dimanche 13 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


La Fraternité en 1958
Portrait Spirituel de Jordanville ( 4)

Pendant la période de la fraternité de Saint Job de Potchaïev à Ladomirovo dont les moines rejoignirent le monastère de Jordanville en 1946, eurent également lieu plusieurs incidents instructifs.

Faisons au moins référence à deux frères de Ladomirovo, le hiéromoine Grégoire ( Pyjov) , frère de Père Cyprien l'iconographe et le hiéromoine Sabbas ( Struve). Ils moururent tous deux sur le sol des Carpathes...

S'étant finalement trouvé en Europe après la Révolution, Père Grégoire mena une vie pécheresse avant de devenir moine. Après cela, il le regretta et se reprocha d'avoir grimpé sur l'autel tout en fumant une cigarette alors qu'il travaillait comme peintre dans l'autel d'une église catholique. Arrivant à temps à la nécessité du repentir, le futur Père Grégoire qui était alors connu sous le simple nom de Yura ( Surnom de Georges), alla se confesser à Nice chez le célèbre père confesseur qu'était le père Alexandre Eltchaninov. Ayant confessé et raconté l'histoire de ses horribles péchés, Georges avait peur que Père Alexandre ne devienne furieux et ne le jette dehors. Imaginez sa surprise  quand, au lieu de devenir furieux, le sage pasteur lui dit calmement: " Yura, peux-tu aller m'acheter des allumettes?".
Père Grégoire était un grand ascète. Les démons s'attaquaient constamment à lui. Un jour, il se promenait dans un champ avec un autre moine quand soudain il se courba comme s'il avait reçu un grand coup. " Que t'arrive-t-il Père? " s'exclama l'autre moine. "Le Diable m'a frappé dans le dos, " répondit Père Grégoire.

Souvent, quand le démon de fornication l'attaquait la nuit, Père Grégoire sortait de sa cellule: il se tenait debout sous le ciel étoilé et restait là, aussi brûlant qu'un four, alors que la température extérieure atteignait moins quarante degrés. Le Diable enflammait tellement sa chair que la neige qui tombait sur lui fondait et qu'il y avait de petites flaques à ses pieds. Père Grégoire ne confondait évidemment pas cet échauffement démoniaque avec la Grâce de Dieu, et il continuait à prier le Seigneur pour qu'Il le sauve de cette illusion démoniaque. Quand Père Grégoire tomba malade et qu'il eut la tuberculose, il fut d'abord confiné dans sa cellule sans que personne ne s'occupe de lui. Puis un des frères fut chargé de s'occuper de lui et ce dernier découvrit avec horreur que le lit et toute la cellule de Père Gégoire étaient infestés de puces; elles couvraient tout son corps, mais Père Grégoire supportait cela afin de soumettre sa chair.

Père Grégoire, mortellement atteint, fut envoyé à l'hôpital. Quand le hiéromoine Vitaly ( Oustinov, futur Métropolite) vint donner la communion au malade, ce dernier lui dit que la Très Sainte Mère de Dieu lui était apparue.

Père Grégoire avait prophétisé au hiéromoine mentionné plus haut que leur fraternité d'imprimeurs partirait et qu'elle irait très loin de l'endroit où elle était. Juste avant de mourir, Père Grégoire donna le précepte suivant: " N'argumente avec personne, n'essaie pas de prouver quoi que ce soit à quiconque; travaille avec amour."

Père Grégoire mourut à l'hôpital la veille de la fête de l'icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, le 7/20 juillet 1942. Les nonnes catholiques qui étaient présentes à l'hôpital dirent après la mort de père Grégoire: " C'est un saint, c'est un saint!" Pour diverses raisons, le corps de Père Grégoire ne fut transporté au monastère qu'après plusieurs jours. Malgré la chaleur de juillet, il n'y avait ni odeur, ni signe de putréfaction. Père Grégoire fut enterré dans le cimetière des frères près de l'église.

Le hiéromoine Sabbas ( Struve) était le père confesseur des laïcs. L'anecdote qui suit arriva pendant son ministère de père confesseur. Un certain jeune homme du nom de Youri ( Georges) cessa soudain de manger et commença à se comporter d'étrange manière, pourtant il ne pouvait expliquer pourquoi il agissait ainsi. Tout ceci se serait terminé par la mort de faim de cet homme, ce que désirait certainement le Diable. Cependant, Père Sabbas trouva comment approcher l'âme de cet ce jeune homme. Ce dernier lui dit que quand il s'était endormi, il voyait constamment cet énorme serpent, qui, Youri le pensait, l'attaquerait s'il disait quoi que ce soit ou s'il touchait à la nourriture. Longtemps Père Sabbas alla à pied au village où vivait Youri et fit toutes sortes de prières pour chasser les esprits malins. Et par la Grâce de Dieu et les prières de Père Sabbas, le Diable cessa de troubler le jeune homme.

A la fin de 1944, la fraternité de Ladomirovo fut obligée de quitter son monastère, mais Père Sabbas resta afin de s'occuper de son troupeau. Quand l'ordre soviétique fut instauré en Slovaquie, Père Sabbas dut devenir Fol-en-Christ. Pendant trois mois, il ne mangea rien que les Saints Mystères, qu'il consommait quotidiennement après la Divine Liturgie. Plus tard, il relâcha son jeûne, cependant, pendant les trois dernières années de sa vie, il ne mangea pas de pain ni ne but de thé, mais il ne mangea rien si ce n'est des pommes de terre bouillies, sans sel, et encore, pas tous les jours, mais seulement tous les cinq ou six jours.

Il vivait dans l'église été comme hiver. Le résultat fut que ses jambes furent gelées et des blessures y apparurent qui ne voulaient pas guérir. Pourtant Père Sabbas cachait ses souffrances, et son visage restait toujours calme.

Le hiéromoine Sabbas mourut le dimanche 29 février ( calendrier julien)1949. A l'exemple du Christ, il donna son âme pour son troupeau. Père Sabbas fut enterré au cimetière de Ladomirovo, près de l'église.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

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