"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 7 mars 2016

Rod Dreher : DALLAS A UN SAINT!


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Rod Dreher : DALLAS A UN SAINT
Ci-dessus, une image prise aujourd'hui [5 mars 2016] du corps incorrompu de l'archevêque Dmitri de Dallas. Il est mort à l'été 2011, et a été enterré sans être embaumé, selon la tradition orthodoxe. Ce vendredi, son corps a été exhumé pour son transport jusqu'à la nouvelle tombe dans la cathédrale orthodoxe St. Séraphim de Dallas, qui était la sienne. Lorsque le personnel du cimetière a ouvert son cercueil, il a trouvé Vladyka Dmitri incorrompu.
[…]
À Dallas aujourd'hui, ils ont trouvé son corps incorruptible. Je ne pense pas qu’une seule âme qui connaissait Vladyka Dmitri ait été surprise. Je l'ai connu au cours des cinq dernières années de sa vie. Quel homme cher et saint, c’était ! Il eut un rôle important dans ma venue à l'Orthodoxie. À l'été 2005, brisé et en deuil après des années de scandales et de corruption dans l'Eglise catholique, ma femme et moi avons commencé à fréquenter la cathédrale St. Séraphim. Nous n’avions pas l’intention de nous convertir à l'Orthodoxie; Nous voulions simplement être dans un endroit où nous pourrions être convaincus que la présence réelle du Christ était dans l'Eucharistie […], la liturgie était respectueuse et belle, et nous pouvions assister à l’office sans être complètement submergés par la colère .
Après quelques visites, nous avons reçu une invitation à une fête dans la maison de l'archevêque, après la fête de la Dormition. Je me sentais divisé à ce sujet. D’un côté, je ne voulais pas aller à la maison d'un autre archevêque de fantaisie. D’un autre côté, j'en avais assez des évêques et archevêques, qui avaient fait naufrager l'Eglise catholique. Je ne voulais pas connaître la même chose avec un orthodoxe.
Mais nous sommes allés de toute façon, un après-midi pluvieux d’août à l'adresse indiquée sur l’invitation. Cela  s’est avéré ne pas être un palais, mais la modeste maison de deux étages à ossature de bois derrière la cathédrale. La maison, avec la peinture écaillée, est-ce vraiment là où vit l'archevêque de Dallas et du Sud? Je frappai à la porte, et nous sommes entrés, avec nos enfants.
La maison était remplie des gens de la congrégation. Il y avait des Russes et autres Slaves, et des Américains aussi. On pouvait à peine se déplacer avec toutes ces personnes. Chaque pouce d'espace du comptoir dans la cuisine était rempli de plats portant de la nourriture russe. Au bout d'un comptoir, il y avait un flan magnifique, fait par Vladyka Dmitri lui-même. Il aimait cuisiner.
Il était là, assis à la table, sa longue barbe de Gandalf [personnage de Tolkien] reposant sur sa soutane noire. Ses yeux pétillaient. Il nous a accueillis gentiment. Plus tard, nous l’avons vu partir dans une pièce à côté où les enfants jouaient, s’asseoir sur un canapé bas, et leur parler comme s’ils étaient ses propres enfants. Il était âgé de 82 ans alors, et représentait pour ces enfants une figure de grand-père bienveillant.
« Venez voir ça, » dit Julie, en désignant Vladyka Dmitri parmi les enfants. Ce n’était pas quelque chose que nous étions habitués à voir.
Un peu plus tard, dans la cuisine, un Russe et un Ukrainien versaient des rasades de vodka pour eux-mêmes et pour moi, et nous avons porté un toast à l'archevêque. "Pour Vladyka!" Nous avons dit cela, puis bu la vodka. Pendant ce temps, le plafond a commencé à fuir dans cette pauvre maison ancienne. Nous avons choisi de l'ignorer, parce qu'il était temps de bénir la nourriture. Tout le monde est devenu silencieux alors que Vladyka se tournait vers l'icône et a commencé à prier.
C’était un dîner de famille. Voilà comment nous l’avons ressenti. L’archevêque Dmitri, né Robert Royster à Teague, au Texas, était le contraire de tout ce que je m’attendais à trouver chez un évêque. Il était humble et gentil et doux. Il aimait son peuple, et son peuple l'aimait. Je me souviens d’avoir pensé combien il serait bon d'être dirigé par un tel homme.
Un jour quelques années plus tard, après être devenus orthodoxes, nous étions aux Vêpres du Pardon, le rituel de pré-Carême que célèbrent toutes les paroisses orthodoxes -où chaque paroissien doit demander pardon aux autres puis leur offrir ce pardon en retour. Voir ce grand archevêque âgé s’incliner devant notre fille de trois ans Nora et lui demander pardon, me coupa le souffle.
Nora ne le savait pas à l'époque, mais c’était un saint de Dieu qui lui faisait cet honneur.
Voici ce qui va se passer aujourd'hui à Dallas:
Le samedi matin, 5 mars 2016, Sa Béatitude, le métropolite Tikhon, présidera la Divine Liturgie dans la cathédrale St. Séraphim à 21h30. À la suite de la Divine Liturgie sera servie un pannikhide, après cela, nous irons solennellement en procession autour de la cathédrale en portant le cercueil de Vladyka Dmitri et le placerons dans la crypte préparée dans la Chapelle du Souvenir. Après la litanie finale, nous allons mettre le cercueil contenant le corps de l'archevêque Dmitri dans son dernier lieu de repos terrestre.
Saint Dmitri de Dallas, prie pour nous. Je suis sûr que le processus de canonisation officielle sera bientôt en cours. Quelle bénédiction il fut pour nous tous qui l’avons connu.
Un saint. Notre Vladyka. Quel don !

Version française Claude Lopez-Ginisty

D’après

The American Conservative

Cité par

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Vladyka Dmitri (OCA)

La crypte où il repose à présent
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dimanche 6 mars 2016

Le prêtre et la confession

Confession


Absolution/ Tableau russe du XIXe siècle
Pour beaucoup le plus grand obstacle à une bonne confession vient de ce que nous devions nous confesser à un prêtre. Ceci est peut-être plus effrayant encore, que ce que nous pourrions découvrir quand nous essayons de nous examiner à la lumière de ce que Dieu nous appelle à être.
Quelques mots sur le prêtre semblent nécessaires...

1) La fonction du prêtre

La première chose dont nous devrions nous souvenir est que nous ne nous confessons pas au prêtre; nous nous confessons au Christ. Dans les livres d'offices orthodoxes, le prêtre doit dire au pénitent: "Le Christ se tient ici invisiblement et reçoit ta confession... Je suis seulement un témoin." En confession, le prêtre est témoin de deux choses: du repentir du pécheur qui se confesse, et du pardon du Christ librement donné au pécheur. 

Ce pardon est donné au pénitent par le prêtre à qui notre Seigneur a confié le ministère de pardon, en accord avec Ses paroles: "Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés , ils seront pardonnés et ceux à qui vous retiendrez les péchés, ils seront retenus." ( Jean 20:22-23)

Le prêtre sert, non de juge, mais de témoin de la sincérité du repentir. C'est pourquoi dans la pratique orthodoxe de la confession, le prêtre ne fait pas face au pénitent, mais le prêtre et le pénitent se tiennent tous deux face à l'icône du Christ. Pour montrer que le pardon vient, non du prêtre mais du Christ, le prêtre ne dit pas: " Je te pardonne..." mais " Que Dieu te pardonne..."

2) Que pensera-t-il de moi?

Nous voulons tous que les autres nous aiment et pensent du bien de nous, et ceci est particulièrement vrai de la figure d'autorité que représente notre prêtre. Je puis répondre à ceci de par ma propre expérience.

Quand j'ai vu quelqu'un lutter avec la peur et l'embarras et les vaincre pour faire une confession importante, j'ai été rempli d'admiration pour lui. Jésus a dit: " il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour nonante-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance." ( Luc 15:7) En tant que confesseur, j'ai souvent eu part à cette joie céleste.

Dans le même ordre d'idée, il y a aussi le sentiment que mon prêtre a utilisé ma confession dans son sermon. Je soupçonne que tous ceux qui se confessent ont de temps en temps ce sentiment. Mais ce que nous ne réalisons pas, c'est que vingt personnes ont confessé le même péché le mois écoulé, que l'Evangile du Dimanche est en rapport avec ce même péché, et que d'ailleurs le prêtre peut lui aussi lutter contre ce péché dans sa propre vie.

3) Pourquoi se confesser à lui? C'est aussi un pécheur!

Pourquoi aller voir un docteur? Il tombe aussi malade! En fait il serait plus facile de se confesser à un autre pécheur. A propos de Jésus, il est écrit: "Parce qu'il a Lui-même souffert quand il fut tenté, Il est capable d'aider ceux qui sont tentés." (Hébreux 2:18) 
Nous pouvons aussi dire qu'un prêtre peut utiliser sa propre expérience dans la lutte contre le péché pour aider ceux qui viennent à lui. A son tour, le combat du pénitent peut raffermir et instruire le prêtre qui doit aussi se repentir. Le présent le plus aimant que nous puisions faire à un prêtre, c'est une bonne confession.

En conclusion...

Nous pouvons dire que les deux plus grands obstacles à une bonne confession sont la paresse et la peur. La paresse nous empêche de prendre le temps et de faire l'effort de bien nous préparer. La peur nous empêche d'être ouverts et honnêtes avec nous-mêmes et notre Dieu devant un autre chrétien, notre prêtre. Nous devrions aussi confesser ces péchés!

Quand nous irons au-delà de notre paresse et de notre peur, nous découvrirons que le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, Qui est devenu notre Père aussi, est très semblable au père du Fils Prodigue. Il se tient dans les hauteurs, nous observant. Quand il voit que nous avons fait le moindre petit pas pour revenir vers Lui, il oublie Sa dignité et Sa réserve et Il accourt vers nous à notre rencontre. Il ouvre Ses bras et nous étreint et Il nous prend avec Lui dans le lieu où Il demeure. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
 Père Joseph Letendre,
 Preparing for Confession
Light and Life Publishing Company, 1987 
*

Ecole d'iconographie "Lepota" de Minsk (Belarus) (en anglais)



EDITIONS DES SYRTES/ Nouveautés

 Début du Grand Carême : 14 mars 2016
Pâques : 1er mai

   

   
    
d’Orient et d’Occident. Des extraits du Triode, le texte liturgique du Grand Carême, figurent également dans cet ouvrage. Les synaxaires constituent une explication des fêtes ou événements commémorés. Ces textes, souvent ignorés des fidèles car ils ne sont pas lus à l’église, font également partie de cette édition. En plus de ces textes fondamentaux, figurent certaines explications de textes ou d’usages liturgiques du Grand Carême émanant de liturgistes reconnus.
Cette année, les éditions des Syrtes proposent une édition revue et augmentée de l’édition de 2012, accompagnant tout chrétien dans sa recherche spirituelle en cette période particulière de recueillement.
Autres publications auxquelles Bernard Le Caro a participé aux éditions des Syrtes : La Divine liturgie de saint Jean Chrysostome (traducteur, 2015), Lettres de direction spirituelle de saint Théophane le Reclus (2014).
Emission de radio avec l’auteur sur France Culture
ce dimanche 6 mars à 8 h !
       








Les Glorificateurs du Nom,
Une querelle théologique parmi les moines russes du Mont Athos
1907-1914
Antoine Nivière
420 pages - 27 €

Le mouvement onomatodoxe (doctrine qui affirme la présence réelle de l’être divin dans son nom) s’est développé durant les deux premières décennies du XXe siècle, parmi certains moines russes du Mont Athos qui, à partir de leur expérience mystique, cherchèrent à éclairer, à partir de la tradition de l’hésychasme byzantin, les fondements théoriques concernant la nature du nom de Dieu, tout en rencontrant une forte hostilité aux idées qu’ils développaient. L’intransigeance des positions adoptées par chacune des parties entraina une aggravation du conflit sur l’Athos qui prit la forme d’une révolte directe contre les autorités hiérarchiques. Aussi, dans l’espoir de mettre fin à cette situation de trouble qu’il jugeait dangereuse pour ses intérêts dans la région, le gouvernement tsariste décida, en 1913, d’intervenir de la manière la plus énergique qu’il soit, ne reculant pas devant l’usage de la force pour ramener en Russie les partisans de cette doctrine condamnée désormais comme hérétique.
   
           Cette répression souleva une vague de protestations au sein de l’opinion publique russe. L’ensemble des partis politiques, les cercles de l’intelligentsia et les milieux littéraires ainsi que la presse prirent part à ces débats. Au bout d’un an, les glorificateurs du nom divin obtinrent, grâce à des appuis hauts placés à la cour impériale, la révision partielle de leur dossier par les autorités religieuses, mais sans parvenir à une complète réhabilitation. Le réexamen de la question, promis lors du Concile de Moscou de 1917-1918, n’eut finalement pas lieu.

L’ouvrage retrace cette page d’histoire méconnue de la Russie à la veille de la Révolution, il rétablit la chronologie des faits et leur enchainement. Il propose une interprétation des différentes théories formulées au cours de ce débat qui a trouvé son prolongement chez plusieurs représentants de la pensée philosophique et religieuse russe, tant ceux restés en Russie soviétique (Pavel Florenski, Alexeï Lossev) que ceux partis en émigration (Serge Boulgakov).

Antoine Nivière est professeur de littérature et civilisation russes à l’Université de Lorraine.
*
Désormais, l’achat de nos livres est possible sur notre nouveau site :
www.editions-syrtes.com
editions@syrtes.ch

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


22 février / 6 mars
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier

Invention des reliques des saints apôtres et martyrs au quartier d’Eugène à Constantinople (VIIème s.) ; saint martyr Maurice d’Apamée et ses 70 compagnons : Photin, Théodore, Philippe, et les autres (vers 305) ; saint Paschase, évêque de Vienne (310) ; saints Thalasse, Limnée et Baradate ermites en Syrie (Vème s.) ; saint Athanase, confesseur en Bithynie (821) ; saints Gouram, Adarnassé, Bakhar, Vatché, Bardzim, Datchi, Djvanchère, Ramaz et Pharrsam, les 9 enfants lapidés par les païens dans le village de Kola (Géorgie, VIème s.) ; saints néomartyrs de Russie : hiéromartyrs Joseph (Smirnov) et Vladimir (Ilinsky), prêtres, Jean (Kastorsky), diacre et Jean (Perebaskine), martyr (1918) ; hiéromartyrs Michel (Gorbounov), Jean (Orlov), Victor (Moriguerovsky), Jean (Parousnikov), Serge (Belokourov), André (Yasenev), Paul (Smirnov), prêtres, Serge (Voukachine) et Antipe (Kirillov), moines, Parascève (Makarov), moniale, Étienne (Frantov) et Nicolas (Nekrassov), Élisabeth (Timokhine), Irène (Smirnov) et Barbara (Lossev) (1938), André (Gnevychev) (1941), Philarète (Priakhine), moine (1942.

Lectures : I Cor. VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46

LE DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DE VIANDE OU DU JUGEMENT DERNIER

L
a première appellation de ce dimanche s’explique par le fait que commence, dès le lendemain, l’abstinence de viande, et la seconde, par la lecture évangélique du Jugement redoutable universel des vivants et des morts, qui est mentionné dans tout l’office liturgique. Par la mémoire du Jugement, la sainte Église incite plus fortement les pécheurs au repentir et indique le véritable sens de l’espoir même en la miséricorde Divine. Dieu est miséricordieux, mais Il est également le juste Juge, qui rend à chacun selon ses œuvres. Pour cette raison, les pécheurs ne doivent pas se méprendre quant à leur responsabilité pour leur condition morale et faire mauvais usage de la longanimité de Dieu. En nous rappelant le Jugement et en dirigeant nos regards vers « l’examen impartial », la sainte Église nous inspire la pensée de la nécessité impérative du repentir et du redressement de sa vie : « Renonçant en ce jour aux aliments, travaillons avec ardeur à réparer nos fautes dignement ». Tout particulièrement, elle nous appelle au œuvres de charité : « Connaissant les commandements du Seigneur, vivons ainsi : nourrissons les affamés, abreuvons ceux qui sont assoiffés, vêtons ceux qui sont nus, accueillons les étrangers, visitons les malades et les prisonniers, afin que Celui qui viendra juger la terre nous dise : venez les bénis de Mon Père, héritez du Royaume qui vous est préparé depuis la fondation du monde ». A partir de ce jour, nous franchissons « le seuil » du saint carême, selon l’expression liturgique désignant
la semaine qui vient. L’Église, qui mène graduellement les fidèles à l’ascèse du jeûne, les place sur la dernière marche de l’abstinence les préparant au carême par l’interdiction de manger de la viande et la permission de consommer les œufs et le fromage. Ainsi, le passage au jeûne est-il facilité. Dans les hymnes liturgiques de cette semaine, l’Église nous invite à « ne point souiller, par le mal de l’intempérance et de l’ivresse, l’entrée et le seuil du carême ». Il est clair que, selon l’enseignement de l’Église, la semaine des laitages ne doit pas donner lieu à des excès de nourriture et des réjouissances effrénées. St Tykhon de Zadonsk (†1783) dit que « durant la semaine des laitages, les véritables enfants de l’Église doivent agir avec bien plus de tempérance que durant les jours précédents ».

Tropaire du dimanche, 7ème ton
Pазрyши́лъ ecи́ Кресто́мъ Tвои́мъ сме́рть, отве́рзлъ ecи́ разбо́йнику pа́й, мироно́сицамъ пла́чь преложи́лъ ecи́ и aпо́столомъ проповѣ́дати повелѣ́лъ ecи́, я́ко воскре́слъ ecи́, Xpистé Бо́же, да́руяй мípoви вéлiю ми́лость.
Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as ouvert le paradis au larron,  Tu as transformé le pleur des myrophores, et ordonné à Tes Apôtres de prêcher que Tu es ressuscité,  Christ Dieu, accordant au monde la grande miséricorde.

Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
Егда́ пріи́деши Бо́же на зе́млю co cлáвою, и тpeпе́щутъ вся́ческая ; pѣка́ же о́гненная предъ суди́щемъ влече́тъ, кни́ги paзгиба́ются, и та́йная явля́ются; тогда́ изба́ви мя́ oтъ огня́ неугаси́маго, и cподо́би мя́ одесну́ю Teбе́ ста́ти cyдіе́ пра́веднѣйшій.
O Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre dans la gloire et que trembleront toutes choses, un fleuve de feu coulera devant le tribunal, les livres seront ouverts et les secrets révélés. Délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi digne de me tenir à Ta droite, Juge très juste.

AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER

Dans l’image de Dieu que l’être humain porte en lui, se trouve le Verbe Divin immortel. En cela est la majesté immortelle et divine même chez l’un des « plus petits » parmi les hommes. Cette vérité évangélique est fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu le fais en fin de compte au Christ, au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque homme porte en lui le Christ, qu’il en soit conscient ou non. Pour cette raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque homme que ce soit, chacun de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un homme, revêt une importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit ton destin éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé. Chaque homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et de chacun de ces « frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile sur le Jugement, le Seigneur nous dit cette vérité, cette vérité universelle : ton salut dépend de ton attitude envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ. C’est là tout l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris l’affamé en tant que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à celui qui est assoiffé, tu es à nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur, encore une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite à un malade, tu es renforcé dans le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une fois sauvé. Ainsi, de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre sauveur. Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement avec le Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut n’est rien d’autre que l’union de l’homme avec le Sauveur par les saints Mystères et les saintes vertus évangéliques.
St Justin de Tchélié


LE SAMEDI DE L’ABSTINENCE DE VIANDE

Le premier samedi, dit « universel », consacré à la mémoire des défunts, est celui qui précède le dimanche de l’abstinence de viande. Ce samedi est dit « universel » parce que l’on y fait mémoire de tous les défunts depuis Adam jusqu’à nos jours. Dans les livres liturgiques, il est mentionné « que l’on fait mémoire de tous les chrétiens orthodoxes, de nos pères et frères, qui se sont endormis depuis les siècles ». Il est écrit dans le synaxaire (commentaire du jour ou de la fête, figurant dans les livres liturgiques après le kondakion) : « Les saints Pères ont disposé qu’il convenait de faire mémoire de tous les défunts pour la raison suivante. Nombreux sont ceux qui meurent souvent d’une mort non naturelle, par exemple lors d’un voyage en mer, ou encore sur des montagnes infranchissables, dans des gorges ou précipices ; il arrive encore que certains meurent de faim, du fait d’un incendie, de la guerre, ou du gel. Et qui énumérerait toutes les sortes et tous les genres de mort soudaine et inattendue ? Tous ceux qui entrent dans lesdites catégories sont privés des chants et des prières funèbres. C’est la raison pour laquelle, les saints Pères, mus par l’amour des hommes, ont décidé, sur le fondement de l’enseignement apostolique, d’accomplir cette commémoration universelle, afin que personne, achevant sa vie terrestre de quelque façon, à quelque moment et en quelque lieu que ce fût, ne se vît privé des prières de l’Église ». La fixation du samedi des défunts à la veille du dimanche de l’abstinence de viande remonte à une tradition ancienne, confirmée par le fait qu’elle se trouve dans le Typicon de St Sabbas au Vème siècle. Cette tradition résulte de la coutume pour les chrétiens des premiers siècles de se rassembler dans les cimetières pour commémorer les défunts, ce à quoi font allusion des témoignages écrits du IVème siècle. La raison pour laquelle l’Église a retenu le samedi précédant le dimanche du Jugement Dernier est précisément que nous demandons au Juste Juge de manifester Sa miséricorde en ce jour envers tous les défunts, dont ceux qui sont restés sans enterrement chrétien. En outre, cette commémoration a lieu peu avant le Grand Carême, lorsque nous devons entrer dans une union plus étroite avec les vivants et les morts.


VIE DES NEUF SAINTS ENFANTS MARTYRS DE KOLA (GÉORGIE)[1]

Au VIème siècle, la région de Kola, près des sources de la rivière Mtkvari, au sud-ouest de la Géorgie, était encore en grande partie païenne, et les enfants chrétiens jouaient avec les païens. Comme, le soir venu, lorsque retentissait le signal, les petits chrétiens quittaient leurs camarades pour se rendre à l’église, neuf enfants païens : Gouram, Adarnèse, Baqar, Vache, Bardzim, Dachi, Juansher, Ramaz et Parsman, qui étaient âgés entre sept et neuf ans, voulurent les suivre. Mais, les fidèles les repoussèrent, en leur disant que s’ils voulaient entrer dans l’église, ils devaient croire au Christ et être baptisés. Avec grande joie, les enfants répondirent qu’ils désiraient recevoir le saint baptême. Le prêtre ayant été averti, il les emmena de nuit au bord de la rivière gelée et lorsqu’il les plongea dans l’eau, celle-ci devint chaude et des anges apparurent aux jeunes néophytes en chantant l’Alléluia. Ils décidèrent de rester auprès des chrétiens, mais lorsque leurs parents apprirent la nouvelle, ils les traînèrent de force en dehors de l’église en les frappant. Restant sept jours sans nourriture ni boisson et endurant les mauvais traitements de leurs parents, les saints  enfants ne cessaient de déclarer : « Nous sommes chrétiens, et nous ne mangerons ni ne boirons rien de ce qui a été offert aux idoles ! » Comme aucun argument ne pouvait les faire fléchir, après avoir reçu du prince licence de faire subir à leurs enfants ce que bon leur semblerait, leurs parents creusèrent une fosse profonde à l’endroit du baptême. Ils y jetèrent leurs enfants, leur fracassèrent le crâne à coups de pierres, puis, aidés du reste de la population, ils recouvrirent la fosse. Quant au prêtre qui avait célébré le baptême, ils le frappèrent à la tête et le chassèrent de l’endroit après s’être emparé de tous ses biens.


[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petras

samedi 5 mars 2016

Père Peter Alban Heers: LE MYSTÈRE DU BAPTEME ET L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (5 et Fin)

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Epilogue: Une question de foi
Peu de jours après que ce document ait été présenté, un autre accord œcuménique a été annoncé. L'Eglise évangélique d'Allemagne (EKD) principale dénomination protestante -de ce pays, et le Patriarcat œcuménique de Constantinople ont signé un accord pour reconnaître leurs baptêmes respectifs. L'accord a été résumé comme suit dans un article paru le 6 octobre dans International Ecumenical News [Nouvelles œcuméniques internationales]:
Aux termes de l'accord annoncé après une réunion en septembre à Istanbul, les chrétiens qui se convertissent d'une confession à l'autre ne seront pas baptisés à nouveau. La déclaration commune qui a été signée, a déclaré que «bien que n'existe pas encore de communion ecclésiale entre nos Eglises, nous considérons que les membres de l'autre Eglise comme étant baptisés et dans le cas d'un changement de confession, nous rejetons la possibilité de faire un nouveau baptême. L’accord a été signé par le Métropolite d’Allemagne Augustin du Patriarcat œcuménique et l'évêque Rolf Koppe, responsable des relations étrangères pour l'EKD. Dr. Dagmar Heller, l'agent responsable à l'EKD de l’œcuménisme et de l'Orthodoxie a déclaré que «Au cours de nos négociations le Métropolite Augustin a souligné que le Patriarcat œcuménique en Allemagne n'a pas baptisé de convertis depuis de nombreuses années. Mais la signature de ce document aide à lutter contre les malentendus et les préjugés.» Plus tôt cette année, une importante réunion du Conseil œcuménique des Églises a mis en évidence l'importance de la reconnaissance mutuelle du baptême, considéré par certains comme offrant actuellement le moyen le plus prometteur de promouvoir l'unité de l'église. En 2003, alors secrétaire général du COE, Konrad Raiser, a dit qu'il y aurait «une« révolution copernicienne » dans le dialogue œcuménique, si les églises en venaient vraiment à reconnaître le baptême de l'autre.»
Il y a plusieurs questions importantes à noter et analyser ici. Tout d'abord, cet accord continue clairement le chemin mentionné précédemment, à savoir la reconnaissance du baptême hétérodoxe en soi (en soi, en dehors de la conversion à l'orthodoxie) et supprime la possibilité même de l'économie, car ici l'économie est devenue la Règle. Car que reste-t-il là à compléter par «l’économie», si la plénitude de la grâce baptismale existe déjà parmi les hétérodoxes?
Deuxièmement, contrairement à ces accords conclus à Balamand et aux U.S.A., cet accord a été conclu à Constantinople, au Phanar, et signé par l'évêque d'une église locale. Dans le passé, comme moyen d'adoucir la critique, il a été affirmé que ces décisions œcuméniques étaient seulement suggérées par les théologiens dans le dialogue et non pas des décisions des évêques locaux. Avec les pactes signés en Allemagne et en Australie nous avons affaire non pas à des commissions de théologiens ou des accords théologiques qui ne sont pas encore appliqués, mais à des diocèses locaux (Églises) qui, avec leurs évêques signent confessions de foi. Ils croient et confessent-qu'il n'y a pas de différence entre le baptêmes orthodoxe et le baptême hérétique, qu'ils sont un seul et même baptême,le «seul baptême» du Symbole de la foi (Credo de Nicée). Ceci est un défi direct à la foi de tous les chrétiens orthodoxes dans le «seul baptême pour la rémission des péchés» et la croyance que cette « église une» du Credo est l'Eglise orthodoxe.
A chaque chrétien orthodoxe, en substance, on demande: Croyez-vous et confessez-vous que le baptême orthodoxe et le baptême hétérodoxe sont un seul et même baptême, sont tous deux «un seul baptême pour la rémission des péchés»? Si, toutefois, vous acceptez que le «un seul baptême" que nous confessons dans le Symbole de la foi est le même que ce «baptême» effectué par les hétérodoxes, il en résulte que la «seule Église» est identifiée avec une «église» de laquelle les hétérodoxes font également partie.
En outre, si les hétérodoxes sont baptisés dans le Christ et dans la vie du Christ, ont "revêtu le Christ" dans le baptême, alors ils ne manquent rien de la grâce de Dieu et sûrement la seule chose qui les empêche de partager la Sainte Communion avec les orthodoxes est les préjugés et les malentendus. Car, si la vérité dogmatique n’est plus un critère nécessaire à l'adhésion dans l'Eglise, nous ne trouvons pas d'autres raisons que les préjugés et les malentendus pour nous abstenir de l'union.
On peut s'attendre à des revendications selon lesquelles rien n'a changé, que la pratique de recevoir les hétérodoxes «κατ 'οικονομίαν [par l’économie]» par chrismation était la norme depuis des décennies et elle continuera de l'être. Si la pratique n'a pas changé, pratique dont saint Nicodème l’Athonite remet  en question la façon dont elle est interprêtée-il est entendu qu’elle a certainement changé [à présent]. Bien que nulle part dans l'accord il est indiqué que le baptême hétérodoxe est considéré par les orthodoxes comme inactif ou défectueux, certains justifient maintenant la décision au motif que les orthodoxes considèrent le baptême hétérodoxe être un baptême «ν δυνάμει [potentiel]», et pas «ν νεργεία [actif]». Outre le fait que cela n’est indiqué nulle part dans l'accord-et donc fait apparaître les orthodoxes comme des jésuites (en disant une chose et en en pensant une autre) - le «baptême» ν δυνάμη »est inconnu chez les Pères. Quel Père a jamais parlé de mystères existants «ν δυνάμη» parmi les hétérodoxes?
Chers chrétiens orthodoxes, le témoignage canonique et patristique est clair. Les Canons apostoliques 46 et 47 déclarent respectivement: «Nous ordonnons que l'évêque ou le prêtre qui a reconnu le baptême ou le sacrifice des hérétiques soit défroqué. Quel accord a Christ avec Bélial? Ou qu’a un croyant de commun avec un incroyant? (Cf 2 Cor. 6:15) et «Si un évêque ou un presbytre baptisent à nouveau quelqu'un qui a eu un vrai baptême, ou ne parviennent pas à baptiser quelqu'un qui avait été pollué par les impies, qu'il soit défroqué, au motif qu'il se moque de la Croix et de la mort du Seigneur, et ne parvient pas à distinguer les prêtres des faux prêtres ».
Plus important, cependant, que même la nature anti-canonique de ces accords, si elle est possible, est l'implication que des différences fondamentales dans la foi ne nous empêchent d'effectuer l'union avec les hétérodoxes. Ce que nous avons ici, n’est rien moins qu’une «fausse union, » pure et simple : l’union des églises dans le « baptême unique» de l'Église. Une confession de foi a été posée, celle qui dit que le «seul baptême» est tout baptême, que ce soit effectué à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Eglise, par un chrétien orthodoxe ou hétérodoxe, selon la forme apostolique ou non. En outre, par voie de conséquence, cette nouvelle confession de foi soutient également que, puisque nous partageons  «un seul baptême» avec les hétérodoxes, et jouissons d'une union dite partielle avec eux, ils sont également membres de l'Eglise, même si d’une certaine façon, il y a peut-être "ecclésiastiquement un manque"»
Tout chrétien orthodoxe, et surtout  tout berger orthodoxe est appelé à résister à cette nouvelle «confession de foi» en paroles et en actes et à être toujours prêts à donner une réponse à tout homme qui demande raison de l'espérance qui est en [lui] (1 Pet . 3:15).
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 4 mars 2016

Père Peter Alban Heers: LE MYSTÈRE DU BAPTEME ET L'UNITÉ DE L'ÉGLISE L'idée « d’Unité Baptismale » et son acceptation par les œcuménistes orthodoxes (4)

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Pour nos besoins ici, ce qui devrait être évident est le rôle important de la théorie catholique romaine de «l'unité de baptême» mentionnée dans cet accord. Dans cette brève analyse du document, le Métropolite Hierotheos (Vlachos) de Nafpaktos déclare la fausseté de l ' «unité de baptême» et à juste titre l'identifie comme simplement une autre version de «la théorie des branches, » amplement condamnée. Il a écrit qu'il est «évident que les [ orthodoxes] œcuménistes comprennent l'acceptation du baptême des hérétiques (catholiques et protestants, qui ont modifié le dogme de la Sainte Trinité et d'autres dogmes) pour signifier l'acceptation du statut ecclésial des corps hérétiques et, pire encore, que les deux «Églises» latine et orthodoxe, sont unies en dépit de petites différences, ou que nous venonsons de la même Église et devrions chercher à y revenir, formant ainsi la seule et unique Eglise. Ceci est une expression flagrante de la théorie des branches» . [39]

Une expression de la théorie des branches sur la base d'un «baptême commun» est aussi clairement trouvée dans un texte adopté et signé par les œcuménistes orthodoxes à l'Assemblée Œcuménique européenne du Conseil des Eglises européennes en juin 1997. Nous y lisons: «Dans l'eau du baptême, nous reconnaissons la présence de l'Esprit, qui est la source de toute vie et nous fait parties du corps du Christ. « [40] «nous recommandons que les églises. . . cherchent à obtenir une reconnaissance mutuelle du baptême entre toutes les églises chrétiennes. "[41]

Enfin, en juillet de cette année (2004), les diocèses australiens des patriarcats de Constantinople, d'Antioche et de Roumanie ont signé le soi-disant "Document d’Accord" du Concile national des Eglises d'Australie, par lequel ils reconnaissent le sacrement du baptême administré dans les communautés hétérodoxes (catholiques, non-chalcédoniennes, anglicanes, luthériennes, congrégationaliste et Unies) et promeuvent l'utilisation d'un «certificat de baptême» commun. [42] Autrement dit, les hiérarques orthodoxes en Australie, et par implication à Constantinople, Damas et Bucarest, ont reconnu le baptême comme existant en soi dans les confessions hétérodoxes. Bien que sans précédent pour les orthodoxes, cet accord est conforme à la déclaration du Concile Vatican II, à savoir que «les hommes qui croient en Christ et ont été correctement baptisés sont amenés dans une certaine communion, bien qu'imparfaite, avec l'Église catholique… tous ceux qui ont été justifiés par la foi dans le baptême sont incorporés au Christ; ils sont donc avec de bonnes raisons acceptés comme des frères par les enfants de l'Eglise catholique. [43]. . . Le baptême est donc le lien sacramentel de l'unité, en effet le fondement de la communion entre tous les chrétiens. »[44] (souligné dans l'original)

Conclusion: Appel pour un retour à la rigueur


Les points de vue présentés par ces théologiens et hiérarques orthodoxes sont clairement en résonance avec ceux soutenus par les théologiens catholiques, en particulier les vues exprimées et développées depuis le Concile Vatican II. Ce sont des vues qui sont contre le consensus patristique et les canons de l'Eglise; vues qui compromettent l'intégrité de l'Eglise et entravent sa mission. Par-dessus tout, ce sont des vues qui ne respectent pas la prééminence de la foi à l'égard de l'unité-tout type d'unité, qu’elle soit soi-disant «partielle» ou «complète». Comme saint Jean Chrysostome l’a déclaré: «Quand tous croient semblablement, alors l'unité existe ». [45]

Le témoignage patristique sur la question du baptême hérétique n'a jamais été remis en question, malgré les affirmations récentes du contraire. Saint Athanase le Grand, par exemple, a clairement considéré la foi droite c,omme indispensable pour l'accomplissement d'un baptême authentique et qui donne la Grâce. Ses paroles expriment succinctement le consensus patristique:

Pour cela, par conséquent, le Sauveur n'a pas non plus commandé simplement Baptisez, mais Il a d'abord dit, Enseignez; et puis: Baptisez au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; afin que la foi droite puisse suivre l'apprentissage, et qu’en même temps que la foi puisse venir la consécration du baptême. Il y a beaucoup d'autres hérésies, aussi, qui utilisent les noms seulement, mais pas dans un sens droit, comme je l'ai dit, ni avec la foi correcte, et en conséquence l'eau qu'ils administrent est sans profit, comme déficiente en piété, de sorte que celui qui est aspergé par elles est plutôt pollué par l’irréligion que racheté. [46] (souligné par moi).

Hélas, le genre de clarté et la franchise avec laquelle saint Athanase parle manquent grandement. En effet, dans la vision papiste-œcuméniste du baptême et de l'Église, il y a confusion et contradiction intérieure incroyable, ce que nous sommes encouragés à croire est vraiment paradoxal ou antinomique. [47] Cela n’est pas. C’est tout simplement trop logiquement tordre la réalité afin de se conformer aux formes dysfonctionnelles de la vie chrétienne occidentale. [48] Et pourtant, «l’unité baptismale» représente la pensée dominante dans les milieux œcuméniques, y compris parmi les œcuménistes orthodoxes. Là est la grande tragédie et parodie du «témoignage» orthodoxe dans le mouvement œcuménique. En embrassant la théorie dite de «l'unité primordiale» dans le «baptême un, et commun» les œcuménistes orthodoxes ont opposé la charité à la vérité et encore obscurci l'actuel «désunion.» [49]

Que faut-il faire pour l'instant, face à cette infidélité? Comme dans le passé, lorsque «la clémence semblait mettre en danger le bien-être du troupeau orthodoxe, en l’exposant à l'infiltration et en l’encourageant à l’indifférentisme et à l'apostasie," [50] l'Église doit «recourir à la rigueur» [51] pour la réception des hétérodoxes. Comme l’a écrit un hiérarque contemporain (et avec cela, je conclus mes remarques): "Quand il y a une telle confusion, il est nécessaire d'adopter une attitude de rigueur, ce qui préserve la vérité: tous ceux qui tombent dans l'hérésie sont hors de l'Eglise et le Saint-Esprit n’œuvre pas pour amener leur déification. "[52]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru
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NOTES

[39] Ekklesiastike Parembase, n ° 71 (Décembre 2001) [en grec]. Traduit par et imprimé par Orthodox Tradition, Vol XX, n ° 2, pp. 40-43. Le Métropolite Hierotheos inclut l'extrait suivant du Protopresbytre Georges Dragas ' "Résumé et critique» de la Déclaration d’Accord, dans lequel il conclut que «cette enquête sur la théologie sacramentelle est dénuée de tout fondement ecclésiologique et qu'il interprète-ou d'une manière unilatérale « interprête mal » plutôt -les faits de la pratique sacramentelle orthodoxe, et en particulier vis-à-vis des hétérodoxes à différentes périodes de l'histoire de l'Eglise. Ces recommandations et conclusions et, en effet, l'ensemble de la Déclaration d’accord sont la quintessence de scepticisme occidental. Leur acceptation par les théologiens orthodoxes signale une trahison délibérée des vues orthodoxes et une capitulation devant les perspectives de l'œcuménisme occidental. Ceci est quelque chose que nous devrions rejeter ».

[40] Document final 2, Texte de base, §§ A33.

[41] Document final 3, Recommandations pour l'Action, §§ 1.1

[42] Le texte de l'accord, dit ce qui suit: "Nous sommes d'accord ensemble pour reconnaître le sacrement du baptême administré dans l'église de l'autre, et de promouvoir l'utilisation du certificat commun de baptême. Signé par: L'Eglise anglicane d'Australie, l’Eglise orthodoxe d’Antioche, l'Eglise apostolique arménienne, la Fédération de la Congrégation d'Australie, l’archidiocèse grec orthodoxe d'Australie, l’Église luthérienne d'Australie, l'Eglise catholique romaine d’Australie, l’Eglise orthodoxe roumaine, L’Eglise Unie d’Australie "Pour le document complet voir le site NCCA: www.ncca.org.au/_data/page/2/A_National_Covenant_July_041.doc.

[43] Décret sur l'œcuménisme, chapitre 1, numéro 3.

[44] Répertoire sur l'oecuménisme, chapitre 2, numéro 11.

[45] Saint Jean Chrysostome, Homélie sur Ephésiens, 11.3, P.G. 62-85.

[46] Saint Athanase le Grand, Patrologia Graeca, Vol. XXVI, col 237B (Second Discours contre les ariens, 42-43).

[47] Voir Callam, Neville, Présentation Un seul baptême: vers la reconnaissance mutuelle de l'initiation chrétienne (Faverges II révisée), une conférence également remise à la Commission plénière de la Commission de la Foi et au cours des réunions du 28 juillet - au 6 août 2004, tenue à Kuala Lumpur, en Malaisie. Là, M. Callam, interprétant la déclaration sur le baptême, l'eucharistie et le ministère [BEM, Faith and Order No. 111, Genève: Conseil Œcuménique des Eglises, 1982] indique que «parce que le baptême se produit au sein des communautés particulières avec une identité confessionnelle, c’est la foi de l'église telle qu'elle est exprimée dans cette communauté dans laquelle une personne est baptisée qui détermine-intentionnellement ou comme un fait-l'identité confessionnelle des baptisés »(§52). Parce que ces communautés ne sont pas en pleine communion les unes avec les autres, il en résulte un paradoxe, à savoir que «si le baptême amène les chrétiens dans l'unité du Corps du Christ, qui est Un, dans le même temps, l'emplacement du baptême dans une communauté confessionnelle spécifique signifie que le baptisé fait l'expérience de la désunion avec beaucoup d'autres chrétiens. "On voudrait demander à M. Callam comment les baptisés en Christ, peuvent être désunis entre eux? En cela, il doit être clair que ce «un seul baptême» n’est pas aussi «tous les (soi-disant) baptêmes», car si ceux-ci étaient de vrais baptêmes ils amèneraient le croyant dans l'unité à la fois horizontalement et verticalement, avec le Christ et avec l'Église. Voir aussi Scampini, Père Jorge A, OP, «Nous reconnaissons un seul baptême pour la rémission des péchés»: «Ce« oui »de la foi, dit dans le baptême, qui nous fait membres du Christ et de l'Eglise une, est un oui universel»… Ce «oui» nous incorpore à l'unique Église… Pour un catholique, les baptisés ne sont pas sauvés en dépit d'être orthodoxes, anglicans, luthériens, réformés ou méthodistes, mais en étant orthodoxes, anglicans, luthériens, réformés ou méthodistes. C’est dans cette communauté chrétienne particulière que le «oui» de la foi a été dit. Les parties séparées de l'unique Église sont, malgré le péché des chrétiens, au service de l'unique mystère du salut… Ainsi, en dépit des divisions et des condamnations réciproques, toutes les communautés des baptisés avec un vrai baptême sont en communion dans ce «oui» de la foi… Cependant, en plus de cette unification, divinement inspirée et de ce «oui» transcendant, qui nous amène en communion avec le Christ et dans son corps, un autre «oui» intervient, provoquant la division et le schisme. Ce second «oui» est une réponse à des interprétations particulières de la révélation données dans la forme de Confessions… Par le baptême, nous devenons des chrétiens qui sont aussi catholiques, orthodoxes, anglicans, ou autre chose. Le premier «oui» nous permet de recevoir la réalité de la grâce commune à tous les chrétiens, mais le second «oui» conduit à la perpétuation des signes de division… Il est donc essentiel pour les communautés chrétiennes d’être plus motivées par le désir de la vérité que par la fixation passionnée fermée sur leurs traditions confessionnelles. » La théorie de Père Scampini n’est-elle pas une formulation assez claire de la théorie hérétique des branches, exprimée en termes catholiques? Est-ce qu'il ne nous dit pas que l'Orthodoxie est juste une des nombreuses confessions, et qu’en nous cramponnant à notre « oui »particulier, nous créons des obstacles à l'unité et combattons la volonté de Dieu? En disant oui aux particularités de l'orthodoxie, il affirme que nous disons non à l'unité de l'Eglise. Ainsi, n’oppose-t-il pas clairement la vérité contre la confession orthodoxe de la foi et la Tradition orthodoxe?

[48] ​​Voir: Scampini, Père Jorge A, OP, «Nous reconnaissons un seul baptême pour la rémission des péchés»: «Il ne semble cependant pas clair pour moi que, alors que dans le passé, la tentative a été faite pour répondre à des situations concrêtes, il n'a pas été possible de prévoir toutes les demandes que de nouvelles situations sans précédent nous feraient, ce qui rend peut-être nécessaire de faire ressortir d'autres aspects implicites dans le baptême. "

[49] Fr. Georges Florovsky fut une exception notable. Père Georges rejetait "formellement et fermement ces théories existantes de la désunion existantes, comme la théorie des branches de beaucoup de protestants et l'unité primordiale dans un baptême commun récemment soulignée dans le catholicisme romain, parce que ces deux efforts iréniques et œcuméniques pour trouver un brillant dénominateur commun minimisent plus ou moins le scandale de «désunion», qui pour lui devait plutôt être confronté franchement et il a expliqué en termes de «la véritable [orthodoxe] Église et sécessions.» et il se retourna toute critique de son un peu plus Cyprianic que Stephanic conception de l'unité ecclésiologique et sacramentelle ainsi: L’intransigeance n’est jamais que l’autre nom -méprisant- pour la condamnation » et il reprit:« la séparation fait partie de notre croix. »Ailleurs, il écrit de façon caractéristique: «la charité ne doit jamais être contre la vérité» "Voir: Williams, George H.,« Synthèse néopatristique de Georges Florovsky [en anglais] "in George Florovsky: Intellectuel russe, clerc orthodoxe, Andrew Blane, rédacteur en chef (Crestwood, NY: St. Vladimir Seminary Press, 1993), p. 313.

[50] Ware, Eustratios Argenti, p. 85.

[51] Ibid.

[52] Métropolite Hierotheos (Vlachos) de Nafpaktos, Ekklesiastike Parembase, n ° 71 (Décembre 2001) [en grec].