jeudi 22 octobre 2009

Un saint Fol-en-Christ au cœur d'Athènes (1)


"La Folie en Christ" a toujours été appréciée comme l'un des plus émouvants chapitres du volumineux livre des saints de notre Église orthodoxe. Un page de plus a été ajoutée à ce chapitre, c'est l'histoire qui nous est racontée par un humble lévite de l'Evangile, qui vis dans les montagnes bénies d'Agrafa dans le Nord de la Grèce.

Son récit concerne un Fol-en-Christ contemporain, qui a vécu dans l'un des nombreux quartiers lointains, sans visage et inaccessibles d'Athènes.

Jean le Fou, qui est le personnage central de sa narration, vivait dans un minuscule appartement modeste qu'il avait hérité de sa mère, l'un des vingt appartements que comprenait l'immeuble en copropriété. Il travaillait à la boulangerie de quartier et commençait à travailler à l'aube. Dans cette boulangerie où il travaillait, il remplissait tous les jours deux sacs avec des miches et des petits pains, et se hâtait de les distribuer aux vieillards, aux femmes et aux étudiants de son quartier.

" Voilà! Je pensais que je pourrais vous donner quelques pains frais, un cadeau de Monsieur Apostoly le boulanger, afin que vous le commémoriez dans vos prières" disait-il.

La vérité était que Jean le Fou utilisait une grande partie de son salaire pour fournir du pain aux pauvres de son quartier. Il disait à Monsieur Apostoly qu'il aidait seulement quelques amis malades, et qu'il était payé pour sa peine ...
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Mais comment pouvait-il savoir qui étaient les pauvres de son quartier?

Eh bien, il avait pris l'habitude de tirer indistinctement les sonnettes, non seulement dans sa copropriété, mais aussi dans les immeubles voisins. Il se présentait à tout le monde et il demandait s'il pouvait les aider en quoi que ce soit:

"Et comment vous êtes-vous réveillé ce matin? Avez-vous un problème pour lequel je puis vous être utile? Comment vont vos enfants?"

Au début, certains le snobaient. D'autres lui claquaient leur porte au nez, refusant de lui parler - de toute évidence gêné par sa présence inattendue. Mais il y en avait d'autres qui attendaient effectivement la venue de Jean le Fou, afin de pouvoir entendre un mot gentil de sa part. Finalement, il était parvenu à tous les connaître, il était arrivé à connaître leurs particularités, mais aussi les éléments de leur caractère.

Le soir, Jean le Fou se retirait dans son humble demeure, et il priait. Il aimait à réciter le livre des Psaumes, en faisant valoir à quelqu'un qui lui demandait pourquoi, qu'ils avaient pour but de chasser les petites bestioles (démons) du quartier..."

Il avait l'habitude de le lire à si haute voix, si bien qu'un nouveau locataire qui ne le connaissait pas bien, appela la police pour se plaindre qu'il troublait la paix! Toujours sur une base quotidienne, le fou encensait tous les appartements, à partir du dernier étage et jusques en bas. Il allait même dans les arrière-cours et encensait là aussi. Et quand quelqu'un était malade, il allait lui rendre visite et, après l'avoir encensé et avoir fait le signe de la croix sur lui, il lisait en hésitant, avec son faible niveau d'instruction, les paroles de l'épître de saint Jacques...

"Priez les uns pour les autres, de sorte que vous puissiez être guéris", leur disait-il. Il les exhortait à aller à la confession, "pour ainsi être guéris par le plus grand des médecins, notre Christ..."

Très souvent, après être rentré de la boulangerie, il se saisissait d'un balai et balayait l'immeuble tout entier, "pour le garder propre", comme il disait.

Il aimait intervenir avec un sourire auprès de ceux qui se disputaient publiquement au sujet des partis politiques, dans les cafés (dans les temps anciens, il y avait des discussions enflammées sur les partis politiques):

"Ah, les gars, pourquoi comptez-vous et mettez-vous vos espoirs dans des boîtes en fer blanc et des cymbales? Au lieu de vous quereller, vous devriez prier Dieu de nous envoyer un David pour roi. Il pouvait résoudre les problèmes, parce que ses genoux avait saigné à la suite de ses longues supplications et prières. Mais qu'est-ce que vos gars si malins font? Leurs supplications ne sont concernées que par les commissions, et ils ne font qu'un avec la corruption... Ils vous prennent pour des idiots et ils se moquent de vous, " avait-il l'habitude de leur dire.

"Fiche le camp, Jean le Fou! répondraient-ils et, pour l'éviter tout à fait, ils l'envoyaient faire une course. Mais il disait toujours: "Ne misez pas sur les gouvernants. Ayez votre espérance en Dieu seulement". (A suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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