mardi 18 janvier 2011

Le pasteur Richard Wurmbrand et l'Orthodoxie (7)




Pasteur Richard Wurmbrand: le dernier combat
par le hiéromoine Damascène (Christensen) (2)


Pensant que cela pourrait être notre dernière chance de nous rencontrer et de parler avec le pasteur Wurmbrand, nous sommes partis pour le voir presque immédiatement après avoir reçu la lettre de Père Georges.

Le hiéromoine Gérasime, Mère Nina (qui avait passé deux années dans un monastère de Roumanie) et moi-même sommes arrivés à la maison de soins infirmiers dans la matinée du 28 Juillet. Le pasteur Wurmbrand nous a accueillis avec amour et il a été heureux de nous voir. Nous sommes allés avec lui dans son fauteuil roulant dans la même cour dans laquelle le Père Georges avait parlé avec lui.

Sa première préoccupation était ce qu'il pouvait faire pour nous. Nous avons été émus par la façon dont il a, si faible et lui-même si affaibli, été si désireux de donner aux autres.

Je lui ai demandé comment faire face à la persécution, si jamais elle venait. Il nous a dit de ne pas avoir peur de la persécution. «La persécution doit advenir à tous les chrétiens, dit-il," mais n'ayez pas peur. "

Mère Nina lui a demandé comment supporter la souffrance. Il a dit qu'il avait toujours eu peur de la souffrance, mais ensuite il a commencé à être joyeux dans la souffrance. "Soyez joyeux!" Dit-il, «Sautez de joie!" Comme Mère Nina l’a fait remarquer plus tard, tandis il disait cela, ses yeux semblaient une mer de lumière s’ouvrant dans l'éternité.

Mère Nina lui a posé une question sur l’hymne qu'il avait composée à la Mère de Dieu en hébreu. Immédiatement il a chanté pour nous, et nous l'avons enregistré sur bande comme le Père Georges nous avait invités à le faire. Mère Nina pleurait. Quand il finit de chanter, le pasteur Wurmbrand a dit que Marie était la plus proche de Jésus, et qu’elle avait été la seule à changer Sa volonté. (Évidemment, il parlait du miracle du Christ changeant l'eau en vin. Selon le commentaire de saint Cyrille d'Alexandrie, à l'époque la Mère de Dieu a bien persuadé son fils de faire quelque chose qu’Il n'avait pas prévu de faire; Il l'a fait par obéissance envers elle.) Nous avons pu voir, comme le Père Georges nous l’avait dit, que le pasteur Wurmbrand avait un grand amour pour la Mère de Dieu.

Bientôt nous fûmes rejoints par des amis du pasteur Wurmbrand: une femme roumaine, ses deux sœurs, et son mari américain. Les jambes du pasteur Wurmbrand commençaient à lui faire mal, il grimaçait de douleur, et il a demandé à être amené à l'intérieur sur son lit. (Comme nous l'avons appris plus tard, la douleur était due à une grave neuropathie avancée de la jambe, contractée lors de ses trois années d'isolement, quand il avait été obligé de se tenir debout d'interminables heures, et dans un régime de famine.)

Une fois qu'il a été installé dans son lit, il a chanté pour nous une fois de plus son hymne à la Mère de Dieu: d'abord en anglais, puis en hébreu. Il nous a expliqué les circonstances dans lesquelles il l’avait composée (nous avons aussi enregistré ceci sur bande). «J'étais dans une très mauvaise situation en prison, dit-il. "La prison n'a pas toujours été très mauvaise. Parfois il y avait des temps meilleurs, des temps parfois pires. C’était un très mauvais moment. Et j'ai prié pour que les temps changent, et ils n'ont pas changé. Ensuite, j'ai promis que si elle [la situation] changeait pour le bien des prisonniers, je traduirais cette hymne en hébreu. En cinq minutes, la situation a changé. "

Nous avons commencé à chanter des hymnes orthodoxes avec le pasteur Wurmbrand: «Le Christ est ressuscité» et «Saint Dieu" [le Trisaghion] en roumain. Même si c'était difficile pour lui de chanter et qu’il étouffait et toussait, il a chanté les hymnes de tout son cœur.

Je lui ai demandé s'il aimerait être oint avec l'huile sainte, et il y consentit volontiers. Lui oignant trois fois la tête, les mains et les pieds avec de l'huile de la châsse de Saint Jean (Maximovitch) de Changhai et San Francisco, je lui ai dit à haute voix la prière de bénédiction à notre Seigneur Jésus-Christ, en demandant l'intercession de Saint Jean. Après cette onction le pasteur Wurmbrand a semblé plus apaisé, et il a cessé de montrer des signes évidents d' être éprouvé par la douleur.

Nous fûmes là pendant près de trois heures. Nous y sommes retournés dans la soirée et nous avons été accueillis par Sabine Wurmbrand, qui rayonnait de la même joie que son époux. Elle était aussi très heureuse de nous voir, en particulier Mère Nina. Sabine avait été dans les prisons communistes avec des religieuses orthodoxes pendant trois ans.

Au cours de notre deuxième visite le pasteur Wurmbrand nous a demandé de nous rassembler près de lui, et il n’a cessé de nous demander une «parole». Il était très intéressé d’ entendre parler du travail missionnaire de notre Fraternité.

J'ai été impressionné par son humilité. Lorsque, par exemple, j’ai mentionné devant lui le Père Georges Calciu, il a dit: «Père. Georges est un grand homme. Il aime les pécheurs. C'est pourquoi il m'aime. "

Il a demandé à Sabine leur carnet de chèques, parce qu'il voulait faire un don pour le prochain voyage de Mère Nina en Roumanie. Nous lui avons assuré que ce n'était pas nécessaire pour lui de se donner cette peine, mais il a dit avec force: «Nous devons montrer notre amour chrétien par des actes concrets." (Sabine n'avait pas le carnet de chèques à l'époque, mais peu après, elle a envoyé à Mère Nina une lettre avec un don important, qui a ensuite été donnée à une maison d'édition orthodoxe en Roumanie.)

Après un certain temps Sabine a commencé à craindre que son mari ne devienne trop fatigué, et elle a dit qu'elle pensait que tout le monde devait partir et le laisser se reposer. Mais le pasteur Wurmbrand ne voulait pas nous quitter, et il a essayé de retarder notre départ le plus longtemps possible. Enfin nous sommes partis quand les heures de visite étaient terminées. Il a exprimé sa gratitude envers nous, et nous sommes sortis de la chambre, il nous regardait avec envie.

Nous étions très reconnaissants de cette rencontre. Nous avons pu faire l'expérience de l'amour du pasteur Wurmbrand pour Dieu et le prochain, qui avait été testé et éprouvé dans le creuset de la souffrance de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous avons été témoins, aussi, de son amour pour la Mère de Dieu Très Pure, et du respect et de l'estime dans laquelle il tenait l'Église orthodoxe et sa tradition.

(Hiéromoine Damascène (Christensen)  du monastère de saint Germain d’Alaska, à Platina, en Californie.)


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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