jeudi 23 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (10)


L’ascèse la plus difficile reste, pour les laïcs comme pour les moines –Saint Séraphim dans son Entretien avec Nicolas Alexandrovitch Motovilov, indiqua bien que cette distinction d’état n’était pas importante- celle du silence.
« Le silence absolu est une croix sur laquelle l’homme doit se crucifier lui-même avec toutes les passions et les désirs. Mais pensez seulement combien notre Maître le Christ a souffert auparavant des insultes et des offenses avant de monter sur la Croix.
Ainsi, nous ne pouvons pas entrer dans le silence absolu et l’espérance de la sainte perfection si nous ne souffrons avec le Christ. Car, le dit l’Apôtre : «Pourvu toutefois que nous souffrions avec Lui afin que nous soyons glorifiés avec Lui» (Romains 8, 17). Il n’est nulle autre voie. (Saint Barsanuphe, Réponse 342)
« Celui qui est entré dans le silence doit absolument garder à l’esprit la raison pour laquelle il l’a fait afin que son cœur ne soit pas détourné vers quelque autre objet. » ( IS 38 : Le silence absolu)
« Plus que toute autre chose, on devrait s’entourer de silence car saint Ambroise dit : «J’ai vu beaucoup d’êtres sauvés par le silence mais personne par le bavardage». Et un des Pères, saint Isaac le Syrien, dit que «le silence est le mystère du siècle à venir, tandis que les mots sont l’attirail de ce monde».
Assieds-toi seulement dans ta cellule, dans l’attention et le silence, et efforce-toi par tous les moyens de t’approcher du Seigneur et le Seigneur est prêt à te transformer, faisant de l’homme que tu es un ange à qui Il dit : «Voici sur qui je porterai mes regards : sur celui qui est doux et silencieux et qui tremble à Mes paroles» (Isaïe 66, 2).
Quand nous resterons silencieux, le Malin notre ennemi n’aura aucun succès avec l’homme au cœur caché ; ceci doit être compris à propos du silence dans l’intellect.
Celui qui s’adonne à un tel effort ascétique devrait placer tout son espoir dans le Seigneur Dieu, en accord avec l’enseignement de l’apôtre Pierre disant : « Jetez dans Son sein toutes vos inquiétudes, car Il a soin de vous» (1 Pierre 5, 7).
Un tel homme doit être constant dans cet effort ascétique, suivant dans ce cas l’exemple de saint Jean le Silencieux, l’anachorète (Vie des Saints, 3 décembre) qui, à la traversée de cette vie, se fortifiait par ces paroles divines : «Je ne vous laisserai point et ne vous abandonnerai point» (Hébreux 13, 5).
Si tandis que l’on vit au monastère, on ne peut rester dans la solitude et le silence et s’occuper aux obédiences données par l’higoumène, alors du moins le peu de temps qui reste après les obédiences devrait-il être dédié à la solitude et au silence et, pour ce petit effort, le Seigneur Dieu ne négligera pas d’envoyer Sa miséricorde qui confère la Grâce.
De la solitude et du silence naissent la componction et la douceur. L’activité de cette dernière dans le cœur humain peut être comparée à l’eau calme de Siloë qui coule sans bruit aucun, ainsi que le dit le prophète : «Les eaux de Siloë qui coulent doucement» (Isaïe 8, 6).
Le fait de rester dans sa cellule en silence, le travail, la prière et l’étude jour et nuit de la Loi de Dieu rendent un homme pieux car, selon les paroles des saints Pères, «la cellule du moine est la fournaise de Babylone et en elle les trois jeunes gens ont trouvé le Fils de Dieu». (Saint Pierre Damascène, Philocalie) » ( IS 37 : La Solitude et le Silence)

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

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