lundi 16 mars 2009

SAINT SERAPHIM DE SAROV: INSTRUCTIONS SPIRITUELLES: 25



25 — Comment conserver la paix de l’âme

Par tous les moyens, on doit s’efforcer de préserver la paix de l’âme et de ne pas être troublé par les offenses des autres. Pour cela, on doit s’efforcer de restreindre la colère et par le biais de l’attention de garder l’intellect et le cœur de toutes impulsions néfastes.

Une telle pratique peut apporter la tranquillité au cœur de l’homme et en faire une demeure pour Dieu Lui-même.

Nous voyons l’exemple d’une telle absence de colère chez Saint Grégoire le Thaumaturge, à qui une prostituée demandait sur la place publique une rétribution pour un péché soi-disant commis avec elle. Et lui, ne se fâchant pas le moins du monde contre elle, dit avec douceur à l’un de ses amis : ” Donne-lui vite la somme qu’elle demande ! ” A peine avait-elle reçu l’injuste salaire qu’elle fut sujette à une attaque d’un démon. Le saint, quant à lui, chassa d’elle le démon par la prière ( Vie des Saints, 17 novembre).

S’il est cependant impossible de ne pas être troublé, il faut au moins s’efforcer de retenir sa langue, comme le dit le Psalmiste : “J’étais troublé, et je n’ai point parlé ” ( Ps 76,5).

Dans ce cas nous devons prendre pour exemples les Saints Spyridon de Trimithonte et Ephrem le Syrien. Le premier (Vie des Saints, 12 décembre) supporta ainsi une offense : quand à la demande de l’Empereur grec, il se présenta au palais, l’un des serviteurs qui s’y trouvait, le prit pour un mendiant, se moqua de lui en éclatant de rire, ne lui permit pas d’entrer dans le palais impérial et le frappa à la joue. Saint Spyridon, étant doux, lui tendit l’autre joue, selon la Parole du Seigneur ( Mat 5, 39).

Saint Ephrem ( Vie des Saints, 28 janvier), alors qu’il jeûnait au désert, fut privé de nourriture de la façon suivante : le disciple qui lui apportait la nourriture, renversa accidentellement le plat en chemin. Le saint, voyant son disciple triste, lui dit : « Ne t’afflige point, frère, si la nourriture n’a pas voulu venir à nous, nous irons à elle », puis il s’assit près du plat brisé et, ramassant la nourriture, la mangea. Il était ainsi sans colère.

Et de quelle façon vaincre la colère, on le peut voir dans la vie de Saint Païssios le Grand ( Vie des Saints, 19 juin) qui demanda au Seigneur Jésus-Christ qui lui était apparu, de le libérer de la colère. Le Christ lui dit : « Si tu veux vaincre la colère et la fureur aussi, ne désire rien, ne hais personne, ne rabaisse aucun homme ».

Afin de préserver la paix de l’âme, on doit se défaire de l’acédie et s’efforcer d’avoir un esprit non pas triste mais joyeux, selon la parole de Sirach : “Car la tristesse en a tué plusieurs et il n’est en elle nul profit ” ( Ecclésiastique, 30, 23).

Quand un homme manque grandement de ces choses qui sont nécessaires au corps, il lui est difficile de vaincre l’acédie. Mais ceci s’applique, bien entendu, aux âmes faibles.

Pour la préservation de la paix de l’âme, on doit de même fuir par tous les moyens le jugement des autres. En ne jugeant pas et par le silence, la paix de l’âme est maintenue : quand un homme est dans une telle disposition, il reçoit les révélations Divines.

Afin de se libérer du jugement que nous portons sur les autres, on doit être attentif à soi, ne pas accepter les pensées étrangères venant de quiconque et on doit être comme mort à toutes choses.

Pour la préservation de la paix de l’âme, il faut plus souvent entrer en soi-même et se demander : “Où suis-je ? ”

En même temps, on doit veiller à ce que les sens corporels, et plus particulièrement la vue servent l’homme intérieur et ne puissent distraire l’âme aux moyens des objets sensibles, car seuls reçoivent les dons porteurs de Grâce ceux qui ont une activité intérieure et veillent sur leur âme.

Version française Claude Lopez-Ginisty

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