Le christianisme se fraye un chemin assez rapidement vers la cour des souverains bulgares. Certaines indications laissent entendre que le khan Koubrat, fondateur du premier État bulgare, aurait accepté la foi chrétienne lors d’un séjour à Constantinople. Des découvertes archéologiques effectuées lors de fouilles près du village de Malaïa Perechtchépina, en Ukraine, semblent confirmer cette hypothèse. Son petit-fils, le khan Tervel, était chrétien ; il est représenté avec des symboles chrétiens sur des vestiges mis au jour lors de fouilles archéologiques. Un de ses médaillons porte également l’inscription « Sainte Vierge, protège le César Tervel », césar au sens d’empereur. Païssi de Hilendar (1722-1773), auteur de l’Histoire slavo-bulgare, et d’autres historiens également étaient d’avis que Tervel était chrétien.
Pourtant, la foi chrétienne ne se répand pas vraiment dans le jeune État bulgare. Les souverains, convertis au christianisme, n’essaient pas de l’imposer. La religion officielle demeure le culte pour la divinité du ciel Tengri (ou Tangra). Après la mort de Tervel, le souvenir de ces souverains chrétiens s’estompe ; certains même s’opposaient au christianisme. Ils voyaient, dans cette nouvelle religion, une source d’influence au profit de l’empire byzantin.
Au XIe siècle, le khan Kroum, prend en otage l’évêque de Constantinople Kinam. Kroum, puis son fils Omourtag, prennent soin à traîter Kinam avec respect, pour son érudition d’une part, et aussi parce qu’ils espéraient obtenir une belle rançon. Le fils aîné d’Omourtag, Enravota, est influencé par Kinam, et se convertit au christianisme en prenant le nom de Boyan. Omourtag le prive alors de son droit au trône au profit de son troisième fils Malamir, lui-même étant païen. Lorsque Malamir apprend qu’Enravota s’est converti sous l’influence de Kinam, il interprète cela comme une trahison et l’expression d’affinité envers l’empire byzantin. Malamir somme son frère de renoncer à la foi chrétienne ; il va même jusqu’à le menacer. Ayant refusé, le khan Malamir donne l’ordre de faire exécuter son frère. Le prince Boyan-Enravota accepte ce jugement et devient martyr, vers 833. Il a probablement été canonisé peu après sa mort, pour devenir le premier saint bulgare.
Alexei Stambolov
Version française: Damian Vodénitcharov
in
Radio Bulgarie
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