lundi 30 mars 2009

SAINT SERAPHIM DE SAROV: INSTRUCTIONS SPIRITUELLES: 40



40 — Réponse à un novice qui demandait des instructions spirituelles sur la manière de mener la vie anachorétique


Que tu sois venu dans ce monastère suite à un conseil qui t’a été donné ou sur la décision d’autrui, ou encore de toute autre façon, ne tombe pas dans l’abattement, car il s’agit là d’une visitation de Dieu. Si tu observes ce que je vais te dire, tu seras sauvé toi-même et les proches dont tu t’occupes : “Jamais je n’ai vu », dit le prophète, « le juste abandonné ni sa descendance mendier son pain” (Ps 36, 25). Donc, vivant dans ce monastère, observe ces règles : debout dans l’église, suis tout le service sans omission, apprends tout l’ordo ecclésial, c’est-à-dire, vêpres, complies, office de minuit, matines, heures, et apprends à les garder en mémoire.

Si tu te trouves dans ta cellule sans travail manuel, adonne-toi à la lecture, surtout celle du Psautier. Efforce-toi de lire chaque cathisme plusieurs fois afin de tous les mémoriser. Si tu as du travail manuel, fais-le, si on t’appelle pour une obédience, hâte-toi de l’accomplir. Travaillant manuellement ou te trouvant où que ce soit pour une obédience, dis constamment la prière : “Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur !" Lors de la prière, sois attentif à toi-même, c’est-à-dire concentre ton intellect et unis-le avec l’âme. Au début, un jour, deux jours ou plus, dis cette prière seulement avec l’intellect, en séparant les mots, en prêtant attention à chaque parole. Puis, quand le Seigneur enflammera ton cœur par la grâce et unira en toi cette prière en un seul esprit, alors elle coulera en toi sans cesse et sera toujours avec toi, te réjouissant et te nourrissant. C’est cette même chose dont parle le prophète Isaïe : “Car ta rosée est une rosée vivifiante” (Is 26, 19).

Et quand tu porteras en toi cette nourriture de l’âme, c’est-à-dire cette conversation avec le Seigneur Lui-même, alors pourquoi irais-tu dans les cellules des frères, même si on t’y appelle ? Je te le dis, en vérité, que ce vain bavardage est un penchant pour l’oisiveté. Si tu ne te comprends toi-même, peux-tu raisonner sur quoi que ce soit et enseigner les autres ? Tais-toi, tais-toi sans cesse, te souvenant toujours de la présence de Dieu et de Son Nom. N’entre en conversation avec personne mais garde-toi de juger ceux qui parlent beaucoup ou qui rient. Dans ce cas, sois sourd et muet, et quoi que l’on dise de toi, n’y prête pas l’oreille. Prends en exemple saint Etienne le Nouveau (Vie des Saints, 28 novembre) dont la prière était continue, le caractère doux, la bouche silencieuse, le cœur humble, l’esprit rempli de componction (oumilénié), le corps et l’âme purs, la virginité immaculée, la pauvreté véritable et le dépouillement sans murmure, la soumission parfaite, l’activité patiente et le labeur diligent.

Assis à la table du réfectoire, ne regarde pas et ne juge pas combien les autres mangent mais sois attentif à toi-même, nourrissant ton âme dans la prière. Au déjeuner, mange suffisamment, au dîner, restreins-toi. Le mercredi et le vendredi, si tu le peux, ne mange qu’une fois le jour. Dors quatre heures la nuit, à la dixième, onzième, douzième et à l’heure après minuit [c’est-à-dire de neuf heures du soir à une heure du matin] ; si tu es exténué, tu peux dormir un peu dans la journée. Garde cela jusqu’à la fin de ta vie, ceci est nécessaire pour le repos de la tête. Je l’ai fait moi-même depuis ma jeunesse. Si tu observes cela, tu ne seras pas abattu mais sain et joyeux.

Je te dis la vérité, si tu te conduis ainsi, tu séjourneras dans ton monastère jusqu’à ton trépas. Humilie-toi et le Seigneur t’aidera, "Il fera éclater ta justice comme la lumière, et ton droit comme le plein midi" (ps. 36,6), et "ta lumière luira devant les hommes" (Matth. 5,16).

Version française Claude Lopez-Ginisty

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