lundi 15 août 2011

Jean-Claude LARCHET: Recension/ « Vie et spiritualité des Églises orthodoxes orientales des traditions syriaque, arménienne, copte et éthiopienne »

Chaillot
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orthodoxie.com

Christine Chaillot, « Vie et spiritualité des Églises orthodoxes orientales des traditions syriaque, arménienne, copte et éthiopienne », préface du père Boris Bobrinskoy, Éditions du Cerf, Paris, 2011, 470 p.

Ce volume est une compilation de livres précédemment publiés par l’auteure en langue anglaise, consacrés aux Églises non chalcédoniennes du Kerala (The Malankara Orthodox Church, Genève, 1996), de Syrie (The Syrian Orthodox Church of Antioch, Genève, 1998), d’Éthiopie (The Ethiopian Tewahedo Church Tradition, Paris, 2002), d’Égypte (The Coptic Orthodox Church, 2005) à laquelle s’ajoute une étude inédite sur l’Église arménienne.
Il comporte ainsi cinq grandes parties consacrées successivement à l’Église syrienne, à l’Église mamlankare syrienne de l’Inde, à l’Église arménienne, à l’Église copte et à l’Église éthiopienne. Pour chaque Église sont présentés son histoire, sa mission et sa diaspora, sa langue, sa littérature et ses « études », sa vie liturgique, sa spiritualité et sa vie monastique. Les questions théologiques sont délibérément laissées de côté. Une abondante bibliographie clôt le volume.
Comme l’indique l’auteure dans son introduction, un grand nombre d’informations données dans cet ouvrage ont pour base principale ses observations et le fruit de ses rencontres avec les membres (clercs et laïcs) de ces Églises au cours des voyages qu’elle a effectués dans les pays où elles sont présentes. Cela explique que les études ici rassemblées apparaissent comme des accumulations de données brutes, aient un style très descriptif et même souvent énumératif, et ne comportent ni les analyses ni les synthèses que l’on pourrait en attendre. On trouvera ici une mine d’informations fort utiles pour connaître de manière concrète et vivante ces Églises souvent mal connues, et qui méritent attention en raison de leur vénérable ancienneté et des traditions qu’elles ont conservées, mais aussi compassion en raison des turpitudes qu’elles subissent depuis de nombreuses années de la part d’un environnement hostile, lié, pour certaines d’entre elles, à l’extrémisme islamiste.
Certains points points de la présentation suscitent cependant des réserves importantes, notamment le fait que ces Églises soient qualifiées d'orthodoxes.

Ces Églises orientales sont souvent appelées « pré-chalcédoniennes » (improprement, car elles ont évolué au moment du concile de Chalcédoine et après lui), « non chalcédoniennes » (parce qu’elles n’ont pas admis la définition de ce concile œcuménique) ou « antichalcédonniennes » (parce qu’elles se sont jusqu’à nos jours opposées à lui). Elles confessent une christologie monophysite d’un certain type (non le monophysisme dur d’Eutychès, mais le monophysisme modéré de Dioscore, Timothée Aélure, Pierre Monge, Philoxène de Mabboug, Jean de Tella, Sévère d’Antioche...) et si le dialogue théologique entre elles et l’Église orthodoxe est en cours depuis de nombreuses années et a connu des avancées significatives, des divergences importantes subsistent sur les plan théologique et ecclésiologique. On ne peut donc, du point de vue de l’Église orthodoxe, considérer ces Églises comme orthodoxes, comme le fait l’auteure dans le titre et dans le cours de son livre, et comme le fait aussi le préfacier de l’ouvrage, le père Boris Bobrinskoy qui malheureusement comprend mal les positions respectives de l’Église orthodoxe et des Églises non chalcédoniennes vis-à-vis de la christologie de saint Cyrille d’Alexandrie, réduit le courant monophysite au seul eutychianisme, considère que les différences dogmatiques entre la foi christologique de l’Église orthodoxe et la foi christologique des Églises non chalcédoniennes ne tiennent qu’à un malentendu linguistique, et que, en conséquence, il n’y a pas, du point de vue de la foi, d’obstacle empêchant de communier au même calice (p. 5-6). Rappelons que le Père Boris Bobrinskoy, qui considère les monophysites comme orthodoxes, a été pendant trente ans professeur de dogmatique à l’Institut Saint-Serge.

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