samedi 19 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville



Archimandrite Cyprien ( Pyjov) 
alors qu'il peignait l'icône des nouveaux martyrs

Portrait spirituel de Jordanville ( 1o)
Il y eut plusieurs anecdotes dignes d'intérêt dans la vie monastique de l'iconographe et père confesseur du monastère l'archimandrite Cyprien ( Pijov).
La première anecdote eut lieu pendant qu'il était encore à Ladomirovo. En 1936, après sa tonsure monastique, il resta seul dans l'église. Ayant lu l'ordo pour la préparation à la Sainte Communion et les trois canons, il s'endormit bientôt. Quand il se réveilla, Père Cyprien remarqua que le paraman et la croix qu'il portait sous ses vêtements gisaient, pour une raison inconnue, sur le sol, leurs liens défaits. Pourtant ses vêtements étaient boutonnés et sa ceinture accrochée. La même chose arriva la seconde nuit. C'était évidemment des tours des démons. Le second incident eut lieu alors que Père Cyprien était assistant de cellule du métropolite Anastase. Un jour, Vladika demanda à Père Cyprien de remplir sa cuvette d'eau. Père Cyprien prit la cuvette qui était fixée au-dessus d'un lavabo et sortit chercher de l'eau pour la mettre dans le lavabo. Vladika lui dit qu'il valait mieux apporter l'eau dans un broc, mais Père Cyprien avait ses propres façons de faire. Quand il sortit dans la cour et vida le reste de l'eau dans l'herbe, le fausset [bouchon au fond de cette cuvette] tomba de la cuvette en bois et disparut dans une surface d'à peu près un mètre carré. L'infortuné essaya en vain de trouver le fausset, mais sans succès. Et ainsi, il dut revenir vers le métropolite et confesser sa faute. Vladika l'accueillit avec ces paroles: "Tu vois, ceci est arrivé à cause de ta désobéissance!"
Le troisième incident eut lieu à Jordanville vers la fin des années septante. peu de temps avant la glorification des nouveaux martyrs de Russie et des martyrs impériaux. Père Cyprien eut un rêve dans lequel le tzarévitch  et une des jeunes tzarines venaient vers lui. Le tzarevitch lui dit: " Venez nous voir un jour." Père Cyprien s'inclina et alors le tzarévitch et sa sœur sautèrent sur la soléa et entrèrent dans l'autel par les portes royales. L'archimandrite Cyprien supposa que les paroles du tsarévitch Alexis étaient en relation avec le fait que Père Cyprien allait être le premier, en tant qu'iconographe, à peindre l'icône des nouveaux martyrs de Russie avec la famille impériale au centre, ce qu'il fit ensuite avec l'aide de Dieu.
L'archimandrite Cyprien s'endormit dans le Seigneur le 20 mars/2 avril 2001. Sa mort ferma une autre page du patéricon de Jordanville; la page fut fermée, mais elle ne fut pas perdue... Le flot des souvenirs des enfants spirituels de Père Cyprien ne faiblit pas jusques à ce jour...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

vendredi 18 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


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L'Hagiasme

Portait spirituel de Jordanville (9)
Le 25 septembre 1999, le nonagénaire abba Goury ( Golosov) s'éteignit à Jordanville. Père Goury était né à Polojié. Il se retrouva au-delà des mers durant la Seconde Guerre mondiale. En 1931, Père Goury qui était alors connu sous le nom de Grégoire, fut enrôlé dans l'Armée Rouge. il fut bientôt découvert qu'avec quatre autres conscrits, il portait une croix. Pour une raison inconnue, les autorités s'attaquèrent plus durement à Grégoire; ils le surnommèrent même le "prêtre", ce qu'il devint un jour. Très vite, le commandant de la division du département politique convoqua Grégoire et lui demanda: " Crois-tu en Dieu?"
"Oui!" répondit Grégoire.
"Et tu portes une croix?"
"Oui!"
"Eh bien, montre-la moi donc!"
Le jeune homme déboutonna le col de sa chemise  et montra sa croix au commandant,
"Lénine ne croyait pas en Dieu," dit le commandant sévèrement.
"En quoi est-ce que cela me concerne? répliqua Grégoire en pensant,"Je ne suis pas fou!"
Finalement le commandant lui demanda: "Et s'il y a une guerre, vas-tu tirer sur des prêtres?"
"Mais pourquoi cela?"
Il n'y eut pas de réponse.
En dépit du fait que cette conversation eut lieu au temps des pires persécutions contre l'orthodoxie en Russie, et que Père Goury n'enleva jamais sa croix, il ne fut pas soumis aux répressions. L'intervention du Seigneur est flagrante dans son cas.

Pendant plusieurs années, Père Goury fut un des confesseurs du monastère de la Sainte Trinité. Son obédience comprenait aussi la visite fréquente des différentes communautés éparpillées aux Etats-Unis. Grâce à cela, Père Goury acquit une abondante expérience spirituelle. Ci-après quelques une des choses qu'il avait l'habitude de dire...

" Si on ne prêche pas dans une paroisse, il n'y a pas non plus d'école spirituelle dans cette paroisse. Il en va de même dans notre monastère où certains séminaristes prêchent comme s'ils lisaient des cathismes. C'est comme s'ils ne s'adressaient pas aux gens devant eux. Pourtant il est important que le message aille droit au cœur, il faut supplier, plaider..."

*
Quand Mère Anne et le chef de chœur m'ont appris à lire à l'Eglise, elle m'a dit:" Lis ainsi, afin que ta voix tremble." Et je lui ai répliqué: " Je tremblerai de toute façon de nervosité!"
*
"Certains aux Etats-Unis donnent de l'argent pour notre monastère, mais il vaudrait mieux envoyer cet argent au Mont Athos. Ils en ont plus grand besoin là-bas. Cela serait plus bénéfique."
*
"Notre principale obédience est de ne juger personne. Tu es venu ici au monastère. Tu as la paix et puis tout tourne mal parce qu'il faut que tu évites de prononcer des jugements."
*
"Il y a des  moniales qui vivent à Jérusalem. Les pèlerins viennent, ils regardent à l'entour- tout autour d'eux est rempli de grâce et de beauté. Pourtant les gens du lieu ne remarquent pas la beauté; ils ne voient rien, si ce n'est leurs propres chamailleries et querelles. Il faut pourtant commencer par n'observer que soi!"
*
Il y a des moines qui jugent même les évêques. Pourtant, en quoi cela nous concerne-t-il?"
*
Il arrive que nous pardonnions à quelqu'un, mais que le ressentiment demeure. Ceci ne devrait pas arriver parce que nous ne devrions même pas avoir le droit de communier avec un tel sentiment [dans le cœur].
*
Père Goury se souvenait que tous les enfants de sa famille demandaient pardon à leurs parents et leurs parents à eux tous les soirs. Quand il le disait, il insistait sur le fait qu'il était mal d'aller se coucher sans être réconcilié avec son prochain.

Certains demandent pourquoi les vieux moines de Jordanville ne sont pas retournés en Russie après la pérestroïka. Je répondrai à cette question en donnant l'exemple de Père Goury. Où devait-il retourner? Il était né au village russe de Bobrovka sur la Volga. Ce village, avec des centaines d'autres villages, fut noyé par un réservoir d'eau artificiel créé par les constructeurs du communisme.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

jeudi 17 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville



Métropolite Hilarion bénissant avec l'icône miraculeuse de Koursk

Portrait spirituel de Jordanville ( 8)

Le 18/31 août 1992, fête des saints martyrs Flor et Laur, un des plus anciens habitants du monastère, l'archimandrite Serge ( Romberg) rejoignit le Seigneur à l'âge de septante-deux ans.
Le moine rassophore Boris se souvient de lui ainsi: " Père Serge parlait très peu, et c'était là un signe de véritable humilité monastique. Pourtant en plus de sa charge d'économe du monastère, de Doyen du diocèse et de professeur au séminaire de la Sainte Trinité, Père Serge était aussi le typicariste [en charge de l'ordo des offices] du monastère et les frères l'appelaient quelquefois le "Typicon ambulant." Il n'y avait probablement aucune question à laquelle le Père Serge ne pouvait donner une réponse exhaustive, et quand il n'était pas sûr de quelque chose, il cherchait une confirmation dans les textes liturgiques. Les clercs qui venaient au monastère pour diverses affaires, recevaient toujours de Père Serge une réponse utile et précise aux difficiles questions qu'ils se posaient sur les statuts de l'Eglise.
"Les Saints Pères nous enseignent que le découragement (la dépression) est un signe d'orgueil. Personne parmi ceux qui connaissaient Père Serge, ne se souvient l'avoir vu sombre ou abattu, bien que Père Serge souffrit beaucoup de sa maladie durant les dernières années de sa vie. Il eut des opérations, des transplantation de peau, il fut même question d'amputer une de ses jambes à cause d'un empoisonnement sanguin, mais par la grâce de Dieu, ils parvinrent à sauver sa jambe.
Vladika Laure dit un jour que Père Serge souffrait pour nos péchés. Malheureusement, c'est maintenant seulement que nous le comprenons.
La douceur était un autre trait de caractère distinctif de Père Serge. Il n'arriva jamais, Dieu nous en préserve, que Père Serge montre de la colère ou de l'ennui; il n'éleva jamais la voix. Un jour, Père Serge voulait que quelque chose soit fait dans la cuisine, et il advint que je fus le garçon plus malin que les autres qui décida de faire à son idée. Père Serge me prit fermement par le coude et me dit: " Ne fais pas le sot; tu dois le faire de manière correcte, selon l'usage." Je compris que Père Serge ne plaisantait pas.
Père Serge, dont le nom dans le siècle avait été Boris Borissovitch Romberg commença ses labeurs ascétiques à Ladomirovo quand il avait seize ans. On lui donna bientôt le rang de hiérodiacre et plus tard celui d'archidiacre. Pendant qu'il était encore à Ladomirovo, Père Serge commença à travailler à l'atelier d'imprimerie de saint Job de Potchaïev et il continua à le faire lorsqu'il arriva à Jordanville.
Dans le discours sur sa tombe, Vladika Laure dit avec raison que bien que nous ayons perdu Père Serge comme frère sur terre, nous étions convaincus qu'il avait rejoint les rangs de ceux qui priaient pour nous devant le Trône de Dieu avec nos autres frères qui demeurèrent dans notre monastère. Et il mentionna l'archevêque Vitaly ( Maximenko), l'archevêque Séraphim ( Ivanov) et l'higoumène Philémon de Valaam.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ 

mercredi 16 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


Portrait spirituel de Jordanville (7)

Le laïc Vassili Vassiliévitch arriva en Amérique en 1903. Quand il fut à la retraite, il vont à Jordanville pour "mourir" comme il avait l'habitude de le dire. Il acheta un bout de terre pour sa future tombe dans le cimetière du monastère, commanda une croix de pierre et y fit graver son nom. Quand la croix fut érigée au-dessus de la future tombe et que Vladika Averky l'avait bénie, Vassili Vassiliévitch qui était présent versa quelques larmes.
S'étant installé au monastère, Vassili Vassiliévitch fut chargé de l'entretien des tombes du cimetière. On le voyait souvent arroser les fleurs sur sa "propre tombe". Et chaque fois qu'il pleuvait, Vassili Vassiliévitch disait joyeusement: " Dieu merci, il pleut sur mes fleurs!". Après la bénédiction de sa tombe, il vécut encore cinquante ans dans une préparation constante à la mort et il mourut paisiblement à l'âge de 109 ans. Longtemps avant sa mort, un moine de la Sainte Montagne, qui était originellement de la province de Tchernigov, écrivit à Vassili Vassiliévitch depuis le Mont Athos: " Je sens que l'Amérique vous a attiré, vous y resterez jusqu'à votre mort." Ces paroles furent vraies, mais il n'était pas question "d'attirance", mais d'affermissement d'une personne par le Seigneur Qui l'avait appelé, car toute la terre appartient au Seigneur!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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mardi 15 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


Site de construction de la Cathédrale  de Jordanville en 1947
Portrait spirituel de Jordanville (6)
Un jour, tandis qu'il visitait Jordanville alors qu'il était encore laïc, l'archiprêtre Gabriel KIin, professeur au séminaire du monastère de la Sainte Trinité, fut invité à lire au chœur pendant l'office. A l'époque Père Gabriel commençait seulement à apprendre à lire le slavon d'Eglise, il fit donc beaucoup de fautes. Le chef de chœur l'archimandrite Joseph ne cessait de lui chuchoter les corrections à l'oreille droite. Mais Père Gabriel avait perdu l'usage de l'oreille droite durant la guerre, c'est pourquoi il ne pouvait entendre ce que lui disait Père Joseph. Père Joseph finit par agiter son poing vers Père Gabriel qui alors se troubla, rougit et commença à bégayer encore plus. Quand il eut finit de lire, Père Joseph lui dit: " Que vous arrive-t-il? Vous êtes un homme éduqué et là, vous bafouillez." Père Gabriel expliqua qu'il n'avait pas entendu les corrections et qu'il s'était complètement troublé lorsqu'il avait vu le poing levé sur lui. Soudain l'archimandrite tomba à genoux et dit: "Pardonnez-moi de vous avoir rabroué!"

***
Il y avait à Jordanville un moine du nom de Géronte ( Nèjnov). il était très nerveux et se fâchait facilement, ayant beaucoup souffert sous les communistes: tous ses parents avaient été tués. Il était connu pour son mauvais caractère. S'il pensait qu'ils faisaient une faute de typicon (ordo), il s'en prenait quelquefois aux acolytes de l'autel ou bien aux chanteurs du chœur pendant les offices. Un jour il jeta sa canne depuis la gallerie à un hiéromoine qui se tenant sur l'ambon, avait fait une faute.
Il semble que tout le monde savait quel type d'homme était Père Géronte. Pourtant, Dieu en décida autrement: quand Père Géronte rejoignit le Seigneur le 18 juillet ( calendrier julien), une des icônes de sa cellule fut renouvelée. Voici comment cela arriva. Ayant examiné les icônes de la cellule de Père Géronte, l'iconographe du monastère, l'archimandrite Cyprien décida de restaurer l'icône de la Sainte Trinité peinte sur un morceau de bois du Chêne de Mambré [où notre Père Abraham rencontra la Trinité sous le forme de trois anges]. Ayant cela en tête, il transporta l'icône dans sa cellule. Pourtant il n'y eut pas besoin de restauration. La nuit suivant la mort de Père Géronte, l'icône se renouvela miraculeusement.

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Le simple moine Hermogène ( Panaseiko) qui fut jardinier du monastère pendant plusieeurs années tomba gravement malade. On l'emmena faire un contôle et il fut découvert qu'il avait un cancer qui s'était propagé. De retour au monastère, Père Hermogène demanda la bénédiction de mourir. " Cueille d'abord les légumes du potager!" lui dit-on. Il accomplit son obédience et souffrant de terribles douleurs, mourut d'une mort paisible au monastère et non dans un hôpital laïc, ce qui est important d'un point de vue monastique. Il mourut le 2 octobre 1983 ( calendrier julien) âgé de huitante ans.
Père hermogène était un paysan de le province de Kharkov, il connaissait bien la vie villageoise d'avant la Révolution et son raisonnement était le suivant: "Vous voyez, dans le passé, un paysan allait travailler au champ et priait Dieu, et tout poussait bien. Puis vinrent les communistes qui dirent: Qu'est-ce que Dieu pour nous? Qu'est-ce que la sécheresse? Nous allons arroser nos plantes depuis les avions! Et ils arrosèrent beaucoup vous savez, et voyez combien de gens sont morts de faim!"
Tandis qu'il travaillait au potager, Père Hermogène ne cessait de s'émerveiller de la sagesse du Créateur, la trouvant en chaque plante... Et tout poussait bien sur ses plates-bandes...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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lundi 14 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville

The Great Schema worn by Orthodox monks and nuns of the highest degree
Mégaloschème des moines orthodoxes
Portrait spirituel de Jordanville ( 5)
Quand le futur archevêque Antoine de San Francisco (+ 2000), en ce temps-là frêle jeune citadin du nom d'Artème, arriva au monastère de Milkovo en Serbie, l'archiamndrite mégaloschème Ambroise lui donna pour tâche d'aider le hiéromoine Zossime qui travaillait à la ferme du monastère et jugeait pour le compte de Père Ambroise si le nouvel arrivé était capable de devenir moine. Père Zossime prit Artème avec lui au jardin potager. Après quelques temps, il alla vérifier comment le jeune homme travaillait. Artème demanda sa bénédiction à Père Zossime, ce dernier le bénit et vit que les mains d'Artème étaient couvertes de sang. "Il fera [un bon] moine," dit Père Zossime après cela. Et il avait raison. Plus tard Vladika Antoine supporta avec patience toutes les épreuves de la vie monastique, et plus tard celles du siège épiscopal dont il était détenteur.

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Père Hilarion ( maintenant Métropolite) était occupé à taper un texte pour une des publications de Jordanville. Un séminariste passa par là. Probablement poussé par le Diable, le séminariste "par curiosité" appuya sur la touche de l'ordinateur qui effaçait tout ce qui avait été dactylographié. Et Père Hilarion avait beaucoup tapé. Tout son travail anéanti, Père Hilarion poussa un soupir, ouvrit la première page du texte sur le quel il avait travaillé, et recommença à le dactylographier depuis le début.

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Un des cuisiniers de Jordanville, personne bonne et aimable, avait la mauvaise habitude pécheresse de boire. L'higoumène du monastère lui demanda à plusieurs reprises de mettre fin à son ivrognerie, mais le cuisinier ne pouvait cesser de boire. Après une autre beuverie, l'higoumène, qui devait partir du monastère pour plusieurs jours, voulant faire peur au moine pour qu'il reprenne ses esprits,  lui dit: "Assure-toi d'être parti lorsque je serai revenu!". Et il advint selon ses paroles. Alors que l'higoumène était absent, le cuisinier qui regrettait son ivrognerie, mourut. Nous croyons que le Seigneur épargnera ce moine par les prières des frères, mais nous avons décidé de narrer cette anecdote pour montrer combien puissante et pleine de force est la parole de l'higoumène.

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L'anecdote suivante concernant le chapelet de l'archimandrite Mitrophane ( Manouilov) eut lieu déjà après sa mort. Il avait donné son chapelet à un moine qui le gardait. Un jour ce moine alla en promenade avec un chien près d'un étang proche, et il perdit le chapelet. Il ne se rendit compte de la perte seulement au monastère et il en fut très fâché. Le jour suivant, remuant joyeusement la queue, le chien rapporta le chapelet de Père Mitrophane de l'étang. C'est ainsi qu'il fut redonné au moine!

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L'archimandrite Joseph ( Colos + 1970), condisciple de l'archimandrite Pantéléimon, fondateur du monastère de Jordanville, était zélé pour la prédiction de l'Orthodoxie aux Américains. Bien qu'il ne parlât pas l'anglais lui-même, à chaque fois que des touristes américains venaient à s'arrêter au monastère, Père Joseph se précipitait vers eux et leur donnait des copies d'Orthodox Life, le magazine de langue anglaise publié par le monastère.

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Un paroissien respecté de la cathédrale du Synode à New York, se souvient qu'un jour se trouvant par necessité dans un des plus désagréables quartiers de la ville, il fut étonné d'y voir l'archevêque Averky (Tauchev), higoumène du monastère de Jordanville. Se tenant littéralement sur la pointe des pieds, le vénérable pasteur aux cheveux gris, regardait par la porte ouverte, ce qui se passait à l'intérieur d'une boîte de nuit. Peu après ce mystère fut éclairci. Il se trouvait que Vladika devait écrire un rapport sur les coutumes et les manières de vivre modernes pour la réunion régulière du synode des évêques. Et il avait besoin de voir par lui-même "ces coutumes et ces manières de vivre", afin de ne pas parler de choses dont il ne connaissait rien. l'Archevêque Averky était connu pour sa haute moralité et ses écrits critiquaient le côté anti-chrétien de la société moderne.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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dimanche 13 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


La Fraternité en 1958
Portrait Spirituel de Jordanville ( 4)

Pendant la période de la fraternité de Saint Job de Potchaïev à Ladomirovo dont les moines rejoignirent le monastère de Jordanville en 1946, eurent également lieu plusieurs incidents instructifs.

Faisons au moins référence à deux frères de Ladomirovo, le hiéromoine Grégoire ( Pyjov) , frère de Père Cyprien l'iconographe et le hiéromoine Sabbas ( Struve). Ils moururent tous deux sur le sol des Carpathes...

S'étant finalement trouvé en Europe après la Révolution, Père Grégoire mena une vie pécheresse avant de devenir moine. Après cela, il le regretta et se reprocha d'avoir grimpé sur l'autel tout en fumant une cigarette alors qu'il travaillait comme peintre dans l'autel d'une église catholique. Arrivant à temps à la nécessité du repentir, le futur Père Grégoire qui était alors connu sous le simple nom de Yura ( Surnom de Georges), alla se confesser à Nice chez le célèbre père confesseur qu'était le père Alexandre Eltchaninov. Ayant confessé et raconté l'histoire de ses horribles péchés, Georges avait peur que Père Alexandre ne devienne furieux et ne le jette dehors. Imaginez sa surprise  quand, au lieu de devenir furieux, le sage pasteur lui dit calmement: " Yura, peux-tu aller m'acheter des allumettes?".
Père Grégoire était un grand ascète. Les démons s'attaquaient constamment à lui. Un jour, il se promenait dans un champ avec un autre moine quand soudain il se courba comme s'il avait reçu un grand coup. " Que t'arrive-t-il Père? " s'exclama l'autre moine. "Le Diable m'a frappé dans le dos, " répondit Père Grégoire.

Souvent, quand le démon de fornication l'attaquait la nuit, Père Grégoire sortait de sa cellule: il se tenait debout sous le ciel étoilé et restait là, aussi brûlant qu'un four, alors que la température extérieure atteignait moins quarante degrés. Le Diable enflammait tellement sa chair que la neige qui tombait sur lui fondait et qu'il y avait de petites flaques à ses pieds. Père Grégoire ne confondait évidemment pas cet échauffement démoniaque avec la Grâce de Dieu, et il continuait à prier le Seigneur pour qu'Il le sauve de cette illusion démoniaque. Quand Père Grégoire tomba malade et qu'il eut la tuberculose, il fut d'abord confiné dans sa cellule sans que personne ne s'occupe de lui. Puis un des frères fut chargé de s'occuper de lui et ce dernier découvrit avec horreur que le lit et toute la cellule de Père Gégoire étaient infestés de puces; elles couvraient tout son corps, mais Père Grégoire supportait cela afin de soumettre sa chair.

Père Grégoire, mortellement atteint, fut envoyé à l'hôpital. Quand le hiéromoine Vitaly ( Oustinov, futur Métropolite) vint donner la communion au malade, ce dernier lui dit que la Très Sainte Mère de Dieu lui était apparue.

Père Grégoire avait prophétisé au hiéromoine mentionné plus haut que leur fraternité d'imprimeurs partirait et qu'elle irait très loin de l'endroit où elle était. Juste avant de mourir, Père Grégoire donna le précepte suivant: " N'argumente avec personne, n'essaie pas de prouver quoi que ce soit à quiconque; travaille avec amour."

Père Grégoire mourut à l'hôpital la veille de la fête de l'icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, le 7/20 juillet 1942. Les nonnes catholiques qui étaient présentes à l'hôpital dirent après la mort de père Grégoire: " C'est un saint, c'est un saint!" Pour diverses raisons, le corps de Père Grégoire ne fut transporté au monastère qu'après plusieurs jours. Malgré la chaleur de juillet, il n'y avait ni odeur, ni signe de putréfaction. Père Grégoire fut enterré dans le cimetière des frères près de l'église.

Le hiéromoine Sabbas ( Struve) était le père confesseur des laïcs. L'anecdote qui suit arriva pendant son ministère de père confesseur. Un certain jeune homme du nom de Youri ( Georges) cessa soudain de manger et commença à se comporter d'étrange manière, pourtant il ne pouvait expliquer pourquoi il agissait ainsi. Tout ceci se serait terminé par la mort de faim de cet homme, ce que désirait certainement le Diable. Cependant, Père Sabbas trouva comment approcher l'âme de cet ce jeune homme. Ce dernier lui dit que quand il s'était endormi, il voyait constamment cet énorme serpent, qui, Youri le pensait, l'attaquerait s'il disait quoi que ce soit ou s'il touchait à la nourriture. Longtemps Père Sabbas alla à pied au village où vivait Youri et fit toutes sortes de prières pour chasser les esprits malins. Et par la Grâce de Dieu et les prières de Père Sabbas, le Diable cessa de troubler le jeune homme.

A la fin de 1944, la fraternité de Ladomirovo fut obligée de quitter son monastère, mais Père Sabbas resta afin de s'occuper de son troupeau. Quand l'ordre soviétique fut instauré en Slovaquie, Père Sabbas dut devenir Fol-en-Christ. Pendant trois mois, il ne mangea rien que les Saints Mystères, qu'il consommait quotidiennement après la Divine Liturgie. Plus tard, il relâcha son jeûne, cependant, pendant les trois dernières années de sa vie, il ne mangea pas de pain ni ne but de thé, mais il ne mangea rien si ce n'est des pommes de terre bouillies, sans sel, et encore, pas tous les jours, mais seulement tous les cinq ou six jours.

Il vivait dans l'église été comme hiver. Le résultat fut que ses jambes furent gelées et des blessures y apparurent qui ne voulaient pas guérir. Pourtant Père Sabbas cachait ses souffrances, et son visage restait toujours calme.

Le hiéromoine Sabbas mourut le dimanche 29 février ( calendrier julien)1949. A l'exemple du Christ, il donna son âme pour son troupeau. Père Sabbas fut enterré au cimetière de Ladomirovo, près de l'église.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ