dimanche 11 novembre 2007

ST. EPHREM LE SYRIEN: Discours sur la passion





DISCOURS SUR LA PASSION 
DE NOTRE PERE PARMI LES SAINTS 
EPHREM LE SYRIEN


Je crains de parler / Et de toucher de la langue/ Cette relation effroyable/ concernant le Sauveur / Car il est effrayant en vérité / De narrer tout cela./

Notre Seigneur / Fut livré en ce jour /Aux mains des pécheurs ! / Pour quelle raison alors / Celui Qui est Saint / Et sans péché fut-il livré ?/



Pour n’avoir point péché, / Il fut livré en ce jour./

Allons ! Examinons soigneusement / Pourquoi Christ notre Sauveur / Fut livré./



Pour nous impies, / Le Maître fut livré . / Qui ne s’émerveillerait pas ? / Qui ne glorifierait pas ce fait ? / Alors que les esclaves ont péché, / Le Maître fut livré./



Les fils de perdition / Et les enfants des ténèbres / Sortirent des ténèbres / Pour arrêter le Soleil /Qui avait le pouvoir /De les consumer en un instant./



Mais le Maître connaissant / Leur effronterie / Et la force de leur ire, / Avec douceur, / De Sa propre autorité, / Se livra Lui-même / Aux mains des impies.



Et les hommes sans Loi, / Ayant lié le Maître Très Pur, / Se moquèrent de Celui / Qui avait lié le puissant / De liens solides, / Et nous avait libérés / Des chaînes du péché.



Ils Lui tressèrent une couronne / De leurs propres épines, / Fruit de la vigne des Judéens.

/ Avec moquerie, Ils L’appelèrent Roi./ Ces êtres sans Loi / Crachèrent à la Face du Très Pur, / Dont le regard / Fait trembler de peur / Toutes les puissances des Cieux / Et les ordres angéliques.



Voyez à nouveau l’affliction et les pleurs, / S’emparent de mon cœur / Tandis que je contemple le Maître / Qui supporte les outrages et les insultes, / La flagellation, les crachats et les coups / Des esclaves. /



Venez, observez bien / L’abondance de compassion, / L’indulgence et la mercy / De notre doux Maître./



Il avait un esclave/ Dans le Paradis des délices / Et Quand celui-ci pécha, / Il fut livré aux bourreaux. / Mais quand le Très Bon / Vit sa faiblesse d’âme, / Il eut compassion et mercy

De cet esclave, / Et Il se présenta Lui-même, / Pour être flagellé par lui./



Je voulais rester silencieux / Car mon intellect / Était totalement frappé de stupeur / Mais là encore, je craignis / De rejeter par mon silence / La Grâce de mon Sauveur. / Et mes os tremblent

Lorsque j’y songe seulement./



Celui Qui fit toute chose, / Notre Seigneur Lui-même, / Fut en ce jour mis en accusation / Comme un condamné devant Caïphe ; / Et un des serviteurs de ce dernier, / Le frappa./



Mon cœur tremble / Alors que je songe à ces choses : / L’esclave est assis, / Le Maître se tient debout, / Et celui qui est plein d’iniquité / Porte sentence / Sur Celui Qui est sans péché./



Les cieux tremblèrent, / Les fondations de la terre furent ébranlées ; / Les Anges et Archanges

Tremblèrent tous de terreur. / Gabriel et Michel / Couvrirent leurs visages / De leurs ailes./



Les Chérubins du Trône / Se cachaient sous les rouages, / Les Séraphins à cet instant / Choquaient leurs ailes / L’une contre l’autre / Quand le serviteur / Donna un coup au Maître./



Comment les fondations de la terre / Supportèrent-elles le séisme / Et le tremblement / À ce moment même / Où le Maître fut outragé ?/



J’observe et je tremble, / Et de nouveau, je suis stupéfié, / Quand je vois la longanimité / Du Maître aimant./



Car voyez comme mes entrailles / Tremblent tandis que je parle, / Car le Créateur, / Qui par Grâce façonna / L’humanité dans la poussière, / Lui Qui façonna tout / Est frappé !/



Ne nous contentons pas d’écouter, / Mes frères, / Soyons dans la crainte révérencieuse / Le Sauveur endura / Toutes ces choses pour nous./



Misérable serviteur / Dis-nous pourquoi / Tu frappas le Maître ?/



Tous les serviteurs / Lorsqu’ils sont libérés / Reçoivent un coup,

Afin d’obtenir la liberté périssable ; / Mais toi, misérable, / Tu frappas injustement / Le Libérateur de tous./



Espérais-tu peut-être / Recevoir de Caïphe / Une récompense pour ce coup ?/



N’avais-tu pas entendu dire, / N’avais-tu pas appris / Que Jésus / Est le Maître des Cieux ?/



Tu donnas un coup / Au Maître de toute chose, / Mais tu devins esclave des esclaves. / D’âge en âge, / Et tu fus condamné à jamais, / Disgrâce et abomination, / Au feu qui ne s’éteint point./



C’est grande merveille, ô frères, / Que de voir la douceur / Du Christ Roi ! / Frappé par un esclave, / Il répondit avec patience, / / Avec douceur / Et grande révérence. / Un serviteur serait indigné, / Le Maître supporte.. / Un serviteur est enragé, / Le Maître est doux./



Au temps de la colère, / Qui supporterait / Rage et tumulte ? / Mais notre Seigneur / Se soumit à tout ceci / Dans Sa Bonté./



Qui peut exprimer / Ta longanimité / Ô Maître ?/



Vous que le Christ attend / Qui êtes aimés du Christ, / Approchez avec componction / Et désir ardent du Sauveur./ / Venez, / Apprenons ce qui advint en ce jour / À Sion, la Cité de David. / Les bien aimés élus / De la racine d’Abraham, / Qu’ont ils fait en ce jour ? / Ils ont livré à la mort / Le Très Pur Maître / Aujourd’hui./



Christ notre sauveur / Fut injustement pendu / Sur l’arbre de la Croix / Par des mains impies.

Venez, / Lavons tous nos corps / Avec des larmes et des gémissements, / Car notre Seigneur, / Le Roi de Gloire, / Fut livré à la mort, / Pour nous, gens impies./



Si quelqu’un entend dire soudain / Que l’être qu’il aimait en vérité, / Est mort, / Ou encore, s’il voit soudain, / L’être bien aimé lui-même / Gisant comme un cadavre / Devant ses yeux, / Sa contenance est altérée / Et sa vue s’enténèbre alors./



Ainsi dans les hauteurs des Cieux, / Quand on vit / L’outrage fait au Maître / Sur l’arbre de la Croix, / Le soleil étincelant fut changé ; / Il retira de ses rayons / Sa brillance accoutumée, / Et incapable de voir / L’outrage causé au Maître, / Se vêtit lui-même de douleur et de ténèbres./



Mêmement le Saint Esprit / Qui est dans le Père, / Quand Il vit / Le Fils Bien Aimé / Sur l’arbre de la Croix, / Déchirant le voile / Qui ornait le Temple, / Sortit soudain / Sous l’apparence d’une colombe./



Toute la création / Fut crainte et tremblement^/ Quand le Roi des Cieux, / Le Sauveur, souffrit / Tandis que nous, pécheurs, / Pour lesquels le Seul Immortel / Fut livré, / Nous Le traitons avec mépris./



Nous rions chaque jour / Quand nous entendons / Les souffrances et les outrages / Subis par le Seigneur. / Nous sommes contentés chaque jour, / Remplis de grand zèle / Pour nous revêtir de beaux atours./

Le soleil dans le ciel / À cause de l’outrage fait à Son Maître / Changea son rayonnement / En ténèbres, / Afin que nous, le voyant, / Nous suivions son exemple./



Le Maître sur la croix / Fut outragé par amour pour nous, / Tandis que toi, / Misérable, / Tu te revêts à jamais de splendides atours./



Ton cœur ne tremble-t-il pas ? / Ton intellect ne tressaille-t-il pas / Quand tu entends de telles choses ?/



Celui Qui seul est sans péché, / Fut livré pour toi / À la mort ignominieuse, / Aux outrages et aux insultes / Tandis que toi, / Tu écoutes tout ceci / Avec une hautaine indifférence./



Le troupeau des brebis logiques / Devrait considérer très attentivement / Son Berger / Et avoir à jamais / Désir ardent de Sa Présence / Et Le respecter / Car dans Son amour, / Il souffrit, / Lui Qui est toute pureté / Et absence de passion./



Il ne devrait pas se vêtir / D’habits corruptibles, / Ni s’adonner au vain plaisir / Et aux nourritures du monde / Mais plaire à son Maître / Par l’ascèse et la révérence vraie./



Ne devenons pas / Imitateurs des Judéens, / Peuple dur et rebelle, / Qui rejette à jamais les bénédictions / Et les bienfaits de Dieu./



Le Dieu Très Haut / Pour l’amour d’Abraham / Et de Son alliance, / Supporta dès le principe / L’obstination du peuple. / Du Ciel il donna / La manne en nourriture, / Mais eux, indignes, / Avaient faim d’ail / Et de mets aux fragrances malignes./



De même il leur donna de l’eau / Du rocher dans le désert, / Et en retour, / Ils l’abreuvèrent de vinaigre / Quand ils Le suspendirent à la Croix./



Frères, veillons / À ne pas être semblables aux Judéens / Qui crucifièrent le maître / Leur propre Créateur. / Soyons toujours / Dans la crainte révérencieuse, / Tenant à jamais devant nos yeux / Les souffrances du Sauveur./



Gardons toujours à l’esprit / Ses souffrances, / Car ce fut pour nous / Qu’Il souffrit. / Lui, le Maître impassible, / Lui le seul sans péché, / Il fut crucifié pour nous./



Que pouvons-nous donner en retour / Pour tout cela / Ô Frères ? / Approchez tous, / Fils de l’Eglise / Rachetés avec le Précieux Sang / Du Maître Très Pur./ Allons, méditons / Ses souffrances avec des pleurs, / Avec crainte ; / Méditons avec tremblement, / Nous disant à nous-mêmes / Christ notre Sauveur / Fut livré à la mort pour nous qui sommes impies./



Sache bien, ô frère,/ Ce que tu entends là : / Dieu Qui est sans péché, / Le Fils du Très Haut,

Fut livré pour toi.. / Ouvre ton cœur, / Apprends en détail / Ses souffrances, / Et dis-toi :

« Dieu Qui est sans péché

En ce jour fut livré,

En ce jour fut tourné en dérision,

En ce jour fut insulté,

En ce jour fut frappé,

En ce jour fut flagellé,

En ce jour porta

Une couronne d’épines,

En ce jour fut crucifié,

Lui l’Agneau Céleste."



Ton cœur tremblera,/ Ton âme tressaillira. / Verse des pleurs chaque jour, / En méditant / Les souffrances du Christ. / Les larmes deviennent douces, / L’âme est illuminée / Qui médite toujours / Les souffrances du Christ./



Médite à jamais ainsi, / Versant des larmes chaque jour, / Remerciant le Maître / Pour les souffrances / Qu’Il endura pour toi. / Au jour de Sa Parousie, / Tes larmes deviendront / Ta fierté et ton exaltation / Devant le Tribunal Céleste./



Demeure dans ce même état, / Tandis que tu médites / Sur les souffrances du Maître aimant. / Supporte les tentations, / Et remercie-Le en ton âme./



Bienheureux celui / Qui a devant ses yeux / Le Maître Céleste / Et Ses souffrances, / Et qui est crucifié Lui-même, / Se coupant de toutes ses passions / Et qui es devenu l’imitateur / De son propre Maître./



Là est l’entendement véritable, / Là, l’attitude de ceux qui aiment Dieu / Quand ils deviennent à jamais, / Par leurs bonnes œuvres, / Les imitateurs de leur Maître./



Homme impudent, / Vois-tu le Maître Très Pur / Suspendu à la Croix, / Tandis que tu dépenses / Le temps de ta vie sur terre / Dans le plaisir et les rires ?/



Ne sais-tu pas, misérable, / Que le Seigneur crucifié / Te demandera compte / De toutes tes actions méprisantes ? / Le sais-tu, / Toi, qui les entendant mentionner, / Ne montres nulle inquiétude / Et qui au sein de ton plaisir, / Ris / Et te contentes dans l’indifférence ?/



Le jour viendra, / Ce jour effroyable / Où tu pleureras sans discontinuer / Et tu hurleras de douleur dans la fournaise, / Et il n’y aura personne / Pour répondre / Et avoir mercy de ton âme./



Je T’adore ô Maître, / Je Te bénis, Toi Qui Es Bon, / Je Te supplie, ô Saint,/

Je me prosterne devant Toi, Qui aimes les hommes, / Et je Te glorifie, ô Christ, / Car Toi, Fils Unique, / Maître de Tout, Seul sans péché, / Tu fus livré à la mort, / À la mort sur une Croix / Afin de délivrer / L'âme des pécheurs / Des liens des péchés./



Et que Te donnerais-je / En retour pour tout, / Ô Maître ?/



"Gloire à Toi, Ami des hommes,

Gloire à Toi, Ô Miséricordieux,

Gloire à Toi, ô Longanime,

Gloire à Toi, Qui pardonnes toute faute,

Gloire à Toi, Qui descendis pour sauver nos âmes,

Gloire à Toi, Incarné dans le sein de la Vierge,

Gloire à Toi, Qui fus lié,

Gloire à Toi, Qui fus flagellé,

Gloire à Toi, Qui fus crucifié,

Gloire à Toi, Qui fus enseveli,

Gloire à Toi, Qui ressuscitas,

Gloire à Toi, Qui fus proclamé,

Gloire à Toi, Qui fus cru,

Gloire à Toi, Qui fus élevé aux Cieux,

Gloire à Toi, Qui siégeas avec grande gloire,

À la droite du Père,

Et reviendras

Avec la gloire du Père et des saints Anges

Pour juger toute âme

Qui a méprisé

Tes saintes souffrances.

En cette heure redoutable et terrible,

Quand les puissances des Cieux

Seront ébranlées,

Quand les Anges, les Archanges,

Les Chérubins et les Séraphins

Viendront tous ensemble,

Avec crainte et tremblement,

Devant Ta Gloire ;

Quand tous les fondements de la terre

Trembleront,

Et que tout ce qui respire

Tressaillira devant Ta Gloire

Immense et sans fin,

En cette heure

Ta main me protègera,

Et mon âme sera délivrée

Du feu terrible,

Des grincements de dents

Des ténèbres extérieures

Et des pleurs éternels."



Et Te bénissant, / Puissè-je dire : / « Gloire à Celui Qui / Par Ses nombreux actes / De pitié et de compassion /Voulut sauver le pécheur. »/


Version française de Claude LOPEZ-GINISTY
d'après
https://www.trueorthodoxy.info/pat_stephrem_passion_savior.shtml


Fin & Gloire à Notre Dieu !

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