samedi 21 août 2010

Une voix contemporaine de la Sainte Russie: le staretz Zossime ( +2002) [4]

Fr Zosima

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Ikone Kurskaja-

Ikona m Risa-

Icône de Koursk
(avec et sans riza)

Quelques jours avant la chute du mur de Berlin, le 22 Novembre 1989, Père Sabbace fut nommé recteur de l'église Saint Basile à Nikolskoïe. c'était le lieu le plus éloigné. L'église était à moitié en ruines, sans iconostase, et la maison du prêtre était un hangar en ruine infesté par les rats et les souris. Pourtant, ici, après la Révolution, les religieuses avaient vécu en exil, et avant la Révolution, la Mère de Dieu était apparue pour la fête de l'icône de Koursk. Une source d'eau miraculeuse était apparue sur le site de l'apparition, qui sans arrêt avait percé le ciment avec lequel les athées l'avaient bouchée. À une époque, un saint staretz appelé Michael vécut là et il avait prophétisé que quand un moine viendrait pour servir à l'église, deux monastères seraient fondés ici et qu'ils tiendraient jusqu'à la Parousie.

En hiver, il faisait tellement froid dans l'église non chauffée. que les mains de Père Sabbace collaient au calice à cause du froid. Son érysipèle empirea. Pourtant, à l'automne de 1990 l'église fut restaurée. Une centaine de personnes vinrent aider. Ils aidèrent le staretz à reconstruire, et tandis qu'ils travaillaienr, ils priaient. "Dites la prière de Jésus, sinon il n'y aura pas de grâce", leur disait le staretz. Tout fut construit sur la grâce. Cependant, une fois que Père Sabbace avait rendu vie à ce lieu, le Patriarche de Moscou décida de faire de lui un évêque et de l'envoyer au Japon. Comme d'habitude, Père Sabbace refusa, mais il ne fut pas entendu. Puis, au dernier moment, rien n'est sorti de ce plan japonais, car Père Sabbace attrapa une pneumonie. Un autre moine est allé au Japon à sa place. En 1990 Père Sabbace a été fait archimandrite, et en 1992 il prit le mégaloschème et le nom de Zossime.

À cette époque, avec la chute des idoles du communisme, la Sainte Russie avait autant besoin du staretz que le Japon idolâtre. Les gens venaient de partout pour consulter le staretz, sa réputation était désormais établie. Il y avait beaucoup de guérisons et de miracles. Ceux qui étaient atteints dans leur corps et et leur esprit étaient guéris. Il y avait aussi de nombreux cas, de clairvoyance de l'Aîné, car il avait la capacité de lire les pensées de ceux qui venaient à lui. Mais l'aîné ne fut pas exalté par les miracles et il resta sobre, mettant en garde: "Le mysticisme est nuisible à l'âme. Notre miracle principal est la Liturgie, le repentir et la prière".

Il parlait à tout le monde, au paysan et au professeur, aux vieillards et aux jeunes, trouver les mots justes pour tous, les traitant tous comme des égaux. Il disait: "Évitez les extrêmes, les extrêmes ne sont pas de Dieu. Prenez la voie du milieu. Ne désespérez pas: il n'est pas de péché qui ne soit guéri par le repentir. Dieu est miséricordieux". Tout les gens qui l'ont approché sentaient son amour et sa miséricorde. Souvent il aidait les gens avec des choses matérielles, de l'argent et de la nourriture. Dans chaque paroisse où il servait, il a toujours mis en place un endroit pour manger, un réfectoire. Plus tard, il créa une "maison de miséricorde", hospices, où une soixantaine de personnes âgées et malades, abandonnées par l'État, furent prises en charge. "Le Seigneur chemine ici", disait-il, prédisant que sa maison de Miséricorde durerait jusqu'à la fin du monde.

Jusqu'en 1998, le staretz n'avait jamais songé à commencer dans un monastère ou un couvent. Il envoyait les candidats novices dans d'autres monastères et couvents, il engageait les bienfaiteurs à construire des églises ailleurs. Ainsi, avec sa bénédiction et son aide, en tout dix églises furent construites dans le Donbass. Cependant, en 1998, le staretz est allé à l'hôpital souffrant d'insuffisance rénale. Un événement remarquable eut lieu. Là, il subit une mort clinique, son âme quitta son corps, mais revint ensuite. Au réveil, après cet événement, il se rappelait comment il avait vu les demeures célestes et entendu les chants angéliques les plus exquis. Il fut rappelé à la vie: "La terre entière te pleurait," lui a-t-on dit par la suite.

Nous ne savons pas ce qui s'est passé exactement, mais après le retour de la mort, dans un fauteuil roulant, le staretz se lança dans la construction du couvent de la Dormition à Nikolskoïe, avec les églises dédiées à saint Basile et à tous les saints de la terre russe. De son fauteuil roulant le staretz passait en revue les opérations de construction. Et quand il n'était pas à l'hôpital, il officiait la Liturgie et recevait les pèlerins. En deux ou trois ans, tout était construit, et non pas seulement les murs, mais surtout des moniales et des moines vinrent aussi aussi. Son travail principal n'était pas la construction, mais la prière. Là, par exemple, il réunit une partie des reliques de plus de 200 saints de tous les coins du monde orthodoxe.

(À suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hésychie (246)



Dieu est notre Père
Et nous nous comportons
Comme le Fils Prodigue
Ou comme des orphelins

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 20 août 2010

Une voix contemporaine de la Sainte Russie: le staretz Zossime ( +2002) [3]


Fr Zosima

La Croix du Bon Pasteur

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En tant que nouveau prêtre, Père Sabbace fut envoyé à Odessa en Ukraine, au monastère de la Dormition. Providentiellement, il reçut la cellule du futur saint Kouksha, qui s'était endormi dans le Seigneur dans ce monastère même. Le jeune prêtre vénérait déjà le staretz Kouksha comme un saint, car il avait deux fois joué un rôle important dans sa vie. Travaillant dans le jardin du monastère, le savant prêtre apprit à fuir toutes les tentations, par la patience et l'humilité. Cependant, son temps en ce lieu fut très court. À la fin de 1975, le père fut transféré dans un autre diocèse et il devint simple prêtre de village, comme cela avait été prophétisé de lui. Là, il devait servir pendant dix ans, relevant la paroisse, en la renouvelant complètement, souffrant sans cesse la persécution des Baal rouges. Son œuvre de restauration et de reconstruction fut un miracle, car ailleurs dans l'empire soviétique en ce temps-là, les églises étaient fermées.

Les offices de Père Sabbace étaient quotidiens et monastiques. Ils commençaient à cinq ou six heures du matin et duraient jusques à midi ou une heure. L'office du soir commençait à quatre ou cinq heures et se terminait à dix heures. Entre temps, il y avait d'autres offices: baptêmes, mariages, funérailles, bénédictions, pour lesquels il ne prenait jamais d'argent. Les gens, qui venaient de partout, car c'était la seule église dans la région, pleuraient lors de ses offices émouvants et le Père Sabbace gagna bientôt une réputation pour sa sincérité et sa connaissance des secrets des cœurs. Un jour, par exemple, un homme est venu poser des questions sur son fils en Afghanistan. Le Père Sabbace répondit: "C'est un Golgotha pour eux là-bas. Ton fils est vivant... Rentre chez toi, tu auras des nouvelles des nouvelles". La prédiction était correcte dans tous les détails. Il y avait un grand nombre de ces cas et aussi des cas de la guérison des démoniaques. Un seul mot de lui suffisait pour chasser un démon d'un malade et l'envoyer hors de l'église. Grand, mince, très pauvrement vêtu, il chassa beaucoup de démons de cette façon. Là, il ne dépensait rien pour lui-même, mais dépensait toujours son dernier sou pour l'embellissement de l'église.

Ayant reçu le titre d'higoumène en 1980, il souffrit beaucoup des communistes à cette époque. Il fut arrêté, interrogé, battu et forcé de rester pieds nus sur les sols en béton, et c'est ainsi qu'il a commencé à avoir des plaies sur ses pieds, développant de l'érysipèle. Un colonel du KGBen particulier le persécuta. Le prêtre prédit: "Tu es malheureux, car à cause de ton impiété tu deviendras fou et dans ta vieillesse tu mangeras tes propres excréments". Furieux, le colonel essaya de le battre, mais il fut retenu par Saint Nicolas, que le Père Sabbace priait. Une quinzaine d'années plus tard, dans la liberté retrouvée, la femme du colonel devait venir vers le staretz avec son mari dément, et demander ses prières, car la terrible prophétie du staretz s'était révélée exacte dans la réalité...

Le KGB arrêta Père Sabbace, le battit, le tortura. Une terrible torture était "la boîte à musique". Cela consistait à enfermer un prisonnier dans une petite pièce, sombre, sans fenêtre et d'y faire jouer de la musique déprimante. De cela, l'e staretz aîné dit: "Là, j'ai appris la prière de Jésus, sans elle, je serais devenu fou".

Bien que le KGB ait échoué dans ses tortures, ils laissèrent le staretz avec l'érysipèle, des problèmes pulmonaires et un dos bossu, comme des médailles pour sa victoire. Un jour, quand la conversation vint sur la critique de l'Église patriarcale par certains membres mal informés de l'Église Russe Hors Frontières, le staretz dit, en touchant sa bosse: "Nous sommes accusés de coopérer avec le KGB, eh bien, voici le signe de ma coopération avec eux. De toute évidence, le staretz faisait référence aux membres politiquement conscients ou tout simplement ignorants de l'Église Russe Hors Frontières, qui, sans discernement, mettaient dans le même sac tous les membres de l'Eglise patriarcale, des gens comme le staretz Zossime et le métropolite Philarète de Kiev et les modernistes et œcuménistes. Ce sont les mêmes personnes que le métropolite Philarète de l'Église Russe Hors Frontières, qui a glorifié les Nouveaux Martyrs et Confesseurs, qui finalement libéré la Russie, réprimanda en 1981, dans la résolution concernant le sainte staretz Tavrion de Riga.

Voyant leur échec, le KGB essaya ensuite une tactique bien connue, tactique utilisée tant de fois dans d'autres parties de l'Église russe et en d'autres points de son histoire. Ce fut d'envoyer le Père Sabbace dans différentes paroisses éloignées de tout, en fait, de l'exiler. Ainsi, en 1985 et 1986, il servit dans trois paroisses différentes. Mais les fidèles le recherchèrent toujours et le trouvèrent, comme de bien entendu.

(À suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hésychie (245)



Au temps de l'épreuve
Ne désespère pas de Dieu,
Avant de porter dans la prière
Ce fardeau que le Christ rend léger

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 19 août 2010

Une voix contemporaine de la Sainte Russie: le staretz Zossime ( +2002) [2]


Fr Zosima

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Tous les saints de la Terre Russe
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Le Stavrodrome (Chemin de Croix)

Quand Khrouchtchev est arrivé au pouvoir en Union soviétique en 1959, de nouvelles épreuves ont commencé alors que la persécution augmentait. Jean, que tout le monde y compris lui-même, savait destiné à la prêtrise, allait souffrir. En 1961, il finit l'école, élève remarquable, mais les communistes ne le laissèrent pas faire d'études au séminaire. Avec la bénédiction du prêtre local, qui voulait le mettre à l'épreuve, Jean est allé étudier la médecine vétérinaire. Cela semblait approprié, car il souffrait avec tous les êtres vivants.

Après une année de ces études, son père spirituel le bénit pour entrer dans le monastère des Grottes de Kiev. Là, son père spirituel devint le staretz clairvoyant, l'higoumène mégaloschème Valentin. C'est lui qui mit en garde le jeune Jean contre les tentations auquelles il devrait faire face à l'avenir. En particulier, il dit: "Ils vont te demander d'être évêque treize fois et une fois d'être évêque au Japon. Refuse, ce n'est pas ta voie". Tout cela arriva. Êtant obéissant à son père spirituel, le Père Zossime refusa toujours l'offre de l'épiscopat.

Jean resta au monastère à Kiev jusqu'à sa fermeture par les athées. A cette époque, le futur métropolite soviétique de Kiev, l'infâme Philarète, qui devait être défroqué, lorsque la liberté vint à l'église dans les années 1990, vint avec des agents du KGB à proximité du monastère. Le staretz Zossime se souvint plus tard comment l'higoumène Valentin, toujours clairvoyant, lui dit [à Philarète]: "Pour ton impiété, tu abandonneras Dieu et tu seras un ennemi de l'Église, le temps viendra, tu seras traître à l'Église. Et rappelle-toi: pour ton impiété, parce que tu as fermé le monastère, Dieu ne te donnera pas une mort normale, tu mourras comme Judas le traître". Cette prophétie reste en suspens jusques à ce jour, car Philarète est encore vivant.

Lors de la clôture du monastère, les moines enterrèrent les icônes pour les sauver et, bien qu'ils pleuraient, ils avaient foi que le monastère serait un jour rouvert, et en effet ce fut le cas.

Après cela, Jean est devenu novice dans une dépendance du monastère de Potchaev en Ukraine. Lorsque elle fut à son tour fermée, Jean reçut une recommandation d'un prêtre pour aller au séminaire (pour cette recommandation, le prêtre a été banni) . Jean a facilement passé tous les examens pour entrer au séminaire de la Trinité-Saint-Serge, mais le KGB ne lui permettait pas d'y entrer. Il lui a également refusé l'entrée au séminaire de Saint-Pétersbourg. Il a été pris en charge par l'évêque Paul de Novossibirsk à l'esprit ascétique, avec qui il a vécu pendant un an comme novice. De l'évêque Paul le novice Jean a beaucoup appris sur les offices de l'Église et il a également décidé qu'il ne se marierait jamais. Ce fut une période féconde.

Après un an, le novice a finalement été accepté pour des études à Saint-Pétersbourg (alors encore appelée Leningrad) avec l'aide du métropolite controversé Nikodime. Le staretz, qui était complètement orthodoxe dans son rejet des hérésies de l'œcuménisme et du modernisme, devait plus tard défendre la réputation du métropolite Nikodim, dont il devint le syncelle pour un temps. Selon le staretz, le métropolite était un homme pieux et faisait ce qu'il a fait dans le seul but de défendre l'Église contre la persécution communiste.

Au séminaire, le jeune Jean passa beaucoup de temps dans la bibliothèque et reçut le surnom de rat de bibliothèque. La connaissance et l'auto-éducation furent extrêmement importantes dans sa vie. En particulier, il aimait histoire de l'Église et avait l'habitude de dire: "L'histoire signifie les racines spirituelles. Peut-il y avoir un arbre sans racines? Donc, sans histoire, il ne peut y avoir de spiritualité".

En 1975, Jean a terminé brillamment le séminaire, s'étant spécialisé dans l'histoire du monastère de Valaam. Le 3 Juin de cette année, il fut tonsuré moine, prenant le nom de Savvace, d'après l'un des deux fondateurs du monastère de Valaam. Lorsqu'il fut tonsuré, le Métropolite prédit qu'il mourrait sous le nom de Zossime, d'après l'autre fondateur de Valaam. Six jours plus tard, il fut ordonné hiéromoine et, exceptionnellement, on lui attribua tout de suite une croix d'or. Il semblait que le Père Sabbace serait destiné à enseigner, mais le jeune prêtre voulut servir les autres dans les églises. Car il n'avait pas de prétention intellectuelle et souvent, il répétait les paroles bien connues de saint Ambroise d'Optina: "Où c'est simple, il y a une centaine d'anges, où c'est complexe, il n'en est pas un seul". Le jeune prêtre ne voulait pas enseigner, mais mettre ses connaissances dans les services de l'Église. Par exemple, ayant appris à connaître l'histoire de l'Église russe, quand il lisait la prière d'intercession des offices des Vigiles, il passait une demi-heure à lire la liste complète des saints de la Sainte Russie dans l'ordre chronologique. Il connaissait chaque saint, car il était dans leur succession.

(À suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hésychie (244)




Dieu sera véritablement
Et toujours dans ton camp
Au jour béni où tu ne considèreras plus
Que tu as encore des ennemis

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 18 août 2010

Une voix contemporaine de la Sainte Russie: le staretz Zossime ( +2002) [1]


Fr Zosima


"L'amour est plus grand que tout."

"Je suis toujours vivant!"

Archimandrite mégaloschème Zossima après sa mort


Avant-propos

Conformément à la nature humaine, toutes les organisations de l'homme sur la terre ont des hiérarchies. Toutefois, dans l'Église, qui est à la fois humaine et divine, il y a deux hiérarchies. La première est une hiérarchie extérieure, qui correspond à l'aspect humain de l'Église, la seconde est une hiérarchie interne, qui correspond à son aspect divin. Cette deuxième hiérarchie est en fait une hiérarchie de la grâce, qui correspond à notre proximité ou notre éloignement du Royaume de Dieu. Sa partie supérieure est composée de ceux qui sont devenus des saints, la communion des saints. Sa partie inférieure est composée de justes encore sur la terre, dont quelques-uns des plus visibles sont les startzi masculins et féminins de l'Église, avec leurs dons de prière, de discernement, de miracles, de guérison, et de clairvoyance intérieure dans le passé et l'avenir, cette dernière connue sous le nom de prophétie. Un des startsy contemporains est l'archimandrite mégaloschème défunt Zossime d'Ukraine (2002), dont le dicton favori était: "L'amour plus grand que tout". Voyons quelle fut sa vie...

Jean - la grâce du Seigneur

L'archimandrite mégaloschème Zossime est né Ivan (Jean) Alékséyévitch Sokour le 3 Septembre 1944. Il n'a jamais vu son père, Cosaque du Don, qui fut tué sur le front. Sa mère, Marie, est venu de Vinnitsa, en Ukraine, mais le futur staretz est né dans un hôpital de la prison de Sibérie dans la région de Sverdlov. Femme pieuse, sa mère avait été emprisonnée pour avoir pratiqué sa foi.

Son enfant a été baptisé Ioann (Jean), sur les conseils du futur saint, le saint staretz Koukcha. Le staretz était alors à Kiev, capitale de l'Ukraine, et il prédit que l'enfant grandirait dans "la grâce du Seigneur", ce qui est la signification du nom "Jean". À son baptême, l'enfant saisit fermement la Croix et la barbe du prêtre. Cela fut profondément symbolique de sa vie future, car c'est par la Croix et en tant que prêtre qu'il vivrait.

L'enfant a grandi dans une petite ville minière dans le Donbass, en Ukraine. Dans ce désert industriel se trouvait un groupe de moniales en exil, filles spirituelles de saint Jean de Cronstadt, dont Sœur Antonina, la sœur de sa mère, qui l'aida à l'élever. Les moniales se réunissaient souvent secrètement dans la maison des Sokours.

La tante de Jean prédit qu'il vivrait pour voir la canonisation et la vénération dans le monde entier de saint Jean de Cronstadt, qui bien sûr est survenue quand l'Église l'a canonisé à l'extérieur de la Russie. De la vie de saint Jean qui lui fut racontée par ses disciples, l'enfant Jean apprit le courage que les orthodoxes doivent avoir pour survivre dans ce monde. Il disait souvent que nous ne devons pas être des "esclaves de la peur". Plus tard, il dit aussi: "Lisez la vie des martyrs et confesseurs du XXe siècle, vous y trouverez la vraie histoire sacrée du XXe siècle". Le staretz a aussi prédit que les reliques de saint Jean, son saint préféré, seraient, un jour, à un moment très difficile dans l'histoire russe, découvertes comme une bénédiction pour le monde entier et qu'il y aurait beaucoup de miracles et de guérisons.

Ainsi Jean a grandi dans l'Église et, à l'âge de sept ans, il pouvait lire couramment le slavon. Dans ces années d'après-guerre, la famille vivait dans une grande pauvreté et Jean était souvent près de mourir de faim, de maladie, ou d'être écrasé par les trains, car il allait souvent à la voie ferrée, à la recherche de morceaux de charbon pour le fourneau de la cuisine. Malgré leur pauvreté, la famille observait strictement les jeûnes de l'Église. Les moniales, qui avaient toutes été emprisonnées pour la foi, l'une d'entre elles pendant 25 ans, apprit à Jean à réciter les Psaumes et la Prière de Jésus pendant qu'il travaillait. La mère de Jean est également devenue moniale plus tard, sous le nom de Mariamna.

L'École et la persécution

A partir de l'âge de sept ans, Jean a dû aller à l'école. Là, il n'a jamais pris part à tout ce qui concernait le Parti communiste athée. Plus tard, il disait qu'il n'avait qu'un seul parti: la Mère Église. Les enseignants et les autres enfants se moquaient de lui et l'appelait "père" ou "prêtre" ce qui était des insultes à l'époque soviétique.

Malgré les brimades et les coups, Jean triompha toujours grâce à son amour et à sa douceur. Même lorsque le chef d'établissement tenta de convaincre le jeune enfant, dans un entretien de six heures, de la justesse du communisme, Jean resta ferme. Les autorités menacèrent même de fermer l'église locale, si Jean y allait. En fait, plus ils le persécutèrent, plus sa foi devint forte. L'enfant fut sauvé parce qu'il était excellent élève. Plus tard, le staretz montra de l'intérêt pour toutes sortes de choses, et il parla de l'importance de la connaissance.

En effet, il considérait que la connaissance était vitale. Sa lecture favorite était les douze volumes de la Vie des Saints de saint Dimitri et le Journal de Saint Jean de Cronstadt. Plus tard, il recommanda ce Journal aux orthodoxes, le staretz disant que l'on pouvait y trouver les réponses à toutes nos questions.

Lorsque la milice a attaqué la maison et emporté toutes les icônes et les livres, comme par miracle ils ont laissé ce Journal. Jean y a vu un signe. Une autre influence fut quand le Père Dimitri Peskov, homme de prière avec le don de discernement, est venu pour servir dans l'église locale après plusieurs années d'emprisonnement. Jean y a servi, et a beaucoup appris. Une autre influence a été les pèlerinages que la famille a faits. L'un d'entre eux était à Pochaev, où ils rencontrèrent alors le saint staretz Koukcha, qui prophétisa la vie future de Jean, comme prêtre, moine, et moine mégaloschème, un homme de prière pour le monde entier.

(À suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hésychie (243)



Aux heures de sécheresse de l'âme
Il y a toujours un staretz béni
Dans un bon livre ou sur une icône
Qui vient renouer le fil de ta prière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 17 août 2010

Les maximes de Père Dimitri (Hopko) (II)



26) Faites votre travail, puis oubliez-le

27) Faites d'abord les choses les plus difficiles et les plus pénibles

28) Faites face à la réalité

29) Soyez reconnaissants

30) Soyez de bonne humeur

31) Soyez simples, discrets, silencieux et petits

32) N'attirez jamais l'attention sur vous-même

33) Écoutez quand les gens vous parlent

34) Soyez éveillés et attentifs, pleinement présents là où vous êtes

35) Ne pensez et ne parlez pas plus que cela est nécessaire

36) Parlez simplement, clairement, fermement, directement

37) Fuyez l'imagination, la fantaisie, l'analyse, comprendre les choses

38) Fuyez les choses sexuelles et charnelles dès leur apparition

39) Ne vous plaignez pas, ne grognez pas, ne murmurez pas, ne geignez pas

40) Ne pas rechercher et n'attendez ni la pitié ni la louange

41) Ne vous comparez avec personne

42) Ne pas jugez personne pour quoi que ce soit

43) N'essayez pas de convaincre quiconque de quoi que ce soit

44) Ne vous défendez et ne vous justifiez pas

45) Soyez définis par Dieu et lié à Lui, pas aux gens

46) Acceptez la critique avec grâce et éprouvez-la avec prudence

47) Donnez des conseils seulement lorsqu'on vous le demande ou quand il est de votre devoir de le faire

48) Ne faites rien pour les gens qu'ils ne peuvent et ne doivent faire par eux-mêmes

49) Ayez un horaire quotidien des activités, afin d'éviter lubies et caprice

50) Soyez miséricordieux envers vous-même et avec les autres

51) N'ayez pas d'attentes, si ce n'est d'être farouchement tentés jusques à votre dernier souffle

52) Concentrez-vous exclusivement sur Dieu et la lumière, et jamais sur les ténèbres, la tentation et le péché

53) Supportez votre critique et celle de vos défauts sereinement, en vertu de la miséricorde de Dieu

54) Quand vous tombez, levez-vous immédiatement et recommencez

55) Obtenez de l'aide quand vous en avez besoin, sans crainte ni honte

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://josephpatterson.wordpress.com/

Hésychie (242)



Dieu n'est jamais
Dans le raisonnement
Mais Il est évident
Dans cette douceur orante


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 16 août 2010

Les maximes de Père Thomas ( Hopko) (I)



1) Soyez toujours avec le Christ et faites confiance à Dieu en tout

2) Priez comme vous le pouvez, et non pas comme vous pensez que vous devez le faire

3) Ayez une règle de prière raisonnable que vous observerez avec discipline

4) Dites plusieurs fois par jour la prière du Seigneur (Le Notre Père)

5) Répétez une courte prière quand votre esprit n'est pas occupé

6) Faites des prosternations quand vous priez

7) Mangez des aliments avec modération, et jeûnez les jours de jeûne

8) Pratiquez le silence, intérieur et extérieur

9) Asseyez-vous en silence 20 à 30 minutes chaque jour

10) Faites des actes charitables en secret

11) Allez régulièrement aux offices liturgiques

12) Allez régulièrement à la confession et à la Sainte Communion

13) Ne vous dialoguez pas avec les pensées et les sentiments intrusifs

14) Révélez régulièrement toutes vos pensées et vos sentiments à une personne de confiance

15) Lisez régulièrement les Écritures

16) Lisez des livres de qualité, un peu à la fois

17) Cultivez la communion avec les saints

18) Soyez une personne ordinaire, membre de l'humaine race

19) Soyez poli avec tout le monde, en premier lieu de tous les membres de la famille

20) Maintenez la propreté et l'ordre dans votre maison

21) Ayez un passe-temps sain

22) Faites régulièrement de l'exercice

23) Vivez une chose à la fois à chaque instant de la journée

24) Soyez totalement honnêtes, tout d'abord avec vous-mêmes

25) Soyez fidèles dans les petites choses

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://josephpatterson.wordpress.com/

Hésychie (241)



Cèle dans la prière
Tous les soucis du monde
Et laisse ton âme
Cheminer vers le Royaume


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 15 août 2010

Frank Schaeffer: L'Orthodoxie et les monastères

Monastère de saint Pantéléimon

Il me semble que l'une des choses dont l'Orthodoxie en Amérique a un besoin désespéré, c'est d'un mouvement monastique indigène digne de ce nom. Nous avons besoin d'exemples pour vivre, et nous avons besoin de prière. Si l'Orthodoxie doit témoigner de la vérité, elle a besoin de centres de vie, de témoignage, d'enseignement, et d'inspiration chrétiens. Le monachisme a toujours été la force intérieure cachée de l'Eglise, et notre époque désacralisée a besoin de ces choses que seul le monachisme peut offrir, la prière, l'ascétisme, la discipline, la liturgie, l'adoration, la piété, c'est-à-dire d'hôpitaux pour nos âmes malades. Comme l'écrit l'Archimandrite Georges CAPSANIS (in The Eros of Repentance, Newsbury, 1993):

La priorité que le monachisme donne à l'adoration de Dieu est un rappel, à la fois dans l'Eglise et dans le monde, que si la Divine Liturgie et l'adoration ne deviennent pas à nouveau le centre de notre vie, notre monde sera incapable d'être uni et transfiguré. Il sera incapable de surmonter ses divisions, son déséquilibre, son vide et la mort... En dépit de tous les orgueilleux systèmes et plans humanistes prévus pour l'améliorer.

En fait le monachisme nous rappelle que la Divine Liturgie et l'adoration ne sont pas qu'une chose annexe dans notre vie; ils en sont le centre, la source de sa régénération, et son entière satisfaction.

Aujourd'hui, en Amérique, l'Eglise Orthodoxe fait face à son plus sérieux défi. Nous avons besoin de réelle guidance spirituelle, que seuls des moines et des moniales peuvent nous donner. Nous avons besoin de ce que l'Eglise peut nous donner de mieux, et ce mieux, c'est le monachisme.La seule réponse véritable au défi du siècle, n'est pas dans les paroles, mais dans les actes. La vie monastique est ce don unique que l'Orthodoxie a à offrir au monde, car elle enseigne par l'action et non par les paroles.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Frank Schaeffer
Dancing Alone/The Quest for Orthodox Faith
in the Age of False Religion
(Quête de l'Orthodoxie
à l'époque de la fausse religion)
Holy Cross Orthodox Press,
Brookline, Ma,
USA
1994

Hésychie (240)



Par la seule prière
Et la grâce du Verbe
Le Royaume descend
Sur la terre des vivants

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)