samedi 13 juin 2020

Moniale Ardaliona: La liberté de l'âme


L'âme ne sait qu'une seule chose: c'est en Dieu seulement que sont sa paix et la fin de sa quête. C'est pourquoi on doit entrer dans une liberté parfaite, non seulement des passions, mais aussi de ses propres sentiments, dans la libération de tout ce qui est temporel, pour entrer en Dieu.

Une telle liberté est l'enfance de l'âme, l'ignorance du mal. 

Dans une telle liberté, l'âme est sujette à tout ce qui est humain, mais elle n'est assujettie à rien. Elle aime la vie du monde entier, ne dédaigne rien, ne déprécie rien, n'exclut rien de ce qui est la vie, comme le mal considéré comme négatif, mais l'âme elle-même n'est d'aucune façon liée à cela, elle n'est enfermée d'aucune manière. 

Elle est comme morte à sa propre vie. Elle est sortie dans une libération d'elle-même et s'est enclose dans le Dieu éternel. 

Et ce qu'elle vit alors et qu'elle embrasse complètement, c'est le Christ, Qui est devenu plénitude de son cœur, Guide de son intellect. 

Une telle condition apporte avec elle la liberté de tout ce qui est humain.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Moniale du Grand-Schème Ardaliona
in Biography of Abbess Arsenia of Ust-Medvedsky Convent
Heavenly Wisdom from God-illumined Teachers 
on Conquering Depression
Saint Herman of Alaska Brotherhood
Platina, California, 

1998

vendredi 12 juin 2020

Le staretz Amphilochios (Makris)

Saint staretz Amphilochios

***


Le staretz (géronda) Amphilochios (Makris) naquit à Patmos, l'île de l'Apocalypse en 1889. Il fut un grand défenseur de l'Orthodoxie qui souffrit beaucoup de l'occupation de l'île par les fascistes italiens durant la deuxième guerre mondiale. Pendant ces années d'occupation, il organisa des écoles secrètes comme au temps de la turcocratie pour veiller à ce que les enfants grecs continuent à apprendre leur langue, malgré les tentatives des fascistes et de l'église romaine de les couper de leurs racines. Il fut longtemps higoumène du monastère de Saint Jean le Théologien à Patmos. Il fonda aussi le monastère de femmes de l'Annonciation de la Mère de Dieu en 1937. Il fut un père spirituel aimant, humble et dévoué à ses enfants. Il croyait beaucoup à la force du monachisme et à sa mission pour le Christ. Il voyagea longtemps comme prédicateur pendant les années de guerre et après la paix. Il fonda aussi d'autres monastères dans d'autres îles et fut responsable d'orphelinats et de nombreuses institutions caritatives. Il mourut en 1970.

ENSEIGNEMENTS


° Quand tu cultives la prière, les rodomontades du Tentateur ne te troubleront pas. La prière diminue sa force, il ne peut rien nous faire.



°Christ vient souvent frapper à ta porte et tu l'invites à s'asseoir dans le salon de ton âme- Puis, absorbé par tes propres affaires, tu oublies le Grand Visiteur. Il attend que tu viennes et quand tu mets trop longtemps à revenir, Il Se lève et S'en va. D'autres fois, tu es si occupé que tu Lui réponds depuis la fenêtre. Tu n'as pas même le temps d'ouvrir la porte.



° Tu es d'essence royale, destinée à entrer dans la chambre nuptiale des Cieux.



° Quand tu vois une personne qui est spirituellement fatiguée, n'augmente pas son fardeau, car elle ne pourra le supporter.



° Aime-Le et même les bêtes sauvages t'aimeront.



° La richesse véritable pour moi, c'est de te voir dans le Royaume des Cieux.



° Quand la flamme de l'Amour existe, elle consume tout mal qui approche.



° Christ est le même hier et aujourd'hui, mais nous avons fermé nos yeux et nous regardons les ténèbres. C'est parce que nous continuons ainsi que quelques uns bombent dans la boue et que d'autres meurent.



° Nous devons être prêts pour notre défense et notre martyre.



° Je supplie le Seigneur de te sanctifier afin que je puisse te voir en Paradis. Voici la dot que je cherche auprès du Seigneur pour toi.



° Pour que le Grâce de Dieu vienne pendant la Liturgie, tu dois être concentré et ne pas être troublé.



° Quand votre coeur n'a pas le Christ en lui, il contient de l'argent, des propriétés ou des gens.



° Mets en pratique ce commandement s'il te plaît: cultive l'amour pour la personne du Christ à un point tel que quand tu prononces Son Nom, des larmes coulent de tes yeux. Ton coeur doit véritablement brûler. Alors Il deviendra ton Guide, ton rère, ton Père et ton Ancien.



° Aime ton époux le Christ de tout ton coeur et tout le monde t'aimera et prendra soin de toi.



° Je désire la renaissance du monachisme car le monachisme est le bataillon d'evzones de l'Eglise.



° La protection de Dieu diminue la tentation.



° A cause de la corruption généralisée, les gens ne peuvent pas comprendre que l'amour spirituel existe.



° Les gens du monde te fatiguent parce que tout ce qui est en eux vient à toi comme des ondes électriques. Nous devons être dans la grâce afin que ceux qui viennent vers nous puissent trouver le repos.



° Tu dois avoir de l'amour en toi, même s'ils nous font le plus grand mal, nous devons les aimer. Nous entrerons en Paradis seulement avec l'amour.



° Cultive le prière de Jésus et le temps viendra où ton cœur sautera de joie, comme il le fait à présent quand tu es sur le point de rencontrer une personne que tu aimes beaucoup. 



° Ne néglige pas la prière du soir. Prie avec ferveur, comme ceux qui vont à une fête. Ils sont éveillés et ne ressentent que de la joie. Ainsi puisque tu vas parler avec l'Epoux, n'écoute pas le Tentateur qui te dit toutes sortes de choses afin de te gêner, parce tu sais qu'il y a quelqu'un qui se soucie de toi.



° Une personne peut s'élever au-dessus de la terre avec deux ailes: l'une est la simplicité et l'autre la pureté de cœur. Tu dois être simple dans tes actions et pur dans tes pensées et tes sentiments. Avec un cœur pur tu chercheras Dieu et avec simplicité tu Le trouveras et tu seras heureux. Un cœur pur franchit aisément les portes du Paradis.



° Le mépris de soi doit être cultivé avec discernement, sinon on atteint le point du suicide.



° Nous sommes dans la haute mer de la vie quelquefois; parfois il y a des tempêtes et quelquefois le calme. La grâce de Dieu ne nous quitte pas. Sinon, s'Il ne nous avait pas maintenu hors de l'eau, nous aurions coulé.



° Les saints regardent toujours vers l'autre vie. C'est la grâce conférée par le souvenir de la mort.



° Dieu nous garde des tentations. il ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces. Il permet toutes choses pour notre bien.



° Quand la spiritualité augmente, même le sommeil est vaincu.



° La prière est grâce. Dieu la donne lorsqu'existent le zèle et l'humilité.



° Combats le Contempteur du Bien qui t'envie. Souffre ce qui t'advient avec fermeté, patience et foi.



° Ne permets pas à l'ennemi de faire la guerre avec toi. Il apparaît déguisé en brebis, avec le prétexte de vouloir le bien de ton âme.



° Aie toujours confiance dans le Seigneur et Il te nourrira au temps de la faim.



° Avec une bonne parole pour ton prochain, le soutenant, tu acquiers le Paradis.



° La repentance doit venir, non pas par peur de la punition, mais parce que nous avons péché devant Dieu. Adoucis tes pensées avec des paroles de consolation et d'espoir. Réchauffe tes paroles avec la chaleur de l'amour de l'Epoux et souviens-toi de Sa Passion, qu'Il a subie pour toi, afin que tu restes ferme, dévoué et humble. Confie tout ton être au voile protecteur de la Toute Sainte Mère de Dieu.



° Aime donner l'hospitalité, mon enfant, car elle ouvre les portes du Ciel. Tu offres ainsi l'hospitalité aux anges. "Reçois les étrangers afin de ne pas être étranger à Dieu!"



° Les saints se soumettaient à ce que Dieu leur envoyait avec une simplicité enfantine: " C'est ainsi que Tu le veux, que Ta volonté soit faite!"



°L'hospitalité est la plus grande des vertus. Elle attire la grâce du Saint Esprit vers nous. Dans le visage de tout étranger, mon enfant, je vois le Christ Lui-même.



° Il est nécessaire et bénéfique de faire de temps en temps un examen de conscience complet, nous souvenant de tous nos péchés passés.



° Laissez tous vos soucis entre les mains de Dieu. Demandez tout ce que vous voulez, comme un enfant le fait avec son père.



° La prière est un don de Dieu. Demande toujours avec espoir.



° Nos actions, chère sœur, ne nous sauveront pas. La miséricorde infinie de Dieu nous sauvera.



° Les liens spirituels ne peuvent être brisés quand ils rencontrent un esprit enfantin, tout innocence et sainteté.



° Sans le Christ, tout semble sombre et difficile.



° Je prie chaque jour pour pouvoir te voir dans les rangs des saintes.



° Je ne veux pas être en Paradis sans vous mes enfants. 



° Quand je vois quelqu'un qui est irrité, je n'écoute pas ce qu'il dit, mais je prie Dieu pour qu'Il le pacifie. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas affligé. Quand il se calme, quand le moment est favorable, je lui parle parce qu'il est alors capable de comprendre sa sottise.



° La grâce de Dieu et l'union spirituelle avec Lui, transforment une personne. Les peurs et les soupçons s'en vont, elle ne craint plus la mort et voit cette vie, quel que soit son agrément, comme un esclavage.



° Dieu te visite lorsque tu pleures pendant la prière.



° Quand une personne est devenue simple, elle est déifiée. Elle devient innocente, humble, douce, libre.



° Ne donne jamais d'importance aux choses terrestres et passagères. Occupe-toi plutôt de ton union spirituelle avec Dieu.



° Quand tu entends que l'on critique ton nom, fais comme si tu n'avais pas entendu. C'est là le Paradis, la perfection.



° Notre religion met à mort les passions, pas le corps.



° Quand il y a crainte de Dieu, la sagesse est donnée.



° Le chrétien est un être humain véritable: il est courtois et poli, il ne veut attrister personne.



° L'innocence est plus grande que le génie.



° Vos cœurs sont jeunes et veulent aimer. Vous ne devez avoir que le Christ dans votre cœur. Votre Epoux veut que vous L'aimiez et que vous n'aimiez que Lui.



°La vie spirituelle a de grand plaisirs. On vole, on quitte le monde [...]. On devient des enfants et Dieu demeure dans notre cœur.



° La grâce du très Saint Esprit fait rayonner une personne. Cependant les autres doivent être bien réceptifs pour le constater.



° Nous devons garder les yeux fixés sur les Cieux. Alors plus rien ne nous ébranlera.


° Recevez régulièrement la communion, priez avec ferveur, soyez patients et vous verrez une main forte qui vous soutient.



° Le Christ est près de nous, même si nous ne le voyons pas. Quelquefois, dans Son grand amour, Il nous donne un soufflet aussi.



° Tu devrais te réjouir. Jésus tient un ciseau d'artiste dans Ses mains. Il veut te préparer une statue dans les Cieux.



° La personne qui crie n'a pas de force.



° Question: Comment fais-tu pour avoir autant de patience et de persévérance en toutes choses? Réponse: La grâce de Dieu m'aide. Je crois toujours au pouvoir de Dieu mon enfant. Il change et ajuste tout pour le bienfait de nos âmes. 



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

by Sisters of Monastery of Panaghia Eleousa
Jan 1, 1995

jeudi 11 juin 2020

Père Païsie: NOTRE PÈRE

Orthodox Icon Coloring Book (avec images) | Icone religieuse, Art ...

Un homme avait beaucoup d'enfants mais il était très contrarié parce que ses enfants se disputaient en se comportant de manière malveillante. Et ils continuaient à le faire à plusieurs reprises, ce qui signifie qu'il y avait toujours des dissensions entre eux. Ils causaient une grande douleur à leur père qui voulait les voir vivre en paix et en harmonie.

Voulez-vous savoir qui sont ces frères si cruels avec les autres ? C'est nous, le peuple. Ne sommes-nous pas tous les enfants du même Père, du même Dieu ? 

Avons-nous une bonne entente entre nous ? Aimons-nous notre prochain comme nous devrions le faire ? 

Dieu ne ressent-il pas de la douleur quand il voit qu'il y a tant de dissensions entre les gens, tant de mensonges, de vols, de guerres, de péchés de toutes sortes ? 

Pourquoi Dieu nous a-t-il créés ? Il nous a fait nous aimer les uns les autres pour prendre soin les uns des autres. 

Et Dieu se réjouit pour tous les bons chrétiens, car tout homme qui vit une vie sans péché, dans l'amour et la compréhension avec ses semblables, Dieu se réjouit comme un père se réjouit pour ses enfants.

En nous aimant les uns les autres, en recherchant le bien des autres plus que le nôtre, nous devenons meilleurs et plus sages. 

C'est seulement ainsi que nous nous rapprochons de Dieu, de Son Amour et de Sa Bonté à chaque instant.

"Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés" (Le Saint Évangile)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 10 juin 2020

ARCHIPRÊTRE MICHAEL GILLIS : Étapes du voyage spirituel selon l’Archimandrite Aimilianos de bienheureuse mémoire


L'archimandrite Aimilianos du monastère [athonite] de Simonopetra, dans la première moitié d'un discours transcrit (puis traduit) intitulé "La progression de l'âme" parle des étapes jusques au début du voyage spirituel.  Le point de départ pour lui se trouve dans la négociation, à juste titre, de la deuxième étape.

La première étape du voyage spirituel, il l'appelle le sentiment d'exil, le sentiment que nous sommes loin de Dieu, qu'il y a un mur entre nous.  Ce sentiment d'exil est le sentiment d'Adam et Eve expulsés du Paradis.  C'est le sentiment de douleur, pas nécessairement physique ; en fait, la douleur physique n'est pas du tout ce dont il parle.  La douleur dont il parle est la douleur du désir, la douleur qui a poussé Adam et Ève à écouter le serpent.  Étant les seigneurs de l'univers, possédant tout, Adam et Ève en sont venus à sentir qu'ils n'en avaient pas assez, que d'une certaine manière Dieu leur cachait quelque chose.  Étant très riches, ils se croyaient pauvres et furent donc facilement trompés par le serpent.  C'est la douleur dont l’archimandrite Aimilianos semble parler, le sentiment douloureux qu'il manque quelque chose de très important.

Et bien sûr, il manque effectivement quelque chose de très important.  Nous sommes les enfants de la Chute.  Nous sommes nés dans la douleur et nous avons grandi parmi les épines et les chardons.  Partout où nous nous tournons, nous sommes piqués et poussés par des aiguilles de convoitise, d'envie, de peur et de désir (pour n'en citer que quelques-unes).  Pourtant, nous ne voulons pas l'admettre.  Nous voulons l'expliquer, le faire disparaître.  Nous disons : "C'est la faute de quelqu'un d'autre.  Je ne suis pas vraiment si pervers, du moins pas aussi mméchant que certains autres.  Et d'ailleurs, je pourrais changer si je le voulais vraiment, si seulement j'essayais plus fort, si seulement j'avais une pause".  Et donc nous nous occupons.  Nous nous occupons pour que notre attention reste en dehors de nous, pour que nous n'ayons pas à ressentir la douleur, la douleur intérieure, la douleur de l'exil de Dieu, la douleur qui, selon l’archimandrite Aimilianos, est directement liée à la nudité.

La douleur que nous ne voulons pas ressentir est la douleur de notre nudité.  Ayant été revêtus par Dieu dans le jardin du Paradis, revêtus de la gloire de Dieu que les Pères et les hymnes de l'Église nous enseignent, ayant été revêtus de la gloire de Dieu, nous ressentons intensément son absence, nous nous sentons exposés et sans protection, nous sentons le vent froid de notre contingence existentielle : ayant été appelés à naître de la terre par Dieu, que sommes-nous maintenant que nous avons perdu Sa gloire ?  Saint Augustin parlait d'un trou en forme de Dieu dans notre cœur.  L'expérience de l'orphelin ou de la brebis perdue sont des métaphores qui soulignent ce sentiment intérieur d'exil, de douleur et de nudité.  C'est ce même sentiment, le sentiment de cette douleur, le fait de savoir que nous sommes nus, que l'archimandrite Aimilianos dit être la première étape du voyage spirituel.

La deuxième étape du voyage spirituel, selon l’archimandrite Aimilianos, vient quand nous confessons que nous sommes pécheurs, quand nous savons intensément que quelque chose nous sépare de Dieu, quand nous ne nions plus notre nudité.  C'est, dit-il, le point le plus critique,

car à ce moment-là, deux choses se produiront : soit je me lèverai et je m'habillerai, soit je resterai nu.  En d'autres termes, soit je me présente à Dieu dans ma nudité et je dis : "J'ai péché", soit j'essaie de me cacher de Dieu comme Adam et Eve.  Et quand Dieu dit : "Adam, où es-tu ? je dirai : "Je me cache parce que je suis nu.  Et quand je sortirai de ma cachette, Il verra mes feuilles de figuier*.

Alors l’archimandrite Aimilianos demande pourquoi.  Pourquoi nous cachons-nous ?  Pourquoi est-il si difficile pour nous de nous présenter nus et pécheurs devant Dieu ?  La raison simple, dit-il, est "que c'est une chose terrible pour nous de réaliser que nous ne sommes rien" :

Savez-vous ce que cela signifie de passer de l'idée que vous êtes spécial et important, d'être respecté publiquement, de penser que vous avez fait de grandes choses, d'être talentueux, merveilleux, beau, charmant et je ne sais quoi d'autre, à reconnaître qu'au contraire, vous êtes nu et sans aucune importance ?  Il faut de la force pour accepter cela, beaucoup de force.  Et pourtant, nous ne pouvons même pas accepter la moindre imperfection que nous pourrions avoir, ou n'importe quelle faute, échec, erreur ou péché que nous pourrions avoir commis, sans la couvrir avec un mensonge, et ensuite couvrir ce mensonge avec un deuxième mensonge, et ensuite le deuxième avec un troisième.

Une personne peut dissimuler sa nudité par un complexe d'infériorité, par des actes d'agression, par l'autojustification, en portant divers masques, ou par bien d'autres moyens.... De telles stratégies de déni impliquent également de se cacher de soi-même.  Qu'est-ce que cela signifie ?  Cela veut dire que, même si je suis nu, je vais vivre comme si je ne l'étais pas, et donc vivre une double vie.  Ou bien je peux refuser de grandir et de progresser, comme si je n'étais pas du tout nu.  Et c'est quelque chose de beaucoup plus terrible, car c'est le rejet de la réalité, et un tel rejet ne peut avoir que des conséquences tragiques pour moi.

La vie est pleine de gens comme ça. Ils savent qu'ils sont pécheurs, ils savent qu'ils sont nus, et pourtant ils traversent la vie en faisant les choses mêmes qu'ils détestent, qui les dégoûtent, dont ils savent qu'elles sont indignes.  Et ils savent qu'ils doivent d'une manière ou d'une autre faire taire le terrible cri de leur conscience, qui les tourmente.

L'alternative de l'âme est d'accepter sa situation et de dire : "Je vais faire quelque chose pour ma nudité.  Je vais déclarer mon péché.  Je confesserai mon péché et ma nudité".  Et aussi nu que je sois, je me présenterai néanmoins à Dieu. Je lui dirai : "Tu me vêtiras".  Et cela demande une grande force.  Se tourner vers Dieu comme si rien d'autre n'existait dans le monde exige une honnêteté et une authenticité extraordinaires.

C'est le point crucial : vais-je accepter la douloureuse réalité de ma nudité ou préférer ma version du mensonge, ma version de la feuille de vigne ?  Je pense que beaucoup d'entre nous sont confus quant au rôle approprié de la force et de la volonté dans notre repentir.  Je pense que beaucoup d'entre nous investissent une grande partie de leur force de volonté et une grande partie de leurs efforts dans la couture des feuilles de figuier.  Nous pensons que c'est ce que nous sommes censés faire, nous sommes censés nous améliorer, nous sommes censés être meilleurs, nous sommes censés nous rendre moins nus.  Mais nous ne le pouvons pas, alors nous nous mentons à nous-mêmes ; nous déplaçons notre attention, nous attribuons des responsabilités, nous nous occupons et surtout nous ne passons jamais beaucoup de temps seuls et tranquilles, nous ne nous donnons jamais l'occasion de voir et de sentir profondément à quel point nous sommes nus.

Vous savez que l'une des choses les plus courantes que les croyants sincères confessent en confession est le péché de paresse.  Cependant, la plupart du temps, je pense que la personne est tombée en proie à cette confusion sur le rôle de la force et de la volonté dans notre cheminement vers la chrétienté.  Ils confessent qu'ils sont paresseux parce qu'ils n'ont pas été capables de couvrir suffisamment leur nudité, ils n'ont pas été capables de jeûner ou de prier ou de faire de bonnes œuvres au niveau qu'ils pensent être censés atteindre.  Mais je ne pense pas que la force et la volonté soient faites pour cela.  Saint Paul nous donne la clé.  Il dit : "Quand je suis faible, alors je suis fort" et "Je me glorifie plutôt de ma faiblesse pour que la puissance du Christ repose sur moi".

L'archimandrite Aimilianos nous dit que la force consiste vraiment à se tenir nu devant Dieu et devant nous-mêmes.  L'application fidèle de la force et de la puissance de la volonté consiste à nier nos illusions auto-justifiées et, contrairement à nos aïeux et à nos aïeules, à sortir nus des buissons et à nous présenter à Dieu sans excuse, sans nous déguiser d'abord, en embrassant toute notre faiblesse, toutes nos ombres, toute notre incapacité et notre insignifiance.   C'est là que la force est nécessaire.  C'est là que la force de la volonté est rachetée.

Et si, comme saint Paul, nous pouvons apprendre à nous glorifier de nos faiblesses, si nous pouvons apprendre à accepter la réalité de notre brisement, de notre impuissance, de notre perte, si nous pouvons trouver la force de nous regarder dans le miroir de notre conscience et de ne pas nous en détourner alors, alors, nous avons la possibilité d'être revêtus par Dieu, alors, nous avons la possibilité de revenir, par de petits moyens, à la relation que nos ancêtres avaient avec Dieu au Paradis.  C'est un long chemin, mais au moins selon l’archimandrite Aimilianos, c'est le vrai début.  Jusqu'à présent, tout n’est que préparation.  La préparation est importante.  Le Saint-Esprit est actif dans cette préparation.  Mais le tournant, le début du véritable retour au Paradis est ici.  C'est ici que nous acceptons notre nudité, que nous abandonnons les différentes feuilles de figuier que nous cousons et que nous avons cousues pour nous-mêmes.  C'est le début.

Il faut de la force, "une honnêteté et une authenticité extraordinaires", comme le dit l’archimandrite Aimilianos. Il faut de la force, mais pas la force de changer, mais la force de s'accepter soi-même et d'accepter l'amour de Dieu pour nous, tels que nous sommes.  C'est le début.

Un dernier mot maintenant.  L'archimandrite Aimilianos souligne que cette première étape, ce début, n'est pas comme le début d'un voyage en ligne droite.  C'est un voyage de transformation qui est circulaire.  C'est-à-dire que nous devons continuellement commencer, que nous devons continuellement rassembler le courage de sortir des buissons de nos illusions pour nous tenir nus, brisés et pécheurs devant Dieu.  Et même si nous avons fait l'expérience de l'amour gracieux de Dieu dans le passé, chaque nouveau départ a ses propres insécurités et peurs, sa honte et sa déception envers nous-mêmes.  Chaque nouveau départ requiert de la force, de la force pour se tenir à nouveau devant Dieu et dire : "Ô mon Père céleste, je suis à nouveau nu, habille-moi, s'il Te plaît".

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

NOTE:
*Qui recouvrent ma nudité ( Dans la Tradition, ce sont des feuilles de figuier et non de vigne qui cachent la nudité de nos Ancêtres Adam et Eve.

mardi 9 juin 2020

Un député ukrainien demande aux schismatiques ukrainiens de canoniser George Floyd, victime de la brutalité policière.



Alors que des millions de personnes à travers l'Amérique et le monde réclament justice pour George Floyd, victime de la brutalité policière à Minneapolis, un membre du Parlement ukrainien lance un autre appel.

Le député de la Verkhovna Rada Iliya Kiva, de la faction "Plateforme de l'opposition pour la vie", demande au "métropolite" Epiphane Doumenko, chef de la schismatique "église orthodoxe d'Ukraine", de canoniser Floyd en tant que saint.

Écrivant sur sa page Facebook, le député Kiva a comparé les protestations de masse qui ont éclaté en réponse à la mort de Floyd à la révolution Maidan de 2013-2014 en Ukraine, suggérant que le défunt soit inclus parmi les Cents célestes - ceux qui sont morts pendant les protestations.

"En solidarité avec le peuple américain, partageant sa douleur nationale suite à la mort tragique d'un grand martyr noir, en tant que député du peuple d'Ukraine, je propose de déclarer une semaine de deuil et de rebaptiser l'avenue Stepan Bandera à Kiev en avenue Floyd !!! écrit Kiva. (1)

"J'en appelle également au métropolite Epiphane pour qu'il canonise Floyd innocent assassiné et qu'il fixe un jour de vénération dans l'Eglise", poursuit le député.[2]

Rappelons que "l'Église orthodoxe d'Ukraine" n'est pas autorisée à canoniser des saints, mais doit plutôt demander au Patriarcat de Constantinople de canoniser des saints pour elle.

Il demande également au Premier ministre ukrainien d'allouer 10 millions de dollars comme aide financière à la famille de Floyd.

"S'il vous plaît, pensez à inclure Floyd dans la liste des Cents Célestes, comme l'homme qui a commencé la "révolution de la dignité" aux États-Unis d'Amérique ! Avec Floyd pour toujours dans mon cœur", conclut Kiva.[3] [cet éminent représentant des supplétifs américains en Ukraine ne semble pas ému par les persécutions que ses propres amis schismatiques infligent aux fidèles orthodoxes de l'Eglise canonique du Métropolite Onuphre ndt]

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


(1) L'idée n'est pas mauvaise, vu le caractère sulfureux et nazoïde du sieur Bandera! Pauvres noirs d'Amérique dont la vie ne vaut pas très cher au pays de l'Oncle Sam... Ils mériteraient pourtant de bien meilleurs défenseurs! ndt

(2) Etant donné le grand nombre d'ignobles meurtres racistes sur le territoire des USA, pays grand donneur de leçons de démocratie partout dans le monde, le paradis schismatique d'Ukraine risque d'être encombré, ndt

(3)  Cet éminent représentant des supplétifs américains en Ukraine ne semble pas ému par les persécutions que ses propres amis schismatiques infligent aux fidèles orthodoxes de l'Eglise canonique du Métropolite Onuphre ndt

Sur le blog Saint Materne:: L'Eucharistie, la Cuillère pour la Communion, et les peurs irrationnelles (p. John, EORHF)

Je suis récemment tombé sur une remarque très perspicace d'un écrivain conservateur (Denise McAllister) qui était engagée dans un débat en ligne avec quelqu'un sur ce que le gouvernement devrait ou ne devrait pas être en mesure d'ordonner. Elle écrivait : "Ma liberté ne s'arrête pas là où commence votre peur irrationnelle". Mais bien sûr, la question de savoir si les craintes d'une personne sont rationnelles ou irrationnelles est la question que nous devons examiner.

Il n'existe malheureusement pas de moyen de vivre sans risque dans ce monde. Si nous devions éviter tous les risques, aucun d'entre nous ne monterait jamais dans une voiture, mais la plupart d'entre nous le font, car nous considérons que c'est un risque gérable. Si vous conduisez en écoutant la radio ou en buvant une tasse de café, vous augmentez vos risques... mais ces risques supplémentaires sont généralement considérés comme assez minimes.

Il est curieux que, alors que de nombreuses collectivités locales ont fermé des églises, ou ont sévèrement limité la fréquentation, elles ont autorisé les magasins de marijuana et les débits de boissons à rester ouverts. Comme l'a récemment souligné un juge de l'Illinois, il y a seulement 5 mois, les magasins de marijuana n'étaient même pas légaux, mais ils sont maintenant considérés comme essentiels, alors que les églises, qui sont protégées par le 1er amendement de la Constitution américaine ne le sont pas (du moins dans de nombreux États). Mais, apparemment, certains risques valent la peine d'être pris - il s'agit juste de savoir ce que vous pensez être important. Même le Dr Anthony Fauci, qui a déclaré qu'il n'est pas encore sûr pour les églises de donner la communion à leur peuple, a dit, lorsqu'on lui a demandé si les gens devraient s'abstenir d'avoir des relations sexuelles avec une personne inconnue :

"Si vous êtes prêt à prendre un risque - et vous savez, chacun a sa propre tolérance pour les risques - vous pourriez vous demander si vous voulez rencontrer quelqu'un. Et cela dépend du niveau d'interaction que vous voulez avoir... Si vous cherchez un ami, asseyez-vous dans une pièce et mettez un masque, et vous savez discuter un peu. Si vous voulez être un peu plus intimes, eh bien, c'est votre choix concernant un risque" (Newsweek : Le Dr Fauci dit que vous pouvez avoir un Plan Q via Tinder "si vous êtes prêt à prendre un risque"" 16.04.20).
Il s'agit donc de savoir quelles sont vos priorités.

La question de savoir comment les différents niveaux de gouvernement aux États-Unis ont géré le Coronavirus est un sujet dont nous allons probablement débattre pendant des années, mais au sein de l'Église Orthodoxe, il y a aussi un débat en cours sur la manière dont les différents évêques ont géré cette crise. Les évêques ont réagi à cette crise de différentes manières. Certains ont seulement imposé des restrictions sur les Offices dans les endroits où cela était mandaté par les autorités locales, tandis que d'autres ont soit limité la participation, soit l'ont complètement interdite, indépendamment des décrets gouvernementaux imposés ou non. J'ai vu de nombreuses personnes affirmer que les évêques qui ont imposé de telles restrictions sont carrément des hérétiques et des apostats. Mais je n'ai jamais entendu de tels arguments lorsqu'une paroisse a annulé des Offices en raison de conditions météorologiques défavorables. Il se peut qu'en réfléchissant à cette crise, de nombreux évêques regrettent d'avoir réagi de manière excessive. Il se pourrait aussi que si ce virus s'était avéré aussi mortel que beaucoup le disent, certains évêques auraient regretté d'avoir sous-réagi. Ce n'est donc pas une question d'hérésie, mais une question de sagesse - c'est-à-dire, quelle était la chose raisonnable à faire dans ces circonstances. On peut être en désaccord avec les décisions d'un évêque, mais même s'il a mal jugé, on doit supposer que ses motivations étaient bonnes, et que le désir de subvertir la Foi ne faisait pas partie de ces motivations. Mais ce qui me préoccupe le plus actuellement, c'est la direction que prennent certains évêques avec leurs réponses sur la manière dont nous devrions avancer liturgiquement, dans le sillage de ce virus.

Nous avons actuellement des évêques qui imposent l'utilisation d'une cuillère différente pour chaque communiant, et certains qui ont institué la pratique de donner la communion aux gens dans la main (avec une portion de l'Eucharistie par intinction), tous animés par la crainte que donner la communion aux gens avec une cuillère à communion, comme le fait l'Église depuis près de mille ans maintenant, ne provoque l'infection de quelqu'un par le virus. La question que nous devons nous poser, cependant, est de savoir si cette crainte est rationnelle ou non.

Il a été souligné que la pratique de l'Église au cours du premier millénaire consistait à ce que les gens reçoivent la communion à peu près de la même manière que le clergé orthodoxe le fait encore : d'abord avec le Corps du Christ dans la main, puis en recevant le Sang directement du calice.

Pourquoi l'Église a-t-elle mis fin à cette pratique et commencé à communier les gens avec une cuillère ? Parce que les gens laissaient tomber des portions de l'Eucharistie avec insouciance, et parce que certaines personnes rapportaient l'Eucharistie à la maison à des fins superstitieuses. Il y a peu de raisons de croire que les gens de notre temps seront plus pieux et plus prudents que ceux du premier millénaire, et il y a de nombreuses preuves qui laissent supposer le contraire.

Si beaucoup font appel à l'ancienne pratique pour justifier ce qu'ils proposent comme solution aux inquiétudes suscitées par ce virus, aucun ne suggère en fait de revenir à cette pratique, car il est évident que si les laïcs partageaient tous un calice commun, ce ne serait pas une amélioration par rapport à l'utilisation d'une seule cuillère. En fait, si la cuillère est plongée dans le calice et lavée dans le sang du Christ après la communion de chaque personne, cela ne sort pas du Calice.

Ceux qui préconisent l'utilisation de plusieurs cuillères, voire de cuillères jetables, font appel aux précédents du passé pour savoir comment les personnes connues pour être malades de maladies infectieuses ont été communiées. Mais le facteur-clé est que c'est ainsi que les personnes dont on savait qu'elles étaient atteintes d'une maladie infectieuse ont été communiées -- de telles méthodes n'ont jamais été utilisées comme mesure préventive. De plus, lorsqu'un prêtre communie avec les malades, il le fait normalement avec l'Eucharistie préservée [dans le tabernacle], et donc le vin qui se trouve dans le calice est du vin non consacré.

La question que j'ai posée à de nombreuses personnes qui ont défendu la nécessité de tels changements est très simple : Y a-t-il des preuves que quelqu'un ait déjà été malade en recevant la communion avec une cuillère ?  La réponse à cette question est "non". Mais certaines personnes rétorquent ensuite que c'est simplement parce que personne n'a jamais fait d'étude scientifique de la question, mais ce n'est pas vrai. Il est vrai que, à ma connaissance du moins, aucune étude n'a été faite sur l'utilisation des cuillères de Communion, mais il y a eu en fait plusieurs études sur des personnes utilisant un calice commun - qui serait plus susceptible d'être un moyen de transmission de maladie qu'une cuillère de communion, pour la raison susmentionnée - et ces études sont donc un bon moyen de répondre à la question de savoir si nous avons affaire à des craintes rationnelles ou irrationnelles.

John Sanidopoulos, dans son article "Études scientifiques sur la transmission des maladies infectieuses par la Sainte-Communion", a cité six études pertinentes réalisées entre 1943 et 1998. L'une d'entre elles a révélé que même dans des circonstances idéales, l'utilisation d'un Calice commun ne laisserait se transférer 0,001 % des organismes, mais que l'étude des conditions qui correspondaient à la pratique réelle ne permettait pas de détecter la transmission. Dans une autre étude, trois groupes de personnes ont été étudiés : ceux qui vont à l'église et reçoivent la communion, ceux qui vont à l'église mais ne reçoivent pas la communion, et ceux qui ne vont pas à l'église du tout. Ils ont constaté que même parmi ceux qui recevaient la communion aussi souvent que quotidiennement, il n'y avait pas d'augmentation du risque d'infection. Ainsi, même si vous ne croyez pas en Dieu, la crainte de tomber malade à cause d'un virus provenant d'une cuillère à communion est irrationnelle - et si vous croyez en Dieu, et croyez réellement ce que nous confessons avant de recevoir l'Eucharistie (à savoir que l'Eucharistie est vraiment le Corps et le Sang du Christ), alors vous ne devriez pas avoir à vous inquiéter.

Le père Alkiviadis C. Calivas, dans son article "A Note on the Common Communion Spoon", dit qu'il n'a pas lui-même de telles craintes, mais il exprime son inquiétude pour ceux qui en ont :
"Au cours de mes 64 ans de sacerdoce, j'ai consommé le Calice des milliers de fois après d'innombrables Divines Liturgies, sans crainte ni hésitation, comme le fait tout prêtre. Je ne suis pas certain, cependant, que tous les fidèles paroissiens feraient de même, si on le leur demandait. Voici ce que je veux dire. La Sainte Communion devrait être une source de joie, d'espoir et de force pour tous et non un test ou une mesure de la foi de chacun dans la providence de Dieu (Matt. 4,5-7). Saint Paul nous rappelle que l'amour du Christ exige que nous prenions soin de toutes les personnes, quelle que soit leur situation, et que nous soyons sensibles et réceptifs à leurs justes besoins et préoccupations pour l'amour de l'Évangile (1 Cor. 9, 19-23)".

Je ne suis pas prêtre depuis la moitié de ce temps, mais mon expérience soutient la conclusion du père Alkiviadis selon laquelle il n'y a rien à craindre. Lorsque je communie avec les fidèles, la dernière bouche dans laquelle je place la cuillère avant de la remettre au diacre est la mienne (pour m'assurer qu'il ne reste rien de l'Eucharistie sur la cuillère), et je n'ai pas eu de fièvre depuis plusieurs années avant d'avoir été ordonné prêtre. Si un virus pouvait être transmis par une cuillère de Communion, il devrait y avoir de nombreux cas de prêtres souffrant d'herpès buccal (qui peut être transmis par l'utilisation d'ustensiles de cuisine ayant servi à une personne atteinte de ce virus), mais en fait, rien ne prouve que quelqu'un ait contracté un tel virus de cette manière.

Je peux comprendre la préoccupation du père Alkiviadis pour les personnes qui ont des craintes irrationnelles, mais pourquoi devrions-nous encourager ces craintes irrationnelles à persister en agissant d'une manière qui communique à ceux qui en souffrent que nous pensons que ces craintes sont fondées ?

Je crains qu'en tant que société, nous n'élevions une génération de personnes ayant la phobie des germes, qui passeront leur vie paralysée par des craintes si irrationnelles, et si préoccupée de mourir des nombreux germes et virus qui abondent dans notre monde, qu'elle sera incapable de vivre réellement. Mais il est bien plus préoccupant de contempler le message que l'Église enverrait aux fidèles, si nous agissons comme si recevoir la Communion était un acte physiquement dangereux. Il est en effet spirituellement dangereux de recevoir la Communion d'une manière indigne (1 Corinthiens 11:27-29), mais lequel des saints a jamais enseigné ou suggéré que l'Eucharistie pouvait être un moyen de transmettre une maladie ? Aucun ne l'a fait. En fait, il existe un épisode bien connu de la vie de Saint Jean de Shanghai :
"L'attention constante de Vladyka à l'auto-mortification avait sa racine dans la crainte de Dieu, qu'il possédait selon la tradition de l'ancienne Église et de la Sainte Russie. L'incident suivant, raconté par O. Skopichenko et confirmé par de nombreux habitants de Shanghai, illustre bien sa Foi audacieuse et inébranlable dans le Christ. "Mme Menshikova avait été mordue par un chien enragé. Les injections contre la rage, soit elle les refusait, soit elle ne se soignait qu'avec insouciance... Et puis elle a été frappée de cette terrible maladie. L'évêque Jean l'a découvert et est venu voir la femme mourante. Il lui a donné la Sainte Communion, mais juste à ce moment-là, elle a commencé à avoir une des crises de cette maladie ; elle s'est mise baver de la mousse blanche, et en même temps elle a recraché les Saints Dons qu'elle venait de recevoir. Le Saint Sacrement ne peut pas être jeté. Alors, Vladyka a ramassé et mis dans sa bouche les Saints Dons vomis par la femme malade. Ceux qui étaient avec lui s'exclamèrent : "Vladyka, qu'est-ce que vous faites ! La rage est terriblement contagieuse ! Mais Vladyka répondit paisiblement : "Il ne se passera rien, ce sont les Saints Dons". Et en effet, il ne s'est rien passé".

Si quelqu'un ne croit pas vraiment que l'Eucharistie est ce que nous disons qu'elle est, alors il ne devrait pas recevoir la Communion, parce que "... celui qui mange et boit indûment, mange et boit sa propre condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur" (1 Corinthiens 11,29).

Au-delà de tout ce qui a été dit, lorsque nous parlons de "risque" ou de "possibilité" en tant que Chrétiens, nous devons comprendre qu'il s'agit simplement de moyens de faire référence à de nombreux facteurs variables que nous ne connaissons pas. Mais nous ne croyons pas en un Dieu observateur impuissant, qui ne fait qu'espérer que les choses se passent bien pour nous. Nous croyons que si nous faisons ce que Dieu veut que nous fassions, nous n'avons pas besoin de nous inquiéter plus que nécessaire. Le pire qui puisse arriver, c'est que nous mourrions et que nous irons vivre avec le Christ pour l'éternité. Nous croyons que pas un moineau ne meurt sans la volonté du Père (Matthieu 10:29), et comme l'a dit Saint Antoine d'Optina lors d'une épidémie de choléra (qui a tué bien plus de gens que le coronavirus ne le fera probablement) :
"Vous ne devez pas avoir peur du choléra, mais des péchés graves, car la faux de la mort fauche une personne comme l'herbe, même sans choléra. Placez donc toute votre espérance dans le Seigneur Dieu, sans qui même les oiseaux ne meurent pas, et encore moins une personne".

Pour en savoir plus sur cette question, je vous recommande vivement l'article : "Une réponse à "Sur l'administration de la Sainte Communion en temps de peste""

29 Mai 2020
P. John Whiteford,
Saint Jonah Orthodox church, Spring, Texas
Russian Orthodox Church Abroad, USA

Original anglais :
https://fatherjohn.blogspot.com/2020/05/communion-communion-spoons-and.html

lundi 8 juin 2020

Sur le blog Saint Materne: Père Panayotis/Eucharistie, Calice, cuillère et peur de la mort (p. Panayiotis)



Alors que nous planifions la réouverture de nos églises et que nous prévoyons de nous approcher à nouveau de la Sainte Eucharistie, de nombreuses discussions ont eu lieu quant à la méthode de distribution des Saints Dons dans les églises Orthodoxes. Certaines personnes ont parlé de la nécessité d'utiliser plusieurs cuillères, d'autres proposent de nouvelles méthodes innovantes. Le sentiment sous-jacent de chacun est la peur de la mort.


Les temps sont certainement effrayants, car même nos scientifiques ne comprennent pas entièrement comment le coronavirus se propage et comment prévenir l'infection, alors que les médecins ne disposent pas encore d'un bon traitement pour les malades ni de mesures préventives efficaces.
C'est donc à juste titre que les gens s'inquiètent du danger de propagation de la maladie lorsqu'ils sont à l'église et même lorsqu'ils reçoivent la Sainte Communion.
Afin d'être rassurés et de trouver réconfort dans les trésors spirituels de notre Foi Orthodoxe, je vous invite à écouter la voix des Saints Pères qui nous vient des profondeurs des temps ; la voix de ceux qui ont compris la transformation du pain et du vin en Corps et Sang du Christ comme le plus grand miracle survenu sur la Terre. Ils la voyaient comme la Source de la puissance contre les démons, le Pain de Vie, la Source de la Vie Eternelle, la Médecine de l'Immortalité, l'Antidote contre la mort.
Saint Ignace d'Antioche (fin Ier-début IIe siècle) décrit ainsi les assemblées eucharistiques :
"Efforcez-vous de vous réunir plus souvent pour rendre grâce et gloire à Dieu. Car lorsque vous vous réunissez fréquemment, les pouvoirs de Satan sont renversés et son pouvoir destructeur est annulé par l'unanimité de votre foi. Il n'y a rien de mieux que la paix, par laquelle toute guerre entre ceux qui sont au Ciel et ceux qui sont sur la terre est abolie. ” - Lettre de saint Ignace aux Ephésiens 13:1-2


Il décrit également le Corps et le Sang du Christ dans l'Eucharistie comme "le médicament de l'immortalité, l'antidote que nous prenons pour ne pas mourir mais pour vivre éternellement en Jésus-Christ" (lettre de saint Ignace aux Ephésiens 20:2).


Dans cette optique, la Sainte Communion étant le Pain de Vie, il est important que nous n'abordions pas cet "antidote contre la mort" à la légère, mais que nous nous préparions sérieusement avant de recevoir les Dons du Banquet Céleste auquel nous avons été gracieusement invités.
Recevoir la Sainte Communion n'est pas un "droit" individuel que nous pouvons revendiquer pour nous-mêmes, mais un privilège divin qui nous est offert et que nous devons accepter avec humilité. Ce n'est pas à nous de "prendre", mais de "recevoir" avec des larmes de repentir et un cœur reconnaissant.
Saint Cyrille d'Alexandrie explique cela plus en détail :
"Le Corps du Christ est saint et a le pouvoir de vaincre toute maladie. Il était et est Saint, non seulement comme chair avec Ses pouvoirs naturels, mais comme Temple du Logos divin intérieur, qui sanctifie Sa chair avec Son Esprit. C'est pourquoi le Christ rend la vie à la fille du chef de la synagogue non seulement par Son commandement tout puissant, mais aussi par Son contact corporel". - Αναστασίου, Doctrina Patrum, σ. 129, 131-32


Mais qu'en est-il du Calice et de la Cuillère partagés ? Ne constituent-ils pas une menace en pleine pandémie ? C'est une bonne question qui mérite une attention particulière. Ceux d'entre nous qui sont assez âgés pour s'en souvenir, cette question a déjà été soulevée il y a environ trente ans, lorsque la menace du SIDA a frappé le monde à l'époque. La question a également été soulevée plus tôt dans les temps modernes, dans les années 1940 et 1950, lorsque la tuberculose et la lèpre faisaient rage en Grèce, à Chypre et dans d'autres pays. Pourtant, l'Église Orthodoxe a conservé l'utilisation du Calice et de la cuillère communs tels que nous les avons encore aujourd'hui. Pourquoi ?


Voici quelques réflexions sur cette question, tirées d'un article du Père Chrysostomos Koutloumousianos (moine prêtre et théologien renommé du Mont Athos) "Le pain, le vin et la manière d'être" :
Le Père Chrysostomos explique que, tout comme le Christ souffre en tant qu'être humain, mais agit en tant que Dieu et ressuscite d'entre les morts, de la même manière, les éléments consacrés (la Sainte Communion), bien que sujets à la "souffrance" et à la corruption eux-mêmes, agissent sur nous en tant que divinité non créée afin de transformer et de perfectionner notre nature déchue, non pas pour nous changer de ne plus être physiquement corruptibles, mais pour nous permettre de devenir des participants de la Nature divine (2 Pierre 1,4), même ici et maintenant.


Par conséquent, pour ceux qui reçoivent la Sainte Communion avec foi et un vrai repentir, le corps du Seigneur devient une "sauvegarde" "pour la force, la guérison et la santé de l'âme et du corps", le maintien et la déification de leur nature humaine déchue (3).


Les éléments consacrés dans la Sainte Eucharistie fonctionnent comme le Corps déifié de Jésus. Par la matière corruptible, Dieu accorde la vie sans la corrompre. Et bien que l'immortalité soit une condition eschatologique, et que nous devrons tous, tôt ou tard, passer de l'autre côté et la recevoir dans sa plénitude, des "doses" d'incorruptibilité nous sont données dans cette vie mortelle selon la mesure de la foi de chacun, de son désir, de sa crainte et de son amour pour Dieu. Nous sommes transformés en un mode d'existence différent par le contact du Corps et du Sang du Christ. Nous sommes sanctifiés et déifiés en étant unis à Lui.


Le Calice et la Cuillère de la Sainte Communion sont également modifiés au contact du Corps et du Sang du Christ. Ils sont transformés en un mode d'existence différent ; ils sont sanctifiés. Leur nature n'est pas changée, mais, plutôt, de la même manière qu'une lame devient du feu lorsqu'elle est jetée dans le feu .. le Calice et la Cuillère sont également changés et sanctifiés. Leur mode d'existence est modifié afin qu'ils nous transmettent la vie, tout comme Son vêtement guérit le flux de sang de la femme lorsqu'elle le touche, tout comme la mer est calmée par le toucher du Christ qui rend la sécurité aux disciples, tout comme la fille de Jaïre et le fils de la veuve sont ramenés à la vie par le toucher du Christ.


Le Corps et le Sang du Christ, ainsi que les ustensiles sacrés (le Calice et la Cuillère) utilisés pour nous Le donner ne peuvent pas être une menace pour notre santé corporelle si nous nous approchons avec la "Crainte de Dieu, avec Foi et Amour". Au contraire, ils nous conduiront à la guérison de l'âme et du corps et à la vie éternelle en nous apportant le toucher salvifique et guérisseur du Christ.
Par conséquent, alors que nous revenons à la Sainte Communion, abandonnons-nous dans la foi à la Miséricorde et au Pardon de Dieu et demandons qu'Il nous rétablisse dans Ses bonnes grâces, et nous protège de la maladie, de la calamité et de la condamnation éternelle.
Le COVID-19 est une tribulation (δοκιμασία), une mise à l'épreuve pour notre foi. La seule façon de surmonter les tribulations est de s'abandonner à l'Amour et à la Miséricorde de Dieu complètement et inconditionnellement dans la foi et la confiance. La Sainte Communion est le lieu pour le faire, même s'Il nous est offert par le Calice et la Cuillère partagés.


Commençons donc à nous préparer correctement pour venir à la Sainte Communion.
Tout comme les membres du conseil paroissial travaillent avec diligence pour nettoyer et désinfecter les bâtiments de l'église de ce Coronavirus toxique, qui menace de nous conduire à la maladie et à la mort de notre corps, nettoyons et désinfectons avec diligence nos cœurs et nos âmes des péchés toxiques et des vices du péché, qui menacent de nous conduire à la mort éternelle de l'âme et du corps.


Alors que nous nous préparons par la prière, en nous tournant avec amour vers Dieu, débarrassons-nous de nos pensées rationalistes séculières et remplissons nos cœurs et nos esprits de pensées spirituelles positives de foi et de confiance dans le Seigneur. Il ne nous décevra jamais !


25 mai 2020
P. Panayiotis Papageorgiou, Ph.D.

Sources