jeudi 15 octobre 2009

Stella, le petit moineau de Dieu, une Folle-en-Christ moderne (1)


Le 3 Juin 2005, notre bien-aimée Stella a été tué dans un accident de voiture.

Elle avait tous les signes d'une folle-en-Christ", avec une vie intérieure de spiritualité.

C'était sa volonté de rester sans-abri, elle vivait dans la rue, la nuit - en été et en hiver - elle dormait sur des bancs de parc, dans des taudis et dans les salles d'attente des hôpitaux, mais elle était toujours remplie d'amour pour Dieu, pour les saints et pour les gens malheureux. Ses vêtements étaient toujours propres. Quelles qu'aient été les rentrées d'argent qu'elle avait, elle les consacrait aux exigences de la charité. Elle n'aimait pas être louée, et quand on faisait son éloge, elle contrefaisait l'idiote...

Elle venait de Constantinople, elle avait acquis une bonne éducation, elle maniait extrêmement bien la langue grecque, et la langue française lui était également familière, et, dernièrement, elle essayait également d'apprendre l'italien.

Son départ de cette vie fut exactement comme elle l'avait souhaité: une mort violente, et comme une étrangère parmi les étrangers. Personne n'est allé identifier son corps. On l'a enterrée sans service funèbre, parce qu'on ne savait pas qui elle était. Mais toutes ces informations absentes ont été connues d'une manière miraculeuse un an plus tard, ce fut alors aussi que son service funèbre a été célébré. J'ai également eu l'honneur de célébrer son office commémoratif. Après son service commémoratif, dans la salle de réception du saint monastère de Pelaghia, Madame Milica Pisimisi-Loukidou, avocate, et Madame Chrysoula Mandas, dentiste, ont raconté tout ce qu'elles savaient de Stella, qui était vraiment une personne de Dieu.

Dans ce numéro, nous publions le texte de Mme Milica Pisimisi-Loukidou, qui a été écrit en collaboration avec Mme Chrysoula Mandas aussi, décrivant une partie seulement de sa vie bienheureuse, tandis que dans le prochain numéro, nous publierons les souvenirs de Stella - "petit moineau de Dieu" - par la communauté des moines du monastère de Sainte Pelaghia, elle qui était inconnue dans le monde, mais certainement bien connue de Dieu - qui avait vécu "seule, avec Dieu seulement". C'est ma conviction que ce récit sera bénéfique pour ceux qui vivent leur vie dans une recherche de félicité débridée, chargée d'une mentalité névrotique et qui se plaignent sans cesse à propos des choses qu'ils auraient aimé posséder.

Les paroles suivantes du Christ étaient applicables à son cas: "Observez les oiseaux du ciel, comment ils ne sèment ni ne moissonnent ni n'amassent dans les greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas plus qu'eux?" (Matthieu 6:26).

Enfin, l'homme "n'est" pas ce qu'il "a" , il "a" ce qu'il "est".

Stella de bienheureuse mémoire, que j'ai été exceptionnellement béni de rencontrer est une manifestation positive pour tous ceux qui sont "assurés".

+ Hierotheos, Métropolite de Nafpaktos

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J'ai fait la connaissance de Stella à la chocolaterie. pendant l'été 1979, C'était une ouvrière ordinaire, elle travaillait très dur - plus de 9 heures par jour. Tout le monde l'exploitait, chacun lui donnait ses ordres et elle obéissait immédiatement, et toujours avec un sourire. Stella - ici! Stella, là! Le propriétaire-employeur l'aimait beaucoup, à cause de son obéissance et sa diligence.

Pour la plupart des autres travailleurs, elle était la "stupide Stella". Son visage brillait toujours , ses lèvres murmuraient toujours quelque chose. Lorsque l'on écoutait attentivement, on l'entendait dire: "Gloire à Toi, ô Seigneur!»

Assez souvent, notre superviseur nous attribuait une corvée que nous étions censés entreprendre ensemble, ainsi il me fut donné l'occasion de savourer sa gentillesse, son amour ... Je me souviens qu'elle ne cessait de dire la prière, puis soudain éclatait de rire et tournait sa chère tête en haut, vers le ciel. C'est alors que son visage brillait.

"Gloire à Toi, ô Seigneur" était ce que l'on entendait souvent sortant de sa bouche.

Cette usine de chocolat fabriquait toutes sortes de chocolats. Sa gamme de chocolats de qualité inférieure était exportée vers les pays d'Afrique. Cela fâchait beaucoup Stella. Une fois, lorsque nous travaillions ensemble dans le secteur de l'emballage, je me souviens que Stella concentrait son attention sur ces boîtes et priait "pour les petits enfants noirs qui mangeraient ces chocolats".

Chaque fois que l'on nous faisait du tort dans notre lieu de travail - ils avaient l'habitude de réduire nos salaires -, elle ne répondait jamais, ne critiquait jamais, ne réagissait jamais. Stella était pour moi un petit havre de confort - Je l'ai toutefois utilisée pour réagir contre toutes les injustices. À mes commentaires, elle ne faisait que répondre par "Ah, Militsa!". Je ne me souviens pas qu'elle mit jamais un seul chocolat dans sa bouche (je vous rappelle qu'elle travaillait dans une fabrique de chocolat!). Même si la plupart des employés la considéraient comme "folle", pourtant, ils la respectaient et se demandaient toujours avec étonnement comment elle réussissait à travailler aussi efficacement.

Stella ne participait jamais à nos discussions, elle était avec nous, mais en même temps, elle s'abstenait de commentaires, de parole inutile. Très souvent, quand elle était invitée à donner son opinion, elle faisait la folle. J'avais remarqué qu'elle le faisait exprès. Pour toutes les choses du monde, elle était folle, oui une folle, mais quand on demandait son aide au travail, ses petites mains tendrement se démenaient pour aider, si c'était possible, elle pouvait même offrir de faire tout le travail pour vous.

Tel est l'environnement dans lequel nous nous sommes connues. J'avais tellement de respect pour elle, que jamais je ne l'ai questionnée sur sa vie privée. Elle m'a dit elle-même qu'elle venait de Constantinople. C'était surprenant de constater combien tous ceux qui la connaissaient l'avaient (un peu inconsidérément), caractérisée comme "folle", alors que je sentais qu'ils avaient tort de le faire. La vérité est que j'avais perçu très tôt que cette Stella voulaient qu'ils la voient comme "folle". Il y eut des moments où nous deux nous étions seules, parlant tout à fait normalement, et quand quelqu'un s'approchait, elle se mettait à parler d'une manière tout à fait incohérente. Elle m'a toujours donné un sentiment de sérénité, de ce fait, les jugements des autres m'étaient tout à fait indifférents...

Je n'ai travaillé dans cette usine de chocolat que pour une courte période de temps. Il m'arrivait souvent de rencontrer Stella dans la rue, et elle était toujours à dire cette prière - dans son coeur et avec ses lèvres. Elle avait l'habitude de dire la prière d'une manière audible, mais d'une voix très douce. De temps en temps, elle venait chez moi. Pendant ce temps, elle avait l'habitude de vivre dans la buanderie de cette maison à deux étages .

Les années ont passé, j'ai perdu sa trace, mais elle me revenait toujours en mémoire avec un doux souvenir et une douce nostalgie.

Plus tard, en tant que femme mariée, je la revis au Saint Monastère de la Nativité de la Vierge Marie (Hossia Pelaghia) à Akrefnion. Nous étions allés là-bas avec mon mari et nous devions rester au monastère pour la nuit, afin d'être là pour le début de la Divine Liturgie du matin suivant. Les moniales s'excusèrent très poliment auprès de nous, expliquant qu'elles n'avaient pas de chambre disponible pour nous loger pour la nuit à cause des travaux de construction en cours, et que nous aurions à partager la cellule avec "une dame très excentrique" qui y logeait. J'ai accepté. Elles m'ont conduite à cette cellule, où, à ma grande surprise, j'ai réalisé que la "dame" très excentrique était ma très chère Stella, que je n'avais pas vue depuis des années. Ma joie ne pouvait pas être décrite. Nous nous sommes embrassées pendant un temps assez long, quand j'ai soudain entendu les moniales crier: "Mère, venez voir Stella et Militsa s'embrasser!». Nous étions toutes ravies. Ce soir-là, Stella a agi comme un petit enfant dans la joie pure. Elle n'a cessé de frapper dans ses mains, elle riait, elle ne cessait de se signer ....

-Ma Militsa, je suis ravie que tu sois mariée. Tu sais, j'ai beaucoup prié, pour que tu te maries. Je suis si heureuse, si heureuse. Je ne suis triste que parce que tu souffres de tes jambes. Je sais que tu as un problème. Patience ... La prière ... (vous devez garder à l'esprit que Stella ne savait pas que j'avais souffert d'un problème chronique et douloureux des jambes). La position de ton mari va changer, mais ne t'inquiète pas, ce sera pour le mieux. (Et en effet, contre toute attente, mon mari fut obligé de déplacer son cabinet vétérinaire ailleurs).

Cette nuit-là, nous avons parlé de beaucoup de choses. Le lendemain, alors que Stella était assez loin, j'ai dit aux moniales que je m'étais aperçue que c'était une âme sainte... Le lendemain, Stella a quitté le monastère. Elle avait perçu ce qui avait été dit. Elle ne voulait pas qu'on la loue. Lorsque nous l'avons rencontrée à nouveau à une date ultérieure, elle me réprimanda très sévèrement pour avoir fait son éloge. J'ai été surprise, parce que je n'avais rien dit en sa présence. Et pourtant, elle savait que je l'avais louée ...

Une autre fois, elle m'avait dit: "Je ne supporte pas l'honneur que la Mère Spirituelle m'accorde. Regarde ce qu'elle a fait, elle m'a récemment fait dîner ensemble avec elles, avec toutes ces âmes saintes! Qui suis-je ?.... Oh non, non, non Militsa! ». (A suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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