dimanche 10 avril 2011

Saint Alexandre, Nouveau Martyr de Russie et missionnaire en Amérique


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Fête le 4 Décembre

Le nouveau martyr de Russie Alexandre Hotovitzky est né le 11 Février 1872 dans la ville de Kremenetz, dans la pieuse famille de l'archiprêtre Alexandre, qui était Recteur du Séminaire théologique de Volhynie et qui sera plus tard longtemps présent dans les cœurs des habitants orthodoxes de Volhynie comme le bon pasteur. Le jeune Alexandre reçut une bonne éducation chrétienne de ses parents, qui lui  inculquèrent l'amour de l'Église orthodoxe et du peuple de Dieu.

Le futur pasteur fit ses études à au séminaire de Volhynie et à l'Académie théologique de Saint-Pétersbourg, dont il obtint le diplôme de maîtrise en 1895.

Après l'obtention du diplôme de l'Académie, il fut envoyé pour le service missionnaire dans le diocèse de l'Amérique du Nord et des îles Aléoutiennes, où il fut affecté au poste de lecteur à l'Eglise orthodoxe de Saint-Nicholas de New York nouvellement créée. Après son mariage avec Maria Scherbuhina, diplômée de l'Institut Pavlovsk à Saint-Pétersbourg, le hiéromartyr Alexandre fut ordonné au diaconat, et bientôt après, le 25 Février 1896, à la prêtrise par Vladika Nicholas (Ziorov) des îles Aléoutiennes, hiérarque dont père Alexandre devait toujours plus tard se rappeler avec gratitude et amour.

L'ordination eut lieu à la cathédrale du diocèse de San Francisco. Dans son allocution devant le nouveau Père ordonné Alexandre, Vladika Nicholas expliqua son choix du nouveau prêtre ordonné pour le ministère par ces paroles: "Votre sens particulier de la modestie, votre bonne éducation, votre noble idéalisme, et votre piété sincère m'ont immédiatement amené à vous considérer favorablement et m'ont obligé à vous distinguer parmi les jeunes gens, avec lesquels vous aviez l'habitude de me rendre visite à Saint-Pétersbourg… J'ai pu voir que vous aviez cette étincelle spéciale de Dieu, qui fait de tout service une action véritablement faite pour l'amour de Dieu, et sans laquelle une vocation devient sans âme et œuvre morte... Votre première expérience de prédication vous a montré la puissance de ce genre d'inspiration: vous avez vu comment les gens se sont rassemblés autour de vous et comment ils ont attentivement écouté tout votre discours... Pourquoi ces gens vous ont-ils écouté plutôt que d'aller entendre d'autres prédicateurs? Il est clair que l'étincelle qui brûle en vous attire le cœur de ces gens comme un aimant. "

Une semaine après son ordination, le jeune prêtre retourna à New York pour assumer le pastorat de la paroisse où il avait déjà servi en tant que lecteur. De 1898 à 1907, le Nouveau Martyr Alexandre servit en tant que pasteur sous l'homophorion de l'évêque Tikhon. Saint Tikhon, qui, en l'année tragique de 1917, devait être élevé par la Divine Providence au siège de primat, en tant que Patriarche de Moscou, appréciait hautement la piété très sincère de Père d'Alexandre, son don de charité pastorale, et son érudition théologique aux multiples facettes. Le spectre de son activité aux Etats-Unis fut très large et très fructueux. Il réussit dans le service missionnaire, surtout chez les uniates récemment émigrés de Galice et de Russie Carpatique. Il fut également l'un des plus proches collaborateurs des hiérarques orthodoxes d'Amérique et il représenta l'Eglise Orthodoxe d'Amérique, auprès des institutions religieuses et lors de réunions.

Le travail missionnaire de Père Alexandre ne fut pas sans beaucoup de tentations et de peines. L'archevêque, plus tard, Métropolite, Platon (Rojdiéstvensky) a exprimé sa gratitude pour les œuvres  d'Alexandre celui qui souffrit la Passion en Amérique dans un discours prononcé à la Divine Liturgie le 26 février 1914. faisant ses adieux au Père Alexandre, l'archevêque dit: "Un matin, au cours des années où nous avons travaillé ensemble, vous êtes venu dans ma chambre et, sans trop parler, vous avez déboutonné votre chemise, révélant un très grand bleu, sanglant sur votre poitrine. C'était la plaie d'un fanatique, qui, dans un accès de rage vous avait attaqué sauvagement avec un bâton, à la suite de la réunion du peuple russe au cours de laquelle vous aviez encouragé vos propres frères ethniques à renoncer à la pernicieuse Unia avec Rome... Mon être tout entier a été secoué jusques au fond de l'âme et j'ai été profondément ému, car devant moi à ce moment-là c'était un véritable exemple de témoignage pour le Christ. "

Grâce aux efforts de Père d'Alexandre, des paroisses orthodoxes furent établies à Philadelphie, Yonkers, et Passaic ainsi que d'autres grandes et petites villes d'Amérique du Nord. Les paroissiens de ces églises étaient des orthodoxes de naissance que le sort avait amené vers le Nouveau Monde, ainsi que des carpato-russes convertis à l'Unia et d'anciens protestants convertis à l'Eglise orthodoxe.

Une contribution importante au témoignage de la vérité de l'Orthodoxie, auprès de la société américaine hétérodoxe fut le fait du Messager orthodoxe en Amérique, qui fut publié en anglais et en russe, sous la direction de Père d'Alexandre. Les articles de lui apparaissaient régulièrement dans cette revue.

Le Nouveau Martyr Alexandre participa activement à la création d'une société diocésaine orthodoxe d'aide mutuelle et à différents moments, il servit en tant que trésorier, premier secrétaire, et président de cette organisation. La société fournissait une aide matérielle aux carpato-russes d'Autriche, aux slaves macédoniens, aux troupes russes en Mandchourie, et aux prisonniers de guerre russes dans les camps japonais.

Le père Alexandre prit également sur lui le fardeau ascétique de la construction de la Cathédrale Saint-Nicolas à New York, travail architectural remarquable et majestueux pour remplacer la petite église paroissiale. La cathédrale devait devenir un des ornements de la ville. Il visita les communautés orthodoxes de toute l'Amérique pour solliciter des fonds pour la construction de la cathédrale. En 1901, il se rendit à cette fin également dans sa patrie, la Russie. Dans les annales de l'église Saint-Nicolas, qui en 1903 est devenue la cathédrale du diocèse, il est écrit que: "Cette cathédrale a été créée et construite dans la ville de New York en Amérique du Nord, sous la surveillance et grâce aux efforts et travaux du très honorable archiprêtre le Père Alexandre Hotovitzky en l'an de Notre Seigneur 1902. "

Le 26 Février 1906, l'Amérique orthodoxe célébra le dixième anniversaire du service sacerdotal de l'archiprêtre Alexandre, l'un de ses pasteurs les plus remarquables. L'évêque Tikhon salua le jubilé du prêtre par ces mots: "Tandis que vous vous rappelez votre ordination comme prêtre de Dieu à cet anniversaire, vous considérez sans doute involontairement comment vous avez utilisé vos talents donnés par Dieu, et vous vous demandez si la grâce de Dieu vous a été décernée en vain, et dans quelle mesure vous avez avancé sur le chemin de la perfection morale. Comme vous en jugez vous-même de cette manière, vous êtes dans le même temps le juge et l'accusé. Pour porter un jugement équitable, le témoignage des spectateurs, des témoins, doit être entendu. Maintenant ils parlent devant vous. Ecoutez-les. Grâces soient rendues au Seigneur Nous venons d'entendre leur témoignage éloquent et sincère vous félicitant. Quant à moi votre supérieur, je peux témoigner que vous vous êtes révélé digne de confiance, et que vous avez justifié les attentes qui étaient espérées à votre ordination. "

Le service pastoral sacrificiel et dévoué du nouveau martyr Alexandre en Amérique, a été conclu le 26 février 1914, exactement dix-huit ans après son ordination à la prêtrise. Dans son discours d'adieu, le Père Alexandre a dit: "Adieu, Rus' orthodoxe d'Amérique... Ma chère Mère, la Sainte Eglise américaine moi, ton fils toujours reconnaissant, je me prosterne filialement sur la terre. Tu m'as donné naissance spirituellement, tu m'as nourri, tu m'as inspiré par ta force à travers le témoignage lumineux de tes fondateurs, à travers les enseignements apostoliques éclairés de tes prédicateurs, par la ferveur de ton troupeau de fidèles, tu m'as donné la plus grande joie possible, celle d'être ton fils. "

De 1914 à 1917, le père Alexandre a servi en tant que prêtre à Helsinki, en Finlande, où la majorité de la population était protestante. Bien que la Finlande fisse alors partie de l'Empire russe, le clergé orthodoxe y avait à exercer beaucoup d'efforts pour protéger les Caréliens orthodoxes de l'expansionnisme prosélytique de la présidence finlandaise luthérienne. En Finlande, le nouveau martyr Alexandre fut un assistant fidèle, actif, et dévoué de son hiérarque, Serge (Stragorodsky), futur patriarche.

En août 1917, l'archiprêtre Alexandre fut transféré à Moscou et assigné comme vicaire de la cathédrale du Christ Sauveur. Là, il fut de nouveau sous la direction directe de saint Tikhon, avec qui il avait déjà été étroitement associé aux Etats-Unis.

Alexandre, saint ayant souffert le passion, participa aux délibérations du Conseil des Églises de 1917-18. Lorsque le Conseil discuta de la rédaction d'un message au troupeau de l'Eglise orthodoxe concernant les élections au Conseil d'Etat, il déclara que, comme le sort de la Russie était en jeu, l'Eglise et en particulier le Conseil ne devraient pas hésiter à lutter pour sauver la nation. S'exprimant au sujet des efforts du Conseil pour relever l'Eglise, il exposa ses plans préliminaires pour rétablir l'ordre et pour la guérison de la vie interne de l'Église et il déclara avec une certaine amertume: "Il semble qu'il y avait des constructeurs qui préparaient fébrilement des plans, et des plans et ainsi de suite pour la construction d'un édifice et en même temps ils observaient tranquillement la destruction brique par brique de cet édifice par les ennemis."

Pendant les années difficiles de la guerre civile, le nouveau martyr Alexandre collabora étroitement avec saint Tikhon dans l'administration du diocèse de Moscou. En 1918, sous la direction spirituelle du recteur, le Père Nicolas Arseniev, et du vicaire de la paroisse Père Alexandre, une confrérie affiliée à la cathédrale du Christ Sauveur fut créée. Comme première activité, la confrérie lança un appel au troupeau orthodoxe, que le père Alexandre aida à rédiger.

Ce document déclarait: " Peuple de Russie! La cathédrale du Christ Sauveur, la parure de Moscou, la fierté de la Russie, la joie de l'Eglise orthodoxe a été condamnée à la destruction lente. Ce monument glorieux dédié aux grands exploits des guerriers russes, qui ont donné leur vie pour leur patrie et la Sainte Foi orthodoxe, s'est vu refusé le soutien de l'Etat… Peuple de Russie! Veux-tu vraiment livrer cette magnifique église du Sauveur à la dérision? Est-il vrai, comme l'affirment les persécuteurs de l'Eglise Sainte que le peuple de Russie n'a plus besoin de choses saintes, d'églises, de sacrements, d'offices, parce que tout cela est dépassé et superstitieux. Répondez, vous tous les fidèles. Répondez tous comme un seul homme. Levez-vous et protégez vos choses saintes: Que les dons généreux et bien intentionnés des riches soient ajoutés aux petites pièces des fidèles pauvres de Moscou, vous êtes le cœur de la Russie. Préservez votre sanctuaire! votre église au dôme doré du Sauveur… "

En réponse à cet appel, les habitants orthodoxes de Moscou rejoignirent la confrérie de la cathédrale du Christ Sauveur, et donnèrent leur aumône pour soutenir la majestueuse église.

Le service pastoral à l'époque était accompagné de beaucoup d'afflictions et de danger. En mai 1920 et novembre 1921, le Père Alexandre fut arrêté pendant de courtes périodes. Il fut accusé de violer les décrets concernant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, en maintenant l'école de l'église pour les enfants.

En 1922, l'Eglise fut soumise à rudes épreuves quand, sous prétexte d'aider les affamés, les trésors ecclésiastiques, y compris les vases sacrés, les icônes, et d'autres choses saintes furent violemment confisqués par l'Etat. Répondant à l'appel du saint Primat, l'Eglise orthodoxe fit des dons généreux pour aider les affamés. Toutefois, lorsque saint Tikhon publia une déclaration à son troupeau à travers la Russie interdisant la coopération du clergé dans la restitution des vases sacrés à des fins non-ecclésiastiques, fondée sur le droit canon, une campagne de calomnie contre l'Eglise commença dans la presse, Son primat fut arrêté, et une vague de procès eut lieu dans toute la Russie, dans laquelle les fonctionnaires de l'autel du Seigneur furent accusés d'activités contre-révolutionnaires. Au cours de ces procès, de nombreux fidèles de l'Eglise du Christ furent condamnés à mort, et versèrent leur sang comme hiéromartyrs et martyrs.

Au cours de cette période difficile pour l'Église, le Père Alexandre était résolument guidé par les déclarations du saint Patriarche de son troupeau et il suivit également ses directives. Des fonds pour aider les affamés furent recueillis à la cathédrale du Christ Sauveur. Dans le même temps, des mesures furent prises pour protéger les objets sacrés de cette église. Des réunions du clergé et des paroissiens de la cathédrale du Christ Sauveur eurent lieu dans l'appartement de Père Alexandre, afin de rédiger une résolution de l'assemblée générale de la paroisse concernant le décret d'Etat.

Un projet de résolution, préparé par le Père Alexandre, protesta contre la confiscation avec violence d'objets de valeur de l'église. Une assemblée générale des paroissiens fut convoquée le 23 mars 1922 à la cathédrale du Christ Sauveur, présidée par l'archiprêtre Nicolas Arseniev. Le père Alexandre avait déjà été arrêté. Cette réunion adopta le texte final de la résolution, qui exigeait des garanties de l'Etat que tous les dons soient utilisés pour sauver la vie de ceux qui mouraient de faim. Les participants à la réunion  protestaient contre les publications hostiles à l'Eglise ainsi que contre les insultes contre la hiérarchie. La rédaction de ce document fut jugée par les autorités comme faisant partie d'activités criminelles contre-révolutionnaires.

Après deux procès contre l'Eglise, à Petrograd et Moscou, qui aboutirent à l'exécution de hiéromartyrs et de martyrs, un nouveau procès très médiatisé du clergé et des laïcs commença à Moscou le 27 novembre 1922, au cours duquel [les clercs] furent accusés de prétendues "tentative de retenir dans leurs mains la possession d'objets de valeur de l'Eglise et, par le biais de la famine qui en résulte, de renverser le régime soviétique. "

En jugement dans cette affaire, il y avait 105 membres du clergé et des laïcs. Parmi les principaux accusés était l'archiprêtre Serge Ouspensky, doyen de la deuxième circonscription de quarante églises de  Prechistenka, l'archiprêtre Nicolas Arseniev, doyen de la cathédrale du Christ Sauveur, l'archiprêtre Alexandre Hotovitzky, vicaire de la cathédrale de ce prêtre, Ilya Gromoglasov, de la cathédrale du Christ Sauveur, Lev Evgenievich Anohin, gardien de cette cathédrale, et de l'archiprêtre Siméon Golubev, recteur de l'Eglise de Saint-Jean le Guerrier.

La partie la plus importante de l'acte d'accusation présenté à la Cour portait sur l'activité du clergé et des laïcs de la cathédrale du Christ Sauveur. L'acte d'accusation déclarait: "Les principaux organisateurs et les dirigeants de cette activité criminelle ont été le prêtre Hotovitzky, président du conseil des paroisses dans ce domaine, le prêtre Arseniev, recteur de la cathédrale, le prêtre Zotikov, le prêtre Gromoglasov, l'ancien avocat Kayutov, l'ancien sous-ministre Chtchépkine, le marchand Golovkine, et l'ingénieur Anohin. Lorsque le décret du Comité central exécutif suprême concernant la confiscation d'objets de valeur église a été émis, ils ont commencé leurs activités préliminaires, sous la direction du prêtre Hotovitzky, qui a d'une manière répétée, secrètement accueilli les personnes ci-dessus mentionnées à son appartement afin de planifier avec elles les mesures qu'ils se proposaient d'adopter pour atteindre leurs intentions criminelles."

L'affaire fut au tribunal pendant deux semaines. Après que l'acte d'accusation détaillé ait été lu, l'interrogatoire des accusés commença. Le père Alexandre resta serein et calme au cours de l'interrogatoire alors qu'il tentait de protéger les autres accusés. Il n'admit aucune culpabilité, affirmant: "Je considère que ce n'est pas contre-révolutionnaire de demander un montant correspondant de métal en échange d'objets de valeur de l'Eglise."

Après l'interrogatoire de tous les prévenus et des témoins, lors de la session de la Cour du 6 décembre, le sinistre procureur Vychinski, tristement célèbre plus tard, prononça l'allocution de clôture pour les poursuites. Il demanda au tribunal de rendre une sentence de peine capitale pour treize accusés dont les archiprêtres Alexandre Hotovitzky, Nicolas Arseniev, Serge Ouspensky, le prêtre Ilya Gromoglasov, l'higoumène Vera (Pobedinskaya) du monastère de femmes de Novodievitchi et L. E. Anohin. Vychinski demanda que les autres accusés soient condamnés à des peines de prison de durée variable.

Le 11 décembre, les accusés eurent l'occasion de dire un dernier mot à la cour. Dans ses commentaires, le Père Alexandre tenta, tout d'abord, d'obtenir la clémence de la cour et la miséricorde pour ses frères du clergé, "J'attire votre attention sur ceux qui étaient à la réunion dans mon appartement: certains d'entre eux sont vieux et les autres sont très jeunes et ils ne sont coupables de rien. Ce fut une rencontre tout à fait ordinaire, elle n'a pas été contre-révolutionnaire, et elle ne peut en aucun cas être considérée comme une noir complot. "

Les plus longues observations finales furent prononcées par le professeur et prêtre Ilya Gromoglasov. Cet accusé tenta de gagner la faveur de la cour en exposant son ancienne opposition au Saint-Synode. En ce qui concerne les conclusions de l'accusation, il dit qu'il "ne savait rien de l'organisation criminelle dirigée par Hotovitzky."

Le 13 décembre, le verdict du tribunal révolutionnaire fut annoncé. Il fut plus doux que les verdicts sanguinaires donnés à des procès antérieurs qui s'étaient tenus à Petrograd et à Moscou en rapport avec la confiscation d'objets de valeur de l'Eglise. Chacun des principaux accusés, l'higoumène Vera  (Pobedinskaya), l'archiprêtre Serge Ouspensky, et l'archiprêtre Alexandre Hotovitzky furent condamnés à dix ans de prison, à la confiscation de leurs biens personnels et à la privation de leurs droits civiques pendant cinq ans. Les autres furent condamnés à des peines d'emprisonnement moindres. Les recours en grâce, faits par ceux qui furent condamnés à la plus longue des peines d'emprisonnement, y compris celle de l'archiprêtre Alexandre, furent rejetées par le Présidium du Comité central exécutif suprême le 16 février, 1923.

Après que le saint patriarche Tikhon ait  repris son administration de l'Eglise et fait plusieurs déclarations sur la loyauté envers les autorités gouvernementales, de nombreux hiérarques, le clergé, les dirigeants religieux et laïcs, qui avaient déjà reçu de la magistrature, des peines en liaison avec la confiscation d'objets de valeur de l'Eglise, bénéficièrent d'une amnistie. Le père Alexandre fut parmi ceux libérés en Octobre 1923. Après sa libération, il ne fut pas affecté à une paroisse, mais il servit sur appel dans diverses églises de Moscou.

Il resta libre pendant une courte période. Dès le 4 septembre 1924, E. Tuchkov, chef de la section 6 du Guépéou, dressa une liste de treize membres du clergé et des dirigeants religieux de Moscou et recommanda qu'ils soient soumis à l'exil administratif. Le nouveau martyr Alexandre, qui fut inclus dans la liste, a été caractérisé comme suit dans le présent document, "Un prêtre et prédicateur avec une formation post-universitaire, très actif, zélé et très influent parmi les Tikhonites. Son attitude est anti-soviétique".

Le 9 septembre 1924, le nouveau martyr Alexandre fut soumis à un interrogatoire. "Dans mes convictions religieuses", a-t-il dit à l'époque, "Je me considère comme un Tikhonite. Mes relations avec le Patriarche sont intimes plutôt que strictement administratives, mais dernièrement, j'ai évité de rencontrer le Patriarche Tikhon, car je sentais que cela pourrait lui nuire, en raison de ma conviction en liaison avec la confiscation d'objets de valeur de l'Eglise. Je n'ai jamais exprimé une opinion concernant la restauration de l'ancien gouvernement et une telle pensée n'a même pas traversé l'esprit. "

Par une décision d'une assemblée spéciale du Guépéou, le nouveau martyr Alexandre fut exilé dans la région de Turuhan pour une période de trois ans. Son état de santé déjà vacillant fut encore affaibli par son séjour dans le Grand Nord.

Après son retour d'exil, le père Alexandre fut élevé au rang de protopresbytre et il devint l'un des plus proches collaborateurs du locum tenens du trône patriarcal, le métropolite (plus tard, Patriarche) Serge, qui le connaissait bien depuis l'époque de son service en Finlande.

Dans les années 1930, le protopresbytre Alexandre fut recteur de l'église de la Déposition de la Robe sur la rue Donskoy. L'un des paroissiens de cette église se souvient: "En 1936, le Père Alexandre n'a pas prêché, comme il lui avait apparemment été interdit de le faire. En 1936-7, j'étais présent à plusieurs reprises, lorsque le père Alexandre a officié. C'était un grand prêtre, aux cheveux gris avec des traits de visage doux, qui avait l'air extrêmement intelligent. Des cheveux gris coiffés, une petite barbe, des yeux gris très doux, une voix aigue et forte de ténor… Il prononçait distinctement et avec inspiration les paroles de l'office... Son aspect m'a beaucoup rappelé des prêtres qui ont été exilés des régions de l'Ouest… Père Alexandre avait de nombreux paroissiens qui le révéraient grandement... Même aujourd'hui, je me souviens des yeux de Père Alexandre. Il semblait que son regard pénétait le cœur et l'embrassait avec affection. J'ai eu le même sentiment lorsque j'ai vu le saint Patriarche Tikhon... La même lumière qui brillait aussi dans les yeux de Père Alexandre donnait témoignage de sa sainteté. "

À l'automne de 1937, le nouveau martyr Alexandre fut arrêté à nouveau. Les éléments de preuve documentaires à notre disposition le concernant se termine par cela; cependant, la majorité des rapports oraux témoignent de sa mort comme martyr. L'Église orthodoxe d'Amérique, sur le territoire duquel le protopresbytre Alexandre servit comme prêtre jusques en 1914, le vénère comme un saint ayant souffert la passion, dont la vie comme confesseur prit fin avec les souffrances pour le Christ. Le lieu de sa sépulture est inconnu.

L'Église de Russie commémore aussi Saint-Alexandre, le 7 août, avec les archiprêtres Alexis Vorobiev, Michael Plichevsky, Jean Voronets, les prêtres Démètre Milovidov, et Pierre Tokarev, le diacre Elisée Cholder et l'higoumène Athanase Egorov.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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