samedi 8 février 2014

Saint Grégoire de Tours: De la gloire des confesseurs




I. Des vertus des anges. Quand je demeurais dans le pays Arverne (Auvergne), un homme véridique me rapporta une chose que je sais d’ailleurs être vraie. On fait faire pour les moissonneurs une boisson qui se prépare avec des grains infusés et cuits dans l’eau ; c’est cette décoction qu’on appelle ceria [cervoise=bière]. Mais il y en avait trop peu; cet homme craignant le mécontentement de son maître et ne sachant comment donner à boire tout le jour à septante ouvriers qui moissonnaient sur le domaine avec un tonneau qui ne contenait pas plus de cinq muids [1 muid= 280 litres!], invoqua dévotement les noms des saints anges que les Écritures nous font connaître. Chose merveilleuse! on puisa au tonneau jusques à la nuit sans que le liquide manquât aux buveurs.

II. De saint Hilaire, évêque de Poitiers. Il y avait dans le pays de Gévaudan, sur une montagne nommée Helanus, un grand lac [Lac saint Andéol]. Là, à une certaine époque, une multitude de gens de la campagne faisait comme des libations en ce lieu; elle y jetait des linges on des pièces d’étoffe servant aux vêtements des hommes; quelques-uns des toisons de laine; le plus grand nombre y jetait des fromages, des gâteaux de cire et chacun, suivant sa richesse, divers objets qu’il serait trop long d’énumérer. Ils venaient avec des chariots, apportant de quoi boire, et manger, abattaient des animaux, et pendant trois jours se livraient à la bonne chère. Le quatrième jour, au moment de partir, ils étaient assaillis par une tempête accompagnée de tonnerre et d’éclairs immenses, et il descendait du ciel une pluie si forte et une grêle si violente qu’à peine chacun des assistants croyait-il pouvoir échapper. 
Les choses se passaient ainsi tous les ans, et la superstition tenait ferme ce peuple irréfléchi. Après une longue suite de temps, un prêtre qui avait été élevé à l’épiscopat vint de la ville même (Javols) à cet endroit et prêcha la foule afin qu’elle s’abstînt de ces pratiques de peur d’être dévorée par la colère céleste; mais sa prédication ne pénétrait nullement ces rustres épais. Alors, inspiré par la Divinité, le prêtre de Dieu construisit, loin la rive du lac, une église en l’honneur du bienheureux Hilaire de Poitiers, et y plaça des reliques du saint en disant au peuple : "Craignez, mes enfants, craignez de pécher devant le Seigneur; il n’y a rien à vénérer dans cet étang"… Ces hommes touchés au cœur se convertirent et abandonnèrent le lac; ce qu’ils avaient coutume d’y jeter, ils le portèrent à la basilique sainte, et furent ainsi délivrés des liens de l’erreur "

III. De saint Eusèbe, évêque de Verceil. A son tombeau guérissent les possédés. Ma mère plaça des reliques de ce saint dans l’oratoire de sa maison. Il arriva une fois, pendant l’hiver, que dans un joyeux entretien prolongé jusque fort avant dans la nuit, comme elle avait été longtemps assise devant le feu qui était formé d’un grand monceau de bois, elle se leva et ses gens étant déjà couchés, elle se mit sur un lit près du feu. Tout le monde dormait lorsque des étincelles montèrent du foyer jusqu’aux solives du plafond dont l’une se trouva prise et commença à projeter vivement la flamme. Mais cette flamme, par la puissance, je crois, du saint dont les reliques étaient près de là, ne faisait que courir le long des poutres sans les brûler jusqu’à ce que la mère de famille, s’étant éveillée et ayant appelé ses serviteurs, fit verser de l’eau et éteindre cet incendie.

IV. De Gatien, premier évêque de Tours (vers l’an 300). Saint Martin étant venu prier à son tombeau, ils se parlèrent!

V. A Artonne, bourg d'Auvergne, où se trouvait inhumée une sainte femme nommée Vitalina, saint Martin s’entretint de même avec elle. Comme il sortait de ce bourg, les sénateurs de la cité arverne, ceux qui brillaient en ce lieu par des ancêtres de noblesse romaine, apprenant que le saint homme approchait de la ville, sortirent à sa rencontre avec des chevaux, des voitures, des chars, des calèches ; mais lui, monté sur un âne, assis sur la selle la plus grossière, en atteignant au sommet du mont Belénus, d’où l’on voit bien le bourg de Riom se dessiner, les aperçut qui s’approchaient avec cette pompe…, et tirant la bride de son âne en arrière, il se mit à revenir par où il était venu. Il revint auprès de Vitalina. Poisson et vin trouvés miraculeusement un jour qu’on célébrait les vigiles en l’honneur de celle-ci et qu’on faisait un repas auquel Eulalius, archiprêtre du lieu, avait invité les clercs, tandis qu’Edatius, l’autre prêtre, préparait à manger pour la foule des veuves et des pauvres.

VI. Un certain prêtre nommé Léon est saisi de la fièvre et meurt au bout de trois jours pour avoir déplacé, dans l’intention de s’en servir pour son tombeau, une pierre sur laquelle le grand saint Martin s"était assis.

VII. Arbre au territoire de Neuilli (Nobiliacensi pago) pays de Tours, qui avait été déraciné et que saint Martin releva par un signe de croix. Il sert beaucoup aux malades qui prennent de son écorce dissoute dans l’eau. Nous avons nous-même vu cet arbre debout.

VIII. Oratoire du village de Martigni près Tours. Saint Martin y pria souvent. L’abbé Gunthaire, devenu évêque (de Tours, 552-555), forcé par son cheval de s’y arrêter pour prier aussi.

IX. Vertus médicales de l’huile prise à une lampe qui brûlait au tombeau de saint Martin ; d’après le témoignage d’Arédius, prêtre du pays de Limoges.

X. Vertus semblables, d’après le même témoignage, du raisin d’une vigne que le saint avait plantée, et de la cire des cierges mis sur son tombeau.

XI. Sur le territoire du château de Tonnerre qui appartient à la cité de Langres, saint Martin apparaît à un prêtre, boiteux, et le guérit.

XII. Un monastère de saint Martin en Espagne miraculeusement préservé du pillage lors de l’expédition du roi Leuvield contre son fils.

XIII. Un évêque arien ayant comploté avec un de ses adhérents de lui donner quarante sous d’or pour qu’il contrefit l’aveugle, et que lui, évêque, parût faire un miracle en lui rendant la vue, cet homme est frappé d’une véritable et douloureuse cécité.

XIV. Un catholique [id est orthodoxe] prouve contre un hérétique l’existence de la Trinité en tenant dans sa main, sans éprouver aucun mal, une bague d’or rougie, sur des charbons ardents.

XV. Venance enterré près de l’église de Saint-Martin. L’on obtient à son tombeau la guérison de la fièvre.

XVI. Sainte Pappola se fait religieuse dans un couvent d’hommes. On ne découvre qu'elle est femme qu’à sa mort, arrivée trente ans après.

XVII. Un pauvre homme ayant pris pour recouvrir le sépulcre de son fils le couvercle d’un tombeau qu’il avait trouvé dans la campagne caché parmi les ronces et les épines, mais qui se trouvait être celui d’un évêque nommé Bénigne [Apôtre de la Bourgogne], devient sourd, muet, aveugle et paralytique jusqu’à ce qu’il l’ait fait rapporter.

XVIII. Découverte miraculeuse du tombeau des deux vierges Maure et Britte.

XIX. Euphrone, évêque de Tours (556-573), annonce par une inspiration miraculeuse la mort du roi Charibert.

XX. Feu mystique aperçu au moment où Grégoire entrait dans une salle nouvellement consacrée au culte par ses ordres et sur l’autel de laquelle il venait déposer des reliques des saints Saturnin, Martin, Illidius et Julien.

in Livre Septième
traduction de H. Bordier
publié à Paris
1859-1862
(Nous avons quelquefois modernisé l'orthographe 
et précisé certains points du document. C.L.-G.)
*

Haïjin Pravoslave (CCLXXX)


Tu vis dans le temps
Mais ta vocation première
Est l’éternité


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 7 février 2014

Saint Tikhon, Patriarche de Moscou



Vassili (Basile), futur saint Tikhon, naquit le 19 janvier 1865 dans la famille d'un curé de campagne, dans le diocèse de Pskov, en Russie. Dès son enfance, il a manifesté une disposition religieuse particulière, l'amour de l'Eglise, ainsi que de la douceur et une rare humilité. 
Quand Vassili était encore un petit garçon, son père et ses trois fils dormaient dans le grenier à foin. Le père s'est soudainement réveillé. Il avait vu dans un rêve sa mère morte, qui lui annonçait sa mort prochaine, et le sort de ses trois fils. L'un d'eux serait malheureux tout au long de sa vie, un autre mourrait jeune, tandis que le troisième, Vasily, serait un grand homme. La prophétie s'est réalisée pour les trois frères.
Vasily alla étudier au Séminaire théologique de Pskov. Le séminariste modeste était tendre et affectueux par nature. Ses condisciples l'aimaient et le respectaient pour sa piété, ses brillants progrès dans les études, et toujours prêts à aider ses camarades qui, souvent, se tournaient vers lui pour obtenir des explications de cours, en particulier pour l'aide à l'élaboration et la correction de nombreuses compositions. Vasily était surnommé "l'évêque" et " le Patriarche" par ses camarades de classe.
En 1888, à l'âge de 23 ans, Vassili fut diplômé de l'Académie théologique de Saint-Pétersbourg et il retourna au séminaire de Pskov en tant qu'instructeur de morale et de théologie dogmatique. L'ensemble du séminaire et de la ville de Pskov l'aimaient beaucoup. Il mènait une vie austère et chaste, et en 1891, quand il eut 26 ans, il fut tonsuré moine. 
Presque toute la ville était rassemblée pour l'office de la tonsure. Il se lança dans ce nouveau mode de vie consciemment et délibérément, désireux de se consacrer entièrement au service de l'Église. On donna à ce jeune homme doux et humble le nom de Tikhon en l'honneur de Saint Tikhon de Zadonsk. 
Il fut transféré au Séminaire Théologique de Kholm en 1892, et élevé au rang d'archimandrite. L'archimandrite Tikhon fut consacré évêque de Lublin le 19 octobre 1897, et il revint à Kholm pendant un an en tant qu'évêque vicaire du diocèse de Kholm (la région, connue sous le nom Kholmskaia Rus', fait maintenant partie de la Pologne). L'évêque Tikhon consacra avec zèle son énergie à la création du nouveau vicariat.


Le 14 Septembre 1898, l'évêque Tikhon fut nommé évêque des îles Aléoutiennes et de l'Alaska. En tant que chef de l'Eglise orthodoxe en Amérique, au moment où toutes les paroisses orthodoxes en Amérique du Nord faisaient partie de l'Eglise de Russie, l'évêque Tikhon fut un travailleur zélé dans la vigne du Seigneur. Il fit beaucoup pour promouvoir l'Orthodoxie et améliorer son vaste diocèse. Il réorganisa la structure diocésaine et changea, avec la bénédiction du Saint-Synode de retour en Russie, son nom de "diocèse des Aléoutiennes et de l'Alaska" en "Diocèse des Aléoutiennes et d'Amérique du Nord". Le clergé et les laïcs aimaient leur archipasteur, et le tenaient en si haute estime que l'archevêque Tikhon obtint la citoyenneté d'honneur des États-Unis.


Les adieux du futur Patriarche Tikhon à l'Amérique

Le 22 mai 1901, il bénit la première pierre de la cathédrale Saint-Nicolas à New York, et participa également à la création d'autres églises. Le 9 Novembre 1902, il consacra l'église de Saint-Nicolas à Brooklyn pour les immigrés syriens orthodoxes. Deux semaines plus tard, il consacra la cathédrale Saint-Nicolas à New York .
Cathédrale saint-Nicolas de New York

En 1905, la mission américaine devint un archidiocèse, et saint Tikhon fut élevé au rang d'archevêque. Il avait deux évêques vicaires : Mgr Innocent (Pustynsky) en Alaska, et saint Raphaël (Hawaweeny) à Brooklyn pour l'aider dans l'administration de son grand diocèse, ethniquement divers. 
En Juin 1905, saint Tikhon donna sa bénédiction à la création du monastère de Saint Tikhon. En 1907, il retourna en Russie, et fut nommé à Yaroslavl, où il a gagna rapidement l'affection de son troupeau. 
Il parlait simplement à ses subordonnés, n'ayant jamais recours à un ton péremptoire ou autoritaire. Lorsque saint Tikhon a été transféré en Lituanie en 1913, les habitants de Yaroslavl votèrent pour en faire un citoyen d'honneur de leur ville. 
Après son transfert à Vilno, il fit beaucoup en termes de soutien matériel pour diverses institutions de bienfaisance: son âme généreuse et l'amour des gens se manifestèrent clairement. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, il ne ménagea aucun effort pour aider les habitants pauvres de la région de Vilno qui étaient laissés sans toit au-dessus de leurs têtes et sans moyens de subsistance à la suite de la guerre. 
Le 21 Juin 1917, le Congrès du clergé diocésain de Moscou et les laïcs l'élurent leur hiérarque. Pour la fête de la Dormition, en 1917, un Concile local de l'Église russe s'ouvrit à Moscou, et l'archevêque Tikhon fut élevé à la dignité de métropolite. Le concile avait pour but de restaurer la vie de l'Eglise orthodoxe russe sur des principes strictement canoniques, et son principal souci était la restauration du Patriarcat. Tous les membres du concile devraient choisir trois candidats, et ensuite un tirage au sort révélerait la volonté de Dieu. 
Le 5 Novembre, après la Divine Liturgie et un Moleben dans la cathédrale du Christ Sauveur, le staretz Alekis de l'Ermitage de Zosimova enlevà l'un des trois bulletins de vote de la boîte de scrutin, qui se tenait devant l'Icône Vladimir de la Mère de Dieu, et annonça le Métropolite Tikhon comme nouveau Patriarche. 

Saint Tikhon ne changea pas après être devenu Primat de l'Eglise orthodoxe russe - de loin la plus grande église orthodoxe dans le monde. En acceptant la volonté du concile, le Patriarche Tikhon fit allusion au rouleau que le prophète Ezéchiel devait manger, sur lequel était écrit: "Lamentations, deuil, et malheur ". 
Il prévoyait que son ministère serait rempli d' affliction et de larmes.
*
Le caractère doux de saint Tikhon ne l'empêcha cependant pas de montrer de la fermeté en ce qui concerne l'Église, en particulier quand il avait à défendre l'Eglise contre ses ennemis. Il porta une très lourde croix. Dans la Russie révolutionnaire, il devait diriger l'Église au milieu de la désorganisation totale de l'église, dans des conditions de schismes internes et de bouleversements de divers modernistes.

La situation fut compliquée par des circonstances extérieures: le changement du système politique, par l'accession au pouvoir du régime athée, par la famine, et la guerre civile. Ce fut un temps où la propriété de l'Église fut confisquée, où le clergé fut soumis à des persécutions, et où l'Église du Christ subit la répression. L'autorité morale et religieuse exceptionnellement haute du Patriarche l'aida à unir le troupeau dispersé et affaibli. À un moment crucial pour l'Eglise, son nom sans tache était un phare lumineux indiquant la voie de la vérité de l'Orthodoxie. Dans ses messages, il appela les gens à accomplir les commandements du Christ, et à parvenir à la renaissance spirituelle par la repentance. Sa vie irréprochable était un exemple pour tous.

Pour sa défense farouche de l'Eglise, le Patriarche Tikhon fut emprisonné d'avril 1922 à juin 1923.

Sa Sainteté le Patriarche Tikhon a fait beaucoup pour le compte de l'Eglise orthodoxe russe au cours de la période cruciale du soi-disant schisme rénovationiste. Il se montra fidèle serviteur et gardien des préceptes immuables de la véritable Église orthodoxe. Il était l'incarnation vivante de l'Orthodoxie, qui était inconsciemment reconnu même par les ennemis de l'Eglise, qui appela ses membres "Tikhonites."

Il fut extrêmement douloureux et difficile pour le cœur aimant et sensible du Patriarche de supporter tous les malheurs de l'Église. Les bouleversements dans et en dehors de l'Eglise, le schisme rénovationiste, ses travaux de primat, sa préoccupation pour l'organisation et la tranquillité de la vie ecclésiale, les nuits sans sommeil et les lourdes pensées, sa détention qui dura plus d'un an, le harcèlement rancunier et méchant de ses ennemis, et la critique implacable parfois même de l'Eglise orthodoxe, se combinèrent saper sa force et sa santé.

En 1924, le Patriarche Tikhon commença à se sentir mal. Il entra à l'hôpital, mais il le quittait les dimanches et jours de fête pour servir [la Divine Liturgie]. Le soir de la fête de l'Annonciation, le 25 mars/7 avril 1925, le Patriarche a dormit un peu, puis il se réveilla et demandé quelle heure il était. Quand on lui dit qu'il était 23h 45, il fit le signe de la croix à deux reprises et dit: "Gloire à Toi, Seigneur, gloire à Toi." Il n'eut pas le temps de se signer pour la troisième fois.

Près d'un million de gens vinrent dire adieu au Patriarche. La grande cathédrale du monastère Donskoï à Moscou ne pouvait contenir la foule qui débordait de la propriété du monastère sur la place et les rues adjacentes. En Octobre 1989, le Conseil des évêques de l'Eglise orthodoxe russe glorifia le Patriarche Tikhon et le compta parmi les saints.

Peut-être que les propres paroles du saint peuvent mieux résumer sa vie: "Que Dieu enseigne à chacun de nous de lutter pour Sa vérité, et pour le bien de la Sainte Église, plutôt que pour quelque chose qui concerne notre propre bien."

Saint Patriarche Tikhon, prie Dieu pour nous!

*

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Saint Nicholas Orthodox Church
Bulletin
13 March 2011

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Livre de Saint Théophane le Reclus aux Editions des Syrtes

Communication de l'Editeur!

266 pages - 21 
Vient de paraître



Saint Théophane le Reclus, Lettres de direction spirituelle

Les Lettres, aujourd’hui traduites en français, sont le fruit d’un échange épistolaire entre Saint Théophane et Anastassia Ivanov­na Kougoutcheva, jeune femme de la haute société russe, qui, prise dans le tourbillon de la vie mondaine pétersbourgeoise du xixesiècle, est rongée par des doutes et des interrogations sur celle-ci : « Je suis convaincue que ce n’est pas là la vie. Du mouvement, il y en a beaucoup, mais de vie, point… »

L’idée qui domine est que la vie présente n’est pas un but en soi mais une préparation de la vie à venir, conforme à la volonté de Dieu, sorte d’antichambre de la vie éternelle.

Le lecteur suit « sur le vif », lettre après lettre, la pédagogie tou­jours circonstanciée adoptée par le saint homme pour former l’â­me d’une jeune femme qui éprouve des difficultés somme toute assez proches de celles d’un fidèle contemporain. De cette intro­duction à la vie spirituelle, il pourra tirer des réponses, toujours actuelles, à une question essentielle : comment agir au quotidien dans une société indifférente, voire hostile à ce qui concerne le monde spirituel ?



Ce livre sera présenté le jeudi 13 mars à 19h30

par Bernard Le Caro

au 91, rue Lecourbe, 75015 Paris.




Haïjin Pravoslave (CCLXXIX)


Ta vie est fleur
Qui pourra devenir fruit
Au soleil de Grâce


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 6 février 2014

Lecture de l'Evangile


Question: Pourquoi entendons-nous seulement les mêmes parties de l'Évangile chaque année ?

Réponse: La Sainte Eglise, dans sa sagesse, a sélectionné les passages les plus importants de l'Evangile et prescrit qu'ils soient lus le dimanche. Mais cela ne signifie pas que le reste de l'Évangile soit négligé. 
Si les parties les plus importantes de l'Evangile sont lues le dimanche pendant toute l'année, le reste de l'Evangile est divisé en lectures qui sont données à lire tout au long de l'année. 
La plupart des calendriers de l'Église ont des lectures spécifiques indiquées pour chaque jour de l'année. 
Si une Divine Liturgie est célébrée un jour de semaine, si ce n'est pas une grande fête (quand la portion journalière n'est pas lue), on entend la lecture prévue pour ce jour particulier. De cette façon, tout l'Évangile est lu une fois au cours de l'année, et il est lu dans son intégralité à nouveau pendant les jours du Grand Carême. Par conséquent, nous n'avons pas entendu d'autres Évangiles seulement parce que nous n'allons pas à l'église les jours de semaine.

Voici les grandes lignes du lectionnaire de l'Evangile :
1 . L'Evangile de Saint Jean - lu de Pâques jusques au dimanche de la Pentecôte.
2 . L'Evangile de Saint Matthieu - divisé sur dix-sept semaines à compter du lundi de l'Esprit Saint (le lendemain de la Pentecôte). A partir de la douzième semaine, il est lu le samedi et le dimanche alors que l'Evangile de Saint Marc est lu tous les jours de la semaine restants.
3 . L'Evangile de Saint Luc - divisé entre dix-neuf semaines à compter du lundi qui suit l'élévation de la Sainte Croix. A partir de la treizième semaine, il est en lecture seulement les samedis et dimanches, alors que l'Evangile de Saint Marc est lu tous les jours de la semaine restants
4 . L'Evangile de Saint Marc - lu au cours de la période du Carême, le samedi et le dimanche - à l'exception du Dimanche de l'Orthodoxie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Sur Parlons d'Orthodoxie: Constantinople et Moscou après la révolution bolchévique...

Les relations entre le Saint patriarche  Tikhon et le patriarcat de Constantinople


Nos lecteurs seront surpris d’apprendre que Constantinople a collaboré avec le régime soviétique dès son instauration, quitte à sacrifier le saint patriarche Tikhon. Les relations entre les deux patriarcats sont jusqu’à présent restées difficiles. 


*** Par Dimitri Safonov Le patriarche Tikhon a dû, en juin 1924, faire face à des dangers suscités par la politique du patriarcat de Constantinople. Le patriarche de Constantinople est traditionnellement considéré comme étant le primus inter pares. Il n’en découle cependant pas qu’il dispose de droits particuliers en ce qui concerne les Eglises orthodoxes locales. Au début des années 1920 la politique conduite par les patriarches de Constantinople a changé du tout au tout s’écartant de plus en plus de la tradition orthodoxe. Cela s’est manifesté d’une manière évidente sous le règne du patriarche Meletios IV (Metaxakis), 1921-1924. Son objectif était d’introduire des changements radicaux, similaires à ceux que préconisaient les « rénovationnistes » en Russie soviétique dans la vie de l’Eglise.. Meletios IV s’ingérait d’une manière brutale dans la juridiction du patriarcat de Moscou. En violation des canons il octroya l’autocéphalie à des parties constituantes de l’Eglise russe se situant en Finlande, en Pologne et en Estonie. [En mai-juillet 1923 le patriarche Meletios a réuni à Constantinople son « Concile panorthodoxe ». A peine une dizaine de personnes y assistaient. Aucune d’entre eux ne représentait d’une manière officielle quelque patriarcat que ce soit. « Le Concile » introduisit le calendrier grégorien et abrogea le calendrier julien. Il y fut décidé d’amender le calendrier pascal établi d’une manière immuable par une décision du Premier Concile œcuménique. Les clercs se virent autorisé à arborer une coupe de cheveux, le port obligatoire de la soutane passa aux oubliettes, les mariages non canoniques autorisés ainsi que le deuxième mariage des prêtres. Le « Concile » a par ces décisions enfreint l’ordre et l’unité qui prévalaient au sein des Eglises autocéphales. Le renforcement en Russie de l’église rénovationniste dite « vivante » a grandement contribué au succès de la politique conduite par Meletios. Les réformes modernistes des rénovationnistes étaient similaires à tout ce que préconisait Meletios. Lorsqu’il devint patriarche d’Alexandrie (1926) le synode de « l’église vivante » écrivit à Meletios : « Notre saint synode vous adresse ses vœux les plus sincères et se souvient avec reconnaissance du soutien moral que Votre Béatitude nous a accordé lorsque vous étiez patriarche de Constantinople nous reconnaissant en tant que seul et unique organe dirigeant légitime de l’Eglise orthodoxe russe ». Les successeurs de Meletios, Grégoire VII et Constantin VI, restèrent en communion avec « l’église vivante » Grégoire VII alla jusqu’à appeler le patriarche Tikhon à abdiquer. Ce patriarche insistait auprès des archevêques russes Anastase et Alexandre séjournant alors à Constantinople pour qu’ils cessent d’intervenir contre le pouvoir des soviets en Russie et de commémorer le patriarche Tikhon. Il les exhortait à reconnaître la légitimité du pouvoir bolchevik. N’ayant pas été suivi il ordonna une enquête, puis interdit les deux archevêques a divinis. Grégoire VII s’adressa au patriarche Dimitri de Serbie le priant d’interdire le Synode des évêques russes à Sremski Karlovici. Il se heurta à un refus du patriarche serbe. En été 1924 le synode rénovationniste dit « Evdokimov » soutenu par la GPU faisait courir la rumeur que le patriarche de Constantinople avait démis le patriarche Tikhon et l’avait même interdit a divinis (Izvestia, N° 124, 1 juin 1924). La GPU souhaitait faire valoir le prestige dont bénéficiait le patriarche de Constantinople pour renforcer les rénovationnistes et en faire le foyer de l’église russe. Et, en même temps, persuader le patriarche Tikhon de se retirer. La police politique mettait en œuvre tous ses moyens pour que ce soient précisément les rénovationnistes qui apparaissent être l’église légitime aux yeux du patriarche de Constantinople. Il convient cependant de rappeler que le patriarche de Constantinople, certes premier dans les dyptiques, ne dispose d’aucun pouvoir sur le patriarche de Russie. La 2e Règle du II Concile œcuménique interdit aux évêques de s’ingérer dans la vie des autres diocèses. Quoi qu’il en soit la GPU, de concert avec les rénovationnistes, comptait se servir du patriarche de Constantinople pour se débarrasser du patriarche Tikhon. Le 17 avril 1924 le synode du patriarcat de Constantinople décida d’envoyer une mission en Russie afin qu’elle y étudie la situation de l’Eglise. Il découlait du texte de la décision que Constantinople considérait « l’église vivante » comme seule légitime. La GPU soutenait au sein de l’église son agent, le prêtre Krasnitzky et, en même temps s’efforçait de discréditer le patriarche Tikhon. La commission du patriarcat de Constantinople fut installée le 30 avril. Le 6 mai 1924 Grégoire VII intervenant à une réunion du synode appela le patriarche Tikhon à renoncer à ses fonctions et à ne plus gouverner l’Eglise russe. Le Synode chargea la commission « de s’appuyer dans son travail sur les tendances au sein de l’église qui sont fidèles au gouvernement de l’URSS », c’est-à-dire sur les rénovationnistes. Le Synode de Constantinople se prononça en même temps pour l’abrogation du patriarcat en Russie. Cependant, les Eglises orthodoxes locales n’accordèrent pas toutes leur soutien aux rénovationnistes. Une délégation du patriarcat de Jérusalem se rendit en Russie en février 1924. Elle était conduite par Constantin Grigoriardi qui se fit une idée objective de la situation en Russie soviétique et qui se prononça sans réserve en faveur du patriarche Tikhon, légitimement élu. Il condamne le rénovationnisme en tant que tel. Les documents cités sont conservés dans les archives d’Emelian Yaroslavsky (Mineï Goubelman de son vrai nom), président de la commission antireligieuse du Comité Central. Le pouvoir soviétique œuvrait à renforcer le prestige des rénovationnistes aux yeux de l’opinion mondiale et voulait faire croire qu’ils bénéficiaient du soutien de l’orthodoxie universelle. Le 6 juin 1924 Basile Dimopoulo, représentant du patriarcat de Constantinople en URSS, fit parvenir au patriarche Tikhon des extraits du procès-verbal de la réunion du synode de Constantinople. Ce texte appelait le patriarche Tikhon à renoncer à ses fonctions. Le 18 juin, comme il s’en suit des messages des métropolites Pierre et Séraphin, le patriarche Tikhon adresse une lettre à Grégoire VII. Il y souligne la non canonicité de l’ingérence du patriarcat de Constantinople dans la vie de l’Eglise russe. Il est dit dans cette lettre : «Le peuple n’est pas avec les schismatiques mais avec son patriarche orthodoxe légitime. Le renoncement au patriarcat ne ferait que le jeu des rénovationnistes schismatiques ». Après la réception de cette lettre Grégoire VII rompt tout contact avec le saint patriarche Tikhon et ne communique qu’avec les rénovationnistes. Sous l’influence des représentants des soviets à l’étranger d’autres patriarches orientaux suivent l’exemple donné par Grégoire VII. Les soviets réussissent donc à isoler du monde extérieur l’Eglise russe canonique ce qui représente une menace pour l’orthodoxie universelle. Le patriarcat de Constantinople projette la tenue en 1925 d’un Concile panorthodoxe. Ce devait être une assemblée rénovationniste illégitime. Le 10 juin 1924 une assemblée préconciliaire rénovationniste se réunit à Moscou et décide d’abroger le patriarcat en tant que tel. Un compte-rendu consacré à cette assemblée est établi par le pouvoir. Il y est dit : « 156 popes, 83 évêques, 84 laïcs ont pris part à cette assemblée. 126 agents secrets de la GPU ont été missionnés pour prendre part à l’assemblée » C’est-à-dire près de 40% des participants. 
Traduction Nikita Krivochéine 

Les relations entre le Saint patriarche  Tikhon et le patriarcat de Constantinople

Haïjin Pravoslave (CCLXXVIII)


Saine imitation
Montrée  non dans la souffrance
Mais par le saint Amour 


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 5 février 2014

La mule sans propriétaire...

donkey-winter

N. Dramudianos, nous a raconté une expérience merveilleuse qu'il a vécue pendant la guerre en 1940:
" Il fut ordonné à notre équipe de conquérir une hauteur, et de l'utiliser comme tête de pont. Nous avons construit des barricades sur les rochers et après que tout ait été terminé, il a commencé à neiger. Et il a neigé en continu pendant deux jours et deux nuits, si bien que dans de nombreux endroits, la neige a atteint jusqu'à deux mètres. 
Nous sommes devenus isolés et chacun de nous avait de la nourriture dans son sac pour une journée seulement. En raison de la faim et du froid, nous ne nous souciions pas du "lendemain", alors nous nous sommes trouvés complètement dépourvus de nourriture.

A partir de là, notre "martyre" a commencé. Nous avons étanché notre soif avec de la neige, mais la faim a commencé à nous tirailler. Nous avons passé cinq jours et cinq nuits comme ça, et nous sommes devenus comme des squelettes. Cependant, nous avons continué à garder notre moral élevé, mais la nature humaine a ses limites. 

Certains d'entre nous sont morts. Le reste d'entre nous s'attendait à la même "fin", pour notre "foi et notre patrie".

 Puis une pensée salvatrice de notre commandant a accompli un miracle. Il a pris une icône en papier de la Mère de Dieu qu'il cachait sous sa veste, et l'a placée sur un monticule, il nous a tous appelés près de lui et il a dit:
- Mes braves, dans cette situation critique, seul un miracle peut nous sauver. Mettons-nous tous à genoux et supplions la Vierge Bénie, la Mère de Dieu de nous aider! Nous sommes tous tombés à genoux, nous avons élevé nos mains et l'avons priée avec ferveur!

  Nous tenions à peine debout, quand soudain, nous avons entendu des cloches. Nous étions pris par surprise, nous avons donc pris nos armes et repris la position de tir. Après quelques minutes, tout à coup, nous avons vu une mule géante s'approcher de nous. Nous avons tressailli, un animal errant passant au-dessus de la montagne sur une neige atteignant plus d'un mètre! C'était très rare.

Puis nous avons réalisé que la Sainte Mère de Dieu l'avait dirigée vers nous. Nous avons remercié la mule, tandis nous commencions tous à chanter doucement,  mais de bon cœur "Notre protectrice" et d'autres chants qui lui sont dédiés. 

La mule portait sur son bât toute une intendance de nourriture: du pain, du fromage, des conserves, de l'eau de vie et bien plus encore.

J'ai subi pendant la guerre de grandes et incroyables souffrances, mais ceci restera certainement inoubliable pour moi, car cela n'avait pas d'explication logique. Alors, je devais cela à la Mère de Dieu."


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
“The apparitions and miracles of the Virgin” 
Holy Monastery of Parakletos
cité par

Haïjin Pravoslave (CCLXXVII)


L’ascèse permet
De retrouver faim et soif
D’un monde meilleur


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 4 février 2014

Podvig (Labeur/combat spirituel)



Tout chrétien orthodoxe qui fait même la moindre lecture spirituelle rencontrera le mot "podvig."  Bien que ce mot puisse être décrit, il ne peut pas être traduit en un seul mot [en français], ce qui est la raison pour laquelle nous continuons à l'utiliser, et nous devons donc apprendre à comprendre ce terme russe.

Le mot lui-même a été défini comme "combat spirituel."  Comme beaucoup de choses dans l'orthodoxie, en pratiquant, nous le comprenons dans nos âmes, même si nous ne pouvons pas l'expliquer. En effectuant un podvig, nous trouvons comme un moyen de nous rapprocher du Christ tandis que nous cheminons le long de la voie du salut.

Nous portons les cicatrices du péché dans notre corps, ce qui nous entraîne en bas vers la terre, comme un aimant, mais notre âme aspire à monter vers les hauteurs. Comme homme, composé de corps et d'âme, nous trouvons ces deux choses opposées l'une à l'autre. Même Saint Paul dit "Car je ne sais pas ce que je fais; le bien que je veux, je ne le fais pas; mais le mal que je hais, je le fais. Or, si je fais ce que je ne veux pas, je consens à la loi, reconnaissant qu'elle est bonne. Ainsi ce n'est plus moi qui fais cela, mais c'est le péché qui habite en moi. Car je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire, dans ma chair: en effet, vouloir est à ma portée; mais accomplir ce qui est bon, je ne le puis. Car je ne fais pas le bien que je veux; mais je fais le mal que je ne veux pas". ( Romains 7:15-20)

En tant que chrétiens orthodoxes, nous savons que nous devons travailler à la purification, l'illumination, la theosis (déification). La première étape de notre purification des passions, de tout ce qui nous éloigne de Dieu et qui nous enchaîne de monter sur les hauteurs, nécessite l'utilisation du podvig.

Saint Théophane le Reclus définit l'ensemble de notre vie chrétienne comme podvig. Il explique que l'esprit hait le péché, tandis que la chair y habite. Comment cette bataille en nous-mêmes peut-elle être résolue? Par le podvig, cette lutte spirituelle qui amène l'âme à la maîtrise du corps.

L'Eglise nous donne les instructions pour ce faire, par le jeûne, les prosternations, la station debout dans la prière, etc. Toutes ces choses s'opposent au corps, et tandis que nous nous acquittons de ces pratiques ascétiques, nous découvrons en effet qu'elles aident à nous rapprocher de notre Créateur et Sauveur. Comme nous aspirons à approfondir nos âmes en Christ, nous constatons que nous voulons faire plus,  aller au-delà ce que l'Eglise nous a déjà dit être les premiers pas nécessaires.

Le podvig, c'est précisément de "faire plus".

Selon saint Théophane " tous les saints acceptent que le seul vrai chemin de la vertu soit la douleur et le travail acharné… La légèreté et la facilité sont le signe d'une fausse voie. Toute personne qui ne lutte pas, n'est pas dans le podvig, elle est dans l'illusion spirituelle ("prelest ") [in Le chemin du salut, p. 209 de l'édition anglaise].

Notre Seigneur dit: "Si quelqu'un veut me suivre, qu'il renonce à lui et qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive" (Matthieu 16:24 ). Saint Innocent, dans son livre, Indication de la Voie qui mène au Royaume des Cieux, écrit clairement que le chemin qui mène au royaume des cieux est précisément de renoncer à soi, de prendre la croix, et de suivre le Christ. Notre bien-aimé saint américain poursuit en expliquant que "renoncer à soi, signifie abandonner ses mauvaises habitudes, d'extirper du cœur tout ce qui nous lie au monde…" Il y a des croix externes et internes. Prendre sa croix signifie non seulement porter des croix posées sur nous par d'autres, ou bien envoyées par la Providence, mais... même de s'imposer des croix à soi-même et de les porter."

Voilà une claire orientation vers le podvig.

Lorsque nous prenons une croix supplémentaire, un podvig, avec la bénédiction de notre père spirituel, nous constatons que le Seigneur Lui-même vient nous aider à porter cette croix, marchant côte à côte avec nous. N'est-ce pas ce à quoi nous aspirons? Avoir le Seigneur près de soi, être près de Lui?

Tout ce qui concerne le podvig est une forme de repentir, de retournement et de retour vers la bonne voie. Parce qu'il est si intimement lié à la repentance, il ne faut jamais entreprendre une podvig spécifique sans l'approbation de son père confesseur/père spirituel. 
Le Malin est très rusé et il ne veut rien de plus que de nous attirer dans le même orgueil par lequel il est tombé. Il va essayer d'utiliser les mêmes moyens par lesquels nous essayons de surmonter nos péchés pour nous entraîner dans le péché d'orgueil. Oui, nous pouvons devenir orgueilleux et tomber dans la vaine gloire par notre propre podvig! En fait, il arrive fréquemment qu'un guide spirituel accompli dise à son enfant spirituel de renoncer à son podvig.

Quand nous entreprenons un podvig, c'est pour s'opposer au corps qui nous attire vers la terre et loin de Dieu. Est-ce que je mange trop? Alors, je dois entreprendre un podvig de jeûne supplémentaire, ou me refuser les aliments spéciaux avec lesquels j'ai tendance à me laisser aller, par gourmandise. Suis-je paresseux? Alors, je dois travailler plus durement. Je ne veux pas sortir du lit le matin? Alors je me lève plus tôt pour prier. La liste est longue et chaque personne, avec l'aide de son confesseur, sait quels vices l'affligent particulièrement. Chaque vice a une vertu opposée, et dans l'effort vers la vertu, le vice peut, avec l'aide de Dieu (car rien ne peut être accompli sans la prière et la grâce du Seigneur!), être vaincu, ou au moins atténué dans une large mesure.

Tout podvig peut être accompli pour s'opposer à une passion dont nous sommes affligés, comme indiqué ci-dessus, mais on peut aussi entreprendre un podvig comme une forme de prière pour nous-mêmes, nos familles ou toute autre personne. Un exemple de cela pourrait être le parent qui a un enfant malade. En plus de prier pour cet enfant, le parent peut prendre un podvig de prosternations et/ou de jeûne supplémentaire comme un effort supplémentaire en sus de cette prière.

En effet, nous ne pouvons pas seulement, mais nous devrions ajouter un podvig à nos prières de demande au Seigneur.

Tout au long des siècles, nous pouvons voir dans l'histoire de l'Eglise chrétienne que vivre la vie d'un chrétien signifiait [accomplir] un podvig. Les premiers siècles ont vu des centaines de milliers de martyrs, dont beaucoup sont connus de nous par leur nom, mais la majorité d'entre eux sont inconnus. 
Dans l'histoire plus récente, nous avons assisté à des décennies d'oppression communiste qui a produit des milliers de martyrs et de confesseurs de la foi, ceux qui ont refusé de renier le Christ et ont souffert au-delà de toute description. Être chrétien signifiait [accomplir] des podvigs. Il a également été clair à travers les siècles, que lorsque les chrétiens sont devenus laxistes, quand la vie extérieure a été privilégiée et non la vie intérieure, quand les abus et la corruption se sont glissés dans l'Église, les podvigs vinrent de l'extérieur sous forme de persécution islamique ou communiste. Individuellement et collectivement, nous devons réaliser que si nous n'acceptons pas et nous ne cherchons pas le podvig, il nous sera imposé!

Alors que la plupart des fidèles acceptent et observent les jours et les saisons de jeûne - et reconnaissent leurs avantages spirituels, nous avons perdu la notion de prendre pour nous-mêmes toute autre jeûne supplémentaire comme une forme de podvig. 
Alors que nous donnons volontiers et avec joie aux pauvres et à l'Eglise, c'est rarement au point de nous priver de toute nécessité de ces ressources. Nous acceptons notre règle de prière quotidienne, mais où sont les prosternations en dehors du Grand Carême?

Toutes les choses mentionnées ci-dessus (et il y en a en effet beaucoup, beaucoup plus, en fonction de chaque individu) peuvent être une forme de podvig.

La vie chrétienne dans ce monde déchu est un combat. Si nous ne luttons pas, alors sommes-nous sur la bonne voie? Quand tout va bien, nous avons tendance à laisser notre attention s'éloigner de Dieu, tandis que dans les difficultés, nous Le cherchons. 
Nous devons toujours nous rappeler qu'Adam était au Paradis où il manquait de rien, mais ce fut là qu'il perdit cette parfaite communion avec Dieu. Quand L'a-t-il retrouvé? Quand le Seigneur est descendu dans le séjour des morts, qu'Il lui a pris la main et qu'Il a délivré tous ceux qui y avaient été détenus.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
The Veil
Vol. 12, 
No. 2 
(Summer, 2005)

Jean-Claude LARCHET: Recension/Michel Quenot, Des flambeaux de lumière et leur icône. Nos Pères dans la foi


Quenot Flambeaux


Michel Quenot, Des flambeaux de lumière et leur icôneNos Pères dans la foi, Éditions Orthdruk et Éditions du Signe, Bialystok et Strasbourg, 2013, 224 p.
Le protopresbytre Michel Quenot propose dans ce nouveau livre une série de chapitres consacrés à trente Pères de l’Église, grecs et latins, des huit premiers siècles:  Clément de Rome, Polycarpe, Justin, Irénée de Lyon, Origène, Cyprien de Carthage, Antoine le Grand, Pachôme, Athanase d'Alexandrie, Hilaire de Poitiers, Éphrem le Syrien, Basile le Grand, Grégoire le Théologien, Grégoire de Nysse, Cyrille de Jérusalem, Macaire le Grand, Ambroise de Milan, Jean Chysostome, Cyrille d'Alexandrie, Augustin d’Hippone, Jean Cassien, Diadoque de Photicé, Pseudo-Denys l’Aréopagite, Benoît de Nursie, Grégoire le Grand,  Dorothée de Gaza, Jean Climaque, Maxime le Confesseur, Isaac le Syrien et Jean Damascène.
Ces chapitres brefs (de 2 à 4 pages) sont un libre hommage, s’appuyant sur quelques traits marquants de leur vie et de leur œuvre, à ces grandes figures du christianisme qui furent et restent des « flambeaux de lumière » pour l’Église et pour le monde.

L’auteur, dont la visée est à la fois pastorale et pédagogique, se veut comme d’habitude très simple. On regrette néanmois l’absence d’une bibliographie au moins sommaire qui aurait permis aux lecteurs curieux d’approfondir leur connaissance de ces grands témoins et maîtres du christianisme que cet ouvrage de vulgarisation se propose de leur faire découvrir.
L’un des principaux apports de ce livre est d'offrir, dans chaque chapitre, deux ou trois illustrations en couleur (généralement des reproductions d’icônes ou de fresques, anciennes ou contemporaines) comme toujours très bien choisies, et en l’occurrence très bien reproduites par la très performante imprimerie orthodoxe Orthdruk de Bialystok (Pologne).Le livre est en vente sur le site du monastères de la Transfiguration à Terrasson, au profit intégral du monastère.

Haïjin Pravoslave (CCLXXVI)



Lorsque ton seul bien
Sera  l’espoir du Royaume
Ta foi sera vraie

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)