dimanche 16 janvier 2011

Le pasteur Richard Wurmbrand et l'Orthodoxie (5)



Un amour éternel


Quand j'étais en prison je suis tombé très malade. J'ai eu la tuberculose de la surface totale des deux poumons, et quatre vertèbres ont été attaquées par la tuberculose. J'ai également eu la tuberculose intestinale, le diabète, une insuffisance cardiaque, la jaunisse et d'autres maladies dont je ne me souviens plus. J'étais près de la mort.

A ma droite était un prêtre du nom d’Iscu. Il était higoumène d'un monastère. Cet homme, peut-être dans la quarantaine, avait été si torturé qu'il était proche de la mort. Mais son visage était serein. Il parlait de son espérance du Ciel, de son amour du Christ, de sa foi. Il irradiait de joie.

A ma gauche était le tortionnaire communiste qui avait torturé ce prêtre presque à mort. Il avait été arrêté par ses propres camarades. Ne croyez pas les journaux quand ils disent que les communistes n’ont que la haine des chrétiens ou des juifs - ce n'est pas vrai. Ils ont tout simplement de la haine. Ils détestent tout le monde. Ils détestent les Juifs, ils détestent les chrétiens, ils détestent les antisémites, ils ont la haine des antichrétiens, ils détestent tout le monde. Un communiste hait un autre communiste. Ils se disputent entre eux, et quand ils se disputent entre communistes, ils mettent l'autre en prison et le torturent comme un chrétien, et ils le battent.

Et c'est ainsi que le tortionnaire communiste qui avaient torturé ce prêtre presque à mort, avait été torturé presque à mort, par ses camarades. Et il allait mourir près de moi. Son âme était à l'agonie.

Au cours de la nuit, il me réveilla, en disant: «Pasteur, s'il te plaît prie pour moi. Je ne peux pas mourir, j'ai commis des crimes tellement terribles. "

Alors je vis un miracle. J'ai vu le prêtre agonisant appeler deux autres prisonniers. Et s’appuyant sur leurs épaules, lentement, lentement il est venu jusques à mon lit, s’est assis sur le lit de ce meurtrier, et lui a caressé la tête - je n'oublierai jamais ce geste. J'ai vu un homme assassiné caressant son assassin! C'est l'amour - il avait trouvé une caresse pour lui.

Le prêtre dit à l'homme, «Tu es jeune, tu ne savais pas ce que tu faisais. Je t'aime de tout mon cœur. "Mais il n'a pas simplement dit les mots. Vous pouvez dire «amour», et c'est juste un mot de cinq lettres. Mais il a vraiment aimé. "Je t'aime de tout mon cœur."

Puis il continua: «Si moi qui suis un pécheur je puis t’aimer, imagine le Christ, qui est l'Amour incarné, combien Il t’aime! Et tous les chrétiens que tu as torturés, sache qu’ils te pardonnent, qu’ils t’aiment, et que le Christ t’aime. Il souhaite que tu sois sauvé beaucoup plus que tu ne souhaites être sauvé toi-même. Tu te demandes si tes péchés peuvent être pardonnés. Il tient à pardonner tes péchés plus que tu ne souhaites que tes péchés ne soient pardonnés. Il désire que tu sois avec Lui dans le Ciel beaucoup plus que tu ne souhaites être au Ciel avec Lui. Il est Amour. Tu as seulement besoin de te tourner vers Lui et de te repentir. "

Dans cette cellule de prison où il n'y avait pas de possibilité de vie privée, j'ai entendu la confession du meurtrier à celui qu’il avait assassiné. La vie est plus passionnante qu'un roman - aucun romancier n'a jamais écrit une telle chose. Celui qui a été assassiné - près de la mort - a reçu la confession de son assassin. Celui qui a été assassiné a donné l'absolution à son meurtrier.

Ils ont prié ensemble, se sont embrassés, et le prêtre est retourné dans son lit. Les deux hommes sont morts la même nuit. C'était un soir de Noël. Mais ce n'était pas une nuit de Noël dans laquelle nous nous contentions de rappeler que deux mille ans plus tôt Jésus était né à Bethléem. C'était un soir de Noël au cours duquel Jésus est né dans le cœur d'un assassin communiste.

Ce sont des choses que j'ai vues de mes propres yeux.

Version française Claude Lopez-Ginisty 
d'après
(Publié à l'origine dans le magazine AGAIN, Septembre, 1987).

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