mercredi 14 avril 2010

SAINTE MELANGELL, Apôtre du Pays de Galles


Les paysages celtiques ont une certaine manière de remuer le cœur humain avec leur majesté et leur grandeur. Ils évoquent dans l'esprit les saints courageux et très autonomes qui abandonnaient tout pour une vie de solitude et de prière dans des régions isolées, voire dangereuses. Ces saints, par leur vie sainte et non conventionnelle, ont apporté la paix sur la terre et aux créatures, parce qu'ils avaient été libérés, au moins en partie, de leur nature humaine déchue. Comme l'apôtre Paul le dit succinctement: "Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, -non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu." (Romains 8:19,21).

Sainte Mélangell (prononcer Mèl-èn-Geth) est l'une de ces saintes qui ont atteint une telle liberté. Grâce à sa vie consacrée, elle a contribué à libérer le peuple et la création dans les lieux de son combat spirituel, pour atteindre leur statut suprême de beauté et d'accomplissement en Dieu.

Bien qu'une vie importante de Sainte Mélangell n'ait pas été écrite avant le XVe siècle, il est probable que son culte a prospéré bien avant que sa vie ait été écrite, tant était grande l'estime dont elle jouissait auprès de la population locale.

L'époque véritable où elle vécut et la lignée de Sainte Mélangell sont contestées. Cependant, même dans l'ombre brumeuse de sa généalogie irlandaise et/ou galloise, il est certain qu'elle était de lignée royale ou noble et, par conséquent, qu'elle devait se marier. En réponse à l'appel de Dieu à une vie de prière et de solitude, Sainte Mélangell renonça à son statut royal pour la vie religieuse. Ignorant son audace, son père insista pour qu'elle se marie. Désireux avant tout d'être consacrée à Dieu seul, elle s'enfuit d'Irlande vers 590 et s'installa à Pennant, un des plus beaux lieux de solitude du Montgomeryshire (aujourd'hui Powys), à la tête de la vallée de Tanant dans le Nord du Pays de Galles. En cet endroit, qui en est venu à être appelé "Pennant Melangell", dormant sur la roche nue avec une grotte comme cellule, elle a vécu une vie de prière cachée pendant près de quinze ans.

Autour de 604, Sainte Mélangell a été "découverte" par le prince gallois de Powys Pengwern, Brochfael Ysgithrog, alors qu'il chassait dans la région de Pennant. Comme ses chiens poursuivaient leur proie, le lièvre courut de peur dans un fourré de ronces pour se mettre en sécurité. En recherchant le lièvre dans le fourré, le prince trouva de manière inattendue Sainte Mélangell. Elle était plongée dans la prière et n'avait pas entendu les chiens ou la trompe ou le bruit des pas de l'homme. Le lièvre essoufflé s'était caché dans les plis de sa robe et il regardait au dehors la meute féroce, confiant dans sa sainte protectrice. Le Prince Brochfael ordonna aux chiens de s'emparer du lièvre, mais ils n'osaient ni s'approcher de la sainte, ni tuer le lièvre. Conscient alors de la situation, Sainte Mélangell conduit bravement les chiens dehors. Le prince n'avait jamais rien connu de tel auparavant. Il était tout à fait surpris et prudemment il aborda l'anachorète pour obtenir une explication.
Après avoir entendu son histoire, le prince Brochfael, profondément ému par la beauté de Sainte Mélangell, par sa pureté et son amour de Dieu, n'avait pas d'autre choix que de reconnaître sa sainteté. Néanmoins, il suggéra qu'elle quitte sa solitude et se marie avec lui, mais elle refusa catégoriquement. Impressionné par sa sainteté et sa détermination, il fit don d'une parcelle de terrain, qui comprenait un cimetière et une vallée, afin qu'elle les utilise pour fonder un monastère. Le prince exprima le souhait fervent que la zone soit dédiée au service de Dieu. Il demanda également que la terre soit un lieu de refuge pour les personnes et les animaux, et particulièrement pour les lièvres, avec qui elle s'était liée d'amitié, bien avant la rencontre avec le Prince Brochfael.

Sainte Mélangell est réputée avoir vécu quelque trente-sept ans après cet incident de chasse. La région est en effet devenue un sanctuaire sous la tutelle de l'anachorète. Au cours de sa vie, aucun animal ne fut jamais tué sur son terrain. Ce fut un havre de sécurité notoire, non seulement pour les lièvres, mais pour toutes les créatures, et même les animaux sauvages qui vivaient dans la région furent apprivoisés.

Les hommes, eux aussi, demandèrent l'asile contre la persécution, confiant que ni prince, ni chef ne mettrait le pied à Pennant Mélangell pour tenter de les saisir violemment ou leur demander un injuste tribut. Avec le temps, Sainte Mélangell devint higoumène d'une communauté de vierges qui avaient été attirées par son exemple saint, recherchant leur liberté de filles de Dieu.

L'église de Pennant Mélangell est située près de Llangynog Powys. Dès sa première fondation au septième siècle, ce fut un lieu habituel de culte pour la communauté agricole locale. Pendant des siècles, personne ne tua un lièvre dans l'église ou à proximité de Pennant Mélangell. Aussi, si quelqu'un criait à un lièvre que l'on chassait "
Dieu et Mélangell soit avec toi", il était sûr de s'échapper. À ce jour, en l'honneur du saint, les lièvres sont respectés par les chasseurs locaux et on ne leur fait jamais de mal. Après sa mort, Sainte Mélangell est devenue la sainte tutélaire des lièvres. Aujourd'hui, elle est reconnue comme la protectrice celtique des animaux et de l'environnement naturel.

Grâce à sa détermination à maintenir son centre spirituel à tout prix, Sainte Mélangell atteignit une vie de "glorieuse liberté" à laquelle elle participa réellement en tant que fille de Dieu. La tradition locale veut que Sainte Mélangell ait été spécialement appelée par le Seigneur lui-même de rétablir le Paradis dans la vallée de Pennant. Par conséquent, sa présence elle-même imprégna la terre, les créatures et les personnes, de joie, de paix et d'un sentiment de sécurité. Sa communauté imita et commémora sa vie, léguant l'essence de la sainteté à cette région pour toujours.

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Mil engyl a Melangell
Trechant lu fyddin y fall.
(Mélangell avec mille anges
Triomphe de toutes les puissances du mal.)
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Tropaire à sainte Mélangell Ton 8 :

source

Préférant les rigueurs de la vie monastique
aux honneurs de monde et au mariage,
ô pieuse Mélangell,
tu restas quinze ans sur un rocher,

imitant l'exemple des stylites syriens.
C'est pourquoi, ô Sainte, prie

pour que Dieu nous donne la force
de Le servir comme Il le veut,
afin que nous soyons trouvés dignes
de Sa grande miséricorde.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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