samedi 6 mars 2010

Saint Tikhon de Zadonsk: Les tentations et les épreuves


Saint Tikhon de Zadonsk

"Les tentations et les épreuves montrent ce qui se cache dans le cœur de l'homme. La tentation est similaire au médicament appelé émétique. Un émétique révèle ce qui est caché dans l'estomac. Ainsi, les tentations et les épreuves rendent manifeste ce qui est dans le coeur d'un homme...

Ainsi, la vaine gloire se manifeste à travers la privation de gloire, l'avarice par la privation des richesses, l'envie à travers le succès de son prochain, la colère par la déception.

Si donc, tu tombes dans diverses tentations, ô chrétien, tout cela se passe avec la permission de Dieu pour ton plus grand bien, afin que tu puisses ainsi savoir ce qui est caché dans ton coeur, et afin que le sachant, tu puisses te corriger.

Beaucoup se flattent et se considèrent comme bons, humbles et doux, mais ils découvriront le contraire sous la tentation. Dans les tentations, ne sois pas gagné par le découragement, mais remercie Dieu d'autant plus parce qu'Il t'amène ainsi à la connaissance de toi-même, et qu'Il souhaite que tu te corriges et que tu sois sauvé. "


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Saint Tikhon de Zadonsk
Voyage au Paradis
in

Hésychie (80)



Evoque Dieu sans cesse
Epèle Son Nom ineffable
Dans ton souffle à chaque instant

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 5 mars 2010

L'humilité


passion.jpg

Je vais d'abord t'accuser: tu te dis toi-même pécheur, mais en fait, tu ne crois pas ce que tu dis. Celui qui se reconnaît lui-même pécheur et coupable de beaucoup de maux ne contredit jamais personne, ne se dispute avec personne, ne se met pas en colère contre qui que ce soit, mais il estime que tout le monde est meilleur et plus intelligent que lui.

Et si tes pensées, te fourvoyant, te disent que c'est le cas en fait, alors comment peuvent-elles soulever ton cœur contre ceux qui sont meilleurs que toi?

Sois attentif, ô mon frère, ceci est faux. Nous n'avons pas encore atteint le point de nous considérer nous-mêmes comme pécheurs. Celui qui aime celui qui l'accuse est le plus sage (Prov. 9:8)... O frère, comment nous sommes rendus ridicules: nous parlons avec nos lèvres, mais dans les faits nous montrons quelque chose d'entièrement différent.

Celui qui est inquiet pour son salut ne doit en aucune façon poser des questions afin d'obtenir seulement des connaissances , car "la connaissance enfle", comme le dit l'Apôtre. Mais poser des questions concernant les passions, et concernant la façon dont on doit passer sa vie, c'est la façon d'être sauvé. Voilà qui est très approprié, car cela est nécessaire et cela conduit à l'humilité. Et l'humilité est un raccourci vers le salut, car il a été dit: "J'ai été humilié et le Seigneur m'a sauvé" (Psaume 114:6 version des LXX). De même, l'un des saints dit: "Un moine à l'esprit humble n'est pas curieux de connaître les mystères, mais celui qui est fier se mêle des jugements de Dieu."

Pour un débutant la chose suivante est appropriée: pour rester dans une profonde humilité, il ne faut en aucun cas se considérer soi-même comme étant quelque chose, ne pas contester quoi que ce soit, mais plutôt rester dans l'obéissance et dans une grande soumission, ne pas se comparer avec qui que ce soit, ne pas dire: "Un tel est respecté, pourquoi suis-je pas respecté? Tout est facile pour lui, et pourquoi est-ce difficile pour moi? "

Etre dédaigné en toute chose et ne pas s'indigner, voilà les œuvres d'un vrai débutant [dans la vie spirituelle] qui a vraiment le désir d'être sauvé.

Si tu es calomnié, réjouis-toi: c'est très profitable pour toi. Si tu es choqué, endure, car "celui qui persévère jusques à la fin sera sauvé" (Matt. 10:22). Rends grâce à Dieu pour tout, parce que l'action de grâce intercède auprès de Dieu pour la faiblesse humaine.

Toujours et en tout condamne-toi toi-même, comme quelqu'un qui pèche et se trompe, et Dieu ne te condamnera pas; abaisse-toi en tout, et tu recevras la grâce de Dieu. Si tu t'habitues à cela, Dieu t'aidera à obtenir de la force, parce que Sa volonté consiste en ce que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la Vérité (I Tim. 2:4).

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Sunday Bulletin of Holy Theophany Orthodox Church,
Colorado Springs
USA


passion1.jpg

Hésychie (79)



C'est quand tu restes silencieux
Que ton âme est au diapason
De la musique céleste

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 4 mars 2010

Hésychie (78)




Ton âme ancrée dans la prière
Vaut mieux que les satisfactions puériles
Que procure le monde et ses distractions

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 3 mars 2010

Saint Elisabeth de Russie: L'annonce prophétique


Le Seigneur accorda à la Grande-Duchesse Elizabeth (sœur de la tsarine.martyre Alexandra) le don de discernement spirituel et de prophétie. Le Père Mitrophane Srebrianski raconte que peu de temps avant la Révolution, il eut un rêve. Il était très vivant et clairement prophétique, mais il ne savait pas comment l'interprêter.

Le rêve était composé d'une séquence de quatre images, en couleurs. La première révélait une belle église. Tout à coup, elle fut entourée par des langues de feu, et toute l'église fut en flammes, spectacle terrifiant. La seconde montrait un portrait de l'impératrice Alexandra Féodorovna dans un cadre noir, aux angles du cadre germaient des pousses portant des lys en bourgeons qui s'épanouissaient, et devenaient si grands qu'ils cachaient le portrait. La troisième montrait l'Archange saint Michel tenant une épée flamboyante. Dans la quatrième image, saint Séraphim de Sarov se tenait agenouillé sur un rocher, ses mains levées dans la prière.

Rendu perplexe par ce rêve, le père Mitrophane le décrivit à la Grande-Duchesse, un matin, avant la Liturgie.

Sainte Elisabeth dit qu'elle comprenait le rêve. La première image signifiait qu'il y aurait bientôt une révolution en Russie, que la persécution s'élèverait contre l'Église, et que pour nos péchés, pour notre incrédulité, le pays serait amené au bord de la destruction. La deuxième image signifiait que sa sœur et toute la famille royale recevraient une mort de martyrs. La troisième image signifiait que d'affreuses tribulations adviendraient. Le quatrième signifiait que par les prières de Saint Séraphim et d'autres saints et justes de la terre russe, et par l'intercession de la Mère de Dieu, le pays et son peuple obtiendraient miséricorde.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
ORTHODOX AMERICA
Vol. XVI, n ° 6 (146),
Springfield, NY,
USA

Hésychie (77)


Ceux qui refusent le Royaume
N'ont que l'espoir laid
De n'être pas jugés
Car ils ignorent le Miséricordieux

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 2 mars 2010

Miracle de sainte Photida pour un Agha turc

Un vieillard raconte un événement qui eut lieu, durant l'occupation ottomane, alors qu'il était âgé de 12 ans...

"L'Agha [dirigeant turc] est tombé gravement malade, et il courut vers des médecins en tout lieu, allant même jusques à Thessalonique, mais aucun ne put le rétablir, et sa santé se détériora. Il gisait dans son lit. Un jour, perdant tout espoir, il pensa à sainte Photida, car la chapelle de la sainte qui était la sœur de Saint Photinie [fêtée le même jour, le 26 février], était à environ un kilomètre du village et en ce lieu jusques à ce jour, coule une source d'eau sainte. "L'eau sainte de sainte Photida".

"Sainte Photida va me guérir", déclara l'Agha. Il ordonna au gardien de l'église d'Amphipoleos d'aller lui chercher de l'eau bénite de sainte Photida.

Le gardien ne pouvait pas faire autrement. Toutefois, en quittant la maison de l'Agha, il murmura: "Porc, penses-tu que je t'apporterai, de l'eau bénite de notre sainte pour que tu la vendes?" Il partit, compta le temps qu'il lui aurait fallu pour revenir de la chapelle, et afin que l'Agha ne boive pas cette eau sainte, mais qu'il ne le punisse pas non plus, il prit de l'eau courante et la lui donna au lieu de l'eau bénite.

L'Agha, quand l'eau bénite présumée de sainte Photida était arrivée, ordonna à ceux auprès de lui de le relever de son lit, et avec révérence et les larmes aux yeux, il dit par deux fois:" Sainte Photida, aide-moi. Sainte Photida, aide-moi. "

Il a pris ce qu'il croyait être l'eau sainte, il l'a bue, et le lendemain, il était bien. Tous furent étonnés, en particulier le gardien qui savait ce qu'il avait fait. La foi, la volonté et la confiance de l'Agha en sainte Photida, avec l'intercession de la sainte, l'avaient guéri.

Adaptation et version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hésychie (76)




Le plus grand exploit spirituel
C'est d'accepter humblement
Les fausses accusations des frères
Et de s'en réjouir dans l'humilité

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 1 mars 2010

Saint Grégoire et la Déification


Ce dimanche, nous célébrons la mémoire de saint Grégoire Palamas. Avec sa fête le 14 novembre, l'Église lui a attribué une célébration supplémentaire le deuxième dimanche de Carême.

Ce jour-là, entre le dimanche du Triomphe de l'Orthodoxie et celui de la vénération de la Sainte-Croix, saint Grégoire est vénéré comme le Père saint par excellence qui a articulé, défendu et préservé la doctrine orthodoxe de la déification, c'est-à-dire de notre potentiel de participer directement aux énergies de Dieu, Qui sanctifient, rendent parfait, et donnent de la puissance à notre lutte personnelle, à la fois spirituellement et physiquement, contre le péché, et nous accordent le don des vertus pour le salut éternel et la ressemblance au Christ.

Il est aussi prééminent dans la défense de ceux qui luttent justement dans le monde en tant que communautés paroissiales et pour notre libre accès à la sagesse spirituelle qui a été plusieurs fois réservée ou pratiquée exclusivement dans le monachisme.

Saint Grégoire était un moine, ascète, auteur prolifique, et théologien extraordinaire qui fut appelé hors de la vie monastique, par la providence de Dieu à l'archevêché de Thessalonique en des temps très difficiles. À la suite de son établissement en tant que pasteur de ceux qui vivaient dans le monde, les profonds enseignements monastiques sur la vie spirituelle/ascétique ont été présentés et conservés dans le contexte de la famille paroissiale, à un degré jamais connu auparavant.

Maintes et maintes fois, au cours des siècles, c'est aux écrits de saint Grégoire que l'Eglise a recouru afin de comprendre correctement comment les communautés monastiques et les gens mariés, les monastères et les paroisses, sont tous appelés au même objectif de l'union avec Dieu, même par des voies spirituelles qui varient dans l'expérience spécifique de chaque personne.

Comme staretz monastique et pasteur épiscopal des troupeaux paroissiaux, saint Grégoire cherche constamment à trouver le juste équilibre entre la sagesse monastique cachée qui doit être mise à la disposition des fidèles dans le monde et la justice de ceux dans le monde, qui cheminent sur une voie beaucoup plus complexe d'accès que ne le font les moines et dont les mariages et les familles doivent être considérées honorablement dans les monastères.

Considérant l'apôtre Jean, comme symbole de la dévotion monastique au Christ, et l'apôtre Pierre comme symbole des chrétiens mariés, saint Grégoire dit: "Bien que Pierre ait eu une belle-mère, il ne traîna pas derrière Jean le vierge, quand tous deux coururent au tombeau. À certains égards, même Pierre a dépassé Jean, car il a été nommé chef des apôtress. En effet, quand le désir est redirigé de la chair à l'esprit, il élève tous les êtres à de grandes hauteurs."

Que ce soit avec le conjoint et la famille, dans le célibat ou dans le monachisme, puissions-nous tous nous efforcer d'atteindre la véritable pureté et la sainteté, rencontrant le Christ comme Il veut apparaître le long de notre chemin, et nous joindre à Lui à la fin.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hésychie (75)


Mets le Nom
Au centre de tes pensées
Et garde précieusement la paix
Qu'Il donne en abondance

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 28 février 2010

Le cheminement secret d'un chef amérindien Mohawk vers l'Orthodoxie (III & Fin)






Nous sommes montés dans la petite voiture, et je me suis assis à la place du chauffeur. Vladimir était copilote. Il a commencé à nous montrer tous les points de repère:

«Ici, dans le centre du village, vous pouvez voir l'église catholique. Elle est dédiée à Sainte Kateri Tekekwitha, une femme indienne que le prêtre a proclamé sainte. Nous gardons ses os dans cette église, ils accomplissent des miracles. Il s'agit d'un pèlerinage pour les laïcs. Sa vie est belle comme un conte de fées... Pour moi, c'était une folle-en-Christ... C'était une folle pleine de grâce... Elle se roulait dans la neige pour purifier son cœur... Mes compatriotes du village qui sont devenus catholiques ne sont pas particulièrement friands de la propagande catholique, mais ils montrent révérence à leur sainte, c'est leur pression sur le Vatican qui a amené sa béatification... A côté de l'église, il y a un petit musée. Là-dedans, vous trouverez une carte de la confédération, qui décrit en détail l'ensemble des tribus indiennes, les symboles, les chiffres, les endroits d'où ils proviennent, leur parcours historique, leurs langues... Tout est devenu une partie du... musée... Maintenant tourne à droite, ici... c'est notre Centre Culturel. Au-dessus, il y a la station de radio où nous nous sommes rencontrés... C'est de là que j'émets... Maintenant, pendant la période du Triode, et ensuite, pendant le Carême, je joue beaucoup de musique spirituelle de l'Occident et, peu à peu, j'inclus certaines parties orthodoxes, mais tout juste assez pour ne pas être provocateur. La musique spirituelle indienne n'est pas autorisée à la radio. Ce n'est que pour la "longue maison". Le centre culturel est soutenu financièrement par le gouvernement blanc. Les puissances extérieures, du monde "civilisé", veulent nous aider, mais uniquement sur le papier, en réalité, ils veulent nous noyer, nous humilier, nous épuiser, pas tellement nous, mais nos âmes et tout ce que nous portons. Ils veulent faire de nous des masques pour les musées, des clowns lors de fêtes, de la recherche pour les archéologues... Ils n'ont pas pris une bouffée de notre tabac, et ils ne se savent quel genre de... tabac nous préférons. "

Il éclata de rire. Je perdis presque le contrôle du volant... je continuai à rouler en suivant ses instructions - gauche-droite - tout droit etc... Jusqu'à ce que, dans un virage de la route, nous ayons vu une structure moderne mais de forme très inhabituelle...

«C'est notre école, école élémentaire et secondaire. Elle a un bon programme, je l'aime. Elle est vraiment indienne. Outre les sujets classiques de l'éducation de "blanc", nous avons beaucoup d'autres matières qui sont probablement inconnues des Blancs. Nous ne les appelons pas "coutumes" ou "culture", mais les manières "Indiennes", "les voies indiennes" (les sons de la terre), les danses indiennes, les chants et les cris indiens (comme un drame antique), la loi indienne, et d'autres choses. Les terrains qui entourent l'école sont sacrés. Nous avons aussi une "chambre noire", mais pas pour les photos... c'est pour la fabrication du... masque à l'intérieur de nous "

- Va maintenant tout droit, vers l'Est. Continue, jusqu'à ce que tu trouves la route. A deux-trois kilomètres d'ici...

"Voici notre hôpital. C'est un bâtiment neuf et c'est une idée nouvelle pour nous. Quelque chose de salutaire, je l'espère. Il a été construit en 1985. Avant cela, nous avions nos propres hommes-médecine, ou nous avions recours à des hôpitaux de l'homme blanc. Mais... ils étaient difficiles... La plupart de leur personnel n'était pas habitué à nos manières, il était difficile pour eux de s'occuper de nos vieux. Ils doivent être à notre place, afin d'essayer de comprendre... Beaucoup d'entre eux essaient de le faire. D'ailleurs, on peut dire qui aime vraiment et qui peut être discerné parmi les professionnels habituels..."

Vladimir Natawe était le chef de sa tribu, il était leur chef spirituel. C'est lui qui récitait les textes à leurs funérailles et à leurs mariages, il était quelque chose comme un prêtre pour eux. Dans la soirée, il restait assis les jambes croisées dans la "longue maison", à l'écoute des problèmes de son peuple, pour les résoudre avec les conseils qu'il offrait. Il avait le rôle d'un juge, ce qui était l'une des traditions les plus puissantes. C'était un poète et un traducteur, mais aussi un philosophe. Il connaissait leurs problèmes mieux que quiconque, il connaissait aussi les lois strictes qui régissaient leurs tribus. Ceux qui reniaient leurs principes ancestraux et devenaient chrétiens étaient autorisés à rester dans le village, mais on ne leur donnait aucune position. Ils devaient quitter le Conseil des sages, des vieillards, ils "perdaient leur destin", comme on l'a décrit à leur manière spéciale, ils étaient désavoués. Tout cela pouvait ne pas être d'une grande signification pour un Indien ordinaire, mais pour un chef...

Personne dans le village n'a jamais su, jusques en ce jour où il est mort, que leur chef était chrétien orthodoxe. Et Vladimir, qui était Frank pour eux, a vécu et travaillé avec eux, pour eux, avec la crainte toujours présente qu'ils pourraient le découvrir. Il a dû être perpétuellement modéré, attentif, flexible, sinon son image aurait été brisée en eux. Il était en charge de la station de radio pendant des années, et il a également travaillé à leur centre culturel. Il était considéré comme une autorité sur les sujets concernant la tradition, et il était incroyablement touché, chaque fois qu'il trouvait des "parallèles", comme il les appelait, dans la tradition orthodoxe. Il partagea beaucoup de ses expériences avec nous, parce qu'il ne pouvait pas les partager avec son propre peuple. Quelle lourde croix à porter...

Chaque fois que je le voyais sortir du sanctuaire de la petite église orthodoxe de la Mère de Dieu, qui avait des offices en anglais et en français, habillé en servant et tenant un cierge devant les prêtres et les évêques, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander quel genre de cœur ce vieux loup indien avait en lui, qui lui disait en permanence: "Dieu le sait". Et il se prosternait toujours sur le sol, afin que Dieu lui donne l'illumination de gouverner son peuple à travers les tempêtes et les épreuves, et lui donne la force de tenir la lourde charge qui lui avait été donnée, jusques à la fin.

Les années passèrent. Chaque ami qui nous rendait visite à Montréal devait faire le voyage obligatoire vers ce village indien pour rencontrer Vladimir. Et beaucoup d'entre eux m'ont dit qu'ils avaient mis sur le papier leurs propres expériences là-bas.

Un matin, j'ai reçu un appel téléphonique à Montréal, me disant que Vladimir était décédé dans son village. La question qui surgit dans mon esprit était: qui va l'enterrer, que va-t-il advenir de lui? Il avait toutefois laissé des instructions, écrites et précises pour tous les rituels à faire dans la tradition indienne dans la "longue maison" et pour qu'un prêtre orthodoxe lise des bénédictions sur son corps. Naturellement, les Indiens n'avaient aucune idée de ce qu'il entendait par "un prêtre orthodoxe", mais il avait laissé quelques numéros de téléphone aussi.

Ils ont effectivement téléphoné, et un prêtre orthodoxe est venu réciter le service funèbre avant qu'ils ne portent Vladimir dans la longue maison.

Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion d'assister au rituel dans la longue maison, mais un ami commun qui ont assisté à l'enterrement m'a transmis les détails.

Deux jours après les funérailles, ce même ami, Michael, m'a apporté les nouvelles, et un paquet. Il m'a dit qu'il avait assisté à tout le rituel. C'était vraiment impressionnant. Quand ils vont à la longue maison, les Indiens mettent des vêtements qui correspondent à leur rang dans le village. Le rituel, qui était bien sûr dans leurs propres langues, avait une forme particulière, un peu comme l'ancien type byzantin. À la fin, le testament du chef de tribu a été donné en lecture à haute voix, devant toute la tribu. Dans son testament, il a mentionné où il laissait chacun de ses biens. Vladimir avait 75 ans tout au au plus. Il avait des enfants, des petits-enfants et des arrière petits-enfants. Il laissa quelque chose à chacun des membres de sa famille. À un moment, l'indien qui donnait lecture du testament a éprouvé quelques difficultés à lire un nom qui n'était pas indien et, après avoir grimacé un peu, il a mis ses lunettes et a prononcé le nom, d'une manière déformée de la façon suivante: "Ya-nis Ha-dji-ni-ko-la-ou ". Mon ami Michael leva la main et on lui donna le paquet, qu'à son tour il m'a donné.

Quand j'ai ouvert le paquet, j'ai vu ce qui était à l'intérieur: c'était un livre, "La Divine Liturgie", en grec et en anglais, que je lui avais donné il y a de nombreuses années. A l'intérieur, sur la première page, il y avait écrit: "Pour Yanni", et en dessous, en grec: ""Καλή αντάμωση"(A nos retrouvailles!/ Au revoir!)- Vladimir Natawe". J'ai pris cela comme un geste très aimable de sa part, il avait en effet inséré ces mots avant son départ définitif, peut-être parce qu'il avait senti que sa mort était proche. Il avait écrit en grec les mots pour dire "au revoir". Bien entendu, la surprise ne s'arrêtait pas là: il y avait encore autre chose. Lorsque j'ai feuilleté le livre, j'ai été stupéfait, bouche bée... Il avait traduit l'intégralité du texte de la Liturgie en langue mohawk, au-dessus des lignes du texte anglais! Bien sûr, je ne peux pas lire le mohawk, mais je tiens à ce livre comme à un souvenir, cette Liturgie orthodoxe traduite par Vladimir en langue indienne, toute la Liturgie de Saint Jean Chrysostome... Si Dieu m'accorde cet honneur, peut-être que je la publierai une jour...

Des histoires contemporaines comme celle-ci peuvent sembler être comme un conte de fées, parce que notre vie semble également fugitive. Et pourtant, ces histoires sont remplies d'une lumière sans déclin, elles sont les témoignages modernes de cette bienheureuse "folie", de cette levure qui fait lever toute la pâte, de la petite église au sommet d'un îlot de la mer Egée, aux lointaines réserves indiennes du Canada.

Au revoir Vladimir... Karamazov...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hésychie (74)



Que ta prière soit véritable
Exempte d'images mentales
Et pleine du feu
Que le Christ alluma
Sur la terre des vivants

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Appel pour le Liban


Drapeau du Liban
+


Mont-Liban

"N’est-il pas vrai que le Liban redeviendra un verger et que le verger fera penser à une forêt ? En ces jours là les sourds entendront les paroles du livre et, délivrés de l’ombre et des ténèbres, les yeux des aveugles verront. Les malheureux trouveront toujours plus de joie en Yahvé, les plus pauvres des hommes, exulteront à cause du Saint Esprit" Isaïe 29/17-19
Voilà un souhait que nous pouvons formuler en apprenant qu’un petit projet monastique (skite) se trouve en germination à proximité d’Aley au Mont-Liban.

Aley était anciennement un bourg, un petit village qui s’est transformé à partir de 1892-1895 en une ville de plus en plus peuplée ! C’est une belle région montagneuse, d’environ dix collines, la plus élevée étant Ras El Jabal (tête du mont), à 20 km de Beyrouth, à 850m d’altitude moyenne. Le nombre de ses habitants l’hiver avoisine les 50.000 et l’été dépasse les 100.000. La ville se trouve sur l’axe routier Beyrouth-Damas. Durant les événements politiques dans le pays, les habitants ont souffert des nombreuses destructions comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres lieux au Liban. Le bilan humain de la guerre fut très lourd : Il y eut environ 150.000 morts, 350.000 blessés et plusieurs milliers de personnes enlevées ou portées disparues, sur une population d’environ trois millions et demi d’habitants .

Depuis 1990 Aley est un grand chantier de rénovation. Oui le Liban était un paradis de forêts et de jardins, de fabuleuses sources d’eau, une terre où coulent le lait et le miel, où nous trouvons des oliviers, des tapis de pins couvrant les montagnes et les vallées, des plantains, des orangers, des vignes, des pommiers, figuiers, amandiers… et surtout les cèdres géants qui, sans cesse, psalmodient et chantent des hymnes à la Résurrection du Christ Notre Seigneur et Sauveur ; on en parle dans Ezéchiel : « A quoi te comparer dans ta grandeur ? Voici : à un cyprès, à un cèdre sur le Liban au branchage magnifique, au feuillage touffu à la taille élevée … » et dans le Deutéronome nous entendons Moïse parlant au Seigneur et disant : « Ne pourrais-je passer là-bas, et voir cet heureux pays au-delà du Jourdain, cette heureuse montagne, et le Liban ? »

Aley était antérieurement une région où vivait une nombreuse communauté de chrétiens orthodoxes. Aujourd’hui la région est peuplée d’une population caractérisée par de multiples croyances ! Il faut savoir que le Liban se distingue par la présence de 18 religions et confessions chrétiennes (Catholiques de Rome et Latins, Maronites, Eglise orthodoxe d’Antioche et Grecs-catholiques. Arméniens orthodoxes et catholiques. Syriaques orthodoxes et catholiques...) diverses reconnues par le Parlement à part les sectes : Les confessions chrétiennes, orthodoxes, catholiques et protestantes vivent très mélangées… Il s’agit d’une réalité confessionnelle qui caractérise le monde des chrétiens Orthodoxes au Liban, qui côtoient des hétérodoxes dans la vie quotidienne.
Aujourd’hui comme dans bien des pays du monde, de nombreuses sectes et mouvements non reconnus se développent avec force. Il est évident que cela ne reste pas sans influence sur les croyants fragiles. Existe aussi une présence Islamique avec des Sunnites, des Chiites, des Alaouites, une population Druze et une petite présence du Judaïsme. Au Liban, les chrétiens ne se trouvent pas persécutés ouvertement comme les coptes en Egypte et les communautés chrétiennes en Irak, mais ils le sont d’une manière insinueuse, soit par les médias, soit par les hétérodoxes et leurs fausses doctrines, soit par les sectes… avec la volonté de tuer la Foi Chrétienne ! Mais nous voyons toujours la volonté des chrétiens orthodoxes de vivre en paix, en relation étroite avec tous et surtout dans l’amour du Christ. Monseigneur Georges Khodr très connu dans le monde orthodoxe le signale à diverses reprises dans ses écrits : « Ce commandement de Jésus de Nazareth vient en fait de l’Ancien Testament qui en limite cependant l’application aux membres d’un même peuple : Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même Le Nouveau Testament en a élargi l’application, faisant de chaque humain un sujet d’amour. La façon dont ce commandement y est exprimé dans le mode impératif : Aime, Tu aimeras, clarifie que l’amour est un ordre divin et non seulement un simple mouvement affectif. En effet, en aimant, le cœur peut ressentir un tel sentiment, ou bien s’en abstenir. L’amour est donc l’objet d’une loi dont la signification se résume en ce qu’il faut aimer son prochain comme soi-même. »

…*…

Et voilà que se projette aujourd’hui la construction d’un petit skite par le moine SERAPHIM, attaché à l’Eglise Orthodoxe d’Antioche dont le patriarche actuel se nomme IGNACE IV. Après avoir vécu pendant 6 ans au monastère Saint Georges à Dayr El Harf, au Mont Liban, et ayant reçu la bénédiction, il voyagea en Europe. Le père SERAPHIM est connu de bien de personnes en Europe occidentale et nous nous souvenons qu’il a visité nos contrées, voilà 4 ans. Son dernier séjour en Europe, il le vécut récemment en Roumanie d’une manière intense, y recevant beaucoup de réconfort spirituel. Là, il fut pleinement introduit dans la voie monastique au skite de Saint Antoine Le Grand dans la région de Neamţ et en Moldavie. Ce séjour se passa principalement auprès des ermites comme le starets Proclus qui vit dans un désert près de Neamţ, auprès également des moines, et des fidèles, dont la foi Orthodoxe est très vivante. Retournant au Liban, il reçut la bénédiction des grands et humbles startsy et higoumènes d’y construire un skite où il pourrait développer la vie monastique en lien avec ses frères de Roumanie.

Père Séraphim avec le staretz Proclus

Aujourd’hui le père SERAPHIM vit à Bkheshtey, petit bourg qui se situe approximativement à 1km de la ville d’Aley. Bkheschtey signifie, localité des ermites, des solitaires, des isolés…et aussi le dénominateur du monachisme, c’est une extraordinaire coïncidence ! Dans ce quartier est construit l’Eglise dit « du monastère du Saint Sauveur » bien qu’il n’y ait actuellement pas de monastère ! La fête patronale de l’Eglise est le Jour de la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est l’Eglise que le père SERAPHIM fréquente afin d’y suivre les offices liturgiques ; car sa demeure provisoire n’en est pas bien loin. Père SERAPHIM vit très simplement comme un moine. Dans ce petit bourg, avant la guerre, vivait une population composée de chrétiens Orthodoxes (2/3) et de Druzes (1/3). Aujourd’hui la situation est inversée, le village est peuplé de 1/3 de chrétiens Protestants, de Témoins de Jehovah et d’Orthodoxes aux alentours. Les autres 2/3 sont des Druzes. Les populations chrétiennes orthodoxes ont tendance à partir et leurs propriétés sont essentiellement rachetées par les familles Druzes et musulmanes chiites et sunnites. Pourquoi partent-elles ? Nous pouvons trouver la réponse dans le désir d’émigration vers l’étranger et aussi dans des raisons économiques.
…*…
Eglise dite du Monastère du Saint Sauveur

Mais voilà, que le Seigneur appelle à la construction d’un petit lieu monastique afin de témoigner de la Foi Orthodoxe et de la Charité du Christ pour annoncer que Le Christ est Le Chemin, La Vérité et La Vie ; en dehors du Christ il n’y a pas de Vie, il n’y a pas de Vérité.
Comment cela se fera-t- il ?
Le moine SERAPHIM ne possède rien et se met entièrement avec totale confiance sous la dépendance de l’Esprit Saint. Son cœur pleure et souffre afin d’annoncer la Vérité. Une foi ferme lui est nécessaire afin de témoigner des canons des Saints Apôtres, des Saints Pères et des Martyrs de notre Eglise. De nombreuses questions se posent à lui et les réponses existent. Comme au désert pour produire des fruits, selon l’Evangile, le travail ne manquera pas ! Mais nous savons tous que le désert dans la Bible est le cadre de tous les commencements. « Et moi, je suis l'Éternel ton Dieu depuis le pays d'Egypte ; de Dieu, tu n'en connaîtras pas d'autre ; de Sauveur, il n'y a que moi.- Je t'ai connu dans le désert, dans le pays de la soif……. » Et nous connaissons tous saint Jean-Baptiste le précurseur qui dans le désert accomplit la prophétie d’Isaïe : « À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur ».

Quelles questions interpellent le père Séraphim?
• Comment peut-on annoncer la Foi Orthodoxe dans une région balayée par de multiples courants de pensée non chrétiennes et de nombreuses idéologies ? Comment évangéliser à nouveau les orthodoxes de souche ? Comment protéger une population chrétienne orthodoxe, si souvent faible, ignorante et opprimée ?
La présence et l’accompagnement des chrétiens est de première importance comme dit très simplement Monseigneur Georges Khodr dans ses conseils : « …Évoque avec lui le fait qu'il est fils de Dieu. Que le Seigneur le souhaite comme fils, sauf s'il est entièrement athée. Je ne pense pas que ce type d'athéisme existe en Orient. Grimpe avec lui progressivement à partir du niveau qui est le sien. …Le plus important est qu'il fasse de sa reconnaissance en l'existence de Dieu, un culte d'amour pour Dieu. Il en faut un peu de compréhension, de la compréhension progressive afin que ce frère arrive à la prière. C'est en elle et par sa chaleur, que sa compréhension s'approfondira. (…) Quand à Celui qui est baptisé par l'eau et qui n'a pas acquis une compréhension chrétienne, il faut que tu l'enfantes de nouveau par une évangélisation qui procède du constat que son cœur est dénué de foi. (…) Nous ne pouvons pas uniquement les laissé baptiser par l'eau. Sans foi, ils ne seront pas sauvés. »
• Comment témoigner de la vie monastique et de La Bonne Nouvelle dans une terre ou beaucoup ont perdu conscience de l’existence du Christ et de la Foi Orthodoxe qui animait la vie de leurs ancêtres ? Il est évident que le moine ne témoigne pas uniquement des moyens et des chemins empruntés pour son salut personnel mais aussi d’une "koinonia – communion – fraternité spirituelle » Il est invité, à partager avec le plus grand nombre les fruits de l'hésychasme (être en paix, garder le silence) vécu, de sa paix et de montrer ainsi aux autres frères et sœurs en Christ, les échelles de la lutte spirituelle, et ses exigences , car le moine est appelé à donner aux autres la foi et la lumière Dans ce chemin monastique immergé dans la cité, sans doute faut-il afin de garder la flamme, se rappeler la Parole de Seigneur face à la dureté de cœur du prophète Jonas! Le Seigneur plein de Miséricorde envers le peuple de Ninive proclame son amour pour eux et dit à Jonas : " Toi, tu as de la peine pour ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit et en une nuit a péri. Et moi, je ne serais pas en peine pour Ninive, la grande ville, où il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche, ainsi qu’une foule d’animaux ! "
• Comment faut-il répondre à la faim de Dieu dont souffrent les hommes et les femmes de notre temps? Faim qui aujourd’hui est réellement existentielle et qui se manifeste par tant de déviances et de comportements irrationnels dans le monde! Oui l’homme à faim de ce qui est plus haut que lui ; seulement il ne sait pas ou ne veut pas le reconnaître ! Mais cette faim peut aider à se mettre en chemin, la faim est le principe de la marche, qui nous conduit au Seigneur ; « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi… » - « Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif. »
Ne serait-ce pas le moyen de dévoilement de la présence de Dieu parmi nous ? Ne serait-ce pas une invitation à une vie dans la Grâce ?« Il t'a humilié, il t'a fait sentir la faim, il t'a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n'aviez connue, pour te montrer que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. »
Voilà les interrogations et la profonde motivation spirituelle qui poussent le père SERAPHIM à vouloir avec l’aide de Dieu planter un nouveau jardin spirituel, une nouvelle vigne au Mont Liban. Oui, il s’agit bien de répondre à la faim de l’homme d’aujourd’hui dans un lieu précis ; un petit village du Mont-Liban.
(Interview du père Seraphim pour la revue Diakonia, par sœur Elisabeth)

Aide et contact :

Père moine Seraphim (KARAM)
- Près de l’Eglise Saint Sauveur -
Bkheshtey-Aley
– Liban

- Tel: 00961 5 558 513 / Portable +961 71 115 236
Courriel:

COMPTE BANCAIRE : BYBLOS BANK SAL /
BEIRUT-LEBANON ALEY BRANCH
SWIFT CODE: BYBALBBX IBAN:
LB700039000000057532166002
N° compte: 5753215266002
BENEFICIARY NAME: JACQUES MAURICE KARAM



Le moine Séraphim au skite saint Antoine le Grand en Roumanie