"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 12 juin 2016

Higoumène Danielle [Myasnikova]: "Un Père Spirituel n’est pas un baby-sitter, on devrait penser par soi-même" (7)




-Vous êtes higoumène, et c’est un travail ardu. Donc, on vous a fait sortir d'un environnement naturel pour une moniale, qui consiste juste en «Dieu et moi». Vous devez faire des activités plus terrestres qu'une personne laïque moyenne. Est-ce encore le monachisme?

-C’est également le monachisme. Le monachisme sert le Christ dans les conditions qui existent à un certain moment. Une vie normale dans un monastère est quand une personne a un certain emploi du temps pour une journée, ce qui est normal et humain. Cela signifie que c’est une occasion de ne pas penser à des problèmes quotidiens tels que ce que vous mangerez demain, ou ce que vous allez porter. Il y a une personne qui pense comment fournir à l'ensemble du monastère de la nourriture et des vêtements.

Lorsque les responsabilités sont clairement réparties, cela permet de prendre soin de soi et de faire ses activités dans un monastère, sans avoir des pensées non désirées. Un moine est censé avoir un endroit où il peut s'isoler et juste rester avec Dieu, les anges et les saints en privé. C’est idéal. À l'heure actuelle, il est essentiel de tout faire pour que les gens capables de mener une vie monastique aient une telle possibilité.

Certes, je voudrais vivre dans une telle «serre» maintenant. Cependant, le Seigneur nous met toujours dans un lieu qu’Il pense être nécessaire, quelles que soient nos aspirations. Je suis actuellement en train de faire ce qui est nécessaire: je cours dans toute la ville à la recherche de ciment, de bois, de peinture, et de quelqu'un qui puisse me donner du charbon pour la salle des chaudières. Ceci est mon obédience actuelle.

-N’y a-t-il pas des moines qui peuvent faire ce travail «non-féminin»?

-Notre couvent est pour les femmes et nous avons notre propre économie. La chose est que l'on comprend à un certain moment, c’est que, quel que soit le mode de vie que l'on mène, la vie spirituelle ne consiste pas à vivre dans des conditions de serre. C’est le don de Dieu que de comprendre cela.

Au début, tout le monde pense qu'un monastère est, comme une femme l'a appelé, «la vie d'une plante». En d'autres termes, les moines vivent de la même façon que les vaches broutent paisiblement, tandis que l'herbe est verte et que les oiseaux chantent. Les moines ne sèment pas et ne moissonnent pas et le Seigneur les nourrit et les habille. En fait, Il les nourrit et les habille, mais Il les fait également travailler. Peu à peu, on commence à comprendre que la vie monastique et notre cellule, sont dans notre cœur. On comprend le sens des paroles «le Royaume des Cieux est en vous».


Pourquoi les saints, qui ont été mis dans des camps de concentration au début du XXe siècle, restent-ils saints parmi les criminels les plus endurcis? Quand on lit les lettres des institutions pénales, on est surpris de leur paix intérieure et du calme intérieur! Ces gens ont réussi à voir Dieu dans une cellule, dans la saleté, où les gens ont juré, raillé et torturé. Les saints étaient avec Dieu. Heureusement, les tâches de notre aujourd'hui sont infiniment plus faciles.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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