Saint Jean de Changhaï ( fêté le 2 juillet)
L’archevêque Jean naquit dans le sud de la Russie, dans le village d’Adambora, province de Karkhov. Saint Jean de Tobolsk était parmi ses ancêtres de la famille Maximovitch. Il reçut une excellente éducation.
à 15 ans
Dès son enfance, le jeune Michel (il avait pour protecteur l’Archange) mangeait peu et avait une petite santé, mais il était fasciné par les exploits ascétiques de l’archevêque Mélèce Léontovitch dont les reliques se trouvaient au monastère de la Protection de la Mère de Dieu à Kharkov. Le saint homme passait, avant sa mort survenue en 1814, des nuits entières en prière, immobile, les bras levés vers le ciel. Il connaissait le jour de son trépas et était renommé pour dormir peu. Le premier biographe de saint Jean mentionne que le saint archevêque ressemblait à son modèle en toutes choses : il n’avait pas dormi dans un lit depuis quarante ans, il savait l’heure de sa mort et il reposait dans la crypte d’une cathédrale où on célébrait des pannikhides1 et où l’on récitait quotidiennement le psautier pour demander son intercession.
Excellent étudiant en Droit, il passait plus de temps à lire la vie des saints qu’à ses études. Il rencontra le métropolite Antoine Khrapovitsky, l’éminent théologien et candidat au Patriarcat, qui décela immédiatement ses dispositions spirituelles éminentes.
En 1921, pendant la guerre civile, sa famille partit pour Belgrade et le saint ascète obtint un diplôme en Théologie. Il avait payé une partie de ses études en vendant des journaux.
En 1924, il fut ordonné lecteur et, en 1926, on le tonsura moine et l’ordonna diacre, lui donnant le nom de son lointain ancêtre, Jean de Tobolsk.
Le 21 novembre de la même année, il devint hiéromoine. De 1925 à 1927, il enseigna la religion dans un collège serbe ; de 1929 à 1934, il passa au séminaire serbe de Bitol. Il officiait alors en grec pour les Grecs du lieu qui l’estimaient beaucoup. Le Chrysostome serbe, le saint évêque Nicolas Véliminovitch, comme le métropolite Antoine, appréciait beaucoup ses qualités spirituelles. Souventes fois, on l’entendit déclarer : «Si vous voulez voir un saint vivant, allez à Bitol voir le père Jean» ! Plus tard, en France, des prêtres catholiques dirent à leurs ouailles qu’il y avait encore des saints, dans les rues même de Paris, faisant allusion à «Saint Jean Pieds-nus» qui avait alors sa cathédrale dans un garage de Versailles !
Ce fut au séminaire où il enseignait que l’on découvrit qu’il dormait peu, assis ou prostré devant ses icônes. De même qu’il mangeait également peu, une fois par jour avant minuit et se nourrissait en carême de prosphores, s’abstenant de nourriture la première et dernière semaine du quadragésime. Il célébrait chaque jour la Divine Liturgie.
En 1934, on décida de le faire évêque. Ayant reçu une convocation du Synode, il s’y rendait quand il rencontra quelqu'un à qui il raconta qu’il avait été envoyé par erreur à Belgrade, à la place d’un autre hiéromoine Jean. La même personne ayant vérifié, lui annonça que la situation était encore pire : c’était lui qui devait être ordonné évêque !
Il fut alors envoyé en Chine, rétablit l’unité de l’Église orthodoxe et fut très actif dans l’organisation de la vie de ses paroissiens, allant partout dans les prisons, les hôpitaux, les asiles d’aliénés, rassemblant les orphelins des rues pour leur donner un abri et se dépensant inlassablement pour tous, Russes, Serbes, Ukrainiens, Juifs, Chinois. Il célébrait chaque jour, à la cathédrale de Changaï, et puisait dans les Saints Dons une force incommensurable que l’on en s’attendait pas à trouver dans ce petit corps épuisé.
Vladika Jean à Changhaï
Un jour, une de ses paroissiennes fut mordue par un chien enragé. Elle refusa les soins appropriés et eut la rage elle-même. Alors qu’elle était à l’article de la mort, il vint la voir pour la communier. Ayant reçu les Saints Dons, elle les rejeta. Saint Jean les consomma aussitôt, au grand désarroi de ceux qui étaient avec lui et qui savaient que la rage était une maladie terriblement contagieuse. Mais lui, placide et ferme, répondit simplement : «Rien ne m’arrivera, ce sont les Saints Dons» ! Et il avait raison, le Corps très saint et le Sang très précieux du Christ le vivifièrent chaque jour de sa vie.
Quelqu'un lui avait écrit de Hong Kong et n’avait pas reçu de réponse. Après une année, Vladika Jean était dans la ville et, au milieu de la foule, il appela l’homme qui lui avait écrit et qu’il n’avait jamais vu de sa vie !
En 1946, il fut nommé archevêque et, en 1949, après l’arrivée des communistes en Chine, il se réfugia avec cinq cents personnes aux Philippines, sur une île souvent ravagée par les typhons. Pendant toute la durée du séjour des réfugiés, l’archevêque Jean bénissait les quatre coins du camp et il ne fut menacé qu’une fois par un typhon qui se dérouta. Après leur départ, il fut totalement détruit par les éléments. Il avait emmené ses paroissiens aux USA, obtenant pour chacun d’entre eux un visa d’entrée.
En 1951, il devint archevêque d’Europe occidentale, d’abord à Paris puis à Bruxelles. Il s’intéressa tout de suite aux saints locaux et les fit incorporer dans le calendrier de l’Église Russe Hors-Frontières. Il encouragea les services en français et y participa. Il savait célébrer la Divine Liturgie dans une foule de langues dont le grec, le chinois, le français et le hollandais.
Mais Vladika Jean était un fol-en-Christ ! Refusant les apparences mensongères de la gloire humaine et mondaine, il se comportait quelquefois d’une manière qui choquait les esprits épris de bon ton et d’attitudes guindées. Il était pieds nus dans ses sandales mais, quelquefois, ayant donné ses chaussures à un mendiant, il arrivait pieds nus et célébrait ainsi. Il n’avait pas beaucoup de respect pour ce que certains hommes d’Eglise considèrent comme les convenances, obligatoires dans le monde. Ce que Dieu demandait, il le faisait, ne se posant pas la question de savoir si le monde allait être embarrassé.
1952:Tunis
Une lumière apparait autour de sa tête
On aurait aimé qu’il ait plus l’air d’un hiérarque avec des vêtements impeccables et une diction meilleure, mais il était ainsi, mal coiffé, hirsute, ayant l’air d’un fou, habillé comme il le faisait déjà en Chine, des étoffes les plus grossières, nu-pieds trop souvent et aspergeant d’eau bénite en plein visage, les bonnes dames de l’excellente société russe. Avec les enfants, c’était autre chose. Les enfants l’adoraient car sa sainteté leur était évidente et ils comprenaient très vite à quel point il était vrai !
Genève 1956
Un jour, il se trouvait à Marseille. La ville, pour lui, était d’abord celle où le roi de Yougoslavie avait été cruellement assassiné. Il voulut «naturellement» célébrer une pannikhide à la mémoire du Roi. Dans l’église, tout le monde eut été heureux de l’assister et de pontifier plus que lui-même ne le fit jamais, mais en pleine rue !… Car il voulut célébrer l’office à l’endroit même où avait eu lieu l’assassinat et son clergé eut honte et le laissa seul, au milieu de la rue, avec une petite valise et un balai. Il s’installa, balaya un coin de route pour y poser l’aigle épiscopal sur lequel il allait se tenir et alluma l’encensoir. Il officia seul jusques au bout. L’icône de la cathédrale Saint Jean Baptiste de Washington D.C., fondée avec sa bénédiction, a maintenant une grande icône avec des scènes de sa vie. Sur une des «fenêtres», on voit l’archevêque, au milieu des rues de Marseille, entouré de voitures, célébrant la mémoire du roi Alexandre de Yougoslavie !
Il accomplit aussi innombrables miracles en Europe, avant de retourner aux Etats-Unis, en 1962. La communauté de San Francisco était divisée, il réussit à apaiser les dissensions et, malgré les difficultés, à faire construire la cathédrale orthodoxe où il reposera après sa mort. Il connaissait l’heure de sa mort, ayant annoncé qu’il mourrait à Seattle. Il mourut devant l’icône miraculeuse de Koursk, celle-là même qui avait guéri le jeune Séraphim de Sarov.
Après sa mort, jusques à sa glorification et depuis lors, les miracles n’ont pas cessé. Les reliques saintes et incorrompues sont maintenant dans la cathédrale et non plus dans la crypte. Pendant des années, des messages sont venus du monde entier et ont été mis sous sa mitre, dans le sépulcre où il reposait. Et il a prié pour que Dieu exauce les demandes de ceux qui lui demandaient d’intercéder. Il est apparu souvent et en des lieux différents, à des gens qui, quelquefois, ne le connaissaient pas et les a réconfortés. Il a continué son apostolat depuis les autels célestes et n’a pas abandonné ceux qui faisaient appel à lui. Il a parlé, consolé, enseigné, comme s’il était encore parmi nous et il est encore parmi nous. Beaucoup de convertis à l’orthodoxie ont compris la sainteté parce qu’il la leur a enseignée par sa vie et ses actes. Nous pouvons encore rencontrer des gens qui l’ont connu. Quand nous les rencontrons effectivement et qu’ils nous parlent de lui, nous comprenons quel être extraordinaire a habité parmi nous, a foulé notre terre, a vénéré les vieux saints occidentaux qui étaient oubliés et rejetés et nous a appris à les aimer.
La cellule de son natalice
Pendant des années, inlassablement, la Saint Herman of Alaska Brotherhood (de Platina, en Californie) a maintenu la flamme du souvenir, publiant des témoignages innombrables sur la vie et les miracles de saint Jean. Il les avait bénis pour commencer la vie monastique dans les déserts de Californie et ils ont transmis au monde entier l’enseignement du bienheureux hiérarque.
Funérailles à San Francisco
Reliques de saint Jean
Leur livre, «Blessed John» (Le Bienheureux Jean) a répertorié des centaines de manifestations de sainteté du bienheureux Vladika Jean. Dans ce livre qui eut plusieurs éditions et dans la revue Orthodox Word, ils ont répandu dans le monde la vénération de l’archevêque fol-en-Christ. Voici quelques témoignages publiés par la revue mentionnée...
Icône de la Cathédrale
St. JohnThe Baptist de Washington D.C.
USA
• J’inclus ici une note que j’ai écrite en 1972. Aujourd’hui, un de mes amis catholique romain m’a raconté un rêve qu’il a eu la nuit dernière. Hier, je lui ai dit que quand il irait à San Francisco, la semaine prochaine, il devrait s’arrêter à la cathédrale russe Hors-Frontières et me rapporter de l’huile de la lampe qui brûle au dessus du tombeau de Jean Maximovitch. Il me raconta son rêve de la nuit dernière : quand il alla à la cathédrale, il commença à prendre de l’huile de la lampe, en grande quantité, et puis il entendit une voix qui disait : «Dis à M. (donc à moi), de venir ici lui-même et de prendre l’huile». Cet ami me dit aussi qu’il commença à faire le signe de la croix à la manière orthodoxe. Mais il lui fut dit qu’il ne tenait pas correctement ses doigts. Il se corrigea et puis il se réveilla au lit, faisant le signe de la croix correctement, à la manière orthodoxe. Son compagnon de chambre, un boudhiste, lui demanda ce qu’il faisait. Il le regarda et lui dit : «Je prie».
Je pense que je devais vous écrire cela. Qui sait ? Peut-être que Jean Maximovitch est un saint. Plus tard, j’ai voyagé jusqu’à San Francisco, je suis allé directement à la tombe, après la Divine Liturgie. J’ai prié près des reliques de Vladika Jean, lui demandant pardon pour le scepticisme que j’avais à propos de sa sainteté. Cela veut dire beaucoup pour moi que Vladika Jean m’ait amené à l’église synodale, à San Francisco, en particulier pour être près de ses saintes reliques. (27 avril 1976)
• Un samedi, je rendis visite à une de mes amies américaines, maintenant décédée, qui vivait dans une maison de retraite et ne pouvait se déplacer qu’en chaise roulante. Elle était entièrement seule et mes visites lui faisaient toujours grand plaisir. Il faisait très chaud ce jour-là, et je devais voyager pendant à peu près une heure avant d’arriver vers elle. Ayant passé quelque temps avec elle, je commençai à me préparer à rentrer à la maison dans une chaleur assez étouffante. Mais je réussis à demander à une femme qui venait voir sa mère de me prendre avec elle dans sa voiture, bien que cela n’ait pas été sur son chemin. Elle me conduisit à mon appartement et, afin de ne pas la retenir trop longtemps, je sortis très vite de l’automobile et, dans ma hâte, je fermai la porte sur trois doigts de ma main droite. La douleur fut très intense, et la femme fut effrayée. Mais, immédiatement, je courus à l’intérieur, dans la maison ; il y avait du sang, une douleur terrible et, immédiatement les jointures de mes trois doigts se mirent à enfler immensément et à devenir bleues. Je pensais que les doigts étaient brisés, puisque je ne pouvais pas les plier. Je dois vous dire que je travaille comme pianiste dans une école de danse et que je joue plusieurs heures par jour, tous les jours. Je pensais que je serais incapable de travailler pendant longtemps et que je pouvais même perdre mon travail, et j’étais terrifiée. Aussi, en larmes, je me tournai pour demander de l’aide vers Vladika Jean, avec ces paroles : «Tu vois, Vladika, ce qui est arrivé à ma main. Pendant ta vie, tu as aimé visiter les malades. J’aime aussi visiter les malades et, maintenant, je peux perdre mon travail». En larmes, je tombai dans le sommeil après avoir placé ma main malade sur son portrait. Je me réveillai le matin et je ne pouvais pas reconnaître ma propre main. ce qui était enflé avait disparu, la couleur était normale et il y avait seulement une petite douleur à peine sensible quand je pliais les doigts. Pendant tout le dimanche, j’ai remercié Vladika, et je demandai qu’il me guérisse complètement. Le lundi, il ne restait plus de trace et je jouai, sans gêne aucune, pendant plusieurs heures. Depuis ce temps-là, je remercie Vladika chaque jour et je prie pour le repos de son âme. J’aimerais vivre pour voir sa canonisation. (27 mai 1977)
• «Le Christ est ressuscité ! En vérité, Il est ressuscité» ! Cher Père, avec les prières de reconnaissance au Christ ressuscité, Celui qui accomplit des miracles à travers ses saints, je vous écris cette relation. Pendant plusieurs années, j’ai eu une grosseur dans la peau, du côté de la nuque. Cela a commencé comme une tête d’épingle, et cela a grandi en taille et en longueur, jusqu’à ce que cela atteigne une proportion considérable. Il y a un an et demi, j’ai été forcé d’enlever ma croix et ma chaîne, parce que la chaîne coupait la grosseur, la faisait saigner et me faisait très mal. J’ai mis ma croix et ma chaîne dans le tiroir d’une commode. Cela m’ennuyait de ne pas porter la croix du Christ autour de mon cou et, quelquefois, je pensais qu’il me faudrait faire enlever cette grosseur par un chirurgien. Mais j’avais d’autres problèmes et d’autres soucis et ceci ne semblait qu’une partie de ces soucis. Je ne me fis pas opérer. Au lieu de cela, par la prière et le jeûne, j’essayai d’améliorer mon être intérieur plutôt que mon apparence extérieure. Alors que je commandais des icônes d’un magasin de Californie, je vis quelque chose à propos d’une huile gratuite du sépulcre de l’archevêque Jean Maximovitch. Alors, par curiosité, j’ai demandé un peu de cette huile. A ce moment-là, je n’avais pas la moindre idée sur cet homme et ce qu’il avait fait. Je ne savais rien de lui. Ma commande fut un peu retardée, c’était la volonté de Dieu. Cependant, pendant ce temps, je commençais à apprendre des choses sur l’archevêque Jean, sa pieuse vie, ses œuvres, ses actions, ses guérisons, et j’entendis parler de cette huile et de la manière de l’utiliser. Un sentiment réel de respect commença à croître en mon cœur pour cet homme. A ce moment-là, de tout mon amour, je demandai les prières de l’archevêque, et je priai aussi pour son repos. Dans ma prière, je dis à l’archevêque que, commençant le premier jour du carême, je me ferais une onction sur la nuque avec son huile et lui demandai qu’il supplie le Seigneur de faire disparaître cette grosseur. Ainsi, pendant les quelques jours qui restaient avant le début du carême, je priais : «S’il te plaît, souviens-toi de moi, archevêque Jean. Tu sais combien je veux à nouveau porter ma croix. Prie pour moi, toi qui es agréable à Dieu. Thaumaturge béni, enlève cette grosseur qui m’empêche de porter la Croix vivifiante de notre Sauveur».
La nuit du lundi 13 mars 1978, après que j’eus dit mes prières du soir, dans mon coin d’icônes, je pris de l’huile de mon étagère, j’en mis un peu sur mon doigt et, pour la première fois, je me fis l’onction dans la région où il y avait la grosseur. Je ne ressentais rien. Combien il était étrange, pensai-je instantanément, que je manque l’endroit où il y avait cette grosseur ! Mais comment pouvais-je manquer cette grosseur ? Elle avait été avec moi pendant si longtemps. Je partis du coin d’icônes jusqu’à un miroir mural pour vérifier, mais la veilleuse n’était pas suffisante pour voir. Mon cœur commençait à battre fortement. Je me ruai vers la salle de bain, j’allumai la lumière et je vérifiai ce qu’il y avait sur ma nuque. La grosseur était partie, il n’y avait pas de sang, pas de cicatrice, pas de douleur. Avec des larmes, je retournai vers mon coin d’icônes et je remerciai l’archevêque Jean Maximovitch. Peu de temps après, je fis dire une pannikhide pour le repos du bienheureux Jean. Pour ce service, je portai ma croix pour la première fois depuis plus d’un an. Maintenant, chaque fois que je touche cette croix, je remercie le bienheureux Jean et je prierai pour lui toujours. Pour votre information, j’ai trente-trois ans, je suis marié et je suis père de deux enfants. Dieu m’est témoin que ce que j’ai écrit est la vérité.
• Dans les Philippines, j’accompagnais souvent Vladika à la ville de Guyane où, dans un hôpital philippin, il y avait des Russes qui étaient sérieusement blessés, à qui Vladika rendait visite, leur donnant de petits Evangiles et des petites icônes. Au cours d’un de ces voyages, en entrant dans le quartier russe, nous entendîmes des cris terribles semblant venir de loin. Vladika demanda la raison de ces cris. L’infirmière russe lui répliqua qu’ils venaient d’une femme qui était perdue et qui, parce qu’elle dérangeait les patients avec ses cris, avait été placée dans l’hôpital militaire américain inutilisé qui était près de ce bâtiment. Vladika décida immédiatement d’aller vers la femme malade mais l’infirmière russe lui conseilla de ne pas y aller parce qu’une odeur épouvantable venait d’elle. «Cela ne veux rien dire», dit Vladika. Et, d’un pas rapide, il alla vers la femme malade dans le bâtiment à côté. Je le suivis. En fait, il y avait vraiment une odeur insupportable qui venait de cette femme malade. Allant jusqu’à elle, Vladika mit une croix sur sa tête et commença à prier. Je sortis. Il pria pendant assez longtemps, puis il confessa la femme malade et lui donna la sainte communion. Quand nous partîmes, il n’y avait plus de cris, seulement un grognement très doux. Quelque temps passa. Au cours d’un autre voyage à l’hôpital, nous avions à peine franchi le seuil de la cour qu’une femme vint en courant de l’hôpital et se jeta aux pieds de Vladika. C’était la femme qui était perdue et pour laquelle Vladika avait prié.
Récemment, le hiéromoine Damascène1, membre de la fraternité de Saint Germain d’Alaska, a remarqué que «la chose la plus remarquable dans la vie de saint Jean tient au fait qu’il exprima par sa vie beaucoup de types de sainteté différents. […]
1. Il fut avant tout un grand ascète, dans la tradition des saints moines d’autrefois comme saint Macaire le Grand, saint Pacôme le Grand et bien d’autres…
2. Il savait lire dans les cœurs et pouvait identifier et nommer des gens qu’il n’avait jamais vus auparavant. Illuminé par la Grâce de Dieu, il pouvait entendre et répondre aux pensées des autres, avant qu’ils ne les expriment. Il prévoyait le futur, il connut ainsi le temps de sa propre mort. Ainsi, il appartint tout à fait à la tradition des grands moines et staretz d’autrefois et, plus particulièrement, à celle des Pères spirituels clairvoyants du monastère d’Optino.
3. Il fut miséricordieux dans la tradition de saint Philarète le Miséricordieux et de bien d’autres saints. […] Il se sacrifia pour les orphelins, allant les chercher dans des bidonvilles dangereux et dans des maisons de prostitution […].
4. Il fut hiérarque et théologien […].
5. Il fut apôtre, évangéliste et missionnaire, dans la tradition des saints Cyrille et Méthode […]1.
6. Il fut anargyre et thaumaturge dans la tradition de saint Martin de Tours, de saint Nicolas de Myre en Lycie et de bien d’autres […].
7. Il fut pasteur aimant se sacrifier pour son troupeau, comme saint Jean de Cronstadt et tous les autres hiérarques et prêtres saints du passé. Son amour était si grand que tout un chacun avait l’impression d’être son favori. Il débordait d’amour sacrificiel pour son troupeau et pour ceux qui était au dehors de ce troupeau également, comme en témoigne la vieille femme juive mourante qu’il guérit soudain par les paroles de la salutation pascale : «Christ est ressuscité !».
8. Il délivra le peuple de la captivivé comme le saint Théopte Moïse et saint Paulin de Nole. Il sortit cinq mille fidèles orthodoxes de Chine communiste pour les amener en Amérique.
9. Enfin, il fut, à un certain degré, fol-en-Christ dans la tradition de saint André de Constantinople. Il ne pouvait pas être fol-en-Christ dans la pleine acception du terme car cela aurait compromis la dignité de son service de hiérarque. Et pourtant, à plusieurs reprises, il fit des choses étranges pour le monde, suscitant la réprobation de gens qui ne le virent pas pour ce qu’il était : un homme de Dieu. Il fut ainsi critiqué pour avoir marché pieds nus et pour avoir porté une mitre de carton que lui avaient fabriquée ses orphelins».
Hirsute, cheveux en bataille, lunettes de guingois, pieds nus, bégayant comme le saint Théopte Moïse, ne s’accordant nul répit sur la terre des vivants, ne dormant que quelques heures, ne mangeant qu’une fois par jour, ne craignant pas d’affronter ce que les autres considéraient comme le ridicule pour sauver les âmes, ne faisant acception ni de nationalité, ni de langue, ni de quoi que ce soit devant la détresse des malades, des prisonniers, des aliénés, le bienheureux Vladika Jean est un grand Luminaire au ciel de l’orthodoxie.
Un soir de novembre 1964, alors que l’Eglise Russe Hors-Frontières célébrait la glorification de saint Jean de Cronstadt, peu de gens vinrent aux vigiles à la cathédrale de San Francisco. Un groupe de Russes avait organisé un bal ce soir-là pour Halloween, fête païenne s’il en est. Saint Jean se rendit après le service dans la salle de danse. La musique s’arrêta et il fit, bâton pastoral à la main, le tour de la salle en regardant chacun de ceux qu’il connaissait sans mot dire, à la consternation générale. Il partit, sans rien dire aussi, et le lendemain, à l’église, exprima son indignation.
Il fut un superbe père spirituel. Un de ses enfants disait, peu de temps après sa mort, qu’il n’aurait jamais plus de père spirituel car personne ne pourrait, comme Vladika Jean, lui téléphoner au milieu de la nuit pour lui dire : «Cesse de prier et va dormir, le Seigneur a entendu ta prière et l’a exaucée» !
Il allait toujours à la recherche de la brebis perdue, où qu’elle se trouve. Dans la région de Montpellier, il partit avec un diacre français de mes amis, prier sur les tombes des Russes qui étaient enterrés dans un cimetière local. Il chercha longtemps une tombe et l’on chercha avec lui, sans résultat. On n’osait pas le presser de partir car il s’entêtait à chercher, étant sûr qu’il y avait cette âme pour laquelle il devait prier dans ce cimetière. Finalement, il sortit du cimetière et, dans ce qui était l’ancien cimetière désaffecté, trouva la tombe du défunt russe qu’il cherchait et put prier pour lui.
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Que Vladika Jean cherche toujours nos âmes indignes pour les protéger et les conduire au Christ ! Amen !
Claude Lopez-Ginisty
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Ecoutez la voix de saint Jean Maximovitch!
Ecoutez sa vie ( en anglais):
Photos & Icônes:
Video de sa glorification ( en grec!):
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