mercredi 27 juillet 2011

Un événement vrai, mais incroyable pour beaucoup (IX)



Je me souviens à environ quatre heures je me sentais une sorte de frisson léger, et désirant avoir chaud, je me suis couvert parfaitement avec la couverture et je suis resté étendu au lit, mais soudain je me suis senti très étourdi.

J'ai appelé le médecin-assistant, il est venu, m'a soulevé de l'oreiller et a soulevé le sac d'oxygène. Quelque part, j'ai entendu la sonnerie d'une cloche, et en quelques minutes, le médecin-chef est entré en hâte dans ma salle, et peu après, l'un après l'autre, nos deux médecins.

À un autre moment un tel nombre inhabituel de  personnel médical et la rapidité avec laquelle il avait été réuni m'aurait sans doute étonné et confondu, mais alors, je me suis senti totalement indifférent, comme si cela n'avait pas de relation avec moi.

Un étrange changement soudain pris place dans mon humeur! Une minute avant, plein d'optimisme, à présent même si je voyais et comprenais parfaitement bien tout ce qui se déroulait autour de moi, surgit soudain une sorte d'indifférence incompréhensible, un éloignement tel, qui maintenant, ce me semble, est complètement étranger aux vivants.

Toute mon attention était concentrée sur moi-même, mais il y avait ici aussi une étonnante qualité particulière, un certain état de division au sein de moi: je me sentais et étais conscient de moi-même avec une clarté et une certitude totales, et en même temps, j'avais un sentiment de telle indifférence pour moi, que c'était comme si j'avais même perdu la capacité de percevoir les sensations physiques.

Par exemple, je vis comment le médecin tendit la main et me tâta le pouls - j'ai vu et compris ce qu'il faisait, mais je n'ai pas senti son contact avec mon corps. J'ai vu et entendu que les médecins, m'ayant soulevé, ont continué à faire quelque chose et faisaient tout un plat à propos de mon dos, là où à l'évidence l'œdème avait commencé, mais de ce qu'ils faisaient, je ne sentais rien et ce n'est pas parce que j'avais vraiment perdu la capacité de percevoir ces sensations, mais parce que cela n'attirait pas le moins du monde mon attention, car m'être retiré quelque part au fond de moi, je n'écoutais pas ou n'observais pas ce qu'ils me faisaient.

Il semblait que soudain deux êtres ou deux essences étaient manifestées en moi: l'une cachée quelque part au fond et c'était la partie principale de moi-même, l'autre externe et évidemment, moins importante, et maintenant il semblait que ce qui avait lié ces deux parties se brûlait ou se fondait, et ces deux essences séparées, la plus forte ressentait plus vivement et avec plus de certitude, et la plus faible devenait un sujet d'indifférence. Cette partie la plus faible de mon d'être était mon corps.

Je ne peux imaginer comment, peut-être même seulement il y a quelques jours, j'aurais été frappé par la manifestation de  cet être inconnu en moi-même  jusque-là et la réalisation de sa supériorité sur cette autre partie de moi qui, selon mes convictions antérieures constituait mon être tout entier, mais que maintenant je ne remarquai même pas.

Cet état était très étonnant: vivre, voir, entendre et comprendre tout, et en même temps, apparemment ne pas voir ou comprendre quoi que ce soit, et sentir une telle aliénation à l'égard de tout.

Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Life 
Vol. 26, No. 4 
Holy Trinity Monastery
Jordanville, N.Y.
USA

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