vendredi 29 juillet 2011

Un événement vrai, mais incroyable pour beaucoup (XI)



"Agonie", j'ai entendu ce mot prononcé au-dessus de moi par le médecin.

Comme je ne parlais pas, étant complètement concentré en moi, et que mon regard exprimait une absence totale d'affect en relation avec le monde environnant, les médecins décidèrent évidemment que j'étais dans un état inconscient et parlèrent de moi d'une manière audible, sans retenue. Mais en attendant, non seulement je comprenais tout d'une manière excellente, mais il était impossible pour moi de ne pas penser et d'observer à un certain degré.

"Agonie, la mort!" ai-je pensé, après avoir entendu les paroles du médecin. "Vais-je vraiment mourir?" En moi, j'ai parlé à haute voix, mais comment? Pourquoi? Je ne peux pas expliquer cela.

Je me suis soudain souvenu d'un discours savant traitant de la question de savoir si oui ou non la mort est douloureuse, que j'avais lu il y a longtemps, et, ayant fermé les yeux, je me suis interrogé quant à ce qui était entrain de se passer en moi à ce moment.

Non, je ne ressentais pas la moindre douleur physique, mais sans doute que je souffrais. Je me sentais lourd à l'intérieur et las. D'où cela venait-il? Je savais de quelle maladie j'allais mourir; ce qui était en cause ici, était l'œdème qui  m'étouffait, ou diminuait-il l'activité du cœur et cela me rendait las? Je ne sais pas. Peut-être était-ce là l'explication de ma mort à venir, selon les idées de ces gens, du monde, qui maintenant était si étrangers et éloignés de moi. Cependant, je ne sentais un insurmontable effort vers quelque part, une attirance vers quelque chose dont j'ai déjà parlé.

Et j'ai senti que cette attraction augmentait à chaque instant, que j'étais déjà arrivé très près, presque en contact avec cet aimant qui m'attirait, qui si je touchais, allait faire que tout mon corps fusionne en lui, pour devenir un avec lui de manière telle qu'aucune force ne serait alors capable de me séparer de lui, et plus fortement je sentais la proximité de ce moment, plus je devenais craintif et dépressif, et il en était ainsi car je sentais une résistance simultanée à cela avec une clarté croissante, je sentais très clairement qu'en tant qu'ensemble je ne pouvais pas m'unir, que quelque chose devait se séparer en moi, et que ce quelque chose s'efforçait de s'éloigner de l'objet inconnu d'attraction avec la même intensité que la chose en moi s'efforçait d'aller vers elle. C'est cette lutte qui me causait la fatigue, la souffrance.

Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Life 
Vol. 26, No. 4 
Holy Trinity Monastery
Jordanville, N.Y.
USA

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