samedi 24 septembre 2016

Prendre ou recevoir la Sainte Communion?




En tant que chrétiens orthodoxes, nous savons que le sacrement de la Sainte Communion joue un rôle extrêmement important dans notre vie spirituelle. Si nous prenons un moment pour réfléchir à notre participation à ce sacrement, nous devons réaliser que nous ne "prenons" pas la communion, mais au lieu de cela, nous la "recevons."

Au début, il peut sembler qu'il n'y a pas vraiment de différence entre "prendre" et "recevoir." Cette différence peut être plus claire, cependant, si nous reconnaissons que l'Eucharistie est un don. Nous ne parlerions pas de prendre un cadeau d'anniversaire de quelqu'un, mais plutôt, nous le recevoir de lui.

La Sainte Communion est un don que le Christ, en Se sacrifiant, nous a donné. C'est le précieux Corps et Sang de notre Sauveur qu'Il nous présente comme une expression de Son Amour incroyable pour nous. Le Christ nous donne une partie de Lui-même, comme un don pour que nous puissions nous rapprocher de Lui. 

En tant que chrétiens orthodoxes, nous œuvrons à devenir un avec Dieu. Avoir le Corps et le Sang de Jésus-Christ en nous, nous aide à atteindre cet objectif. Cela nous permet de cheminer vers le salut dans le Royaume des Cieux.

Sachant ces choses, nous pouvons voir combien il est important pour nous de recevoir la Communion. En outre, si nous sommes prêts à recevoir, nous devons également agir de manière appropriée lorsque nous abordons le Calice. Ce n'est pas un temps pour rêvasser ou plaisanter, mais un moment de respect et de prière. Au cours de la Liturgie, le prêtre dit: "Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez." En entendant ces mots, nous devons garder à l'esprit notre crainte de la grande puissance de Dieu, notre foi en Jésus-Christ, et notre amour pour l'autre.

Lorsque nous assistons à la Divine Liturgie, il est essentiel que nous soyons au courant de ce qui se passe. Le Christ nous donne le plus grand cadeau que le monde ait jamais connu. Il se partage Lui-même avec nous, afin que nous puissions parvenir à la vie éternelle avec Lui. 

La Sainte Communion n'est pas quelque chose que nous pouvons simplement prendre, mais c'est le don de la vie que nous sommes appelés à recevoir de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [60]


Va vers le Royaume
En conservant le Saint Nom
Au creux de ton cœur
Haïjin Pravoslave




vendredi 23 septembre 2016

Le père Basile Pasquiet : la Russie m’apparaît comme l’arche de Noé dans laquelle la civilisation chrétienne trouvera son salut.



Il y a vingt deux ans, ayant acheté un billet sans retour, le père Basile, moine du monastère gréco-catholique saint Jean-Baptiste de Jérusalem, est arrivé de France en Russie, trouvant en elle sa deuxième patrie. En décembre 2009, après presque 14 ans de service dans les églises d’Alatyr, il devient le supérieur du monastère de la Sainte Trinité à Tcheboksary. 

Père Basile, quelles sont pour vous les pires difficultés d’un pasteur dans la direction d’une communauté monastique ? 

Je dirais que le pasteur doit être lui-même un croyant. Pas un religieux mais un croyant. La première image du pasteur est Abraham. C’est un chef de famille, il est responsable de dizaines d’hommes et du bétail, ce sont d’énormes caravanes qu’il faut conduire dans des régions dangereuses, des lieux inconnus, et dans le désert en plus. Et il était justement croyant. Il croyait dans la parole de Dieu. On lui avait dit d’aller et il allait. Et le pasteur doit être comme Abraham : ne pas avoir peur et conduire son peuple à Dieu. Le plus difficile et le plus important, c’est d’être soi-même ce flambeau. Même si tu n’as pas d’expérience, si tu es vraiment croyant… Le Seigneur est à tes côtés. Si on l’appelle, il vient. Nous allons vers lui, il vient à nous. Et si nous nous éloignons de lui, ne le regardons pas… eh bien nous sommes libres. Tu ne veux pas aller dans la lumière, marche, dans les ténèbres. Et s’il n’y a pas de lumière, s’il n’y a pas de phare devant nous, on peut se perdre et c’est dangereux. Un prêtre doit être pareil à un phare. J’ai grandi près de la mer. Il y avait des phares. Nous aimions, le soir, écouter la mer, qui est comme un être vivant. Et ces phares… Ils nous montrent où aller. Et le prêtre doit être pareil. Et même, chaque croyant doit être un phare, car nous sommes entourés de beaucoup d’incroyants, ou de gens qui en réalité ne savent rien. Eh bien, la Pâques. Qu’est-ce que c’est pour nous, la Pâques ? Les œufs, la bénédiction des koulitchs et c’est tout. Seulement des rituels. Et Noël, l’étoile et tous ses rituels. Ils sont peu nombreux à connaître l’essentiel de l’affaire. Il faut prendre un rameau de saule pour le dimanche des Rameaux et le garder toute l’année, mais quel en est le sens ? Garder un rameau, et se comporter comme un traître? Si l’on demande sais-tu qui est le Christ, recevoir la réponse de Pierre : « Je ne connais pas cet homme… » Nous sommes en principe croyants, en principe baptisés, nous nous nommons croyants, et quand vient le moment de montrer que nous le sommes, nous refusons. Il y a beaucoup de situations dans la vie où il faut dire : je suis chrétien. On vous convie à une manifestation, par exemple, et au même moment, il y a l’office à l’église. Le croyant ira plutôt par faiblesse à la manifestation mondaine, autrement, on pourrait le punir. Il craint plus la punition humaine que celle de Dieu. En de tels moments, le chrétien doit se révolter et dire « non ». Il faut prendre exemple sur les apôtres et les premiers martyrs, qu’on obligeait aussi à s’incliner devant les idoles et le gouvernement, et ils disaient « non, nous avons un autre Dieu ». Et ils persuadaient leurs persécuteurs. Par exemple notre métropolite (Barnabé), combien de fois n’a-t-il pas convaincu ses persécuteurs par la fermeté de sa foi : « Non, je n’irai pas, j’irai à l’église ». Et on le respectait en voyant qu’il était croyant. Et si l’on nous menace et nous obéissons et allons où l’on nous le dit, alors cela veut dire qu’on nous a traités comme un troupeau, du bétail et non des êtres raisonnables. Parfois, par paresse ou tristesse, il nous est plus facile de trouver quelqu’un qui le fera à notre place. Par exemple, on commande une action de grâce. On commande et on va plus loin. Cela n’est pas bien. Je considère que si quelqu’un lit l’action de grâce lui-même, avec foi, c’est peut-être plus efficace que si le lit pour lui quelque prêtre. Ici, il faut le faire soi-même, soi-même… Etre croyant, prier, se repentir. Qu’est-ce que le repentir ? C’est le retour à une vie juste, à une juste façon de vivre, à une purification. Quand nous vivons dans la boue, notre âme est sale. Il faut se purifier, parfois il faut se donner beaucoup de mal. Si on reste longtemps sans laver le linge, il faut ensuite frotter plus fort. Il faut parfois utiliser les grands moyens, parfois il faut faire bouillir. Battre avec des battoirs, comme autrefois. Dans la vie spirituelle, c’est pareil: si on veut obtenir quelque chose, il faut se donner du mal. Le début du succès, c’est le désir. Mais s’il n’y a pas d’exigence, on ne peut pas se forcer.

On construit maintenant chez nous beaucoup d’églises, on restaure ce qui a été détruit à la période soviétique. A votre avis, est-ce un témoignage suffisant d’une renaissance de la tradition spirituelle ? 

Oui, je considère que c’est une renaissance. Il y a un bon signe : ces trois dernières années, pour le 9 mai, a lieu le défilé du Régiment Immortel. C’est une si bonne idée ! Que Dieu sauve celui qui l’a eue ! Que de gens cela a-t-il émus ! Et pas seulement en Russie, mais cela a lieu même à Paris, et les Russes ne sont pas les seuls à y avoir participé. Je considère que de tels moments sont décisifs. Ils peuvent changer le destin d’un peuple. En voyant de telles choses en Russie, j’ai compris que nous étions sur la bonne voie, sur celle de la renaissance. Les gens le font de leur propre volonté, personne ne les paie. Ils commencent à s’informer sur leurs parents : où ils ont péri, où ils ont combattu. En France, on ne se souvient pas si bien du destin de nos ancêtres. Quand j’étais jeune, j’allais aussi à la flamme Immortelle du 8 mai. Il y a encore là bas le jour de commémoration des victimes de la première guerre mondiale, en septembre. Il y avait des marches, des parades, nous y allions, mais le caractère de toutes ces manifestations était plutôt triste, sans joie. Nous voyions des vétérans, mais la jeunesse et les enfants n’allaient pas leur offrir des fleurs. Ils ne leur disaient pas : « Merci, grand-père ! Tu nous a donné la vie et la liberté ! » Et en Russie, j’ai été choqué, au bon sens du terme, par ces fêtes de mai. Je ne pense pas que ce soient là les restes des obligations soviétiques. C’est une bonne tradition familiale. Je soutiens entièrement ce mouvement. 

Vous avez plus ou moins dit qu’en France peu de gens allaient à l’église, que la majorité n’était catholique que de nom. Et chez nous ?

En France et dans les pays d’Europe, en général, les gouvernements occupent en partie une position antireligieuse anticatholique. Cela a commencé avec la révolution française et cela s’est poursuivi au XX° siècle, quand on a fermé à nouveau les monastères et les écoles religieuses. Les églises sont devenues la propriété de l’état. Et maintenant, c’est la même chose. Pourtant, l’Europe, comme la Russie, a été formée par les valeurs chrétiennes. Si l’on se souvient de l’histoire, ce sont justement les moines qui travaillaient dans les écoles religieuses, justement eux qui ont créé la culture. Et maintenant, ils renient tout cela et veulent le détruire… Mais en Russie, cela n’est pas comme ça. Elle m’apparaît comme l’arche de Noé dans laquelle la civilisation chrétienne sera sauvée. Mais dans l’ensemble, le catholicisme, c’est un accident de l’histoire de l’Eglise. Un accident, la voiture est sortie de la route et s’est écrasée. Mais une voiture doit rester sur la route, il faut l’y remettre. Je suis chrétien de naissance, baptisé au non de Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est vrai, j’appartenais à l’Eglise catholique, mais cette Eglise fut autrefois orthodoxe, avant le schisme. Je dirais que je suis maintenant revenu à mes racines. Ce n’est pas quelque chose de nouveau chez moi, ce retour aux sources. Je suis comme ces gens qui étudient qui étaient leurs ancêtres. Et oui, j’ai envie de vivre comme vivaient mes ancêtres. Et non seulement pour moi, je n’ai pas seulement reçu l’orthodoxie et terminé, j’ai envie que les autres aussi se mettent à retourner à leurs racines. 

Peut-on parler d’une consolidation des positions orthodoxes en France ? 

Oui, on construit maintenant, près de la tour Eiffel, une église orthodoxe, avec cinq coupoles dorées. Ce sera comme un phare que l’on pourra regarder. On répare des églises à Nice et à Paris, au sud et au nord. C’est le gouvernement russe qui le fait. 

Votre première formation professionnelle est liée à l’agriculture. Ces connaissances vous ont-elles servi ici, en Russie ? 

Eh bien un peu, quand je vivais au village. En France, autrefois, j’ai travaillé parfois quatorze heures d’affilée sur un tracteur au moment des moissons. En Israël aussi… Et ici, il m’est arrivé in cas intéressant dans le district de Nikoulino Poretski. La maison où nous vivions se trouvait non loin de l’église et de la poste et à côté, près de la route, se trouvait la maison de la mère Anna qui avait trois chèvres blanches. Je vois qu’elles ont du mal à marcher : les sabots longs, le poil terne. Visiblement, elles mangent mal, elles sortent sans joie. Je demande : « Mère Anna, as-tu des ciseaux ou un sécateur ? Permets-moi de t’aider. » Elle a accepté, bien qu’elle eût des doutes au début, comment sais-tu ce qu’il faut faire. J’ai coupé les sabots de toutes les chèvres et elles ont commencé à danser de joie. La mère Anna a vu cela et m’a appelé un thaumaturge. Eh bien oui, un miracle, c’est quand il y a de l’étonnement et de la joie. Ensuite, la nouvelle s’est répandue dans le village et je suis devenu « thaumaturge ». 
J’ai appris dernièrement que notre fameux monastère de Valaam s’était lancé dans la fabrication de fromages. N’avez-vous pas pensé à mettre en œuvre votre expérience de fromager ? Peut-être pas pour que le monastère en produise, mais en coopération avec quelqu’un… 
Je m’occupais de cela en Israël, oui. J’ai même formé quelqu’un qui en fait depuis vingt ans. Mais ici, cela ne s’est pas trouvé. Ici, il faut s’occuper d’autre chose. Pas faire de fromage mais restaurer la foi. Maintenant, ce n’est pas au centre de mes projets mais peut-être, qui sait…

Père Basile, qu’est-ce qui vous console, dans la vie ? qu’est-ce qui vous procure de la joie ? 

Quand les gens viennent à Dieu. Quand quelqu’un change sa vie pécheresse. Quand on amène les enfants au baptême. On sait alors en effet, que l’enfant ne sera pas abandonné, que les parents transmettront leur foi. Quand le bien triomphe. Voici, dans notre monastère, dans le bâtiment du séminaire orthodoxe épiscopal, nous avons l’école du dimanche « le flambeau ». Les enfants y sont gentils, et chaque année il en vient davantage. Et pas seulement des enfants, mais des adultes. Je surveille cela et vois qu’il y a là de bons éducateurs. Nous sommes en relation et échangeons des conseils. Il faut aussi éduquer les enfants, leur rappeler pourquoi ils sont venus au monde. J’explique comment on m’a élevé : dans la sévérité et le bien. Parce que si on n’est pas sévère, on ne souhaite pas le bien. Comme on dit dans la Bible, celui qui aime le plus ses enfants est celui qui les châtie le plus. Mais la punition doit précisément corriger, il faut expliquer la nature du danger. Mais pas seulement dire que ce n’est pas bien, mais aussi punir. Peut-être symboliquement mais il le faut. 

Vous considérez comme votre parrain le père Tikhon Chevkounov, connu entre autres pour son livre « le père Raphaël et autres saints de tous les jours » (éd. des Syrtes). N’avez-vous pas pensé à écrire sur votre expérience spirituelle ?
Eh bien, je ne sais pas écrire, et en outre, je considère que pour moi, c’est trop tôt. Je viens juste de commencer à vivre, quand ma barbe s’est mise à blanchir un peu. Avant, c’était l’enfance, la préparation. Pour l’instant, nous en sommes encore au labour. 

Vous ressentez-vous comme un pont original entre deux cultures ?

Eh bien maintenant, j’ai poussé des racines dans la terre tchouvache. Ici, la terre est bonne, els racines poussent vite. Je ne suis pas retourné sur ma terre natale depuis déjà cinq ans et à voir ce qui se passe en France, je comprends que je suis parti à temps. Je n’aurais probablement pas supporté et serais devenu fou. Et je ne veux pas y retourner. Ma vie est ici. Je sais qui regarder et à qui m’égaler. Voici notre monseigneur… A chaque office il dit une homélie. Elles sont simples, mais elles vont directement au cœur. Parfois elles sont sévères parce qu’il nous réprimande, il réprimande les prêtres, mais cela nous pousse à faire quelque chose…Il est particulièrement nécessaire aux jeunes générations, parce qu’il a vécu une très longue vie et on voit qu’il est croyant, qu’il y a en lui une foi vivante. Je considère que tout homme doit être comme monseigneur, alors le destin du monde changera pour le mieux. 

Interview Svetlana Fokina. 
Traduction Laurence Guillon

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [59]


L'amitié des saints
Est le trésor précieux
Qu'offre la prière
Haïjin Pravoslave


jeudi 22 septembre 2016

Les reliques de saint Luc de Simféropol, archevêque et chirurgien, visiteront plusieurs paroisses orthodoxes russes de Suisse



Les reliques de Saint Luc (Voïno-Yasenetsky) visiteront la cathédrale de l’Exaltation-de-la-Sainte-Croix à Genève le mardi 20 septembre à 16 h, où un office d’intercession sera célébré avant les Vigiles. Ensuite, les reliques visiteront les paroisses Sainte-Barbara de Vevey et de la Sainte-Trinité à Berne  jusqu’au lundi 26 septembre, quand elles se dirigeront vers Zürich. Jeudi 22 septembre  et vendredi 23 septembre les reliques resteront dans la cathédrale de l’Exaltation de la Sainte Croix à Genève, où il sera possible de demander des offices d’intercession. Les reliques seront accompagnées par l’archimandrite Gabriel. Rappelons que saint Luc de Simféropol (1877-1961) fut à la fois un archevêque et chirurgien reconnu par la communauté scientifique. Confesseur sous la période soviétique, il a été canonisé en l’an 2000 par l’Église orthodoxe russe et est un grand thaumaturge. On peut trouver ici la traduction française de l’Acathiste qui lui est dédié.

Père Marc Lavreschouk et Serge Ivanov: pourquoi l'Eglise polonaise est retournée au calendrier julien.



En ce deuxième jour de la nouvelle année liturgique selon le calendrier julien, nous parlons avec le prêtre polonais théologien et doyen du Département de Théologie Orthodoxe de l'Université de Bialystok, Père Marc Lavreschouk pour savoir pourquoi l'Eglise polonaise a pris la décision sans précédent de revenir au calendrier julien, s'il y avait pas de difficultés en ce qui concerne ce passage à "l'ancien style", et l'importance en général de la question du calendrier pour les orthodoxes polonais.

Le 18 Mars, 2014, le Synode des évêques de l'Église orthodoxe polonaise a révoqué la décision synodale du 12 Avril, 1924 relative à l'introduction du "nouveau style" dans l'Eglise, et a décrété un retour à "l'ancien calendrier", c'est-à-dire au calendrier julien.

  
- Père Marc, y a-t-il eu des difficultés à faire passer l'Église orthodoxe polonaise au calendrier julien? Ou bien la réunion hiérarchique en 2014 a -t-elle tout simplement confirmé l'ordre existant dans toutes les paroisses?

Le retour de l'Eglise polonaise au calendrier julien n'a pas apporté de changements dans la vie de la majorité des paroisses. Malgré la détermination adoptée officiellement, qui fait que l'Église de Pologne observait le "nouveau style", la majorité des paroisses et une partie importante des fidèles vivait selon "l'ancien style." Même avant la décision du Synode de revenir au calendrier julien les paroisses de Varsovie-Bielsko, Białostocka-Gdańsk et les diocèses de Przemyśl-Novosseletski, à l'exception de quelques communautés, fonctionnaient  en suivant " l'ancien calendrier". Dans les diocèses de Lublin-Chełm, Wrocław-Szczecin et Łódź-Poznań, la situation était moins homogène. La décision a été acceptée par les conseils de paroisse.

- Y a-t-il des statistiques sur le nombre de paroisses qui ont changé de calendrier?

Les informations statistiques n'ont pas été publiées, et, pour autant que je sache, n'ont pas encore été entièrement traitées. Dans le diocèse de Białostocka-Gdańsk seulement trois ou quatre paroisses vivaient selon le "nouveau style" avant, en dépit du fait que le diocèse a cinquante-sept paroisses. Aujourd'hui, une seule communauté du diocèse a maintenu le "nouveau style" comme cela a été décidé par une assemblée paroissiale.


Père Marc Lavreschouk

- Y avait-il des opposants au calendrier julien dans la sphère orthodoxe?

Beaucoup mentionnent des problèmes dans les diasporas étrangères liées à la préservation du calendrier Julien dans l'Eglise, en particulier dans les grandes villes où les horaires de travail entravent la célébration des fêtes orthodoxes en semaine. Là, les gens ont demandé de ne pas changer pour "l'ancien calendrier", mais de garder le "nouveau".

- L'Eglise polonaise a-t-elle entrepris des efforts antérieurs visant à réintroduire le calendrier julien après 1924, lorsque l'Eglise a officiellement annoncé qu'elle suivrait le "nouveau calendrier?"

-Dans la pratique, la décision de changer de calendrier en 1924 n'a jamais été mise en œuvre dans la plupart des paroisses. Ainsi, dans la période d'après-guerre (après 1945) les paroisses ont organisé leur propre vie liturgique selon les demandes des fidèles. Le Nord-Est entier, où vivent la majorité des orthodoxes, a conservé l'ancien calendrier.

- Y a-t-il eu des accusations selon lesquelles l'Eglise polonaise est trop amicale avec l'Église russe ou trop attachée à Moscou?

- Je ne pense pas que les fidèles aient jamais considéré que le calendrier avait été conçu par Moscou. Dans leur esprit, le "nouveau" ou " l'ancien style" de calendrier n'est lié à aucun emplacement géographique de telle ou telle Eglise locale. Pour les fidèles et le clergé, il est plus important que nous devrions célébrer les fêtes les mêmes jours que dans le Patriarcat de Moscou, l'Église serbe, et dans les monastères du mont Athos. L'argument russophile pour expliquer le passage au calendrier julien est plutôt artificiel que réel.

N'oubliez pas que l'Église orthodoxe polonaise connut la persécution des mains du gouvernement quand elle a reçu son autocéphalie et a .été forcée de prendre la décision de passer au soi-disant "nouveau style". Toujours à cette époque a commencé le travail de traduction des textes liturgiques en polonais. Après la Seconde Guerre mondiale, ces initiatives du gouvernement ne se sont pas poursuivies, et surtout personne n'a contraint l'Eglise à poursuivre le processus de modification du calendrier "nouveau style" ou de changer la langue liturgique. Ainsi, nous devrions examiner cette décision du Synode des évêques comme une décision en soi et non provoquée de l'Eglise, comme d'abord une affirmation des faits existants, et non pas la création d'une nouvelle réalité.

-Pourquoi pensez-vous qu'il y eut cette réaction de ralentir l'introduction du "nouveau style" en Pologne? Il y eut une forte opposition contre le déplacement au "nouveau style" en Grèce aussi, mais la majorité des paroisses l'ont adopté. En Pologne, les paroisses ont simplement ignoré l'innovation. Pourquoi pensez-vous qu'il y eut cette différence?

- Les orthodoxes en Pologne ont éprouvé des difficultés avec leurs voisins hétérodoxes à plusieurs reprises: l'Union de Brest, la confiscation des églises orthodoxes... Les tensions ont augmenté après la partition du pays, où l'orthodoxie en Pologne est devenue identifiée avec le régime tsariste russe.

Au XXe siècle, les gens ont commencé à craindre qu'en 1924 le changement de calendrier ait été conçu pour conduire, non sans réfléchir, à une "nouvelle union" ou, pour le dire d'une autre manière, à l'absorption des communautés orthodoxes par l'Église catholique romaine.

* * *

Note historique:
Dans le Royaume de Pologne-Lituanie de 1569 jusqu'à la première division du pays en 1772 l'Eglise catholique romaine était la plus nombreuse, même si elle ne comprenait que la moitié de la population. Il n'a jamais été un pays catholique à cent pour cent, ce que le partage de la Pologne, impliquant les protestants et les orthodoxes de la nation, facilitait indirectement. Dans la Pologne historique intrinsèque, depuis l'époque du Commonwealth polonais-lituanien, la tolérance envers les différentes confessions a aidé les orthodoxes dans les années vingt du siècle précédent.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [58]


Que l'aube qui pointe
Soit l'annonce d'un jour
Aux portes du Ciel
Haïjin Pravoslave


mercredi 21 septembre 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


8/21 septembre 
NATIVITÉ DE LA TRÈS-SAINTE MÈRE DE DIEU

Sts Jean (1957) et Georges (1962), confesseurs (Géorgie)
Lectures : Philip. II, 5-11 ; Lc. X, 38-42 ; XI, 27-28

LA NATIVITÉ DE LA TRÈS-SAINTE MÈRE DE DIEU

Notre Dieu créa l'homme et le plaça dans le Paradis pour qu'il ne se préoccupe que de cultiver le bien et de contempler Dieu seul par ses œuvres. Mais, par la jalousie du diable, qui séduisit Eve, la première femme, Adam tomba dans le péché et fut exclu du Paradis de délices. Par la suite, Dieu donna Sa Loi aux hommes par Moïse et fit connaître Ses volontés par les Prophètes, en préparation d'un bienfait plus grand: l'Incarnation de Son Fils unique, le Verbe de Dieu, qui devait nous délivrer des filets du Mauvais. En assumant notre nature, le Christ voulait participer pleinement à notre condition déchue, hormis le péché: car Lui seul est sans péché, étant Fils de Dieu. C'est pourquoi Dieu Lui prépara une demeure immaculée, une arche pure, la très Sainte Vierge Marie, qui, bien qu'elle fût elle aussi soumise à la mort et à la condamnation de nos premiers parents, fut élue par Dieu depuis l'origine des âges pour être la nouvelle Ève, la Mère du Christ Sauveur, la source de notre rédemption et le prototype de toute sainteté chrétienne.

Son père s'appelait Joachim. Il descendait de la tribu royale de David par la branche de Nathan, son fils. Nathan engendra Lévi, Lévi engendra Melchi et Panther, Panthère engendra Barpanther, père de Joachim. Anne, l'épouse de Joachim, descendait elle-aussi de la tribu royale; car elle était la petite-fille de Mattha, lui-même petit-fils de David par Salomon. Mattha épousa une certaine Marie de la tribu de Juda, et ils donnèrent naissance à Jacob, le père de Joseph le charpentier et à trois filles: Marie, Sobée et Anne. Marie donna naissance à Salomée la sage-femme; Sobée à Elisabeth, la mère du Précurseur, et Anne à la Mère de Dieu, Marie, qui portait ainsi le nom de sa grand-mère et de sa tante. Elisabeth et Salomée, les nièces d'Anne, étaient donc les cousines de la Mère de Dieu. Selon une divine économie, et pour montrer la stérilité de la nature humaine avant la venue du Christ, Dieu avait laissé Joachim et Anne sans progéniture jusqu'à un âge avancé. Comme Joachim était riche et pieux, il ne cessait de s'adresser à Dieu par la prière et de Lui offrir des présents, pour qu'Il les délivre, lui et son épouse, de leur opprobre. Un jour de fête, alors qu'il s'était présenté au Temple pour déposer son offrande, un des fidèles s'adressa à lui en disant: «Il ne t'est pas permis de présenter ton offrande avec nous, car tu n'as pas d'enfant». Alors, le cœur ulcéré, Joachim ne rentra pas chez lui, mais se retira dans la montagne, seul, pour prier et verser des larmes devant Dieu. Pendant ce temps, Anne versait elle aussi d'abondantes larmes et élevait de ferventes supplications vers le ciel, dans son jardin. Notre Dieu, riche en miséricorde et plein de compassion, entendit leurs supplications et envoya auprès d'Anne l'Archange Gabriel, l'Ange de la bienveillance de Dieu et l'annonciateur du salut, pour lui annoncer qu'elle allait concevoir et donner naissance à un enfant, malgré son âge, et que l'on parlerait de cette progéniture par toute la terre. Elle répondit, pleine de joie et de surprise: «Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si j'enfante soit un fils, soit une fille, je le consacrerai au Seigneur mon Dieu, pour qu'il Le serve tous les jours de sa vie». Joachim, lui aussi, reçut la visite d'un Ange qui lui ordonna de se mettre en chemin avec Ses troupeaux pour rentrer chez lui et se réjouir avec sa femme et toute leur maison, car Dieu avait décidé de mettre fin à leur opprobre.

Or, neuf mois étant passés, Anne enfanta. Elle demanda à la sage femme: - «Qu'ai-je mis au monde?» Celle-ci répondit: - « Une fille. » Et Anne reprit: - «Elle a été glorifiée en ce jour, mon âme!» Et elle coucha délicatement l'enfant. Les jours de la purification de la mère exigés par la Loi étant accomplis, elle se releva, se lava, donna le sein à son enfant, et lui donna le nom de Marie: le nom qu'avaient attendu confusément les Patriarches, les Justes et les Prophètes, et par lequel Dieu devait réaliser le projet qu'Il tenait caché depuis l'origine du monde.

De jour en jour, l'enfant se fortifiait. Quand elle eut six mois, sa mère la posa à terre, pour voir si elle tiendrait debout. Marie avança alors de sept pas assurés, puis revint se blottir dans le giron de sa mère. Anne la souleva en disant: «Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, tu ne fouleras plus ce sol avant que je ne t'emmène au Temple du Seigneur. » Et elle établit un sanctuaire dans la chambre de l'enfant, où rien de vil ni de souillé par le monde n'entrait. Et elle fit venir des filles d'Hébreux de race pure, pour jouer avec l'enfant. La première année de la petite étant écoulée, Joachim donna un grand festin. Il invita des Prêtres, des scribes et les membres du Conseil, et tout le peuple d'Israël. Joachim présenta aux Prêtres la petite fille, ceux-ci la bénirent en disant: «Dieu de nos pères, bénis cette petite fille et donne lui un nom qui soit nommé éternellement et par toutes les générations. » Et tout le peuple répondit: «Qu'il en soit ainsi, qu'il en soit ainsi! Amen!» Joachim la présenta aussi aux princes des Prêtres. Ceux-ci la bénirent en disant: «Dieu des hauteurs sublimes, abaisse Ton regard sur cette petite fille, et donne lui une bénédiction suprême, une bénédiction à nulle autre pareille!» Sa mère emporta Marie dans le sanctuaire de sa chambre et lui donna le sein, en adressant au Seigneur Dieu cette hymne: «Je veux chanter au Seigneur mon Dieu une hymne, parce qu'Il m'a visitée et qu'Il a écarté de moi l'outrage de mes ennemis. Car le Seigneur m'a donné un fruit de Sa justice, cette justice qui est une et multiple tout ensemble. Qui annoncera maintenant aux fils de Ruben qu'Anne est Mère? Apprenez, apprenez, vous les douze tribus dIsraël, qu'Anne est mère!» Puis elle posa l'enfant dans la chambre du sanctuaire, sortit et alla servir les invités, qui se réjouissaient et louaient le Dieu d’Israël.

Tropaire de la Nativité de la Mère de Dieu, ton 4
Рождество́ Твоé, Богоро́дице Дѣ́во, ра́дость возвѣсти́ всéй вселéннѣй: изъ Тебé бо возсiя́ Со́лнце Пра́вды, Христо́съ Бо́гъ нашъ, и, разруши́въ кля́тву, дадé благословéнiе, и, упразди́въ смéрть, дарова́ на́мъ живо́тъ вѣ́чный.
Ta nativité, Vierge Mère de Dieu, a annoncé la joie à tout l’univers, car de toi s’est levé le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu, qui, en détruisant la malédiction, nous a donné la bénédiction ; en abolissant la mort, Il nous a donné la vie éternelle.



Kondakion de la Nativité de la Mère de Dieu, ton 4

Iоакíмъ и Áнна поношéнiя безча́дства и Ада́мъ и Éѵа отъ тли́ смéртныя свободи́стася, Пречи́стая, во святѣ́мъ рождествѣ́ Твоéмъ. То́ пра́зднуютъ и лю́дiе Твои́, вины́ прегрѣшéнiй изба́вльшеся, внегда́ зва́ти Ти́ : непло́ды ражда́етъ Богоро́дицу и пита́тельницу жи́зни на́шея.
Joachim et Anne ont été délivrés de l’opprobre de la stérilité, et Adam et Ève  de la corruption de la mort, ô Immaculée, en ta sainte nativité ; c’est elle que fête également ton peuple libéré de la condamnation pour ses péchés, en te criant : « La stérile met au monde la Mère de Dieu, la nourricière de notre vie ».

Au lieu de « il est digne en vérité », ton 8

Велича́й, душé моя́,  пресла́вное рождество́ Бо́жiя Ма́тере. 
Чу́жде ма́теремъ дѣ́вство, и стра́нно дѣ́вамъ дѣторождéнiе: на Тебѣ, Богоро́дице, обоя́ устро́ишася. Тѣ́мъ Тя́ вся́ племена́ земна́я непреста́нно велича́емъ.
Magnifie, ô mon âme, la très glorieuse nativité de la Mère de Dieu. 
Étrangère est aux mères la virginité et inconnue des vierges est la maternité. En Toi, Mère de Dieu, l’une et l’autre furent réalisées. C’est pourquoi toutes les tribus de la terre ne cessent de Te magnifier.
AU SUJET DE L’EPÎTRE DE LA FÊTE

Le passage de l’épître aux Philippiens, retenu par l’Église pour toutes les fêtes de la Mère de Dieu, dont celle de la Nativité que nous célébrons aujourd’hui, est celui où il est question en détails de l’incarnation du Christ. C’est en effet la Mère de Dieu qui en fut l’instrument. En outre, cette épître nous appelle à l’humilité qui fut l’ornement par excellence tant de la Mère de Dieu que de son Fils. Nous reproduisons ci-dessous les commentaires de St Justin de Tchélié sur le verset : « « Il s’abaissa plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! » (Phil.II,8)

« Il est descendu dans la mort, dans l’abîme le plus profond de la mort, afin d’en délivrer, en tant qu’homme tout puissant sans péché, le genre humain. En vérité, c’est un abaissement incommensurable pour le Dieu-homme que de descendre dans l’abîme fétide de la mort, là où tant d’être humains se putréfient et se décomposent, là où la fétidité provenant du péché est insoutenable, où le pouvoir cruel des esprits impurs et mauvais est insupportable. « Il fut obéissant jusqu’à la mort ». Obéissant à qui, à quoi ? – A l’amour Divin, et au dessein du salut du monde par la mort sur la Croix du Fils de Dieu. Par Son « obéissance » à Son amour sans limite pour l’homme, à Sa commisération, à Sa miséricorde universelle. La mort est un abaissement pour l’homme à l’image de Dieu, et d’autant plus pour le Dieu-homme sans péché. L’homme, par son amour du péché s’est abaissé jusqu’à la mort, et s’est soumis à la mort. Aimant le péché jusqu’au bout, l’homme ne pouvait se délivrer de la mort, car par ses propres péchés, tels des chaînes que l’on ne peut rompre, il s’est soumis à l’esclavage de la mort. Et les péchés sont la force de la mort. Le Dieu-homme sans péché est réellement mort comme homme, mais la mort ne pouvait Le retenir en son pouvoir, parce qu’il n’y avait pas en Lui de péché – cette seule force, à l’aide de laquelle la mort détient sous son joug les êtres humains. Entré chez celle-ci volontairement, Il l’a détruite depuis l’intérieur par Son absence de péché et Sa justice Divino-humaines, sauvant ainsi le genre humain de la mort. Le Dieu-homme, qui est toute justice, toute lumière, absence de péché, a illuminé même l’instrument de mort le plus honteux – la Croix, et lui a transmis la force miraculeuse et salvatrice de Sa Personne Divino-humaine. Pour cette raison, la Croix n’est pas seulement le signe du salut, mais la force même du salut, « la puissance Divine » (I Cor. I,18) même ».