samedi 4 novembre 2017

Interview d'Albert Rossi par Tudor Petcu


Albert Rossi
Tout d'abord, s'il vous plaît, dites-moi comment vous avez découvert l'Orthodoxie et ce que la spiritualité orthodoxe signifie pour vous en tant que mode de vie.
Dieu m'a conduit à l'Orthodoxie. Il voulait que je me convertisse, et je me suis converti. J'avais été un moine catholique romain pendant 11 années. J'en suis parti à cause du Concile Vatican II, laissant toutes les religions organisées et je suis devenu quaker. J'ai eu une crise de foi. Un an après, j'ai rencontré ma femme et nous nous sommes mariés. Elle était orthodoxe depuis l’enfance, mais quand nous nous sommes rencontrés elle ne pratiquait aucune religion, donc nous n'avons eu aucun problème. Après la naissance de notre première fille, Beth, ma femme a commencé à aller aux vêpres à la chapelle du séminaire de Saint-Vladimir. Elle m'a demandé d'aller avec elle à la Divine Liturgie et bien sûr j'ai accepté. Je n'ai pas été touché à ce moment-là, mais je savais aussi que quelque chose d'extraordinaire était présent. En quelques années, j'ai découvert la vérité dans l’Orthodoxie et j'ai choisi de me convertir. A cette époque, je n'avais aucune idée de la profondeur de la vérité de l'Orthodoxie. C'est arrivé il y a 36 ans. Maintenant, je sais que l'Orthodoxie a la plénitude de la vérité. Je n'ai jamais regretté, un instant, ma conversion à l'Orthodoxie.
Maintenant, je réalise que toute ma vie après la conversion a été façonnée et dirigée par l'Orthodoxie. Sans l'Orthodoxie, je n'ai aucune idée de ce que serait ma vie, je sais seulement qu'avec l'Orthodoxie, j'ai une grande paix et de la joie. Fondamentalement, je me décris comme un homme heureux. Je dirais que toute ma vie est basée sur la façon dont l'Orthodoxie enseigne à une personne à vivre sa vie. L'Orthodoxie n'est pas un système moral à observer. L'Orthodoxie n'est pas un ensemble de lois à suivre. Au contraire, l'Orthodoxie est la culture d'une relation intime avec une personne, la personne de Jésus-Christ, qui vit en moi.
L'Orthodoxie résout l'ancien paradoxe d'un Dieu transcendant et d'un Dieu immanent. L'Orthodoxie, fondée sur l'enseignement des premiers Pères de l'Église sur Jésus-Christ et la Bible, résout le paradoxe avec l'exemple clair et vivant de la personne de Jésus-Christ. Elle le fait par  ses splendides offices liturgiques, ses belles icônes, sa musique révérende et son enseignement sain sur la vie intérieure, une vie de quiétude et une relation personnelle avec Jésus-Christ.
En tant que psychologue clinique, j'ai appris à connaître la vérité des désirs profonds de beaucoup. Les gens, indépendamment de leur état, veulent la paix et la joie. L'Orthodoxie offre ce qui n'offre aucune autre religion ou philosophie. Nous, orthodoxes, croyons que la sainteté équivaut à la santé, qui se trouve dans la compréhension correcte de Jésus-Christ et de sa relation avec le Père et le Saint-Esprit.
Je serais très intéressé de découvrir comment une médecine orthodoxe est possible. D'autre part, quel serait le caractère unique de la médecine orthodoxe?
Dans l’Orthodoxie, nous croyons en la plénitude de la vérité, qui comprend les merveilleuses découvertes des vérités trouvées en médecine. Les arts médicaux sont basés sur la méthode scientifique qui redécouvre simplement les faits et les vérités initialement plantées là par Dieu. En tant que psychologue clinicien, la plus grande partie  de mon travail implique l'utilisation de médicaments du cerveau appelés médicaments psychotropes. J'ai découvert que pour certaines personnes perturbées par la chimie du cerveau, les psychotropes peuvent être d'une grande aide pour vivre et devenir les personnes qu’elles ont été créées. Donc, pour moi, il n'y a pas de désaccord entre l'Orthodoxie et la médecine. L'Orthodoxie est fortement soutenue par les anciens Pères qui, à leur tour, sont en faveur des médicaments pour ceux qui en ont besoin. Ces vérités sont particulièrement vraies pour des saints comme Jean Chrysostome et Basile le Grand.
Ma mère a eu un dysfonctionnement thyroïdien. Elle a pris de la thyroxine tout au long de sa vie, a vécu avec énergie et est morte à l'âge de 102 ans. J'ai un ami schizophrène qui est entré et sorti d'une demi-douzaine d'institutions psychiatriques. Il prend un médicament antipsychotique, il vit seul et gère très bien sa vie. Encore une fois, pour moi, l'Orthodoxie et la médecine œuvrent ensemble pour la vie dans sa plénitude.
J'aimerais souligner votre point de vue sur le lien entre la médecine orthodoxe et la spiritualité. Pensez-vous qu'il pourrait y avoir des fondements orthodoxes de la médecine?
Pour moi, il y a un lien clair entre la spiritualité orthodoxe et la médecine moderne. Pour moi, la spiritualité orthodoxe signifie avant tout rechercher Jésus-Christ. Jésus-Christ est l'homme le plus saint et le plus sain qui n’ait jamais vécu. Et oui, je crois que l'Orthodoxie est le fondement de la médecine simplement parce que Dieu est le Créateur de tous et Il est Celui qui fournit toute la sagesse que l'on peut trouver en médecine.
Étant donné la médecine que vous  pratiquez et le fait que vous avez choisi une conversion à l'Orthodoxie, quel est le rôle de la spiritualité orthodoxe dans votre travail?
Dans mon travail de psychologue clinique, j'ai de nombreuses interactions avec les psychiatres et les médecins en général. C'est presque main dans la main, pour ainsi dire. Mon Orthodoxie est basée sur les vérités trouvées dans les premiers Pères de l'Eglise et s'exprime dans la Divine Liturgie et dans la spiritualité personnelle que ceux-ci nous enseignent. Dans la spiritualité personnelle, la quiétude et le silence sont fondamentaux. Comme le dit le Psaume 45 :11 des Septante: « Tenez-vous tranquille et sachez que je suis Dieu».
À votre avis, comment une évolution de la médecine orthodoxe aux États-Unis serait-elle possible?
Pour moi, l'évolution d'une médecine orthodoxe est plutôt organique aux États-Unis et dans le monde. L'Orthodoxie est une religion incarnée. L'Orthodoxie confirme fortement la relation entre le corps et l'âme, la relation psychosomatique. L'Orthodoxie soutient et guide les gens vers la pleine santé, physique, mentale et spirituelle pendant qu’ils vivent sur cette planète. La médecine, telle que nous la connaissons maintenant, a fait des progrès exponentiels au cours des dernières décennies. Les merveilles de la médecine moderne sont profondes. Les grands fléaux, la lèpre et de nombreuses maladies importantes ont été grandement diminués, voire éliminées. L'Orthodoxie soutient la recherche médicale, le progrès médical et les connaissances médicales. La raison est assez claire. Jésus-Christ, sur terre en tant qu'être humain vivant, a guéri les gens et a voulu qu’ils vivent autant que possible une vie pleine et saine. Il était compatissant. Il ne voulait pas que les gens soient aveugles, sourds ou paralysés. Il devrait également être indiqué clairement que la médecine est limitée. Les personnes aidées par la médecine sont celles qui finiront par mourir, et la médecine ne peut rien faire pour que tout le monde ne finisse pas par mourir. Ainsi, l'Orthodoxie croit en progrès de la médecine comme un moyen donné par Dieu aux êtres humains pour avoir une vie plus humaine en Christ. Bien sûr, beaucoup de gens ne comprennent pas les choses de cette façon, mais, à mon avis, c'est ainsi que les choses se passent réellement.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après


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Librairie du Monastère de la Transfiguration

Librairie du Monastère de la Transfiguration
2 novembre 2017
Mon Père, madame, monsieur

Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la mise en ligne d'un nouvel ouvrage.

Art vocal sacré et théologie. Saints hymnographes et mélodes byzantins

Michel QUENOT


jeudi 2 novembre 2017

La force divine de ceux qui sont pleins de lumière: Homélie pour le 3ème dimanche de Matthieu et la commémoration de Saint Joseph de Damas dans l'Église orthodoxe


Saint Joseph de Damas



2 Timothée 2: 1-10; Matthieu 6: 22-33


            Il y en a qui pensent que le chemin du Christ est une béquille pour les faibles, une source de soutien pour les mauviettes, les lâches et les perdants pour se sentir mieux dans leur misérable condition. Bien sûr, cette attitude reflète seulement la faiblesse de ceux qui sont spirituellement aveugles, qui sont asservis à leur propre désir de puissance et qui refusent de montrer de la pitié envers leur prochain dans leurs souffrances. Au lieu d'embrasser les ténèbres en adorant les faux dieux de la domination et de la vengeance, les chrétiens fidèles s'ouvrent à la force divine qui peut faire de nos défis les plus amers des points d'entrée dans la béatitude du Royaume.

            Il va sans dire que nous connaissons tous trop bien la douleur, le chagrin et le manque de paix. Les attaques terroristes dans notre propre pays et à l'étranger, les guerres sans fin, les meurtres et autres formes de violence et d'injustice, les conflits raciaux et politiques, les souffrances de nos frères et sœurs du Moyen-Orient et d'ailleurs persécutés pour leur foi et contraints de quitter leur patrie, notre propre perte d'êtres chers et d'autres problèmes personnels difficiles nous tentent aujourd'hui de permettre aux ténèbres de s'emparer des âmes. Il est facile et souvent tentant de remplir nos coeurs de haine, de peur et de désespoir en acceptant le mensonge selon lequel nous trouverons le salut en damnant les autres, en rendant le mal pour le mal et en abandonnant l'espoir. Mais le faire reviendrait à se détourner de la victoire sur la mort et le péché que le Christ a accomplie à travers Sa Croix et Son tombeau vide. C'est aussi répudier le pouvoir transformateur du Saint-Esprit répandu à la Pentecôte, dont les fruits sont "amour, joie, paix, patience, gentillesse, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi." Comme l'écrivait saint Paul: "La loi n'est pas contre. Et ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. "(Galates 5: 22-24)

            Afin de crucifier notre corruption et d'ouvrir les yeux de nos âmes à la Lumière rayonnante du Christ au milieu de toutes les tentations qui nous assaillent, nous devons avoir la détermination obstinée des soldats, des athlètes et des fermiers. Saint Paul a utilisé ces exemples avec saint Timothée parce qu'ils ont tous des entreprises très exigeantes qui exigent une discipline, un sacrifice et une persévérance quotidiens. Personne ne peut réussir dans ces vocations en se laissant aller, en cédant à des désirs égocentriques ou en s'abandonnant à la peur. Il a dit à Timothée de "participer à la souffrance comme un bon soldat du Christ Jésus." Ce n'est pas parce qu'il plaît à Dieu de souffrir, mais parce que vivre une vie chrétienne fidèle exige que nous luttions pour la guérison de nos âmes et au service de notre prochain, d'autant plus que nous résistons aux tentations qui menacent de nous consumer. Il y aura une certaine douleur, car nous devons prendre nos croix dans l'obéissance à la voie de notre Seigneur. Notre foi exige d'être fidèle chaque jour, quel qu'en soit le coût.

            Aujourd'hui, nous commémorons Saint Joseph de Damas, un prêtre qui a été martyrisé lors des émeutes anti-chrétiennes de 1860. Au milieu des attaques violentes par des foules qui ont tué 2.500 personnes, il a sauté de toit en toit pour entendre les confessions et donner la Communion aux personnes âgées et malades qui ne pouvaient pas quitter leur foyer. Il leur a raconté la vie des martyrs en préparation à ce qui allait advenir. Après que la cathédrale où les chrétiens s'étaient rassemblés ait été brûlée avec ceux qui étaient pris au piège à l'intérieur, saint Joseph erra dans les rues à la recherche d'autres personnes à qui il pourrait administrer les sacrements. Il a consommé ce qui restait du Corps et du Sang du Seigneur avant qu'une foule ne le mette à mort avec des haches, après quoi son corps a été traîné dans les rues et jeté dans la décharge de la ville.

Sans doute, les persécuteurs vicieux se sentaient puissants ce jour-là, mais ils étaient en réalité les plus faibles de tous, asservis à leurs passions et complètement aveugles à l'humanité fondamentale de leur prochain, sans parler de la voie miséricordieuse du Seigneur. Le Christ a dit: "L'œil est la lampe du corps. Donc, si ton œil est sain, tout ton corps sera plein de lumière; mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera rempli de ténèbres. Si donc la lumière en vous est ténèbres, comme les ténèbres sont grandes!" L'exemple de saint Joseph de Damas brille par son lumineux contraste avec les âmes obscurcies qui se sont précipitées pour le tuer, lui et tant d'autres. Il n'a pas essayé de fuir une mort certaine ou de ne penser qu'à lui-même ou à sa famille. Il "partage la souffrance en tant que bon soldat du Christ Jésus" alors qu'il exerçait son ministère de son mieux auprès de Son peuple. Lui, comme tous les martyrs, brille de lumière comme une icône de la grande force que le Seigneur fournit pour nous soutenir à travers les plus grands défis de la vie, même à travers la mort elle-même.

La plupart des chrétiens ne deviennent pas des martyrs dans le sens d'être littéralement tués pour leur foi. Cependant, le Christ nous appelle tous à mourir à notre tendance à embrasser les ténèbres du péché et de la passion au lieu de Sa sainte Lumière. Nous pouvons tous le faire en réponse aux défis et aux tentations apparemment minimes auxquels nous sommes confrontés quotidiennement. Que nous le reconnaissions ou non, nous affrontons tous les jours de notre vie une version plus subtile de l'épreuve à laquelle sont confrontés les martyrs. A savoir, refuserons-nous d'abandonner notre Seigneur? Comme le Sauveur l'a dit, "Personne ne peut servir deux maîtres; car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il sera dévoué à l'un et méprisera l'autre. Tu ne peux pas servir Dieu et Mammon. "

Le Christ nous dit ici qu'adorer l'argent, la richesse et les possessions est une forme d'idolâtrie qui nous détourne de Son service. Non, ce n'est pas une tentation seulement ressentie par des gens extrêmement riches, car il dit alors: "Ne vous inquiétez pas de votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez; ni à propos de votre corps, de ce que vous allez mettre." Nous adorons un faux dieu chaque fois que nos âmes sont si obscurcies que nous ne faisons plus confiance à la miséricorde du Seigneur pour nous soutenir à travers la vie, mais devenons plutôt obsédés par le fait de nous établir et de nous protéger nous-mêmes selon nos propres termes et par nos propres méthodes. Ce n'est pas un chemin vers la paix, mais seulement vers l'inquiétude et la peur. Comme le Seigneur l'a enseigné: "Qui d'entre vous, en étant anxieux, peut ajouter une coudée à sa taille?" Il est Celui qui a vaincu la mort, mais nous nous inquiétons encore comme si tout était à notre portée, comme si nous pouvions résoudre tous nos problèmes et ceux de nos familles et du monde. C'est simplement une illusion qui nous attire parce que les yeux de nos âmes ne sont pas encore pleinement illuminés par la Lumière du Christ. Et céder à cela ne mène qu'à l'idolâtrie, à l'anxiété et à la déception.
   
Le Christ a dit: "Ne vous inquiétez pas, en disant: que mangerons-nous? Ou que boirons-nous? Ou que ferons-nous? Les païens cherchent toutes ces choses; et votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Mais cherchez d'abord Son royaume et Sa justice, et toutes ces choses seront aussi les vôtres." Aucun d'entre nous ne peut prédire ou contrôler pleinement ce qui arrivera dans le monde, dans nos familles ou dans nos propres vies. Mais nous savons que si nous purifions nos cœurs et nos âmes avec la détermination inébranlable des soldats, des athlètes et des fermiers, nous obtiendrons la clarté et la force spirituelles nécessaires pour servir le Christ à travers tous les défis auxquels nous et nos proches seront confrontés. 

Nous éviterons la tentation attrayante de nous abandonner dans la faiblesse à nos passions, nos angoisses et nos peurs quand nous rejetons les pensées et les désirs qui nous encouragent à placer notre engagement envers n'importe qui ou n'importe quoi avant notre engagement envers le Seigneur. 

Quand nous considérons saint Joseph de Damas et tous les martyrs, nous nous souviendrons que le chemin que nous suivons n'est pas celui de répondre en nature à ceux qui nous menacent ou qui sont submergés par la peur, mais de voir courageusement le Royaume de Dieu et Sa justice. C'est ainsi que, même au milieu de toutes les ténèbres qui nous entourent, nous pouvons devenir rayonnants de la gloire divine et remplis de Lumière sainte comme signe du salut du monde.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


mercredi 1 novembre 2017

Père Milovan: Dieu répond-Il à nos prières?


Dieu répond-Il à nos prières? C'est l'éternelle question. Bien qu'il y ait plusieurs réponses, la plus courte est: Oui, Il le fait. Peut-être pas de la façon dont nous L'attendions, mais Il ne nous donne pas ce que nous voulons, mais ce qui est bon pour nous.

Même dans les Evangiles, Jésus répond aux prières, mais pas toujours de la même manière: Il va chez Jaïre, mais il est distrait, et  Il guérit la femme qui avait eu une perte de sang pendant 12 ans sans même qu'on le Lui demande; Il répond à la prière de la femme cananéenne même s'il la fait passer par une épreuve et même à un étranger, un non-juif, le centurion dont le serviteur était malade, le Seigneur a simplement dit: D'accord, allons chez toi. La morale de l'histoire de l'Évangile n'est pas de savoir si Dieu répondra à nos prières ou non, mais comment Il le fera ou, plus important encore, combien nous aurons de foi en Lui.

Là encore, il y a différents types de prières. Pour la plupart, cela vient de gens qui ont besoin de quelque chose: les aveugles ou boiteux, ou leurs enfants sont malades, etc. Une prière qui a tendance à passer inaperçue est celle que nous trouvons dans l'Évangile de Matthieu (8: 28-34) Jésus se rend dans la région des Gadaréniens. Après toute l'épreuve des démons, des cochons et des hommes possédés par les démons, nous trouvons un verset qui résume la réaction du peuple à la miséricorde et à la bonté de Dieu envers ces pauvres hommes possédés: "Alors toute la ville sortit à la rencontre de Jésus. Et quand ils Le virent, ils Le supplièrent de quitter leur région."

Le verset d'ouverture du chapitre suivant, "Et Jésus monta dans un bateau..." prouve que Dieu répond, en fait, à nos prières. Mais parfois, dans nos prières, ce que nous voulons vraiment, ce n'est pas que Dieu nous aide, mais qu'Il nous laisse seuls.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Monastiriaka: Startsy orthodoxes


Saint staretz Païssios l'Athonite


Staretz Joseph l'hésychaste


Saint staretz Porphyrios le Capsocalivite


Staretz Sophrony de l'Essex (G.B.)


Staretz Jacob [Tsalikis]


Autres bienheureux startsy orthodoxes
présentés (en anglais)







Κύριε Ιησού Χριστέ, Υιέ του Θεού, ελέησόν με τον αμαρτωλόν.

Lord Jesus Christ, Son of God, have mercy on me, a sinner.

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur.

Господи Иисусе Христе, Сыне Божий, помилуй мя грешнаго.

Господе Исусе Христе, Сине Божји, помилуј ме грешног.

Domine Iesu Christe, Fili Dei, miserere mei, peccatoris.

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mardi 31 octobre 2017

Vingtième anniversaire de la naissance au Ciel de Frère Joseph, gardien de la Portaïtissa



Le 20e anniversaire de la dormition du gardien de l'icône miraculeuse de la Mère de Dieu d'Iveron de Montréal, Joseph Muñoz-Cortes a été célébré samedi par l'Eglise Orthodoxe Russe à l'étranger [connue sous le signe de ROCOR dans les pays anglophones], rapporte RIA-Novosti.

Des centaines de croyants de diverses villes des États-Unis et du Canada se sont rassemblés au centre spirituel de l'Eglise Orthodoxe Russe à l'étranger à Holy Trinity Monastery, où est sis nle séminaire de Jordanville dans le nord de l'État de New York. Un pannikhide et un acathiste ont été servis dans le cimetière derrière l'église principale du monastère. Frère Joseph, qui a été assassiné à Athènes en 1997, y est enterré. Les fidèles ont placé des dizaines de cierges sur sa tombe pendant les services.

Tous les offices ont été bénis par la présence de l'icône hawaïenne Iveron de la Mère de Dieu, elle-même une copie miraculeuse de l'Icône de Montréal, qui a commencé à exsuder du myrrhon en 2007, dix ans après la disparition de l'Icône de Montréal.

Parmi les fidèles était la soeur de Frère Joseph, Angela Muñoz-Cortes. Dans une interview avec RIA-Novosti, elle a raconté comment elle a été témoin du début du miracle avec l'icône de son frère. "J'ai vu le myrrhon couler de l'icône. Cela s'est passé la nuit, et Joseph s'est réveillé à cause de la forte odeur. Il ne savait pas ce que c'était," a-t-elle déclaré.

Frère Joseph a d'abord pensé qu'un ami demeurant avec eux devait avoir utilisé de l'eau de Cologne. Puis il remarqua des taches huileuses sur l'icône et pensa que cet ami avait répandu de l'huile par mégarde. Joseph a essuyé l'icône, mais les traces sont rapidement apparues à nouveau. Puis il a compris que c'était du myrrhon," a dit Angela.

Elle a également parlé de la façon dont son frère a apporté l'icône, qui est devenue l'un des objets les plus sacrés de l'Eglise russe à l'étranger, dans différentes paroisses du monde entier pendant quinze ans. Il aimait vraiment les gens et "était ouvert à tous et il a essayé d'aider tout le monde," a ajouté Angela.

Frère Joseph Muñoz-Cortes, est un chilien, converti à l'Orthodoxie dans l'église orthodoxe russe à l'étranger à Montréal, Canada. Il a été brutalement assassiné à Athènes dans la nuit du 31 octobre 1997. L'icône, qui a été peinte sur le Mont Athos et qui a exsudé du myrrhon presque sans interruption pendant quinze années a disparu sans laisser de trace, bien que beaucoup d'orthodoxes croient qu'elle est revenue chez elle sur le Mont Athos.

Le diocèse de l'Eglise Orthodoxe Russe à l'étranger d'Amérique de l'Est a créé une commission pour rassembler des documents sur la canonisation éventuelle du frère Joseph.

(voir ci dessous)




Frère Joseph entre saint Jean et saint Seraphim [Rose]
Fresque d'une paroisse de Moscou


L'Église orthodoxe russe à l'Etranger est en train de rédiger et de rassembler des documents pour la canonisation éventuelle du gardien de l'icône  de la Mère de Dieu d'Iveron Frère Joseph Muñoz-Cortes. Bien qu'il n'y ait pas de plan pour sa glorification officielle dans un proche avenir, une commission éparchiale a été créée, qui remettra ensuite les documents rassemblés à une commission synodale pour un examen plus approfondi, a déclaré le métropolite Hilarion (Kapral), premier hiérarque de l'Église orthodoxe russe à l'étranger dans une récente interview à RIA-Novosti.

Selon le métropolite, le synode de L'Église orthodoxe russe à l'Etranger  n'a, pour le moment, pas décidé de le glorifier, car il faudra du temps pour rassembler et étudier les documents nécessaires.

"Le Synode s'oppose à une décision précipitée. Même saint Jean de Changhaï et San Francisco n'a pas été glorifié pendant longtemps; sa canonisation a eu lieu plus de 20 ans après sa dormition. Beaucoup de hiérarques ont même dit alors que plus de temps devrait passer," a ajouté le métropolite Hilarion.

Le premier hiérarque a également parlé des célébrations qui auront lieu en l'honneur de l'anniversaire du martyre de Frère Joseph à la fin d'octobre au monastère de Holy Trinity à Jordanville, état de New York. On s'attend à ce que des milliers de personnes à travers les États-Unis et le Canada assistent au pèlerinage traditionnel dans sa tombe derrière l'église principale du monastère. L'icône miraculeuse et myrrhoblyte Hawaïenne de la Mère de Dieu d'Iveron icône, qui est une plus petite réplique de l'icône que Frère Joseph a gardé jusqu'à sa mort, sera également présente pour la célébration.

Le métropolite Hilarion, qui dirigera la célébration, a dit qu'il connaissait bien Frère Joseph. "Le Seigneur lui a donné une très merveilleuse obédience - être le gardien de l'icône myrrhoblyte de Montréal. Pendant de nombreuses années il l'a apportée aux paroisses russes du monde entier, et il a rempli cette difficile obédience avec amour et patience, a déclaré le métropolite Hilarion.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://orthochristian.com/107633.html
http://orthochristian.com/107315.html


lundi 30 octobre 2017

Les commandements de saint Basile le Grand aux prêtres




Prêtre, étudie, pour devenir un travailleur irréprochable, partageant justement la Parole de Vérité.

Ne viens jamais à la synaxe [l'Assemblée eucharistique] ayant de la haine envers quiconque afin de ne pas en bannir le Consolateur.

Le jour de la synaxe ne juge pas, ne discute pas, mais reste à prier et à lire dans l'église jusqu'à l'heure fixée où tu accompliras les cérémonies divines et sacrées; et ainsi tiens-toi avec componction et pureté de coeur dans le sanctuaire sacré, ne regardant pas autour ici et là, mais reste debout avec frémissement et crainte devant le Roi Céleste.

A cause de la faiblesse humaine, ne te hâte pas ou ne coupe pas court aux prières, n'essaie pas non plus de plaire aux personnes, mais regarde seulement vers le Roi Qui est présent et vers les armées des anges qui L'entourent.

Rends-toi digne des saints canons.

Ne concélèbre pas avec qui il est interdit de le faire.

Vois en présence de Qui tu te tiens, comment tu sers et à qui tu dispenses ce service.

N'ignore pas le commandement du Maître et ceux des saints Apôtres: "Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint; et ne jetez pas de perles devant les pourceaux."

Veille à ne pas livrer le Fils de Dieu entre les mains des gens indignes.

N'aie pas honte devant ceux qui sont glorieux sur la terre, ni devant celui qui porte la couronne à ce moment-là.

À ceux qui sont dignes de la Communion, distribue librement les Dons, comme tu les as aussi reçus. Ne dispense pas ces Dons à celui qui n'observe pas les canons divins.

Veille à ne pas laisser la mite, la souris ou toute autre chose toucher les mystères divins par négligence, ne permets pas qu'ils soient exposés à l'humidité ou à la fumée, ou qu'ils soient contaminés par l'impie, ou par celui qui en est indigne.

Ces choses et de telles choses  conserve-les afin de te sauver ainsi que ceux qui t'écoutent.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

*Jean-Claude LARCHET/Recension: Hiéromoine Grégoire du Mont-Athos, « Le sacrement du mariage, communion d’amour »




Hiéromoine Grégoire du Mont-Athos, Le sacrement du mariage, communion d’amour, Éditions des Syrtes, Genève, 2017, 67 p., 5€.

Le hiéromoine Grégoire (Chatziemmanouil) est déjà bien connu des lecteurs francophones par son livre sur La divine Liturgie de saint Jean Chrysostome, paru en 2015 aux éditions des Syrtes. Après avoir, dans les années 70, fait revivre le monastère athonite de Savronikita auprès de l’higoumène Basile (Gondikakis) dont il était le second, il s’est retiré dans le kellion Saint-Jean le Théologien près du monastère de Koutloumoussiou au Mont-Athos, où il a fondé une petite communauté.

En voyant ce nouveau livre de lui paru chez le même éditeur, on peut penser qu’un moine, athonite de surcroît, n’est peut-être pas le mieux placé pour parler du mariage et de ses fruits, et que cette tâche serait mieux remplie par un prêtre marié et père de famille.

Cependant, le Père Grégoire, au Mont-Athos ou en dehors, a acquis, au cours de plusieurs décennies, une grande expérience comme confesseur, apprenant à connaître dans leur diversité et leur complexité les problèmes liés à la vie conjugale et familiale, et à leur trouver des solutions spirituelles.

Il nous fait part ici de ses propres réflexions, mais s’appuie très largement sur les enseignements des Pères, en particulier de saint Jean Chrystostome, qui unissait à une connaissance très approfondie de la vie sacramentelle et de la vie ascétique qui lui est corrélative, un sens très fin de la psychologie humaine et un savoir-faire pastoral exceptionnel (ses homélies où il parle du mariage sont d’ailleurs parmi les plus célèbres sur ce sujet). Le Père Grégoire cite aussi abondamment saint Païssios, qui partagea les soucis de ses très nombreux visiteurs, et sut les éclairer et les consoler par son discernement, sa sagesse et sa compassion (ses propos sur la famille ont été recueillis dans l’un des volumes de ses Paroles, considéré comme l’un des meilleurs de la série).

L’auteur présente tout d’abord le mariage comme une communauté d’amour, avec tout ce que cela implique. Il parle ensuite de la rencontre et des fiançailles (aujourd’hui souvent oubliées, mais qui dans l’Église orthodoxe, font l’objet d’un office particulier), puis de la vie avant le mariage et de la préparation du sacrement. À cet égard, il ne manque pas d’aborder le problème que posent, du point chrétien, les relations sexuelles préconjugales et les cohabitations hors mariages, devenues très fréquentes de nos jours où, y compris dans les sociétés majoritairement chrétiennes comme la Grèce, le mariage connaît une crise. Cette crise est plus largement celle de l’engagement dans une civilisation qui est devenue instable à tous les niveaux. Mais elle est aussi due au fait que les sociétés occidentales modernes valorisent l’individualisme et l’égoïsme qui l’accompagne, au détriment d’une vie communautaire qui exige le don et le sacrifice de soi au profit de l’autre.

L’auteur développe alors une réflexion sur le mystère du mariage, en se référant notamment à la célèbre analogie qu’établit saint Paul entre les relations de l’époux et de l’épouse et les relations du Christ et de son Église. Après avoir présenté le caractère spécifique de l’amour conjugal, et les moyens de le maintenir et de le développer, il commente brièvement le sacrement lui-même pour en dégager la nature et le sens. Un chapitre est consacré à « l’enfant, fruit de l’amour ». L’auteur conclut son livre par une réflexion et des conseils sur la vie spirituelle commune.

La brièveté de cet ouvrage ne permet pas de donner à son sujet toute l’ampleur qu’il mérite, mais on y trouve bon nombre d’aperçus intéressants.

L’auteur aurait pu traiter de manière plus fine la question des relations préconjugales et des unions hors mariage, qui, par leur fréquence croissante et leur banalisation, constituent à notre époque un véritable défi pour la pastorale. Il faut certes rappeler clairement que ces situations ne sont pas conformes aux principes de l’Église, et constituent des péchés qui, en tant que tels, placent leurs auteurs en dehors de la communion de celle-ci. Mais cela ne suffit pas. Il faut d’une part souligner que si tout péché est fondamentalement un manque d’amour de Dieu et du prochain, le péché qu’il y a en de telles unions, lors même qu’elles sont des relations d’amour, est qu’elles limitent l’amour à une dimension purement humaine, et le privent de la dimension spirituelle qui lui donne sa plénitude (le mal consiste ici comme ailleurs en la privation d’un bien plus grand). Le rappel des principes ne doit pas s’accompagner d’une exclusion pure et simple (qui, l’expérience le prouve, aboutit souvent à éloigner définitivement les personnes de l’Église), mais d’une approche pédagogique positive qui, en maintenant le dialogue et avec patience, fait découvrir au couple les bienfaits incommensurables d’une union fondée spirituellement, qui bénéficie du soutien de la grâce, et peut ainsi non seulement surmonter les difficultés inhérentes à la vie communautaire, mais donner à l’amour sa pleine mesure et permettre à l’union d’accomplir sa finalité la plus élevée.

Jean-Claude LARCHET


dimanche 29 octobre 2017

Sainte Domna de Tomsk, Folle-en- Christ (+ 1872)


Sainte Domna de Tomsk 
Fête le 16/29 octobre


Sainte Domna (Karpovna) est née dans une famille noble du centre de l'Ukraine vers le début du XIXe siècle. Orpheline à un âge précoce, Domna grandit dans la maison de sa tante. Elle reçut une excellente éducation et ouvait parler plusieurs langues. C'était une belle jeune fille, et donc elle avait beaucoup de prétendants qui espéraient l'épouser. La jeune fille vertueuse, cependant, désirait conserver sa virginité pour l'amour du Seigneur. Quand elle découvrit que ses proches souhaitaient la forcer à se marier, elle quitta la maison en secret, vêtue de vêtements simples, et elle partit en pèlerinage aux lieux saints. Comme elle n'avait aucun document pour prouver son identité, elle fut arrêtée sous le nom de Maria Slepchenko et exilée en Sibérie, où elle s'installa dans la ville de Tomsk. Là, elle a entrepris l'exploit ascétique de folie en Christ.

Sainte Domna n'avait pas de foyer permanent et elle passait souvent ses journées et ses nuits à l'air libre. Ses vêtements consistaient en divers objets de différentes tailles, qui pendaient à son corps presque nu. Domna les comptait souvent au lieu des noeuds sur un chapelet de prière, dissimulant ainsi sa prière incessante à la vue des hommes. Quand les gens compatissants lui donnaient ses manteaux pendant les hivers rigoureux, elle les acceptait avec gratitude, mais quelques heures plus tard, elle les donnait à un autre mendiant, alors qu'elle continuait à souffrir du froid. Connaissant le difficile séjour des prisonniers dans le poste de police de Tomsk, Domna commença à marcher parmi eux et à chanter des chants spirituels, et pour cela elle-même fut détenue. En apprenant cela, les marchands de Tomsk, qui vénéraient Domna, portaient des montagnes de gâteaux, de bliny, de thé et de sucre, qu'elle distribuait aux prisonniers affligés.

En se souvenant des paroles de l'Écriture Sainte: "Le juste prend soin de son bétail, mais les entrailles des méchants sont cruelles" (Proverbes 12:10, LXX), la sainte prit également soin des animaux errants et des chiens de garde. Elle les nourrissait souvent, et elle aimait les chiens, dont les propriétaires ne se souciaient pas, les libérant. Les animaux aussi aimaient cette juste, et la nuit une multitude d'entre eux l'entouraient. Mais même parmi les animaux muets Domna Karpovna n'oubliait pas Dieu. Les habitants de Tomsk, au milieu des hurlements de chiens, entendaient souvent sa prière dans les ténèbres: «Très Sainte Génitrice de Dieu, sauve-nous!

La staritza commença à s'habiller en haillons et entreprit la vie ascétique de la sainte folie en Christ. Des sacs de toutes sortes pendaient de son corps, remplis de morceaux de verre, d'encens, de pain, de sucre, de souliers, de cordes, de pierres et d'autres objets. La population locale l'aimait. Elle aimait les animaux et ils l'aimaient en retour, marchant à sa suite.

Chapelle de sainte Domna

La bienheureuse priait intensément et avec ferveur dans l'église, mais seulement quand il y avait seulement quelques personnes présentes. Un témoin oculaire a décrit sa prière: "Une fois, j'ai jeté un coup d'œil dans la chapelle latérale de l'église, et là, j'ai vu Domna Karpovna, à genoux, en train de prier. Oh, comment elle priait! Et les larmes, les larmes! Elles coulaient de ses yeux comme deux cours d'eau. "Mais dès qu'elle remarqua que quelqu'un la regardait, elle commença à se comporter à nouveau comme une folle, se déplaçant d'un endroit à l'autre, parlant et éteignant les cierges.

Par son exploit ascétique de folie, sainte Domna a conservé sa virginité, endurant volontairement la pauvreté, souffrant de la chaleur et du froid et mettant à mort les passions pécheresses. À la fin de sa vie, elle reçut le don de la clairvoyance du Seigneur, qui servit au bénéfice spirituel des autres. Elle rendit son âme à Dieu le 16/29 octobre 1872 et elle fut enterrée dans le couvent Saint Jean-Baptiste à Tomsk. En 1927, le couvent fut fermé et trois ans plus tard, son cimetière fut liquidé, et sur le site fut construit plus tard le campus des étudiants de l'Institut Technologique de Tomsk.

L'église de Russie a glorifié sainte Domna en 1984. Elle est également commémorée le 10 juin, dans la Synaxe de Tous les Saints de Sibérie. Certaines sources donnent le 16/29 décembre comme jour de sa dormition. Aujourd'hui, non loin du lieu de sépulture de sainte Domna, une chapelle a été construite en 1996 et dédiée à elle, sur son lieu de sépulture présumé. Les données recueillies par le prêtre de Tomsk N. Mitropolsky et publiées par lui en 1883 sont la source principale de la vie de sainte Domna. À Tomsk, sainte Domna est vénérée comme la sainte "Xénia de Sibérie."


Apolytikion Ton 1
En entendant la voix de Ton apôtre Paul, dire: "Nous sommes des fols-en-Christ", ta servante Domna, ô Christ Dieu, fut folle sur terre à cause de toi; c'est pourquoi, honorant sa mémoire, nous Te supplions: Ô Seigneur, sauve nos âmes.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

16/29 octobre
21ème dimanche après la Pentecôte

Saint Longin le Centurion qui était près de la Croix du Christ, martyr en Cappadoce; saint Longin des Grottes de Kiev (XIIIème s.) ; saint Longin de Yarenga (1544) ; saint Gall, illuminateur de la Suisse (630) ; néo-martyrs de Russie : Georges (Troïtsky), confesseur et prêtre (1937) ; Eugène (Elkhovski), prêtre (1937) ; Alexis (Nikonov), prêtre (1938) et Jean Zasedatielev, prêtre (1942).

Lectures : Gal. II, 16–20. Lc. VIII, 5–15. Мartyrs.: 2 Тim. II, 1–10. Мatth. XXVII, 33–54.


SAINT LONGIN[1]
S
aint Longin vécut sous le règne de l’empereur Tibère (15-34 ap. J.-C.). Il était originaire de Cappadoce et servait dans l’armée romaine comme centurion sous les ordres de Pilate, le gouverneur de la Judée. C’est à lui et à ses hommes que l’on commanda d’exécuter la sainte Passion de notre Sauveur Jésus-Christ et de garder le tombeau, de crainte que les disciples ne viennent dérober son corps et fassent croire à sa résurrection. C’est ainsi que Longin fut le témoin de tous les miracles étonnants qui accompagnèrent la Passion du Seigneur : le tremblement de terre, l’obscurcissement du soleil, le déchirement du voile du Temple, les rochers qui se fendirent, les tombeaux qui s’ouvrirent et les corps de nombreux saints des temps anciens qui ressuscitèrent et se montrèrent à tous. En voyant ces prodiges, les yeux du cœur du centurion s’ouvrirent et il s’écria d’une voix forte : « Vraiment, il était fils de Dieu ! » (Mt 27, 54 ; Mc 15, 39). Lorsque, le troisième jour, les gardes du tombeau furent témoins de l’apparition de l’ange aux saintes femmes, ils furent pris d’une grande terreur et restèrent comme morts. Quelques-uns d’entre eux allèrent rapporter ces événements aux grands prêtres. Ceux-ci se rassemblèrent avec les anciens et, ayant délibéré, ils décidèrent de donner à Longin et ses hommes une forte somme d’argent, pour qu’ils fassent courir le bruit que les disciples étaient venus de nuit dérober le corps pendant que les gardes dormaient. Mais, désormais illuminés par la lumière de la foi en la Résurrection, Longin et deux de ses soldats refusèrent cet argent. Le centurion abandonna alors sa charge et quitta l’armée pour se rendre dans sa patrie, la Cappadoce, afin d’y propager la Bonne Nouvelle à l’imitation des Apôtres. Apprenant cela, Pilate, incité par l’argent et les cadeaux des Juifs avides de vengeance, écrivit à l’empereur Tibère pour dénoncer Longin.

Par un effet de la Providence, les hommes envoyés par Tibère en Cappadoce à la recherche de l’ex-centurion, s’arrêtèrent sans le savoir dans la maison où celui-ci s’était réfugié. Ils y demandèrent l’hospitalité, et sollicitèrent quelques renseignements sur Longin qu’ils n’avaient jamais vu. C’est le saint lui-même qui les reçut avec toute l’attention dont font preuve les disciples du Christ à l’égard de l’étranger. Au cours de la conversation, ils lui révélèrent le but de leur voyage. À cette nouvelle, Longin éprouva une immense joie et fit preuve d’une délicatesse encore plus grande envers ses hôtes. Il les installa confortablement, puis, en toute sérénité, il prépara son tombeau et ce qui était nécessaire à ses funérailles. Il alla ensuite chercher ses deux compagnons, qui avaient fui avec lui la Palestine, et les décida à s’offrir de concert au martyre. Puis il revint vers ses hôtes et leur révéla qu’il était Longin, celui qu’ils recherchaient pour l’exécuter. Les envoyés de l’empereur demeurèrent tout interdits devant la hardiesse du saint et ressentirent un profond chagrin à l’idée de devoir accomplir leur sombre besogne envers celui qui leur avait offert une telle hospitalité. Mais c’est Longin lui-même qui les implora de ne pas tarder davantage à les réunir, lui et ses compagnons, à leur Seigneur et Maître. La mort dans l’âme, les hommes décapitèrent les trois disciples du Christ et envoyèrent le chef de Longin à Jérusalem, afin que Pilate et les Juifs soient assurés de son exécution. La tête du saint fut ensuite jetée dans une fosse à fumier qui se trouvait aux abords de Jérusalem.

De nombreuses années plus tard, une noble et riche dame de Cappadoce, qui avait perdu l’usage de la vue, se rendit en pèlerinage dans la Ville sainte, en compagnie de son fils unique, afin d’y prier pour sa guérison. Mais, à leur arrivée à Jérusalem, son fils vint à mourir, ajoutant une détresse supplémentaire au malheur de la pauvre femme. Saint Longin lui apparut alors en songe et lui révéla l’endroit où était enfouie sa tête, en lui promettant que la guérison lui serait accordée par cette précieuse relique. Après avoir cherché avec empressement, la pieuse femme trouva le chef du saint martyr et recouvra la vue par la grâce divine qui émanait de la précieuse relique. Ce ne fut pas seulement ses yeux corporels qui s’ouvrirent, car Dieu lui accorda aussi de voir des yeux de son âme son fils qui se tenait aux côtés de saint Longin dans la demeure des bienheureux. Réconfortée et pleine de reconnaissance envers le Seigneur, qui sait rendre au centuple à ceux qu’il éprouve, elle déposa la relique du saint martyr et le corps de son fils dans une châsse qu’elle ramena en Cappadoce et qu’elle plaça, par la suite, dans une église qu’elle fit construire en l’honneur de saint Longin.

Tropaire du dimanche, ton 4
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »

Tropaire du saint martyr, ton 4
Му́ченикъ Тво́й, Го́споди, Ло́нгинъ, во страда́ніи свое́мъ вѣне́цъ прія́тъ нетлѣ́нный отъ Тебе́, Бо́га на́шего: имѣ́яй бо крѣ́пость Твою́, мучи́телей низложи́, сокруши́ и де́моновъ немощны́я де́рзости. Того́ моли́твами спаси́ ду́ши на́ша.
Ton Martyr Longin, Seigneur, pour le combat qu'il a mené a reçu de toi, notre Dieu, la couronne d'immortalité; animé de ta force, il a terrassé les tyrans et réduit à l'impuissance l'audace des démons; par ses prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.

Kondakion du saint martyr, ton 4
Ве́село возра́довася Це́рковь въ па́мяти дне́сь приснопа́мятнаго страда́льца Ло́нгина, взыва́ющи: Ты́ моя́ держа́ва, Христе́, и утвержде́ніе.
Faisant mémoire en ce jour de l'illustre martyr Longin, l'Église exulte de joie et, jubilante, s'écrie: Ô Christ, tu es ma force, ma puissance, mon soutien.

Kondakion du dimanche, 4ème ton
Спа́съ и изба́витель мо́й изъ гро́ба я́ко Бо́гъ воскреси́ отъ у́зъ земноро́дныя, и врата́ а́дова сокруши́, и я́ко Влады́ка воскре́ce тридне́венъ.
Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du Tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.

COMMENTAIRE DE L’ÉVANGILE DE CE JOUR PAR ST NICOLAS VÉLIMIROVITCH[2]

… Le champ représente les âmes humaines, des parties diverses du champ symbolisent la diversité des âmes humaines. Certaines âmes ressemblent au terrain au bord du chemin ; d’autres au sol pierreux du champ ; d’autres sont comme le buisson d’épines, alors que d’autres encore sont comme la bonne terre, éloignée du chemin et dépourvue de pierres et d’épines. Pourquoi le semeur ne sème-t-il pas la semence seulement sur la bonne terre, mais aussi sur le chemin, sur la pierre et dans le buisson d’épines ? Parce que la Bonne Nouvelle de l’Évangile est publique, non secrète ; elle n’est ni secrète ni réservée à un certain nombre de gens, comme cela fut le cas de nombreux enseignements autoproclamés, sombres et maléfiques, chez les Grecs et les Égyptiens, dont le but était d’étendre le pouvoir d’un homme ou d’un groupe d’hommes sur d’autres hommes, non le salut des âmes humaines. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour ; et ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits (Mt 10, 27). C’est ce qu’ordonnait le Seigneur à Ses disciples – le Semeur principal aux autres semeurs. Il le faisait parce qu’Il souhaite le salut de toutes les âmes humaines, car Il veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tm 2, 4), voulant que personne ne périsse (2 P 3, 9). Si le Seigneur n’avait semé Son enseignement divin que parmi les hommes bons, alors les mauvais auraient eu le prétexte de dire qu’ils n’avaient même pas entendu parler de l’Évangile. Ils auraient ainsi attribué leur déchéance à Dieu et non à leur état de pécheurs. Mais ils ne chuteront pas par la faute de Dieu, car Dieu est juste, et aucune culpabilité ne saurait même s’approcher de l’éclat de Sa justice.

Le fait que trois parties de la semence soient perdues n’est ni le fait du semeur, ni de la semence, mais de la terre elle-même. De même que ni le Christ ni Son saint enseignement ne sont coupables de la déchéance de nombre de gens, mais ces gens eux-mêmes. Car ils ne consacreront pas d’efforts ni d’amour pour que le grain qui a été semé se développe, c’est-à-dire le protéger des mauvaises herbes et le préserver jusqu’au moment de donner des fruits. Mais même si trois parties du champ restent infertiles, Dieu aura une récolte abondante de Sa parole. Comme Il l’avait dit à travers le prophète : Ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission (Is 55, 11). Le fait que certains hommes n’ont pas utilisé la parole de Dieu, ne signifie pas que cette parole a été semée en vain. Tout est possible à Dieu : Il peut faire en sorte que Sa récolte soit plus abondante dans la bonne terre. Dans le pire des cas, Sa parole reviendra vers Lui, sous la forme du talent enterré par le mauvais serviteur, ou comme la paix apportée à une maison et non accueillie par cette maison. Comme le Seigneur a dit aux Apôtres d’invoquer la paix pour toute maison où ils entrent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; si elle ne l’est pas, que votre paix vous soit retournée (Mt 10, 13).

Mais écoutons le Seigneur Lui-même révéler le sens profond de ce récit. En effet, ce récit est l’un des rares épisodes de l’Évangile dont le Christ Lui-même a donné le sens. Il l’a fait parce que les Apôtres eux-mêmes le lui ont demandé : Ses disciples lui demandaient ce que pouvait bien signifier cette parabole. Il dit : « À vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu ; pour les autres, c’est en paraboles, afin qu’ils voient sans voir et entendent sans comprendre » (Lc 8, 9-10). Pour les apôtres, ce récit paraissait, du fait même de sa simplicité, difficilement compréhensible et transposable à la vie spirituelle. Selon l’évangéliste Matthieu, les disciples demandèrent d’abord : Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? (Mt 13, 10) L’évangéliste Luc ignore cette question et en rapporte une autre : que signifie cette parabole ? Le Christ apporte une réponse aux deux questions. D’abord, Il fait une distinction entre Ses disciples en train de l’écouter et Ses autres auditeurs. Bien que les disciples fussent des hommes simples, la grâce de Dieu était avec eux ; bien qu’ils ne fussent pas à cette époque complètement initiés, leur vision spirituelle était suffisamment ouverte pour connaître les mystères du Royaume de Dieu. Il était donc possible de leur parler directement, sans le recours aux paraboles ; en revanche, s’adresser aux autres était impossible sans paraboles…




[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras
[2] Extrait des homélies sur les Évangiles des dimanches et jours de fête, Collection Grands Spirituels orthodoxes du XXème s. Éditions de l’Âge d’Homme.

SAINT GALL,


fêté le 16/29 Octobre

Tropaire Ton 8 
Comme compagnon du grand saint Colomban,/ ô Père Gall, tu as voyagé à travers tout le pays des Francs. / Et ta vie d’ascèse contrastait avec celle des prélats mondains que tu rencontrais./ Ouvre pour nous aussi, nous t’en prions,/ Les trésors du sacrifice et du combat de l’ascèse,/ Afin que nous aussi nous puissions atteindre la joie du salut éternel. 

*

Saint Gall, disciple le plus célèbre de saint Colomban, naquit vers le milieu du Vlème siècle (551), en Irlande. Ses parents le confièrent dès sa jeunesse au monastère de Bangor, où il fut éduqué par saint Comgall et saint Colomban. Ce monastère était fort renommé pour son école dont l'excellence allait de pair avec la grande piété de ses moines. Le jeune Cellach qui devait devenir Gall, s'y rendit très expert en poésie et en Écriture sainte. Le jugeant digne de ce redoutable office, saint Colomban éleva Gall au sacerdoce, et après une longue période d'ascétisme, décida avec la bénédiction de saint Comgall - de l'emmener avec lui, et avec onze autres moines, pour prêcher la parole de Dieu. 

Père Colomban et ses douze disciples allèrent d'abord en Angleterre, puis ils passèrent en France vers l'an du Seigneur 585. Grâce à la bienveillance d'un roi franc, ils s'installèrent a Annegray, dans les Vosges, où ils fondèrent une communauté monastique. Grâce au rayonnement de l'higoumène Colomban, les disciples affluèrent. 

Vers 590, saint Colomban fonda avec saint Gall une nouvelle communauté à Luxeuil, ville thermale qui avait été totalement dévastée par les Huns. Dans une vieille maison en ruine, une chapelle, puis un monastère furent construits où encore une fois les disciples nouveaux se présentèrent, attirés par la sainteté évidente de l'higoumène. Le monastère s'agrandit, les moines abondèrent, et la renommée du lieu fut telle - dit la chronique -, que le roi Thierry, fils de Childebert, venait souvent visiter le saint père Colomban et ses disciples. L'higoumène, cependant, n'avait pas de molles complaisances pour les grands de ce monde. Il reprenait sans discontinuer le roi Thierry, de ce que, méprisant son épouse légitime, il s'abandonnait à l'amour coupable de ses concubines. Thierry avait beaucoup de déférence pour le saint moine, et cela alarma au plus haut point sa mère. Celle-ci, Brunehaut, voyant que Thierry estimait saint Colomban, craignit qu'il ne se range à ses doctes conseils, répudiant ses concubines pour n'aimer plus que son épouse légitime, et de ce fait, diminuant le pouvoir qu'elle avait comme reine mère, à cause de l'éloignement de sa bru. 

Elle décida d'éloigner saint Colomban. Elle fit donner ordre au saint de quitter le royaume, ce qu'il fit avec saint Gall - compagnon de toutes ses peines et de toutes ses joies -, et avec quelques moines. Ils partirent vers 610 dans les états de Théodebert, alors roi d’Austrasie, dont la résidence était à Metz. Ils parcoururent ensemble toute l'Allemagne, avec mille peines et mille persécutions. « Dès qu'ils s'établissaient en un lieu, dit la chronique, le Malin, qui savait ce qu'il devait craindre, suscitait des gens pour les rechasser dans un autre lieu. » 

Enfin, le pieux Villemar, prêtre d'Arbonne, près du lac de Constance, leur assura un lieu de retraite à Bregentz. Ils s'y construisirent des cellules et entreprirent immédiatement de convertir les païens de la région. Ils réussirent même à les persuader de briser leurs idoles pour les jeter dans le lac. Deux moines moururent, martyrisés par ceux de ces païens qui restèrent dans les ténèbres de l'ignorance. Les corps de ces deux martyrs furent placés sous l'autel de l'abbaye d'Angia-Major ou Brigantina, plus tard appelée Mererau en Souabe. Thierry étant devenu roi d'Austrasie après avoir tué Théodebert dans un combat, saint Colomban décida d'aller en Italie, demandant à saint Gall de le suivre. Ce dernier, fortement malade, demanda à rester à Bregentz. Cette maladie faisait que pour la première fois, il ne pouvait obéir à son père spirituel et le suivre. 

La chronique nous dit que saint Colomban, qui avait résolu ce voyage, lui permit de ne pas le suivre, lui donna sa paix, mais lui enjoignit très fermement de ne plus jamais célébrer la Divine Liturgie tant que lui, Colomban, serait en vie. Saint Colomban partit donc pour l'Italie vers l'année 612. Sa santé rétablie, saint Gall remonta le lac avec quelques compagnons et ils construisirent quelques cellules. Ce sont ces quelques cellules qui sont à l'origine du monastère de Saint-Gall tel qu'il exista ensuite…Il apprit la langue du pays et convertit une telle quantité d'idolâtres, qu'il reçut le titre d'apôtre de Constance. 

Il accomplit aussi beaucoup de miracles et de guérisons. La fille du duc Gouzon (ou Gunzon), était possédée. Notre bon saint la délivra du malin et le duc voulut donner un évêché à saint Gall. Mais ce dernier refusa toujours. La chronique mentionne aussi que le duc voulut lui donner beaucoup d'or, et que le saint ne put refuser. Il s'en débarrassa promptement en le donnant aux pauvres. Et comme un diacre lui montrait un vase qu'il voulait garder pour s'en servir à l'autel, saint Gall lui répondit : « Non, ne le garde point, il faut pouvoir dire avec saint Pierre : je n'ai ni or, ni argent. » (Actes 3 :6). 

Le jour d'une grande fête, après les matines, saint Gall eut la révélation que son saint père Colomban venait de mourir. Il en avertit sa communauté et ils célébrèrent un office de funérailles. Puis il envoya un de ses moines s'assurer de ce qui était arrivé. Le moine revint avec la nouvelle de la mort de saint Colomban confirmée, et une lettre des moines de ce saint higoumène. Cette missive expliquait qu'avant de mourir, celui-ci avait recommandé que l'on donne son bâton abbatial à son disciple Gall en signe d'absolution pour son manquement à le suivre en Italie. 

Saint Gall versa d'abondantes larmes, car jamais il n'avait cessé d'aimer son père Colomban, et il lui avait obéi jusque là, ne célébrant point la divine Liturgie, et refusant pour cela les évêchés qu'on voulait le forcer d'accepter. Son saint père Colomban l'avait en cela préservé dans cette rude vie monastique qui était si chère au coeur des moines irlandais. Saint Gall ne quittait sa cellule que pour aller prêcher la Bonne Nouvelle : il s'attachait à l'évangélisation et à l'instruction des plus humbles, des plus misérables des hommes, puis il repartait dans son ermitage. Comme notre père parmi les saints, Séraphim de Sarov, il avait pour ami un ours qui lui rendait visite fréquemment et lui apportait quelquefois son bois ! Cet ours figure d'ailleurs toujours dans les armes de la ville de saint Gall, jusqu'à ce jour, et ce, en mémoire du saint ermite.

Comme notre père Séraphim de Sarov, il passait des jours et des nuits en prières ardentes et dans la méditation constante de la parole de Dieu. La chronique dit que le pieux roi Sigebert, fondateur de nombreux monastères - il est compté parmi les saints et fêté le premier février -, avait une grande vénération pour saint Gall et que sa fille refusa un mariage qu'on lui proposait pour devenir moniale auprès de son monastère. En 625, saint Eutase, higoumène de Luxeuil, mourut, et ses moines choisirent saint Gall pour lui succéder. Cependant, le monastère de Luxeuil était devenu trop riche et notre père craignait la richesse comme la peste. 

L'importance numérique des moines fut aussi certainement ce qui incita saint Gall à refuser et à rester en son propre ermitage. Saint Gall dirigeait ses moines selon la règle de saint Colomban. Celle-ci comprenait une règle monastique très stricte fondée sur l'obéissance absolue, le silence, le jeûne et l'abstinence. Elle était complétée par un code pénitentiel qui prévoyait des peines extrêmement dures pour tout manquement à la règle monastique. Le seul écrit de saint Gall que nous possédions est un sermon qu'il prononça pour le sacre de son disciple Jean, lorsque celui-ci devint évêque. On avait d'abord proposé cette charge à saint Colomban qui l'avait refusée et avait recommandé Jean, son diacre, lequel fut élu à l'unanimité à la fonction épiscopale. On trouve le texte de ce sermon dans les Lectiones Antiquæ de Canisius. 

Saint Gall mourut le 16 Octobre de l'an de notre Seigneur 646, après une courte maladie. La chronique mentionne qu'il avait atteint l'âge vénérable de 95 ans. Cette chronique qui, étayée par d'autres documents anciens, est à l'origine de ma relation de la vie de saint Gall, fut écrite par Vualfrid ou Walafride Strabon qui fut moine du monastère de Saint Gall, puis higoumène d'un monastère du diocèse de Constance. Il mourut en 849, soit deux siècles environ après la mort de saint Gall, et c'est au monastère de ce dernier qu'il recueillit les pieux souvenirs de sa vie. 

Saint Gall prie Dieu pour nous ! 

*

ACATHISTE
À NOTRE PÈRE
PARMI LES SAINTS
GALL D’HELVÉTIE

Kondakion 1
Pérégrinant de l’Hibernie à l’Helvétie* Depuis l’Ile aux saints en passant par les Gaules* Sous la férule de ton père Colomban* Tu fis pour le Christ une abondante moisson* De fidèles reconnaissants qui chantent vers toi* Réjouis-toi Saint Gall, moine du Très-Haut!
Ikos 1
Disciple de Colomban dès ta prime enfance* Tu partis en exil avec lui pour le Christ* Apporter la Lumière aux peuples ignorants* Illuminés par le mystère du baptême* Avec les hôtes des Cieux ils clament vers toi:
Réjouis-toi, Enfant consacré au Seigneur,
Réjouis-toi, Qui bus le lait de l’Evangile,
Réjouis-toi, Rameau des saints moines d’Irlande,
Réjouis-toi, Qui as fleuri sur notre sol,
Réjouis-toi, Souche illustre de Colomban,
Réjouis-toi, Qui incarnas l’obéissance,
Réjouis-toi, Saint Gall, moine du Très-Haut!
Kondakion 2
Au désert des Vosges avec tes compagnons* Vous fîtes resplendir le Soleil de Justice* Mais l’Ennemi du genre humain vous en chassa* Et vous repoussa sur les bords de la Limmat* Où vous fîtes monter vers Dieu l’Alléluia!
Ikos 2
Tels Moïse et Aaron avec le Saint Peuple* Colomban et toi-même vous dûtes partir* D’un lieu à un autre en allant vers Canaan* Poursuivis par le Pharaon Spirituel* Emerveillés par ton zèle nous te disons:
Réjouis-toi, Défricheur des âmes sauvages,
Réjouis-toi, Elagueur des ronces malignes,
Réjouis-toi, Jardinier des esprits en Dieu,
Réjouis-toi, Bourgeon de l’Arbre de la vie,
Réjouis-toi, Borne du salut des impies,
Réjouis-toi, Bâtisseur du Temple du Christ,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 3
Partout obéissant aux ordres de ton père* Tu exhortas par ton verbe vos compagnons* Décrivant avec foi la céleste patrie* Faisant naître en eux la nostalgie du Royaume* Où les élus clament sans cesse Alléluia!
Ikos 3
A Bregenz où l’Esprit de Dieu vous conduisit* Par des miracles et des signes éclatants* Les démons furent chassés l’Eglise établie* Le salut délivra les âmes enchaînées* Et les anges des cieux te louèrent ainsi:
Réjouis-toi, Cierge qui brûle devant Christ,
Réjouis-toi, Icône terrestre du Maître,
Réjouis-toi, Tabernacle pur du Sauveur,
Réjouis-toi, Colonne et fondement du Ciel,
Réjouis-toi, Encensoir des paroles saintes,
Réjouis-toi, Ambon de la divine Eglise,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 4
Or par la calomnie du Père du mensonge* Saint Colomban dut s’exiler en Italie* Et tu ne pus le suivre étant frappé de fièvre* Le Christ voulait que tu restes en Helvétie* Louant Dieu chantant et disant Alléluia!
Ikos 4
Par ta maladie salutaire pour nos âmes* Il nous fut donné de te garder sur nos rives* Et lorsque tu fus rétabli tu décidas* De vivre au désert avec d’autres compagnons* Avec eux célébrant ta mémoire disons:
Réjouis-toi, Arche du Ciel sur notre terre,
Réjouis-toi, Manne qui nourrit en secret,
Réjouis-toi, Degré de l’Echelle des Cieux,
Réjouis-toi, Phare qui brille dans la ténèbre,
Réjouis-toi, Roc de la Foi inébranlable,
Réjouis-toi, Clé de la porte du Royaume,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 5
Après maintes recherches tu trouvas un lieu* Qui permettait de joindre la terre et le ciel* Y ayant planté une croix de coudrier* Tu y suspendis avec respect des reliques* Et les saints chantèrent vers Dieu Alléluia!
Ikos 5
Ayant retrouvé l’odeur d’Adam dans l’Eden* Tu commandas à l’ours de devenir docile* Tu chassas les serpents et les esprits impurs* Tu remplis les filets des pécheurs pour nourrir* Tes compagnons qui s’écrièrent avec joie:
Réjouis-toi, Astre reflétant le Soleil,
Réjouis-toi, Pic de la perfection des moines,
Réjouis-toi, Forêt aux arbres frugifères,
Réjouis-toi, Fruit impeccable de l’ascèse,
Réjouis-toi, Racine ancrée dans la Parole,
Réjouis-toi, Glèbe féconde du Seigneur,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 6
La fille du Duc Cunzo étant possédée* Son Père te manda pour que tu la guérisses* Mais tu laissas un prêtre y aller solitaire* Ne voulant te mêler aux princes de ce monde* Tu fuis au désert en chantant Alléluia!
Ikos 6
Le Duc ayant chassé Colomban d’Helvétie* Voulais que tu ramènes sa fille à la vie* Il promit pour cela l’évêché de Constance* Ta retraite découverte tu acceptas* De guérir son enfant qui se mit à chanter:
Réjouis-toi, Délivrance des possédés,
Réjouis-toi, Consolation des affligés,
Réjouis-toi, Nourriture des affamés,
Réjouis-toi, Vêture de ceux qui sont nus,
Réjouis-toi, Refuge sûr des égarés,
Réjouis-toi, Prompte guérison des malades,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 7
Alors tu refusas de devenir évêque* Ayant promis à ton père Saint Colomban* De ne plus célébrer la Sainte Liturgie* Jusques au jour où il rejoindrait le Royaume* Chantant vers Dieu un éternel Alléluia!
Ikos 7
Ayant su les prodiges par toi accomplis* Le Roi Sigebert voulut te récompenser* En t’accordant sa protection et ses largesses* Tu les acceptas toutes deux sans te troubler* Pour ce tes fidèles zélateurs te célèbrent:
Réjouis-toi, Couronne de l’humilité,
Réjouis-toi, Illustration de l’Evangile,
Réjouis-toi, Reflet de l’Amour du Christ,
Réjouis-toi, Image de la bonté du Père,
Réjouis-toi, Ecrin des vertus monastiques,
Réjouis-toi, Coupe qui verse le nectar,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 8
Le Roi voulut prendre en noces la jeune fille* Que tu avais amenée à la vie en Christ* Mais tes prières et celles de Saint Etienne* Firent que le Roi renonçant à son projet* La jeune vierge chanta vers Dieu Alléluia!
Ikos 8
Il la fit vêtir comme une reine future* Et tenant sa main devant l’autel du Saint Lieu* Il la remit aux mains du Monarque des Cieux* Ayant agi selon tes conseils éclairés* La vierge sage te loua en s’exclamant:
Réjouis-toi, Nitescence du Paradis,
Réjouis-toi, Initiateur du seul Mystère,
Réjouis-toi, Illuminateur des fidèles,
Réjouis-toi, Dispensateur des vraies richesses,
Réjouis-toi, Gardien prodigue de la grâce,
Réjouis-toi, Passeur du gué de l’Autre Rive,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 9
Tu fus invité à Constance par le Duc* Afin de choisir pour cette ville un hiérarque* Un synode réuni au Nom du Seigneur* Y siégea trois jours avant de te désigner* Louant Dieu au plus haut des cieux Alléluia!
Ikos 9
Mais tu prétextas dans ta grande modestie* Que les canons ne permettaient pas étranger* Que tu puisses devenir l’évêque du lieu* Tu leur parlas alors de ton disciple Jean* Ils l’acceptèrent avec joie et te chantèrent:
Réjouis-toi, Kénose du Christ incarnée,
Réjouis-toi, Imitation du divin Maître,
Réjouis-toi, Echo parfait de la grâce,
Réjouis-toi, Rayon pur de l’Autre Soleil,
Réjouis-toi, Voix sublime de l’Ecriture,
Réjouis-toi, Clé de la Sapience Divine,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 10
Dès lors tu te consacras à ton monastère* Construisant le saint lieu et guérissant les cœurs* Père aimant pour les enfants que Dieu te donnait* Sans discontinuer leur apportant sur terre* L’écho d’Eden où s’élève l’Alléluia!
Ikos 10
Ayant appris par mystique révélation* Que Saint Colomban avait rejoint le Royaume* Tu célébras pour son âme la liturgie* Et ton maître parvenu au plus haut des cieux* Loua l’obéissance du disciple ainsi:
Réjouis-toi, Fier rejeton de l’Ile aux Saints,
Réjouis-toi, Qui fus fidèle en toutes choses,
Réjouis-toi, Nouveau Baptiste par l’ascèse,
Réjouis-toi, Obédience parfaite en Dieu,
Réjouis-toi, Frère d’Antoine et de Pacôme,
Réjouis-toi, Ange descendu dans la chair,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 11
Un frère envoyé à Bobbio lorsqu’il revint* Te rapporta le bâton de ton higoumène* Et plus tard les saints moines de son monastère* Voulurent que tu les guides vers le Royaume* Tu refusas et nous chantons Alléluia!
Ikos 11
Tu restas en Helvétie pour notre salut* Multipliant les purs miracles de la grâce* Manifestant la vie céleste sur la terre* Et devenant prière vivante pour tous* Tu fis retentir aux cieux ces acclamations:
Réjouis-toi, Fils insigne de Colomban,
Réjouis-toi, Père des moines d’Helvétie,
Réjouis-toi, Moissonneur d’âmes pour Dieu,
Réjouis-toi, Pilote vers le havre sûr,
Réjouis-toi, Rosée de grâce de l’Esprit,
Réjouis-toi, Rempart de la foi orthodoxe,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 12
Pour manifester la gloire de notre Dieu* Ayant porté la bonne parole à Arbon* Il advint que tu mourus loin du monastère* Tu remis au Seigneur ton âme pure et sainte* Tandis que les anges chantaient Alléluia!
Ikos 12
Lorsqu’on voulut ensevelir ton corps précieux* On ne put premiers le mouvoir* Mais en Dieu des chevaux sauvages le portant* Allèrent s’arrêter au seuil de ta cellule* Et toute l’assemblée se mit à te chanter:
Réjouis-toi, Mense du Saint Sacrifice,
Réjouis-toi, Pierre d’angle de notre Eglise,
Réjouis-toi, intercesseur des pieux fidèles,
Réjouis-toi, Présence orante dans nos vies,
Réjouis-toi, Prémisses de notre salut,
Réjouis-toi, Fontaine de grâces remplie,
Réjouis-toi, Saint Gall moine du Très-Haut!
Kondakion 13
Soleil d’Hibernie ayant atteint son déclin* Sur la terre d’Helvétie par toi sanctifiée* Tu connus enfin l’aurore du Jour Mystique* Devant le Maître Saint et Parfait de nos vies* Où les anges chantent sans cesse Alléluia! (Ter)
Ikos 1
Disciple de Colomban dès ta prime enfance* Tu partis en exil avec lui pour le Christ* Apporter la Lumière aux peuples ignorants* Illuminés par le mystère du baptême* Avec les hôtes des Cieux ils clament vers toi:
Réjouis-toi, Enfant consacré au Seigneur,
Réjouis-toi, Qui bus le lait de l’Evangile,
Réjouis-toi, Rameau des saints moines d’Irlande,
Réjouis-toi, Qui as fleuri sur notre sol,
Réjouis-toi, Souche illustre de Colomban,
Réjouis-toi, Qui incarnas l’obéissance,
Réjouis-toi, Saint Gall, moine du Très-Haut!
Kondakion 1
Pérégrinant de l’Hibernie à l’Helvétie* Depuis l’Ile aux saints en passant par les Gaules* Sous la férule de ton père Colomban* Tu fis pour le Christ une abondante moisson* De fidèles reconnaissants qui chantent vers toi* Réjouis-toi Saint Gall, moine du Très-Haut!
PRIÈRE A SAINT GALL
O Saint Gall notre père divin dans l’Eglise* Toi qui vécus dans l’obédience de la foi* Fidèle à l’Evangile et rempli de l’Esprit* Tu passas sur la terre en contemplant le Ciel* Imitant du Christ notre Dieu les miracles* Tu te fis tout à tous en regardant vers Lui* Tu pris ta croix sans te retourner le suivant* Jusques aux portes de la Divine Demeure* Où tu intercèdes sans cesse pour nos âmes* Prie pour nous le Seigneur Christ de miséricorde* Afin que la ferveur de ta sainte prière* Nous rende digne de devenirs héritiers* De la grâce insigne du Royaume des Cieux* Amen!
Tropaire Ton 1
Vénérable père Saint Gall toute la terre* Chante la ferveur de tes exploits ascétiques* Par eux tu te mis en chemin vers les Cieux* En portant sur tes épaules le joug du Christ* Dispensant par ta vie la grâce du Royaume* Toi qui es maintenant près de l’Autel Céleste* Prie le Seigneur Dieu pour le salut de nos âmes!
Kondakion Ton 4
Tu vécus ici-bas comme un ange en la chair* Illuminant le monde par ta sainte ascèse* Tu imitas le divin Maître dans ta vie* Répandant au monde des miracles sans nombre* Saint Gall désormais auprès du trône divin* Intercède vers Dieu pour qu’Il sauve nos âmes!
Vie et Acathiste composés
pour la gloire de l’Eglise du Christ
Et
de notre père parmi les saints
Gall
Par
Claude Lopez-Ginisty