samedi 24 octobre 2009

Un saint Fol-en-Christ au cœur d'Athènes (3)


Il a sauvé une femme du péché mortel de l'adultère ...

Nicoletta prit ensuite une grande gorgée de café et se mit à raconter son histoire avec Jean le Fou...

"Un soir," dit-elle "il y a peut-être dix ans ou plus, j'ai vu un jeune homme errant sans but dans notre quartier. Je l'ai regardé avec insistance, parce que je pensais que c'était un cambrioleur. Soudain, j'ai remarqué que Jean le Fou sortait en hâte de son immeuble et marchait rapidement dans la direction de la seule maison sans étage du quartier, où une famille de quatre personnes vivait comme locataires.

Le fou s'assit carrément sur les marches de devant, et se mit à chanter les hymnes à la Toute Sainte [Mère de Dieu] à haute voix. Il aimait surtout chanter "O Vierge pure ...."

Deux heures passèrent, mais le fou continuait à chanter des hymnes. Je suis sortie et lui a dit d'arrêter. Puis j'ai remarqué que le jeune homme s'enfuyait rapidement à pied. Le fou se leva et alla dans la maison. Je le suivis, par curiosité, pour voir ce qui se passait. Je dois avouer que mon esprit était sombre. J'ai sonné à la porte et une jeune femme a ouvert la porte.

Jean le Fou était assis à la table de la cuisine, mangeant quelque chose que la jeune femme lui avait servi. A côté de lui se tenaient son fils de cinq ans. Se tournant vers l'enfant, le fou se mit à lui dire que l'un des dix commandements de Dieu est celui qui dit: "Tu ne commettras pas d'adultère".

"Tu sais Georgie, l'adultère n'est pas quelque chose que Dieu aime. L'adultère ouvre une large porte à Satan, qui entre alors dans la maison et fait des ravages. C'est alors que la famille se désagrège, et les maladies et la douleur et la haine entrent par les fenêtres et chassent la bénédiction de Dieu qui a été donnée par le sacrement du mariage. L'homme et la femme, comme ton papa et ta maman, deviennent une seule chair par le mariage cher Georgie, un seul corps. L'adultère, c'est comme se couper le bras.

Je dois admettre que je me sentais très en colère ....

"Qu'est-ce que tu dis à ce pauvre enfant, misérable créature?" dis-je. La jeune femme éclata en larmes et dit entre deux sanglots "Il parle de moi, laisse-le, ne le gronde pas..."

Mais aussitôt, Jean le Fou se leva et partit. La jeune femme avoua alors qu'elle avait projeté de tromper son mari avec un jeune homme qu'elle avait rencontré dans une cafétéria, où elle était allée avec une de ses amies pour prendre un café. Elle lui dit que le jeune homme était supposé la rencontrer chez elle, tirant ainsi parti de l'absence de son mari, tandis il était hors de la ville pour affaires, mais Dieu l'avait protégée, et le jeune homme n'était pas venu.

"J'ai échappé de peu à une énorme catastrophe, chère Nicoletta. J'aurais brisé ma famille et mon mariage. Quand Jean le Fou frappa à la porte, je pensais que c'était ce jeune homme, et je n'aurais pas eu la force de le renvoyer. Heureusement que Dieu m'a empêchée de commettre un péché terrible..."

"C'était le fou qui t'a sauvée," lui dis-je, "parce que le jeune homme était en effet parvenu jusqu'ici, mais le fou était resté assis à ta porte à l'extérieur pendant des heures, chantant sans cesse, tandis que le jeune homme faisait les cent pas à l'extérieur. N'as-tu pas entendu? Lui ai-je demandé...
+

"J'avais entendu", interrompit le boulanger, "que Jean voulait devenir prêtre, depuis qu'il était enfant. Mais alors, il y eut l'occupation allemande, puis la guerre civile, il n'a jamais réussi à terminer sa scolarité. Il a seulement réussi à apprendre à lire et à écrire un peu. Ainsi, alors qu'il était encore relativement jeune, il est allé chez l'évêque et lui a demandé de l'ordonner prêtre, l'évêque l'avait dissuadé, et lui avait recommandé d'aller plutôt d'abord à l'école.

Mais maintenant, avec toutes ces choses qui se disent au sujet de Jean, et avec tout ce que je sais personnellement de lui, je peux dire avec certitude qu'il se peut que Dieu n'ait pas fait de lui un prêtre, mais Il l'a indubitablement sacré évêque dans notre quartier. Ces derniers mots de Monsieur Apostoly ont été noyés dans ses sanglots et ses larmes ....


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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