vendredi 16 octobre 2009

Stella, le petit moineau de Dieu, une Folle-en-Christ moderne (2)



Par la suite, nous avons perdu sa trace pendant longtemps. La Mère spirituelle du Monastère nous appelait au téléphone et nous demandait si nous avions vu Stella. À l'époque, je m'étais rendu compte que si je voulais la voir de nouveau, je devais cesser de parler d'elle.

Stella était devenue sans-abri. Elle avait pris sa retraite de son travail et une pension minimale lui avait été attribuée par nos services sociaux (environ 411 Euros par mois), qu'elle distribuait aux pauvres, aux prisonniers, à la mission à l'étranger, etc. Elle vivait maintenant sur les bancs des parcs, dans des taudis, dans le désert chapelles désertées de campagne, dans les cages d'escaliers, dans les bâtiments en construction. Elle m'avait personnellement confié cette information.

Pressée par la Mère spirituelle du monastère et par moi-même, elle était venue vers nous au cours de l'hiver rigoureux et était restée avec nous. Elle a toujours demandé à être logée dans la partie la plus humble de la maison.

Je me souviens avec beaucoup de nostalgie que chaque fois que nous lui offrions l'hospitalité de notre maison, la sérénité et la lumière prévalaient chez nous, et que tout était calme. Quand mon mari venait se joindre à nous, Stella se retirait, et chaque fois qu'il s'adressait à elle, elle ne répondait jamais. Elle se plaisait à manger de simples soupes à la tomate qui ne contenaient pas d'huile. Sans cesse elle glorifiait le Seigneur et son âme débordait de reconnaissance, d'un continuel "merci, merci!"...

Plusieurs fois, la nuit, sous le prétexte que j'étais fatiguée, je lui demandais de réciter les prières du soir. Il est impossible pour moi de décrire ce qui se passait quand elle commençait à prier. Son expression changeait peu à peu, son visage menu s'éclairait et elle s'oubliait tout à fait dans sa glorification de Dieu. Je la quittais alors et j'allais dormir.

Une fois, tandis que je pensais à elle, avec de la compassion , "elle qui errait comme un petit moineau dans les rues"... Elle me regarda et me dit brusquement: "Ne t'inquiète pas pour moi. C'est la volonté de Dieu que je dorme sur des bancs de parc. Je suis très bien, je suis très heureuse. Tu sais, je couds même mes propres vêtements sur les bancs des parcs (Stella était aussi une excellente couturière). Par exemple, j'ai eu un moment très agréable à Pâques. Le samedi de Pâques je suis allé et j'ai acheté un morceau d'agneau, je l'ai mis dans une petite marmite, je l'ai donnée à la boulangerie et ils l'ont cuit pour moi. Je l'ai cachée sous la banc, et le lendemain, j'ai célébré Pâques sur mon banc de parc, heureuse et contente, parce que mon prêtre m'avait aussi donné un oeuf de Pâques teint en rouge. Donc ne t'inquiètes pas pour moi. Non, non, parce que je suis sous la protection de notre Très Sainte Mère ».

Une autre fois, elle m'a raconté qu'elle était allée laver ses cheveux dans la salle du Centre de santé municipal. Les employés, la virent et la réprimandèrent sévèrement. Stella n'a pas accepté leur réprimande, arguant qu'elle ne volait pas quoi que ce soit et ni l'eau, ni le savon - parce que, en tant qu'ouvrière, elle avait payé régulièrement ses cotisations à la sécurité sociale. Elle leur parla mal et ils appelèrent la police, ce qui fait que Stella fut emmenée au poste de police. C'est ainsi qu'elle a rapporté le dialogue entre elle et le chef de la police:

"Monsieur le chef de police, pardonnez-moi de vous fatiguer, mais s'il vous plaît écoutez-moi. Je suis dans la rue, je n'ai rien qui m'appartienne. Voyez, je n'ai que fascicule de la Sécurité Sociale qui atteste que j'ai payé ma cotisation. Le centre de santé où je me suis lavé les cheveux appartient à l'organisation de la sécurité sociale, donc j'ai le droit d'y aller. Quand je suis à l'intérieur d'un bâtiment de la sécurité sociale, je me sens comme si j'étais dans ma propre maison. S'il vous plaît pardonnez-moi".

Le chef de la police répondit: "Tu peux partir, mais la prochaine fois que tu te lavez les cheveux, assure-toi que personne ne te voit. Maintenant, va ton chemin! »

Elle est partie, en glorifiant Dieu et emplie de gratitude envers le chef de la police.

Elle avait dormi dans les salles d'attentes des hôpitaux de nombreuses nuits. Ou plutôt, nous devrions dire qu'elle faisait semblant de dormir, parce que dès que les choses se calmaient à l'hôpital, elle se hâtait de visiter les patients solitaires qui avaient besoin d'aide et elle s'occupait d'eux, mais, dès qu'elle sentait qu'une tierce personne l'avait remarquée, elle commençait à afficher sa "folie".

De nombreuses fois le matin, sur le chemin de mon travail (autour de 6h30 - 7 h) je tombais sur elle, tandis qu'elle quittait le Centre hospitalier des accidentés, et quand je la pressais de me disant pourquoi elle ne venait pas séjourner chez moi, elle avouait qu'elle aimait beaucoup les saints, qu'elle les considérait comme ses amis, sa famille, et se précipitait à leurs jours de fête, , et elle était si heureuse quand ils y distribuaient également de la nourriture. Elle allait à divers pèlerinages pendant toute l'année. Le Dimanche des Myrrhophores, elle allait à Mantamados (sur l'île de Lesbos) pour la fête de l'archange Michel, puis à l'île d'Egine pour Saint Nectaire, à Nafpaktos pour Sainte Parascève, etc. À titre indicatif, je voudrais mentionner la chose suivante: Une fois, elle était allée à Saint Parascève à Nafpaktos et se comportait comme un petit enfant, comme elle l'a décrit elle-même. Elle aimait beaucoup le Révérend Hiérotheos (Vlachos), qu'elle considérait comme quelqu'un de très proche d'elle, elle était si heureuse de le voir officier en habits sacerdotaux splendides et de l'écouter parler de façon si belle. Elle avait beaucoup de respect pour lui. Elle était tellement fière qu'il lui ait parlé et lui ait donné sa bénédiction au monastère d'Akrefnio!. Elle se réjouissait de lui, comme elle le disait.

Tous les récits de Stella étaient plaisir et détente pour moi. J'observais une femme âgée qui, elle-même, se sentait et s'exprimeait comme un petit enfant. ( A suivre)

Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire