samedi 9 avril 2016

Archiprêtre Vladimir [Vorobyov]: La vie spirituelle (suite)

 



- Combien de fois devrais-je recevoir la communion?
- Saint Séraphim [de Sarov] a déclaré: " Plus souvent on reçoit la communion, mieux c’est !" Bien sûr, il se réfère à ces chrétiens qui essaient vraiment de vivre une vie chrétienne. Il y a deux règles qui régissent la vie eucharistique.
Une règle dit que si quelqu'un est venu à la synaxe (id est, à l'Eucharistie) et ne reçoit pas les Saints Mystères, qu'il soit excommunié de l'Église (canon apostolique 9: «Tous les fidèles qui vont à l'église et écoutent Écriture, mais ne pas restent dans la prière et à la réception de la Sainte Communion à la fin, sont comme ceux qui génèrent des troubles et méritent l'excommunication de l'Église).
En effet, au cours de la Liturgie, le Christ nous dit: "Prenez, mangez; ceci est mon corps ", et à propos de la Coupe -"Buvez-en tous; ceci est mon sang." Si une personne ne reçoit pas la Communion, alors cela signifie qu'il n'en a pas besoin.
La deuxième règle dit que si une personne, sans raison particulière, n'est pas allée dans l'assemblée eucharistique pendant plus de trois semaines d'affilée, elle est considérée comme s’étant éloignée de l'Église (par exemple, un canon du Concile de Sardique: "Si tout profane, qui reste dans la ville pendant trois dimanches n’est pas venu à un office au cours de ces trois semaines, il sera retiré du contact avec l'Eglise "). Autrement dit, s'il estime qu'il est possible de vivre sans Liturgie et sans Eucharistie, alors quel genre de chrétien est-il?
Un chrétien ne peut vivre sans le Christ. Par conséquent, vous pouvez répondre à la question de la fréquence pour recevoir la communion: au moins une fois toutes les trois semaines. Cette disposition a été supprimée par le peuple russe, en particulier, pour des raisons historiques.
La grande majorité des russes n’ont jamais entendu parler de ces règles. Par exemple, au XIXe siècle, il était courant dans les villes d’aller au temple pour "écouter la liturgie." "Ecouter!" Pas pour recevoir la communion, mais pour "écouter."
Je me souviens dans ma jeunesse, je sortais de l'église Saint-Nicolas-des-Forgerons après un service. À l'époque, l'église avait remplacé le psalmiste. J'ai été approché par un vieil homme intelligent et très gentil, qui m'a demandé: "Dites-moi, s'il vous plaît, le nouveau psalmiste peut-il faire du Tchaïkovski et du Rachmaninov? J'aime aller au temple pour écouter Tchaïkovski. "
Ceci est un exemple très typique. Pourquoi recevoir la communion? Vous pouvez "écouter Rachmaninoff." Les premiers chrétiens pensaient différemment. Le Christ avait la première place pour eux.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Librairie du Monastère de la Transfiguration



Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la parution d'un nouvel ouvrage.
Homélies sur les évangiles des dimanches et jours de fête.

Saint Nicolas Vélimirovitch




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vendredi 8 avril 2016

Archiprêtre Vladimir [Vorobyov]: La vie spirituelle (suite)



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- Est-il nécessaire de rechercher une "profonde repentance" à chaque confession? Même si on se confesse souvent?
- Le mot russe pour "repentance" (покаяние - pokayaniye) est dérivé du nom de Caïn - le premier pécheur, qui a tué son frère Abel. Le mot russe "de окаивать" (okaïvat) signifie " se blâmer."
Le mot grec "metanoia" (en grec. "Μετάνοια", "changement d'esprit", "repenser") a un sens différent. Comme vous vous en rappelez, saint Jean-Baptiste est venu prêcher, ce qui a commencé dans la traduction slave avec le mot "покайтеся" (pokaytecya), ce qui signifie "se repentir..." En grec, cela semblait un peu différent - μετανοετε (Mt.3: 2), qui signifie littéralement "changer l'esprit", "changer l'état d'esprit", "hangement".
Quand une personne se repent vraiment, cela signifie qu'elle a décidé de changer, de "changer de mentalité", à savoir  de "commencer une nouvelle vie." Quand un pécheur vient avec un tel repentir sérieux, sincère, le prêtre sent comme si la grâce passait à travers lui.
Est-il possible de se repentir comme ça tous les mois? Si une personne se repent comme ça tous les mois, cela voudrait dire que chaque fois, elle se détache de Dieu et puis "commence une nouvelle vie." Est-ce possible? Bien sûr que non! Dans l'Église primitive, on croyait que ce genre de repentance n’était possible qu'une fois dans une vie. Ensuite, vous reconnaissez que vous ne pouvez pas vous repentir une seule fois: si l'homme est tombé dans un péché mortel, il peut à nouveau recevoir le sacrement de pénitence - mais il doit changer une fois pour toutes.
Si le pécheur est comme un pendule et a changé pour aller dans un sens, puis dans l'autre, alors ce n’est pas de la repentance. L'âme de l'homme ne peut pas changer ainsi, en avant et puis en arrière. Cela signifie que l'âme est gravement malade et ce n'est pas de la repentance.
Il existe différents types de confession. Le thème "d’introduction à la tradition liturgique" sera le thème du sacrement de pénitence. Lorsque l'on accomplit le sacrement de pénitence pour la première fois, si une personne a été baptisée, mais n’est pas allée à l'église, puis a renoué avec sa foi, et pour la première fois revient à la confession, ce genre de confession est parfois appelé "général". Le meilleur moyen pour ce genre de confession est donné dans l’Eucologe (Treknik): "second baptême." Une confession générale est faite quand il est clair qu'une personne commence vraiment une nouvelle vie.
Que pouvons-nous dire au sujet de la confession chaque semaine ou même chaque jour? Les anciens moines allaient dans le désert, et, au début, dans les temps anciens, vivaient seuls. Il y avait des cellules ou des grottes. Même aujourd'hui, si vous êtes allés en Israël, en Turquie, ou en Egypte, vous pouvez avoir vu ces monastères rupestres.
Chaque moine avait son Abba - père spirituel. Dans les temps anciens, il n'y avait pas d’appel sacerdotal. On croyait que le monachisme était incompatible avec le sacerdoce. Les fidèles croyaient que les prêtres étaient au service du peuple et étaient parmi eux, tandis que les moines fuiyaient le monde.
Les moines apprenaient la vie spirituelle de leur Abba. Chaque jour, il lui révélait ses pensées: "Abba, aujourd'hui un démon a mis telles et telles pensées dans ma tête. Je me suis assis dans le jugement et la colère est venue dans mon âme. "
Ceci n'est pas un changement radical dans sa vie. Il est dans sa lutte avec la tentation et avec ses passions -et la révélation des pensées et les réponses des startsy sont une école de croissance spirituelle.
Cette sorte de confession est très utile, mais ce n’était pas le sacrement de pénitence. Même si nous ne vivons pas dans le désert, tous les soirs quand nous prions Dieu, nous pouvons nous souvenir de nos péchés et Lui demander pardon devant une icône. De même, nous pouvons nous confesser à un prêtre chaque semaine.
Pour diverses raisons historiques, ces deux approches de la confession ont été combinées. Souvent, le sacrement de la pénitence n'a pas été effectué. Au premier siècle, des prières de repentance étaient récitées avant l'Eucharistie, mais ce n’était pas considéré comme un sacrement. Il n'y a jamais eu un nombre suffisant de temples en Russie. Au début, ils étaient seulement dans les villes. les gens recevaient rarement la communion - le plus souvent une fois par an. Une véritable confession était nécessaire avant la communion.
Puis, quand le soi-disant "renouveau eucharistique" a eu lieu et que les gens des villes ont reçu la communion plus souvent, la question s’est posée: Que faisons-nous avec la confession avant chaque communion? A l'étranger, par exemple, en Grèce, vous pouvez souvent recevoir la communion sans confession et vous avez besoin de vous confesser à votre père spirituel, quand il y a besoin de le faire.
Nous ne pouvons pas suivre cette pratique, parce que, si vous annulez les confessions obligatoires avant la communion, alors on ne sait pas qui va venir participer au sacrement.
Cependant, les fidèles réguliers, dont nous savons qu’ils connaissent la vie de l'Eglise et qui se rendront compte que l'on ne peut recevoir la communion avec de graves péchés non confessés, peuvent recevoir la bénédiction de participer à la communion par la hiérarchie de l'Eglise - ou, dans le cas d'un petit péché – avec une très brève confession, qui n’est pas, et ne doit pas être un "nouveau départ." *
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravmir
* Le Père Vladimir donne ici une pratique qui est celle de son Eglise. Il en est d'autres.

Librairie du monastère de la Transfiguration

Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la parution de quatre nouveaux ouvrages.


Le Grand Carême.




Nouvelle édition revue et augmentée des extraits de la Genèse lus pendant le grand carême, avec leurs commentaires par Saint Jean Chrysostome.



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Saint Jean de Changhaï et son temps

Bernard Le Caro





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SOLIDARITE KOSOVO

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Inauguration de la bibliothèque chrétienne de l’école de Gracanica
Les cinq cents élèves de l’école primaire de Gracanica disposent désormais d’une bibliothèque catéchétique. Construite et aménagée par Solidarité Kosovo, elle profitera aux cours de catéchèse dispensés dans cette école primaire.
La bibliothèque chrétienne construite et aménagée par Solidarité Kosovo.
Au centre Arnaud Gouillon, Directeur de Solidarité Kosovo entouré des directeurs de l'établissement ainsi que du père Serdjan à droite.

Un regain d’intérêt pour les cours de catéchèse 

Depuis la loi Ferry de 1882, « l'instruction morale et civique » a remplacé l'enseignement du catéchisme dans les établissements scolaires publics français. Dans les enclaves serbes du Kosovo, l’éducation de la foi continue traditionnellement de s’exercer à l’école primaire. Bien qu’ils soient mis en concurrence avec le module d’enseignement civique, les cours de catéchèse sont choisis par plus de huit élèves sur dix. Une tendance qui prouve, s'il en était encore besoin, un attachement fort à la religion et à la culture chrétienne. Un succès indéniable auquel les écoles ont néanmoins du mal à répondre.
Les élèves du cours de catéchèse
 
« Nous mobilisons tous les acteurs religieux volontaires pour venir dispenser les cours de catéchèse. Il s’agit notamment de professeurs en théologie, de prêtes des paroisses environnantes et aussi des moines qui nous font l’honneur de s’engager à nos côtés dans une démarche pédagogique » explique le directeur de l’école de Gracanica. « En revanche, ce qu’il nous manque ce sont des outils pédagogiques élémentaires et indispensables : des livres ». Si la littérature religieuse est difficile à se procurer, c’est par faute de moyens financiers mais pas seulement comme le souligne le père Bojan, ancien correspondant humanitaire de Solidarité Kosovo devenu prêtre et enseignant volontaire de catéchèse. « Il n’existe pas de librairie religieuse chrétienne au Kosovo. Nous ne pouvons pas acheter de livres adaptés à nos besoins. Même la Bible se fait rare au Kosovo ! »

Le prêtre qui enseigne la catéchèse distribue à chacun de ses élèves un exemplaire de la Bible

Transmettre la foi et dépasser les obstacles pratiques

Sollicitée par le corps enseignant religieux de Gracanica, Solidarité Kosovo s’est engagée à réunir un matériel d’enseignement religieux pour que l’éducation de la foi chrétienne puisse être dispensée au Kosovo. En deux mois, grâce au travail remarquable d’un ébéniste serbe, une bibliothèque sur-mesure a été construite au sein de l’école primaire de Gracanica dans une salle tout particulièrement réservée aux cours de catéchèse. Flambant neuve, la bibliothèque catéchétique est parée de livres religieux tout droit venus de Serbie centrale.





                                                    La bibliothèque chrétienne parée de livres
« La famille est la première mais non pas l'unique ni l'exclusive communauté éducative. La paroisse et l’école sont des partenaires dans l’éducation religieuse des enfants et des jeunes. Grâce à cette bibliothèque catéchétique, les enseignants pourront assumer pleinement leur rôle» a déclaré Arnaud Gouillon, directeur de Solidarité Kosovo, dans son discours inaugural.

Transmettre la foi chrétienne à l’ère de la sécularisation et dans une société parfois hostile, tel est le double défi du catéchisme au Kosovo. Grâce à ces nouvelles conditions matérielles, l’enseignement religieux aura pu dépasser les obstacles pratiques pour s’en remettre à la communauté éducative chrétienne, toute entière mobilisée dans cette œuvre.
L'équipe de "Solidarité Kosovo"

PS : les personnes souhaitant nous aider peuvent contribuer au développement de nos activités en nous faisant un don. Par chèque à l’ordre de « Solidarité Kosovo », BP 1777, 38220 Vizille ou par Internet en cliquant sur paypal :


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PS2 :« Solidarité Kosovo » étant reconnu d’intérêt général, chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66% du montant du don. A titre d'exemple, un don de 100 € vous permet de déduire 66 € sur la somme de vos impôts à payer. Ainsi votre don ne vous coûte en réalité que 34 €.

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jeudi 7 avril 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



25 mars /7 avril
ANNONCIATION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

Saint Tykhon, patriarche de Moscou et de toute la Russie (1925) ; Saint Sabbas le nouveau, de Kalymnos (1948) ; Saint Justin de Tchélié (1979).

Vêpres avec Liturgie de St Jean Chrysostome

Lectures: Hébr. II, 11-18 ;  Lc. I, 24-38 

L’ANNONCIATION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU[1]

R
acine et principe de toutes les autres fêtes du Seigneur, par lesquelles nous commémorons chaque année notre Rédemption, cette fête de l’Annonciation doit toujours être célébrée à la même date, car, selon une ancienne tradition, c’est au mois de mars que le monde fut créé par Dieu et c’est le 25 mars précisément qu’Adam, trompé par la promesse du serpent et voulant se faire dieu, transgressa le commandement divin et fut exilé du Paradis. Il convenait donc que la guérison de notre nature s’accomplisse, telle une seconde création, par les mêmes moyens et en ces mêmes jours qui ont été ceux de notre chute. Et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par la désobéissance d’Ève, au printemps du monde, il convenait qu’il en fût délivré au mois de mars par l’obéissance de la Vierge. Après notre chute, Dieu, prenant patience dans sa miséricorde infinie, avait peu à peu préparé l’humanité, de génération en génération, par des événements heureux et malheureux, à la réalisation du Grand Mystère qu’Il tenait caché avant tous les siècles dans son Conseil trinitaire : l’Incarnation du Verbe. Alors qu’Il savait, bien à l’avance, qu’elle allait être la faute de l’homme et ses tragiques conséquences, c’est en ayant en vue le terme de ce mystère qu’Il avait pourtant créé la nature humaine, afin de s’y préparer une Mère qui, par la beauté de son âme immaculée, relevée de l’ornement de toutes les vertus, attira sur elle les regards du Tout-Puissant et devint la chambre nuptiale du Verbe, le réceptacle de Celui qui contient tout, le Palais du Roi du Ciel et le terme du dessein divin.
Six mois après la conception miraculeuse de celui qui devait être en toutes choses le Précurseur du Sauveur (Lc I, 17), Gabriel, l’Ange de la miséricorde, fut envoyé par le Seigneur à Nazareth en Galilée, auprès de la Vierge Marie qui, au sortir du Temple, avait été fiancée au juste et chaste Joseph, pour qu’il fût le gardien de sa virginité. Surgissant soudain dans la maison sous une apparence humaine, un bâton à la main, l’Ange salua celle qui devait devenir la consolation des larmes d’Ève, en disant : « Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ! » (Lc I, 28). Devant cette étrange apparition, la Vierge toute troublée par ces paroles de l’incorporel se demandait si cette annonce de joie n’était pas, comme pour Ève, une nouvelle tromperie de celui qui sait se transformer en ange de lumière (II CorXI, 14). Mais l’Ange la rassura et lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu, ne t’étonne pas de mon étrange aspect et de ces paroles de joie, alors que, trompée jadis par le serpent, ta nature a été condamnée à la douleur et aux gémissements, car moi, c’est la vraie joie que je suis venu t’annoncer et la délivrance de la malédiction de la première mère (cf. Gn III, 16). Voici que tu concevras et enfanteras un fils, en accomplissement de la prédiction du prophète Isaïe qui disait : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils (Is VII, 14) ! Et tu l’appelleras du nom de Jésus, — ce qui signifie Sauveur — Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut (Lc I, 30). » À ces paroles inouïes, la Vierge s’exclama : « Comment cela serait-il possible, puisque je ne connais point d’homme ? » Elle ne mettait pas là en doute la parole divine par manque de foi, comme Zacharie qui avait été pour cela puni de mutisme (Lc I, 20), mais elle se demandait comment ce mystère pourrait bien se réaliser en elle, sans l’union nuptiale, devenue la loi de la reproduction du genre humain soumis à la corruption. Comprenant ses doutes, l’Ange ne la blâma pas, mais il lui expliqua le mode nouveau de cette naissance : « L’Esprit Saint viendra sur toi, qui a été comblée de grâce en préparation de sa venue, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. » Puis, rappelant qu’Élisabeth, celle qu’on appelait « la stérile », venait de concevoir un fils dans sa vieillesse, il lui montra ainsi que là où Dieu le veut l’ordre de la nature est vaincu, et il lui confirma que par sa venue en elle le Saint-Esprit allait accomplir un miracle plus grand encore que la création du monde. Abaissant les cieux, le Roi de l’univers, Celui qui contient tout, allait s’anéantir lui-même (Phil II, 7) par une ineffable condescendance, afin de demeurer en son sein, de s’y mêler en une union sans confusion à la nature humaine, et de se revêtir de sa chair, teinte en son sang virginal, comme une pourpre royale. Inclinant alors humblement son regard à terre et adhérant de toute sa volonté au dessein divin, la Vierge répondit : Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ! Par ces paroles, elle acceptait — et avec elle la nature humaine tout entière — la venue en elle de la Puissance divine transmise par les paroles de l’Ange. C’est à cet instant même que s’accomplit la conception du Sauveur. Le Fils de Dieu devient Fils de l’Homme : une seule Personne en deux natures. Dieu se revêt de l’humanité et la Vierge devient en toute vérité Mère de Dieu (Théotokos), afin que, grâce à cet échange des propriétés naturelles, les hommes, délivrés de la corruption, puissent devenir fils de Dieu par la grâce. L’accomplissement de ce mystère de l’Incarnation, caché même à la connaissance des anges, ne fut donc pas seulement l’œuvre du Père, dans sa complaisance, du Fils qui descendit des cieux, et de l’Esprit qui recouvrit la Vierge de Son ombre ; mais le Seigneur attendait que celle qu’Il avait choisie entre toutes les femmes y prenne aussi une part active par son acquiescement libre et volontaire, de sorte que la Rédemption du genre humain fût l’œuvre commune de la volonté de Dieu et de la foi de l’homme. Ce fut donc par une libre coopération (synergie) de l’humanité au dessein divin que s’est accompli ce Grand Mystère préparé depuis l’origine du monde, que « Dieu devient homme pour que l’homme soit déifié en Lui », et que la Vierge, Épouse inépousée, est devenue pour notre nature renouvelée la source et la cause de tous les biens. La création entière, soumise jadis à la corruption par la faute de l’homme, était elle aussi dans l’attente de ce « Oui ! » de la Vierge, qui annonçait le début de sa délivrance. C’est pourquoi le ciel et la terre réunis, forment aujourd’hui un chœur de fête avec les fils d’Adam, pour rendre gloire à Dieu en honorant la conception de sa Mère inépousée.

Tropaire de l’Annonciation, ton 4
Дне́сь спасе́нія на́шего глави́зна, ижe отъ вѣ́ка та́инства явле́ніе : Сы́нъ Бо́жій, Сы́нъ Дѣ́вы быва́етъ, и Гавріи́лъ  благода́ть благовѣcтвýeтъ, тѣ́мже и мы́ съ ни́мъ Богopóдицѣ возопіи́мъ : ра́дуйся благода́тная, Го́сподь cъ Тобо́ю.
En ce jour est le principe de notre salut et la manifestation du Mystère éternel ; le Fils de Dieu devient Fils de la Vierge et Gabriel annonce cette grâce. Crions donc avec lui à la Mère de Dieu : Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi !


Kondakion de l’Annonciation, ton 8
Взбра́нной воево́дѣ побѣди́тельная, я́ко изба́вльшеся отъ злы́хъ, благода́́рственная воспису́емъ Tи́́ paби́ Tвои́ Богopóдицe ; но я́ко иму́щая держа́ву непобѣди́мую, отъ вся́кихъ на́съ бѣ́дъ свободи́, да зове́мъ Ти́ : ра́дуйся Невѣ́сто неневѣ́стная.
À toi,  vaillante Stratège, nous offrons l’hymne de victoire. Délivrés des malheurs, nous tes serviteurs  te dédions cette action de grâces, à toi, ô Mère de Dieu, mais puisque tu possèdes la puissance invincible, délivre-nous de tout péril, afin que nous te clamions : réjouis-toi, Épouse inépousée !

Au lieu de « Il est digne en vérité », ton 4
Благовѣству́й земле́ ра́дость велію, xвали́те небecá Бо́жію сла́ву. Я́ко одушевле́нному Бо́жію ківо́ту, да ника́коже ко́снется рука́ скве́рныхъ, устнѣ́ же вѣ́рныхъ Богopóдицѣ немо́лчно, гла́съ а́нгела воспѣва́юще, cъ páдостію да вопію́тъ: ра́дуйся благода́тная, Го́сподь cъ Тобо́ю.
Terre, proclame la bonne nouvelle d’une grande joie ; cieux, louez la gloire de Dieu. Comme à l’Arche vivante de Dieu, que jamais n’y touche une main profane, mais que les lèvres des fidèles ne cessent de moduler à la Mère de Dieu la parole de l’Ange, et que, dans leur transport, ils lui crient : « Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ».



Stichères du Lucernaire* ton 4.
Въ шесты́й мѣ́сяцъ по́сланъ бы́сть арха́нгелъ къ Дѣ́вѣ Чи́стѣй и, ра́доватися Ей прире́къ, благовѣсти́ изъ Нея́ Изба́вителю проити́. Тѣ́мже, пріе́мши цѣлова́ніе, зача́тъ Тя́, Превѣ́чнаго Бо́га, несказа́нно благоволи́вшаго вочеловѣ́читися во спасе́ніе ду́шъ на́шихъ.
Le sixième mois,  l'Archange fut envoyé vers la pure Vierge; lui ayant dit: Réjouis-toi, il lui annonça que d'elle viendrait le Rédempteur. Ayant accueilli cette salutation dans la foi, Dieu d'avant les siècles, elle Te conçut, Toi qui as daigné t'incarner ineffablement pour le salut de nos âmes.


Язы́ка, его́же не вѣ́дяше, услы́ша Богоро́дица: глаго́лаше бо къ Не́й арха́нгелъ благовѣ́щенія глаго́лы; отоню́дуже вѣ́рно, пріи́мше цѣлова́ніе, зача́тъ Тя́ Превѣ́чнаго Бо́га. Тѣ́мже и мы́, ра́дующеся, вопіе́мъ Ти́: изъ Нея́ воплоти́выйся непрело́жно Бо́же, ми́ръ мíрови да́руй, и душа́мъ на́шимъ ве́лію ми́лость.
La Mère de Dieu entendit une langue inconnue lorsque l'Archange prononça les paroles de bonne nouvelle; aussi est-ce dans la foi qu'elle reçut la salutation  et Te conçut, Dieu d'avant les siècles;  et nous aussi, nous Te crions dans la joie: ô Dieu qui sans changement t'es incarné,  donne la paix au monde et à nos âmes la grande miséricorde.


Се́ воззва́ніе ны́нѣ яви́ся на́мъ: па́че сло́ва Бо́гъ человѣ́комъ соединя́ется, арха́нгеловымъ гла́сомъ пре́лесть отгоня́ется. Дѣ́ва бо пріе́млетъ ра́дость, земна́я бы́ша не́бо, мíръ разрѣши́ся пе́рвыя кля́твы. Да ра́дуется тва́рь, и гла́сы да воспое́тъ: Тво́рче и Изба́вителю на́шъ, Го́споди, сла́ва Тебѣ́.
Celui qui vient nous rappeler se révèle à nous maintenant: aux hommes Dieu s'unit, sans qu'on puisse l'expliquer. À la voix de l'Archange, l'erreur est dissipée  et la Vierge reçoit la joie; le ciel descend sur terre et le monde est libéré de l'antique malédiction. Se réjouisse la création, qu'elle chante au Seigneur à pleine voix: Notre Créateur et notre Rédempteur, gloire à Toi.


Гавріи́лъ вели́кій, у́мъ богови́днѣйшій, свѣтоза́рный и спаси́тельный, Свѣ́тъ Трисо́лнечный зри́тъ и пое́тъ съ вы́шними чи́ны боже́ственное и стра́шное пѣ́ніе, мо́литъ дарова́ти душа́мъ на́шимъ ми́ръ и ве́лію ми́лость.
L'archange Gabriel, esprit céleste et lumineux, tout à fait divin par son aspect, contemplant la lumière du triple Soleil qu'il voit en compagnie des armées célestes, s'est présenté devant la Vierge pour annoncer le redoutable mystère de Dieu, auprès Duquel il intercède pour nos âmes.



[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petra (version abrégée).
* Il s’agit des trois premiers stichères.

mercredi 6 avril 2016

Archiprêtre Vladimir [Vorobyov]: La vie spirituelle (suite)

Père Jean [Krestyankine]


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- Avez-vous rencontré d'autres startsy?
Pas une seule fois. Habituellement, vous allez voir un staretz avec des questions qui nécessitent une réponse. Vous venez, par exemple, voir père Jean [Ioann (Krestyankin)], et vous devez attendre (il y avait toujours une file d’attendre pour le voir). Enfin, vous allez vers lui dans sa cellule et... toutes les questions disparaissent instantanément. Tout ce qui était troublant instantanément devient très insignifiant, et le cœur est rempli de grâce.

Les saints startsy sont tous différents. Un staretz, écoute et se tait, en priant Dieu pour vous. Père Jean, était tout le contraire. Il ne donnait pas souvent à ceux qui venaient le voir la chance de dire un seul mot, il parlait rapidement, comme une sorte de mitrailleuse de paroles, et même il haletait un peu. Il parlait, assis sur un canapé tout en faisant quelque chose d'autre, alors que j’étais assis sur un banc.

En l'écoutant, vous réalisez soudainement qu'il répond à toutes vos questions - celles que vous vouliez poser, et même celles que vous ne pensiez pas à poser – et il parle de vos pensées comme s’il disait dans votre âme.

À la fin des années 1980, le gouvernement soviétique s’effondra et l'avenir fut incertain. La hiérarchie de l'Eglise attendait, et le peuple de l'Eglise commença à agir. Il commença à établir des fraternités, et nous avons également décidé de créer notre propre fraternité. 

Cette idée nous est venue le 29 août 1990, pour la fête de l'icône "Non-faite-de-main-d’homme" de notre Seigneur Jésus-Christ, nous avons donc décidé de créer la Fraternité sous le nom du Sauveur Très-Miséricordieux. Nous avions besoin de demander une bénédiction.

Je suis allé chez Père Jean [Krestyankine] et j’ai attendu mon tour. Je suis allé à lui dans sa cellule, et il ne m’a pas laissé dire un mot. 

Il a dit: "Tanya (à son aide de cellule - Tatyana Serguéevna), apporte ici cette icône." Je ne compris rien, mais Tatyana apporta l'image du Sauveur non-faite- de-mains-d’homme, et elle la donna au Père Jean, et le Père Jean la bénit pour moi.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravmir