"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 31 octobre 2019

Halloween en Russie

Selon un sondage du Levada Center, Halloween gagnerait en popularité en Russie . Cette année, 10% des personnes interrogées ont déclaré être au courant de cette fête et vont la célébrer. C'est 2% de plus qu'en 2014 et 4% de plus qu'il y a deux ans. 70% des Russes ont dit qu'ils étaient au courant de cette fête, mais n'allaient pas la célébrer, et 2% des Russes n'ont pas entendu parler d'Halloween. L'église orthodoxe russe a appelé à aller à l'église au lieu de célébrer Halloween



Père André Agathokleous: Les vies de saints et nous



La vie des saints est " l'Evangile en action ", selon le saint serbe moderne Justin Popovitch. A travers eux, nous voyons leurs luttes et leurs efforts, leur désir et leur amour, leurs bénédictions et leur grâce. Nous réalisons que la Parole de Dieu est accessible, bien que son application semble difficile. Cependant, si une personne a réussi à faire quelque chose de difficile, cela signifie que d'autres peuvent le faire aussi.

Il n'en reste pas moins que lorsque nous lisons l'ascèse qu'ils ont faite, nous sommes tentés de nous demander si tout cela est vrai. Parce que, pour nous aujourd'hui, avec les conforts et les attitudes de détente qui nous caractérisent, nous pensons qu'une telle ascèse est excessive, voire impossible. Comment y sont-ils parvenus ?

Je pense que si nous voulons comprendre la vie des saints, anciens et modernes, nous devons accepter leur amour pour Dieu, leur zèle et leur désir sincère de la personne du Christ. C'est ce qui les a amenés à faire des efforts plus grands que l'ordinaire, comme expression de leur amour. En même temps, à cause de cet amour, la Grâce divine leur a donné la force d'atteindre l'irréalisable.

En tant qu'individu, chaque personne a son propre nom et sa propre identité. L'imitation d'une autre personne, en ce qui concerne son mode de vie, entraînera l'échec, à moins que les conditions nécessaires ne soient déjà en place.

En tant que membres de l'Église, nous nous réjouissons que nos frères et sœurs aient accompli ce qu'ils ont fait, qu'ils " brillent comme des étoiles lumineuses au firmament spirituel ". Et ainsi leur grâce se répand "dans le monde entier", elle embrasse tout le monde, elle guérit la douleur "partout sur terre". C'est pourquoi nous les honorons et les louons.

Naturellement, pour recevoir leur grâce, nous devons être réceptifs. Les rayons du soleil ne passent pas à travers un mur épais. C'est notre propre désir de vivre l'Évangile qui activera nos multiples pouvoirs cachés pour que nous puissions faire notre propre ascèse, qui amèneront la grâce de Dieu et rendrons possible l'impossible, pour nous et à travers nous.

Il est important de trouver ce qui nous convient. Ce que nous pouvons et ce que nous voulons faire. Le plus honnête, c'est que nous nous disions ce que nous ne voulons pas, plutôt que de trouver des excuses à notre incapacité. Dieu ne nous demandera rien d'impossible. Si c'était le cas, il n'y aurait pas de joie.

La lutte spirituelle des saints, en tant qu'expression d'amour pour Dieu, était la base de leur joie. Ainsi, toute ascèse dans laquelle nous nous engageons (prière, jeûne, prosternations, études, observance des Commandements du Christ), peut apporter une grande joie, une audace puissante et une familiarité avec Dieu, tant que nous le faisons avec humilité. Alors nous comprenons la vie des saints, nous voyons par nous-mêmes qu'ils étaient réels, et, avec eux, nous nous réjouissons dans le Royaume commun de notre commun Seigneur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D'après

Un évêque catholique romain distribue l'artoclèse à la fin de l'office orthodoxe de saint Dimitri


La marche vers l'Unia délétère est en marche au "patriarcat orthodoxe [?]" de Constantinople et dans ses succursales européennes, comme ici à la fin de l'office des Vêpres de saint Dimitri à Aix-la-Chapelle (Aachen) le 26 octobre 2019!

Sur Parlons d'Orthodoxie: OLTR Une décision salutaire



La grave crise que traverse l’Archevêché des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale n’est peut-être qu’une réplique d’une crise majeure qui affecte l’Eglise orthodoxe dans son ensemble.

En novembre 2018, par une décision soudaine et brutale, sans aucune consultation avec l’Archevêque, le patriarcat de Constantinople révoque le tomos de 1999 qui conférait à l’Archevêché le statut d’exarchat. Il intime aux paroisses l’ordre de rejoindre, chacune où elles se situent, les différentes métropoles de leur pays. En même temps qu’exiger sa dilution, il prive, alors, l’Archevêché de tout rattachement au plérôme de l’Eglise orthodoxe.

L’archevêque, Monseigneur Jean (Renneteau), a la charge des paroisses de l’Archevêché. On ne rappellera jamais assez cette règle canonique de l’Eglise orthodoxe : il incombe à l’évêque et à lui seul, la responsabilité des décisions pour toutes les questions aussi bien administratives que fondamentalement théologiques. Mais il appartient, aussi, à l’évêque de s’assurer que ses décisions seront reçues.


C’est un point fondamental et il est à craindre qu’il ait été, souvent, mal compris et mal interprété. Pourquoi oublie-t-on que c’est l’évêque qui reçoit l’onction épiscopale ? Pourquoi oublie-t-on que c’est l’évêque qui détient la plénitude du pouvoir ? Pourquoi oublie-t-on que le prêtre ne reçoit que de l’évêque le pouvoir de consacrer l’Eucharistie ? Pourquoi oublie-t-on que le clerc ou le laïc peut être invité à donner son avis mais que c’est bien l’évêque qui décide ? Ceci est l’esprit du Concile de Moscou de 1917 qui redonne le pouvoir de l’Eglise à ses primats. Il ne s’agit pas, bien au contraire, d’asservir le pouvoir pastoral de l’évêque aux décisions d’un pouvoir civil.

Nous ne détaillerons pas, ici, toutes les péripéties qui s’ensuivent. Ayant pris, après un large consensus, la décision de garder l’unité de l’Archevêché, Mgr Jean n’a que la préoccupation de rester en communion avec l’Eglise orthodoxe. Pour cela, après de nombreuses consultations dont il ne garde aucun secret, il accepte la seule proposition fiable et pérenne qui se présente et qui est émise par l’Eglise russe. C’est cette décision absolument essentielle que Mgr Jean prend pour le salut de l’Archevêché. Ses ouailles et ses clercs ne devraient que lui manifester une immense gratitude de les avoir si bien guidés.

La proposition de l’Eglise russe contient des avancées majeures pour la vie de l’Archevêché. Il est conféré, à ce dernier, un véritable statut diocésain. C’est-à-dire que son primat, l’Archevêque n’est plus l’exarque d’un membre du synode, le patriarche de Constantinople dans l’ancienne organisation, mais devient, lui-même, membre du synode de l’Eglise russe, dans la nouvelle organisation. De plus, le synode de l’Eglise russe promet de renforcer l’Archevêché en procédant rapidement à l’élection de nouveaux évêques auxiliaires ; ce qui permet de rétablir, enfin, une instance importante dans le fonctionnement de l’Archevêché, à savoir le comité épiscopal.

Dès notre éditorial de février 2019 , avant que la crise ne prenne les proportions irrationnelles que nous observons, nous avons largement prôné cette orientation et nous avons exprimé combien elle est naturelle et liée à l’histoire de l’Archevêché et combien elle offre de perspectives.

A tous ces titres, l’OLTR se réjouit de cette décision de Monseigneur Jean et lui exprime sa gratitude et son soutien qu’il lui paraît indispensable de manifester.

Malheureusement, oubliant le caractère fondamentalement pastoral, ecclésial de la décision prise, et, certainement, en grande partie, du fait de cette nouvelle relation établie avec l’Eglise orthodoxe russe, des passions incontrôlées se sont déchainées contre cette décision. C’est la tentation de « la voie de la mort ».

Suite ICI

mercredi 30 octobre 2019

Staretz Daniel de Katounakia: UNE BONNE PERSONNE NE VOIT QUE LE BIEN EN TOUT




Le staretz Daniel de Katounakia parle du staretz Philarète, le grand ermite de la région rocheuse de Karoulia.

La chaussure comme moyen d'humilité

J'ai lu ce qui suit dans "L'histoire Lausiaque" de Palladius sur la vie de saint Horus : "Au début, vivant dans le désert, il mangeait des herbes et de douces racines, buvait de l'eau quand il pouvait la trouver, et passait tout son temps à prier et à chanter." Je pense que c'est une description tout à fait appropriée de la vie ascétique du Père Philarète. Comme l'une des fleurs parfumées qui poussaient sur les rochers de Karoulia, il était un véritable ami de la vertu.

Il marchait toujours pieds nus ; et un jour, notre staretz, le Père Géronte, désireux de vérifier si son amour et sa simplicité venaient de Dieu et non de l'égoïsme, lui dit :

"Père Philarète.."

"Bénis, Geronda !"

"Tu es un hypocrite ! Tu te promènes pieds nus dans un vieux rasson, pour montrer ton humilité !"

"Geronda, répondit le Père Philarète en baissant humblement le regard, oui, je suis un hypocrite ! Que dois-je faire pour me débarrasser de cette infirmité ?"

"A partir d'aujourd'hui, marche avec des chaussures !"

"D'accord, Geronda. Que cela soit béni !"

Après s'être incliné devant lui, le Père Philarète est parti. Il trouva une vieille paire de chaussures quelque part, et, les portant dans ses bras, retourna à son hésychastère Il les mit avant d'entrer. C'était extrêmement douloureux. Après tant d'années de marche pieds nus, ses pieds, habitués à la liberté, ne pouvaient tout simplement pas supporter d'être à leur place dans une paire de chaussures. Mais l'obéissance et l'humilité, comme vous le savez, font des miracles ! La présence de la vertu devient évidente quand votre frère vous contrôle et que vous vous soumettez humblement. Un tel comportement est une flamme ardente pour le Diable !

"Tout va bien maintenant ! Maintenant, tu es un moine très humble," dit Geronda.

"Que cela soit béni, Geronda, que cela soit béni ! répondit le Père Philarète.

Après s'être prosterné, il poursuivit son chemin, trébuchant et marchant doucement, comme un petit enfant...

A côté de l'hesychastère poussait un grand nombre d'herbes sauvages. Le Père Philarète choisissait celles qui étaient comestibles et nous les apportait en nous disant : "Mangez, Pères. C'est de la part de Dieu. Ces herbes devraient être mangées par ceux qui travaillent pour le Seigneur plutôt que par un fainéant comme moi !"

"Je ne peux pas jurer !"

Un jour, un homme portant un rasson vint à lui et se dit diacre. Voyant les vieux livres du staretz, il se mit à les regarder et, avant de partir, il les prit en secret. Il ne savait pas qu'à Daphni, avant de quitter la Sainte Montagne, il y avait une inspection douanière qui vérifiait tout ce avec quoi vous partiez. Il fut arrêté là-bas !

"D'où tiens-tu ces livres ?" lui ont-ils demandé.

"Je les ai eus du... Père Philarète de Karoulia, il me les a vendus ! mentit le diacre pour se justifier, et il continua à le calomnier : "Il vend illégalement des livres anciens !"

La police arriva à l'hésychastère et mena une enquête. Après avoir cru le diacre mécréant, ils portèrent plainte contre le Père Philarète, un saint ascète. Bientôt une assignation à comparaître arriva. La plupart des pères ne savaient pas ce que c'était; de telles procédures matérielles leur sont inconnues. Nous lui expliquâmes ce que cela signifiait pour lui, et il dit : "Mais comment y aller ? S'il vous plaît, emmenez-moi là-bas."

Nous avons fait tout ce qui était nécessaire. Nous avons trouvé des vêtements un peu plus récents, parce que son rasson était trop vieux et usé. Nous avons aussi demandé à un avocat que nous connaissions d'aller au tribunal avec le Père Philarète pour l'aider, et nous avons recueilli de l'argent pour que le Père puisse se rendre à Thessalonique et y être jugé - celui que même le Seigneur, à notre humble avis, ne condamne pas "en ce jour" (Matthieu 7, 22). C'était un homme céleste, une fleur parfumée du désert !

Le Père Philarète dit : "J'obéirai au gouvernement et j'irai pour qu'ils me jugent." Puis il partit pour Thessalonique. Il n'avait pas quitté la Montagne Sainte depuis 58 ans ! Pendant 58 ans, il vécut à Karoulia, vivant des herbes sauvages et de l'eau que Dieu lui avait données. Un homme béni, qui avait atteint un haut degré de vertu, était maintenant en cour de justice en tant qu'accusé. Je ne sais pas comment ça marche là-bas. Je n'ai jamais franchi le seuil de cette institution. Je ne me souviens que de ce que le staretz lui-même nous a dit. Il fut convoqué par le président du tribunal :

"Moine Philarète ?"

"Oui, c'est moi, l'indigne, répondit humblement Philarète en inclinant la tête.

"Pourquoi as-tu vendu ces livres ?"

"Je ne les ai pas vendus ! Un certain frère est venu me voir et les a pris pour les lire. Il les aurait rendus plus tard. C'est ce que je pensais..."

"Père, tu dois donner un témoignage sous serment pour qu'on te croie. C'est l'ordre de la procédure judiciaire."

"Je ne peux pas ! Dans l'Evangile, il est dit : Ne jure pas du tout (Matthieu 5:34)."

"Mais tu dois jurer, mon père."

"Comment cela se fait-il ?"

"Tu dois mettre la main sur l'Évangile."

Alors, le Père Philarète fit trois prosternations complètes et embrassa l'Evangile avec respect...

"C'est assez ?"

"Non, Père, tu dois mettre ta main sur l'Évangile et dire : "Je le jure, etc.".

"Je ne peux pas jurer !"

"Mais si tu ne jures pas, tu iras en prison pour neuf mois !"

"Et mille fois, j'accepte d'aller en prison ! J'attends le jugement éternel du Seigneur pour mes péchés ! Dois-je m'inquiéter pour neuf mois de prison ?"

Le pseudo-diacre était également présent au tribunal. Vêtu d'un rasson coûteux, il se tenait d'une manière importante et hautaine. L'avocat qu'il avait engagé raconta un tas de mensonges. En particulier, il dit : "Est-il possible, M. le Juge, que ce merveilleux ecclésiastique vole des livres à un tel gueux ?"

Finalement, la calomnie et la dissimulation de la vérité inclinèrent le juge du côté du voleur brillant, et le moine-ascète, se présentant devant eux dans une vieille soutane, non habile dans l'art du mensonge, qui n'avait jamais prêté serment auparavant, fut déclaré coupable. Le verdict fut prononcé et la police emmena le Père Philarète en prison.

Les juges se souciaient pas de ce qui arriverait au moine, mais les gens ordinaires oui. Ils recueillirent la somme nécessaire pour payer la caution et faire libérer le staretz de prison. Le Père Philarète, avec sa simplicité habituelle, après avoir remercié tout le monde, retourna à Karoulia, le lieu de ses nombreuses années de solitude. Il nous remercia, nous aussi qui lui avions donné toute l'aide que nous pouvions lui donner. "Merci, Pères", nous dit-il. "Priez pour que le Seigneur me délivre aussi de la prison éternelle !"

D'ailleurs, il était aussi très satisfait de notre avocat, qui l'avait défendu à la cour. Ce saint ermite pensait toujours gentiment à tout le monde. Il nous le dit avec enthousiasme :

"L'Esprit de Dieu demeure dans cet avocat ! Il a tout décrit exactement comme c'est arrivé !"

"Geronda,"  lui ai-je dit, "c'est simplement son travail !"

"Non, insista le staretz, il a l'Esprit de Dieu !"

Je lui ai demandé :

"Geronda, tu as vécu loin du monde pendant 58 ans. C'était comment d'être là -bas alors ?"

Une bonne personne, comme nous l'avons déjà dit, ne voit que du bien en tout. Il répondit : "Que puis-je dire, Pères ? Tous les gens dans le monde sont très bons. Tous, sauf moi, pécheur paresseux, assis dans ces falaises rocheuses et ne faisant aucun travail, n'accomplissant pas la volonté de Dieu !"

Cela dit, il se retira dans sa cellule, glorifiant Dieu de lui avoir envoyé une telle épreuve vers la fin de sa vie pour le salut de son âme.

Une bienheureuse dormition

Un jour, quand il était très vieux, il nous invita à sa cellule avec le Père Acace et nous dit avec joie :

"Soyez en bonne santé, mes enfants. C'est bien que vous soyez venus, parce que je ne vous reverrai plus ! Je pars ce soir... Mais avant que cela n'arrive, j'aimerais que vous me consoliez."

"Comment, Geronda ?"

"Lisez le Psautier pour moi, quelque chose de calmant pour l'âme."

Nous lûmes un certain nombre de psaumes différents, et des larmes de joie coulaient sur les joues de Geronda, et pendant tout ce temps, il faisait sans cesse le signe de croix. Quand on eut fini, il dit :

Et je voudrais vous demander une dernière chose : chantez pour moi l'hymne de la Théotokos : " Il est digne en vérité ". Mais faisons-le en nous levant, comme nous le faisons quand nous chantons l'hymne national de notre patrie !"

Il s'est relevé difficilement. Il était très épuisé et sa peau était devenue presque transparente. Après que nous ayons terminé, le staretz, des larmes de joie dans les yeux, nous étreignant et nous embrassant, dit : "Mes enfants, je vous vois ici pour la dernière fois ! Pardonnez-moi, pardonnez-moi !"

Tout le monde pleurait. Le Père Philarète nous calmait. Nous sommes partis profondément émus. Dans la matinée, nous avons appris qu'il était décédé ! Comme il l'avait prédit...

Nous l'avons enterré au milieu des rochers d'une manière convenable et digne. Pour reprendre les paroles d'un profane, je dirai ceci : une étoile d'ascétisme monastique est sortie sur le ciel du Mont Athos, mais a laissé derrière elle une trace lumineuse, nous montrant comment lutter et rester cohérents dans notre labeur ascétique. Que sa mémoire soit éternelle ! Prie pour moi, Père !

Il arrive souvent que vers la fin de notre vie, le Dieu Tout-Saint nous envoie une sorte d'épreuve qui nous rend meilleurs, et ceux qui nous entourent en bénéficient aussi. Il en fut de même pour le Père Philarète, qui œuvra avec humilité et fut récompensé par Dieu. 

Vous avez entendu, M. Melinos, comment le Diable a tenté de perturber un homme de vertu et de labeur ascétique ; mais le Dieu Très Saint l'a protégé par Sa Grâce, et l'âme de l'ascète n'a souffert aucun mal, mais a été fortifiée dans son amour pour le Seigneur. Cet amour s'enflamma de plus en plus et, avec un zèle croissant, le staretz loua Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty




Saint Staretz Daniel de Katounakia

Higoumène Tryphon: Créer un environnement chrétien à la maison


 27 OCTOBRE 2019
La création d'une maison chrétienne commence par le coin d'icône. Le "coin lumineux" [ou beau coin] devient le centre de chaque église domestique, et le lieu où se déroulent les dévotions familiales. C'est aussi la manière de la famille de déclarer aux visiteurs qu'il s'agit d'une maison chrétienne, dont le Christ est la tête. Parce que l'époux est une sorte de prêtre domestique (le sacerdoce de tous les croyants), il est important qu'il soit celui qui dirige toute la famille dans la prière.

Chaque membre de la famille doit avoir sa propre icône de saint patron. Une pratique merveilleuse de l'antiquité est d'avoir une icône de famille écrite de sorte que tous leurs saints patrons soient représentés sur la même icône.

La famille devrait faire de son mieux pour dîner ensemble tous les soirs de la semaine. Regarder la télévision en mangeant le dîner est une très mauvaise idée, car le repas devrait être le moment où les parents peuvent parler à leurs enfants de l'école ou d'autres activités. En ces temps modernes, il y a presque toujours des activités scolaires ou professionnelles qui ne permettent pas toujours à tout le monde d'être ensemble pour ce repas familial important, mais tous les efforts devraient être faits pour que cela se produise aussi souvent que possible.

La bénédiction de la nourriture, avec le père ou la mère faisant le signe de croix avec leurs doigts sur le repas ensemble comme ils le font en se bénissant eux-mêmes, ne devrait jamais être évitée. Si nous disons toujours une bénédiction sur notre nourriture à la maison et rendons grâce à Dieu pour tout ce qu'Il nous a donné, nous sommes plus susceptibles de le faire à l'école ou au restaurant.

On a tous vu ces autocollants sur les pare-chocs qui disent : "Kill Your TV [Tuez votre Télévision!]". La télévision et la surutilisation d'Internet font des ravages dans la vie familiale. Ne laissez pas ces envahisseurs étrangers entrer chez vous pour remplacer le Christ comme chef de famille. Les mauvaises habitudes sont difficiles à surmonter, donc les remplacer par des moments en commun dans le salon peut être difficile au début, mais c'est nécessaire pour la fondation de base de toute maison chrétienne.

Protégez aussi votre maison des autres envahisseurs. Les magazines et autres documents de lecture devraient être convenables pour un foyer chrétien. Si vous ne voulez pas que votre prêtre voit un magazine ou un livre [incorrect] dans votre maison, il ne devrait pas être là en premier lieu. La musique jouée à la maison devrait également être édifiante et dépourvue de blasphème et de vulgarité.

Des réunions de famille régulières où tout le monde a l'occasion de parler des choses et où l'atmosphère est aimante, ouverte et sûre, aident à créer la confiance et un sentiment de sécurité pour tous. Il est naturel que les parents se disputent à l'occasion, mais cela ne devrait jamais se faire devant les enfants. Ils ont besoin de se sentir en sécurité.

Les garçons doivent voir leurs pères comme des icônes du Christ à la maison, démontrant l'image biblique d'un mari et d'un père. Vous, les hommes, vous avez besoin, pour le bien de vos enfants, de témoigner de l'importance de la prière et de la fréquentation de l'Eglise. Statistiquement, les enfants dont le père va à l'église sont beaucoup plus susceptibles de rester à l'Eglise à l'âge adulte. Ne laissez pas l'instruction spirituelle à vos femmes. Vous serez tenu responsable devant le Trône de Dieu pour vos enfants.

Les hommes ne devraient pas laisser leur femme faire tout le ménage et toute la cuisine. À une époque où le mari et la femme doivent souvent occuper un emploi pour joindre les deux bouts, le travail d'une femme n'est pas seulement un travail domestique. Elle ne devrait pas avoir à rentrer du travail et à faire tout le ménage et la cuisine toute seule. Les hommes doivent donner l'exemple à leurs enfants pour les aider à la maison.

Les enfants devraient recevoir une petite allocation d'argent de poche (en fonction de leur âge) pour qu'ils puissent apprendre à gérer l'argent, et une partie importante de la gestion de l'argent est la dîme. Le commandement biblique de redonner dix pour cent de son revenu à Dieu n'est presque jamais enseigné dans l'Église orthodoxe, c'est pourquoi tant de membres du clergé reçoivent des salaires si maigres, et les paroisses doivent organiser des fêtes religieuses. Quand nous négligeons la dîme, nous volons Dieu ! Un enfant qui donne comme dîme dix pour cent de son allocation deviendra un chrétien orthodoxe adulte qui continuera à le faire.

Ce sont des suggestions de base pour créer un foyer orthodoxe. Si vous commencez à mettre en œuvre ces suggestions, le Seigneur vous récompensera avec une famille qui est forte et vos enfants grandiront comme des chrétiens spirituellement sains, enracinés dans les enseignements bibliques et la force morale. Vos petits-enfants seront, en retour, élevés avec les mêmes principes bibliques et vous serez les grands-parents les plus bénis de votre quartier !

Avec amour en Christ,

Higoumène Tryphon


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 29 octobre 2019

Archevêque Théodose (Snigiryov), archevêque de Boyarka: "SI LE PHANAR CONTINUE A SYSTÉMATIQUEMENT DIVISER L'ORTHODOXIE, ALORS TOUT PEUT ARRIVER"


Archevêque Théodose (Snigiryov), 
archevêque de Boyarka

Au début de notre conversation avec Vladyka Théodose (Snigirev) de Boyarka, l'un des orateurs de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, nous feuilletons les dossiers des périodiques religieux de 1992 qui racontent les événements d'il y a vingt-sept ans. 

A l'arrivée à Kiev, le 10 juin 1992, de Sa Béatitude le Métropolite Vladimir (Sabodan) de Kiev et de toute l'Ukraine († 2014), élu primat de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique au Concile historique de Kharkov (en mai 1992), des télégrammes de félicitations et des lettres arrivèrent dans la Métropole venant des chefs des églises locales, y compris Constantinople et l'Église grecque, qui a souligné la reconnaissance de l'Église orthodoxe ukrainienne - comme seule Église canonique et indépendante dans son administration sur le territoire de l'État nouvellement établi de l'Ukraine. 

Les textes de ces documents ont été publiés dans les publications officielles de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique "Gazette de l'Eglise Orthodoxe" et dans la revue "Le Héraut Orthodoxe". Par la suite, des représentants des Églises de Constantinople et de Grèce ont participé à de nombreuses reprises aux célébrations de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique à Kiev, sur la colline Vladimir et dans la Laure des Grottes de Kiev le jour du baptême de Rus', et ont condamné à plusieurs reprises le schisme de l'ancien métropolite Philarète, comme l'ont montré les lettres, rapports et communiqués publiés par ces églises.

***

Vladyka, pouvez-vous expliquer une telle contradiction dans la position officielle des Églises de Constantinople et de Grèce ? Comme vous le savez, lors de son dernier Concile, l'Eglise orthodoxe grecque a déclaré la reconnaissance de "'l'autocéphalie ukrainienne" et le droit du Patriarcat de Constantinople de l'accorder unilatéralement. En même temps, le texte de la décision du Concile l'Eglise orthodoxe grecque ne mentionne pas du tout ce qu'on appelle l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, mais ne parle que de la reconnaissance d'une certaine "autocéphalie". Que signifie cette "casuistique" ?

-Dans ce cas, nous voyons un exemple classique de substitution de concepts, pour tromper les fidèles du monde grec. En général, la substitution des significations et leur déformation furent utilisées par l'Ennemi de la race humaine depuis des temps immémoriaux pour tromper les gens. Dans les Acathistes de la Très Sainte Génitrice de Dieu, nous trouvons parfois ces paroles adressées à la Mère de Dieu : "Réjouis-toi, toi qui abolis le corrupteur des significations." Le destructeur de sens, c'est-à-dire celui qui corrompt les concepts et substitue les sens, est le Diable, l'éternel menteur. Dans ce cas, le système de mensonges et de substitution de concepts dans la question de l'Église ukrainienne, développé par les schismatiques ukrainiens, a été imposé au Concile des évêques grecs par le Phanar, et beaucoup semblent l'avoir cru et accepté.

La tromperie et la corruption des significations résident dans le fait que l'autocéphalie n'est pas du tout la question clé dans le "paquet" ukrainien. La gravité du problème n'est pas de savoir qui, comment et dans quelles circonstances cette autocéphalie peut être accordée. Ce sont là des questions secondaires qui peuvent être discutées et qui ont été discutées dans le cadre des contacts inter orthodoxes. Le problème principal, qui a donné naissance à la division et menace l'Orthodoxie d'un schisme irréparable, est la "légalisation" anticanonique du schisme de Philarète, la reconnaissance des laïcs comme évêques et la concélébration avec eux, et la reconnaissance de la structure politique quasi ecclésiale, parallèle à celle de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, comme "église d'Ukraine". La deuxième question importante est à la limite de l'hérésie - la vaticanisation du Phanar et son invasion du territoire canonique étranger, qui a provoqué la persécution des fidèles de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique. Ce sont là les vrais problèmes, les questions qui pourraient diviser à nouveau l'Église, comme il y a mille ans.

Et ils parlent d'un certain droit d'accorder l'autocéphalie à leur Concile des évêques, alors que les principales questions restent dans l'ombre. Et sur cette base, ils adoptent un communiqué catastrophique. C'est terrible de penser aux conséquences d'une telle négligence de la part de la majorité des participants au Concile de l'Église grecque. L'ordre du jour à l'agenda changé leur a évidemment été imposé de l'extérieur. Et ils auraient très bien pu le reconnaître et le rejeter. Mais ils ne l'ont pas fait.

-Nous savons que toutes les hiérarques de l'Eglise orthodoxe grecque, ou du Patriarcat de Constantinople, ne sont pas d'accord pour reconnaître "l'église orthodoxe ukrainienne" schismatique. Qu'est-ce que cela indique sur les tendances au schisme au sein de ces Églises ?

-Cela témoigne du fait que toutes les hiérarques de ces Églises n'ont pas réussi à contracter la bactérie du papisme oriental, ce qui signifie que les mensonges des schismatiques ukrainiens ne peuvent pas si facilement pénétrer leur esprit. Le courage d'un grand nombre de métropolites, de prêtres, de laïcs et de théologiens grecs qui défendent le droit à la Vérité malgré la pression hiérarchique suscite une admiration spirituelle. La vérité est de leur côté. Je suis sûr que précisément ces hiérarques et ces laïcs sont maintenant, aux yeux de Dieu, la véritable Église de Grèce, sa gloire et son honneur.

Quant à la possibilité d'un schisme au sein des Églises locales, espérons qu'on n'en arrivera pas là. Bien que si le Seigneur ne place pas, de manière connue de Lui seul, une limite à l'attaque du Patriarche Bartholomée, et que le Phanar continue à diviser systématiquement l'Orthodoxie, alors tout peut arriver.

Vladyka, qu'est-ce qui, à votre avis, peut contrer ces phénomènes ?

-Définissons d'abord les concepts. Vous parlez maintenant d'une démarcation canonique entre des groupes d'Églises orthodoxes locales, et non d'un schisme sur le modèle de l'Orthodoxie : la "Phanarodoxie ?" Après tout, cette ligne - l'Orthodoxie - la " phanarodoxie " - ne se situera pas seulement entre les Églises, mais au sein des Églises locales elles-mêmes, c'est-à-dire entre les ascètes de la foi et les zélotes des canons de l'Orthodoxie d'une part, et les œcuménistes, les libéraux religieux et les ethnophiles grecs d'autre part. Et si, par l'intervention et l'admonition de Dieu, les Phanariotes - les nouveaux papistes - ne parviennent pas à comprendre la Vérité et à se repentir, alors une telle division globale entre Orthodoxie et "Phanarodoxie" est entièrement possible et pas lointaine. Mais dans ce cas, l'Église orthodoxe ne sera purifiée que d'un élément étranger, de nouvelles hérésies.

Si nous parlons d'un schisme entre les différentes Eglises locales orthodoxes à l'intérieur de leurs frontières, en raison de la situation inter orthodoxe actuelle, alors, en théorie, malheureusement, même cela est possible. Et par le raisonnement humain, tout y conduit. Mais j'espère que le Seigneur ne le permettra pas, sinon, les prophéties des saints, y compris des temps nouveaux, en auraient beaucoup parlé. Mais ils ne l'ont pas fait. Au contraire, ils ont parlé autrement, en disant beaucoup de choses qui inspirent l'optimisme. Je crois que le Seigneur corrigera la situation avec de telles circonstances qu'avec le temps, les orthodoxes ne se souviendront qu'avec un sourire de la minuscule mais orgueilleuse hérésie du papisme oriental, qui sera tombée dans l'oubli.

Comment contrer la possibilité d'une fracture globale en Orthodoxie ? Tout d'abord, l'espérance en Dieu, la prière à Lui, la prière sincère, avec des soupirs. Que cette prière soit même brève, mais quotidienne et sincère. Si nous prions ainsi pour l'unité, il nous sera difficile de calomnier nos adversaires sans regarder en arrière. C'est très important en ce moment. Nous pouvons critiquer leurs fausses doctrines, leurs erreurs et leurs actions destructrices, mais nous ne devons pas passer à insulter personnellement des hiérarques et des concepts humiliants qui sont sacrés pour le monde grec, s'ils ne sont pas hérétiques, bien sûr. Malheureusement, tous les apologistes de notre côté ou du leur adhèrent à ces règles évidentes de polémiques. Parfois, il s'agit d'insultes personnelles et de grossièreté pure et simple. Cela ne peut pas apporter la paix ; c'est le Diable qui souffle ce vent, d'autant plus que les paroles offensantes et les déclarations imprudentes signifient beaucoup plus pour ceux des cultures orientales que pour nous, les peuples " du Nord. " Il y aura une grande honte à ce sujet quand tout s'arrangera plus tard.

-Parallèlement à ce qui se passe, dans les actions de Constantinople, et maintenant d'Athènes, nous voyons la tendance de nouveaux contacts entre le Patriarche Bartholomée et le Trône de Rome. Il a également reçu le chef des Grecs catholiques ukrainiens [Uniates]. Est-ce que cela recoupe d'une certaine façon le thème du schisme en Ukraine ?

-Le philocatholicisme de nombreuses hiérarques qui soutiennent aujourd'hui le patriarche Bartholomée dans ses actions anti-canoniques en Ukraine n'est un secret pour personne, ni ici, ni en Grèce. S'agit-il d'une preuve d'un mouvement organisé et planifié de "l'orthodoxie libérale" dans l'étreinte du Pape ? Je ne sais pas. Beaucoup considèrent qu'il en est ainsi. Quoi qu'il en soit, il existe une tendance malsaine. Qu'elle soit réfléchie ou situationnelle - " l'appel du cœur " - est difficile à dire, mais il existe, et c'est évident. Et pour les hiérarques étrangers philocatholiques orthodoxes, leur dérive vers l'uniatisme semble consciente et désirée depuis longtemps, alors ils y conduiront nos schismatiques de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique en laisse, sans leur demander leur avis.

Pour plus de clarté, comparez le niveau intellectuel et théologique, et le degré d'autorité des figures clés de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique et de l'église grec que catholique ukrainienne [uniate], par exemple. Ils sont d'ampleur complètement différente. Nous n'allons même pas prendre des représentants du Vatican ou du Phanar comme exemples - il n'y a tout simplement pas de comparaison. Ajoutez à cela la conscience canonique floue de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique, leur manque d'indépendance et d'obéissance inconditionnelle au Phanar, leur crainte des autorités des centres étrangers, et leur obéissance aux pouvoirs séculiers. Pouvons-nous vraiment supposer que quand cela sera nécessaire, ils s'opposeront soudainement à tout cela et se tiendront en "défense de l'Orthodoxie" et sacrifieront tout au nom de la Vérité ? C'est douteux. Il est fort probable qu'ils marcheront sur les traces de leurs protecteurs. Nombreux sont ceux qui pensent qu'il est prévu de faire l'essai d'un nouvel uniatisme avec cette structure. D'autres pensent que cela pourrait devenir une monnaie d'échange dans la grande géopolitique religieuse. Nous ne pouvons que supposer. Mais il est absolument certain que tout cela se trouve dans le canal que les puissants de ce monde sont en train de tracer pour lutter contre l'Orthodoxie - dernier avant-poste de la vérité sur Terre.

-Les fidèles se demandent s'ils peuvent visiter les églises de  à l'étranger et se rendre dans les églises de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique ici en Ukraine, participer à leurs sacrements - baptêmes, mariages, funérailles ?

-Nous avons eu une conversation détaillée il n'y a pas si longtemps sur les églises de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique et sur la grâce de leurs "sacrements", alors je dirai juste quelques mots maintenant. Nous ne pouvons pas aller dans ces églises. La situation dans cette structure n'a pas changé du tout ; Des laïcs en ornements y "célèbrent les sacrements".[1]

Il n'y a pas eu et il n'y a pas de succession apostolique, et cela signifie qu'il n'y a pas de grâce sacramentelle.

Quant à l'Église grecque, selon la récente décision du Saint Synode, "la communication priante et eucharistique avec les évêques de l'Église grecque qui sont entrés ou entreront en communication avec les représentants des communautés schismatiques non canoniques ukrainiennes" est interrompue. Les pèlerinages dans les diocèses gouvernés par les évêques susmentionnés ne sont pas bénis non plus. La liste de ces hiérarques et de ces diocèses sera respectée et publiée - une décision très sage et mesurée du Saint Synode.

En même temps, il faut comprendre que l'arrêt de la communion eucharistique est une mesure disciplinaire et ne fait nullement référence à un manque de grâce dans les sacrements célébrés par les évêques précités et dans leurs diocèses. Je parle de cela d'autant plus qu'il y a eu récemment une large discussion parmi les orthodoxes pour savoir s'il y a de la grâce dans les sacrements célébrés par les hiérarques qui reconnaissent l'église orthodoxe ukrainienne schismatique, et s'il est possible "d'attraper" le schisme en servant avec le patriarche Bartholomée ou en priant à un office où Serge Doumenko (alias Epiphane) est commémoré, ou une autre manière...

Mais ça ne fonctionne pas complètement comme cela. Selon la tradition et la pratique séculaires de l'Église orthodoxe et l'esprit des règles et précédents canoniques de l'histoire de l'Église, mériter une punition canonique et y être soumis n'est pas la même chose. Tant qu'un clerc n'est pas défroqué, mais qu'il le mérite, les sacrements qu'il célèbre sont considérés comme valides - même s'il ose pécher pour les célébrer en étant suspendu (mais pas encore défroqué !). Pour cela, il y a le "défroquage" canonique, qui met une limite définitive aux rites d'une telle personne. Par conséquent, le patriarche Bartholomée, sans parler des hiérarques et des clercs qui servent avec lui, n'est pas dépourvu de Grâce dans les sacrements qu'il célèbre, même en servant avec le laïc Serge Doumenko (Epiphane). Bien qu'il commette de graves péchés, et qu'il soit, sans aucun doute, soumis au tribunal ecclésiastique. Mais ce n'est pas encore arrivé.

Par conséquent, la rupture de la communion eucharistique avec le patriarcat de Constantinople dans son ensemble et avec un certain nombre de hiérarques de l'Église grecque est pour nous une mesure disciplinaire, comme une quarantaine qui nous protège, afin de ne pas être jugés par les canons et préservés du danger d'être défroqués. Cette rupture ne parle pas d'une absence de Grâce dans les sacrements des hiérarques grecs. Tant qu'ils pécheront mais ne seront pas condamnés par un concile, ils ne seront pas défroqués, et les sacrements qu'ils célébreront, y compris les ordinations, seront reconnus comme légaux dans l'histoire. C'est-à-dire, c'est ainsi qu'ils sont maintenant pour nous, contrairement aux "sacrements" de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique, par exemple, où le fil de la succession apostolique est rompu. 

C'est le système de coordonnées canoniques qui a fonctionné dans l'Église orthodoxe tout au long de son histoire. Les questions complexes des schismes de guérison et du retour repentant à l'Église de ceux qui en sont sortis, dans leur dignité cléricale ou non, ont toujours été résolues dans ce système de coordonnées. C'est précisément dans ce système de coordonnées que les "écuries d'Augias " [2] que le Phanar a maintenant emplies, mêlant le juste au pécheur, le licite à l'anarchique, seront vidées à temps.

Version française Claude Lopez-Ginisty 
d'après

1 S'il semble courant de qualifier le "clergé" de "l'église orthodoxe ukrainienne schismatique" de simples laïcs, il serait plus juste de dire qu'ils ne sont même pas laïcs, puisqu'ils ne sont pas membres de l'Église orthodoxe .

2 Cf. la mythologie classique : les écuries dans lesquelles le roi Augias gardait 3.000 bœufs, et qui n'avaient pas été nettoyées depuis 30 ans. Le nettoyage de ces écuries fut effectué par Hercule, qui détourna la rivière Alphée par leur intermédiaire.

lundi 28 octobre 2019

ST. ATHANASE (SAKHAROV) : CONSEILS SPIRITUELS ET EXTRAITS DE LETTRES DURANT SA CAPTIVITE



St. Athanase

Le 15/28 octobre, l'Eglise commémore saint Athanase [Sakharov], évêque de Kovrov, confesseur de la foi. Théologien et liturgiste, auteur de services religieux, saint Athanase a emprunté le chemin épineux des persécutions, et ni les procès en prison, ni les camps et l'exil ne purent jamais saper sa foi. C'est la prière qui l'a nourri. Serge Fudel, écrivain russe, destiné à porter un lourd fardeau, se souvient du saint dans ses livres. "Avant sa mort, il dit à ses amis comment sortir de toutes les difficultés : La prière vous sauvera tous." Ces paroles étaient quelques-unes de ses derniers paroles. Dans sa Commémoration des défunts, il écrivait (approximativement dans les années 1950) : " Chacun devrait prier pour tous les hommes." Il resta donc fidèle à sa nature, à son esprit de prière monastique, qui, s'il est authentique, est l'esprit du christianisme primitif."

Cet esprit se manifeste à la fois dans les lettres écrites par saint Athanase pendant son incarcération et dans ses conseils spirituels. Nous publions aujourd'hui certains extraits de ces lettres.

Plus de cent soixante-dix mille ecclésiastiques orthodoxes furent arrêtés en 1917-1943 ; cent quinze mille furent fusillés. Athanase Sakharov a passé plus de trente ans dans des prisons et des camps d'internement.

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Je préférerais que toutes nos églises soient fermées [plutôt que de devenir schismatique], car les orthodoxes ne doivent pas prier avec les schismatiques.[1]

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Regardez, tous ces gens de l'"Eglise vivante" sont imprégnés d'un sentiment de rage qui n'est pas un sentiment chrétien. Ils sont sous le contrôle total de l'esprit de rage et ils n'ont pas la sérénité. Maintenant je peux voir des évêques et des prêtres, incarcérés pour leur travail au Nom du Christ, et j'entends parler de pasteurs orthodoxes dans diverses prisons. Quelle paix et quelle joie ils possèdent tous !

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Nous ne devrions en aucun cas avoir peur de la prison. Ici, c'est mieux qu'à l'extérieur. Je le dis sans exagération. Voici la vraie Église orthodoxe.[2]

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Ma chère et gentille mère,

Comme j'étais heureux de te voir un instant, de t'embrasser au moins une fois. C'est bien que toi, comme je l'ai vu, tu te remontes le moral. Sois de bonne humeur, ne perds pas le moral.

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Seigneur, préserve ceux qui sont encore vivants, préserve-les sains et saufs, laisse-moi les voir encore une fois dans ce monde.

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Je m'abandonne à la volonté de Dieu ; si je me sens parfois angoissé, je ne tombe pas dans le découragement, même si je suis épuisé physiquement ou mentalement, je ne perds jamais espoir et, avec l'aide de Dieu, je ne murmure pas.

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Moïse a enduré, Elisée a enduré, Elisée et Elie ont enduré les épreuves- ainsi je supporterai aussi les épreuves.

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Je vais bientôt être jugé, mais ce ne sera pas miséricordieux. Quoi qu'il en soit, nous ne devrions rien attendre des procès terrestres et des juges terrestres. Le Seigneur sera notre juge.

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Toutes les chaînes et les calamités sont la pénitence infligée par le Seigneur Lui-même.   

Sur la foi

Quel grand réconfort que notre foi ! Nous ne sommes pas découragés dans les peines et nous sommes rayonnants quand nous sommes frappés par l'épreuve.

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Quel grand trésor est notre foi ! Elle nous apporte la paix, la consolation et le plaisir en toutes circonstances ! Un chrétien fidèle dira toujours avec le saint apôtre : "On nous insulte, on  bénit, on nous persécute, nous le supportons, on nous diffame, nous supplions." Gloire à Dieu pour toutes choses !

De l'amour et de l'humilité

Nous devons posséder deux choses, l'amour et l'humilité, afin que notre cœur soit libre de la moindre ombre de colère ou d'hostilité, même envers nos ennemis. Portez les infirmités des faibles, et ne vous faites pas plaisir.

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Ne soyez pas indolents dans la prière, n'oubliez pas Dieu, aimez votre père et votre mère, soyez soumis et ne les contrariez pas ; aimez-vous les uns les autres, et n'offensez personne, aimez tout le monde, dites seulement la vérité. Alors vous serez aimés, et Dieu vous assistera en tout.

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Je crois vraiment que ni la mort ni la distance ne peuvent limiter l'amour chrétien.
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Soyez patient, ne vous vexez pas et, surtout, ne vous fâchez pas. Vous ne combattrez ni ne bannirez jamais le mal par le mal. Le mal ne craint que l'amour, que la miséricorde.

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Sur les privations

Je crois fermement que la privation de ce que nous désirons particulièrement, de ce qui est le plus précieux, sera acceptée par le Seigneur comme un sacrifice qui Lui est agréable.

Sur les maladies, la souffrance et la mort

Il vaut mieux oublier nos misères passées et ne pas s'en souvenir, ne pas ouvrir les plaies qui guérissent. Guidés par la parole de l'Apôtre, tournons notre regard vers ce qui nous attend, avançant avec espérance, en oubliant le passé.

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Les larmes apaisent l'épreuve. Pleure un peu et tu trouveras consolation.

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Le Sauveur est ici, il est à côté de toi, il ne te laisse pas un seul instant. Parfois, Il semble nous avoir abandonnés, mais il nous semble que c'est seulement une illusion pour nous, les faibles. Il est toujours avec nous, Il nous voit souffrir et nous donnera des couronnes dans le ciel pour cela.

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Nous devons endurer tous les maux avec patience, mais nous ne devons pas ignorer le traitement médical de peur de nous affaiblir dans notre maladie, de succomber au découragement et de commencer à murmurer.

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Les saints Pères associaient les maux au martyre, et les martyrs reçoivent des couronnes dans le ciel et jouissent de la joie éternelle.

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Que la volonté de Dieu soit faite... Glorifions Dieu aussi pour les afflictions. Gloire à Dieu pour toutes choses !

Sur les préoccupations quotidiennes et le temps

Je souffre de tout cœur avec tous mes amis aigris et affligés, ceux qui travaillent et n'ont presque pas de repos, qui ont constamment du mal à gagner leur pain quotidien, qui se lamentent d'être séparés de leurs êtres chers et aimés, ceux qui ne peuvent passer autant de temps qu'ils le voudraient, même avec ceux qui vivent dans la même pièce qu'eux. C'est le plus grand problème de notre époque.

***

Aujourd'hui, l'homme cherche à rendre son travail plus facile avec l'aide de diverses technologies, à passer moins de temps sur son travail. Cependant, Dieu ne bénit pas cela. Par conséquent, au lieu de gagner plus de temps pour sa vie personnelle, l'homme n'en a presque pas.

Sur la miséricorde de Dieu


Je crois que le nombre infini de nos péchés s'évanouira dans l'abîme de la miséricorde de Dieu.

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Le jugement de Dieu est différent du jugement des hommes. Ici, ils cherchent tout comme raison pour rendre un verdict ; là, et j'espère que ce n'est pas un péché de le dire comme ça, ils chercheront tout comme raison d'exonération [de pardon].

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Nous avons beaucoup de péchés, mais la miséricorde de Dieu est sans limite.

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En effet, très peu sont sauvés pour leurs actes. Le nombre de ceux qui sont sauvés par la miséricorde de Dieu et Son amour pour l'humanité est infini.

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La porte de la miséricorde du Seigneur est toujours ouverte. Elle s'ouvre, si on la pousse légèrement. Ta poussée est une humble prière : "Je suis à Toi, sauve-moi."

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Je vous remercie tous de tout cœur, vous bénis tous et prie pour vous tous.

***

État de l'Église avant et pendant la période soviétique



1914-1939 reflète la persécution contre l'Église par le régime soviétique.



1952-1962 reflète la réouverture d'églises, de monastères et de séminaires pendant la Seconde Guerre mondiale et les persécutions qui ont suivi sous la direction de Nikita Khrouchtchev.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

NOTES:

[1] Il faisait allusion à l'église vivante, secte pseudo-orthodoxe bolchévique créée par les communistes pour lutter contre l'Eglise canonique

[2] C'est-à-dire que les chrétiens orthodoxes fidèles étaient en prison, persécutés pour la foi, alors que ceux qui trahissaient la foi, étaient libres.

État de l'Église avant et pendant la période soviétique



1914-1939 reflète la persécution contre l'Église par le régime soviétique.

1952-1962 reflète la réouverture d'églises, de monastères et de séminaires pendant la Seconde Guerre mondiale et les persécutions qui ont suivi sous la direction de Nikita Khrouchtchev.




Reliquaire de saint Athanase

LA PRIÈRE MONASTIQUE A SAUVÉ LES SURVIVANTS D'UN NAUFRAGE PRÈS DE LA CÔTE INDIENNE



Cette histoire a été racontée par l'higoumène Théodosie (Dyatchkova). Mère Supérieure du Couvent de la Nativité du Christ dans le diocèse de Vyatka.


"Récemment, raconte l'higoumène Théodosie, une femme m'a exprimé ses remerciements. "La paroissienne m'a dit qu'il n'y a pas si longtemps, en octobre, juste avant que ses enfants ne partent en vacances, elle a demandé la lecture du Psautier avec la mention de leurs noms, afin que les moniales du couvent puissent prier quotidiennement pour ses enfants. 

Ses enfants et ses petits-enfants - quatre personnes en tout - se trouvaient à bord même du navire qui a subi un naufrage près de la côte indienne, mais par miracle, ils ont survécu et n'ont pas été blessés du tout. La femme a ainsi expérimenté elle-même l'effet de la prière monastique et la puissance de la lecture perpétuelle du Psautier."

Le 28 octobre, un navire touristique a fait naufrage près de la côte indienne, rappelle le site web du diocèse de Vyatka.

Trois des dix passagers russes qui ont affrété le navire sont morts. Parmi les naufragés qui ont miraculeusement survécu se trouvaient les enfants et petits-enfants adultes (tous sains et saufs !) de la paroissienne du couvent de la Nativité du Christ (dans la ville de Slobodskoy, région de Kirov) qui, avant le début des vacances de ses proches, avait fait en sorte que "la lecture perpétuelle du Psautier soit dite pour leur santé".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et


dimanche 27 octobre 2019

Hiéromoine Séraphim (Rose): SOUS-HUMANITÉ - LA PHILOSOPHIE DE L'ABSURDE


Le rouleau porte la mention: 
"l'évolutionnisme est la clef de la philosophie de l'Antéchrist"
Icône roumaine
*

L'époque actuelle est, dans un sens profond, une époque d'absurdité. Poètes et dramaturges, peintres et sculpteurs proclament et décrivent le monde comme un chaos désarticulé et l'homme comme un fragment déshumanisé de ce chaos. 

La politique, qu'elle soit de droite, de gauche ou du centre, ne peut plus être considérée que comme un expédient où un léger semblant d'ordre est donné pour le moment, au désordre universel ; les croisés pacifistes et militants sont unis dans une foi absurde dans les faibles pouvoirs des hommes pour remédier à une situation intolérable par des moyens qui ne peuvent que l'aggraver. Les philosophes et autres hommes supposés responsables dans les milieux gouvernementaux, académiques et ecclésiastiques, lorsqu'ils ne se retranchent pas derrière la façade impersonnelle et irresponsable de la spécialisation ou de la bureaucratie, ne font généralement que rationaliser l'état incohérent de l'homme contemporain et de son monde et conseiller un "engagement" inutile dans un optimisme humaniste discrédité, dans un stoïcisme sans espoir, dans des expériences aveugles, ou dans un "engagement irrationnel", ou dans une foi suicidaire en la "foi". 

Mais l'art, la politique et la philosophie d'aujourd'hui ne sont que des reflets de la vie, et s'ils sont devenus absurdes, c'est parce que, dans une large mesure, la vie est devenue ainsi. L'exemple le plus frappant de l'absurdité de la vie de ces derniers temps était, bien sûr, le "nouvel ordre" d'Hitler, dans lequel un homme supposé normal et civilisé pouvait être à la fois un interprète accompli et émouvant de Bach (comme Himmler) et un meurtrier habile de millions d’hommes, ou qui pourrait organiser la visite d'un camp d'extermination qui coïncide avec une série de concerts ou une exposition artistique. Hitler lui-même, en effet, était l'homme absurde par excellence, passant du néant à la domination du monde et de retour au néant en l'espace d'une douzaine d'années, ne laissant comme monument qu'un monde brisé, dû à son succès insignifiant au fait que lui, le plus vide des hommes, incarnait le vide des hommes de son temps. 

Le monde surréaliste d'Hitler appartient désormais au passé, mais le monde n'est passé de l'ère de l'absurdité à un stade plus avancé, quoique temporairement plus calme, de la même maladie. Les hommes ont inventé une arme pour exprimer, mieux que l'évangile de destruction d'Hitler, leur incohérence et leur nihilisme ; et dans son ombre les hommes sont paralysés, entre les extrêmes d'une puissance extérieure et une impuissance intérieure sans précédent. En même temps, les pauvres et les "défavorisés" du monde se sont éveillés à la vie consciente et recherchent l'abondance et le privilège ; ceux qui les possèdent déjà gaspillent leur vie dans la poursuite de choses vaines, ou deviennent désillusionnés et meurent d'ennui et de désespoir, ou commettent des crimes insensés. Presque le monde entier, semble-t-il, est divisé entre ceux qui mènent des vies futiles et insignifiantes sans s'en rendre compte, et ceux qui, s'en rendant compte, sont poussés à la folie et au suicide. […] 

Il en est de même pour l'absurde ; c'est le côté négatif d'une réalité positive. Il y a, bien sûr, un élément d'incohérence dans notre monde, car dans sa chute du Paradis, l'homme a amené le monde avec lui ; la philosophie de l'absurde n'est donc pas fondée sur un mensonge total, mais sur une demi vérité trompeuse. Mais quand Camus définit l'absurdité comme la confrontation du besoin de raison de l'homme avec l'irrationalité du monde, quand il croit que l'homme est une victime innocente et que le monde le coupable, il a, comme tous les absurdes, magnifié une vision très partielle dans une vision totalement déformée des choses ; et dans son aveuglement, il est arrivé exactement à inverser la vérité. L'absurde, en fin de compte, est une question interne et non externe ; ce n'est pas le monde qui est irrationnel et incohérent, mais l'homme. 

Mais si l'absurde est responsable de ne pas voir les choses telles qu'elles sont, et même de ne pas vouloir les voir telles qu'elles sont, le chrétien est encore plus responsable de ne pas donner l'exemple d'une vie pleinement cohérente, une vie en Christ. Le compromis chrétien dans la pensée, la parole et la négligence dans les actes ont ouvert la voie au triomphe des forces de l'absurde, de Satan, de l'Antéchrist. L'époque actuelle de l'absurdité est la juste récompense des chrétiens qui n'ont pas réussi à être chrétiens. 

Et le seul remède à l'absurde se trouve à sa source : nous devons redevenir chrétiens. Camus avait raison quand il a dit : "Nous devons choisir entre les miracles et l'absurde." Car, à cet égard, le christianisme et l’'absurde s'opposent également au rationalisme et à l'humanisme des Lumières, à l'idée que la réalité peut être réduite à des termes purement rationnels et humains. Nous devons en effet choisir entre la vision miraculeuse, la vision chrétienne des choses, dont le centre est Dieu et dont la fin est le Royaume éternel des Cieux, et l'absurde, la vision satanique des choses, dont le centre est le moi déchu et dont la fin est l'enfer, dans cette vie et dans la vie à venir ». 

Nous devons redevenir chrétiens. Il est futile, en fait c'est précisément absurde, de parler de société réformatrice, de changer le chemin de l'histoire, d'émerger dans une époque au-delà de l'absurde, si nous n'avons pas le Christ dans notre cœur ; et si nous avons le Christ dans notre cœur, rien d'autre ne compte. 

Il est bien sûr possible qu'il y ait un âge au-delà de l'absurde ; il est plus probable, peut-être - et les chrétiens doivent toujours être préparés à cette éventualité - qu'il n'y en aura pas, et que l'âge de l'absurde est bien le dernier âge. Il se peut que le témoignage final que les chrétiens pourront donner à cet âge soit le témoignage ultime, le sang de leur martyre. 

Mais c'est un motif de réjouissance et non de désespoir. Car l'espérance des chrétiens n'est pas de ce monde ni dans aucun de ses royaumes - cette espérance, en effet, est l'absurdité ultime ; l'espérance des chrétiens est dans le Royaume de Dieu qui n'est pas de ce monde.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après