samedi 5 juillet 2014

Evêque Arsène [Jadanovsky]: Comment vaincre l'acédie

How to Overcome Despondency


L’acédie* [abattement spirituel]naît de diverses sources, principalement de nos maladies physiques. Dans ce cas, l'acédie est supprimée par l'inspiration spirituelle, par les intérêts spirituels. 

L'esprit est prompt, mais la chair est faible, est-il dit dans l'Écriture. Le saint apôtre Paul était assailli par une déficience physique: "ll m'a été donné une écharde dans la chair," dit-il... "pour me souffleter" (II Corinthiens 12:07). Saint Jean Chrysostome comprend "écharde dans la chair" comme signifiant un mal de tête sévère. Cependant, le même apôtre Paul témoigne... "quand je suis faible, c'est alors que je suis fort" (II Cor. 12:10), parce qu'il a été entièrement transporté en servant le Seigneur. Nos infirmités corporelles et l’acédie qui en résulte ne peuvent être surmontées que par la grâce de Dieu qui nous donne force.

L’acédie peut aussi provenir d'une diminution des pouvoirs de l'âme, de la perte de la foi, des chutes morales, de notre péché. L'avocat dans de tels cas consiste à prendre le contrepied,* c'est-à-dire, remplacez l'incrédulité par la ferme croyance dans le Seigneur, changez vos mauvaises manières par de bonnes manières, œuvrez pour devenir moralement renouvelés, spirituellement plein d’énergie et nés de nouveau; repentez-vous et participez aux Saints Mystères du Christ, et vous détruirez l’acédie. 

Pour ce deuxième type d’acédie, peuvent également être visés les cas où elle résulte du deuil, des maladies et des malheurs. Ici aussi, on peut discerner la foi insuffisante dans le Seigneur et dans Sa Providence, et un attachement excessif aux choses terrestres.

Il est encore un autre type d’acédie, celle qui touche les personnes qui sont en difficulté à cause du péché charnel. Là, l’acédie est enracinée, d'une part, dans un état maladif, dans la faiblesse physique, et d'autre part, dans la pusillanimité spirituelle, dans le vide spirituel. Le remède à ce type d’acédie réside en partie dans le renforcement physique de l'organisme. Toutefois, ce type d’acédie est très persistant et peut se transformer en une disposition chronique. C'est sans doute dû au fait que les causes sous-jacentes ont désordonné l'ensemble de notre psyché: elles ternissent la mémoire et affaiblissent la volonté. Pour cette raison, nous devons attirer sur nous-mêmes autant de pouvoir de guérison de Dieu que possible, car Lui seul est capable de restaurer la force spirituelle et physique.

En outre, l’acédie peut aussi être une sorte d'épreuve qui vient à nous alors que nous cheminons vers le Seigneur. Dans la vie spirituelle, ce type d’acédie est assez fréquent. 

Ici, expliquent les saints ascètes, la grâce de Dieu se cache pour un temps, afin de former une personne pour renforcer ses forces spirituelles, et, en même temps, pour l'obliger à chercher le Seigneur avec plus de zèle et pour l'aimer plus ardemment, car en Lui seul est la paix et le bonheur véritable. 

Ce type d’acédie est surmonté par des moyens de guerre interne. Il faut lutter contre l’acédie, la chasser, ne pas succomber à elle; il faut prier, se contraindre, si nécessaire, car l’acédie étouffe tout désir de prière; il faut prier le Seigneur d'éloigner de nous l’acédie: "Par tes saints anges éloigne de moi la démoniaque acédie"(Quatrième prière avant le sommeil de Saint Macaire le Grand). 

Ce type d’acédie affecte les gens qui ne sont pas solidement ancrés dans la vie spirituelle. Cependant, il frappe aussi ceux réputés pour leur expérience spirituelle, quand ils sont saisis par un esprit de vanité et par l'orgueil spirituel - Que Dieu nous en protège !

Dans de tels cas, l’acédie n'est pas tant une forme de test, mais c’est une forme de punition par Dieu, et souvent cette acédie entraîne des conséquences graves: une complète apostasie du Seigneur, le désespoir, et même le suicide. Cependant, dans tous les types d’acédie, notre médecin est le Seigneur, et c'est compréhensible, car le Seigneur est notre réconfort, notre joie, notre contentement et notre consolation.

Il ne faut pas tarder à entrer en guerre contre l’acédie, car la prochaine étape après l’acédie est le désespoir - qui conduit à la perdition. La mélancolie et l’acédie qui nous rendent visite de temps en temps sont des précurseurs de cette mélancolie qui prévaudra dans les derniers temps; comme il est dit dans la Parole de Dieu, il y aura une grande tribulation, telle qu'il n'en était pas depuis le commencement du monde. 

Maintenant imaginez seulement l'état spirituel du peuple des derniers temps!

Version française Claude Lopez-Ginisty 
d'après 
Svete Tikhi [Lumière Joyeuse] 
Blagovestnik, 
San Francisco, Aug-Sept 1997
cité par
et 




NOTES:
*Le concept d’acédie est des plus anciens : Évagre le Pontique au ive siècle, puis Jean Cassien au ve siècle, en tracèrent ainsi les premiers portraits - comme une espèce de « torpeur spirituelle » caractérisant ceux qui, par découragement, ne s'empressent plus à prier Dieu. Ce qui pour autant ne signifie pas simplement le développement d’un abattement léthargique, d’un état de paresse ou de passivité prostrée, teintée de tristesse ; le mal décrit comprend au contraire également, paradoxalement, des états de suractivité, d'agitation, de fébrilité physique et mentale. Ambiguïté du tableau donc, pleinement assumée, qui ne fait que fidèlement refléter, selon Évagre, les contradictions de l'acédie - entrelacement complexe de dynamiques contraires : « l'acédie est un mouvement simultané, de longue durée, de l'irascible et du concupiscible, le premier étant furieux de ce qui est à sa disposition, le dernier languissant après ce qui ne l'est pas ».

L’acédie est donc d’abord un vice monastique. Cassien lie l’acédie à la tristesse qui empêche toute contemplation. Ce vice offre de multiples rejetons : l’oisiveté, la somnolence, l’inquiétude, le vagabondage de l’esprit, la verbosité et la curiosité. L’instrument de lutte contre ce vice est donc le travail manuel. Vice instable, absorbé par la tristesse dans les réflexions théologiques, elle apparaît vite comme obsolète pour Grégoire le Grand, mais les écrits monastiques perpétuent sa présence comme « rébellion du corps aux contraintes auxquelles il est soumis à l’intérieur du monastère » (Pierre Damien). Faiblesse du corps pour les uns, elle est faiblesse de l’esprit pour d’autres comme Bernard de Clairvaux et Adam Scot qui la comprennent comme « une interruption du chemin de perfection sur lequel s’est engagé le moine ». Thomas d’Aquin pose les enjeux de manière efficace en posant la question des causes : l’acédie est à envisager différemment selon que son origine est louable (s’attrister de ses péchés) ou blâmable (convoiter un bien impossible).
Dès le xiiie siècle l’acédie devient un vice commun et non plus spécifiquement monastique. L’acédie laïque est différente de la monastique : oisiveté, indolenceparesse, sont plus visibles et plus blâmables que la tristesse du moine. Les textes pastoraux, sermons d’éducation, prédications, utilisent ce thème aux xive-xve siècles, jusqu’à son entrée dans les textes laïcs où elle est vue en termes de langueur, amertume et ennui : son entrée dans le cercle laïc modifie l’acédie en mélancolie. Paresse chez les moines, mélancolie chez les laïcs : ce vice, considéré comme trop instable, est écarté de la classification à la fin du Moyen Âge3. (Source Wikipedia)

·**le texte utilise l’expression prendre un poil du chien qui vous a mordu, qui fait allusion au remède qui consiste à boire un breuvage alcoolique pour se débarrasser des problèmes liés aux lendemains de beuveries alcooliques !
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vendredi 4 juillet 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: Les livres sur la Prière de Jésus


On Prayer XXII: Books on the Jesus Prayer

"Quoi que vous fassiez, quoi que vous soyez occupés à faire à tout moment donné, jour et nuit, prononcez avec votre bouche ces paroles divines: "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur." 

Ce n'est pas difficile : à la fois en voyage, sur la route, et pendant le travail - si vous coupez du bois de chauffage ou transportez de l'eau, creusez la terre ou cuisez des aliments. Après tout, dans toutes ces choses, seul le corps est à l'œuvre, et l'esprit est sans occupation - alors donnez-lui quelque chose à faire qui soit inhérent et agréable à sa nature immatérielle : Prononcer le nom de Dieu!" Ceci est un extrait du livre Dans les Montagnes du Caucase, qui a été publiée au début du XXe siècle et qui est dédié à la prière de Jésus.


Je tiens à souligner que cette prière doit être apprise, en outre, de préférence avec l'aide d'un père spirituel. Dans l'Église orthodoxe, il y a des maîtres de prière parmi les moines, les pasteurs, et même les laïcs: ce sont des gens qui ont eux-mêmes appris la puissance de la prière par l'expérience. Mais si on ne trouve pas un tel instructeur, et beaucoup se plaignent qu'il est maintenant difficile de trouver des instructeurs pour la prière, on peut se tourner vers des livres tels que Dans les Montagnes du Caucase ou Les Récits du Pèlerin Russe.
Ce dernier, qui a été publié au dix-neuvième siècle et réimprimé plusieurs fois, parle ​​d’une personne qui a décidé d'apprendre la prière incessante. C’était un vagabond qui marchait de ville en ville avec un sac sur ses épaules et un bâton à la main, et qui a appris à prier. Il répétait la prière de Jésus plusieurs milliers de fois par jour.
Il y a aussi la collection classique en cinq volumes des œuvres des Pères de l'Église du quatrième au quatorzième siècle: La Philocalie. Il s'agit d'un très riche trésor d'expérience spirituelle, contenant de nombreuses instructions sur la prière de Jésus et la sobriété ou sur la vigilance mentale. Ceux qui veulent vraiment apprendre à prier, devraient se familiariser avec ces livres.
J'ai également cité un passage du livre Dans les Montagnes du Caucase, car il y a de nombreuses années, quand j'étais adolescent, j'ai eu l'occasion de voyager en Géorgie, dans les montagnes du Caucase près de Soukhoumi. Là, j'ai rencontré des ermites. 
Ils vivaient là, même à l'époque soviétique, loin de la vanité mondaine, dans des grottes, des gorges, et des précipices, et personne ne connaissait leur existence. Ils ont vécu par la prière et transmis un trésor d'expérience de prière de génération en génération. Ce sont des gens qui étaient comme d'un autre monde, qui avaient atteint des sommets spirituels et une profonde paix intérieure. Et tout cela, c’était grâce à la prière de Jésus.
Dieu veuille que, par des instructeurs expérimentés et par les livres des Saints Pères [de l'Église], nous apprenions ce trésor: la pratique incessante de la prière de Jésus!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 3 juillet 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La pratique de la Prière de Jésus

On Prayer XXI: The Practice of the Jesus Prayer

Parlons des aspects pratiques de la prière de Jésus. Certaines personnes se sont donné la tâche de répéter la prière de Jésus au cours de la journée, par exemple, cent, cinq cents ou mille fois. Pour compter combien de fois ils disent la prière, ils utilisent un tchotki [chapelet de laine], qui peut avoir cinquante, cent, ou plus de nœuds. Prononçant la prière dans leur esprit, les gens utilisent un chapelet. Mais si vous venez de commencer le combat ascétique de la prière de Jésus, alors vous devriez faire plus attention à la qualité plutôt qu’à la quantité. 
Il me semble que l'on devrait commencer avec une prononciation très lente à haute voix des paroles de la prière de Jésus, veiller à ce que ce cœur participe à la prière. Vous prononcez: "Seigneur Jésus ... ... Christ ..." - et votre cœur devrait, comme un diapason, répondre à chaque mot. Et ne cherchez pas immédiatement à dire la prière de Jésus un grand nombre de fois. Dites-la dix fois, mais si votre cœur réagit aux paroles de la prière, ce sera suffisant.
L'homme a deux centres spirituels: l'esprit et le cœur. Avec l'esprit est connecté l’activité intellectuelle, l'imagination et les pensées; avec le cœur sont connectées les émotions et les expériences. En disant la prière de Jésus, le centre devrait être le cœur. C'est pourquoi, en priant, vous ne devriez pas essayer de vous représenter quelque chose dans l'esprit (par exemple, Jésus-Christ) mais vous devriez essayer de garder votre attention dans le cœur.
Les anciens écrivains ascétiques de l’Eglise ont développé une technique pour "garder l'esprit dans le cœur", qui fait que la Prière de Jésus est liée à la respiration: lorsque vous inhalez, vous dites: "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu"; et quand vous exhalez: "aie pitié de moi, pécheur." L’attention est, pour ainsi dire, naturellement transférée de la tête au cœur. Je ne pense pas que tout le monde devrait pratiquer la prière de Jésus de cette manière; il suffit de dire les paroles de la prière avec grande attention et respect.
Commencez votre journée par la prière de Jésus. Si au cours de la journée, vous avez une minute de libre, récitez la prière un peu plus de temps; dans la soirée, avant de dormir, répétez-la jusqu'à ce que vous vous endormiez. Si vous apprenez à vous réveiller et à vous endormir avec la prière de Jésus, cela vous donnera un énorme soutien spirituel.
Peu à peu, dans la mesure où votre cœur devient plus sensible aux paroles de cette prière, vous pouvez atteindre le point où elle devient incessante (en outre, le contenu principal de la prière ne sera pas de prononcer les paroles, mais dans le sentiment constant de la présence de Dieu dans votre cœur). Et si vous avez commencé en disant la prière à haute voix, vous pourrez progressivement atteindre le point où vous ne la direz que dans votre cœur, sans la participation de la langue ou des lèvres. Vous verrez comment la prière transformera votre nature humaine et toute votre vie. C'est le pouvoir spécial de la prière de Jésus.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

La guerre des lâches!


Ukraine: l’armée ukrainienne a tiré des obus sur la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Slaviansk pendant la liturgie dominicale

Ukraine: l’armée ukrainienne a tiré des obus sur la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Slaviansk pendant la liturgie dominicale!
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sur Orthodoxie.com: Menaces sur le monastère de Visoki Dečani / et Solidarité Kosovo


l’association Solidarité-Kosovo aide la communauté monastique à construire une muraille qui protégera l’édifice après le départ des forces de la KFOR

L’association Solidarité-Kosovo a entrepris d’aider le monastère de Visoki Dečani à ériger une muraille qui protégera la communauté monastique contre les attaques des extrémistes albanais. Le monastère a déjà fait l’objet d’agressions, auxquelles il a pu échapper grâce aux forces de la KFOR stationnées en permanence. Or celles-ci devraient avoir quitté les lieux à la fin de l’année. Pour cette raison, les moines ont entrepris la construction d’une muraille de trois mètres de haut, qui entourera le monastère et ses terrains, et qui mesurera deux kilomètres et demi.

Source: association Solidarité-Kosovo. Photographie: église du monastère de Visoki Dečani (source: Wikipedia)

Menaces sur le monastère de Visoki Decani : Solidarité Kosovo entreprend la construction d'une muraille

Un monastère est un lieu de silence, de prière et de paix. Le monastère de Visoki Dečani, au Kosovo, fait figure d’exemple particulièrement saisissant. Classé sur la liste du patrimoine de l’UNESCO, ce monastère représente le joyau de la culture chrétienne au Kosovo-Métochie. C’est un lieu de pèlerinage particulièrement prisé des chrétiens de la région. Ils y oublient le temps d’une retraite la défiance, l’hostilité et bien souvent la haine dont ils sont victimes à l’extérieur.

Hélas, cette hostilité n’épargne pas le monastère. Au cours de ces quinze dernières années, Visoki Dečani a été la cible de quatre attaques perpétrées par des extrémistes musulmans dont deux à l’arme de guerre.
Seuls à repousser ces assauts, les soldats italiens de la KFOR, la force armée de l’OTAN, sont postés aux abords du monastère en deux points de contrôle militaire. Ces militaires sont l’unique protection dont le monastère et les moines disposent. Pourtant, il est fort probable que le commandement de l’OTAN annonce leur retrait d’ici la fin de l’année.

Visoki Dečani : chronique d’un drame annoncé ? 

Toutes ces attaques contre le monastère et ses occupants se sont soldées par des dommages matériels et des actes de profanation. Après chaque assaut, les murs du monastère sont systématiquement recouverts du sigle de l’« UCK », autrefois considérée par la communauté internationale comme une organisation terroriste.
Depuis quinze ans, le même scénario est tristement rejoué. C’est ainsi que deux fois par an, une foule compacte se réunit dans la ville voisine du monastère. Scandant des propos clairement antichrétiens, le cortège hostile se dirige vers le monastère avec l’intention claire et évidente d’en découdre avec les moines.
Si la présence des forces internationales n’a pas empêché les quatre dernières attaques, elle en a cependant fortement limité l’impact en maintenant les assaillants à bonne distance du monastère. Qui les dissuadera désormais de renouveler leurs attaques ? Qui les empêchera d’arriver à leur fin - la destruction du monastère ? Qu’adviendra-t-il alors des moines et de la vie monastique?

La destruction du monastère serait dramatique pour tous les Serbes du Kosovo. Ils viennent trouver ici la paix et le réconfort dont ils ont tant besoin en ces temps difficiles.
Si le monastère disparaît, ils n’auront plus d’autre choix que de s’exiler à leur tour, et le Kosovo-Métochie, cette vieille terre chrétienne, ne sera plus.
L’appel de la communauté monastique : un rempart pour Dečani

Le départ annoncé de la KFOR inquiète, à juste titre, la communauté monastique de Dečani . Sans ces soldats, il ne fait nul doute que le monastère serait depuis longtemps ravagé, et les moines contraints de partir — ou pire encore...
C’est pourquoi, pour faire face aux menaces latentes et aux attaques toujours plus violentes qu’ils subissent d’une année à l’autre, les moines ont entamé la construction d’une muraille de protection, dont l’objectif sera de maintenir les agresseurs à distance.
Concrètement, le rempart devra entourer intégralement le monastère et ses terrains sur une circonférence de deux kilomètres et demi. Afin d’être infranchissable, la muraille mesurera trois mètres de haut avec à son sommet des barbelés. D’une résistance à toute épreuve, la largeur de la construction sera de soixante centimètres dont le coeur sera en béton armé ancré solidement dans le sol. Chaque côté sera recouvert de pierres naturelles, taillées par des artisans serbes, afin de ne pas altérer la beauté du lieu.
Course contre la montre pour protéger le monastère
La muraille de Decani représente un chantier colossal, aussi colossal qu’urgent. C’est la raison pour laquelle, les moines ont fait appel à Solidarité Kosovo, première ONG de soutien aux Chrétiens du Kosovo.
Partenaire civil privilégié du diocèse du Kosovo-Métochie, une équipe de Solidarité Kosovo s’est rendue sur place afin de mesurer l’ampleur du chantier et d’échanger avec les moines sur ses conditions de réalisation.
Nul ne doute que cette muraille fut le fruit d’une réflexion douloureuse pour toute la communauté monastique car rien n’est moins évident que d’enfermer ce lieu de paix et de se barricader derrière un mur. Hélas à l’évidence, ce rempart est la seule solution qui soit salutaire pour protéger  cet héritage chrétien séculaire qui risque de disparaître.
Alors que les soldats de la KFOR commence à prendre congés des lieux, les moines du monastère s’affèrent à poursuivre la construction de l’anneau de protection qu’ils espèrent voir les entourer d’ici la fin de l’année.

Face à l’urgence et à la gravité de la situation, Solidarité Kosovo s’est pleinement engagée dans ce chantier humanitaire.

Pour faire face aux menaces latentes auxquels la communauté monastique de Decani est directement exposée, Solidarité Kosovo appelle tous ses donateurs à apposer une pierre à cet «anneau de protection » en effectuant un don :
-    Par chèque : en libellant l’ordre à Solidarité Kosovo puis en l’envoyant à : Solidarité Kosovo - BP 1777 - 38220 Vizille - France
-    Par virement Paypal : rendez-vous sur notre site en cliquant ici et suivez les instructions « Dons en ligne ».
-    Par virement bancaire, contactez-nous : contact@solidarite-kosovo.org

Solidarité Kosovo remercie par avance tout élan de générosité qui sera manifesté pour défendre ces hommes qui ont consacré leur vie à Dieu et à leurs frères et pour leur permettre de répondre encore pleinement à leur vocation.
source:

mercredi 2 juillet 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: Les "propriétés" de la prière de Jésus ?

On Prayer XX: What’s So Good About The Jesus Prayer?

La prière de Jésus possède plusieurs propriétés spéciales. Tout d'abord, elle contient de la Présence du Nom de Dieu en elle.
Nous pensons souvent au Nom de Dieu comme par habitude, sans réfléchir. Nous disons: "Seigneur, je suis fatigué" ou "Dieu soit avec lui, qu'il vienne une autre fois" - en ne pensant absolument pas à la force que le Nom de Dieu possède. Cependant, déjà dans l'Ancien Testament, il a été ordonné: Tu ne prendras point le Nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain (Exode 20:07). Les anciens Juifs se référaient au Nom de Dieu avec le plus grand respect. 
À l'ère suivant la libération de la captivité babylonienne, il était généralement interdit de prononcer le Nom de Dieu. Ce droit était réservé au seul souverain sacrificateur, une fois par an, quand il entrait dans le Saint des Saints, le sanctuaire principal du Temple. Quand nous nous tournons vers le Christ avec la prière de Jésus, notre prononciation du Nom du Christ et sa confession comme Fils de Dieu a une signification complètement différente. Ce Nom doit être prononcé avec le plus grand respect.
Une autre propriété de la prière de Jésus est sa simplicité et son accessibilité. Pour effectuer la prière de Jésus, on n'a pas besoin des livres spécialisés, ni d’un lieu ou d’un temps particulier. C'est son grand avantage sur beaucoup d'autres prières.
Enfin, il y a encore une propriété qui distingue cette prière: en elle nous confessons nos péchés: "Aie pitié de moi, pécheur." Ce point est très important, parce que beaucoup de nos contemporains ne ressentent absolument pas leur état de pécheur. Même à la confession, on entend souvent dire: "Je ne sais pas de quoi me repentir: je vis comme tout le monde; ou encore, Je ne tue pas,"et ainsi de suite. Pendant ce temps, ce sont nos péchés, en règle générale, qui sont les causes de nos grands maux et douleurs. On ne reconnaît pas ses péchés parce que l'on est loin de Dieu, comme dans une pièce sombre, où nous ne voyons pas non plus la poussière ou la saleté; mais lorsque vous ouvrez une fenêtre, vous découvrez que la salle avait besoin depuis longtemps de nettoyage.
L'âme de l'homme, loin de Dieu, est comme une pièce sombre. Mais plus on s’approche de Dieu, plus la lumière est dans l'âme, et la fortement on sent son propre péché. Et cela se produit non pas parce que l'on se compare avec d'autres personnes, mais parce que l'on se tient devant Dieu. Quand nous disons: "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi, pécheur," nous nous mettons en quelque sorte devant la Face du Christ, en comparant notre vie à Sa vie. Et puis nous allons en effet nous sentir pécheurs et nous pouvons, du plus profond de nos cœurs, offrir la repentance.
Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 1 juillet 2014

Apôtres du XXIème siècle



PRAVMIR. 13 février 2014. Avec la bénédiction du métropolite Kirill de Iekaterinbourg et Verkhotourye, le ministère missionnaire diocésain [a montré] l'exposition «Apôtres du XXIe siècle" du 3 au 16 février 2014 dans le centre d'enseignement religieux "de la représentation patriarcale" (Ekaterinbourg, 34 rue Tolmachev ). 
Lors de l'exposition, on [pouvait] voir comment l'orthodoxie se propage dans les Philippines, l'Inde, la Mongolie, le Pakistan, la Thaïlande, le Cambodge, la Côte d'Ivoire, le Kenya et d'autres pays. Les photographies [étaient] accompagnées d'extraits de récits de missionnaires et des nouveaux baptisés. 
L'exposition [montrait] également des publications missionnaires en langues étrangères et des expositions montrant comment le christianisme se reflète dans la culture des peuples non-orthodoxes. 
On [pouvait] entendre le chant des orthodoxes Africains, voir des vidéos de voyages missionnaires, et discuter avec les missionnaires.

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Photos du Diacre George Maximov

lundi 30 juin 2014

Jean-Claude LARCHET: Recension: « Divine liturgie de saint Jacques, Frère du Seigneur en slavon et en français »



Divine liturgie de saint Jacques, Frère du Seigneur en slavon et en français, éditions du Séminaire russe orthodoxe en France, Épinay sur Sénard, 2013, 79 p.
Les éditions du Séminaire russe orthodoxe en France (devenues depuis les éditions Sainte-Geneviève), proposent une édition de la liturgie de saint Jacques en version bilingue slavon-français, avec les rubriques en russe et en français, réalisée par le hiéromoine Alexandre Siniakov.
Il s’agit de l’une des plus anciennes liturgies conservées par l’Église orthodoxe. Elle n’est cependant célébrée que le jour de la fête de saint Jacques, « frère » du Seigneur, le 23 octobre, sur l’île de Zakynthos (Zante), et le dimanche après la Nativité (consacré aux ancêtres du Seigneur, où saint Jacques est de nouveau commémoré aux côtés du prophète David et de saint Joseph) à Jérusalem. L’Église russe a découvert cette liturgie au XXe siècle, grâce à l’Église russe hors frontières qui en a publié une édition en 1938, rééditée par le monastère de Jordanville en 1970, et sur cette base le métropolite Nicodème (Rotov) en a institué l’usage, aux fêtes précédemment mentionnées, dans une paroisse de son diocèse de Saint-Pétersbourg. En Europe, elle est célébrée également le jour de la fête de saint Jacques dans la paroisse russe de Frankfurt (ERHF), ainsi que dans la paroisse russe de Göttingen (PM), laquelle en propose un enregistrement audio intégral sur son site Web. On peut également voir sur YouTube des vidéos des célébrations en grec et en slavon. On peut trouver sur internet le texte grec ici, et le texte slavon ici.
La célébration de cette liturgie pose divers problèmes, car il y a de notables différences d’ordo et de texte entre ses différentes éditions disponibles (outre les éditions en slavon précédemment citées, il existe trois éditions grecques: l’une réalisée en  1886 sur l’île de Zante par l’évêque du lieu Mgr Dionysios Latas  – avec cependant des aménagements divers par rapport au texte des manuscrits que l’on utilisait jusque-là –, une deuxième réalisée par les éditions synodales de l’Église de Grèce en 1952, et une troisième publiée par le séminaire de Holy Cross à Boston en 1988). On ne peut pas par ailleurs se référer de manière absolue à la pratique, car elle ne reflète pas une tradition stable et ininterrompue : la liturgie célébrée sur l'île de Zante a fait l'objet, au cours du temps, de diverses modifications, et celle célébrée à Jérusalem a connu des interruptions plus ou moins longues.
La présente édition adopte une position mixte par rappport aux deux principales éditions existantes : elle suit l’ordre de l’édition de l’Église russe hors frontières, mais propose une traduction des prières à partir de l’édition grecque (on aurait aimé que le P. Alexandre Sinaikov, dont l'introduction reste très sommaire, donne davantage de précisions sur ses références et sur ses choix).
Il est à noter qu’une édition critique a été réalisée par Dom B.-Ch. Mercier et publiée dans le tome 26 de la Patrologia orientalis en 1950. Bien qu’inutilisable pour la pratique, cette édition savante devrait normalement pouvoir servir de référence pour l’élaboration d’une édition commune unifiée et fiable si les orthodoxes qui s’intéressent à ce sujet avaient le désir de collaborer et d’harmoniser leurs pratiques… Malheureusement, ici comme ailleurs, chacun fait sa « petite cuisine » dans son coin, sans indiquer clairement ce qu’il a aménagé, ce qui aboutit finalement à jeter le doute sur les différentes versions…
Le nom de cette liturgie et sa réputation d’ancienneté ne doivent pas laisser croire qu’il s’agirait d’une liturgie, conservée jusqu’à nos jours, composée par saint Jacques ou même célébrée à l’époque de l’apôtre Jacques. Il s’agit de la liturgie qui a été, durant les premiers siècles, en usage dans l’Église de Jérusalem dont l’apôtre Jacques a été le premier évêque, mais qui, selon les spécialistes, semble bien avoir une origine antiochienne (comme les liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile). Elle est assez proche de la liturgie décrite par saint Cyrille de Jérusalem dans sesCatéchèses mystagogiques au IVe siècle, mais elle a subi au siècle suivant, en sa partie centrale, une modification sur le modèle de la prière eucharistique des Pères cappadociens. Le plus ancien manuscrit qui en contient le texte (le Vaticanus graecus 2282) date du IXe siècle. Au témoignage du canoniste Théodore Balsamon (XIIe s.), son usage a été abandonné à Jérusalem au XIIe siècle au profit des liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile.
La liturgie de saint Jacques présente la même structure globale que les autres liturgies. Elle s’en distingue par différents  points dont : l’absence de proscomidie (ce qui implique en principe l’usage d’un pain plat, quadrillé pour faciliter son partage) ; la disposition spatiale particulière des célébrants au début de la liturgie ; la participation, dans une proportion importante, de l’assemblée des fidèles (et non du seul chœur) au dialogue avec les célébrants ; la présence d’une lecture de l’Ancien Testament avant la lecture de l’Evangile, laquelle précède la lecture de l’épître ; le chant de l’alleluia avant et après les différentes lectures; une référence substantielle, dans plusieurs prières, à l’Ancien Testament; la communion au corps et au sang du Christ successivement et non simultanément ; une très longue commémoration des saints à la fin de l’anaphore. Les différentes éditions de la liturgie de saint Jacques l’ont écourtée sur ce dernier point et sur quelques autres, car si elle était célébrée dans son intégralité, elle durerait plus de trois heures.