samedi 17 octobre 2009

Stella, le petit moineau de Dieu, une Folle-en-Christ moderne (3)



Une fois, nous avons organisé une fête chez nous, avec beaucoup d'invités. Soudain, Stella s'est présentée. Elle s'est assise, et je suis allé m'asseoir à côté d'elle. Parmi les invités se trouvait un couple qui faisait face à de très nombreux problèmes, dont j'avais connaissance. Stella était "dans son propre monde", chuchotant la prière et en même temps me disant à voix basse, ce qui se passait dans ce couple, ce qui n'allait pas chez eux, mais aux autres invités, elle disait des choses sans importance ou leur souriait simplement. Mais elle était toujours concentrée sur la prière. La plupart des personnes présentes pensait qu'elle était "dingue", mais c'était exactement ce que Stella voulait, de sorte qu'ils ne la comprenaient pas.

C'était le 12 août, 2004. J'étais dans mon bureau, et je devais voyager vers l'île de Lesbos le même jour pour mes vacances d'été. Toute la matinée, je fus tourmentée par un détail insignifiant, mon esprit était "coincé" comme on dit communément. Je n'avais pas de porte-clés pour y accrocher mes clefs de rechange, que je vais donner à mes voisins pour qu'ils puissent venir arroser mon jardin pendant que j'étais en vacances. Soudain, vers l'heure du déjeuner, ma porte s'ouvrit et Stella apparut, trempée de sueur, morte de fatigue et haletante. Elle me dit: "Tiens, prends. J'étais à la place Omonia, et Elle m'a dit de t'apporter cet porte-clés." J'étais stupéfaite. Quand je lui ai demandé qui lui avait dit de me l'apporter, elle a d'abord marmonné "la Sainte Mère" , mais ensuite elle a commencé son discours incohérent, sa "folie". Elle avait acheté ce porte-clés au monastère, et il portait une représentation de notre Sainte Mère. À mon insistance pour qu'elle reste un peu plus avec nous pour se reposer, de prendre quelques rafraîchissements, elle s'assit sur le canapé et se mit à me raconter des choses sur elle-même. C'est alors qu'elle m'a dit: «Ma Militsa, je vais mourir dans la rue, seule. Personne n'en saura rien, personne, personne ...". Ces mots me blessèrent profondément, donc je lui ai dit avec un peu d'insistance: "Ma Stella, s'il te plaît, je veux que tu m'en parles. Je veux savoir ce que tu dis de ton départ". Et je l'ai embrassée. Après cela, elle a arrêté de parler pendant plusieurs minutes. Puis, soudain, elle s'est retournée et m'a regardée avec un tendre regard plein d'amour et m'a dit: «Ma Militsa, tu vas en entendre parler, tu vas en entendre parler".

Elle a séjourné chez moi pour la dernière fois, en Octobre 2004. Elle avait des douleurs dans la jambe à l'époque et avait été contraint de limiter ses promenades. Il m'est arrivé d'avoir offert l'hospitalité chez moi pendant cette période à une personne qui avait du mal à tolérer sa présence, notamment lors de sa prière du soir, parce que [Stella] allait se coucher tôt et se levait tard dans la nuit et commençait à chanter à voix haute. Nous l'entendions souvent répéter les mots: "Le Seigneur Dieu est vivant".

Donc, compte tenu de ce problème, une de nos amies, Chrysoula a offert de la laisser habiter dans un petit appartement qui était resté vacant après le décès de ses parents. Stella était heureuse de vivre dans une maison à proximité des gens plein d'amour et de compréhension, surtout maintenant qu'elle avait des ennuis avec sa douleur dans les jambes. Elle est restée là, jusqu'à Mai 2005. Le 1er Juin 2005, Chrysoula la vit sortir de la maison. Nous avons perdu toute trace de Stella après ce jour.

Nous avons commencé à nous inquiéter un jour, mais parce qu'elle disparaissait régulièrement, on a cru qu'elle apparaîtrait à nouveau. De temps en temps, nous avons contacté la Mère Spirituelle du Monastère (Chrysoula et moi-même) dans l'espoir d'apprendre des nouvelles de Stella. La Mère disait toujours: "Allez la chercher et trouvez-la". Mais nous étions convaincues qu'elle était partie en voyage quelque part et serait de retour.

Après le Pâques de 2006, un soir très tard dans la nuit et alors que ma famille dormait profondément, je me suis couchée et me suis endormie immédiatement - chose inhabituelle pour moi - et j'ai été réveillée tout aussi rapidement (j'ai vérifié cela, en regardant l'horloge) par un rêve puissant: j'ai vu Stella sous un bel arbre, debout et appuyée légèrement contre son tronc, l'air très jeune et exceptionnellement belle et douce, et elle me regardait avec un regard infiniment chaleureux. Je sentis que mon âme poussa un cri qui atteignit les cieux et me déchira la poitrine: "Ma Stella... ma Stella... Ma Stella..." Et j'ai couru pour l'embrasser, avec mes bras tendus, mais quand je suis arrivée près de l'arbre, elle a disparu et à sa place se trouvait un pur cierge de Pâques blanc, qui irradiait une merveilleuse lumière tout autour et je pouvais voir sa flamme qui montait vers le ciel. Puis j'ai remarqué au sol, juste à côté du cierge une coupure de journal qui montrait un corps affreusement mutilé, comme après un affreux accident de voiture ...

Un message insupportable a transpercé mon être: "Stella est morte!". Je me suis réveillée, accablée par des sentiments contradictoires: une immense joie à l'apparition de Stella et de la lumière de ce cierge, et terrifiée par la photo que j'avais vue dans la coupure de journal. Je voulais réveiller mon mari, Dimitri, pour lui parler de Stella - le "petit moineau ainsi que nous avions l'habitude de l'appeler, non seulement parce qu'elle vivait comme "un moineau seul sur le toit" [Psaume 101;8], mais aussi parce que sa démarche ressemblait à celle d'un moineau. Mais quelque chose de puissant m'a empêché de le réveiller. Le lendemain, j'ai appelé la Mère et Chrysoula et je leur ai parlé de ce rêve. Ils ont toutes deux recommandé que nous essayions de localiser Stella. A partir de ce moment, nous avons commencé notre quête angoissée. Police de la Circulation, hôpitaux, police militaire, morgues... (A suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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