jeudi 29 janvier 2009

Saint Séraphim de Sarov: Apparitions (2)



Le staretz Samson a raconté cette vision dans ses souvenirs...

« [...] Je me souviens que je dormais dans ma cellule lorsque je vis saint Séraphim de Sarov. Il vint vers moi vêtu de la soutane blanche durant mon sommeil, il se pencha vers moi et lut lentement " O Très Miséricordieuse..." et je sentis ses larmes sur mon front. Au matin, je sautai du lit et j'écrivis cette prière:

O ma Très Miséricordieuse, Dame Souveraine,
Très Sainte, Très Pure Vierge,
Theotokos Marie, Mère de Dieu,
Ma seule et indubitable espérance:
Ne me dédaigne pas, ne me rejette pas,
Ne m'abandonne pas,
Aide-moi, intercède pour moi, écoute-moi
Et pose Ton regard sur moi,
O Souveraine, aide-moi
Pardonne-moi
Pardonne-moi,
Toi Qui es Pure.

Trois heures plus tard j'étais arrêté. La Très Miséricordieuse me conduisit et veilla sur moi pendant dix-huit ans dans les camps de concentration. »

Les saints nous entourent et veillent, le fil ténu de la plus petite prière, le soupir de détresse le plus léger devant Dieu suscitent leur miséricorde et leur intervention pour nous. Car ils sont toujours là, sentinelles du Royaume attentives à nos luttes et à nos joies, proximité de Dieu visible à ceux qui veulent bien avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Quelquefois, certains d’entre nous veulent rester sourds et aveugles. 

Il y a quelques années, dans une conversation quelqu’un mentionna la venue de l’icône myrrhoblyte de la Mère de Dieu Portaitissa dans une paroisse helvétique. Une personne présente –qui n’était pas croyante- posa des questions et ayant entendu les miracles qui se faisaient par cette icône, manifesta qu’elle ne croyait pas du tout qu’une huile parfumée puisse sourdre d’une icône. Et cette personne déclara soudain d’un air narquois : « Si je vois de mes yeux ce phénomène, je me convertirai ! » Lorsque prévenu du temps et du lieu de la visite de l’icône, elle vint à l’Eglise. Elle resta près de la porte et ne vint pas voir. Il faut des yeux pour voir, mais il faut aussi avoir envie de voir la Lumière et d’abandonner ses ténèbres.

Dans les années trente, dans la région de Sarov, Julia de Beausobre, accompagnant une patiente qu’elle soignait, fut témoin d’un phénomène lumineux. A travers les branches d’un arbre soudain, alors que le soleil était invisible et ne pouvait produire de réverbération, soudain, une grande lumière surgit et la jeune femme qu’elle soutenait de son bras, s’exclama : « Père Séraphim! ». Julia de Beausobre comprit que cette femme était convaincue d’avoir eu une manifestation lumineuse de Saint Séraphim de Sarov dont elle, Julia, n’avait perçu que la lumière. Et après cet événement, comme si cette lumière avait déchiré le voile d’une fausse réalité, tout le monde lui parla du saint ermite de Sarov et elle put rédiger sa biographie du saint qui prend en compte la tradition orale vivante de la région de Sarov.

La « visite » la plus étrangement simple et naturelle de saint Séraphim est relatée ainsi dans la chronique des miracles du staretz

En 1865, dans la maison de madame B…, il y avait une distribution de cadeaux de Noël aux nécessiteux, avant la fête.

Un vieillard aux cheveux blancs, tout courbé, vint après les autres et ayant prié. Il dit : « Que la paix et la bénédiction soient sur cette maison ! »
La servante qui distribuait les dons lui demanda. « Es-tu venu pour recevoir l’aumône? »
« Non, pas pour cela. »
« N’importe, prends-la si tu la veux. »
« Non, je ne veux rien. Je veux seulement voir votre maîtresse et lui dire quelques mots. »
« La maîtresse n’est pas à la maison. Si tu as quelque chose à dire, dis-le nous. »
« Non, je dois le faire moi-même. »
Une des servantes dit doucement à une autre : « Qu’est-ce qu’il veut ? Laisse-le partir. Peut-être que c’est un vagabond ! »
Le vieillard dit : « Quand votre maîtresse sera à la maison, je viendrai. Je viendrai bientôt. » Et il sortit.
Celle qui distribuait les dons vit que le vieil homme avait de mauvaises chaussures. Elle en éprouva des remords et une certaine gène. Elle sortit de la maison, mais il n’y avait personne dehors. Il avait disparu. Les serviteurs ne dirent rien à leur maîtresse. Mais la servante entendit quelqu’un lui dire dans son sommeil : « Tu as parlé sans égards. Celui qui est venu dans cette maison n’était pas un vagabond, mais un grand saint de Dieu. »
Le lendemain matin, un colis arriva par la poste pour madame B… Il contenait un portrait de Père Séraphim ( qui était grandement vénéré par la famille) nourrissant un ours. Grande fut la surprise quand ceux qui avaient parlé au vieux mendiant, le reconnurent dans le portrait de saint Séraphim.

Que dire enfin pour exprimer l’ineffable joie que nous donne saint Séraphim par tous les miracles où il se manifeste ? L’archimandrite Lazare déjà cité l’a bien exprimé : « Et ne fléchirons-nous pas nos genoux devant le saint ascète de Sarov ? Fléchissons non seulement les genoux, mais [inclinons-nous aussi dans] aussi notre cœur. Bénissons et magnifions le saint homme de Dieu non seulement par des paroles et des enclins, mais aussi par des actes. Prenons-le comme modèle, que ses enseignements soient la substance de notre vie, et essayons de brûler du même amour pour Dieu et pour notre prochain, comme il brûla lui-même tandis qu’il vivait sur cette terre de péché, dans les forêts de Sarov. »

Et nous entendrons le saint vieillard nous dire de sa voix bénie : « Le Christ est ressuscité ma joie ! »

Claude Lopez-Ginisty

Bibliographie sommaire:
Julia de Beausobre, Flame in the Snow, Collins 1979
Archimandrite Lazarus Moore, Saint Seraphim of Sarov : a Spiritual Biography, New Sarov Press USA, 1994.
Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Photo: Affiche de la glorification de saint Séraphim, 1903.

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