mercredi 18 août 2010

Une voix contemporaine de la Sainte Russie: le staretz Zossime ( +2002) [1]


Fr Zosima


"L'amour est plus grand que tout."

"Je suis toujours vivant!"

Archimandrite mégaloschème Zossima après sa mort


Avant-propos

Conformément à la nature humaine, toutes les organisations de l'homme sur la terre ont des hiérarchies. Toutefois, dans l'Église, qui est à la fois humaine et divine, il y a deux hiérarchies. La première est une hiérarchie extérieure, qui correspond à l'aspect humain de l'Église, la seconde est une hiérarchie interne, qui correspond à son aspect divin. Cette deuxième hiérarchie est en fait une hiérarchie de la grâce, qui correspond à notre proximité ou notre éloignement du Royaume de Dieu. Sa partie supérieure est composée de ceux qui sont devenus des saints, la communion des saints. Sa partie inférieure est composée de justes encore sur la terre, dont quelques-uns des plus visibles sont les startzi masculins et féminins de l'Église, avec leurs dons de prière, de discernement, de miracles, de guérison, et de clairvoyance intérieure dans le passé et l'avenir, cette dernière connue sous le nom de prophétie. Un des startsy contemporains est l'archimandrite mégaloschème défunt Zossime d'Ukraine (2002), dont le dicton favori était: "L'amour plus grand que tout". Voyons quelle fut sa vie...

Jean - la grâce du Seigneur

L'archimandrite mégaloschème Zossime est né Ivan (Jean) Alékséyévitch Sokour le 3 Septembre 1944. Il n'a jamais vu son père, Cosaque du Don, qui fut tué sur le front. Sa mère, Marie, est venu de Vinnitsa, en Ukraine, mais le futur staretz est né dans un hôpital de la prison de Sibérie dans la région de Sverdlov. Femme pieuse, sa mère avait été emprisonnée pour avoir pratiqué sa foi.

Son enfant a été baptisé Ioann (Jean), sur les conseils du futur saint, le saint staretz Koukcha. Le staretz était alors à Kiev, capitale de l'Ukraine, et il prédit que l'enfant grandirait dans "la grâce du Seigneur", ce qui est la signification du nom "Jean". À son baptême, l'enfant saisit fermement la Croix et la barbe du prêtre. Cela fut profondément symbolique de sa vie future, car c'est par la Croix et en tant que prêtre qu'il vivrait.

L'enfant a grandi dans une petite ville minière dans le Donbass, en Ukraine. Dans ce désert industriel se trouvait un groupe de moniales en exil, filles spirituelles de saint Jean de Cronstadt, dont Sœur Antonina, la sœur de sa mère, qui l'aida à l'élever. Les moniales se réunissaient souvent secrètement dans la maison des Sokours.

La tante de Jean prédit qu'il vivrait pour voir la canonisation et la vénération dans le monde entier de saint Jean de Cronstadt, qui bien sûr est survenue quand l'Église l'a canonisé à l'extérieur de la Russie. De la vie de saint Jean qui lui fut racontée par ses disciples, l'enfant Jean apprit le courage que les orthodoxes doivent avoir pour survivre dans ce monde. Il disait souvent que nous ne devons pas être des "esclaves de la peur". Plus tard, il dit aussi: "Lisez la vie des martyrs et confesseurs du XXe siècle, vous y trouverez la vraie histoire sacrée du XXe siècle". Le staretz a aussi prédit que les reliques de saint Jean, son saint préféré, seraient, un jour, à un moment très difficile dans l'histoire russe, découvertes comme une bénédiction pour le monde entier et qu'il y aurait beaucoup de miracles et de guérisons.

Ainsi Jean a grandi dans l'Église et, à l'âge de sept ans, il pouvait lire couramment le slavon. Dans ces années d'après-guerre, la famille vivait dans une grande pauvreté et Jean était souvent près de mourir de faim, de maladie, ou d'être écrasé par les trains, car il allait souvent à la voie ferrée, à la recherche de morceaux de charbon pour le fourneau de la cuisine. Malgré leur pauvreté, la famille observait strictement les jeûnes de l'Église. Les moniales, qui avaient toutes été emprisonnées pour la foi, l'une d'entre elles pendant 25 ans, apprit à Jean à réciter les Psaumes et la Prière de Jésus pendant qu'il travaillait. La mère de Jean est également devenue moniale plus tard, sous le nom de Mariamna.

L'École et la persécution

A partir de l'âge de sept ans, Jean a dû aller à l'école. Là, il n'a jamais pris part à tout ce qui concernait le Parti communiste athée. Plus tard, il disait qu'il n'avait qu'un seul parti: la Mère Église. Les enseignants et les autres enfants se moquaient de lui et l'appelait "père" ou "prêtre" ce qui était des insultes à l'époque soviétique.

Malgré les brimades et les coups, Jean triompha toujours grâce à son amour et à sa douceur. Même lorsque le chef d'établissement tenta de convaincre le jeune enfant, dans un entretien de six heures, de la justesse du communisme, Jean resta ferme. Les autorités menacèrent même de fermer l'église locale, si Jean y allait. En fait, plus ils le persécutèrent, plus sa foi devint forte. L'enfant fut sauvé parce qu'il était excellent élève. Plus tard, le staretz montra de l'intérêt pour toutes sortes de choses, et il parla de l'importance de la connaissance.

En effet, il considérait que la connaissance était vitale. Sa lecture favorite était les douze volumes de la Vie des Saints de saint Dimitri et le Journal de Saint Jean de Cronstadt. Plus tard, il recommanda ce Journal aux orthodoxes, le staretz disant que l'on pouvait y trouver les réponses à toutes nos questions.

Lorsque la milice a attaqué la maison et emporté toutes les icônes et les livres, comme par miracle ils ont laissé ce Journal. Jean y a vu un signe. Une autre influence fut quand le Père Dimitri Peskov, homme de prière avec le don de discernement, est venu pour servir dans l'église locale après plusieurs années d'emprisonnement. Jean y a servi, et a beaucoup appris. Une autre influence a été les pèlerinages que la famille a faits. L'un d'entre eux était à Pochaev, où ils rencontrèrent alors le saint staretz Koukcha, qui prophétisa la vie future de Jean, comme prêtre, moine, et moine mégaloschème, un homme de prière pour le monde entier.

(À suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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