samedi 30 juillet 2011

Un événement vrai, mais incroyable pour beaucoup (XII)




Le sens du mot "agonie", que j'avais entendu, fut entièrement compris par moi, mais maintenant tout en moi se détournait d'une certaine manière de mes relations, de mes sentiments et s'étendait inclusivement à mes conceptions.

Sans doute, que si j'avais entendu ce mot, même au moment où les trois médecins m'examinaient, j'aurais eu peur à un degré alarmant. De même, si une telle tournure étrange, n'avait pas eu lieu dans ma maladie, si j'étais resté dans l'état ordinaire d'un homme malade, même à l'heure actuelle, sachant que la mort approche, j'aurais compris et expliqué tout ce qui avait eu lieu pour moi, différemment; mais dans l'état actuel, les paroles du médecin me surprirent seulement, n'ayant pas créé en moi ce sentiment de peur qui est caractéristique des gens qui songent à la mort, et je donnais une interprétation de tout à fait inattendue de cet état dont je faisais l'expérience, en comparaison avec mes conceptions antérieures.

Soudain ce fut pour moi une révélation: "Eh bien alors, voilà c'est ce qu'il en est! C'est la terre qui m'attire ainsi". "C'est-à-dire, pas moi, mais ce qui lui appartient, ce qu'elle me laissa avoir pendant une période de temps. Et est-ce la terre, ou bien est-ce la matière même qui essaie de me faire revenir à elle?"

Et ce qui, auparavant, semblait si naturel et vrai, à  savoir que, après la mort je devrais retourner complètement à la poussière, apparaissait maintenant artificiel et impossible.

"Non, je ne disparaîtrai pas complètement, je ne peux pas", ai-je presque crié à haute voix, et j'ai fait une tentative pour me libérer, pour m'arracher à cette force qui m'attirait, et soudain j'ai senti le calme s'installer en moi.

J'ai ouvert les yeux, et tout ce que j'ai vu au cours de cette minute, dans les moindres détails, s'est enregistré dans ma mémoire avec une  totale clarté.

J'ai vu que j'étais debout seul dans une pièce; à droite de moi, debout en demi-cercle, tout le personnel médical était entassé: après avoir mis ses mains derrière lui et regardant fixement quelque chose que j'ai été incapable de voir à cause de leurs silhouettes, se tenait le médecin-chef; derrière lui, légèrement penché en avant le plus jeune médecin, le vieil assistant médecin, tenant un sac d'oxygène dans ses mains, passant indécis d'une jambe sur l'autre, ne sachant évidemment pas quoi faire avec son appareil, soit de l'emporter, ou de ne pas le faire, car il pourrait encore servir, et le jeune médecin, après s'être incliné, soutenait quelque chose, mais à cause de son épaule, seuls les oreillers m'étaient visibles.

Ce groupe me surprit: à l'endroit où ils se trouvaient il y avait un lit. Qu'est-ce qui attirait l'attention de ces personnes, qu'est-ce qu'ils regardaient, alors que je n'étais plus là, puisque j'étais debout au milieu de la salle?

Je me suis avancé et j'ai regardé l'endroit qu'ils regardaient tous:

C'était moi qui gisais là sur le lit!

Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Life 
Vol. 26, No. 4 
Holy Trinity Monastery
Jordanville, N.Y.
USA

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire