samedi 16 janvier 2010

Fols-en-Christ: Sainte Pélagie Ivanovna de Diveyevo (30 janvier)


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Photo de sainte Pélagie Ivanovna
de Diveyevo (30 janvier)


La vie du grand staretz Séraphim de Sarov fut extraordinaire et remarquable, il en fut de même de la vie de sa fille spirituelle, Pélagie Ivanovna, du couvent de Diveyevo.

Cette élue de Dieu fut puissante physiquement et en esprit. Elle renonça à tous les conforts et à toutes les joies du monde, à toutes les choses nécessaires de la vie, aux relations humaines et, finalement, même à l’image et à la ressemblance de l’homme. Elle supporta les moqueries, les coups, les tourments, avec douceur et joie spirituelle. Elle accusa férocement les puissants du monde de leurs actions injustes comme le tonnerre dans le ciel, comme l’éclair qui foudroie, mais ainsi que les doux rayons de l’aimable soleil, elle réchauffa et réconforta les humbles et les malheureux. Elle connaissait les secrets cachés des gens, prédisait le futur et guérissait les malades. Pas une fois elle ne faiblit sur le rude chemin, elle porta jusques au bout sa croix.

Pélagie Ivanovna naquit en octobre 1809 dans la ville d’Arzamas, dans la province de Nijgorod. Son père, Ivan Ivanovitch Surin, était un riche marchand qui possédait sa propre tannerie. C’était une personne calme, intelligente et pieuse. Il mourut jeune et la mère de Pélagie, restée avec une fille et deux fils, se remaria. Les enfants du premier mariage ne s’entendaient pas avec le parâtre, Korolev. Il était strict et dur. La vie des enfants ne fut pas heureuse. Pélagie conçut très tôt le désir d’aller vers le monachisme. De toute son âme, elle ne désirait servir que notre Sauveur. Sa mère, cependant, voyait les choses différemment. Pélagie devenait une grande, gracieuse et belle jeune fille. Ses parents avaient en tête de trouver un riche époux pour leur fille.

Soudain, peut-être après des prières à Dieu, Pélagie tomba sérieusement malade. Elle resta alitée pendant de nombreuses journées. Quand elle put enfin se lever et se déplacer à nouveau, elle n’était plus celle qu’elle avait été autrefois. Elle semblait transformée en une sorte de folle. En fait, la bienheureuse était entrée dans la voie de la folie pour le Christ. Ignorant cette volonté de Pélagie de rester célibataire, sa mère revenait insistante sur la question de son mariage. On pensa qu’à cause de sa beauté, on trouverait des prétendants malgré son caractère étrange. Quand Pélagie eut seize ans, sa mère hâta ses projets.

Le citadin local, Serge Vasilievitch Serebrenikov, jeune homme qui travaillait comme employé d’un marchand, vint rencontrer la fille à marier. Selon la coutume, ils s’assirent pour prendre le thé. On fit venir Pélagie habillée d’une robe luxueuse avec un motif floral. Sa mère espérait que, frappé par sa beauté, il ne remarquerait pas l’étendue de l’étrangeté de cette jeune fille.

D’un autre côté, Pélagie était tout à fait déterminée à ce qu’il remarque sa folie. Prenant sa cuillère, elle commença à la tremper joyeusement dans le thé avant d’en arroser chacune des fleurs de sa robe. Sa mère devint confuse et commença à lui faire des signes pour qu’elle arrête. «Que se passe-t-il, maman ? J’arrose seulement les fleurs. N’es-tu pas désolée pour les fleurs ? Tu vois, ce ne sont pas des fleurs du paradis».

Malgré les avis de ses parents, la jeune fille plaisait beaucoup à Serge Vasilievitch. Il déclara qu’elle n’était pas folle mais seulement sans éducation et quoi que fasse Pélagie Ivanovna pour empêcher ce mariage, rien n’y fit. Elle avait à peine dix-sept ans quand elle fut mariée à Serebrenikov, le 23 mai 1826.

Peu après son mariage, Pélagie Ivanovna alla avec son époux au monastère de Sarov, en pèlerinage. On raconte que le staretz Séraphim parla en privé avec elle pendant six heures, temps considérable et inhabituel. Il lui donna un chapelet mais le contenu de leur conversation demeura inconnu de tous.

Peu de temps après son retour, Pélagie apprit la prière de Jésus de l’ascète d’Arzamas, Parascève, et la prière incessante devint l’occupation de toute sa vie. La nuit, Pélagie priait dans la galerie de verre construite dans sa maison. Elle commença en même temps son combat spirituel de folie pour le Christ. Elle mettait sa plus belle robe, son châle le plus luxueux et puis elle enveloppait sa tête d’un chiffon sale. Ainsi accoutrée, la folle-en-Christ allait à l’église. Plus les gens se moquaient d’elle et plus elle se réjouissait car elle désirait avec ferveur n’accepter que la souffrance dans cette vie terrestre.

En 1827 et 1828, elle donna naissance à deux fils qui moururent très vite.

La conduite de Pélagie déplaisait beaucoup à son mari et il se mit à la battre si durement qu’elle commença à s’affaiblir. Quand une fille naquit à Pélagie, elle l’apporta dans sa robe à sa mère en lui disant : «Tu m’as donnée, tu fais la nourrice à présent, je ne reviendrai plus à la maison» (i.e. Tu m’as donnée en mariage et voilà, tu dois nourrir ce qui en résulte) !

Elle commença à errer dans la ville d’église en église. Quand quelque chose lui était donné par de bonnes gens, elle le distribuait aux pauvres. Son époux la prenait et la battait méchamment à coup de bûches et de bâton. Il l’enfermait dans une pièce sans chauffage, sans nourriture et, transie de froid, elle continuait, répétant sans discontinuer : «Laisse-moi ; saint Séraphim m’a gâtée» ! Elle méprisait de toute manière possible le monde. Perdant patience, son époux décida de prendre une mesure extrême. Il fit tellement battre Pélagie que le sang coula sur le plancher et que sa peau pendait en lambeaux sur son corps. La punition fut si cruelle que sa mère qui y avait consenti, lorsqu’elle la vit, devint muette d’horreur. Pélagie Ivanovna n’émit cependant pas un seul gémissement. Après cela, le bailli de la ville eut un rêve terrifiant et il interdit à quiconque de jamais offenser Pélagie.

Assumant qu’elle avait besoin de guérison, son époux l’emmena à la Laure de la Sainte-Trinité de Saint Serge pour que l’on prie pour elle. Sur le chemin du retour, Pélagie fut paisible et gentille. Le mari était fou de joie et il se rendit à un important rendez-vous d’affaire, la laissant seule à la maison, après lui avoir donné de l’argent. En revenant de son voyage d’affaire, Serge découvrit avec horreur que Pélagie avait donné l’argent, se comportait comme une folle comme elle le faisait auparavant et qu’elle essayait même de distribuer tout ce qu’il y avait dans la maison.

Il commanda une chaîne de fer et un anneau et, de ses propres mains, il l’enchaîna et l’attacha à un mur. Quelquefois, elle brisait la chaîne et descendait à grand fracas la rue, à demi-nue, secouant la chaîne à l’horreur de tous. Son époux l’enchaînait à nouveau et s’amusait à la torturer encore plus.

«Le petit Serge a toujours recherché une cervelle en moi, disait-elle plus tard, et il m’a cassé les côtes ; il n’a pas trouvé de cervelle mais il m’a cassé toutes les côtes» !

Un jour, elle brisa ses chaînes et trouva refuge au froid de l’hiver sous le porche de l’église Napolnaya, dans un cercueil qui avait été préparé pour un soldat mort. Gisant dans le cercueil, elle devint engourdie de froid en attendant la mort. Quand le veilleur passa, elle sauta du cercueil vers lui, lui demandant de l’aide. De terreur, le pauvre homme se mit à sonner l’alarme et amena toute la ville à ses pieds. Après cela, son époux renonça à elle, la traîna chez sa mère et l’y laissa.

Là, elle endura beaucoup de peines de son parâtre qui la battit souvent et des six enfants de son premier mariage. Une fois, espérant la guérir, sa mère envoya Pélagie avec d’autres pèlerins pour vénérer les saintes reliques de Voronège et de Zadonsk. A Voronège, ils s’arrêtèrent pour recevoir la bénédiction du saint archevêque Antoine. Ayant béni tout le monde, il dit à Pélagie : «Mais toi, servante de Dieu, reste !» et il conversa trois heures durant avec elle. Ses compagnons commençaient à regimber, voyant tant d’attention accordée à une folle. Enfin, il sortit avec Pélagie. Le hiérarque dit alors : «Je ne puis t’en dire plus !» et, connaissant les pensées de ses compagnons de voyage, il se tourna vers eux et dit : «Je ne recherche pas la richesse terrestre mais la richesse spirituelle».

Pour la seconde fois, sa mère amena alors sa fille à Sarov et elle dit à saint Séraphim que sa fille était folle et qu’il était nécessaire de l’enchaîner. «Comment osez-vous ? s’exclama le staretz. Laissez-la aller librement ou bien le châtiment de Dieu sera terrible sur ceux qui l’entraveront».

A partir de ce moment-là, ses parents ne l’enchaînèrent plus. Ayant reçu sa liberté, la folle-en-Christ passait presque toutes ses nuits dans la cour de l’église Napolnaya d’Arzamas. On la voyait prier là des nuits entières, les bras levés, soupirant et pleurant. Pendant la journée, elle courait comme une folle dans les rues, criant, couverte de loques, sans un morceau de pain, affamée et transie de froid. Quatre années passèrent ainsi.

Le grand staretz Séraphim n’était plus parmi les vivants. Enfin, une moniale de Diveyevo offrit d’y accueillir Pélagie, ce que la folle-en-Christ accepta avec joie. Cette bonne moniale, autrefois grande dame, prit Pélagie Ivanovna au couvent quand elle eut vingt-huit ans. La sainte y passa les quarante-sept années de sa vie qui restaient.

Au couvent, Pélagie continua à être soumise aux coups qu’elle attirait exprès sur elle, par ses actions inconsidérées. Elle courait dans le monastère, jetait des pierres, cassait des carreaux dans les cellules et frappait sa tête et ses bras contre les murs. Elle passait une grande partie de la journée dans la cour du monastère, assise dans une fosse qu’elle avait creusée et remplie de fumier, ou dans la guérite, sans cesse occupée à la prière de Jésus. L’été comme l’hiver, la folle-en-Christ marchait pieds nus, marchant souvent délibérément sur des planches qui portaient des clous afin que les clous percent ses pieds. Généralement, elle se mortifiait de toutes les manières possibles.

La sainte se nourrissait seulement de pain et d’eau et souvent même, elle s’en passait. Quand elle n’avait rien, elle allait exprès dans les cellules des moniales qui étaient sans pitié avec elle pour demander du pain. Au lieu de pain, elle recevait des bourrades ou des coups de pied. Elle bougeait sans cesse, même quand elle était seule. Elle plaçait un linge et une serviette sur une assiette, y empilait des cailloux et puis les changeait sans cesse de place.

Bien sûr, il y avait toujours un sens à ses actions. Un jour, elle alla dans une auberge locale où il était impossible d’échapper au bavardage. Mais son âme miséricordieuse et prophétique avait un but élevé. Elle sauva deux personnes de la perdition. Un vendeur avait conçu l’idée de tuer son épouse et de se suicider ensuite. Il la conduisit dans le cellier la nuit et allait lever la main sur elle quand Pélagie Ivanovna qui attendait derrière les tonneaux, sortit et lui retint le bras, criant : «Que fais-tu ? Reviens à toi, fou» ! Après cela, elle n’alla plus jamais à l’auberge.

Pendant presque sept ans, elle ne vit plus et n’entendit plus parler de sa parenté. Finalement, sa mère, avec une demie-sœur, décida de venir voir Pélagie. Cette dernière eut une vision en esprit de cette visite à venir et elle en fut triste toute la journée. Elle expliqua à la moniale Anna que sa mère ne voudrait la voir qu’à travers une fenêtre. «Elles ont peur que je veuille aller avec eux» dit-elle à Anna. «Voilà : dès qu’ils harnacheront les chevaux pour partir, je monterai dans leur voiture. Elles penseront que je veux partir avec elles !» dit Pélagie tristement, comme à travers des larmes, et le cœur d’Anna fondit de compassion.

Ayant dit adieu à ses parentes, Pélagie courut soudain, sauta dans la voiture qui était prête et frappa les chevaux. Elle revint un peu plus tard et dit à sa mère en colère et à sa demie-sœur : «Voilà ! Dieu soit avec vous, n’ayez pas peur, jusqu’à ce que je sois dans la tombe, je n’irai pas chez vous» !

Un jour, son frère vint et commanda une paire de chaussures de cuir pour Pélagie afin qu’elle ne soit pas pieds nus. Elles furent faites pour elle mais elle les jeta.
Pélagie Ivanovna savait toujours à l’avance quand sa famille allait venir. Elle dit un jour à sa syncelle Anna Guérasimovna : «Aujourd’hui, les Arzamasites vont venir. Je serai près de l’église et tu pourras venir me chercher». Et elle partit.

Ce jour-là, un jeune homme fringant et bien habillé vint vers Mère Anna et demanda : «Est-ce que Koroleva est ici» ? (C’était le nom de son parâtre.) «Elle est ici, que veux tu» ? «Il semble que je sois un parent», répondit-il. La moniale le conduisit vers l’église. Voyant Pélagie Ivanovna, l’homme dit : «Assez joué à la folle, allons à Arzamas» !

C’était son époux. Les marchands qui étaient avec lui commencèrent à argumenter avec lui, lui disant qu’elle était folle, vraiment folle… mais Serge Vasilievitch répliqua qu’elle faisait seulement semblant de l’être.

S’inclinant devant son époux, Pélagie Ivanovna dit : «Je ne suis pas allée à Arzamas et je n’irai pas, même si tu m’arraches toute la peau». L’époux s’inclina silencieusement vers elle et partit. Ce fut leur dernière rencontre.

Quelques années plus tard, pendant l’été 1848, Pélagie Ivanovna se mit soudain à soupirer et à pleurer. «Il meurt, s’écria-t-elle, et comme il meurt : sans communion» !

Après quelque temps, l’employé du défunt Serge Vasilievitch vint à Diveyevo. L’époux de Pélagie était effectivement mort sans recevoir les Saints Mystères. En fait, elle avait montré par geste de quelle mort Serge était mort. Il souffrait d’une attaque et, se tordant, il courut dans la pièce, gémissant et répétant sans cesse : «O Pélagie Ivanovna, chère petite mère, pardonne-moi pour l’amour du Christ. Je ne savais pas que tu souffres par amour pour le Christ. Et comme je t’ai battu ! Aide-moi ! Prie pour moi» !

Alors, pendant presque quarante ans, Pélagie Ivanovna ne mentionna pas le nom de son époux. Mais, le 25 septembre 1883, elle était assise, découragée, se soutenant d’une main. «Qu’as-tu, petite mère ?» lui demanda Anna Guérasimovna. «Oh petit Serge, petit Serge, répondit-elle avec un long soupir, personne n’offre une prosphore pour toi» !

Elle n’était jamais malade. Une fois seulement, trois ans avant sa mort, pendant une de ses vigiles nocturnes, elle fut prise dans une tempête de neige. Elle se perdit et, épuisée, tomba dans les parterres de fleurs du jardin conventuel. Son sarafan gela et se colla à la terre mais elle n’eut pas la force de le libérer et de se lever. On la trouva neuf heures plus tard et on la dégagea. Cette femme de soixante-douze ans avait passé neuf heures dans une tempête de neige, attachée au sol par le gel, en n’étant habillée que d’un chemisier et d’un sarafan. A partir de cela, elle ne quitta plus sa cellule la nuit.

En dépit de sa conduite incongrue, Pélagie Ivanovna était très soumise et très obéissante. Quand Mère Anna lui demandait d’aider à la couture, elle attachait sur elle un petit tablier, prenait un dé et cousait avec diligence. Elle tissait aussi la laine pour en faire des fils.

La véritable vie spirituelle de Pélagie ne resta pas inconnue. Les gens s’agglutinaient devant sa cellule depuis le petit matin jusques tard dans la nuit. Chacun venait à elle avec ses problèmes et ses interrogations pour lui demander conseil. Dieu guérissait des malades par elle et nul ne pourrait compter le nombre des âmes qui évitèrent la destruction grâce à son don prophétique et à sa sagesse.

Peu de temps avant son repos en Christ, Pélagie Ivanovna dit : «Ceux qui se souviennent de moi, je m’en souviendrai et si j’ai audience auprès de Dieu, je prierai pour chacun». Elle reposa en paix à une heure quinze du matin, le 30 janvier 1884, à l’âge de soixante-quinze ans.

Elle était vêtue d’un chemisier blanc et d’un sarafan et sa tête était enveloppée d’un foulard blanc. Dans sa main droite, quelqu'un plaça un bouquet de fleurs. Le chapelet que saint Séraphim lui avait donné fut placé dans sa main gauche.

Pendant huit jours, ses reliques restèrent dans la petite cellule mal aérée où des longues files de gens vinrent lui faire leurs adieux. Des cierges brûlaient nuit et jour et la chaleur était intolérable. Plus tard, les reliques furent mises dans l’église de l’Icône de la Mère de Dieu de Tikhvin, où des pannikhides furent célébrées dans une chaleur étouffante. Des foules de gens remplissaient sans cesse l’église et d’innombrables cierges brûlaient sans discontinuer. Les murs de l’église ruisselaient avec la condensation produite par la respiration des gens. Il y avait tant de monde qu’il fut nécessaire de laisser l’église ouverte, même la nuit. Malgré tout cela, les reliques de la servante de Dieu ne montraient aucun signe de mort. Il n’y avait aucun signe de décomposition et les gens prenaient sa main sainte pour la placer sur leur front et l’embrasser2. Ses mains étaient souples et se pliaient comme lorsqu’elle était en vie. Elle gisait dans le cercueil, radieuse de beauté spirituelle, folle-en-Christ jusques à la fin pour témoigner de la victoire de notre Sauveur sur la mort.
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Sainte Pélagie lors de sa naissance au Ciel

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Icon of St. Seraphim of Sarov
Saint Séraphim de Sarov

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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (32)



L'action et la prière
Doivent être liées
Comme lumière et chaleur
Venant de l'Autre Soleil

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Sur le blog du moinillon


Маковский Константин Егорович (1839-1915) :  Монах - сборщик податей на храм

Sur le blog du moinillon, la lettre d'un étudiant du nouveau séminaire orthodoxe russe de Paris qui explique pourquoi il quitte cet établissement...
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Au lendemain de Noël, A. Serebritch a écrit une lettre ouverte, exprimant bien ses préoccupations face à une politique bien peu traditionnelle pour l'Église russe.

J'ai décidé de publier ici (dans la suite du billet) une traduction de cette lettre qui, je l'espère, ne compromettra pas la carrière de ce jeune homme zélé, mais donnera aux responsables du séminaire des éléments de réflexion sur ce que ne doit pas être un établissement religieux orthodoxe à l'étranger. On trouvera l'original russe de cette lettre en annexe.

Lettre ouverte d'André Alexandrovitch Serebritch,
étudiant du Séminaire orthodoxe russe en France,
aux archevêques Hilarion de Volokolamsk,
Innocent de Chersonèse, Eugène de Vereia ;
au hiéromoine Alexandre
et aux enseignants et étudiants
du Séminaire orthodoxe russe en France

Lire la suite ici

vendredi 15 janvier 2010

Fols-en-Christ:Saint Simon de Youriévèts (4 novembre)


Симон Юрьевецкий, Христа ради юродивый

Saint Simon de Youriévèts
(4 novembre)


Simon naquit au village d’Odelevo, au district de Nerekht, dans la province de Kostroma. Les parents du bienheureux, Rodion et Marie, étaient des fermiers simples et pieux. Dès son jeune âge, saint Simon décida de consacrer sa vie entière à Dieu et il commença le combat ascétique de la folie pour le Christ.

Il n’était pas bien pour Simon de rester dans sa ville natale et il partit donc secrètement dans les forêts sauvages et denses de la région de Youriévèts. Du printemps jusques à la moisson, le fol-en-Christ vagabondait d’un champ à l’autre et, de l’automne à l’hiver, il se retirait dans les forêts et les ravins infranchissables. On voyait souvent Simon près du village d’Elnat’, distant d’environ vingt verstes de Youriévèts. Finalement, plusieurs paysans d’Elnat’ qui sculptaient le bois, rencontrèrent le fol-en-Christ dans la forêt, tandis qu’ils ramassaient des matériaux pour leur artisanat. Ils lui demandèrent qui il était et d’où il venait mais il se contenta de répondre à la manière d’un fou : «Simon… Simon…», répétant sans discontinuer son nom. Les paysans ressentirent de la compassion pour cette âme infortunée et l’emmenèrent prendre gîte chez le prêtre de leur village. Le prêtre, le père Joseph, prit Simon chez lui et lui donna quelques travaux simples à faire. A sa surprise, Simon accomplit ces tâches avec obéissance et rationnellement. Le prêtre donna à Simon de plus grands travaux à faire et le fol-en-Christ les effectua tous paisiblement, travaillant comme s’il était un serviteur du prêtre. De plus, Simon était toujours prêt à aider les villageois pour tous leurs gros travaux. Il se faisait l’esclave de chacun.

Malgré cela, beaucoup de gens sans cervelle offensaient et insultaient le fol-en-Christ, le battant même à l’occasion. Le fol-en-Christ ne se plaignit jamais de ces mauvais traitements mais il pria au contraire pour ceux qui l’avaient offensé.

Saint Simon passa quinze ans dans le village d’Elnat’ et il partit pour la ville plus peuplée de Youriévèts-Povolsk. Là, il poursuivit son combat spirituel de folie pour le Christ. Les nuits d’hiver, il errait, pieds nus, vêtu d’une longue chemise souillée, sur les places de la ville et même sur la glace de la Volga. Une fois, à minuit, en automne, quand tout le monde était endormi, un certain Pierre alla vers une fenêtre, l’ouvrit et regarda la Volga. Un fort vent soufflait et de grosses vagues déferlaient sur le fleuve, mais le ciel était clair et bien éclairé par la clarté de la lune. Soudain, les yeux de Pierre s’ouvrirent tout grand d’étonnement. Il vit la silhouette d’un homme à la surface de la Volga ; elle marchait comme si elle avait été sur la terre ferme. Pierre contempla longtemps, les yeux écarquillés, ce spectacle et puis, n’étant pas sûr de pouvoir en croire ses yeux, il se précipita de sa maison pour mieux voir. Se tenant sur la berge de la rivière, il regarda avec crainte et émerveillement la silhouette sombre, appuyée sur une canne, qui marchait de vague en vague comme sur des monticules. La silhouette traversa la Volga, mit le pied sur la rive et se dirigea vers Pierre. Alors seulement, Pierre le reconnut. C’était Simon le fol-en-Christ. Le saint s’avança jusqu’au citadin tremblant, lui toucha légèrement le bras et lui dit doucement : «Paix à toi, ami ! Je t’adjure au Nom de Dieu, de ne dire à personne que tu m’as vu marcher sur la Volga jusques au moment où je partirai vers le Seigneur Dieu ; sinon tu recevras de Dieu punition plutôt que bénédiction. Il plût à Dieu que tu découvres la vérité sur moi, son esclave indigne. Après ma mort, tu raconteras cela si Dieu le veut» !

A ces paroles, le saint quitta rapidement la ville. Pierre glorifia Dieu et Le remercia de l’avoir rendu digne de cette miraculeuse révélation. Il entra silencieusement chez lui mais ne put dormir. Il resta étendu, s’émerveillant de la Sagesse de Dieu.

A un autre moment, un citadin de Youriévèts vit le bienheureux Simon traverser la Volga par une calme nuit d’été. Quand le saint vint à la rive, il approcha de cette personne, se tourna, montra une colline de l’autre côté de la Volga, et dit : «Quarante ans après mon trépas, selon la volonté de Dieu, un monastère sera construit sur ce site, pour le salut des moines». En fait, l’Ermitage de Krivozersk fut construit quarante années après le décès du saint.

Peu de temps avant sa mort, saint Simon alla au logis de Théodore Petelin, gouverneur militaire de la cité, et il commença à l’importuner par les manifestations de sa folie. Le gouverneur se mit en colère, battit sans pitié le fol-en-Christ et ordonna à ses serviteurs de jeter le combattant de l’ascèse, blessé et couvert de sang, dans le sous-sol. Saint Simon tomba gravement malade dans ce lieu humide et pria un des serviteurs d’aller quérir un prêtre. Comme il se réjouit quand, par miséricorde de Dieu, un prêtre arriva vers lui avec les Saints Mystères ! Le bienheureux se confessa, communia et rendit paisiblement son âme au Seigneur, le 4 novembre 1584.

Une grande foule s’assembla pour ses funérailles et des multitudes de guérisons commencèrent à se répandre constamment par les reliques sacrées du saint.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (31)



Si ta sagesse et ta prudence
Oublient la charité
Ta prière ne montera pas vers Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 14 janvier 2010

Fols-en-Christ: Saint André de Totma (10 octobre)


Saint André de Totma
(10 octobre)


Saint André naquit en 1638, dans la colonie d’établissement de Transvolga d’Oust’-Totemsk. A la mort de ses parents, il déménagea dans la ville de Galitch et se plaça sous la paternité spirituelle du staretz Stéphane du monastère de la Résurrection. Le staretz lui conseilla d’entreprendre le combat ascétique de la folie pour le Christ. Saint André obéit et commença à vivre la vie d’un fol-en-Christ.

Chaque année, saint André faisait en marchant un périple dans tous les monastères avoisinants pour prier dans leurs églises. Il marchait pieds nus, habillé de légers vêtements en loques, même en hiver. Lorsque le staretz reposa en Christ, le saint alla à Totma et s’installa près de l’église de la Résurrection du Christ qui était sur la berge du fleuve Soukhona. Là, il continua son combat.

Déjà pendant son pèlerinage terrestre, la grâce de guérison fut révélée à saint André. Un jour, en hiver, le saint marchait pieds nus comme à son habitude pour aller vers une église, sise à cinquante verstes de Totma. Sur la route, il rencontra le chef de la tribu locale, Ajbakaï, qui souffrait d’une maladie des yeux. Ajbakaï connaissait saint André de réputation et il supplia le saint de guérir ses yeux. Saint André se détourna et s’enfuit. Ajbakaï, homme de grande foi, lava ses yeux avec la neige que le saint avait foulée et il fut guéri instantanément.

Quand le saint sentit approcher sa fin, il envoya le sacristain de l’église de la Résurrection chercher un prêtre. Le prêtre entendit sa confession et lui donna les Saints Mystères. Le fol-en-Christ pria quelques instants et dit au presbytre : «Frère, le temps est venu de séparer l’âme du corps» ! En larmes, le père Jean alluma un cierge devant une icône et fit brûler de l’encens. Le bienheureux croisa les bras sur la poitrine et reposa paisiblement en Christ. Il fut enseveli, selon sa propre requête, sous le beffroi de l’église de la Résurrection.

Saint André fut fol-en-Christ pendant dix ans et il naquit au Ciel dans sa cinquante-troisième année. Ses saintes reliques furent scellées dans l’église de la Résurrection.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (30)




Ne cherche que la paix du Christ
Qui contente ton âme
Et rassure ton cœur
Le reste est inutile et vain

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

SOLIDARITE AVEC LE KOSSOVO


Савва Сербский

Depuis 2004, l’équipe de Solidarité Kosovo s’engage, prend des risques et aide sans relâche les enfants et les parents de cette terre martyre du Kosovo Métochie. A force d’actions et d’investissements, notre association a su montrer la réalité du quotidien des Serbes du Kosovo Métochie. Sur place, dans les enclaves serbes, notre aide est désormais attendue, tant par les enfants qui languissent l’arrivée des cadeaux de Noël que par les anciens qui voient notre aide comme un message de soutien et de solidarité.

Les Serbes du Kosovo savent qu'ils ne sont pas seuls, ils savent désormais qu'ils peuvent compter sur une poignée de Français décidés à ne pas les abandonner.

Notre association ne reçoit aucune subvention publique et ne fonctionne que grâce à la générosité de ses donateurs. Si vous aussi vous voulez participer à cette formidable action vous pouvez nous aider : cliquez ici

Vous aussi aidez les Serbes du Kosovo !

Jeudi 31.12.2009 :: Communiqué
On a eu deux journées super chargées, on n'arrête pas une seconde. Avant hier nous avons deposé du matériel scolaire, des vetements, et des ordinateurs dans les enclaves de Banja (150 habitants) , Crkolez (80 habitants), Suvo Grlo (200 habitants) et Gorazdevac où nous avons donné une interview radio (1000 habitants). Dans chacune de ces enclaves nous avons remis des jouets aux enfants qui attendaient avec impatience le `Deda Mraz` (Père Noel en serbe). La nuit arrivant nous avons fait étape chez les moines du monastere de Visoki Decani où l'acceuil est toujours aussi chaleureux. Nous laissons dans ce monastère plusieurs mètres cubes de vêtement et de matériel afin qu'ils soient redistribués dans d'autres enclaves que nous n'aurons pas le temps de faire durant notre mission.

Le lendemain nous partons du monastère pour descendre encore plus au sud: Velika Hoca (650 habitants) et Orahovac (400 habitants), deux enclaves isolées qui rapellent les ghettos dans le cas de Orahovac. Nous passons egalement au monastere de Zociste qui est en pleine reconstruction apres l'incendie qui l'avait complètement détruit lors des pogromms anti serbes de mars 2004.


Aujourdhui notre programme est encore bien charge puisque nous donnons une conference de presse ce matin a Kosovska Mitrovica avant de nous rendre dans les enclaves qui bornent Gracanica, au sud de Pristina.

Plus à suivre...





mercredi 13 janvier 2010

Fols-en-Christ: Saint Maxime de Totma (16 janvier)



Saint Maxime était prêtre de village à Totma. Il mena le combat spirituel de la folie pour le Christ pendant quarante-cinq ans et reposa dans le Seigneur le 16 janvier 1650.

A cause de la multitude des miracles et guérisons qui furent manifestées sur sa tombe, en 1715, le presbytre et les paroissiens de l’église de la Sainte Résurrection de Totma demandèrent par pétition à l’archevêque Joseph du Grand Oustioug, la bénédiction de construire une église sur la tombe du bienheureux, «ainsi qu’il est courant de le faire pour les autres saints de Dieu de construire un sarcophage sur les reliques et d’y placer une icône».

L’archevêque accorda la bénédiction et, dès la construction de l’église, la mémoire du saint commença à être célébrée le 16 janvier. On ne sait avec certitude quand le nom du saint fol-en-Christ apparut pour la première fois dans le calendrier russe.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (29)




Que ton chant soit
Un vêtement d'apparat
Pour ta rencontre dans la prière
Avec le Roi de Gloire

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 12 janvier 2010

Fols-en-Christ: saint Procope de Vyatka (21 décembre)


Прокопий Устюжский, Христа ради юродивый

Saint Procope de Vyatka (21 décembre)


Le petit village de Koryakinsk est situé à six verstes de Khlynovo, appelé aujourd’hui Vyatka. Là, en 1578, la stérile Irène Pliouchkov fut guérie par la grâce de Dieu et un fils lui fut donné ainsi qu’à son époux Maxime. Ils le nommèrent Procope.
Agé de douze ans, Procope alla un jour travailler aux champs et, sur le chemin, il fut pris par l’orage. Avec un grand coup de tonnerre, un éclair frappa près du garçon et le blessa, le laissant inconscient. Il resta ainsi un certain temps et ses parents l’emmenèrent au monastère de la Dormition à l’higoumène saint Tryphon. Saint Tryphon pria pour Procope et le garçon fut guéri. Procope fut très ému par cette guérison miraculeuse.
Peu de temps après avoir été rétabli, Procope quitta la demeure de ses parents et alla servir dans l’église de Sainte-Catherine, à Slobodskoï. Il vécut là pendant plusieurs années auprès du prêtre Hilaire, mais quand il atteignit l’âge de vingt ans, ses parents commencèrent à faire des projets de mariage pour lui. Procope partit en secret pour Vyatka où il commença son combat spirituel de folie pour le Christ. A Vyatka, Procope fut considéré comme un sourd-muet fou. On crachait sur lui, il souffrit de la dérision, de la faim, d’être nu sous les durs hivers de Vyatka et, surtout, de la colère de ces gens qui n’étaient pas chrétiens. Tout ceci accrut sa patience. Le bienheureux Procope allait d’église en église. Nul ne l’entendait prononcer un mot. Il cheminait à travers les rues et les marchés, dans un silence absolu.
A cause de telles privations et de sa patience, Procope épuisa sa chair et le Seigneur le glorifia dès cette vie en lui donnant le don de prophétie.
Une fois, avant un grand incendie, Procope alla quotidiennement, pendant plusieurs jours, dans le clocher de l’église pour y sonner l’alarme en cas d’incendie. Une autre fois, quelque temps avant que le Tzar n’envoie ses perceptions pour de lourds impôts à Vyatka, Procope installa des chiens sur la place du marché et se mit à les battre. Une autre fois, il alla dans un bureau de l’administration et il enleva le chapeau de l’uniforme de la tête du gouverneur militaire Jemchoujnikov et il le mit sur son propre chef. Le voïvode offrit avec un sourire de donner à Procope son propre siège. Procope le prit par le bras et le conduisit en prison. Plusieurs jours passèrent et un ordre fut envoyé par le Tzar, demandant que ce voïvode soit arrêté et emprisonné pour négligence dans son service.
Voyant la vie vertueuse du bienheureux Procope, le voïvode et prince Rostovsky et son épouse Nathalie le prirent chez eux, le lavèrent, lui mirent une chemise propre et l’emmenèrent à l’église avec eux. Le bienheureux se soumit à leur gentillesse afin que pour leur sincère compassion à son égard, ils soient récompensés par Dieu. Très vite cependant, il se remit à courir les rues, déchira sa chemise et se salit à nouveau, devint noir à force de se vautrer dans les ordures, la suie, les cendres des poêles de la maison de bain, des relais routiers interdits, des cuisines où l’on buvait et des marchés.
On offrait souvent au bienheureux des chaussures, des vêtements, de l’argent et du pain. Il acceptait rarement et s’il le faisait, il le donnait vite aux pauvres.
Procope aimait particulièrement aller à l’église de l’Ascension qui était érigée parmi les rangées d’échoppes, en face de la cathédrale du Christ Sauveur. Là, il se confessait au prêtre et recevait les Saints Mystères tous les dimanches. Avec son père spirituel, le Père Jean, il parlait comme tout un chacun, abandonnant son personnage de sourd-muet, mais seulement après avoir fait faire le serment à celui-ci de ne le dire à quiconque avant qu’il ne soit parti de ce monde.
Michel Tatichtchev, noble en exil à Vyatka, était en prison. Procope commença à lui rendre visite. Le fol-en-Christ venait et frappait le verrou, cognait à la porte et faisait mine de tirer le prisonnier à l’extérieur par la fenêtre. Quelque temps plus tard, il fut libéré.
Une fois, le saint vint chez son père spirituel pendant le dîner. Assis à la table, il prit un couteau et commença à l’agiter au dessus de la tête du fils de son confesseur, un prêtre également nommé Jean. Puis il partit soudain. Un an plus tard, quelqu'un assaillit le jeune père Jean et le tua avec un couteau.
L’épouse du vieux père Jean souffrait terriblement d’un mal de dent. Le prêtre rencontra le saint à l’église du Prodrome et lui dit : «Serviteur de Dieu, prie le Seigneur pour qu’Il accorde à mon épouse la guérison car elle souffre d’un mal de dents». A ces paroles, Procope arracha une de ses propres dents et la donna au prêtre en disant tranquillement : «Prends-là» ! (Le père Jean était le seul à entendre Procope parler). Le père Jean prit la dent et la plaça sur la dent malade de son épouse. La matouchka1 fut immédiatement guérie.
Un jour, Procope était dans la ville de Slobodskoï, à l’église du Prodrome. Le jeune Corneille Karaskov chantait au kliros2. Soudain, Procope prit le jeune homme par le bras, le tira vers l’ambon et le fit entrer par les Portes royales1 dans le sanctuaire. Six ans plus tard, Corneille fut ordonné prêtre et, quand il fut veuf, il devint l’higoumène Cyprien.
Le saint fol-en-Christ reposa dans le Seigneur le 21 décembre 1627 et fut enterré au monastère de la Dormition à Saint Tryphon où ses reliques se trouvent à présent. Il est commémoré le jour de son natalice.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (28)



Mépriser le monde est vain
Si l'on ne fait rien
Pour qu'advienne le Royaume

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 11 janvier 2010

Fols-en-Christ: saint Cyprien de Souzdal (2 octobre)


Saint Cyprien
de Souzdal
(2 octobre)


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Peu de choses sont connues de la vie et des combats spirituels de saint Cyprien. Au commencement du XVIIe siècle, il débuta son combat spirituel sur une petite île, à l’embouchure de l’Ouvoda. Les dimanches et jours de fête, il allait à l’église au village de Voskressensky (dans la province de Wladimir, au district de Korovsky). L’endroit où il vécut, à sept verstes de Voskressensky, fut connu sous le nom d’Ermitage de Cyprien et plusieurs petites cavités dans la localité sont appelées grottes de saint Cyprien.
Saint Cyprien reposa en Christ le 2 octobre 1622 et fut enseveli près de l’église de la Résurrection, à Voskressensky. En 1751, une chapelle fut érigée sur ses reliques. La chapelle qui jouxte l’église fut consacrée à la Protection de la Mère de Dieu. Le manuel iconographique le décrit comme étant de teint clair, hâlé par les éléments, avec des cheveux bouclés tombant sur les oreilles et une barbe plus longue que celle du Théologien ( i.e. Saint Jean l'Evangéliste).


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (27)



La chambre de ton cœur
Où tu vas prier secrêtement
Est ce Royaume qui ne vient pas
De manière à frapper les esprits

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 10 janvier 2010

Fols-en-Christ: saint Saint Ivan «Grand Bonnet» (3 juillet)


Saint Ivan «Grand Bonnet»
(3 juillet)


Saint Ivan (Jean) naquit dans la contrée de Vologda. Son nom de famille n’est pas connu et on sait seulement «qu’il quitta père et mère et tous les parents et toutes les joies de ce monde».
Au début de ses combats spirituels, Ivan chercha à humilier sa chair en travaillant sans recevoir de salaire dans les salines, y faisant les travaux les plus durs. Le jeûne strict, la prière fervente et la grande humilité furent ses compagnons constants dans ce labeur difficile. Ils furent l’essence de sa force.
Mû par le désir de plus hautes luttes, Ivan partit secrètement de Vologda à Rostov où il commença le nouveau combat ascétique auquel Dieu l’avait appelé : le combat de la folie pour le Christ. La vie d’Ivan inaugura un nouveau chapitre dans les vies des fols-en-Christ. Saint Ivan fut le seul, peut-être l’unique fol-en-Christ russe, à porter des fers et des chaînes sur son corps, et un lourd bonnet de fer sur la tête. La raison de cette ascèse est incertaine, mais il convient de noter que le combat spirituel terrible de saint Irénarque eut lieu à la même époque.
A Rostov, Grand Bonnet devint ami avec le reclus Irénarque et prophétisa sur le grand et singulier combat national qu’Irénarque devait accomplir.
«Dieu t’appellera à enseigner au peuple de l’est et de l’ouest pour remplir la terre de disciples, et éloigner les hommes de l’ivrognerie. A cause du manque de respect, de l’ivrognerie et de la débauche, le Seigneur enverra des étrangers sur la terre russe. Et ils seront étonnés et s’émerveilleront de ta grande patience et de tes exploits ascétiques ; leurs glaives ne te feront pas de mal et ils te glorifieront plus que ne le feront les fidèles. A présent, je vais à Moscou demander au Tzar de la terre car il y aura tellement de démons visibles (i.e. les Lithuaniens) à Moscou que l’on peut à peine dresser des meules de houblon ! Mais la Sainte Trinité les chassera par sa puissance».
Saint Ivan alla vraiment à Moscou pieds nus et presque nu, dans la plus grande froidure de l’hiver. Véritable fils de la Sainte Eglise, il œuvra non seulement pour son propre salut mais avec non moins de diligence pour celui de son prochain. Ayant le don de prophétie, le saint prévint des troubles de la Russie et conduisit le peuple à la repentance et à la prière pour être délivré de l’épreuve. Sa vision spirituelle qui pénétrait jusques dans l’âme des hommes rendit possible sa critique de leur méchanceté. Il se mit à reprocher à ses compatriotes leur vie dépravée, leur révélant leur vérité amère.
Rencontrant Boris Godounov, le bienheureux lui reprocha le meurtre de l’héritier du trône russe. Un jour, il prévint à voix haute Godounov, lui disant : «Tête sage, déchiffre les actions de Dieu. Dieu attend longtemps, mais il bat douloureusement» (c’est-à-dire Dieu est patient et attend longtemps, mais si l’on ne se repent pas, alors Dieu châtie avec rigueur).
Sachant que l’heure de son propre trépas approchait, le fol-en-Christ alla à l’église de la Trinité Vivifiante et, parlant d’une manière prophétique, demanda au protopresbytre Démètre un lieu où il pourrait s’étendre. Le prêtre, comprenant ce que voulait le fol-en-Christ, lui promit de l’ensevelir.
Quittant l’église, saint Ivan alla sur le pont flottant de la Moscova. Là, il rencontra un estropié du nom de Grégoire. Le saint demanda la raison de son infirmité et s’il était ainsi depuis longtemps. Il répondit qu’il s’était blessé au pied deux ans auparavant et que, depuis, il n’avait pu l’utiliser. En réponse à cela, le fol-en-Christ marcha sur le pied estropié et, immédiatement, il fut guéri. Sur ce, le saint dit à l’homme guéri : «Homme de Dieu, ne cache pas cette guérison que Dieu t’a accordé par moi. Dis tout cela au protopresbytre et aux servants de l’église de la Protection de la Mère de Dieu et de celle de Basile le Bienheureux».
Saint Ivan traversa alors les bains publics et là, pour la première fois, retira ses chaînes. Il versa de l’eau sur lui par trois fois, se préparant pour sa sépulture, puis il s’allongea sur un banc, mettant ses fers pesants sous sa tête et disant à ceux qui étaient présents : «Pardonnez-moi, frères ! Quand je mourrai, transportez-moi à l’église de la Protection de la Mère de Dieu afin que le protopresbytre et les frères ensevelissent mon corps». A ces paroles, il partit paisiblement vers le Seigneur. C’était la quinzième heure du troisième jour de juillet 1589. La requête du bienheureux fut promptement accordée. Le protopresbytre et d’autres membres du clergé de la cathédrale portèrent ses reliques à l’église parmi un grand rassemblement de foule. Le matin suivant, le protopresbytre et tout le clergé chantèrent une pannikhide1 pour le repos du fol-en-Christ. Il fut mis dans un cercueil et une grande multitude s’assembla. Le noble Eleazar Youriev fut guéri d’une maladie des yeux à son cercueil.
Par requête du pieux tzar Théodore Ivanovitch, tout le clergé de la cathédrale de Moscou chanta le service des funérailles du fol-en-Christ. Le métropolite de Kazan, l’évêque de Ryazan, des archimandrites, des higoumènes, des protopresbytres, des prêtres, des diacres et une multitude de gens, hommes, femmes et enfants, rassemblés dans la cathédrale, montraient assez bien l’estime que l’on avait pour le vieil homme en haillons.
Pendant les funérailles, il y eut des signes terribles dans le ciel et une grande tempête s’abattit sur la cité qui secoua et fit s’écrouler des bâtiments. Des icônes tombèrent des murs des églises. Le chroniqueur conclut : «Dieu seul sait le secret de ce châtiment céleste» !
Peu après le repos en Christ du bienheureux Ivan, des miracles commencèrent à être opérés à sa tombe. Les reliques du saint furent découvertes incorrompues, le 12 juin 1672, et reposèrent dans l’église de Basile le Bienheureux dans la cathédrale de la Protection de la Mère de Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (26)



Le silence
Est l'âme
De la prière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)