Dans une conversation avec un moine, le lumineux Staretz se livre et parlant de lui, il nous encourage à le suivre sur les chemins de Dieu. Et partageant avec nous son expérience personnelle et une grande grâce qui lui a été donnée par la prière, il désire que nous soyons aussi des amis de Dieu.
« Ma joie, je t’en prie, acquiers l’Esprit de Paix ! » disait Père Séraphim à [un] moine et aussitôt, il commença à expliquer ce que signifiait acquérir l’Esprit de Paix.
« Cela signifie se mettre en un état tel que notre esprit ne sera pas dérangé par quoi que soit. On doit être comme un homme mort ou bien complètement sourd et aveugle à toute épreuve, calomnie, accusations et persécutions qui sont le lot inévitable de tous ceux qui désirent suivre le chemin salvateur du Christ. Car on doit passer par de nombreuses épreuves pour entrer dans le Royaume des Cieux. C’est la voie par laquelle de nombreux justes furent sauvés et héritèrent du Royaume Céleste. Et comparé à cela toute la gloire du monde n’est rien ; toutes les réjouissances de ce monde ne sont pas même une ombre de ce qui est préparé dans les demeures célestes pour ceux qui aiment Dieu : là est l’éternelle joie et le triomphe éternel. Afin que notre esprit ait la liberté de s’élever jusques à ce lieu et qu’il soit nourri de l’entretien le plus doux avec le Seigneur, il faut devenir humble par les veilles, la prière et la mémoire constante du Seigneur.
Et moi l’humble Séraphim, je parcours l’Evangile chaque jour. Le lundi je lis Saint Matthieu du début à la fin ; le mardi Saint Marc ; Le mercredi Saint Luc ; le Jeudi Saint Jean ; les autres jours, je les consacre à la lecture des Actes et aux Epîtres des Apôtres. Et pas un seul jour, je ne néglige de lire l’Epître et l’Evangile du jour et les lectures consacrées aux saints.
Ainsi par cette lecture, non seulement mon âme, mais même mon corps se réjouit et est vivifié car je converse avec le Seigneur, je garde en mon intellect Sa vie, et Ses Souffrances et nuit et jour je glorifie et remercie mon Rédempteur pour toutes les miséricordes qui sont déversées sur les hommes et sur moi-même qui en suis indigne. »
Puis avec une joie indescriptible, il dit : « Bien, je vais te raconter quelque chose au sujet du pauvre Séraphim ! J’ai particulièrement goûté les paroles de mon Seigneur Jésus-Christ, « Dans la maison de mon père il y a plusieurs demeures » ( c‘est-à-dire pour ceux qui Le servent et glorifient Son Saint Nom). A ces paroles, moi l’humble Séraphim, je me suis arrêté et j’ai désiré voir ces célestes demeures… Et j’ai prié mon Seigneur Jésus-Christ de me les montrer et le Seigneur ne me priva pas, dans mon indigence, de Sa Grâce. Il accomplit mon désir et ma requête, et je fus ainsi transporté vers ces demeures célestes. Seulement je ne sais si c’était dans mon corps ou sans lui, Dieu le sait : c’est une chose difficile à concevoir. De la joie et la douceur céleste que j’ai eues en partage, il est impossible d’en dire mot. »
A ces paroles, le Père Séraphim devint silencieux…Il inclina la tête, caressant doucement son cœur de sa main… Son visage commença à changer progressivement et il devint si lumineux qu’il était impossible de le regarder. Pendant ce silence sacré, il était avec une ineffable humilité, comme [absorbé] dans la contemplation.
Puis le Père Séraphim recommença à parler. « Oh, si seulement tu pouvais savoir » dit le Staretz au moine, « quelle joie, quelle douceur attend les âmes des justes au Ciel, alors tu serais déterminé à supporter dès cette vie passagère, toute épreuve, persécution et calomnie avec gratitude. Si cette cellule qui est nôtre - en disant cela il montrait sa cellule- était pleine de vers, et si ces vers devaient manger notre chair pendant toute notre vie temporelle, alors nous devrions désirer grandement y consentir, ne serait-ce que pour ne pas être privés de cette joie céleste que Dieu a préparée pour ceux Qui L’aiment. Là, il n’y a ni maladie, ni peine ni lamentation, il n’est que douceur et ineffable réjouissance ; là, les justes brilleront comme le soleil. Mais si le saint Apôtre Paul lui-même ( 2 Corinthiens 12,2-4) ne pouvait expliquer cette gloire et cette joie célestes, alors quelle autre langue humaine pourrait décrire la beauté de la Haute Demeure dans laquelle les âmes des justes seront établies ? »
Pour conclure sa causerie, le Staretz parla de la nécessité de prendre grand soin de son propre salut dès maintenant avant que le temps favorable pour ce faire ne soit révolu. » ( in Chroniques du Couvent de Diviyévo publiées à Saint Petersbourg en 1903, année de la glorification parmi les saints du Staretz Séraphim de Sarov)
Que les derniers mots de ces précieux et salvifiques enseignements soient les paroles bénies prononcées par l’humble thaumaturge de Sarov Séraphim s’adressant à Nicolas Aléxandrovitch Motovilov après l’entretien qu’il eut avec lui sur le but de la vie chrétienne. Elles s’adressent aussi à nous puisque le Staretz l’avait prédit…
« Et ainsi, ami de Dieu, à présent je vous ai parlé et vous ai donné une démonstration pratique de tout ce qu’il a plu au Seigneur et à la Mère de Dieu de vous dire et de vous monter par l’entremise du pauvre Séraphim. Maintenant, allez en paix ! Que le Seigneur et la Mère de Dieu soient toujours avec vous, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen ! Maintenant, allez en paix ! » ( Entretien avec Motovilov : Chapitre 7, La Paix et la Chaleur de la Grâce)
(Saint Triphon le 9/22 avril 2003 A.D., Grand Mardi de la Semaine Sainte & Mémoire des Saints Raphaël, Nicolas & enfant Irène, Néomartyrs de Lesbos)
Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)
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