"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 12 janvier 2018

Sur le blog saint Materne: Père Placide (Deseille), l'Occident, la Liturgie et l'amour (RIP 07.01.2018)

 une croix au monastère de père Placide, en 2007...

Décès de l’archimandrite Placide Deseille:
https://orthodoxie.com/deces-de-larchimandrite-placide-deseille/


Requiem aeternam dona ei, Domine, et lux perpetua luceat ei. Requiescat in pace. Amen

Certes, avec sa naissance au Ciel, spirituellement on y gagne, si on veut, mais quelle "locomotive" l'Église perd avec sa disparition, alors que tant de "freins" et de "mauvais aiguillages" y sont aux commandes un peu partout, et tant de brebis égarées dans la nature. Kyrie eleison.







Père Placide et la Liturgie de l'Occident d'avant la chute
Le père Placide Deseille en fait une lecture très intéressante dans sa passionnante autobiographie spirituelle "Étapes d'un pèlerinage" (Monastère St-Antoine-le-Grand - Monastère de Solan, en ligne sur http://www.pagesorthodoxes.net/foi-orthodoxe/temoignage-placide-deseille.htm#_ftnref20)

LA LITURGIE QUE L’OCCIDENT PRATIQUAIT A L’EPOQUE OU IL N’AVAIT PAS ROMPU LA COMMUNION AVEC L’ORIENT.

"J’aimais beaucoup la liturgie latine," écrit le père Placide lorsqu'il parle des son premier contact avec l'Orthodoxie dans les années 1950. Et il continue: "La connaissance de la liturgie orthodoxe, que je venais de découvrir avec émerveillement à Saint-Serge, me faisait prendre une vive conscience des richesses analogues, quoique plus cachées, que recelait la liturgie latine traditionnelle, et m’incitait à en vivre avec plus d’intensité. La liturgie de la Trappe était d’ailleurs, sauf quelques additions tardives facilement décelables et qui n’avaient pas déteint sur l’ensemble, identique à la liturgie que l’Occident pratiquait à l’époque où il n’avait pas rompu la communion avec l’Orient. A la différence de la liturgie byzantine, elle se composait presque exclusivement de textes bibliques, ce qui pouvait au premier abord donner une impression de sécheresse. Mais ces textes étaient admirablement choisis, le déroulement de l’année liturgique était parfaitement harmonieux, et les rites, malgré leur sobriété, étaient chargés d’une grande richesse de sens. Si on se donnait la peine, en dehors des offices, au cours de ces heures de lectio divina si caractéristiques de l’ancienne spiritualité monastique d’Occident, d’acquérir une connaissance « par le cœur » de la Bible et des interprétations que les Pères en avaient données, la célébration de l’Office divin acquérait, avec la grâce de Dieu, une saveur et une plénitude admirables."

DU CONCILE VATICAN II AUX RITES ORIENTAUX.

Le père Placide accueillit "avec beaucoup de joie". Il espérait "une revivification des structures et des institutions de l’Eglise romaine par un retour à l’esprit et à la doctrine des Pères". Mais il s'aperçut que "c’était un processus inverse qui, sur bien des points, se dessinait ... Jusque-là, une assez grande part des institutions anciennes, et surtout la liturgie traditionnelle de l’Occident, avaient pu subsister malgré diverses altérations, parce que le catholicisme, régi par un pouvoir central fort et universellement respecté, les avait maintenues par voie d’autorité. Mais, dans une très large mesure, les fidèles, et plus encore les clercs, en avaient perdu le sens profond. Avec le Concile, la pression de l’autorité s’affaiblit ; il était logique que ce dont le sens était perdu finisse par s’effondrer, et que l’on soit amené à reconstruire sur de nouvelles bases, conformes à ce qu’était devenu depuis plusieurs siècles, ou devenait maintenant, l’esprit du Catholicisme romain."

Déçu par l'évolution post-conciliaire, le père Placide se tourne vers les Pères, l’Eglise ancienne, et "cette Orthodoxie que j’aimais, sans pressentir encore qu’elle pût être purement et simplement l’Eglise du Christ dans toute sa plénitude" et s'intéresse aux rites orientaux: " L’uniatisme avait été conçu par Rome comme un moyen d’amener les Orthodoxes à la foi et à l’unité romaines, sans les obliger à renoncer à leurs usages. Le développement de l’œcuménisme dans le monde catholique tendait à rendre cette perspective caduque. Mais ne pouvait-on pas espérer que la présence et le témoignage des catholiques de rite oriental contribuerait à ramener l’ensemble de l’Eglise romaine à la plénitude de la Tradition ? Les interventions lucides et courageuses de certains hiérarques melkites au Concile donnaient quelque consistance à cette espérance."

TRADITION BYZANTINE ET PROBLEME DE L'UNIATISME

Le père Placide ne s'intéresse pas au côté "oriental" de la tradition byzantine mais à sa fidélité aux Pères: "Je ne me suis jamais senti « oriental », ni attiré à le devenir. Mais la pratique de la liturgie byzantine me semblait être le moyen le mieux adapté, en l’état actuel des choses, pour entrer dans la plénitude de la tradition patristique d’une façon qui ne soit pas scolaire et intellectuelle, mais vitale et concrète. La liturgie byzantine m’est toujours apparue beaucoup moins comme une liturgie orientale, que comme la seule tradition liturgique existante dont on puisse dire : « Elle n’a rien fait d’autre que d’incorporer intimement dans la vie liturgique la grande théologie élaborée par les Pères et les conciles jusqu’au IXème siècle. En elle se chante l’action de grâces de l’Eglise triomphant des hérésies, la grande doxologie de la théologie trinitaire et christologique de saint Athanase, des Cappadociens, de saint Jean Chrysostome, de saint Cyrille d’Alexandrie, de saint Maxime. En elle transparaît la spiritualité des grands courants monastiques depuis les Pères du Désert, Evagre, Cassien, les moines du Sinaï, jusqu’à ceux du Studion, et, plus tard, de l’Athos... En elle, enfin, le monde entier, transfiguré par la présence de la gloire divine, se dévoile dans une dimension proprement eschatologique.» (In M.-J. LE GUILLOU, L’esprit de l’Orthodoxie grecque et russe, Paris 1961, pp. 47-48. Citation du père Placide)

Toutefois le père Placide constate alors "à quel point les Eglises uniates étaient coupées de leurs racines et de leur propre tradition, et n’occupaient dans l’Eglise catholique romaine qu’une position très marginale. Même lorsque les Uniates reproduisaient aussi exactement que possible les formes extérieures de la liturgie et du monachisme orthodoxes, l’esprit qui animait leurs réalisations était très différent." Et aussi que "le risque était grand, dès lors, de ne suivre, sous le couvert de l’appartenance « orientale », que des conceptions subjectives qui ne seraient ni catholiques, ni orthodoxes, et laisseraient le champ libre aux fantaisies individuelles, aux abus et aux illusions."

VERS L'ORTHODOXIE

Faisant ainsi le constat que l'uniatisme était une voie sans issue le père Placide constate aussi que l’évolution postconciliaire de l’Eglise romaine se poursuit, "la mutation la plus symptomatique étant sans doute celle de la liturgie" et il cite "l’un des hommes qui ont été le plus mêlés à ces réformes, le Père Joseph Gelineau: « [Après Vatican II,] c’est une autre liturgie de la messe. Il faut le dire sans ambages : le rite romain tel que nous l’avons connu n’existe plus. Il est détruit.» (In. J. GELINEAU, Demain la Liturgie, Paris 1976, p. 10. Citation p. Placide.) Et "très progressivement" il parvient à la conviction "que l’Eglise orthodoxe est l’Eglise du Christ en sa plénitude," malgré son expérience à la Trappe, où il avait encore connu la tradition latine dans une de ses expressions les plus pures, bien sauvegardée jusqu’à une date très récente," et sa perception de "tout ce qu’il y avait de christianisme authentique, – je serais porté à dire maintenant : de réels éléments d’orthodoxie – chez les catholiques romains."

(*)L'Archimandrite Placide (Deseille), né en 1926, entre l’abbaye cistercienne de Bellefontaine en 1942 à l'âge de seize ans. À la recherche des sources authentiques du christianisme et du monachisme, il fonde en 1966 avec des amis moines un monastère de rite byzantin à Aubazine en Corrèze. En 1977 les moines décident de devenir orthodoxes. Ils sont reçus dans l’Église orthodoxe le 19 juin 1977 et en février 1978, ils deviennent moines du monastère de Simonos Petra au Mont Athos. Rentré en France peu après, père Placide fonde le monastère Saint-Antoine-le-Grand, à Saint-Laurent-en-Royans (Drôme) dans le Vercors, et en devient l'higoumène. Il a enseigné la patristique à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge. Fondateur de la collection « Spiritualité orientale » aux éditions de l'abbaye de Bellefontaine, il est l'auteur et le traducteur de plusieurs ouvrages sur la spiritualité et le monachisme orthodoxes (liste sur http://monasteresaintantoine.fr/ )






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Père Placide et l'amour qui transfigure la "loi"
Ainsi était Père Placide ! « La charité accomplit la loi »
« Le second évènement qui accéléra l’accomplissement de mon destin fut l’arrivée d’un gâteau ! Ma chère mère, ayant obtenu ma nouvelle adresse, m’envoya par la poste une de ces merveilles faite de chocolat noir, de beurre, de sucre, de cannelle, d’œufs, de farine et d'amandes effilées que les anglo-saxon nomment un brownie. La rigueur de notre vie rendit l’arrivée de cette « gâterie » semblable à celle d’un ange dans la fournaise de Babylone. Je fus si touché par cette marque de délicatesse que je voulus en faire profiter mes frères. Ce matin là, les pères Placide et Séraphin étant sortis, les novices se retrouvèrent donc à table, livrés à eux-mêmes. La coutume athonite voulait que le plus ancien dans la vie monastique, quelque soit son âge ou son statut ecclésial, remplaçât le hiéronda. Or, le plus ancien de la communauté était le terrible Ephrem, un jeune homme sec et nerveux, qui avait pour habitude de triturer du bout des doigts une barbichette ridicule qui poussait chichement sur son faciès imberbe. Ephrem savait tout, avait tout lu, tout vu, tout dit. Breton d’origine, il envoyait par milliers les hérétiques en enfer et projetait, dans les années à venir, la conversion du pays Bigouden à l’Orthodoxie byzantine. Durant les offices, il s’indignait en poussant des petits cris lorsqu’un malheureux novice avait le malheur de confondre, dans l’extraordinaire labyrinthe de la liturgie byzantine, un tropaire pour un autre, à moins que cela ne fût un apolytikion ou un kondakion, ces courtes hymnes d'une strophe parfois intercalées entre les versets d'un psaume et répétées comme un leitmotiv.
A la fin du repas, je m’adressai à mes frères, leur expliquant que, ma mère m’ayant envoyé un bon gâteau, je tenais absolument à le partager avec eux. Quelle erreur n’avais-je pas commise ! Ephrem se leva d’un bond et s’écria :
- Où est ce gâteau ?
- Dans le placard, répondis-je, surpris par le ton sec du jeune moine qui, déjà, avait ouvert le placard et auscultait le précieux dessert.
- Je parie qu’il y a là-dedans tout ce qui est interdit de manger pendant le carême ! Il n’est pas question d’y toucher, ordonna-t-il en quittant le réfectoire.
Les novices, en l’absence du hiéronda, ne pouvaient qu’obtempérer. Je remontai dans ma cellule et m’allongeai sur mon lit. En des circonstances différentes, ceci aurait dû paraître puéril, voire même comique. Mais l’extrême dénuement et la solitude transformèrent cette humiliation en blessure. Je devais sans doute pleurer bien fort – les cloisons qui nous séparaient n’étaient pas très épaisses – car j’entendis qu’on murmurait quelque chose à mon propos.
Le lendemain, les pères ayant regagnés le monastère, on déjeuna comme si de rien n’était. Ephrem faisait la lecture d’un ton emphatique, en traînant la dernière syllabe des mots comme dans les vieux films des années 30. Placide frappa sur une clochette pour signifier la fin du repas. Comme Ephrem s’inclinait pour recevoir la bénédiction, Placide lui dit tout à coup, d’une manière qui déconcerta toute l’assemblée :
- Il n’y a pas de dessert aujourd’hui ?
- Mais, hiéronda, c’est carême et…
- Je ne sais pas ce que vous en pensez, interrompit le père Placide, mais moi je crève de faim !
Tout le monde se regardait, ahuris. Le grand ascète Placide réclamait un dessert pendant le carême !
- Il y a bien un gâteau que la maman d’Alain a envoyé, risqua timidement Pascal, mais…
- Mais il contient tous ce que l’Eglise interdit en ce jour, trancha Ephrem !
- Et bien amenez-moi ce gâteau, ordonna Placide.
Ephrem dû apporter le gâteau au hiéronda et le découper.
- Servez donc une bonne part à Alain, s’il vous plait, dit Placide.
Tous les visages s’étaient illuminés, sauf celui d’Ephrem qui me servait, car on venait enfin de comprendre le fin mot de l’histoire. Placide était en train de donner une leçon de charité, à la manière des Pères du désert. Je me mis à pleurer, mais de joie cette fois-ci.
- Merci hiéronda, dis-je en portant à ma bouche la pâtisserie interdite.
- La charité ! dit le père Placide, la charité accomplit la loi !
Le Hiéronda avait, par ce geste si simple, explicité la nature même du christianisme (...) Que dit rabbi Yeshoua ben Youssef ? Que tous les commandements se résument dans l’amour, que Dieu lui-même est cet amour. Voilà ce que le père Placide avait démontré en mangeant un gâteau prohibé par la loi comme jadis Jésus en guérissant un malade le jour du Shabbat. »
(Extrait de "La presqu'île interdite", Albin Michel. Par Alain Durel)





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Importance du témoignage orthodoxe en Occident
[…] la présence de l'Orthodoxie en Occident est une nécessité vitale, avant tout parce que l'Église orthodoxe est l'Église véritable du Christ. Comme nous l'enseigne toute la Tradition, l'Église est la véritable arche du salut pour toute l'humanité, le moyen établi par Dieu pour que les hommes obtiennent le Salut et la vie éternelle. A ce titre, il faut qu'elle soit présente partout et rayonne sur le monde. Les fruits que portera cette présence dépendront ensuite de la libre réponse des hommes.

D'autre part, l’Occident est douloureusement partagé, depuis le XVI" siècle, entre le catholicisme romain et les confessions issues de la Réforme protestante. De bons historiens pensent que celle-ci n'aurait jamais eu lieu, si la grande rupture avec l'Orthodoxie ne s'était pas produite au XI° siècle. Les Réformateurs ont voulu réagir contre des abus et des déviations qui étaient en grande partie propres au Christianisme occidental, et qui s'étaient développés à la faveur de la séparation du reste du monde chrétien. Mais ces Réformateurs vivaient dans un univers déjà coupé de la tradition ancienne et étaient eux-mêmes imprégnés d'augustinisme ; c'est pourquoi ils n'ont pas pu retrouver la plénitude du christianisme originel. Dans un tel contexte, la présence de l'Église orthodoxe, bien loin d'être un facteur de nouvelles divisions, peut être un puissant ferment pour la recomposition de l'unité spirituelle de l'Europe. Unité qui ne peut se fonder […] que sur la foi que tous les chrétiens ont professée ensemble pendant un millénaire.

Enfin, l'occident est soumis depuis longtemps déjà à un processus de déchristianisation qui mine les fondements même de sa civilisation, et qui risque de le conduire, dans les décennies à venir, à un déclin irrémédiable. Ceci est particulièrement sensible en France, où ce processus est une conséquence indirecte de la Réforme du XVI° siècle, et aussi de la réaction trop cléricale et autoritaire du catholicisme de la Contre-Réforme. Il est étroitement lie à certains aspects de la Révolution française et aux conditions dans lesquelles sont nés aussi bien le libéralisme économique que le marxisme. Devant le risque d'l'asphyxie spirituelle qui les menacent, beaucoup d'Occidentaux en viennent à chercher un peu d'oxygène dans les sectes plus ou moins marginales qui se multiplient, ou dans les sagesses extrême-orientales. Mais, même parmi ceux-ci, il est des hommes qui redécouvrent finalement dans l'Église orthodoxe une source spirituelle toujours jaillissante, demeurée largement étrangère à la plupart des conflits qui ont préparé l'éclatement de l'univers occidental, et qui porte la promesse de la Vie pour notre monde.

Archimandrite Placide Deseille
in L'ÉGLISE ORTHODOXE ET L'OCCIDENT






L'archimandrite Basile (Pasquiet), ancien moine grec-melkite-catholique devenu lui aussi chrétien-orthodoxe, nous témoigne ceci de notre bien-aimé père Placide :
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Seigneur Jésus Christ fils de Dieu souviens toi dans ton royaume de ton serviteur l'archimandrite Placide.
La première fois que j'ai entendu parler du père Placide Deseilles fut dans son monastère d'origine, l'abbaye de Bellefontaine dans le Maine-et-Loire à une vingtaine de kilomètres de Tiffauges mon village natal en Vendée, c'était en 1975. J'étais en pleine recherche spirituelle, et je m'étais amouraché d'une camarade de classe, nos relations etaient tout à fait innocentes et finalement ma vie allaient changer lorsque je sus que son oncle était le père Abbé de l'abbaye de Bellefontaine. Alors dans mon coeur est né la vive envie d'aller au monastère, et un beau matin, un samedi, je me mis en route pour Bellefontaine. Je pensais faire de l'auto-stop, mais sans succès, si bien que j'y suis allé à pieds. Je suis arrivé vers midi et j'ai eu la chance d'avoir une bref entrevue avec le père hôtelier qui justement me parla d'un de leur père qui vivait en ermite selon la tradition monastique orientale, c'était bien sûr père Placide. La cloche sonna et le père hôtelier s'excusant brusquement me laissa seul sans directive (bien sûr c'était l'heure de sexte et du repas, mais je n'étais pas encore initié), ne sachant que faire au bout d'un moment je pris la décision de prendre le chemin du retour et de nouveau à pieds j'ai parcouru les 20 km jusqu'à Tiffauges, mais ce fus d'un pas léger. Peut-être ce jour là était né ma vocation monastique. En juillet 1976 je suis parti de mon Tiffauges natal pour le Sud de la France où j'ai rencontré Cantauque qui devint le lieu de mon engagement chrétien, je lisais avec beaucoup d'intérêt les ouvrages du père Placide, entre autres, "l'Évangile au désert", "La fournaise de Babylone" et le livre qui ne me quittera plus : "L'ÉCHELLE SAINTE" de Jean Climaque. J'étais devenu un amoureux du rite byzantin et de la spiritualité orientale, puis la nouvelle éclata : Père Placide est devenu orthodoxe ! Je m'en réjouis et au fond de mon coeur est né la certitude que j'allais moi aussi un jour devenir orthodoxe. Des soeurs de la communauté de la Théophanie nous quittèrent pour rejoindre le père Placide ce fut le début de la communauté monastique qui deviendra ensuite le monastère de Solan. En 1989 je fis un stage de calligraphie à Saint Antoine l'abbaye et je me suis rendu jusqu'au monastère de St Antoine, il n'y avait pas encore l'église byzantine, mais père Seraphim était là. Avant de partir pour la Russie j'ai eu la chance de pouvoir rencontrer le père Placide à Solan, puis j'ai fait un bout de chemin avec lui dans sa voiture dans la vallée du Rhône, ensuite j'ai continué mon chemin en auto - stop comme j'en avais l'habitude. Le 20 août 2018 de passage en France avec des amis russes, Анна et Pavel, nous avons pu rencontrer le père Placide après la divine liturgie pendant une trentaine de minutes. L'entretien fut très intéressant, le père s'intéressa beaucoup à la Russie et était très attentif. Après avoir reçu sa bénédiction nous partîmes léger et cette rencontre reste toujours vivante en nous.
Hier nous avons appris son départ vers la maison du Père et sa naissance au ciel où avec tous les Saints le Seigneur lui accorde le repos.
Une douloureuse joie nous étreint.


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