"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 31 juillet 2022

Jackie Morfesi: Les chrétiens tièdes et craintifs sont le terrain de jeu du Diable

 

Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant,

 je te vomirai de ma bouche. 

Apcalypse 3:16


Les ténèbres se réjouissent des chrétiens qui ont peur de faire rayonner leur lumière. En fait, un chrétien craintif est le terrain de jeu du Diable.

J'ai eu la chance d'avoir une mère, Lucia -que sa mémoire soit éternelle-, qui avait l'audace de me dire la vérité scripturaire. Elle savait exactement ce qu'il fallait dire pour planter une graine dans mon cœur qui prendrait racine et pousserait pour les années à venir. Je me souviens très bien qu'elle m'a regardée quand j'étais enfant debout dans notre cuisine du New Jersey et m'a dit que Dieu ne voulait pas des tièdes.

« Ainsi donc, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirrai de ma bouche » (Apocalypse 3:16). Paroles puissantes que chacun de nous doit prendre à cœur. Mais qu'est-ce que cela signifie que d'être tiède ? Dans cette citation de l'Ecriture, il est question des chrétiens tièdes de l'Eglise de Laodicée, mais il s'agit d'une tragédie qui, à notre époque, peut affecter tous les chrétiens, en particulier.

En tant que familier de la Parole sainte de Dieu, j'entends souvent un passage  de l'Ecriture et cela m'en rappelle un autre. L'avertissement d'être tiède rappelle : « Car Dieu ne nous a pas donné l'esprit de crainte, mais de puissance, d'amour et d'esprit sain » (2 Timothée 1:7). La raison pour laquelle ce passage de l'Ecriture me vient à l'esprit est que la peur est à la racine même de la raison pour laquelle nous sommes tièdes.

Nous sommes tièdes parce que nous avons peur.
Peur de ce que les autres peuvent penser de nous.
- Peur des chuchotements derrière notre dos.
Peur que les regards indiquent une désapprobation.
Peur des hypothèses que les autres peuvent faire à notre sujet.
Peur de ce que nous pourrions perdre ou risquer en restant fidèles à notre foi.
Mais ce dont nous avons également peur, c'est de notre propre lumière. La Lumière même dont nous avons été dotés lors de notre baptême. La Lumière du Saint-Esprit qui est en nous.

Nous avons un million d'excuses pour lesquelles nous sommes tièdes. Nous disons que c'est révélateur de notre humilité. Révélateur de notre manque de fierté. De notre douceur. Mais en vérité, cela indique notre complicité. Manque de foi. Manque de courage et lâcheté. Cela indique que nous diminuons la puissance et l'amour de Dieu sur nos vies et que nous ne croyons pas en Ses promesses. Dieu n'a aucune limitation. Nous sommes ceux qui, par péché, imposons des limites à Dieu. Un jour, nous nous tiendrons tous devant le tribunal du redoutable Jugement de Dieu et le Christ n'aura pas de tiédeur alors qu'Il parlera hardiment en notre nom, pour informer notre Père de notre feu ou de notre absence de feu.

Je suis fatiguée des excuses. Il y a un million d'excuses. Pourquoi fermons-nous les yeux ? Pourquoi frémissons-nous pour parler. J'ai même entendu de la part de chrétiens bien intentionnés qu'ils n'ont pas l'intelligence ou les connaissances nécessaires pour parler de leur foi, ou pour témoigner. Imaginez être un Enfant de Dieu, un disciple du Christ, et ne pas sentir que nous avons le droit de témoigner de notre Dieu et de ce qu'Il a fait dans nos vies et de ce qu'Il peut faire dans la vie des autres.

Nous devons nous garder de nous contenter et de suivre une foi tiède. Les paroles et les murmures des ténèbres, ne viennent pas seulement nous attaquer personnellement, mais ils viennent à nous par la bouche des autres. Il arrive un moment où il est non seulement juste, mais saint de s'éloigner de quoi que ce soit et de quiconque a l'intention de dire mensonge et limitation de la puissance, de l'Amour et de la Miséricorde de Dieu. Il n'y a pas de honte à établir des limites pour les puissances défavorables, même pour les puissances défavorables qui nous parviennent par la vie et les paroles des autres. Ceux qui choisissent volontairement et consciemment de regarder la souffrance et de ne pas avoir de miséricorde. Qui constatent volontiers l'injustice et choisissent de se taire. Ceux qui choisissent de parler des limitations et non de l'abondance.

Nous devons être responsables de nos dons et de nos talents, en les utilisant avec vérité et compassion, sans calomnie ni méchanceté, sinon le jour viendra où ils nous seront enlevés. Cela inclut le don de la parole. Nous savons très bien que Dieu fera taire les langues des menteurs et des séducteurs. « Les lèvres fausses sont en horreur à l'Eternel, Mais ceux qui agissent avec vérité lui sont agréables.» (Proverbes 12:22).

Je suis courageuse. Dieu merci, je suis courageuse. Je crois que c'était mon devoir d'être courageuse et ma mère, dans sa sagesse maternelle, savait que ce serait ma vocation. Elle s'est assurée de planter la graine à l'intérieur de mon cœur afin que je me souvienne de ses paroles au moment où j'ai senti l'insécurité venir sur moi. Nous savons tous qui plante les graines de la peur et de l'insécurité dans nos cœurs et nos âmes, et ce n'est pas Dieu mais les impies.

Les ténèbres se réjouissent des chrétiens qui ont peur de faire rayonner leur lumière. En fait, un chrétien craintif est le terrain de jeu du Diable.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHODOX NETWORK BLOG

samedi 30 juillet 2022

Père Seraphim [Rose] (1934-1982): Vivre à une époque où les faux enseignants sont nombreux


Jamais il n'y a eu une époque avec autant de faux enseignants que ce pitoyable XXe siècle, aussi riche en gadgets matériels et si pauvre en esprit et en âme.

Chaque opinion imaginable, même la plus absurde, même celle qui a été rejetée jusqu'à présent par le consentement universel de tous les peuples civilisés - a maintenant sa plate-forme et son propre « enseignant ».

Quelques-uns de ces enseignants viennent avec une démonstration ou une promesse de "pouvoir spirituel" et de faux miracles, comme certains occultistes et "charismatiques" ; mais la plupart des enseignants contemporains n'offrent rien de plus qu'une faible concoction d'idées non digérées qu'ils reçoivent "de nulle part", pour ainsi dire, ou d'un "sage" (ou d'une femme sage) moderne autoproclamé qui en sait plus que tous les anciens simplement en vivant dans nos temps modernes "éclairés".

En conséquence, la philosophie compte mille écoles, et le « christianisme » – mille sectes. Où se trouve la vérité dans tout cela, si elle se trouve réellement dans nos temps les plus malavisés ?

En un seul endroit se trouve la source du véritable enseignement, venant de Dieu Lui-même, non altéré au fil des siècles, mais toujours actuel, étant une seule et même chose chez tous ceux qui l'enseignent vraiment, conduisant ceux qui le suivent au salut éternel.

Cet endroit est l'Église orthodoxe, la source est la grâce du Très Saint-Esprit, et les véritables enseignants de la doctrine divine qui découle de cette source sont les Pères Saints de l'Église orthodoxe.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

vendredi 29 juillet 2022

Père Vladimir Dolgikh: Quand la prière l'emporte sur la raison : les prières salvifiques de sainte Monique

 

Saints Augustin et Monique par Ary Scheffer, 1854

Lorsque nous sommes en difficulté et que quelqu'un nous dit de prier, nous pouvons balayer son conseil d'un revers de la main. Mais cette réaction pourrait révéler notre incapacité à prier ou notre incrédulité quant à la puissance de la prière.

Il est dans la nature humaine d'exagérer la vérité de ses croyances. Parfois, le caractère d'une personne peut exacerber cette tendance et créer l'envie de montrer quelque chose aux autres, de les convaincre de changer leurs opinions et d'influencer leurs opinions. Lorsque la vérité et le mensonge se mélangent tellement qu'ils deviennent presque indiscernables, beaucoup seront prêts à entrer dans une dispute. Mais une dispute conduit rarement à la vérité, mais seulement à plus d'amertume et de colère.

Invariablement, chaque différend soulève la question : que devons-nous faire face aux injustices qui affligent notre monde ? Mais le conseil de prier est reçu avec scepticisme. Beaucoup le rejetteront en plaisantant: « Priez, jeûnez et écoutez la radio chrétienne, et cela résoudra tous vos problèmes. » Cependant, un appel à la prière est peut-être la recommandation la plus sage que l'on puisse recevoir dans sa situation difficile. Les personnes qui prient de bonne foi seront récompensées, et l'histoire du christianisme offre de nombreux exemples. Considérons l'un d'eux - la vie de sainte Monique, mère du bienheureux Augustin, commémorée par l'Église le 17 mai. C'était une femme fragile, et sa patience infinie a multiplié la puissance de sa prière à de nombreuses reprises.

Elle a élevé l'un des enseignants et des saints les plus éminents de l'Église connus bien au-delà du monde chrétien. Comment a-t-elle accompli cet immense exploit, même si elle n'a jamais pratiqué aucune des méthodes classiques d'éducation ?

Les biographies des saints brossent souvent un tableau familier : le futur saint grandit dans une famille pieuse, apprenant à vivre en tant que chrétien à partir de l'exemple de ses parents. La vie de sainte Monique était très différente. Sa situation était similaire à celle qui affecte la vie de nombreuses personnes de nos jours. Son mari païen allait avec d'autres femmes et ne jugeait pas cela honteux. Son fils, essentiellement hérétique, vivait en concubinage, comme nous le dirions aujourd'hui. En général, on qualifierait sa vie de stressante et extrêmement traumatisante.

Si vous avez lu les Confessions du bienheureux Augustin, vous avez peut-être remarqué la tendresse avec laquelle il écrit sur sa mère. La plupart des informations sur la vie de Monique proviennent de ce livre.

Sainte Monique ne voyait pas ses difficultés comme des souffrances insupportables. Elle se maria tôt, contre sa volonté, comme beaucoup de femmes de son temps. Néanmoins, elle aimait son mari Patrice. Comme le rappelle saint Augustin, Monique ne s'est jamais plainte mais elle priait pour son mari avec véhémence, patience et fidélité.

Ses prières portèrent leur fruit. Finalement, Patrice cessa ses outrages et se convertit au christianisme. Elle conquit son mari, mais elle avait encore besoin de ramener son fils à la raison.

Comment peut-on trouver des mots pour décrire l'angoisse d'une mère alors qu'elle voit son fils sur le chemin de la damnation éternelle ? Comme nous nous en souvenons, le bienheureux Augustin avait embrassé la doctrine du manichéisme. Pour apprécier la gravité de sa situation, permettez-moi de mentionner que le manichéisme n'était pas seulement une hérésie chrétienne, mais un enseignement gnostique basé sur une compréhension déformée du texte biblique. Les adeptes du manichéisme préconisaient une religion universelle, avec des principes prêchés publiquement et en privé. Sa flexibilité phénoménale lui  permit d'assimiler presque n'importe quel système religieux. Pas étonnant que de nombreux érudits aient qualifié le manichéisme d'hérésie mondiale.

Le bienheureux Augustin était le seul enfant de Monique, mais il était peut-être le plus expérimenté de tous. Jeune homme naturellement doué, il embrassa non seulement l'hérésie personnellement, mais il y attira aussi  beaucoup de ses amis. Que pourrait faire sa mère ? Servir les acathistes ou demander des prières d'intercession à l'Eglise ? Ni l'un ni l'autre n'était disponible à son époque. Elle pouvait aussi s'armer d'une batterie d'arguments pour convaincre son fils d'abandonner les faux enseignements. Cela aurait-il fonctionné ? Peut-être pas, surtout si l'on considère à quel point son fils s'était abîmé dans l'hérésie. Beaucoup de ceux qui ont été dans des situations similaires confirmeraient la futilité de se disputer avec quelqu'un qui était si égaré qu'il n'écouterait pas la voix de la raison.

Sainte Monique pria. Nous ne savons pas comment elle le fit, mais nous savons qu'il lui fallut dix longues années. Pendant toutes ces années, elle pria sans trace de désespoir ou de récriminations, ni réponse directe de Dieu. Elle priait avec patience et foi, espérant que le Seigneur l'entendrait et accomplirait un miracle. Le Seigneur entendit ses prières, et finalement, elle retrouva son fils.

Sainte Monica vécut 56 ans et vit son fils se convertir au Christ. Enfin, elle pouvait se tenir devant Dieu en paix. Les sceptiques pourraient dire qu'elle pria si fort et si longtemps pour ne sauver que deux personnes. Mais ce sont les personnes qui lui étaient les plus précieuses - son mari prodigue et son fils, schismatique. Ils trouvèrent le Christ, et son fils  devint l'un des enseignants chrétiens les plus remarquables du monde.

L'ampleur de l'accomplissement de sainte Monique est évidente. Mais rappelons-nous que la prière faisait naturellement partie de sa vie. Dans ce contexte, il convient de rappeler les paroles de saint Jean Chrysostome qui énonça ces conditions pour que le Seigneur entende nos supplications :

« Le Seigneur tiendra compte de nos prières, premièrement, si nous en sommes dignes ; deuxièmement, si nous suivons Ses commandements ; troisièmement, si nous prions sans cesse ; quatrièmement, si nous ne demandons rien de cette parole ; cinquièmement, si ce que nous demandons nous sera utile ; et sixièmement, si nous faisons ce que nous devons de notre côté.

Souvenons-nous donc de ces six conditions alors que nous commémorons sainte Monique pour nous protéger contre le désespoir, vivre nos vies et lutter pour le salut de nos proches avec patience. Puissions-nous tous avoir la sagesse de ne pas entrer dans des disputes infructueuses qui ne font que multiplier l'amertume et la colère.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE CATALOGUE OF GOOD DEEDS

jeudi 28 juillet 2022

Père Gabriel Rochelle: LE CHEMIN SPIRITUEL DE SAINT SÉRAPHIM DE SAROV

St. Séraphim de Sarov pria sur un rocher pendant mille jours


Dans l'Église orthodoxe, des saints apparaissent. Aucun bureau central d'une institution ne vérifie, ne qualifie et ne certifie une personne comme sainte. En un mot, nous sommes tous saints. Le mot signifie simplement « mis à part » et c'est ainsi que les chrétiens se comprennent depuis les temps anciens : mis à part pour le service de Dieu dans le monde, mais pas de ce monde. "Celui qui aime vraiment Dieu se considère comme un vagabond et un nouveau venu sur terre, car en lui il y a un effort vers Dieu dans l'âme et dans l'esprit, qui contemple Dieu seul." Certaines personnes apparaissent comme des personnes remarquables dans l'église. Leur principale caractéristique est la recherche de vivre en présence de Dieu avec chaque fibre de leur être, et de reconnaître la présence de Dieu dans la création et l'humanité.

Un tel saint était Séraphim de Sarov, auteur de la citation ci-dessus. Seraphim est né Prohor Moshnin en 1759 à Koursk, en Russie, dans une famille marchande, et il a fait preuve d'une forte sensibilité spirituelle dès son enfance. Après s'être remis d'une maladie infantile, il entra au monastère de Sarov en 1778. En 1786, il fit les vœux définitifs pour devenir moine et reçut le nom de Seraphim, qui signifie "feu" ou "brûlure", en partie à cause de son zèle pour la prière. Après 1793, l'année où il fut ordonné prêtre de l'Eglise, il partit dans un ermitage forestier à huit kilomètres au nord du monastère, et il commença à voir les gens comme staretz (terme russe pour désigner un ancien, c'est-à-dire un père spirituel]. Les gens affluèrent vers lui au cours des dernières décennies de sa vie. Au début de cette période, il subit de graves passages à tabac aux mains de voleurs, 
ce qui le laissa bossu pour le reste de sa vie. Au procès de ces hommes, qui avaient été capturés, Seraphim leur offrit des paroles de pardon.

Les animaux de la forêt aimaient particulièrement Séraphim, et il les nourrissait alors même que la légende dit qu'ils le nourrissaient aussi. Parmi ses amis animaux se trouvait un ours souvent représenté avec lui sur l'une des icônes qui commémorent sa vie. Notre bénédiction animale annuelle à saint Antoine de la mission du désert ce samedi est en l'honneur de saint Séraphim.

Saint Seraphim dit à propos de la foi : "La foi, selon les enseignements de saint Antioche, est le début de notre union avec Dieu : les vrais croyants sont la pierre de l'Église de Dieu, préparée pour l'édifice de Dieu le Père, qui est élevé jusqu'aux sommets par la puissance de Jésus-Christ, c'est-à-dire par la Croix et l'aide de la grâce de l'Esprit Saint. "La foi sans les œuvres est morte" (Jacques 2:26). Les œuvres de la foi (fruits de l'Esprit) sont l'amour, la paix, la patience, la miséricorde, l'humilité et le port de sa croix. La vraie foi ne peut rester sans œuvres. Celui qui croit vraiment accomplira aussi sûrement de bonnes œuvres."

Au cœur de l'approche de la foi de Séraphim  se trouvait l'acquisition de l'Esprit Saint, qu'il appela le "vrai but de la vie chrétienne". Il consacra sa vie à cette acquisition par la prière et la discipline et il insista sur la même pratique pour ses visiteurs. Son dicton le plus mémorable est : "Acquéiers la paix, et des milliers de personnes autour de toi seront sauvées." La prière, la discipline ascétique et les actes de miséricorde y parviennent depuis longtemps. Seraphim a dit : "Seules les actes accomplis pour le Christ nous donnent les fruits du Saint-Esprit."

L'Église orthodoxe en Russie a reconnu Séraphin comme saint en 1903, la 70e année après sa mort. Les églises orthodoxes du monde entier ont célébré le centenaire de sa reconnaissance en tant que saint en 2003. Les gens continuent à venir prier sur la tombe de saint Seraphim et à faire l'expérience de sa présence dans leur vie de nombreuses façons pour obtenir des conseils et des guérisons.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN


Les reliques de l'archevêque Théophane de Poltava arrivent en Russie


Merci à Père C. qui m'a transmis le lien!

mardi 26 juillet 2022

LES RESTES DE L'ARCHEVÊQUE THÉOPHANE DE POLTAVA, CONFESSEUR DES MARTYRS ROYAUX, RETOURNENT EN RUSSIE POUR ÊTRE REINHUMES

Limeray, Région de la vallée de la Loire, France, 25 juillet 2022

azbyka.ruazbyka.ru     

Depuis son décès en 1940, les restes de Son Éminence l'archevêque Théophane de Poltava, connu sous le nom de Nouveau Reclus, reposaient dans le cimetière municipal de la petite bourgade de Limeray dans la région française de la vallée de la Loire.

Mais le jeudi 21 juillet, le processus de réinhumation de sa dépouille en Russie, sa patrie, où il fut jadis confesseur des martyrs impériaux, a commencé. Les restes du hiérarque furent exhumés ce matin-là, et Son Éminence l'archevêque Nestor de Madrid et de Lisbonne servit une panikhide, rapporte le diocèse de Korsun.

L'exhumation et l'office furent suivis par le maire local, les clercs et fidèles qui vinrent spécialement en France pour l'occasion.

Le même jour, les restes de l'archevêque furent envoyés à St. Pétersbourg, où ils seront inhumés au cimetière de Volkovo.

cerkov-ru.comcerkov-ru.com     ***

Le futur archevêque Théophane naquit dans une famille de prêtres dans le Gouvernorat de Saint-Pétersbourg en 1874.

Il étudia à l'école de théologie de la Laure St. Alexandre Nevsky, puis au Séminaire et à l'Académie théologique de Saint-Pétersbourg. Il fut tonsuré moine sous le nom de Théophane en 1898. Il fut ordonné hiérodiacre et hiéromoine plus tard la même année.

En 1901, Père Théophane fut élevé au rang d'archimandrite et nommé inspecteur d'Académie par intérim. Il obtint sa maîtrise en théologie en 1905. Il eut également l'occasion de rencontrer le tzar Nicolas cette année-là, après quoi il fut nommé père spirituel de la famille impériale.

En février 1909, il devint recteur de l'Académie de théologie de Saint-Pétersbourg, et plus tard ce mois-là, il fut consacré évêque à la Laure de l'église St. Alexandre Nevsky. L'année suivante, il fut nommé au diocèse de Tauride, bien qu'il ait été transféré au diocèse d'Astrakhan en 1912, où on se souvenait de lui pour son ascèse rare, sa simplicité et son accessibilité, et le mépris total de son bien-être matériel. Sa maison devint un refuge pour les pauvres, qui y recevaient toute l'aide nécessaire. Cependant, il y contracta la malaria et sa tuberculose préexistante s'aggrava.

En 1913, il fut transféré à Poltava, où il resta jusqu'après la terrible révolution de 1917. En 1918, il fut élevé au rang d'archevêque. En novembre 1920, avec d'autres évêques du Sud, il accepta le sort triste de l'exil.

Il se rendit à Constantinople, puis en Yougoslavie, en Bulgarie et enfin en France, où il se retira en réclusion, vivant la vie d'un ermite dans des grottes, où il pouvait se consacrer entièrement à la prière. Il reposa en Christ en 1940.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

     


Père Andrei Chijenko: Quelle est la différence entre la crainte de Dieu et la panique ?

Quelle est la différence entre la peur de Dieu et la panique ?


Aujourd'hui, ce sujet est particulièrement pertinent en relation avec la pandémie de coronavirus. La crainte de Dieu diffère de la panique par le fait que, lorsqu'une personne succombe à la panique, elle est détachée du Seigneur. Au contraire, lorsqu'une personne est remplie de la crainte de Dieu, elle est unie à Lui et s'approche de Lui. La crainte de Dieu inclut la soif de Dieu, la conscience et la perception de la Présence divine, la peur d'offenser Dieu par son péché, de s'éloigner du Tout-Puissant et de se détacher de la Grâce divine.

Ainsi, le fondement de la crainte de Dieu est la perception de la Présence divine. Ou, en d'autres termes, nous devons croire de tout cœur et inébranlablement au dogme de la Divine Providence. C'est ainsi que ce dogme est formulé par le catéchisme orthodoxe : « La Providence de Dieu est l'action incessante de la toute-puissance, de la sagesse et de la bonté de Dieu, avec laquelle Dieu préserve l'existence et la force des créatures, les dirige vers de bons buts, les aide dans toute bonne action, et supprime ou corrige le mal qui surgit par l'éloignement du bien le et transforme en bonnes conséquences. Rappelons-nous aussi les paroles de l'Évangile prononcées par le Sauveur lui-même : « Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? et l'un d'eux ne tombera pas à terre sans votre Père. Mais les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. N'ayez donc pas peur, vous avez plus de valeur que beaucoup de moineaux » ( Matthieu 10: 29-31). Et encore : « Mais il ne périra pas un seul cheveu de ta tête. » (Luc 21:18). Dans l'interprétation de ces textes bibliques, le saint et juste Jean de Cronstadt s'est exclamé : « Quelle sécurité complète est promise à ceux qui souffrent pour le bien de la vérité ! Le Seigneur tout-puissant de la vie et de la mort apparaît dans ces paroles. » Je voudrais également vous rappeler le célèbre dicton suivant : « Dieu est plus proche de l'homme que l'âme ne l'est du corps. » C'est-à-dire qu'Il est aussi proche que possible. Symboliquement parlant, Il nous porte toujours dans Ses bras à travers la vie.

La panique commence là où la foi en la Providence de Dieu est perdue. Lorsqu'une personne intérieurement semble essayer de couper son lien avec le Seigneur, Son Créateur, et de s'appuyer complètement sur le destin (dans sa compréhension païenne grecque antique), ou sur le karma (dans des formulations païennes indiennes à la mode), ou sur le hasard, une sorte de chaos, que les gens essaient d'élever au rang de divinité, ou Très souvent, vous pouvez entendre cette déclaration : « En fait, j'ai tout réalisé moi-même. » C'est une certaine devise orgueilleuse de la vie. Et une telle personne, habituée à vivre sans Dieu, a l'opinion que son monde fragile - son corps fragile, une boîte d'allumettes de son appartement, la richesse matérielle qu'il a accumulée - est du béton armé inébranlable. Il croit qu'il en sera toujours ainsi. Mais quand, en raison des peines et des épreuves permises par Dieu, une personne perd tout cela ou qu'il y a une menace de le perdre, elle succombe à la panique, à un état de peur illogique irrationnelle et ardente. Et s'il l'a perdu, il entre dans un état de découragement et de désespoir, qui peut se terminer par le péché mortel le plus terrible : s'enlever la vie [se suicider].

Pourquoi cela se produit-il ? Parce que l'on a un système de valeurs incorrect. Dieu est la Sainte Trinité : Père et Fils et Esprit Saint. Dieu n'est pas une matière morte qui sera tôt ou tard détruite. De plus, Dieu se soucie constamment de vous. Si une maladie affecte quelqu'un, elle a été autorisée par Lui. Tournez-vous vers Lui et soyez patients, priez, méfiez-vous, faites attention, mais soyez patients. Le Seigneur miséricordieux ne vous laissera pas périr. Il a préparé le meilleur pour vous. En effet, vous êtes Son trésor, vous êtes Son fils bien-aimé ou Sa fille bien-aimée. Si vous Le cherchez, en temps voulu, Il se révélera à vous, et cette communication avec le Dieu vivant deviendra le plus grand bonheur pour vous !


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PRAVMIR


lundi 25 juillet 2022

Prière de sainte Macrine sur son lit de mort

 


Seigneur,

Tu nous as libéré de la peur de la mort. À la fin de notre vie ici-bas, Tu as mis le début de la Vie véritable. Pendant un cours moment, Tu laisseras nos corps reposer dans le sommeil, puis par la dernière trompette, Tu les réveilleras de leur sommeil.

Tu donnes à la Terre de garder pour Toi notre poussière, que Tu as façonnée de Tes propres mains ; et Tu la reprendras, et d'une masse mortelle et informe, Tu la transformeras en une chose d'une beauté immortelle.

Pour nous libérer du péché et de la malédiction qui nous a été infligée, Tu as pris sur Toi le péché et la malédiction.

Tu écrasas la tête du dragon qui avait saisi les hommes à la gorge et Tu le précipitas dans l'abîme préparé pour les mécréants.

En brisant les portes de l'enfer et foulé aux pieds le Diable, seigneur de la mort, sous Tes pieds, Tu ouvris la voie à notre résurrection.

À nous qui Te craignons, Tu donnas un signe, le signe de Ta sainte Croix, pour détruire l'Ennemi et insuffler une nouvelle vigueur dans nos vies.

Ô Dieu éternel, Tu es mon refuge depuis que j'ai quitté le sein de ma mère ; je T'aime de toutes mes forces ; je me suis consacré, corps et âme, à Toi depuis mon enfance.

Place maintenant un ange de lumière à côté de moi et demande-lui de prendre ma main et de me conduire au lieu de repos où il y a de l'eau pour se rafraîchir, près des demeures des saints Pères.

L'épée flamboyante que Tu as brisée en deux ; l'homme qui était cloué à la Croix avec Toi et qui imploras Ta grande miséricorde, Tu l'amenas en Paradis. Souviens-Toi de moi aussi, maintenant que Tu es de retour dans Ton Royaume, puisque moi aussi j'ai été suspendu(e) à la Croix avec Toi et que les clous ont percé ma chair ; car j'ai toujours craint Ton jugement. Que l'abîme redoutable ne me sépare pas de Tes élus, et que le Calomniant ne se mette pas en travers de mon chemin ; que Tes yeux ne s'arrêtent pas sur mes péchés.

Si, par faiblesse de la nature humaine, je suis tombé(e) et j'ai péché en paroles, en actes ou en pensées, pardonne-moi, car Tu as le pouvoir de pardonner les péchés sur terre. Quand je serai libéré(e) de mon corps, puissè-je me tenir devant Toi avec mon âme sans tache ; reçois-la, irréprochable et sans fautes, de Tes propres mains.

Amen.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

The Orthodox Way of Life

dimanche 24 juillet 2022

Père Andrew Phillips: Esprits impies ou Saint-Esprit ?

 


« La Russie et son Église orthodoxe pensent qu'elles sont les plus saintes et les plus traditionnelles, mais voyez comment elles se classent dans leur nation corrompue ! Non seulement parmi les taux d'alcoolisme et d'avortement les plus élevés au monde, mais elles entrent également dans les cinquante premiers pays pour les taux d'homicide, quel que soit le nombre d'évêques ou de prêtres qu'elles ont ».

Opinion exprimée dans les médias sociaux 

Je soupçonne que l'auteur de ces paroles est un néophyte qui vient de connaître sa première désillusion. S'il a la foi, il survivra, comme il le fera après toutes les désillusions à venir. Si vous ne voulez pas être désillusionné, il est très important de vous débarrasser de vos illusions dès que possible. S'il est toujours là dans cinquante ans, alors tout va bien. Après tout, l'Orthodoxie ne consiste pas à « devenir orthodoxe », mais à rester orthodoxe.

Tout d'abord, sa « Sainte Russie » est une mauvaise traduction de la Sainte Rus', Rus' signifie tous ceux qui confessent la foi orthodoxe russe, où qu'ils vivent. Ne la confondez pas avec l'État russe, ni avant la Révolution, ni après la Révolution, ni avec l'État post-soviétique. Ce jeune homme mentionne « la Sainte Rus' ». Bien que je préfère le terme « Rus' orthodoxe », il fait référence à l'idéal de sainteté, qui est néanmoins un véritable objectif parmi quelques-uns, je dirais, parmi environ 1 sur 100.

Ainsi, il y a 200 millions d'orthodoxes nominaux dans le monde, dont environ 75 % sont orthodoxes russes. Cependant, seulement environ 1 sur 100 appartient réellement à la Sainte Rus', c'est-à-dire croit et lutte pour la réalité de la sainteté de l'Orthodoxie russe. De même, sur quelque 20 millions de Roumains orthodoxes (donc russes et roumains orthodoxes représentent ensemble 85 % du total nominal), seulement environ 1 % appartiennent à la Sainte Roumanie, et les mêmes proportions vont à la Sainte Grèce, à la Sainte Serbie, à la Sainte Bulgarie, à la Sainte Géorgie et à toutes les Églises locales encore plus petites, etc. (Cependant, lors de mes longs voyages à travers le monde orthodoxe, je ferais une exception, la Moldavie, où, à mon avis, peut-être jusqu'à 4 sur 100 recherchent la « Sainte Moldavie »).

Nous pouvons donc dire que seulement environ deux millions d'orthodoxes confessent activement et cherchent donc l'idéal chrétien orthodoxe de sainteté, c'est-à-dire qu'ils ont une  foi véritable. Dans les pays de la diaspora, où même les orthodoxes nominaux représentent rarement plus de 1 % de la population, je mettrais donc le nombre de ceux qui appartiennent à la Sainte Rus', à la Sainte Roumanie, à la Sainte Bulgarie, etc., ou d'ailleurs à la Sainte Angleterre, à la Sainte France, à la Sainte Italie, etc., à environ 1 sur 10 000 de la population.

Ici, nous affirmons que la seule foi qui a la sainteté comme idéal est le christianisme orthodoxe. C'est à cause de notre confession de l'Esprit Saint, qui lui est unique, qui peut le faire passer d'une simple religion parrainée par l'État ou institutionnelle à une foi réelle. Ainsi, la religion du catholicisme [romain] a substitué à l'Esprit Saint une sorte d'obéissance morale pieuse et obligatoire à son Pape. La religion protestante a substitué à l'Esprit Saint la pruderie bâillonnée d'une camisole de force puritaine moralisatrice, dans laquelle le péché sexuel est pratiquement le seul type de péché. D'autres religions ont aussi leurs idéaux. L'islam a pour idéal qu'il n'y a qu'un seul grand Dieu, l'hindouisme panthéiste qu'il y ait des milliers de dieux, que le bouddhisme a pour idéal, la méditation pour atteindre le "nirvana", etc.

Cependant, par souci d'équité envers les non orthodoxes, la majorité des chrétiens orthodoxes, comme cela est particulièrement visible chez certains membres du haut clergé ont également substitué la simple « religion », institutionnalisme parrainé par l'État, à l'Esprit et à la foi. Il y a parfois peu de différence entre eux. Un substitut « orthodoxe » préféré est le nationalisme. Le jeune homme cité ci-dessus a clairement vu ce substitut parmi certains et semble maintenant être sur le point de nier que la Sainte Rus' existe même ! Peut-être est-il obsédé par le nationalisme de quelqu'un d'autre, le nationalisme américain, par exemple. Un autre substitut « orthodoxe » préféré de l'Esprit Saint est le pharisianisme, avec ses observances rituelles et son culte de l'obéissance aveugle aux gourous sectaires antispirituels et antichrétiens, généralement de rang clérical.

La combinaison de ces deux déviations, le nationalisme et le pharisianisme, est le pire de tous les mondes. Je me suis rendu en Ukraine à de nombreuses reprises au cours des dernières années, après avoir été nommé représentant missionnaire de l'ERHF pour l'Europe par feu le métropolite Hilarion [Kapral]. (C'était à l'époque de l'ancienne église avant Trump). En Ukraine, j'ai vu exactement cet esprit uniate qui y existe depuis longtemps. Fondamentalement : tant que le rite est le même, rien n'a d'importance. « Gloire à l'Ukraine » - quant à Dieu, il n'a aucune importance. Aujourd'hui, nous prions pour Cyrille, demain pour François, après-demain pour Philarète, le lendemain pour Épiphane et ensuite... pour l'Antichrist. Mais le rite est le même. Rien d'autre n'a d'importance. Voici pourquoi il y a tant d'« églises » en Ukraine. Quant à l'Esprit Saint, certains d'entre eux n'ont clairement pas encore entendu parler de Lui, c'est pourquoi ils assassinent leur propre peuple.

Cependant, en toute équité envers les 1 % des « Saints Ukrainiens », qui font face à l'inimitié des 99 %, est-ce mieux en Russie ? Après tout, ce sont les évêques russes qui ont persécuté saint Jean de Cronstadt, le donneur d'Eucharistie, qui ont enfin changé l'attitude très décadente à l'égard de la communion avant la Révolution. Ces évêques ne l'ont fait recteur de l'église qu'il n'avait lui-même fondée qu'après 40 ans de sacerdoce ! Un autre saint Jean, saint Jean de Changhai et d'Europe occidentale (comme nous l'avons toujours appelé ici), a été privé de son siège et jugé à San Francisco, non pas par des Ariens, des iconoclastes, des papistes, des Turcs, des communistes, des nazis ou des œcuménistes, mais par ses propres collègues Leur traque et leur harcèlement ont conduit à sa mort prématurée.

Mais ils ne suivaient tous deux que les traces d'un troisième saint Jean, saint Jean-Baptiste. Et nous savons ce qui lui est arrivé. Mais nous ne devons pas désespérer. Ce n'est qu'au cours des six dernières semaines que les icônes de Saint-Jean de Cronstadt (dans l'église Saint-Jean, de Colchester) et de Saint-Jean-Baptiste (dans la cathédrale patriarcale russe de Kensington) ont exsudé du myrrhon. Tous les orthodoxes (si seulement tous l'avaient vu!) qui ont vu l'excellent film « L'homme de Dieu », ou avant cela, ont lu l'excellente vie de saint Necaire de Sotos Chrondopoulos, sauront de quoi je parle.

Tout simplement : qui a exigé la crucifixion du Christ ? Ce sont les principaux sacrificateurs, les intellectuels (« scribes ») et les justes autoproclamés (« pharisiens »). Tel est le sort de nous tous, d'être jugés par le même Caïphe pour être de vrais orthodoxes. Et nous nous en souvenons en particulier aujourd'hui, quand nous nous souvenons comment les martyrs impériaux ont été trahis précisément par les grands-ducs, les célèbres aristocrates, les généraux, les hommes d'affaires...

Je me souviens en 1980 d'une conversation que j'ai eue avec feu le père Alexandre Schmemann au sujet de l'épiscopat à l'intérieur de la Russie soviétique de l'époque. Il a simplement répondu à ma question à leur sujet : « La moitié d'entre eux sont des saints et l'autre moitié sont des voyous ». Je me souviens plus tard d'un jeune homme venant d'Europe de l'Est. Il fut rapidement fait prêtre, mais seulement parce qu'il parlait russe et savait flatter. Il a ouvertement molesté des paroissiennes et a volé de grosses sommes d'argent à son église, faisant fuit tout le monde par sa conduite scandaleuse. Pour cela, il reçut prix après récompense par son évêque. Il aurait dû être défroqué plusieurs fois, comme, franchement, son évêque le méritait aussi. Mais, au lieu de cela, son évêque a également  des récompenses, bien qu'il ait détruit son diocèse en ordonnant et en encourageant une telle figure et en faisant défroquer les autres.

Le problème aujourd'hui est que parce que de nombreux membres du clergé n'ont aucune autorité - parce qu'il n'y a pas de présence de l'Esprit Saint parmi eux - ils ne connaissent que l'autoritarisme sévère et punitif. La recherche parmi les carriéristes n'est pas pour le Saint-Esprit, mais pour l'argent (corruption), la gloire (le pouvoir) et la perversion. Tout cela est de l'argent vain, de la vaine gloire et de la dépravation - tout comme dans la plupart de la vie politique occidentale contemporaine, n'entrent de plus en plus que ceux qui ont échoué dans le monde réel et qui cherchent de l'argent et du pouvoir ou qui sont des pervers. Aucun d'entre eux n'a encore entendu dire : C'est à Toi qu'appartiennent « Le royaume, la puissance et la gloire ».

Ici, nous ne pouvons pas ne pas mentionner l'éléphant dans le magasin de porcelaine l'homosexualisation de l'épiscopat orthodoxe au cours des cinquante dernières années. Bien que de tristes exceptions aient toujours existé, par exemple en Russie du XVIe siècle (quand ils étaient appelés « sodomites ») ou en Russie du XIXe siècle, leur nombre a maintenant augmenté partout. Sur les 1 000 évêques orthodoxes dans le monde (j'ai dû rencontrer environ 100 d'entre eux au cours des cinquante dernières années), 20 % à 30 % d'entre eux doivent être homosexuels. 

Ainsi, les Grecs parlent de « la mafia de la lavande », les Russes de « la mafia bleu pâle » et les Américains simplement de « la mafia gay ». (Dieu merci, il n'y a eu jusqu'à présent que deux exemples d'évêques pédophiles, l'un en France et l'autre en Amérique du Nord). Nous connaissons des séminaristes d'une juridiction très conservatrice qui se sont ouvertement dévoilés et pourtant, des années plus tard, ont été ordonnés et sont maintenant consacrés. Le problème avec ceux-ci est aussi leur jalousie épouvantable et donc leur persécution du clergé marié qui a des enfants, ce qu'ils ne peuvent pas avoir. Le dernier scandale dans l'Église grecque aux États-Unis ne fait que le confirmer. Tel est le danger d'être « premier sans égaux »[nouvelle devise hérétique du patriarche de Constantinople].

Oui, la fin du monde approche. Il viendra un temps où aucun d'entre nous ne pourra plus aller à l'église et où il n'y aura plus de sacrements. Alors la fin viendra, à cause des narcissiques, qui « s'aiment eux-mêmes » et sont des esprits « profanes ». Tout a été prédit :

Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien,traîtres, emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu,ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là.

(2 Timothée 3, 1-5)

Aussi nous glorifions-nous de vous dans les Églises de Dieu, à cause de votre persévérance et de votre foi au milieu de toutes vos persécutions et des tribulations que vous avez à supporter.

(2 Thess. 1, 4)

Église St John’s, ville de Colchester

Jour de commémoration des Martyrs Impériaux, 

17 juillet 2022

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHODOX ENGLAND

samedi 23 juillet 2022

COMMENT UNE VISITE DANS UNE ÉGLISE A CHANGÉ LA VIE DE L'HIGOUMENE MEGALOSCHEME TAMARA


 

Le 23 juin est la fête d'une sainte géorgienne, sainte qui confessa sa foi orthodoxe, Famari [Tamara] Mardzanova, décrite par le peintre russe Pavel Korin dans son ouvrage "Russia Leaving".

Tamara Alexandrovna Mardzhanishvili (Mardjanova) naquit le 1er avril 1868, dans l'une des familles les plus illustres de Géorgie. Son père, le colonel Alexander Mardzhanishvili, et sa mère, Elisabeth née princesse Chavchavadze, étaient de fidèles chrétiens. Ils donnèrent à Tamara une brillante éducation profane. Son frère Constantin devint un acteur célèbre, metteur en scène et fondateur du théâtre géorgien. Tamara,  chanteuse douée, se préparait à entrer au Conservatoire de Saint-Pétersbourg.

À vingt ans, Tamara perdit ses parents et hérita d'un grand domaine. Elle était riche et belle. Des prétendants des familles les plus célèbres de Géorgie demandèrent sa main en mariage. Mais l'intervention de la Divine Providence changea le cours de sa vie.

Un jour, en visite à sa tante à Signy, elle entendit parler d'un monastère de Bodbe récemment ouvert. Elle rejoignit un groupe de jeunes gens pour un voyage touristique là-bas. Ils arrivèrent au milieu d'un office quotidien. L'higoumène lisait le canon au lutrin du chœur, assistée d'un groupe de moniales. Le reste de sa compagnie sortit, mais Tamara resta à l'église.

Une transformation mystérieuse se produisit en elle par l'œuvre de l'Esprit Saint. Elle entra dans l'église en tant que célébrité laïque et la quitta comme moniale de cœur. Les mots ne peuvent pas décrire ce qui se passait dans son cœur. Elle était fascinée par l'atmosphère du culte et la beauté de l'église, mais ce n'est pas l'excitation de l'office qui la poussa à devenir moniale. La volonté de Dieu ne se fait jamais dans une passion, ou sous l'impulsion du moment. Ce n'est jamais le résultat de délibérations logiques. La volonté de Dieu entre dans le cœur comme une vérité, sans doute ou questionnement. Tamara trouva la volonté de Dieu de cette manière. Elle savait que la vie monastique était sa vocation, elle allait devenir moniale.

Lorsque le service fut terminé, Tamara s'approcha de l'higoumène et  partagea son intention de la rejoindre. Son neveu de quatorze ans entendit la conversation. Il courut dehors et en parla aux amis de Tamara. Ils l'accueillirent avec moquerie et dérision. Personne ne la prit au sérieux.

Mais Tamara était sérieuse dans sa décision de se consacrer à suivre Dieu. Conscients de cela, tous ses proches se donnèrent beaucoup de mal pour lui faire abandonner son plan « fou ». Ils l'emmenèrent dans des théâtres, des concerts, des bals et des rassemblements sociaux. Déjà moniale dans ses années de vieillesse, elle dit ceci à propos de ces moments : "Ils m'emmenaient dans un théâtre, et je tenais un chapelet dans ma main cachée dans une poche."

Tamara rejoignit un couvent, malgré la persuasion et les supplications de ses proches. Ils persistèrent dans leurs tentatives de la faire changer d'avis. Pendant de nombreuses années, ils lui envoyèrent des lettres l'incitant à rentrer chez elle sous le faux prétexte de s'occuper de certaines affaires urgentes. Mais leurs stratagèmes furent vains. En raison des objections de sa famille, Tamara rejoignit un couvent, et fut tonsurée sous le nom de Juvénalia. Certaines sœurs virent une colombe blanche descendre sur elle à sa tonsure.

En 1902, l'exarque de l'Église géorgienne nomma Mère Juvénalia higoumène du monastère de Bodbe. Pour elle, les années de son service en tant qu'higoumène furent le meilleur moment de sa vie. Mais les troubles révolutionnaires atteignirent sa patrie, la Géorgie. En 1905, un groupe de révolutionnaires géorgiens hostiles à l'Église s'approcha de la moniale Juvénalia et la menaça de représailles. Ils étaient en colère contre le travail de son monastère pour aider les paysans géorgiens pacifiques harcelés par la jeunesse géorgienne à l'esprit révolutionnaire.

La terreur rouge se préparait. Les assassinats de personnalités politiques et religieuses commencèrent. En route pour Tiflis, sa voiture fut la cible de tirs des révolutionnaires géorgiens. Son cocher, son gardien et tous les chevaux furent tués. La Mère Supérieure éleva au-dessus d'elle l'icône du vénérable Séraphim de Sarov, son saint préféré, et s'écria : « Vénérable Père Séraphim, sauve-nous. Par les prières du staretz, Mère Juvénalia et la religieuse qui l'accompagnait restèrent en vie.

Craignant pour sa vie, ses supérieurs la nommèrent prieure de la paroisse de la Sainte Protection à Saint-Pétersbourg. Elle n'avait pas accepté le déménagement, mais y voyait un signe de la Providence de Dieu pour elle. Par son transfert, elle se lia d'amitié avec des personnes dont les fidèles de l'Église répètent encore les noms avec beaucoup de respect et de crainte. Beaucoup furent glorifiés en tant que nouveaux martyrs et confesseurs de l'Église.

Certains de ses amis les plus proches et les plus cordiaux étaient la sainte royale martyre Elisabeth Fiodorovna Romanov, les vénérables startsy Alexis Zosimovsky et Gabriel Sedmiezersky, le staretz Anatole d'Optina, l'archimandrite Tovia, higoumène de la Laure de la Sainte Trinité-Saint Serge. Toutes ces amitiés renforcèrent la jeune higoumène dans sa foi et sa vie monastique. Les amitiés avec l'évêque Arseny (Jadanovsky), higoumène du monastère de Tchudov au Kremlin, et son frère dans l'esprit l'archimandrite Séraphim (Zvezdinsky) furent particulièrement influentes. Pendant plusieurs années, le saint et juste Jean de Cronstadt fut son père spirituel.

En 1915, l'évêque Arseny (Jadanovsky) tonsura l'higoumène Juvénalia dans le Grand Schème sous le nom de Tamara. Le schème et l'ermitage étaient ses rêves de longue date. Elle voulait vivre dans la prière sous la protection de saint Séraphim. Pourtant, Dieu avait un plan différent pour elle. La Mère de Dieu lui apparut trois fois dans ses visions lui ordonnant d'établir la skite de Serafimo-Znamensky dans le village de Bityagovo en dehors de Moscou.

Peu après sa tonsure en tant que moniale mégaloschème, elle priait devant l'icône de la Mère de Dieu du Signe en lui demandant son intercession dans son désir de se retirer dans un ermitage. En réponse, il lui fut dit : "Non, tu devras établir une skite pour toi-même et pour les autres". Au début, la religieuse mégaloschème  prit cela pour une tentation - ce commandement était en contradiction avec son désir de vivre dans la solitude et la prière. Elle se rendit à Zosimova Pustyn pour demander conseil spirituel au père Alexis, ermite. Il l'entendit et déclara qu'elle devait suivre le commandement de la Mère de Dieu et construire la skite. Elle reçut les mêmes conseils du staretz Anatole d'Optina et de l'higoumène de la Laure de Saint Serge, le père Tovia.

Skite de Serafimo-Znamensky 


Par obéissance à la Mère de Dieu, Mère Tamara établit la skite Serafimo-Znamensky, fermée par les bolcheviks en 1924 et rétablie en 2011. Après la fermeture de la skite, la moniale mégaloschème Tamara  déménagea avec dix autres moniales dans le village de Perkhushkovo où elles établirent un monastère de maison.

En 1931, elle fut arrêtée. Les prisonniers de sa cellule étaient accusés d'infractions politiques et pénales. Pourtant, son esprit magnanime et sa générosité lui valurent le respect et la bonne volonté de chaque prisonnier. Tout le monde la traita avec amour et respect.

Elle fut condamnée à l'exil en Sibérie, où elle purgea sa peine à deux cents kilomètres d'Irkoutsk. Elle vivait dans une simple cabane paysanne, où elle occupait un petit espace derrière le fourneau. Le propriétaire de la maison et son fils l'aimaient beaucoup. Longtemps après la fin de son exil, ils s'écrivirent encore. Le petit Vanya, fils du propriétaire, écrivit : « Tu me manques beaucoup. J'ai maintenant un accordéon, et j'aimerais que tu puisses m'entendre jouer." Après avoir lu cette lettre, Mère Tamara fit remarquer avec un sourire : « Dieu a eu pitié de moi ! »

Comme tous les autres exilés, elle devait se rendre au commissariat local deux ou trois fois par mois pour signer ses papiers. Au début, le commissaire la traitait avec dureté et hostilité. Mais son regard et sa détermination spirituelle changèrent finalement  son attitude. Il s'adoucit et conversa avec elle. Lorsque son exil prit fin et que Tamara vint pour sa dernière visite, le commissaire se sépara d'elle chaleureusement et dit qu'il était triste de ne plus la revoir. Il l'accompagna jusqu'au porche et se tint là à la regarder s'éloigner.

Dans sa vieillesse, elle souffrit de maladie pulmonaire. Elle était revenue de son exil en mauvaise santé. Ses médecins lui diagnostiquèrent  une tuberculose, qui sapait son énergie vitale. Elle mourut le 23 juin 1936 et fut enterrée à l'entrée du cimetière de la Mère de Dieu à Moscou, non loin de la tombe du père Alexis Metchev. Avec la bénédiction de Vladyka Arseny (Jadanovsky), une épitaphe fut écrite sur sa tombe qui disait : "Celui qui croit en Moi aura la vie éternelle".

Elle fut glorifiée par l'Église orthodoxe géorgienne en 2016. Ses reliques, découvertes en juin 2018, furent transférées à la skite de Serafimo-Znamensky, skite qu'elle avait établie, et elles y sont restées à ce jour.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE CATALOGUE OF GOOD DEEDS