisée et manipulée qui sera à la disposition absolue d'un petit nombre de potentats, qui accumulent actuellement du capital et toute autre forme de pouvoir dans ses propres mains. Dans ce cours prévu des événements, la Sainte Montagne doit être affaiblie, elle doit être chamboulée, de l'intérieur et de l'extérieur, avec la contribution de nombreux pouvoirs de corruption. Ce qui n'est pas accompli par l'argent sera accompli par la mauvaise interprétation de l'Histoire, par la retenue à la source de la vérité, par l'exploitation et tout ce qui est consacré par la propagande populiste.

5. L'Église (et un monastère - qui est une Église en miniature) suit un cours dramatique dans l'Histoire. Cela signifie qu'elle a ses faux pas et ses montées, ses chutes et ses envolées; elles s'approche du Paradis et elle est aussi ballottée par le Diable. Cependant, tous les coups infligés à travers l'Histoire concernent  la coquille de l'Eglise et non pas son essence. Et son essence est la présence charismatique de l'Esprit Saint qui vivifie les membres et les fibres du Corps du Christ et produit des fruits de sainteté. Et cette sainteté ne disparaît pas, ni de la Sainte Montagne, ni du monde. Chaque crise, chaque tribulation historique, offre à chacun la possibilité d'auto-critique et de re-composition; pour une purification douloureuse et un retour à l'essentiel et au vrai.

La Sainte Montagne n'appartient pas à qui que ce soit. Pour être exact, elle n'appartient pas à quiconque serait impie - qu'il s'agisse d'un moine ou d'une personne laïque. Elle est le fruit séculaire de la collaboration de Dieu et de Ses saints, elle appartient à la Mère de Dieu et à ceux qui l'ont sanctifiée par leur vie, depuis le passé, jusques à la fin. La Sainte Montagne véritable est la quintessence de la sainteté invisible, qui continue d'exister à ce jour, pour l'amour de la vie du monde. Par conséquent, si certains d'entre nous la voulons vivante et active, nous devons la protéger, tout comme nous protégerions une serre. Et même si les moines d'aujourd'hui ne sont pas dignes de son histoire, nous devons la protéger, pour les moines qui viendront après.

Monastère Sacré de Koutloumousiou,
Sainte Montagne de l'Athos, 
2009.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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