jeudi 2 mai 2013

Saint Ephrem le Syrien: Discours sur la Passion (R)


Преподобный Ефрем Сирин

DISCOURS SUR LA PASSION 
DE NOTRE PÈRE PARMI LES SAINTS
EPHREM LE SYRIEN

Je crains de parler
Et de toucher de la langue
Cette relation effroyable
Concernant le Sauveur.
Car il est en vérité effrayant
De narrer tout cela.

Notre Seigneur
Fut livré en ce jour
Aux mains des pécheurs !

Pour quelle raison alors
Celui Qui est Saint
Et sans péché fut-Il livré ?

Pour n'avoir point péché,
Il fut livré en ce jour.

Allons ! Examinons soigneusement
Pourquoi Christ notre Sauveur
Fut livré.

Pour nous impies,
Le Maître fut livré.

Qui ne s'émerveillerait pas ?
Qui ne glorifierait pas ce fait ?

Alors que les esclaves ont péché,
Le Maître fut livré.

Les fils de perdition
Et les enfants des ténèbres
Sortirent des ténèbres
Pour arrêter le Soleil
Qui avait le pouvoir
De les consumer en un instant.

Mais le Maître connaissant
Leur effronterie
Et la force de leur ire,
Avec douceur,
De Sa propre autorité,
Se livra Lui-même
Aux mains des impies.

Et les hommes sans Loi,
Ayant lié le Maître Très Pur,
Se moquèrent de Celui
Qui avait lié le puissant
De liens solides,
Et nous avait libérés
Des chaînes du péché.

Ils Lui tressèrent une couronne
De leurs propres épines,
Fruit de la vigne des Judéens.

Avec moquerie, Ils L'appelèrent Roi.
Ces êtres sans Loi
Crachèrent à la Face du Très Pur,
Dont le regard
Fait trembler de peur
Toutes les puissances des Cieux
Et les ordres angéliques.

Voyez à nouveau l'affliction et les pleurs,
S'emparent de mon cœur
Tandis que je contemple le Maître
Qui supporte les outrages et les insultes,
La flagellation, les crachats et les coups
Des esclaves.


Venez, observez bien
L'abondance de compassion,
L'indulgence et la mercy
De notre doux Maître.

Il avait un esclave
Dans le Paradis des délices,
Et quand celui-ci pécha,
Il fut livré aux bourreaux.

Mais quand le Très Bon
Vit sa faiblesse d'âme,
Il eut compassion et mercy
De cet esclave,
Et Il se présenta Lui-même,
Pour être flagellé par lui.

Je voulais rester silencieux
Car mon intellect
Était totalement frappé de stupeur
Mais là encore, je craignis
De rejeter par mon silence
La Grâce de mon Sauveur.
Et mes os tremblent
Lorsque j'y songe seulement.

Celui Qui fit toute chose,
Notre Seigneur Lui-même,
Fut en ce jour mis en accusation
Comme un condamné devant Caïphe ;
Et un des serviteurs de ce dernier,
Le frappa.

Mon cœur tremble
Alors que je songe à ces choses :
L'esclave est assis,
Le Maître se tient debout,
Et celui qui est plein d'iniquité
Porte sentence
Sur Celui Qui est sans péché.

Les cieux tremblèrent,
Les fondations de la terre furent ébranlées ;
Les Anges et Archanges
Tremblèrent tous de terreur.
Gabriel et Michel
Couvrirent leurs visages
De leurs ailes.

Les Chérubins du Trône
Se cachaient sous les rouages,
Les Séraphins à cet instant
Choquaient leurs ailes
L'une contre l'autre
Quand le serviteur
Donna un coup au Maître.

Comment les fondations de la terre
Supportèrent-elles le séisme
Et le tremblement
À ce moment même
Où le Maître fut outragé ?

J'observe et je tremble,
Et de nouveau, je suis stupéfié,
Quand je vois la longanimité
Du Maître aimant.

Car voyez comme mes entrailles
Tremblent tandis que je parle,
Car le Créateur,
Qui par Grâce façonna
L'humanité dans la poussière,
Lui Qui façonna tout
Est frappé !

Ne nous contentons pas d'écouter,
Mes frères,
Soyons dans la crainte révérencieuse
Le Sauveur endura
Toutes ces choses pour nous.

Misérable serviteur
Dis-nous pourquoi
Tu frappas le Maître ?

Tous les serviteurs
Lorsqu'ils sont libérés
Reçoivent un coup,
Afin d'obtenir la liberté périssable ;
Mais toi, misérable,
Tu frappas injustement
Le Libérateur de tous.

Espérais-tu peut-être
Recevoir de Caïphe
Une récompense pour ce coup ?

N'avais-tu pas entendu dire,
N'avais-tu pas appris
Que Jésus
Est le Maître des Cieux ?

Tu donnas un coup
Au Maître de toute chose,
Mais tu devins esclave des esclaves.
D'âge en âge,
Et tu fus condamné à jamais,
Disgrâce et abomination,
Au feu qui ne s'éteint point.

C'est grande merveille, ô frères,
Que de voir la douceur
Du Christ Roi !
Frappé par un esclave,
Il répondit avec patience,
Avec douceur
Et grande révérence.


Un serviteur serait indigné,
Le Maître supporte..
Un serviteur est enragé,
Le Maître est doux.

Au temps de la colère,
Qui supporterait
Rage et tumulte ?


Mais notre Seigneur
Se soumit à tout ceci
Dans Sa Bonté.

Qui peut exprimer
Ta longanimité
Ô Maître ?

Vous que le Christ attend
Qui êtes aimés du Christ,
Approchez avec componction
Et désir ardent du Sauveur.

Venez,
Apprenons ce qui advint en ce jour
À Sion, la Cité de David.

Les bien aimés élus
De la racine d'Abraham,
Qu'ont ils fait en ce jour ?

Ils ont livré à la mort
Le Très Pur Maître
Aujourd'hui.

Christ notre sauveur
Fut injustement pendu
Sur l'arbre de la Croix
Par des mains impies.

Venez,
Lavons tous nos corps
Avec des larmes et des gémissements,
Car notre Seigneur,
Le Roi de Gloire,
Fut livré à la mort,
Pour nous, gens impies.

Si quelqu'un entend dire soudain
Que l'être qu'il aimait en vérité,
Est mort,
Ou encore, s'il voit soudain,
L'être bien aimé lui-même
Gisant comme un cadavre
Devant ses yeux,
Sa contenance est altérée
Et sa vue s'enténèbre alors.

Ainsi dans les hauteurs des Cieux,
Quand on vit
L'outrage fait au Maître
Sur l'arbre de la Croix,
Le soleil étincelant fut changé ;
Il retira de ses rayons
Sa brillance accoutumée,
Et incapable de voir
L'outrage causé au Maître,
Se vêtit lui-même de douleur et de ténèbres.

Mêmement le Saint Esprit
Qui est dans le Père,
Quand Il vit
Le Fils Bien Aimé
Sur l'arbre de la Croix,
Déchirant le voile
Qui ornait le Temple,
Sortit soudain
Sous l'apparence d'une colombe.

Toute la création
Fut crainte et tremblement
Quand le Roi des Cieux,
Le Sauveur, souffrit
Tandis que nous, pécheurs,
Pour lesquels le Seul Immortel
Fut livré,
Nous Le traitons avec mépris.

Nous rions chaque jour
Quand nous entendons
Les souffrances et les outrages
Subis par le Seigneur.

Nous sommes contentés chaque jour,
Remplis de grand zèle
Pour nous revêtir de beaux atours.

Le soleil dans le ciel
À cause de l'outrage fait à Son Maître
Changea son rayonnement
En ténèbres,
Afin que nous, le voyant,
Nous suivions son exemple.

Le Maître sur la Croix
Fut outragé par Amour pour nous,
Tandis que toi,
Misérable,
Tu te revêts à jamais de splendides atours.

Ton cœur ne tremble-t-il pas ?
Ton intellect ne tressaille-t-il pas
Quand tu entends de telles choses ?

Celui Qui seul est sans péché,
Fut livré pour toi
À la mort ignominieuse,
Aux outrages et aux insultes
Tandis que toi,
Tu écoutes tout ceci
Avec une hautaine indifférence.

Le troupeau des brebis logiques
Devrait considérer très attentivement
Son Berger
Et avoir à jamais
Désir ardent de Sa Présence
Et Le respecter
Car dans Son amour,
Il souffrit,
Lui Qui est toute pureté
Et absence de passion.

Il ne devrait pas se vêtir
D'habits corruptibles,
Ni s'adonner au vain plaisir
Et aux nourritures du monde,
Mais plaire à son Maître
Par l'ascèse et la révérence vraie.

Ne devenons pas
Imitateurs des Judéens,
Peuple dur et rebelle,
Qui rejette à jamais les bénédictions
Et les bienfaits de Dieu.

Le Dieu Très Haut
Pour l'amour d'Abraham
Et de Son alliance,
Supporta dès le principe
L'obstination du peuple.

Du Ciel Il donna
La manne en nourriture,
Mais eux, indignes,
Avaient faim d'ail
Et de mets aux fragrances malignes.

De même Il leur donna de l'eau
Du rocher dans le désert,
Et en retour,
Ils L'abreuvèrent de vinaigre
Quand ils Le suspendirent à la Croix.

Frères, veillons
À ne pas être semblables aux Judéens
Qui crucifièrent le maître
Leur propre Créateur.


Soyons toujours
Dans la crainte révérencieuse,
Tenant à jamais devant nos yeux
Les souffrances du Sauveur.

Gardons toujours à l'esprit
Ses souffrances,
Car ce fut pour nous
Qu'Il souffrit.


Lui, le Maître impassible,
Lui le seul sans péché,
Il fut crucifié pour nous.

Que pouvons-nous donner en retour
Pour tout cela
Ô Frères ?

Approchez tous,
Fils de l'Eglise
Rachetés par le Précieux Sang
Du Maître Très Pur.

Allons, méditons
Ses souffrances avec des pleurs,
Avec crainte ;
Méditons avec tremblement,
Nous disant à nous-mêmes
Christ notre Sauveur
Fut livré à la mort pour nous qui sommes impies.

Sache bien, ô frère,
Ce que tu entends là :
Dieu Qui est sans péché,
Le Fils du Très Haut,
Fut livré pour toi…


Ouvre ton cœur,
Apprends en détail
Ses souffrances,
Et dis-toi :
" Dieu Qui est sans péché
En ce jour fut livré,
En ce jour fut tourné en dérision,
En ce jour fut insulté,
En ce jour fut frappé,
En ce jour fut flagellé,
En ce jour porta
Une couronne d'épines,
En ce jour fut crucifié,
Lui l'Agneau Céleste.

Ton cœur tremblera,
Ton âme tressaillira.

Verse des pleurs chaque jour,
En méditant
Les souffrances du Christ.

Les larmes deviennent douces,
L'âme est illuminée
Qui médite toujours
Les souffrances du Christ.

Médite à jamais ainsi,
Versant des larmes chaque jour,
Remerciant le Maître
Pour les souffrances
Qu'Il endura pour toi.
Au jour de Sa Parousie,
Tes larmes deviendront
Ta fierté et ton exaltation
Devant le Tribunal Céleste.

Demeure dans ce même état,
Tandis que tu médites
Sur les souffrances du Maître aimant.
Supporte les tentations,
Et remercie-Le en ton âme.

Bienheureux celui
Qui a devant ses yeux
Le Maître Céleste
Et Ses souffrances,
Et qui est crucifié lui-même,
Se coupant de toutes ses passions
Et qui es devenu l'imitateur
De son propre Maître.

Là est l'entendement véritable,
Là, l'attitude de ceux qui aiment Dieu
Quand ils deviennent à jamais,
Par leurs bonnes œuvres,
Les imitateurs de leur Maître.

Homme impudent,
Vois-tu le Maître Très Pur
Suspendu à la Croix,
Tandis que tu dépenses
Le temps de ta vie sur terre
Dans le plaisir et les rires ?

Ne sais-tu pas, misérable,
Que le Seigneur crucifié
Te demandera compte
De toutes tes actions méprisantes ?
Le sais-tu,
Toi, qui les entendant mentionner,
Ne montres nulle inquiétude
Et qui au sein de ton plaisir,
Ris,
Et te contentes dans l'indifférence ?

Le jour viendra,
Ce jour effroyable
Où tu pleureras sans discontinuer
Et tu hurleras de douleur dans la fournaise,
Et il n'y aura personne
Pour répondre
Et avoir mercy de ton âme.

Je T'adore ô Maître,
Je Te bénis, Toi Qui Es Bon,
Je Te supplie, ô Saint,
Je me prosterne devant Toi, 
Qui aimes les humains,
Et je Te glorifie, ô Christ,
Car Toi, Fils Unique,
Maître de Tout, Seul sans péché,
Tu fus livré à la mort,
À la mort sur une Croix
Afin de délivrer
L'âme des pécheurs
Des liens des péchés.

Et que Te donnerais-je
En retour pour tout,
Ô Maître ?

Gloire à Toi, Ami des hommes,
Gloire à Toi, Ô Miséricordieux,
Gloire à Toi, ô Longanime,
Gloire à Toi, Qui pardonnes toute faute,
Gloire à Toi, Qui descendis pour sauver nos âmes,
Gloire à Toi, Incarné dans le sein de la Vierge,
Gloire à Toi, Qui fus lié,
Gloire à Toi, Qui fus flagellé,
Gloire à Toi, Qui fus crucifié,
Gloire à Toi, Qui fus enseveli,
Gloire à Toi, Qui ressuscitas,
Gloire à Toi, Qui fus proclamé,
Gloire à Toi, Qui fus cru,
Gloire à Toi, Qui fus élevé aux Cieux,
Gloire à Toi, Qui siégeas avec grande gloire,
À la droite du Père,
Et reviendras
Avec la gloire du Père et des saints Anges
Pour juger toute âme
Qui a méprisé
Tes saintes souffrances.


En cette heure redoutable et terrible,
Quand les puissances des Cieux
Seront ébranlées,
Quand les Anges, les Archanges,
Les Chérubins et les Séraphins
Viendront tous ensemble,
Avec crainte et tremblement,
Devant Ta Gloire ;
Quand tous les fondements de la terre
Trembleront,
Et que tout ce qui respire
Tressaillira devant Ta Gloire
Immense et sans fin,
En cette heure
Ta main me protègera,
Et mon âme sera délivrée
Du feu terrible,
Des grincements de dents
Des ténèbres extérieures
Et des pleurs éternels.

Et Te bénissant,
Puissè-je dire :
" Gloire à Celui Qui
Par Ses nombreux actes
De pitié et de compassion
Voulut sauver le pécheur. "

Version française de Claude LOPEZ-GINISTY

Fin et Gloire à Notre Dieu !

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