samedi 5 janvier 2019

SOLIDARITE KOSOVO

Convoi de Noël 2018 : un beau succès en dépit des difficultés

« Extraordinaire : Qui sort de la règle, de l'usage ordinaires ; Qui n'est pas courant, exceptionnel, inhabituel ; Qui étonne par sa bizarrerie, son étrangeté, son originalité... », selon le Larousse.

Ça ne fait aucun doute : ce quinzième convoi de Noël de Solidarité Kosovo a bien été exceptionnel. Absence d'Arnaud Gouillon, envoi d'une partie du matériel repoussé, équipe réduite : rien n'a été normal cette année. Et pourtant, il ne fait aucun doute que ce convoi a été un nouveau succès.



La petite Nevena habite avec ses frères et sœurs le petit village isolé de Crkolez à l'ouest du Kosovo (en Métochie). 

Un succès étonnant, particulier, presque bizarre, mais un beau succès quand même : nous sommes allés, pour la 15e année consécutive, passer quelques jours auprès des Serbes des enclaves du Kosovo. Nous leur avons apporté toutes ces choses dont ils ont tellement besoin pour supporter les brimades, les persécutions, l'angoisse du lendemain : du matériel scolaire, des cadeaux pour les enfants, du bétail pour plusieurs familles ne vivant que du travail de la terre... mais surtout nous leur avons montré que le peuple de France ne les oublie pas, ce qui était d'autant plus important que justement les circonstances sont particulièrement difficiles.



Rade a reçu une vache et un veau des bénévoles de Solidarité Kosovo. Un beau cadeau de Noël pour lui et sa famille! 

Nous vous raconterons ce convoi plus en détails dans quelques jours. Nous vous dirons les sourires timides des enfants recevant leurs cadeaux, les accolades viriles et fraternelles des fermiers venant de mettre leur nouvelle vache à l'étable, les yeux brillants du Père Serdjan heureux de voir ces gens, son peuple, et ses amis volontaires trinquer ensemble à la vie et à la liberté.

Mais nous pouvons dès maintenant vous affirmer une chose : les événements récents n'empêcheront pas Solidarité Kosovo de continuer son travail cette année encore, et aussi longtemps qu'il le faudra. Le succès de ce convoi le prouve : ils ne peuvent rien contre cette amitié qui nous lie nous jeunes Français aux Serbes des enclaves. Nous y retournerons l'année prochaine, et les années suivantes, et ainsi de suite, avec votre soutien.

Au nom de toute l'équipe, je vous remercie pour ce soutien indéfectible que vous nous témoignez et vous souhaite une bonne année 2019.




Thibaud et le Père Serdjan en pleine distribution de cadeaux à Batuse. 

L'équipe de "Solidarité Kosovo"


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jeudi 3 janvier 2019

Jean-Claude LARCHET/Recension : Saint Grégoire Palamas, « Les Cent cinquante chapitres »



Saint Grégoire Palamas, Les Cent cinquante chapitres. Introduction et traduction d’Yvan Koenig. Collection « Patrimoines », Cerf, Paris, 2018, 202 p.

Cet ouvrage du grand théologien byzantin Grégoire Palamas (1296-1359) a l’intérêt de présenter une synthèse de sa pensée et d’être considéré pour cela comme l’une de ses œuvres majeures. 

Il a été rédigé dans les années 1349-1350, alors que la controverse de Palamas avec Barlaam et Akindynos était achevée et que sa théologie avait été officiellement approuvée par le concile de 1347. Avant que ne débute sa controverse avec Nicéphore Grégoras et alors qu’il allait commencer son ministère d’archevêque de Thessalonique, Palamas a profité d’une période de relative accalmie pour présenter un résumé de ses conceptions relativement à celles de ses adversaires. Il l’a fait sous la forme littéraire – qu’avait inaugurée Évagre près de dix siècles plus tôt, mais qui restait en vogue – des kephalaia, c’est-à-dire de courts chapitres laissant beaucoup de liberté à l’auteur dans l’organisation de son exposé, bien qu’en l’occurrence le titre complet du recueil – Cent cinquante chapitres relatifs aux sciences naturelles et théologiques, à la vie morale et ascétique, et qui nous purifie de la souillure barlaamite – indique assez bien son plan général.

La partie la plus caractéristique de l’ouvrage – et la plus attendue s’agissant de Palamas – et celle qui s’étend des chapitres 64 à 150 et qui traite de la Lumière du Tabor et des énergies divines. La partie qui précède (chapitres 1 à 63) est moins attendue, puisqu’elle traite de la structure du cosmos, de son origine et de sa fin (chap. 1-14), puis des facultés de l’homme (ch. 15-20), de la connaissance spirituelle (ch. 21-29), de la nature rationnelle (chap. 30-33), de l’image de Dieu dans l’homme – ce qui amène l’auteur, par analogie, à quelques considérations de théologie trinitaire (chap. 34-40) –, de la chute originelle de l’homme et des modalités de sa guérison (chap. 41-63), cette dernière section se terminant par trois chapitres montrant la supériorité de l’homme sur les anges du fait qu’il a un corps (chap. 60-63).

Contrairement à ce qu’indique la fin de son titre, l’œuvre n’est pas polémique dans sa forme et dans son apparence (les adversaires de Palamas ne sont que peu nommés), mais elle l’est dans son fond, car il s’agit d’un bout à l’autre de présenter la position orthodoxe par rapport aux positions erronées qui venaient d’être développées par Barlaam et Akindynos, sur la question des énergies et de la Lumière divines, mais aussi sur la question connexe de la connaissance humaine et ainsi que sur celle de la nature et du devenir du cosmos, où les deux adversaires de Palamas se montraient influencés par l’humanisme byzantin qui faisait un retour à l’hellénisme antique, et donc aux cosmologies païennes.

Les Cent cinquante chapitres avaient déjà été traduits en français par Jacques Touraille dans le cadre de la publication complète de la Philocalie des Pères neptiques (vol. 10, Bellefontaine, 1990). La nouvelle traduction proposée ici par Yvan Koenig, outre qu’elle est plus juste que celle de Touraille, se fonde sur l’édition critique la plus récente.

Dans une introduction de 60 pages, Yvan Koenig présente les circonstances de la composition de l’œuvre et son genre littéraire, avant d’en proposer un découpage et un résumé. Il ajoute à cela une section sur « La traduction du De Trinitate de saint Augustin et son influence », en relation avec le fait que certains commentateurs ont affirmé, à propos de la section contenant les chapitres trinitaires (chap. 34-40) et d’une autre section contenant des catégories aristotéliciennes (chap. 125-135), une influence sur le docteur hésychaste de l’évêque d’Hippone dont le De Trinitate venait d’être traduit en grec. En accord avec R. Floghaus, Y. Koenig considère que saint Grégoire Palamas a très probablement lu le De Trinitate, mais l’a utilisé à sa manière. Il se réfère à la thèse de Mgr Amphiloque Radovic, Le mystère de la Sainte Trinité selon saint Grégoire Palamas, Cerf, Paris, 2012 (dont il est également le traducteur) pour montrer que la phrase célèbre que l’on trouve dans le chapitre 36 – « cet Esprit du Verbe suprême est tel un ineffable amour de l’Engendreur pour le Verbe lui-même ineffablement engendré » – qui semble presque littéralement empruntée à Augustin, est en fait à comprendre dans le contexte de la théologie palamite des énergies divines.

Yvan Koenig s’en est tenu dans son introduction à une présentation générale, car il entend s’adresser à un public plus large que celui des spécialistes. Comme l’ont fait saint Nicodème l’Hagiorite et saint Macaire de Corinthe qui ont fait figurer ce texte dans leur Philocalie des Pères neptiques, il considère surtout le profit que, pour leur formation, les fidèles peuvent tirer de la lecture de cet ouvrage sur des questions touchant à la cosmologie, à l’anthropologie et à la spiritualité. 

Jean-Claude Larchet