jeudi 2 juin 2011

Sur le blog de Maxime: La correction fraternelle selon saint Jean Chrysostome



« Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. »
(Matth. 18, 15)

1. Après ces paroles si vives contre les auteurs, des scandales, après des menaces capables de les pénétrer de terreur, pour préserver de la négligence les personnes que le scandale atteint, - car elles auraient pu tomber dans un mal non moins redoutable en s’autorisant de ce langage, qui regardait exclusivement autrui pour se livrer au relâchement et glisser dans l'orgueil, sous le prétexte qu'elles avaient droit à des ménagements de toute sorte, le Sauveur s'occupe d'elles à leur tour, et ordonne que tout reproche se fasse dans le plus grand secret de crainte que la présence d’un certain nombre de témoignages n'aggrave le caractère de l'accusation, et que le coupable s'opiniâtrant ne devienne d'une correction plus difficile. Aussi Jésus dit-il : «entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère.» Qu’est-ce à dire: «S'il t'écoute»? S'il se condamne lui-même, s'il convient de sa culpabilité. «tu as gagné ton frère». Il ne dit pas: Vous serez suffisamment vengé mais «tu as gagné ton frère», montrant par là combien l'un et l'autre perdraient à rester ennemis. Il ne dit pas en effet : il se sera gagné lui-même ; mais « Tu l’as gagné » ; par où il déclare que l’un et l'autre ont souffert précédemment, l'un du côté de son frère, l'autre du côté du salut. Ce même conseil, le divin Maître nous le donnait du haut de la montagne : tantôt il envoyait la victime à l'auteur de l'injustice et lui disait: «Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande.» (Matt. V,23-24) ; tantôt il enjoignait à l'offensé de pardonner à l'offenseur : « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs », nous ordonnait-il de dire. Dans le cas présent, il agit d'une autre manière. Ce n'est point l'offenseur, c'est l'offensé qu'il décide à la première démarche. Comme le premier eût difficilement consenti à venir offrir ses excuses, qu'il en eût conçu trop de confusion et trop de honte, c'est l'offensé qui doit l'aller trouver pour tout raccommoder. Le Sauveur ne dit pas à celui-ci de prendre le ton de l'accusation et de l'invective; il ne lui dit pas: Vengez-vous ; mais : « Reprenez-le ». L'ivresse du ressentiment, la honte paralysent votre ennemi ; à vous qui êtes en parfaite santé d'aller voir ce malade, de le mander à la barre d'un tribunal sans témoins, de lui offrir un remède qui lui soit agréable. Cette expression : « Reprenez-le », signifie simplement : Remettez-lui son péché en mémoire ; entretenez-le du dommage qu'il vous a causé. Or, si vous le faites d'une façon convenable, vous plaiderez admirablement votre cause, et vous provoquerez avec succès une réconciliation.
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