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Pour nos
besoins ici, ce qui devrait être évident est le rôle important de la théorie
catholique romaine de «l'unité de baptême» mentionnée dans cet accord. Dans
cette brève analyse du document, le Métropolite Hierotheos (Vlachos) de
Nafpaktos déclare la fausseté de l ' «unité de baptême» et à juste titre
l'identifie comme simplement une autre version de «la théorie des branches, »
amplement condamnée. Il a écrit qu'il est «évident que les [ orthodoxes] œcuménistes
comprennent l'acceptation du baptême des hérétiques (catholiques et
protestants, qui ont modifié le dogme de la Sainte Trinité et d'autres dogmes)
pour signifier l'acceptation du statut ecclésial des corps hérétiques et, pire
encore, que les deux «Églises» latine et orthodoxe, sont unies en dépit de
petites différences, ou que nous venonsons de la même Église et devrions
chercher à y revenir, formant ainsi la seule et unique Eglise. Ceci est une
expression flagrante de la théorie des branches» . [39]
Une expression de la théorie des branches sur la base d'un «baptême commun» est
aussi clairement trouvée dans un texte adopté et signé par les œcuménistes
orthodoxes à l'Assemblée Œcuménique européenne du Conseil des Eglises européennes
en juin 1997. Nous y lisons: «Dans l'eau du baptême, nous reconnaissons la présence
de l'Esprit, qui est la source de toute vie et nous fait parties du corps du
Christ. « [40] «nous recommandons que les églises. . . cherchent à obtenir une
reconnaissance mutuelle du baptême entre toutes les églises chrétiennes.
"[41]
Enfin, en juillet de cette année (2004), les diocèses australiens des
patriarcats de Constantinople, d'Antioche et de Roumanie ont signé le
soi-disant "Document d’Accord" du Concile national des Eglises
d'Australie, par lequel ils reconnaissent le sacrement du baptême administré
dans les communautés hétérodoxes (catholiques, non-chalcédoniennes, anglicanes,
luthériennes, congrégationaliste et Unies) et promeuvent l'utilisation d'un «certificat
de baptême» commun. [42] Autrement dit, les hiérarques orthodoxes en Australie,
et par implication à Constantinople, Damas et Bucarest, ont reconnu le baptême
comme existant en soi dans les confessions hétérodoxes. Bien que sans précédent
pour les orthodoxes, cet accord est conforme à la déclaration du Concile
Vatican II, à savoir que «les hommes qui croient en Christ et ont été
correctement baptisés sont amenés dans une certaine communion, bien
qu'imparfaite, avec l'Église catholique… tous ceux qui ont été justifiés par la
foi dans le baptême sont incorporés au Christ; ils sont donc avec de bonnes
raisons acceptés comme des frères par les enfants de l'Eglise catholique. [43].
. . Le baptême est donc le lien sacramentel de l'unité, en effet le fondement
de la communion entre tous les chrétiens. »[44] (souligné dans l'original)
Conclusion: Appel pour un retour à la rigueur
Les points de vue présentés par ces théologiens et hiérarques orthodoxes sont
clairement en résonance avec ceux soutenus par les théologiens catholiques, en
particulier les vues exprimées et développées depuis le Concile Vatican II. Ce
sont des vues qui sont contre le consensus patristique et les canons de
l'Eglise; vues qui compromettent l'intégrité de l'Eglise et entravent sa
mission. Par-dessus tout, ce sont des vues qui ne respectent pas la prééminence
de la foi à l'égard de l'unité-tout type d'unité, qu’elle soit soi-disant «partielle»
ou «complète». Comme saint Jean Chrysostome l’a déclaré: «Quand tous croient
semblablement, alors l'unité existe ». [45]
Le témoignage patristique sur la question du baptême hérétique n'a jamais été
remis en question, malgré les affirmations récentes du contraire. Saint
Athanase le Grand, par exemple, a clairement considéré la foi droite c,omme
indispensable pour l'accomplissement d'un baptême authentique et qui donne la
Grâce. Ses paroles expriment succinctement le consensus patristique:
Pour cela, par conséquent, le Sauveur n'a
pas non plus commandé simplement Baptisez, mais Il a d'abord dit, Enseignez; et
puis: Baptisez au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; afin que la foi
droite puisse suivre l'apprentissage, et qu’en même temps que la foi puisse
venir la consécration du baptême. Il y a beaucoup d'autres hérésies, aussi, qui
utilisent les noms seulement, mais pas dans un sens droit, comme je l'ai dit,
ni avec la foi correcte, et en conséquence l'eau qu'ils administrent est sans
profit, comme déficiente en piété, de sorte que celui qui est aspergé par elles
est plutôt pollué par l’irréligion que racheté. [46] (souligné par moi).
Hélas, le genre de clarté et la franchise avec laquelle saint Athanase parle
manquent grandement. En effet, dans la vision papiste-œcuméniste du baptême et
de l'Église, il y a confusion et contradiction intérieure incroyable, ce que
nous sommes encouragés à croire est vraiment paradoxal ou antinomique. [47]
Cela n’est pas. C’est tout simplement trop logiquement tordre la réalité afin
de se conformer aux formes dysfonctionnelles de la vie chrétienne occidentale.
[48] Et pourtant, «l’unité baptismale» représente la pensée dominante dans les
milieux œcuméniques, y compris parmi les œcuménistes orthodoxes. Là est la
grande tragédie et parodie du «témoignage» orthodoxe dans le mouvement œcuménique.
En embrassant la théorie dite de «l'unité primordiale» dans le «baptême un, et
commun» les œcuménistes orthodoxes ont opposé la charité à la vérité et encore
obscurci l'actuel «désunion.» [49]
Que faut-il faire pour l'instant, face à cette infidélité? Comme dans le passé,
lorsque «la clémence semblait mettre en danger le bien-être du troupeau orthodoxe,
en l’exposant à l'infiltration et en l’encourageant à l’indifférentisme et à
l'apostasie," [50] l'Église doit «recourir à la rigueur» [51] pour la réception
des hétérodoxes. Comme l’a écrit un hiérarque contemporain (et avec cela, je
conclus mes remarques): "Quand il y a une telle confusion, il est nécessaire
d'adopter une attitude de rigueur, ce qui préserve la vérité: tous ceux qui
tombent dans l'hérésie sont hors de l'Eglise et le Saint-Esprit n’œuvre pas
pour amener leur déification. "[52]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru
*
NOTES
[39] Ekklesiastike Parembase, n ° 71 (Décembre 2001) [en grec]. Traduit par et
imprimé par Orthodox Tradition, Vol XX, n ° 2, pp. 40-43. Le Métropolite
Hierotheos inclut l'extrait suivant du Protopresbytre Georges Dragas ' "Résumé
et critique» de la Déclaration d’Accord, dans lequel il conclut que «cette enquête
sur la théologie sacramentelle est dénuée de tout fondement ecclésiologique et
qu'il interprète-ou d'une manière unilatérale « interprête mal » plutôt -les
faits de la pratique sacramentelle orthodoxe, et en particulier vis-à-vis des hétérodoxes
à différentes périodes de l'histoire de l'Eglise. Ces recommandations et
conclusions et, en effet, l'ensemble de la Déclaration d’accord sont la
quintessence de scepticisme occidental. Leur acceptation par les théologiens
orthodoxes signale une trahison délibérée des vues orthodoxes et une
capitulation devant les perspectives de l'œcuménisme occidental. Ceci est
quelque chose que nous devrions rejeter ».
[40] Document final 2, Texte de base, §§ A33.
[41] Document final 3, Recommandations pour l'Action, §§ 1.1
[42] Le texte de l'accord, dit ce qui suit: "Nous sommes d'accord ensemble
pour reconnaître le sacrement du baptême administré dans l'église de l'autre,
et de promouvoir l'utilisation du certificat commun de baptême. Signé par:
L'Eglise anglicane d'Australie, l’Eglise orthodoxe d’Antioche, l'Eglise
apostolique arménienne, la Fédération de la Congrégation d'Australie, l’archidiocèse
grec orthodoxe d'Australie, l’Église luthérienne d'Australie, l'Eglise
catholique romaine d’Australie, l’Eglise orthodoxe roumaine, L’Eglise Unie d’Australie
"Pour le document complet voir le site NCCA:
www.ncca.org.au/_data/page/2/A_National_Covenant_July_041.doc.
[43] Décret sur l'œcuménisme, chapitre 1, numéro 3.
[44] Répertoire sur l'oecuménisme, chapitre 2, numéro 11.
[45] Saint Jean Chrysostome, Homélie sur Ephésiens, 11.3, P.G. 62-85.
[46] Saint Athanase le Grand, Patrologia Graeca, Vol. XXVI, col 237B (Second
Discours contre les ariens, 42-43).
[47] Voir Callam, Neville, Présentation Un seul baptême: vers la reconnaissance
mutuelle de l'initiation chrétienne (Faverges II révisée), une conférence également
remise à la Commission plénière de la Commission de la Foi et au cours des réunions
du 28 juillet - au 6 août 2004, tenue à Kuala Lumpur, en Malaisie. Là, M.
Callam, interprétant la déclaration sur le baptême, l'eucharistie et le ministère
[BEM, Faith and Order No. 111, Genève: Conseil Œcuménique des Eglises, 1982]
indique que «parce que le baptême se produit au sein des communautés particulières
avec une identité confessionnelle, c’est la foi de l'église telle qu'elle est
exprimée dans cette communauté dans laquelle une personne est baptisée qui détermine-intentionnellement
ou comme un fait-l'identité confessionnelle des baptisés »(§52). Parce que ces
communautés ne sont pas en pleine communion les unes avec les autres, il en résulte
un paradoxe, à savoir que «si le baptême amène les chrétiens dans l'unité du
Corps du Christ, qui est Un, dans le même temps, l'emplacement du baptême dans
une communauté confessionnelle spécifique signifie que le baptisé fait l'expérience
de la désunion avec beaucoup d'autres chrétiens. "On voudrait demander à
M. Callam comment les baptisés en Christ, peuvent être désunis entre eux? En
cela, il doit être clair que ce «un seul baptême» n’est pas aussi «tous les
(soi-disant) baptêmes», car si ceux-ci étaient de vrais baptêmes ils amèneraient
le croyant dans l'unité à la fois horizontalement et verticalement, avec le
Christ et avec l'Église. Voir aussi Scampini, Père Jorge A, OP, «Nous
reconnaissons un seul baptême pour la rémission des péchés»: «Ce« oui »de la
foi, dit dans le baptême, qui nous fait membres du Christ et de l'Eglise une,
est un oui universel»… Ce «oui» nous incorpore à l'unique Église… Pour un
catholique, les baptisés ne sont pas sauvés en dépit d'être orthodoxes,
anglicans, luthériens, réformés ou méthodistes, mais en étant orthodoxes,
anglicans, luthériens, réformés ou méthodistes. C’est dans cette communauté chrétienne
particulière que le «oui» de la foi a été dit. Les parties séparées de l'unique
Église sont, malgré le péché des chrétiens, au service de l'unique mystère du
salut… Ainsi, en dépit des divisions et des condamnations réciproques, toutes
les communautés des baptisés avec un vrai baptême sont en communion dans ce «oui»
de la foi… Cependant, en plus de cette unification, divinement inspirée et de
ce «oui» transcendant, qui nous amène en communion avec le Christ et dans son
corps, un autre «oui» intervient, provoquant la division et le schisme. Ce
second «oui» est une réponse à des interprétations particulières de la révélation
données dans la forme de Confessions… Par le baptême, nous devenons des chrétiens
qui sont aussi catholiques, orthodoxes, anglicans, ou autre chose. Le premier «oui»
nous permet de recevoir la réalité de la grâce commune à tous les chrétiens,
mais le second «oui» conduit à la perpétuation des signes de division… Il est
donc essentiel pour les communautés chrétiennes d’être plus motivées par le désir
de la vérité que par la fixation passionnée fermée sur leurs traditions
confessionnelles. » La théorie de Père Scampini n’est-elle pas une formulation
assez claire de la théorie hérétique des branches, exprimée en termes
catholiques? Est-ce qu'il ne nous dit pas que l'Orthodoxie est juste une des
nombreuses confessions, et qu’en nous cramponnant à notre « oui »particulier,
nous créons des obstacles à l'unité et combattons la volonté de Dieu? En disant
oui aux particularités de l'orthodoxie, il affirme que nous disons non à l'unité
de l'Eglise. Ainsi, n’oppose-t-il pas clairement la vérité contre la confession
orthodoxe de la foi et la Tradition orthodoxe?
[48] Voir: Scampini, Père Jorge A, OP, «Nous reconnaissons un seul baptême
pour la rémission des péchés»: «Il ne semble cependant pas clair pour moi que,
alors que dans le passé, la tentative a été faite pour répondre à des
situations concrêtes, il n'a pas été possible de prévoir toutes les demandes
que de nouvelles situations sans précédent nous feraient, ce qui rend peut-être
nécessaire de faire ressortir d'autres aspects implicites dans le baptême.
"
[49] Fr. Georges Florovsky fut une exception notable. Père Georges rejetait
"formellement et fermement ces théories existantes de la désunion
existantes, comme la théorie des branches de beaucoup de protestants et l'unité
primordiale dans un baptême commun récemment soulignée dans le catholicisme
romain, parce que ces deux efforts iréniques et œcuméniques pour trouver un
brillant dénominateur commun minimisent plus ou moins le scandale de «désunion»,
qui pour lui devait plutôt être confronté franchement et il a expliqué en
termes de «la véritable [orthodoxe] Église et sécessions.» et il se retourna
toute critique de son un peu plus Cyprianic que Stephanic conception de l'unité
ecclésiologique et sacramentelle ainsi: L’intransigeance n’est jamais que l’autre
nom -méprisant- pour la condamnation » et il reprit:« la séparation fait partie
de notre croix. »Ailleurs, il écrit de façon caractéristique: «la charité ne
doit jamais être contre la vérité» "Voir: Williams, George H.,« Synthèse néopatristique
de Georges Florovsky [en anglais] "in George Florovsky: Intellectuel
russe, clerc orthodoxe, Andrew Blane, rédacteur en chef (Crestwood, NY: St.
Vladimir Seminary Press, 1993), p. 313.
[50] Ware, Eustratios Argenti, p. 85.
[51] Ibid.
[52] Métropolite Hierotheos (Vlachos) de Nafpaktos, Ekklesiastike Parembase, n °
71 (Décembre 2001) [en grec].