samedi 31 juillet 2010

Règle de saint Columba (6ème siècle)



Même si elle n'a pas tout à fait "sauvé la civilisation", l'Irlande était l'un des centres monastiques de l'Europe au début du moyen âge. En fait, l'Eglise en Irlande a été dominée par les monastères et par les dirigeants monastiques. D'autres moines irlandais sont devenus missionnaires et ont converti une grande partie de l'Europe du Nord. Saint Columba (521-597) et ses disciples ont converti l'Ecosse et une grande partie du nord de l'Angleterre. Columba n'a pas laissé de règle écrite. Mais la règle suivante, qui lui est attribuée, a été fixée bien plus tard. Elle reflète véritablement l'esprit du monachisme irlandais originel.

°Sois seul dans un endroit retiré près d'une grande ville, si ta conscience n'est pas prête à vivre en communauté avec la foule.

°Sois toujours sans ornement, à l'imitation du Christ et des Evangélistes.

°Que tu possèdes peu ou une grande partie de quoi que ce soit, que ce soit les vêtements ou la nourriture, ou la boisson, que ce soit entre les mains de l'aîné et à sa disposition, car il n'est pas digne d'un religieux d'avoir de distinction de propriété avec son propre frère qui es libre.

°Qu'un lieu fermé, avec une porte, t'abrite en ses murs.

°Quelques hommes religieux pour converser avec toi de Dieu et de Son Testament; te rendre visite les jours de solennité, te renforcer dans les Testaments de Dieu, et les récits de l'Ecriture.

°Tu n'admettras pas auprès de toi, une personne qui parlerait trop avec toi en vaines paroles, ou du monde, ou qui murmure à propos ce qu'il ne peut réparer ou prévenir, mais qui te distrairait plus, par un bavardage [...], mais donne-lui tout de suite ta bénédiction, s'il la mérite.

°Que ton serviteur soit discret, religieux, qu'il ne fasse pas de contes, il t'assistera continuellement, par un travail modéré bien sûr, mais toujours prêt.

°Rends-toi avec soumission à toute règle qui est de l'ordre de la dévotion.

°[Aie] un esprit préparé pour le martyre rouge [id est la mort pour la foi].

°[Aie] un esprit fortifié et indéfectible pour le martyre blanc. [id est les pratiques ascétiques] Le pardon du cœur de chacun.

° Des prières constantes pour ceux qui te troublent.

°La ferveur dans le chant de l'Office pour les morts, comme si tout fidèle défunt était un de tes amis particuliers.

°Les hymnes pour les âmes [doivent être] chantées debout.

°Que ta vigile soit constante de la veille à la veille, sous la direction d'une autre personne.

°Trois travaux dans la journée, à savoir: prières, travail, et lecture.

°Les travaux seront divisés en trois parties, à savoir, le travail qui t'est propre, et le travail de ta place, avec ses besoins réels, d'autre part, la part de ton travail pour les frères, enfin, pour aider le prochain, c'est-à-dire par l'instruction ou l'écriture, ou la couture des vêtements, ou quel que soit le travail dont il puisse avoir besoin, "ut Dominus ait, Non apparebis ante me vacuus [comme le Seigneur dit: Tu n'apparaîtras pas vide devant Ma Face. "].

°Tout, dans son ordre propre; Nemo enim coronabitur nisi qui legitime certaverit. [Car nul n'est couronné sauf celui qui s'est efforcé de manière licite.]

°Fais l'aumône, avant toutes choses.

°Ne prends pas de nourriture jusques au temps où tu as faim.

°Ne dors pas tant que tu n'en sens pas le désir.

°Ne parle pas, sauf lorsque tu dois vaquer aux affaires.

°Tout ce qui t'es donné en surplus dans les repas légitimes, ou dans les vêtements, donne-le par pitié pour les frères qui le veulent, ou pour les pauvres de la même manière.

°L'amour de Dieu, de tout ton cœur et de toute ta force;

°L'amour de ton prochain comme toi-même

°Demeure dans le Testament de Dieu en tous temps.

°Ta mesure de prière doit être jusques au temps où viennent tes larmes;

°Ou ta mesure de travail jusques au temps où viennent tes larmes;

°Ou la mesure de ton œuvre de labeur, ou de tes génuflexions, jusques au temps où vient ta sueur, si tes larmes ne sont pas libres.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
A. W. Haddan and W. Stubbs,
Councils and Ecclesiastical Documents
Relating to Great Britain and Ireland II, i
(Oxford: Oxford University Press, 1873),
pp. 119-121.

PSAUME 50 rimé/ Version de Vevey (1715) [Anonyme]

Prophet King David


Miséricorde & grâce, ô Dieu des Cieux,
Un grand pécheur implore Ta clémence;
Use en ce jour de Ta douceur immense,
Pour abolir mes crimes odieux.
Ô Seigneur lave et relave avec soin,
De mon péché la tache si profonde;
Et fais-moi grâce en ce pressant besoin:
Sur Ta bonté tout mon espoir se fonde,
Mon cœur rempli de tristesse & d'effroi,
Connaît sa faute, & sent qu'elle est énorme:
Mon crime hélas! sous la plus laide forme,
Me suit partout & se présente à moi.
Contre Toi seul j'ai commis ce forfait;
C'est à Toi seul de punir mon offense:
Et si Tu veux me punir en effet,
Tu paraîtras juste dans Ta sentence.
Je le sais bien & je l'ai toujours su,
J'étais souillé, même avant que de naître,
Hélas! Seigneur, j'ai commencé de l'être,
Dès qu'en son sein ma mère m'a conçu:
Mais Toi grand Dieu, Tu n'es que sainteté:
Tu veux des cœurs où règne l'innocence;
Et Tu m'avais par Ta grande bonté,
De Tes secrets donné la connaissance.
Avec l'hysope arrose-moi Seigneur;
Lave mon âme, efface sa souillure:
Tu Te plairas à la voir ainsi pure,
Et l'emporter sur la neige en blancheur.
Si Ta pitié, m'exauçant aujourd'hui,
Scèle à mon cœur ma grâce entérinée,
Mes os brisés après un long ennui,
Rappelleront leur vigueur ruïnée.
N'attache plus Tes yeux sur mes forfaits,
Ils ne pourraient qu'enflammer Ta colère:
Oublie ô Dieu, pour finir ma misère,
Ce crime atroce & tous ceux que j'ai faits:
Daigne Seigneur, daigne créer en moi,
Un esprit pur, un cœur brûlant de zèle;
Pour ranimer & raffermir ma foi,
Que Ton esprit en moi se renouvelle.
Trop loin de Toi je me vois reculé;
Guéris les maux qui font que je soupire:
Que Ton Esprit jamais ne se retire,
Quand Tu l'auras en moi renouvelé.
Mon Dieu rends-moi Ta consolation;
Elle peut seule adoucir ma tristesse:
Que Ton Esprit dans cette affliction,
Par Ta vertu soutienne ma faiblesse.
Alors Seigneur, rentré dans Tes sentiers,
Aux égarés je les ferai reprendre;
A mon exemple on les verra s'y rendre,
Et revenir à Toi plus volontiers.
Dieu mon Sauveur, tout puissant & tout bon,
Le sang versé Te demande vengeance;
Mais si de Toi j'en obtiens le pardon,
Je publirai Ta grâce et Ta clémence.
Ouvre Seigneur, mes lèvres désormais
Que mes frayeurs ont trop longtemps fermées;
Et par mes chants Tes louanges semées,
Rertentiront en tous lieux, à jamais.
Si Tu voulais que pour de tels péchés,
En holocauste on T'offrit des victimes,
J'en eusse offert, mais des cœurs si tachés,
Le sang des boucs n'efface pas les crimes.
Le sacrifice agréable à tes yeux,
C'est le regret d'une âme pénitente;
C'est lui grand Dieu qui seul T'est précieux.
Témoigne encore à Sion Ta bonté:
Protège, ô Dieu, conserve et fortifie,
Jérusalem ta fidèle cité;
Hausse ses murs & ses tours rédifie.
Ton peuple saint te servant à Ton gré.
Tu Te plairas alors à nos offrandes;
Et des taureaux comme tu le commandes,
Seront posés sur Ton autel sacré.

+

N.B.: Pour des raisons de compréhension, nous avons légèrement changé l'orthographe et la graphie désuète. Nous avons conservé la ponctuation. Ce psautier est un document google disponible sur http://books.google.com/)

Sur le blog de Maxime: Une liturgie de la Dormition dans l’antique monastère de Panagia SOUMELA

http://orthodoxe-ordinaire.blogspot.com/
Les autorités turques ont donné leur accord formel à la célébration d'une liturgie lors de la prochaine fête de la Dormition au "musée de Sümela Manastiri", la première depuis 88 ans. Ce site, anciennement connu comme le monastère Panagia Soumela, était le centre spirituel de l'Empire de Trébizonde et des chrétiens orthodoxes du Pont-Euxin. Ayant été fondé en 386, le monastère de Soumela rayonnait jusqu'en 1922, lorsque les moines furent forcés de partir en Grèce où ils ont fondé un nouveau monastère du même nom à Kastania, près de Véria (ou Beroia). La liturgie sera célébrée par le Patriarche œcuménique Bartholoméos Ier la veille du 15 août. Cela sera un jour historique pour le Grecs et surtout pour les Pontiques car, la liturgie aura pour la première fois, depuis des siècles dans ce monastère orthodoxe qui, aujourd’hui, est transformé en musée.

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Hésychie (225)




Ne blâme pas le chemin
Toi qui en vois souvent
Les ornières et les ronces
Mais jamais les fleurs et les fruits

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 30 juillet 2010

Le véritable œcuménisme, c'est l'unité orthodoxe


Dans un message caractéristique de ce que l'Eglise a dit, à travers ses saints et ses startsy pendant des générations (1), Vladika Pitirim de Syktyvkar et Vorkouta, un des évêques les plus actifs et connus en Russie, a fait la déclaration suivante sur le site officiel de son diocèse, le 19 mai 2010:

"L'œcuménisme maçonnique favorise une "religion" d'œcuménistes chrétiens", de syncrétisme œcuménique, en apparence tout à fait inoffensif, mais avec ses propres pratiques religieuses et un but: la formation d'un gouvernement mondial fédéral ou d'un super-État mondial, d'une Cour suprême et d'un organe exécutif international, avec un futur leader "divinisé", pour supprimer n'importe quel pays, communauté ou individu qui lui résiste. "

"Les œcuménistes chrétiens égarés, se joignent aux ennemis véritables de l'Eglise, comme les francs-maçons, en disant de belles choses, au lieu d'accuser leurs interlocuteurs de paganisme et d'hérésie ignorante... Ils peuvent tous être reconnus par des expressions illusoires qui ne se trouvent pas dans l'Écriture sainte ou la Tradition, telles que: "Ils sont emprisonnés dans un ghetto" (qui est l'Orthodoxie), "la société souffre d'un manque de tolérance (le relativisme, etc), "l'œcuménisme est la base spirituelle de la tolérance", ils souffrent "d'analphabétisme spirituel".

Par exemple, l'œcuméniste K.K. Ivanov (docteur en philosophie qui s'est infiltré dans l'Église) a dit: "Sors d'ici avec ce point de vue", "la diversité de confession est notre trésor", les types les plus toxiques (ceux qui se disent orthodoxes) disent qu'il n'y a qu'une vérité, "leur foi est une dépendance dangereuse", "parler à un seul niveau est une catastrophe", " les catholiques et les protestants ont atteint un succès dont nous n'avons même pas rêvé "," ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise"... "l'Eglise, c'est différentes familles", "lorsque nous parlons de notre foi, nous ne mettons pas le Christ au centre de celle-ci".

Comme autre exemple de l'œcuménisme, Vladyka Pitirim cite les déclarations du très controversé archiprêtre George Mitrofanov: "Il y a de moins en moins de chrétiens... le choix est entre l'impiété et une sorte de religiosité. Quand un prêtre orthodoxe prêche contre le sectarisme, il trahit la mémoire de la récente persécution de tous les chrétiens dans notre pays. Je ne comprends pas le complexe d'infériorité des orthodoxes qui pensent qu'ils sont la réalisation de quelque chose quand ils dénoncent les hétérodoxes".

En réponse à ces remarques, Vladyka Pitirim dit: "Veulent-ils dire que le Saint Grand Martyr Georges le Victorieux avait un complexe d'infériorité? Jusques à son dernier jour, il n'a jamais cessé de dénoncer les païens".

Vladyka Pitirim résume: "De cette manière, les œcuménistes prêchent la sincérité humaine, mais pas la vérité. L'œcuménisme ne peut être que l'unité des orthodoxes, qui pour une raison quelconque ne prient pas ensemble. Et l'unité des païens et des hérétiques qui se sont repentis (ceci inclut toutes les innombrables dénominations), selon les rites établis par les saints Pères de l'Église".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Note:

1. Par exemple, saint Jean de Cronstadt, saint Séraphin de Vyritsa, saint Laurent de Tchernigov, saint Nicolas de Zhicha, saint Jean de Shanghai, saint Sébastien de Karaganda, saint Justin de TChélié, le staretz Cléopa de Roumanie, le staretz Philothée (Zervakos), le staretz Païsios le Nouveau, le startez Porphyrios (Bairaktaris), le staretz Nicolas (Gurianov), le staretz Zofime (Sokour), le staretz Jean (Krestiankine), le staretz Arsène (Boca).

Hésychie (224)




Toi qui chemines
Avec le Christ Miséricordieux
Sa Mère Toute Pure
Et les saints du Ciel
De quoi aurais-tu crainte

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 29 juillet 2010

Photios Kontoglou: La Musique Byzantine


Il y a deux sortes de musiques (comme pour les autres arts aussi), la musique profane et la musique liturgique. Chacune d'elle a été développée par des sentiments différents et différents états d'âme. La musique profane (id est charnelle) exprime des sentiments et des désirs séculiers. Bien que ces sentiments puissent être très raffinés (romantiques, sentimentaux, idéalistes, etc), ils ne cessent d'être charnels. Néanmoins, beaucoup de gens croient que ces sentiments sont spirituels. Cependant, les sentiments spirituels ne s'expriment que par la musique liturgique. Seule la musique liturgique peut vraiment exprimer les mouvements secrets du cœur, qui sont entièrement différents de ceux inspirés et développés par la musique profane. Autrement dit, elle exprime la contrition, l'humilité, la souffrance et la tristesse selon Dieu, qui, comme le dit [l'apôtre] Paul, "par la repentance agit pour le salut." [2] La musique ecclésiastique peut aussi évoquer des sentiments de louange, de reconnaissance, et un saint enthousiasme. La musique profane, d'autre part, même la plus pure, exprime des émotions charnelles, même quand elle est inspirée par la souffrance et l'affliction. Ce type de souffrance, [l'apôtre] Paul l'appelle "douleur du monde", qui "produit la mort." [3]

Ainsi, deux sortes de musique ont été formées, la profane, qui suscite l'émotion, toutes sortes d'émotions, et la musique sacrée, qui évoque la contrition. Saint Jean Chrysostome condamne fermement les tentatives qui ont été faites par certains de ses contemporains d'introduire dans l'Église la musique profane, la musique du théâtre et du mime.

Seuls les arts qui ont été élaborés par des motifs pieux depuis les premières années du christianisme ont donné vie à l'essence spirituelle de la religion. Eux seuls peuvent être appelés liturgiques, c'est-à-dire spirituels, en ce sens que la religion donne au terme "spirituel". Les odes "spirituelles" dont parle saint Paul [4] furent de telless œuvres d'art. Tous les arts liturgiques expriment la même chose: l'architecture, les hymnes, l'iconographie, la broderie, et même l'écriture, la manière de marcher, et en général les mouvements et les gestes des prêtres, le carillon des cloches, et ainsi de suite.

Que ces arts soient vraiment d'une spiritualité unique a été compris par de nombreux non-orthodoxes, en particulier des ecclésiastiques, dont les organes des sens ont été exposés, depuis la jeunesse, aux influences de formation différentes de celles dans lesquelles les chrétiens orthodoxes ont été élevés. Néanmoins, ils avouent que nos icônes et notre psalmodie évoquent en eux la contrition, bien sûr lorsqu'elle sont exécutées par des artistes inspirés et pieux.

Ainsi, la valeur des arts liturgiques n'est pas purement conventionnelle, mais réelle, s'étendant au-delà des conceptions limitées due à la nourriture, à l'habitude et au goût, car même les personnes qui ne sont pas de foi orthodoxe reconnaissent que les arts de l'Église orthodoxe reflètent l'esprit de l'Évangile et pour cette raison élèvent l'âme au-dessus du monde terrestre. Et comment pourrait-il en être autrement, dans la mesure où ces arts ont été mis au point par des cœurs sanctifiés, qui sentaient profondément l'élément liturgique dans le discours et la musique? La musique liturgique est le vêtement musical naturel de la parole liturgique. Toutes deux ont surgi ensemble, elles sont une seule et même chose. L'essence et l'expression ont ici une correspondance absolue, encore plus exacte que celle d'un objet et de son reflet dans un miroir, car les objets dont nous parlons ici appartiennent à la sphère du spirituel.

L'esprit profond et apocalyptique de la religion chrétienne et de ses mystères ne pouvait être exprimé fidèlement et dignement que par ces arts, qui sont appelés liturgiques et spirituels, et qui ont été développés par le même esprit profond. Seule cette musique, et rien d'autre, exprime de façon unique l'esprit de notre religion, parce que cette musique a une correspondance absolue et plus exacte avec elle. De ceci témoigne, je le répète, certains hommes dont l'éducation spirituelle, la formation religieuse, phylétique et d'autres héritages n'ont pas de rapport avec les orthodoxes. "L'Esprit souffle où il veut", [5] et il est transmis aux âmes par le biais de sons que le même Esprit a formé, en illuminant les âmes des saints auteurs des hymnes.

Les Pères de l'Église ordonnèrent que les chrétiens utilisent la seule voix dans l'exécution des hymnes, psalmodiant comme notre Seigneur Lui-même et ses disciples. Saint Jean Chrysostome dit: "Notre Sauveur chantait des hymnes comme nous le faisons." Les Constitutions Apostoliques interdisent l'utilisation d'instruments de musique dans l'Église. Du temps des Apôtres, la psalmodie est monophonique, ou homophonique, comme elle l'est à ce jour dans nos églises [en Grèce].

L'Église d'occident, afin de satisfaire les gens et de flatter leurs goûts, mit des instruments de musique dans les églises, désobéissant à ce que fut ordonné par les Pères. Ils l'ont fait parce qu'ils n'avaient pas idée de ce qu'était la musique liturgique et de ce que la musique profane était, comme ils ne savaient pas la différence entre la peinture liturgique et la peinture profane. Mais les Byzantins distinguent l'une de l'autre, et cela montre combien plus spirituelle, ils ont été en comparaison avec les Occidentaux et combien plus véritablement ils ont vécu l'esprit du christianisme. La musique byzantine est, en comparaison avec la musique de l'occident, exactement comme est l'iconographie orthodoxe, en comparaison avec la peinture religieuse de l'occident.

Combien divine, en effet, est la psalmodie de l'Église orthodoxe! Elle semble de plus en plus douce chaque année pour le chrétien, vin nouveau qui remplit le cœur de joie et le fait s'élever dans la région éthérée de la vie immortelle. Les paroles et la mélodie sont une seule et même chose. Celui qui les sépare montre qu'il n'a rien compris. Il aurait été préférable que la musique d'église soit complètement éliminée et les tropaires et les hymnes tout simplement lus, au lieu d'avoir ces combinaisons hermaphrodites de musique byzantine et européenne.

La musique byzantine est paisible, triste mais consolante, enthousiaste, mais réservée, humble, mais héroïque, simple mais profonde. Elle a l'essence spirituelle même des Évangiles, des hymnes, des psaumes, des livres de vie des saints, et de l'iconographie de Byzance. C'est pourquoi la musique byzantine est monotone pour celui pour qui les Évangiles sont monotones, naïve pour celui pour qui les Evangiles sont naïfs, limitée pour celui pour qui les Evangiles sont limités, douloureuse pour celui pour qui les Évangiles sont tristes, vétuste pour celui pour qui les Évangiles sont vétustes. Mais elle est joie pour celui pour qui les Évangiles sont joyeux, pleine de componction pour celui pour qui les Évangiles sont remplis de componction, enthousiaste, mais humble pour celui pour qui les Évangiles, sont enthousiastes, mais humble et pacifique pour celui qui fait l'expérience de la paix du Christ.

L'art byzantin est spirituel, et il est nécessaire que l'homme ait une profondeur spirituelle afin de comprendre ses trésors mystiques. La musique byzantine exprime "le deuil joyeux," [6] qui est, ce parfum spirituel que seul les sens spirituels sont capables de ressentir. Sa mélodie n'est pas impie, ostentatoire, découragée, peu profonde, de mauvais goût, ou sans but, elle est douce, humble, douce avec une certaine douceur amère, et pleine de contrition et de miséricorde. Elle donne une gloire spirituelle inflétrissable aux âmes qui se sont devenues dignes des mystères éternels et de la compassion de Dieu. Elle exprime l'action de grâces, ce qui entraîne l'écoulement des larmes de gratitude et de joie spirituelle. Cette musique est la plus chaude, la plus directe, et l'expression la plus concise du sentiment religieux des fidèles orthodoxes.
Signature de Photios Kontoglou

+
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

NOTES
[1]Photios Kontoglou de bienheureuse mémoire (1895-1965) a joué un rôle majeur dans le retour glorieux de l'iconographie byzantine traditionnelle dans le monde grec-orthodoxe au XXe siècle. Il était aussi un chantre accompli et un auteur spirituel qui a inspiré d'innombrables âmes à embrasser les traditions inaltérées de la foi orthodoxe. Cet épilogue est constitué d'extraits de ses écrits traduits dans le livre Byzantine Sacred Art par le Dr. Constantin Cavarnos, qui fut l'un de ses disciples.

[2] Cor II. 7:10

[3] Ibid.

[4] cf Eph. 5:19 et 3:16 Col.

[5] Jeann. 3:08

[6] L'échelle Sainte de saint Jean Climaque, 7:09 Step (Migne, Patrologia Graeca, vol. 88, col. 804B)


Hésychie (223)




Si ta parole est vide et oisive
Et seulement destinée à meubler
Le silence prégnant de Dieu
Tais-toi et prie

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 28 juillet 2010

L'Ange Puni ( Grand Geronticon)



Un staretz a dit un jour qu'il y avait cet ermite qui vivait dans le plus profond du désert pendant de nombreuses années, et qui avait atteint le charisme de visionnaire à un point tel, qu'il était en compagnie des anges. Puis, voici ce qui est arrivé:

Deux frères, des moines, avaient entendu parler de cet ermite et avaient souhaité le rencontrer afin de bénéficier de sa connaissance. Ils ont abandonné leurs cellules et se sont dirigés vers le désert à la recherche de ce serviteur de Dieu, ayant dans leur cœur une totale confiance en lui.

Quelques jours plus tard, ils arrivèrent à la grotte de l'ermite. Pendant qu'ils étaient à une certaine distance, ils aperçurent un homme vêtu de blanc, debout sur une des collines près de la grotte de l'ermite. Il leur cria:

"Frères, frères!"

Ils lui demandèrent: "Qui es-tu et que veux-tu?"

"Vous devez dire au staretz que vous allez rencontrer de ne pas oublier ce que je lui avais demandé de faire".

Les deux frères ont trouvé le staretz, l'ont salué et tombant à genoux, ils lui demandèrent quelques conseils qui les aideraient pour leur salut. En effet, il les enseigna et ils en profitèrent beaucoup. Ils lui parlèrent également de l'homme qu'ils avaient vu alors qu'ils étaient sur le chemin de la grotte, et de sa demande.

Le staretz savait de qui ils parlaient, mais il prétendit qu'il n'en avait pas la moindre idée. Au contraire, il déclara: "Aucun autre homme ne vit ici". Cependant, les frères qui étaient en permanence à s'incliner devant lui et à saisir ses jambes, lui firent révéler qui était celui qu'ils avaient vu.

Le staretz les relevant, leur dit: "Je vous expliquerai la situation, seulement si vous me donnez votre parole que vous ne parlerez pas de moi comme si j'étais un saint à personne, jusques à mon départ vers mon Seigneur." Ils firent comme il leur avait demandé et il dit alors:

"L'homme que vous avez vu habillé en blanc est l'Ange du Seigneur qui est venu vers moi qui suis pauvre et petit et m'a dit: "S'il te plaît prie le Seigneur pour moi pour que je puisse retourner à ma place parce que le temps désigné par le Seigneur est venu ". Quand je lui ai demandé quelle était la raison de sa pénitence, il a répondu: "Il est arrivé que dans une ville de la région, des nombreuses personnes avaient irrité le Seigneur avec leurs péchés pendant une longue période. Il m'a envoyé pour les punir avec miséricorde. Cependant, quand j'ai vu combien ils avaient été corrompus, je leur ai infligé une lourde pénitence, si bien que beaucoup d'entre eux périrent. C'est la raison pour laquelle j'ai été envoyé loin de la Face de mon Seigneur, Qui était celui Qui autorisa cette mission". Lorsque je lui ai dit: "qui suis-je pour intercéder auprès du Seigneur pour un ange, il a dit: "Si je ne savais pas que le Seigneur accepte les prières de ses serviteurs honnêtes, je ne viendrait pas ici pour te harceler."

A ce moment-même, j'ai été étonné de la miséricorde infinie du Seigneur et de son amour infini pour l'homme. Il l'a fait digne de Lui parler et Le voir. Il a également désigné Ses anges pour servir les hommes et être en contact avec eux, tout comme cela est arrivé avec les bienheureux serviteurs Zacharie et Corneille et le Prophète Elie, et d'autres saints. Je ressentais de l'admiration pour tous ceux-ci et je L'ai remercié pour Sa miséricorde".

Peu de temps après cet incident, notre bienheureux père est décédé. La confrérie l'a enterré avec les honneurs, en chantant des hymnes et des prières. Essayons d'imiter les vertus de cet ermite avec la puissance de notre Seigneur Jésus Christ, Qui veut que tous soient sauvés et reconnaisse Sa Vérité.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
27 Ιουλίου, 2010
in
Vatopaidifriend1

Hésychie (222)



C'est plus dans le silence
Habité par l'amour ineffable
Que dans le torrent des mots
Que Dieu entend ta prière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 27 juillet 2010

Saint Joseph Damascène/ Jour de fête: le 10 Juillet



Tropaire: Ton 5

Ô fidèles, honorons le martyr du Christ,
Le prêtre de l'Eglise d'Antioche,
Qui a baptisé la terre, les églises,
et le peuple de la Syrie,
Dans la parole du Seigneur,
Dans son sang et dans
le sang de ses compagnons.
Etant baptisé, depuis sa jeunesse,
par la lumière de l'Evangile,
Il a travaillé, enseigné
Et gardé l'Église du Christ avec ses brebis.
C'est pourquoi, ô Joseph Damascène,
Sois notre exemple et notre protecteur
Et notre fervent intercesseur auprès du Sauveur




Introduction

Le nom du hiéromartyr est Joseph, fils de Moïse, fils de George Mouhana Al-Haddad, connu comme le Père Joseph Mouhana Al-Haddad. D'habitude, il prend plaisir à se présenter comme une personne dont l'origine est de Beyrouth, mais sa patrie est Damas, et sa foi est orthodoxe. Son père a quitté Beyrouth dans le dernier quart du 18e siècle, il s'est établi à Damas, où il travaillait le tissage, se maria et engendra trois fils: Moïse, Abraham et Joseph. L'origine de sa famille remonte aux Ghassanides - ses ancêtres sont partis vers le village libanais d'Al-Firzul au 16ème siècle, et de là à Biskinta, au Mont-Liban, puis à Beyrouth.

Ses biographes décrivent Joseph comme un prêtre de taille moyenne, au teint blanc, d'apparence digne, avec un grand front, des yeux vifs et intelligents, et une barbe touffue, dans laquelle les poils gris se sont éparpillés en lignes, jusqu'à ce qu'ils ressemblent aux rayons du soleil au lever du jour.

Sa naissance et sa jeunesse

Il est né en mai 1793, dans une famille pauvre mais pieuse. À un âge précoce, il a obtenu une certaine éducation, donc il avait une certaine connaissance de l'arabe, et d'un peu de grec. N'ayant pas les moyens de payer sa scolarité, son père a décidé de mettre un terme à ses études pour le mettre à travailler dans l'industrie de la soie. Son désir de savoir, cependant, n'a pas été éteint par la pauvreté et la misère, il a donc décidé de trouver une solution. Il a commencé à travailler toute la journée et de s'éduquer dans la nuit - la nécessité en fit une personne qui se fit toute seule. Très probablement, Moïse, son frère aîné, qui était un écrivain bien instruit et une personne connaissant bien la langue arabe, le poussa à un tel désir vers la connaissance. Moïse avait une petite bibliothèque à la maison, avec laquelle Joseph entreprit l'étude, mais, malheureusement, Moïse quitta cette vie à l'âge de 25 ans, il est dit qu'il est mort parce qu'il se surmena dans l'étude. Cette épreuve a eu un impact ambivalent sur les parents de Joseph concernant le désir ardent de Joseph [d'étudier avec] des livres. Le flambeau de la connaissance, cependant, a continué à brûler dans le cœur de Joseph.

Atteignant l'âge de 14 ans, le jeune homme a commencé à lire les livres de son frère, mais il était frustré parce qu'il ne pouvait comprendre seulement une petite partie de ce qu'il lisait. N'y parvenant pas, il ne se découragea pas, et sa détermination augmenta considérablement. Sa question était: "L'auteur de ces livres n'était-ce pas un être humain comme moi, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à les comprendre?! Je devrais en saisir le sens."

Puis, il a étudié avec un vieillard musulman damascène, Mouhamad Al-Attar, qui fut l'un des plus grands érudits de son époque, il apprit de lui l'arabe, la logique, l'art du débat et le raisonnement droit. Il a alors interrompu ses études, cependant, parce que le coût de l'écolage et des livres étaient un fardeau trop pesant pour son père, il fut obligé de revenir à son style de vie ancien: travailler toute la journée, et s'éduquer lui-même pendant la nuit.

À ce stade, il est important de mentionner que la scolarité était alors associée à la spiritualité et la théologie. Nous ne devons pas oublier que la Bible était le livre le plus important. Joseph consacrait sa soirée de tout coeur à étudier la Torah, les Psaumes et le Nouveau Testament, en comparant le texte grec de la Septante à la traduction en arabe, jusqu'à ce qu'il atteigne le maîtrise de la traduction de et vers le grec. Ses connaissances ne se limitaient pas à la langue grecque, mais il fut capable de mémoriser une très grande partie de la Bible. Il persista, avec grande avidité, à saisir toutes les occasions possibles pour avoir plus d'éducation. Joseph étudia la théologie et l'histoire sous M. George Sabagh Chahadeh. Il a ensuite commencé à enseigner à son domicile, il a appris l'hébreu avec l'un de ses étudiants juifs.

Son effort tenace suscita la crainte de ses parents, alors ils essayèrent de le dissuader de l'apprentissage et de l'enseignement, de peur qu'il subisse le même sort de son frère. Ayant échoué dans leurs efforts, ils essayèrent une autre stratégie: On le donna en mariage à une jeune femme damascène dont le nom était Mariam Al-Kourshi, alors qu'il n'était encore âgé que de 19 ans (1812). Le mariage, cependant, ne put le détourner de sa quête de connaissance; sa biographie nous apprend que, même la nuit de ses noces, il continua à lire et étudier.

Joseph comme archiprêtre

Prenant conscience de sa réputation honorable, la paroisse demanda au Patriarche Séraphin (1813-1823) de Damas de l'ordonner pour qu'il soit leur pasteur. Comme le patriarche avait une grande admiration pour lui, il l'ordonna diacre, puis prêtre en une semaine alors qu'il n'avait encore que 24 ans (1817). Lorsque son successeur, le patriarche Méthodios (1824-1850), fit la connaissance de sa ferveur, de sa piété, de ses connaissances et de son intrépidité, il l'éleva au rang d'archiprêtre, et lui donna le titre de Grand Économe. Prenant un grand intérêt à la prédication pendant de nombreuses années à la chaire de la cathédrale patriarcale (Al-Mariameih), il obtint d'excellents résultats dans sa prédication. Certaines personnes le considéraient comme le successeur de saint Jean Chrysostome: Naaman Kasatly fit son éloge dans son livre Le Jardin Luxuriant, comme un prédicateur créatif.

À la fin du 19ème siècle, c'est-à-dire, 39 ans après sa mort, Amin Kairala mentionna dans son livre: La Fragrante Odeur que les personnes âgées répétaient encore certains de ses sermons. L'écho de ses sermons étaient encore sensible jusques au début du 20e siècle; Habib Al-Zaiat, écrivain melkite, mentionna qu'il était connu chez les orthodoxes arabes par sa connaissance et sa prédication.

Dans ses sermons, il s'est distingué par ses preuves et ses réponses convaincantes et irréfutables. Selon Issa Al-Iskander Maloouf, il avait une voix calme qui pouvait être entendue de loin. Les gens écoutaient ses paroles, avec avidité et joie et mettaient en pratique ses conseils et gardaient ses commandements.

Parallèlement à ses sermons, il agissait avec diligence, réconfortant les cœurs brisés, consolant ceux qui étaient frappés par l'épreuve, aidant les plus démunis et donnant de la force aux faibles. En 1848, lors de la propagation de la fièvre jaune à Damas, le père Joseph manifesta une grande ferveur dans le ministère auprès des malades et pour enterrer les morts, sans être troublé par la possibilité de contracter cette fièvre contagieuse, parce qu'il avait une foi profonde en Dieu. Bien qu'il ait perdu l'un de ses enfants par cette maladie contagieuse, il était infatigable à faire son devoir pastoral. Sa ferveur, sa fermeté et sa compassion augmentèrent. Il était très respecté par le peuple de Damas, qui voyait en lui l'image de saint Paul qui dit: "Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité; dans la détresse, mais non dans le désespoir; persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non perdus; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps." (2 Corinthiens 4:8-10).

Parmi ses multiples efforts, il réussit à détourner le peuple loin de nombreuses traditions non-orthodoxes concernant les fiançailles, les mariages et les enterrements. De même qu'il était compétent dans la construction des âmes, il était compétent dans la construction d'églises. En 1845, il restaura l'église de Saint-Nicolas, qui était à côté de la cathédrale patriarcale, mais elle fut incendiée par le feu pendant les événements horribles de 1860.

L'école patriarcale

Nous ne savons pas exactement qui a créé l'école patriarcale de Damas, ni quand elle a été établie. Il est confirmé que l'école a été associée au XIXe siècle avec le nom du père Joseph, jusqu'à ce qu'elle devienne connue comme son école.

Quand il a pris en charge l'école en 1836, il a réuni ses élèves avec ses propres étudiants. Puis, il n'a ménagé aucun effort pour la développer, par la nomination d'un conseil d'administration et il a donné aux enseignants des salaires réguliers, jusqu'à ce qu'il attire des étudiants de toute la Syrie et du Liban.

La préoccupation du Père Joseph était d'éduquer l'esprit des jeunes hommes orthodoxes, et de "les préparer au sacerdoce et à servir le troupeau d'une manière utile." Les frais de scolarité étaient couverts par les fidèles et par le Patriarcat.

Sa vision était de faire croître l'intérêt pour les études théologiques. En 1852, au cours du Patriarcat de Hiérotheos (de 1850 à 1885), le père Joseph prit l'initiative d'ouvrir un département d'études théologiques, cherchant à l'élever au niveau d'autres séminaires théologiques du monde orthodoxe. Douze étudiants y étaient inscrits, et tous devinrent évêques dans l'Église. Son martyre en 1860 mit fin à son rêve, qui visait à établir le département sur des bases solides.

Il insufflait à ses étudiants l'esprit de paix et d'heureuse réussite, qui peut être trouvée parmi les saints, jusqu'à ce que cet esprit divin se déploie comme une chaîne au-delà de ses étudiants et diplômés pour parvenir à toutes leurs connaissances, collègues et amis. Ainsi, son enseignement s'est répandu, et son éducation porta le fruit de la justice. Il est mentionné que le père Joseph a été pour une période de temps l'un des professeurs du séminaire de Balamand, entre 1833 et 1840.

Caractéristiques d'un homme de Dieu

Une des principales caractéristiques de cet archiprêtre et professeur était sa pauvreté. Certaines sources mentionnent que son ministère à l'Église n'était pas rétribué. L'un des chercheurs de Russie a dit qu'il n'avait pas de revenu pour l'enseignement à l'école, il gagnait sa vie par le travail de ses enfants. L'argent ne le tenta jamais.

En raison de sa réputation immaculée, Cyril II, Patriarche de Jérusalem (1845-1872), lui demanda d'enseigner l'arabe à l'école cléricale de Jérusalem (Al-Mousalabah). Quand il a refusé, le patriarche lui a offert un salaire tentant - vingt-cinq livres - en plus de l'appartement, et du salaire sacerdotal. Il a refusé en dépit de son indigence. Il a dit "J'ai été appelé à desservir la paroisse de Damas; Celui qui m'a appelé me donnera satisfaction."

Il fut un véritable adorateur, fervent dans sa foi, très patient, juste, doux, calme, humble, compatissant, et une personne sympathique, il détestait parler de lui, il se sentait gêné par les éloges des autres, ne sachant pas comment leur répondre. Il était sage et patient dans sa sollicitude pastorale, il réfutait les érudits en parlant leur langue et avait l'habitude de convaincre les gens simples en utilisant leur langage. Quand quelques personnes simples d'esprit quittèrent l'Eglise pour une raison insignifiante, le Patriarche Methodios lui a demandé de les y ramener. Après qu'il les ait rencontré, il n'a manifesté aucun ressentiment pour leur comportement, mais il les a traité avec bonté, leur montrant quelques petites icônes, ils revinrent repenti après qu'il ait touché leur cœur.

En tant qu'universitaire, il a professeur parmi les enseignants, l'étoile de l'Orient, et l'intellectuel du travail. Beaucoup d'hétérodoxes contemporains attestent qu'il fut l'un des grands érudits chrétiens de son époque. "Dans l'Église orthodoxe, c'était une personne très originale par sa connaissance, il n'y avait personne comme lui, à l'exception de George Lian.

En tant qu'homme d'Église, il était considéré comme un grand théologien, comme la fierté de l'orthodoxie, un hieromartyr et un exemple de droiture et de piété. Telles sont les caractéristiques de l'archiprêtre Joseph Damascène: Il est un membre du peuple de Dieu.

Sa bibliothèque et ses écrits

Nous n'avons pas connaissance de la taille de sa bibliothèque, car elle s'est soit envolée (sic) en flammes ou a été pillée pendant les calamités de 1860, quand il reçut la couronne du martyre. Son neveu, Joseph Abraham Al-Haddad a indiqué que le père Joseph possédait vers 1827 livres (ou probablement 2827 livres) en l'an 1840.

Ses écrits sont nombreux: il a comparé le livre des Psaumes, le bréviaire, le Liturgikon, et le livre des Epîtres avec leur original grec. Il a traduit en arabe le livre catéchétique de Philarète, métropolite de Moscou. En copiant les manuscrits, il avait l'habitude de les comparer avec d'autres manuscrits et de les corriger; ses versions étaient exactes comme "une pièce d'argent authentique." Il a dirigé la traduction du diacre Abdallah Al-Fadel Al-Antaki du livre de Saint Basile sur la Genèse, ainsi que 30 sermons de saint Grégoire le Théologien. Il avit l'habitude de terminer ces manuscrits avec le colophon suivant: "Ce livre a été copié à partir d'un ancien manuscrit, et complètement vérifié par rapport à celui-ci." Et avec son sceau et sa signature, il avait l'habitude de graver cette formule. Tous les bureaux d'éditions orthodoxes, comme Saint-Georges à Beyrouth, le Saint-Sépulcre à Jérusalem, les maisons d'édition en arabe de Russie. . . comptaient sur le Père Joseph dans l'édition, la comparaison et la relecture des épreuves de leurs livres. En théologie, littérature et érudition son sceau était un gage de confiance. Dans la traduction du grec en arabe, et de l'arabe au grec, il joignit ses efforts à ceux de Yannis Papadopoulos. Il a fait une grande contribution à l'édition de la traduction en arabe de la Bible, qui est connue comme l'édition de Londres. Tous les projets, préparé par M. Fares Al-Shidiak et M. Lee, ont dû être corrigés par le Père Joseph, en les comparant aux originaux en langues grecque et hébraïque.

Dans sa contribution littéraire, il a montré sa fidélité dans l'endurance et de la régularité, il se plaignait toujours de la mauvaise interprétation des maisons d'édition. Nous n'avons pas connaissance de ses propres écrits, à l'exception de quelques articles. Apparemment, il ne se croyait pas digne de rester en phase avec les grands Pères de l'Église, il se bornait à traduire, à publier, et à présenter leurs écrits aux fidèles comme un pur héritage intact et sans tache.

Le Père Joseph contre les Melkites

A l'époque du père Joseph, le problème pour traiter avec les Melkites - ils faisaient récemment partie de l'Eglise orthodoxe - était l'obstacle le plus difficile et le plus douloureux auquel devaient faire face les enfants de la foi orthodoxe. À cette époque, tous les efforts étaient dirigés vers les schismatiques pour qu'ils reviennent à l'église. En traitant de cette question, certains ont suivi la voie de la pression politique et administrative, d'autres ont suivi la voie consistant à chercher un accord mutuel. Le Père Joseph appartient au second groupe.

Il haïssait la violence, il ne cèda pas à l'idée d'avoir des liens avec l'Empire ottoman pour battre et opprimer les Melkites. C'était un agissement non profitable, cela renforçait la séparation, et affaiblissaitt l'unité.

La mesure de son succès nous est inconnue, mais ce qui s'est passé en 1857, et les années suivantes, montre que sa vision était plus correcte que les autres. Cette année-là, lorsque le patriarche melkite Clément a imposé le calendrier occidental à son Eglise, de nombreux fidèles prirentt ombrage de cette procédure, et décidèrent de revenir à l'Église Mère. Un groupe d'entre eux, sous la direction d'Al-Chibli Demachki, George Anjouri, Joseph Fouraeig, Moïse Al-Bahri, Sarkis Dibanah et Peter Al Jahel contactèrent le père Joseph, qui les accueillit à bras ouverts, les affermit et lutta pour les éclairer pendant 3 années consécutives. Il préfaça un livre écrit par Al-Chibli Demachki à propos des protestations de ce groupe. Le titre du livre était: La loi chrétienne est au-dessus des considérations astrologiques, il fut imprimé dans la maison d'édition du Saint-Sépulcre en 1858. La taille du groupe a commencé à croître rapidement, jusqu'à ce qu'il soit dit que s'il n'y n'avait pas eu le martyre du Père Joseph lors du massacre de 1860, il aurait réussi à ramener le reste des Melkites à la foi orthodoxe.

Les missionnaires protestants contre le père Joseph

Le Père Joseph eut plus d'une confrontation avec les protestants. Les plus importantes ont été dans les villes de Hasbaia et Rachaia, puis dans la ville de Damas. Dans la ville de Hasbaia, les missionnaires protestants américains eurent beaucoup de succès grâce à leur école qu'ils avaient établie dans cette ville. Plus de 150 personnes se convertirent au protestantisme, à la suite d'un conflit entre le peuple orthodoxe dans ces deux villes. Comme envoyé du patriarche Methodios, le Père Joseph fut en mesure de ramener quelques-unes des brebis égarées au bercail orthodoxe. Après avoir réfuté les missionnaires à plusieurs reprises, il réussit à les contenir. A Damas, il s'efforça par sa sollicitude pastorale, et sa prédication, de guider son peuple vers l'illumination et à le prémunir contre les sectes et les hérésies qui circulaient alors.

Il est mentionné qu'un missionnaire anglais du nom de Grame avait l'habitude de rencontrer le Père Joseph et de discuter de questions bibliques avec lui. Réalisant que ce missionnaire dénaturait les réponses données par le Père Joseph sur les questions soulevées, il lui demanda d'envoyer les questions sous une forme écrite. Au début, ils pensaient l'avoir confondu, lorsqu'il négligea de leur répondre. Quand ils vinrent au début du Grand Carême, il répondit à toutes leurs questions avec précision, jusqu'à ce qu'ils partent surpris par l'exactitude de ses connaissances et sa recherche. On dit qu'à la suite de cet incident, ils mirent fin à leur campagne missionnaire dans la congrégation orthodoxe.

Un grand homme de la Renaissance

Au 19e siècle, le Père Joseph a été, sans aucun doute, le plus grand homme de la Renaissance de l'Église d'Antioche. À cette époque, Antioche était dans une situation pathétique: le schisme des Melkites conduisitt à des répercussions très critiques à différents niveaux, en particulier sur le plan pastoral. Les missionnaires protestants furent très actifs et dynamiques, tandis que l'Eglise était impuissante et faible, ignorante et pauvre. A partir de 1724, les hiérarques étaient étrangers à la terre et à la lutte de son peuple. Antioche vécut sous bonne garde, sous prétexte qu'elle allait se désintégrer progressivement et devenir catholique. Au nom de l'Orthodoxie, à la fois Constantinople et Jérusalem s'arrogeaient entre eux l'autorité de nommer les évêques d'Antioche, en essayant de déterminer son destin. A cette époque il n'y avait pas de prêtres compétents, pas de souci pastoral. L'Eglise d'Antioche pourrait être décrite comme un navire frappé par les vagues, et prêt à couler... Au milieu de ces défis et dangers, le père Joseph a fleuri comme une branche nouvelle de piété, ayant une grande ferveur envers Dieu et l'Eglise du Christ sur terre...

Ensuite, la Renaissance a commencé... La vie du Père Joseph, la ferveur, la piété, la pauvreté, l'amour de la connaissance, la persistance de la pastorale, la prédication, l'orientation, des écrits, les traductions, l'école et la vigilance ont créé une atmosphère de renaissance, motivé les esprits, touché le coeur, et renforcé la détermination. Une nouvelle génération, une nouvelle pensée, et une nouvelle orientation ont fleuri. "et les os s'approchèrent les uns des autres. Je regardai, et voici, il leur vint des nerfs, la chair crût, et la peau les couvrit par-dessus; mais il n'y avait point en eux d'esprit. Il me dit: Prophétise, et parle à l'esprit! prophétise, fils de l'homme, et dis à l'esprit: Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent! Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds: c'était une armée nombreuse, très nombreuse." (Ezéchiel 37:7-10).

Plus de 50 dirigeants de l'église étudièrent sous lui, et devinrent aussi attentif que lui: le Patriarche Meletios Al-Doumani (1906), premier patriarche autochtone depuis 1724, Gabriel Chatila, les régions métropolitaines de Beyrouth et du Liban (1901), le grand érudit Garasimos Yared (1899), les régions métropolitaines de Zahlé, Saidnaia et Maloula, et ses élèves dont plus de dix ont été évêques, ainsi qu'un grand nombre de prêtres, parmi lesquels l'archimandrite Athanase Kaseer (1863), fondateur du séminaire de Balamand, le Père Spyridon Sarouf ( 1858), doyen de la faculté cléricale de Jérusalem et rédacteur en chef des publications du Saint-Sépulcre; l'archiprêtre Jean Doumai (1904), fondateur de la maison d'édition arabe à Damas, auxquels il faut ajouter quelques laïcs de renom comme Dimitiri Chahadeh, pilier de la renaissance ; Michael Klaila, administrateur de l'école patriarcale de Damas, et le docteur Michael Machakah (1888). Ce qu'il désirait a été accompli durant sa vie et après sa mort; souvent il répéta: "J'ai planté la graine de la vigne véritable du Christ, et je suis en attente de la récolte." Toutes ces choses peuvent être expliquées par la déclaration du Métropolite Gabriel Chatila: "Les étoiles de Damas sont trois: L'apôtre Paul, Jean de Damas, et Joseph Mouhana Al-Haddad."

Sa vie devait être couronnée par une fin égale à sa piété et à son grand amour, par lequel il glorifia Dieu à travers son martyre.

Son martyre

Le 9 Juillet 1860, lorsque le massacre a commencé à Damas, de nombreux chrétiens se sont réfugiés dans la cathédrale patriarcale (Al-Mariamieh), certains venus des villes libanaises de Hasbaia et Rachaia, où le massacre a commencé et où la tuerie avait eu lieu. D'autres sont venus des villages aux alentours de Damas.

Suivant la tradition des prêtres à Damas, le père Joseph avait l'abitude garder le nécessaire de communion chez lui. Pendant le massacre de 1860, il cacha son nécessaire de communion sous ses manches, et alla en sautant d'un toit à un autre vers la cathédrale. Il y passa toute la nuit à encourager et donner de la force aux chrétiens pour faire face à la situation, car les attaquants peuvaient tuer le corps mais ne peuvaient tuer l'âme (Matthieu 10:28), les couronnes de gloire ont été préparées pour ceux qui se sont engagés envers Dieu par Jésus Christ. En leur relatant le martyre de quelques saints, il les a appelés à imiter leur vie.

Au matin du mardi 10 Juillet, les persécuteurs belliqueux attaquèrent la cathédrale, volant, tuant et brûlant tout. De nombreux martyrs furent massacrés, d'autres sont allés dans les rues et ruelles, l'un d'eux était le père Joseph. Comme il marchait dans la rue, un religieux érudit, qui était l'un des assaillants, a reconnu Joseph, parce que ce dernier l'avait réfuté dans un débat entre eux. En le voyant, il cria: "C'est le chef de file des chrétiens. Si nous le tuons, nous allons tuer tous les chrétiens!" Quand il entendit ces paroles, le père Joseph savait que sa fin était venue. Il sortit son nécessaire de communion, et communia au Corps et au Sang de Jésus-Christ. Les persécuteurs l'attaquèrent à la hache, comme s'ils étaient bûcherons, et défigurèrent son corps. Liant ses jambes avec des cordes, ils le traînèrent dans les rues jusqu'à ce qu'il se brise en morceaux.

Bien qu'il soit mort comme un martyr, sa vie, sa vigilance, et ses souffrances ont été un témoin de sa sainteté. En "devenant semblable à Lui dans Sa mort» (Phil. 3:10), il a été couronné de Sa gloire. Il est devenu un exemple à imiter, et une bénédiction, et un intercesseur devant notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, à Lui soit la gloire à jamais. Amen!

Par les prières du hiéromartyr Jean Damascène et de ses compagnons,
Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous. Amen!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après