vendredi 20 mars 2009

SAINT SERAPHIM DE SAROV: INSTRUCTIONS SPIRITUELLES: 30



30 — De l’attention sur soi-même

Celui qui chemine sur la voie de l’attention ne doit pas faire confiance à son seul cœur, mais il doit vérifier les mouvements de son cœur et sa vie par rapport à la loi de Dieu et à la vie active des ascètes de la piété qui ont l’expérience de la lutte contre les passions. Ainsi, on peut plus facilement se sauver du Malin et contempler plus clairement la vérité.

L’intellect de l’homme attentif est pour ainsi dire comme une sentinelle en service ou un garde vigilant de la Jérusalem intérieure. Se tenant debout sur la hauteur de la contemplation spirituelle, il regarde avec un œil pur les puissances ennemies qui encerclent et attaquent son âme comme l’a dit le psalmiste : “Mon œil a vu de loin mes ennemis” (Ps 53, 9).

A cet œil, le Malin n’est pas caché qui “rôde comme un lion rugissant cherchant qui il pourra dévorer” (1 P 5, 8) et ne sont point cachés non plus ceux qui bandent leurs arcs “pour tirer dans l’ombre sur les cœurs droits” (Ps 10, 2).

Alors, un tel homme reçoit, selon l’enseignement du divin Paul “toutes les armes de Dieu afin d’être capable de résister au jour mauvais” (Eph 6, 13) et avec celles-ci et toute la grâce coopérante de Dieu, il repousse les attaques visibles et défait les guerriers invisibles.

Celui qui chemine sur cette voie ne doit pas prêter attention aux rumeurs qui viennent de toutes parts et qui peuvent remplir sa tête de pensées et de souvenirs oiseux et vains. Il ne doit porter l’attention que vers lui-même.

Sur cette voie, on doit se garder de se tourner vers les affaires des autres, on ne doit ni penser, ni parler de cela, selon le Psalmiste : “Ma bouche ne dira pas les actions des hommes” (Ps 16, 4) mais on doit prier le Seigneur ainsi : “De [mes péchés] qui sont cachés en moi, purifie-moi, et de ceux qui me sont étrangers, préserve ton serviteur” (Ps 18, 13-14).

L’homme doit diriger son attention sur le commencement et la fin de sa vie, cependant il doit être indifférent au milieu de celle-ci, lorsqu’arrivent bonheurs et malheurs. 

Pour préserver l’attention, on doit se retirer en soi-même, selon la parole du Seigneur : “Ne saluez personne en chemin” (Lc 10, 4) c’est-à-dire ne parle pas sans nécessité, à moins que quelqu’un ne courre après toi pour entendre de toi quelque chose de profitable.

Version française Claude Lopez-Ginisty


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