(Les lecteurs de ces colonnes (id est du blog en langue anglaise Theophilus and Friends) ont exprimé des regrets à plusieurs reprises de ce que, bien qu'il y ait plusieurs colonnes me décrivant comme évangélique, pré-orthodoxe et orthodoxe, il n'y a vraiment pas une seule colonne décrivant mon voyage de transition. En réponse à une autre demande d'un tel récit, aujourd'hui, j'ai écrit l'article suivant... "Théo")
Chère Marie,
Je suis heureux de partager ce que je peux de mon voyage vers l'orthodoxie avec toi.
La majeure partie est dite dans les articles sur mon site Théophile et ses amis, mais peut-être que si les «nœuds» sont tous là, quelques-unes des lignes les reliant manquent.
Après avoir vu le film sur C.S. Lewis, Shadowlands, à la fin décembre, je crois que c'était en 1993, j'ai commencé à lire Lewis sérieusement pour la première fois de ma vie, alors que je le connaissais depuis plus de 30 ans. La lecture de Lewis m'a fait réaliser que ma propre vie chrétienne était très peu profonde et pauvre, même si j'étais à l'église chaque dimanche et souvent pour enseigner, et pendant quelques temps pour servir comme prédicateur invité (j'avais été ordonné et j'avais travaillé sur le campus et à la pastorale des jeunes pendant près de 20 ans).
Je lisais le début de la Bible avec la nouvelle année (1994) et quand je suis arrivé au livre du Lévitique, bien que je l'avais lu auparavant, il a réellement pris vie. Je me suis même dit: "Je ne peux pas croire que le Dieu que j'ai connu toute ma vie a voulu être adoré de cette manière", avec de l'encens et des chérubins et des séraphins sculptés et une liturgie structurée. "Dieu a-t-Il changé la façon dont Il veut être adoré dans le Nouveau Testament?"
Je faisais partie d'une grande communauté ecclésiale qui avaient grandi à partir du mouvement de l'église de la Bible (ramification de la célèbre église de la Bible de la péninsule de Palo Alto) avec plusieurs milliers de membres, avec toutes sortes de programmes la semaine en soirées, une prédication excellente et érudite qui était largement calviniste... mais après avoir été là pendant deux ans, je n'avais toujours pas l'impression que j'étais à ma place. J'étais un observateur.
En fait, l'église étant allé à Willow Creek pour apprendre "comment les Eglises conviviales agissent avec ceux qui sont en recharche", j'ai senti que l'ensemble du programme était destiné à des observateurs plus qu'à des participants, et certainement plus qu'à des fidèles. Bien qu'ils aient eu un "comité de culte", je ne vis jamais rien qui ressemblait à un culte à mes yeux. Pourtant, par tout ce que j'avais professé pendant toute ma vie adulte, je devais dire que c'était une "grande" église. J'ai même fait une tournée en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande avec le pasteur et son épouse et un bus d'autres membres, en mai-juin et nous avons passé un bon moment.
Quand je suis rentré, la lettre de "l'avocat de San Jose" Jeff Rickard, qui est sur le site Web m'attendait. Mon intérêt initial pour elle était entièrement "professionnel". Il y avait là la plus grande «histoire» qui m'ait jamais été donnée en tant que journaliste. Tous ceux à San Jose, qui avaient un intérêt pour la religion, voulaient savoir l'histoire de l'intérieur, savoir ce qui s'était passé à l'Église chrétienne Los Gatos, pourquoi le père de Jeff avait quitté son ministère après l'avoir fait passer de près de 100 à 4000 membres. Mais par éthique professionnelle je l'ai appelé et m'a demandé: "Êtes-vous sûr de vouloir publier cela?" Il était sûr, et il m'a invité à venir à son bureau et aller déjeuner pour en discuter.
J'ai été intrigué par sa conversion à l'orthodoxie, mais après tout, il venait de traverser un bouleversement traumatique, le frère de sa mère était un prêtre orthodoxe de haut niveau, alors cela ne semblait pas aussi étrange.
Son but, en écrivant la lettre était d'attirer les autres à l'orthodoxie, et non pas de les tourner contre l'évangélisme. Il me quitta après le déjeuner, me laissant deux livres, Franky Schaeffer's Dancing Alone, et je crois que l'autre était Becoming Orthodox, un recueil de témoignages personnels de convertis. J'ai totalement détesté le livre de Schaeffer. Il jouait avec la vérité historique de la Réforme et l'histoire anglo-américaine, pensai-je, il démolissait les principaux points de l'apologétique que son père avait faite toute sa vie, et j'ai trouvé cela déplaisant à tout le moins (personne n'avait apprécié le ministère apologétique de Francis Schaeffer plus que moi). Mais néanmoins, le témoignage de Franky est passé à travers et entre les "erreurs", et une apologétique forte pour l'orthodoxie a été faite par lui.
Peu de temps avant de terminer Dancing Alone, le pasteur de l'Eglise orthodoxe locale à laquelle Jeff Rickard appartenait, le Père Charles Bell, m'a envoyé une copie de son petit livre, Discovering the Rich Heritage of the Orthodox Church (la découverte du riche patrimoine de l'Église orthodoxe [ce qui est au moins en rapport avec le titre!]) Et il me plut beaucoup plus.
Le Père Charles avait obtenu son doctorat dans une université presbytérienne, et il était non seulement ancré dans la théologie et la foi réformée, mais il avait toujours une certaine sympathie à son égard. Il traitait Calvin et Luther, non pas avec le mépris hargneux de Frank Schaeffer, mais avec respect et amour. C'était beaucoup plus approprié.
J'ai terminé son petit livre, un petit pas de plus vers l'orthodoxie, mais en disant encore aux amis "il n'y a aucune chance pour que je me convertisse." Dans le même temps, alors que je n'avais jamais été "charismatique", j'avais commencé à fréquenter un de ces groupes de la section locale de Vineyard Christian Fellowship, qui avait grandilà où celui qui s'était converti à l'orthodoxie (L'église de Jeff Rickard's et du Père Bell) avait l'habitude d'être! Certaines des personnes qui avaient été du voyage en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande se trouvaient là, et après quelques mercredis de prière et de communion avec eux, j'ai aussi commencé à fréquenter les offices du dimanche, qui avaient lieu dans la soirée et n'entraient donc pas en conflit avec les offices du matin à la grande église évangélique à laquelle j'appartenais.
J'ai commencé à lire les livres de Timothy Ware, L'Église Orthodoxe (considéré comme l'une des meilleures histoires de l'Orthodoxie) et La Voie Orthodoxe (l'auteur a depuis été nommé évêque grec-orthodoxe en Angleterre et on lui a donné le nom d'évêque Kallistos).
Puis, j'ai lu l'histoire de l'orthodoxie de Père Alexandre Schmemann, et j'ai continué à passer d'un livre à l'autre. J'ai accepté l'invitation de Jeff Rickard d'assister à l'office de dimanche à l'église de son oncle à 30 ou 40 miles de là, et j'ai été très impressionné. J'avais, cependant, fréquenté des "églises liturgiques" à plusieurs reprises plus tôt dans ma vie. Lorsque j'étais étudiant au séminaire épiscopal réformé, la fréquentation hebdomadaire de la chapelle était nécessaire. Plus tard, en servant à Stanford, ma famille et moi-même avons connu l'Eglise Anglicane orthodoxe locale, qui est une haute église épiscopale. Dans ces deux cas cités, je trouve qu'une fois que la liturgie était familière au point d'être pratiquement mémorisée, elle devenait pratiquement sans aucun sens.
J'ai acheté et commencé à utiliser la Bible d'Etude Orthodoxe (Orthodox Study Bible), lisant toutes les notes et les aides à l'étude pour cerner le plus de théologie que je pouvais, et j'ai jugé que cela pouvait servir de catéchisme virtuel (l'Orthodoxie n'avait pas de catéchisme comparable aux catéchismes de Westminster, Heidelberg, ou Baltimore à l'époque).
A cette époque, ma quête principale était de trouver quelque chose qui puisse me convaincre l'orthodoxie était, ou avait été apostate, une épouse du Christ fausse et infidèle. Si elle avait apostasié une fois (comme je ne doute pas que le catholicisme l'ait fait, avec la vente des indulgences, la doctrine de l'infaillibilité pontificale et de l'Immaculée Conception et d'autres questions), même si elle s'était elle-même assez réformée pour être "une" église véritable, c'était une peu court pour être être "l'Eglise" véritable. Si c'était simplement une autre dénomination, je ne serais pas obligé d'y adhérer. Si elle était encore la même Eglise que le Christ et les apôtres avait fondée, il me fallait maintenant admettre (bien que certainement d'autres ne sont pas aussi contraints sur ce point que je l'ai été et que je le reste) qu'il m'incomberait d'y adhérer.
À la mi-été, j'avais décidé que je prendrais deux ans pour lire tout ça, et si je n'étais pas convaincu qu'elle était devenue apostate, je pourrais la rejoindre. En Novembre, tous les livres que j'avais lus étaient juste une confirmation des dizaines de livres déjà lus, alors j'ai décidé que ma décision antérieure avait bien sûr déjà été assez bien remplie. Au début Octobre, j'ai écrit à un certain nombre de personnalités respectées de la foi réformée, y compris au secrétaire à la retraite des anciennes missions de l'Église presbytérienne en Amérique, en demandant s'ils pouvaient préciser le moment ou la question sur laquelle l'orthodoxie avait été apostate. Aucun d'eux ne put fournir un tel renseignement. Le secrétaire des missions a dit qu'il avait souvent adoré dans les églises orthodoxes alors qu'il était en Europe et avait jugé cela acceptable au sein de sa structure de croyance, mais que pour lui devenir orthodoxe reviendrait à trahir de cette propres racines ethniques (!). Il m'a essentiellement "donné la permission" de devenir orthodoxe.
Le 20 Octobre, j'avais pris ma décision et j'étais si enthousiaste spirituellement ce que j'ai écrit ma lettre de Noël à ma "liste" à ce moment-là, leur expliquant le passage d'évangélique à orthodoxe. Je savais que ce serait l'une des tâches les plus difficiles et que, si j'étais tellement enthousiaste je devais le faire, même si je n'avais pas l'intention de poster cette lettre jusques en Décembre, et la ferme intention de la réécrire si je trouvais des obstacles à la conversion dans l'intervalle. J'étais déjà inscrit au catéchisme, mais en tant qu'observateur pas comme catéchumène officiel.
Le dimanche avant Noël en 1994, j'ai été chrismé dans la sainte Église Orthodoxe. Je suis toujours dans la même paroisse, l'Église orthodoxe Saint-Etienne d'Antioche et si elle a du bon et du mauvais comme toute église locale, je n'ai jamais douté que faire partie de cette "dénomination" que notre Seigneur a Lui-même mise en place, a été la meilleure décision que j'aie jamais prise. La Liturgie n'est pas devenue ennuyeuse, elle n'a pas perdu sa fraîcheur, elle est toujours culte d'adoration à cent pour cent.
C'est mon histoire en quelques mots, Marie. Si tu as des questions sur les détails, tels que "comment avez-vous résolu le conflit entre cet enseignement de mon ancienne église et celui de l'Orthodoxie, s'il te plaît n'hésite pas à poser la question."
Meilleurs voeux pour ton voyage, et que le Seigneur de Lumière te conduise dans toute la Vérité.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire