"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 29 décembre 2015

Saint Ignace [Briantchaninov]: Gloire à Dieu en tout! (R)

Святитель Игнатий (Брянчаинов)


Souvent aux moments de dépressions et dans l'affliction, ainsi qu'aux temps de réjouissance, il est nécessaire de répéter une parole d'action de grâce à Dieu, aussi souvent et aussi longtemps que la prière de Jésus, " Gloire à Dieu pour tout!" et encore, " Gloire à Dieu pour tout!"

Avec cette prière, les murmures s'enfuient du cœur, la confusion disparaît et seule la paix commence à s'installer dans le cœur avec la joie...

Le Seigneur a une lumière qui chasse toutes sortes de confusion et d'ennui. Ah, si seulement l'âme  se rapprochait de Lui avec foi...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Saint Ignace Briantchaninov
Biography of Abbess Arsenia of Ust-Medvedsky Convent
Cité dans 
in Conquering Depression
Saint Herman of Alaska Brotherhood
Platina, California, USA
1998

lundi 28 décembre 2015

Saint Séraphim et Motovilov (2) /R/

Преподобный Серафим Саровский в молении на камне

Motovilov avait une maison à Diviyevo dans laquelle il vivait lorsqu’il y séjournait. Et en 1840, selon ce qu’avait dit saint Séraphim, il épousa cette jeune paysanne dont lui avait parlé le saint et ils furent heureux et eurent, tous deux, une dormition paisible après une vie sainte. Et Elena Ivanovna se révéla l’épouse qu’attendait Nicolas Alexandrovitch.

Dans leur maison, il y avait un grand portrait de saint Séraphim. Nicolas Alexandrovitch parlait très souvent de saint Séraphim. La gouvernante allemande qui s’occupait des enfants, en était agacée. Un jour, ne pouvant se retenir, elle dit à Motovilov qu’il ne savait décidément parler que de saint Séraphim. Et elle alla furieuse se réfugier dans sa chambre. Elle revint au moment où Elena Ivanovna alla la voir, elle avait les yeux remplis de larmes. « Pardonnez-moi, Nicolas Alexandrovitch dit-elle, je ne parlerai plus jamais de cette façon de [saint] Séraphim. Lorsque je suis passé devant son portrait, il m’a regardé sévèrement et il m’a menacé d’un geste du doigt. »

Quand Nicolas Alexandrovitch mourut, elle resta vivre à Diviyevo. Lorsque la glorification de saint Séraphim eut lieu, elle reçut la visite du Tzar Nicolas et de la famille impériale...

« Elle avait un esprit vif et une excellente mémoire, elle était remplie d’amour spirituel pour saint Séraphim. Elle avait une foi forte et un caractère direct, n’ayant jamais honte de dire la vérité en face de quiconque » Ainsi lorsque devant elle et l’higoumène Maria qui était un peu sourde, ces clercs venus la visiter, parlaient de leur compte en banque, Mère Maria demandant ce qu’ils disaient, elle répondit à haute voix : « Ils comptent leurs profits Matouchka Higoumène, pour décider qui en a le plus ! »

Elle avait un grand abandon chrétien à la Providence de Dieu. En 1906, elle avait reçu une grande somme d’argent qu’elle avait simplement mise dans un sac sous son lit et quelqu’un la lui avait volée pendant la nuit. Au matin, elle en parlait avec un visiteur sans le moindre regret et sans colère. « Dieu a donné, et Dieu a repris : béni est Son Nom à jamais ! » Elle disait qu’il fallait recevoir les peines comme des sucreries et en remercier Dieu, Qui les envoie certainement pour une raison précise…

Sa foi orthodoxe n’admettait pas que l’on remette en question quelque aspect que ce soit de la vie de l’Eglise, considérant « les traditions apostoliques [comme] inviolables. » ajoutant. « Les rubriques de l’Eglise et les règles des monastères furent établies par de grands et saints hiérarques et des Pères craignant Dieu ; la colère divine se déversera sur tous ceux qui oseront les changer, comme cela fut révélé à saint Séraphim. Et elle demandait ouvertement aux membres du clergé de ne pas êtres pusillanimes et de s’élever directement contre cet esprit de réforme.

Saint Séraphim aimait beaucoup Elena Ivanovna. Lorsque les moniales venaient le voir, elle était encore une enfant, et il leur demandait d’amener avec elles « la petite ».

Jusques à la fin de sa vie, saint Séraphim accompagna Elena Ivanovna et veilla sur elle. Un moine du nom de Jacob était venu la voir pour l’entendre parler de saint Séraphim. Il fut émerveillé de rencontrer cette femme admirable qui avait connu le saint et connaissait une foule d’anecdotes pieuses et édifiantes sur l’ermite de Sarov. Il voulait lui demander un morceau de la pierre sur laquelle il avait prié. Il ne pouvait se résoudre à le lui demander…

La pierre de saint Séraphim était une précieuse relique, un objet tangible de son ascèse. Après la dormition du saint, on avait voulu déplacer cette pierre sans succès. Saint Séraphim apparut et demanda que l’on fasse un feu sur cette pierre. Le feu fit craquer la pierre qui se fendit, et elle fut déplacée et partagée… 

Un jour une femme malade fut guérie en buvant de l’eau qui avait été en contact avec cette pierre. Nicolas Alexandrovitch Motovilov était en visite chez l’évêque de Voronej. Une nuit saint Mitrophane apparut à l’évêque Antoine et lui dit de faire une bénédiction de l’eau sur la pierre que possédait Motovilov, que la femme malade en boirait et qu’elle serait guérie. Au matin, l’évêque demanda à Nicolas Alexandrovitch quelle sorte de pierre il avait sur lui. Motovilov lui parla de la pierre de saint Séraphim dont il avait un fragment dans ses poches. Il fut fait selon ce que saint Mitrophane avait recommandé…et la femme guérit.

Le moine Jacob n’osait pas demander cette grande faveur d’avoir un fragment de cette pierre de la prière du saint. Le moment de partir arriva. Elena Ivanovna se retira dans sa chambre après l’avoir salué, et il pensa qu’il n’était pas jugé digne par le saint ermite de Sarov d’avoir ce fragment de la pierre. Elena Ivanovna sortit alors qu’il partait pour lui dire que saint Séraphim venait de lui demander de lui donner six pierres venant de la pierre sur laquelle il avait prié mille jours et mille nuits.

Saint Séraphim intercède auprès de Dieu pour le salut de nos âmes !


Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

dimanche 27 décembre 2015

Saint Séraphim et Motovilov (1)/R/


Преподобный Серафим Саровский в молении на камне


Peu de gens savent que l’épouse de Nicolas Alexandrovitch Motovilov, Elena Ivanovna, était encore en vie au moment de la glorification du saint Staretz de Sarov. La compagne de celui à qui saint Séraphim révéla le « but de la vie chrétienne » vivait encore en effet lorsqu’en l’an 1903, l’Eglise Russe reconnut la ferveur populaire qui depuis longtemps entourait la mémoire sacrée du thaumaturge bien aimé. Elle naquit au ciel le 27 décembre 1910 à l’âge vénérable de huitante-huit ans. Depuis la mort de son époux, elle vivait au monastère de Diviyevo.

Saint Séraphim l’avait guéri et Motovilov souffrait et pensait que sa souffrance était inconnue du saint. Mais un jour soudain, le père lui demanda : « Vous voulez me parler de quelque chose, mais c’est comme si vous n’arriviez pas à rassembler tout votre courage. Parlez avec moi simplement, avec le pauvre Séraphim. Je suis prêt à vous dire , avec l’aide de Dieu, ce que Dieu révèlera. »
Nicolas Alexandrovitch lui dit qu’il était très amoureux d’une jeune femme de la noblesse, une de ses voisines au village de Simbirsk et qu’il souhaitait que Père Séraphim prie Dieu pour que Dieu la lui donne comme épouse.
« Quel âge a cette épouse qui vous est destinée par Dieu ? » demanda le saint. 
Nicolas Alexandrovitch répondit : « Elle a perdu son père à l’âge de cinq ou six ans, elle a vécu dix ans avec sa mère ; il y a un an et demi ou plus que sa mère est morte…Je pense qu’elle a seize ou dix-sept ans. »
« Que me dites-vous là, votre Grâce ? Non, non, votre épouse selon Dieu a maintenant huit ans et plusieurs mois, peut-être trois ou quatre, peut-être plus de cinq mois. Mais par décret du Synode, un homme ne peut se marier avant l’âge de dix-huit ans, ni une femme avant l’âge de seize ans. Donc vous devez attendre huit ou dix ans votre épouse promise par Dieu. Sinon, comment pourriez-vous l’épouser ? Ce n’est pas possible, elle est beaucoup trop jeune. »
« S’il vous plaît, Père Séraphim, dit Motovilov qui pensait encore à sa jeune femme noble,, Comment peut-elle être trop jeune ? Selon la loi, je puis l’épouser maintenant. »
« De qui parlez-vous au pauvre Séraphim ? »
« De Yezikova ! répondit Nicolas Alexandrovitch, de Catherine Mikhaïlovna Yezikova ! »
« Ah, dit Père Séraphim, de Yezikova… Eh bien, je ne parlais pas d’elle. Moi, pauvre de moi, je parlais de l’épouse que Dieu entend vous donner, et je vous jure par Dieu, qu’elle ne peut pas avoir plus de huit ans et plusieurs mois. »

Motovilov fut très déçu. Saint Séraphim lui parla longuement en faisant à plusieurs reprises de grandes prosternations, aussitôt imitées par Nicolas Alexandrovitch. Il réussit à le convaincre de se consacrer à cette future épouse. Puis il lui annonça « comme si ses yeux le scrutaient à l’intérieur de lui-même » dit Motovilov, qu’elle était une simple petite paysanne. Mais il ajouta. « Mais ne soyez pas honteux de cela, votre Grâce. Son ancêtre est Adam, et par notre Seigneur Jésus-Christ, elle est votre sœur. »


Nicolas Alexandrovitch Motovilov

Motovilov aimait beaucoup le père Séraphim, mais malgré la prophétie du saint, il s’entêta dans sa passion pour Yazikova. Il lui proposa donc le mariage, mais elle refusa tout net. Elle était déjà fiancée à l’admirable poète Khomiakov. Nicolas Alexandrovitch fut à nouveau malade et ses jambes furent à nouveau paralysées. Il se fit transporter à Sarov le 3 septembre 1832. Les reliques de saint Mitrophane de Voronej venaient d’être inventées. Nicolas Alexandrovitch décida d’aller les vénérer en passant par Sarov. Saint Séraphim lui dit qu’il prierait pour savoir s’il devait être guéri à Sarov ou à Voronej. Et devant Motovilov étonné, il lui déclara le lendemain : Dieu n’a pas voulu que je vous guérisse votre Grâce, vous serez guéri par les reliques de Saint Mitrophane. Maintenant petit père, le Seigneur et la Mère de Dieu me sont apparus cette nuit, à moi l’humble Séraphim, pour la dix-septième ou dix-huitième fois, et Ils ont daigné me révéler toute votre vie, de la naissance à la dormition. Et si Dieu lui-même n’avait pas placé mes doigts sur les blessures des clous et sur Son Saint Côté percé par la lance, je n’aurais pas cru qu’il pouvait y avoir des vies aussi étranges sur terre. Et votre vie sera remplie de telles merveilles et d’étrangetés, simplement parce que pour vous, les réalités du monde sont liées si fermement avec le spirituel et le spirituel avec le monde, qu’il est impossible de les séparer. »

Nicolas eut peur que saint Séraphim ne lui annonce sa mort prochaine. Le père le rassura.
« Non, votre Grâce, vous êtes supposé devenir mon assistant dans l’accomplissement de la Très Sainte Volonté de Dieu. Par « dormition », j’entends votre fin chrétienne paisible, dont le Seigneur vous rendra digne durant le cours de votre vie terrestre. »

Motovilov voulut alors connaître cette révélation de toute sa vie. Mais le saint n’avait pas le droit de lui révéler cette vie. Mais il le mit au service de la communauté de Diviyevo et solennellement devant trois moniales de la communauté, dont Irina Semyonovna Zelyonogorskaya, qui allait devenir higoumène de la troisième communauté, il leur demanda qu’après sa mort, elles lui disent tout ce qui concernait la communauté, et qu’elles le considèrent comme leur protecteur.

Il l’envoya à Voronej où il fut guéri. Mais Nicolas Alexandrovitch ne devait plus revoir le saint qui eut sa bienheureuse dormition pendant son pèlerinage. Et revenu guéri par la grâce de Dieu et de Son saint hiérarque, il se mit au service de la communauté de Diviyevo. (à suivre)

Claude Lopez-Ginisty
Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


14/27 décembre
30ème dimanche après la Pentecôte
Dimanche des Ancêtres du Seigneur

Saints Thyrse, Leucius et Callinique, martyrs à Césarée de Bithynie (251) ; saints Philémon, Apollonius, Arien et Théoctiste, martyrs en Égypte (287) ; saint Venance Fortunat, évêque de Poitiers, hymnographe (610) ; saint hiéromartyr Nicolas (Kovalev), prêtre (1937).

  Lectures : Col. III, 4–11 ;  Lc. XIV, 16–24

LES ANCÊTRES DU SEIGNEUR

L
a préparation la plus importante pour la Nativité du Christ est constituée par les offices des deux derniers dimanches précédant cette fête, qui sont consacrés à la mémoire des ancêtres du Sauveur selon la chair et, en général, à tous les justes de l’Ancien Testament qui attendaient la venue de Celui-ci. L’un de ces dimanches est appelé celui des « ancêtres » et l’autre, celui des « pères ». En fait, le premier a reçu son appellation (en grec « Πропатόрων ») parce qu’il précède le second (« Παтέрων »), mais tous deux célèbrent, sans différence, tous les justes de l’Ancien Testament. Certains des « ancêtres » font l’objet de louanges particulières, par exemple : « Honorons Adam le premier, couronné d’honneur par la main du Créateur » ; « Le Dieu et Seigneur de l’univers agréa les dons offerts par Abel avec une âme pleine de noblesse » ; « Enoch, ayant été agréable au Seigneur fut enlevé en gloire, étant plus fort que la mort ». Le sens de la fête est exprimé de la façon la plus concise dans son tropaire, qui mentionne trois traits distinctifs chez les ancêtres du Seigneur, qui se trouvent en dépendance les uns des autres : 1) leur foi, 2) le fait que par eux le Christ s’est « fiancé » à l’Église des païens ; Il a, en quelque sorte, rassemblé des païens pour les appeler à Son Église (nombre des ancêtres du Seigneur n’appartenaient pas au peuple élu), et 3), le fait que de leur semence provenait la Très Sainte Vierge Marie qui, cependant, enfanta elle-même le Christ sans semence. Les mélodies du dimanche des saints ancêtres sont plus tristes que joyeuses (par exemple le 2ème ton utilisé pour le tropaire). Ceci reflète la langueur avec laquelle on attendait la venue du Christ.


VIE DES SaintS THYRSE, LEUCIUS ET CALLINIQUE[1]

Pendant la persécution de Dèce (vers 250), le gouverneur Cumbricius avait été envoyé dans la région de Nicomédie, Nicée et Césarée de Bithynie pour arrêter les chrétiens. Révolté devant la conduite sanguinaire du magistrat, un chrétien de bonne condition de Césarée, Leucius, se présenta devant lui, en disant avec colère : « Chien insatiable, jusques à quand verseras-tu le sang comme l’eau d’une fontaine, en contraignant les paisibles disciples du Christ à adorer des pierres et des morceaux de bois inanimés comme si c’étaient des dieux ? » Furieux devant une telle audace, le gouverneur le fit arrêter, lui fit déchirer la chair à coups de verges et, sans plus de jugement, ordonna à ses bourreaux de le décapiter.

La nouvelle de cette exécution remplit de terreur les chrétiens qui cherchèrent refuge dans les montagnes et les cavernes. Le vaillant Thyrse au contraire se rendit alors auprès du tyran et lui demanda une entrevue. Avec patience et conviction, il essaya de lui montrer combien il est déshonorant pour les hommes doués de raison d’adorer les êtres qui en sont privés et les phénomènes naturels. Il appuyait patiemment ses arguments par le témoignage des saintes Écritures, mais bien en vain. Cumbricius, insensible à tout discours, n’exigeait que l’obéissance aveugle aux ordres de l’empereur. Pieds et poings liés, Thyrse fut alors livré à la sauvagerie des bourreaux. Ils le frappèrent jusqu’à l’épuisement, lui écrasèrent les chevilles, lui crevèrent les yeux, lui versèrent du plomb en fusion sur le corps, mais le saint resta invinciblement protégé par la grâce, comme par une invisible cuirasse, et renversa même les idoles par sa prière. De retour dans son cachot, il reçut la visite du Seigneur lui-même, qui l’encouragea au combat et le mena auprès de l’évêque pour recevoir le saint baptême, en préparation du « second baptême », dans le sang du martyre.

Comme un envoyé de l’empereur, Silvain, était venu en inspection à Apamée de Bithynie, Cumbricius voulut lui prouver son zèle, et il soumit Thyrse à de nouveaux supplices, mais sans plus de succès. L’athlète du Christ resta insensible aux tourments et prédit la mort prochaine des deux impies. Un troisième magistrat, Babdus, vint leur succéder et fit à son tour torturer l’invincible Thyrse. Jeté à la mer dans un sac, il fut encore sauvé par l’intervention d’un ange, puis fut conduit d’Apamée à sa patrie, Césarée de Bithynie, pour y être offert en pâture aux fauves. Mais là encore, les persécuteurs essuyèrent une cuisante défaite, car les lions vinrent jouer aux côtés de Thyrse et lui lécher les pieds.

Alors que le gouverneur avait transféré saint Thyrse à Apollonias de Bithynie, pour le soumettre à de nouveaux tourments, devant les merveilles accomplies par Dieu, un prêtre des idoles, nommé Callinique, réalisa que si une telle puissance est accordée aux chrétiens, elle ne peut venir que d’un Dieu unique, Créateur et Souverain de toutes choses. Il se présenta devant le tyran et lui démontra avec ironie la vanité du culte officiel. Aussitôt arrêté et condamné à mort avec Thyrse, il fut décapité, tandis que Thyrse, enfermé dans un étroit coffre de bois, était lentement scié, des heures durant, par les bourreaux.

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ вѣ́рніи и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть претерпѣ́ти, и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Tropaire des saints Ancêtres, ton 2
Вѣ́рою пра́отцы оправда́лъ еси́, отъ язы́къ тѣ́ми предобручи́вый це́рковь, xва́лятся въ сла́вѣ cвяті́и, я́ко oтъ cѣ́менe и́xъ écть пло́дъ благосла́венъ, безъ cѣ́менe ро́ждшая тя. Tѣ́xъ моли́твами Xpисте́ Бо́же, поми́луй на́съ.
Par la foi tu as justifié les Ancêtres, en épousant d’avance par eux l’Eglise de la gentilité. Ces saints sont fiers, dans la gloire, car de leur lignée devait naître un fruit glorieux, celle qui t’a engendré virginalement. Par leurs supplications, ô Christ Dieu, sauve nos âmes.

Kondakion des saints Ancêtres, ton 6
Рукопи́саннаго о́браза не поче́тше, но неопи́саннымъ cущество́мъ защити́вшеся треблаже́нніи, въ по́двизѣ огня́ просла́вистеся ; cpeдѣ́ же пла́мене нестерпи́маго стоя́ще, Бо́га призва́сте ; ускopи́, o ще́дрый, и потщи́ся я́ко ми́лостивъ въ по́мощь на́шу, я́ко мо́жеши xoтя́й.

Jeunes gens trois fois heureux, vous n’avez point vénéré l’image faite de main d’homme, mais fortifiés par l’Essence indescriptible, dans la fournaise de feu vous fûtes glorifiés, vous trois fois bienheureux. Dans la flamme de feu irrésistible vous tenant, vous avez invoqué Dieu. Hâte-Toi, ô Miséricordieux, viens vite, plein de pitié, à notre aide, car Tu le peux selon Ta volonté.  



HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

… Et maintenant, l’apôtre vient nous dire : « Faites mourir les membres terrestres qui sont en vous ! » Je réponds que ces mots « les membres terrestres » signifient le péché et ne calomnient en rien la création. Oui, il donne aux péchés le nom de choses terrestres, soit parce qu'ils sont le fruit des pensées terrestres et qu'ils se commettent sur la terre, soit parce qu'ils montrent l'homme terrestre dans le pécheur. « La fornication , l'impureté » , dit-il. Il passe sous silence les habitudes qu'il serait honteux de nommer; le mot impureté dit tout. « Les abominations, les mauvais désirs », tout est compris dans ces termes généraux; il y a là toutes les mauvaises passions : la haine, la colère, la sombre envie, et l'avarice qui est une idolâtrie.

« Puisque ce sont ces crimes qui attirent la colère de Dieu sur les fils de la rébellion». L’apôtre a recours à bien des raisonnements pour les détourner du péché. Il leur expose les bienfaits qu'ils ont reçus, les maux de la vie future dont nous avons été délivrés, ce que nous étions alors, ce que nous sommes devenus, comment et pourquoi nous avons été délivrés. Tout cela devrait suffire pour ramener les pécheurs. Mais voici la raison la plus forte, raison terrible à entendre, mais qui est loin d'être inutile à dire : « Ce sont ces crimes qui attirent la colère de Dieu les fils de la rébellion ». Il n'a pas dit: « Sur vous » ; il a dit : « Sur les fils de la rébellion ». — «Et vous avez commis vous-mêmes ces actions criminelles, quand vous viviez dans ces désordres ». Éloge implicite; il veut dire qu'ils n'y vivent plus. Ce langage s'applique au passé. « Maintenant déposez aussi vous-mêmes le fardeau de tous ces péchés ». Il commence, selon son habitude, par un terme général, tous ces péchés ; puis il les détaille : ce sont les mauvaises passions de l'âme. « La colère, l'aigreur, la malice, la médisance; que les paroles déshonnêtes soient bannies de votre bouche. N'usez point de mensonge les uns envers les autres ». Que les paroles déshonnêtes soient bannies de votre bouche , ajoute-t-il énergiquement, car de telles paroles sont des souillures. « Dépouillez le vieil homme et ses œuvres. Revêtez-vous du nouveau qui se renouvelle en avançant dans la connaissance « de Dieu, étant formé à la ressemblance de Celui qui l'a créé». Il est bon de rechercher ici pourquoi il désigne sous le nom de membres, d'homme et de corps, la corruption humaine, et pourquoi il désigne encore sous les mêmes noms la vie vertueuse. Si le péché c'est l'homme, pourquoi faire suivre le mot « homme » de ce mot : « Avec ses actes? » Car il a déjà parlé du vieil homme, en montrant qu'il désigne par là non toutes les œuvres de l'homme, mais le péché. Le libre arbitre en effet est plus important que la substance, et c'est ce libre arbitre plutôt que la substance qui constitue l'homme. Ce n'est pas la substance de l'homme en effet qui précipite l'homme dans la géhenne ou qui le transporte dans le royaume des cieux, c'est le libre arbitre, et ce que nous aimons dans l'homme ce n'est pas l'homme, c'est telle ou telle qualité. Si donc le corps est la substance, et si la substance est irresponsable pour le bien comme pour le mal, comment le corps serait-il le mal ?


[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petras

samedi 26 décembre 2015

Ryan Adams: Les choses qui ne sont pas les raisons pour lesquelles je suis devenu orthodoxe! (2/2)




2: Petites traditions avec un petit "t"

Très semblable à ceci est la réponse, "Je comprends, ils ont ces belles traditions." Voyant que la façon dont les grandes Traditions d'Orient avec un grand "T" sont souvent en contradiction avec celles de l'Église romaine, je vais sortir des sentiers battus et supposer que chaque fois que quelqu'un utilise cette expression, il se réfère aux traditions (avec un petit "t") des cultures associées à l'Orthodoxie (A moins que vous ne parliez des Traditions avec un grand "T" et que vous tentiez subtilement faire appel à mon aide pour vous frayer un chemin à travers la structure ecclésiale orthodoxe souvent déroutante, dans ce cas, je suis un grand ignorant, s'il vous plaît, pardonnez-moi).

Tandis qu'il est vrai que partout où va l'Orthodoxie, un richesse abondante de traditions culturelles suit, voilà une raison stupide de devenir Orthodoxe. Quand quelqu'un devient orthodoxe, il ne devient pas soudain russe, ou serbe, ou grec, etc., il est toujours ce qu'il est, en essayant simplement de grandir dans l'amour de Dieu et du prochain, d'une manière particulière, par les enseignements du Christ. Certes, de nombreuses anciennes traditions des cultures orthodoxes méritent d'être adoptées et adaptées, en particulier pour notre société consumériste moderne culturellement désolée.

Cependant, il est toujours fou, pour ne pas mentionner le manque de respect qui y est associé, de réduire l'infini passion intérieure [la foi!] de la religion à de simples apparences. C'est la vérité et la beauté des croyances qui ont donné lieu à ces pratiques qui sont importantes. 

Peu importe de quelle taille et combien votre koulitch* est savoureux ou comment vous parlez le slavon d'Eglise, si vous n'œuvrez pas honnêtement et de tout votre cœur,  à votre salut dans la vérité de l'Eglise orthodoxe, vous êtes dans l'erreur. Cette manière "externe" de penser est regrettable, et paradigmatique de notre société "de culture".

3: Hipsterdom**

Beaucoup de gens qui pensent à quelqu'un devenu orthodoxe, pensent immédiatement à un hipster ironique. Ils ne peuvent pas aller au-delà de l'image d'un diplômé d'État de Portland, cycliste, fumeur de cigarette, qui a décidé de se convertir à l'Orthodoxie avec tout son immeuble  (ou sa tribu). La phrase, "Je suis chrétien orthodoxe, vous n'en avez probablement jamais entendu parler," vient à l'esprit. N'est-il pas ironique, et contre les attentes de notre société d'être chrétien, et pas seulement chrétien, chrétien orthodoxe, quelque chose d'étranger, et de relativement "underground" en Amérique?

Tout est beau et bon, au premier abord, dans ce monde de hipsters, mais qu'arrive-t-il quand cela cesse d'être malin? Il n'y a rien de gagné, par voie de grâce et de perspicacité spirituelle, du solipsisme amer qui vient avec ce christianisme ironique. Finalement, il peut même amener jusqu'à la mort, mais au moins dans la mort, le bon sentiment du blogueur plein d'esprit, se moquant avec la rhétorique éloquente de ceux assez stupides de ne pas "savoir ce que je sais," se dissipera dans le vaste néant de ce monde, "qui est déjà en train de disparaître." Lorsque cela se produira, et cela se passera pour nous tous, ces sentiments ne seront rien qu'une condamnation. Car à la mort, le Seigneur nous demandera tout simplement, "Avez-vous aimé?" (Ou selon les paroles de Kierkegaard, "Avez-vous vécu dans le désespoir?").

4: Éviter Drame

Une autre hypothèse commune pour expliquer pourquoi on décide de devenir chrétien orthodoxe, est que l'on fuit le drame de la communauté à laquelle on appartenait avant de devenir orthodoxe. Si telle est la raison pour laquelle vous devenez orthodoxe, ne le faites pas, croyez-moi, vous rencontrerez la même chose que le drame que vous avez fui. Partout où il y a des gens, il y a du péché, partout où il y a du péché, il y a du drame. C'est inévitable.

Ce n'est pas du tout pourquoi je suis devenu chrétien orthodoxe. Remplacez le latin par le slavon, et vous avez un grand nombre des mêmes débats dans l'Eglise orthodoxe que dans l'Église romaine. 

En conclusion, il devrait aller sans dire que je ne suis pas devenu orthodoxe pour quoi que ce soit d'extérieur, que ce soit une tradition qui manque en Occident, ou l'absence de politique et du drame de l'Occident, et les gens ne devraient jamais se convertir pour cette raison, parce que s'ils le font, ils finissent invariablement par être déçus. 

Je suis devenu orthodoxe pour l'amour de la vérité de l'Homme-Dieu, Jésus-Christ, pour Son mystère pascal, et pour le salut trouvé en Lui.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et
pour les photos

NOTES:
* Gâteau que l'on mange à Pâques avec la Paskha

** Hipster est un terme des années 1940 qui désignait à l'origine les amateurs de jazz et en particulier du bebop qui devint populaire dans ces années-là...
Hipsterdom est la société des hipsters, petite côterie d'initiés, ou qui veut passer pour telle aux des autres.http://fr.wikipedia.org/wiki/Hipster

vendredi 25 décembre 2015

Ryan Adams: Les choses qui ne sont pas les raisons pour lesquelles je suis devenu orthodoxe! (1/2)


Il n’est peut-être rien qui soit plus douloureux, et de plus odieux, que les gens qui croient comprendre pourquoi vous croyez en quelque chose. Pour toute personne qui croit en quelque chose, c’est là un problème compréhensible. Si vous croyez en Dieu (ou en un dieu, ou aux esprits, ou même juste en un au-delà) vous êtes habitués au commentaire ennuyeux de la galerie crétine qui fait remarquer à quel point votre peur et votre superstition sont idiotes. Cependant, cela ne s’arrête tout simplement pas là. 

Même quelqu'un qui croit simplement que lui-même et ceux qui l’entourent existent réellement, est sujet à la voix irritante de la foule proclamant chez cette personne, sa folle peur de la réalité du rien qui se trouve au-delà de sa fiction heureuse de la réalité.

Ce fut mon expérience avec un grand nombre de personnes, en particulier avec les catholiques, qui pensent qu'ils ont découvert la raison "embêtante" pour laquelle je suis devenu orthodoxe. 

Le plus irritant dans tout cela est que non seulement beaucoup d'entre eux croient qu'ils ont tout découvert sur moi, mais ils essaient toujours d'exprimer une drôle de compassion. "Je comprends, je ressens également cela." Ceci est presque toujours suivi par une question, qui suscite un agacement particulièrement singulier chez moi: "Pourquoi n’êtes-vous pas simplement passé au rite byzantin ?"

A ceci, je ne peux que répondre:


1: De belles Liturgies

Ce qui est peut-être le plus ennuyeux, pour moi personnellement, c'est de  commencer à avoir l'impression qu’une passion interne infinie puisse être limitée aux attraits externes esthétiques d'une Liturgie bien célébrée. Il semblerait que certains, considèrent que lorsque quiconque devient orthodoxe la seule raison qu'ils peuvent imaginer est qu'ils ont [les orthodoxes]"de belles Liturgies." Et pour être juste, c’est vrai !
   
Cependant, dire que tout le monde devient chrétien orthodoxe simplement à cause de l'expérience esthétique des Liturgies manque de quelque chose d’intégral au christianisme. Cette idée que "c’est à cause de la beauté" montre une "externalisme" plutôt déprimant, c’est-à-dire, une dépendance à l'égard de l'expérience esthétique des actions extérieures. 

Ceci étant dit, de belles liturgies sont une partie intégrale du culte orthodoxe, mais pas parce qu’elles sont belles, mais parce que quand quelque chose est important, vous le rendez visiblement plus beau. 

La beauté de la Liturgie a été préservée, non pas pour la raison qui veut que l'on préserve une œuvre d'art, mais parce que c’est quelque chose de beau qui devrait être connu, mais parce qu'elle est la seule réponse que l’on puisse trouver pour exprimer le sens interne et profondément personnel des enseignements de la foi. Ce n’est pas l'or dans l'Église, mais la raison pour laquelle on souhaite  être dans l'église qui importe.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et
pour les photos

La même barbarie est à l'œuvre!

jeudi 24 décembre 2015

Père Dimitri [Cozby]: Comment se comporter pendant l'office à l'église...


A tout prêtre on pose des questions sur le comportement pendant les offices, à la fois sur ce qui doit être fait pour montrer le respect approprié dans le temple du Seigneur, et sur ce qui peut être fait pour parvenir à une participation plus significative dans ces offices. Cet article va tenter de répondre à certaines des questions et préoccupations les plus courantes; il est tiré d'une variété de sources. Ces réponses ne devraient pas être considérées comme des lois devant être respectées, mais comme des aides pour avoir une attitude ou un état d'esprit qui donneront à l'office de notre paroisse plus de sens pour chacun de nous.

Chaque fois que nous entrons ou sortons du temple, nous devons le faire aussi discrètement que possible, afin de ne pas perturber les prières de nos frères et sœurs.

Lorsque nous entrons ou sortons du temple, nous devons d'abord faire face à l'autel et nous signer. Avant d'aller à notre place, nous devrions vénérer l'icône du (de la) saint(e) Patron(ne),  de la fête en cours dans le centre de l'église, et les icônes de notre Seigneur et de la Génitrice de Dieu (après avoir acheté et allumé des cierges, si nous le désirons).

Il est préférable d'éviter la circulation dans et hors de l'église pendant les services. Surtout ne pas entrer ou sortir pendant une encensement, une entrée, les lectures bibliques, ou le sermon; aller et venir est particulièrement gênant dans ces moments. Être en retard pour les offices est un défaut commun chez les orthodoxes de toutes sortes, mais ce n'est pas quelque chose dont nous devrions être fiers. Partir des offices plus tôt, sans une très bonne raison, est tout aussi mauvais.

Lorsque nous sommes dans le temple, nous devrions essayer de maintenir une attitude de prière et un esprit d'humilité, comme le collecteur d'impôts de l'Evangile (Luc 18: 10-14). Le but de notre venue,  est de nous rapprocher de notre Seigneur et Roi en compagnie de nos frères et sœurs; nous venons ensemble pour constituer l'Eglise de Dieu. Ces faits devraient régir nos attitudes et nos comportements.

Nous devrions éviter les conversations dans l'église, même si l'office n'a pas encore commencé. Nous devrions passer le temps avant les services à nous préparer pour le culte; la conversation nécessaire devrait être menée discrètement, afin de ne pas déranger les méditations des autres.

Nous obtiendrons plus de choses bénéfiques en assistant  aux services, si nous prions, plutôt que de simplement y assister. Autorisez les hymnes à entrer dans votre coeur, et faites vôtres leurs paroles. Rappelez-vous que les offices ne sont pas un temps pour les prières privées, mais pour le partage dans le culte commun de l'Église.

Suivez l'office avec votre corps ainsi qu'avec votre esprit. La piété orthodoxe est riche en actions qui permettent à la personne toute entière d'adorer. Nous devrions nous signer à des moments appropriés (en entendant une invocation de la Trinité, et à toute prière ou demande qui nous touche personnellement). A l'encensement et aux bénédictions, la réponse appropriée est de s'incliner vers le prêtre (se signer n'est pas nécessaire). 

Pendant le Grand Carême, il y a des moments où nous nous agenouillons, ou bien où faisons des prosternations; suivez alors ce que font les servants du prêtre et de l'autel. S'agenouiller n'est pas approprié le dimanche, puisque chaque dimanche est une fête de la Résurrection, une Pâque hebdomadaire. (Le lecteur ou la chorale sont exemptés de certaines actions si les exécuter perturbe l'office.)

Rappelons-nous surtout que le temple doit être empli d'une attitude d'amour et de respect mutuels. Nous nous réunissons pour partager le culte de l'Eglise, pour nous unir les uns avec les autres et avec notre Seigneur, pour anticiper ce moment de joie lorsque nous sommes réunis dans Son Royaume. Notre attitude envers l'autre devrait refléter celle du Seigneur, Qui nous aime tous et ne désire rien de plus que notre croissance spirituelle et notre salut.

Version française Claude Lopez-Ginisty
et

mercredi 23 décembre 2015

Le devoir de tout chrétien, c'est d'être missionnaire


“Mission Is the Duty of Christians of All Ages”

Il n'est pas question de nous demander "Pouvons-nous le faire?", Mais d'un commandement impératif "nous le devons!" "Allez donc, et enseignez toutes les nations." "Allez par tout le monde et prêchez l'Evangile à toute créature." Il n'y a pas à "considérer si vous le pouvez," il n'y a qu'une obligation définitive, et claire de Notre Seigneur... 

Si nous nous laissons reposer en paix dans cette inertie habituelle en matière de missions, nous ne gardons pas simplement la pure Lumière de la foi "sous le boisseau," mais nous trahissons aussi l'un des éléments fondamentaux de notre tradition orthodoxe. Car l'œuvre missionnaire a toujours été une tradition au sein de l'Eglise orthodoxe... L'activité missionnaire n'est pas simplement quelque chose "d'utile" ou tout simplement de "gentil", mais quelque chose d'impératif, un devoir avant tout, si nous voulons vraiment être conséquents dans notre foi orthodoxe.

L'Église sans mission est une contradiction dans les termes. Si l'Église est indifférente à l'œuvre apostolique qui lui a été confiée, elle se renie elle-même, et contredit son essence, et elle est traîtresse dans la guerre dans laquelle elle est engagée. Une Eglise statique qui manque de vision et d'effort constant pour annoncer l'Evangile à l'oikoumene ["ensemble du monde habité"] ne pourrait guère être reconnue comme l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique à qui le Seigneur a confié la poursuite de son œuvre.

L'inertie dans le domaine de la mission signifie, en dernière analyse, une négation de l'Orthodoxie, un retour en arrière dans l'hérésie pratique du localisme... Il est impensable pour nous de parler de "spiritualité orthodoxe", de "vie en Christ," d'imiter l'apôtre Paul, fondateur de l'Eglise, tandis que nous restons inertes par rapport à la mission; il est inintelligible d'écrire sur l'intense vie liturgique et spirituelle de la Résurrection du Seigneur en nous, tandis que nous demeurons paresseux et indifférents à l'appel des missions, avec lesquelles le message de la Résurrection est entremêlé.

C'est seulement quand on se rend compte que la mission dans le monde entier est une implication initiale et de choix dans un article fondamental du Credo *, élémentaire pour la compréhension orthodoxe de ce qu'est l'Église, et que ce qui est appelé "mission" n'est pas une affaire externe, mais un besoin interne, un appel à la repentance et à nous aligner avec l'esprit de l'Évangile et de la Tradition de notre Eglise, c'est alors seulement nous aurons un début proprement théologique et porteur d'espoir pour ce qui vient ensuite.

L'Évangile est adressé à tous les peuples, et donc l'œuvre de l'Eglise demeure incomplète tant qu'elle est limitée à certaines zones géographiques ou à certaines classes sociales. Son champ d'action est universel et il est actif dans les deux secteurs qui accueillent les bonnes nouvelles et ceux qui au premier abord peuvent les rejeter. La mission n'était pas seulement le devoir de la première génération de chrétiens. Elle est le devoir des chrétiens de tous les temps... Le témoignage est l'expression de la vitalité de l'Eglise ainsi que celui d'une source de renouveau et de vigueur renouvelés... Tout le monde devrait y contribuer et y participer, que ce soit directement ou indirectement. C'est une expression essentielle de la philosophie orthodoxe.

Il n'est pas question ici d'obéissance, de devoir ou d'altruisme. C'est une nécessité intérieure. "car la nécessité m'en est imposée, dit saint Paul, et malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile! (I Corinthiens 9:16). Tous les autres motifs sont des aspects de ce besoin, des motifs dérivés. La mission est une nécessité intérieure (a) pour les fidèles et (b) pour l'Église. S'ils refusent, ils ne se contentent pas d'omettre un devoir, ils se renient. Le chrétien qui est incorporé en Christ et qui vit vraiment en Lui ne peut pas penser, sentir, être, agir ou voir le monde d'une manière différente de celle du Christ.

Ne nous trompons pas. Notre vie spirituelle [celle de l'Église et de tout croyant] n'acquerra pas la ferveur, la largeur, l'authenticité qu'elle devrait avoir, si nous continuons à considérer et à vivre le christianisme enclos dans les limites étroites de la communauté à laquelle nous appartenons, en oubliant son destin universel.

- Extraits tiré du livre:  “Monks, Missionaries and Martyrs: Making Disciples of All Nations [Moines, missionnaires et martyrs: faites des disciples dans toutes les nations."]

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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* Quand les chrétiens orthodoxes confessent [dans le Credo], "Je crois en un seul Dieu [...] Église apostolique," apostolique ne se réfère pas seulement à la succession apostolique. Plus important encore, cela implique ayant un "feu et du zèle apostolique pour prêcher l'Evangile" à toute créature "(Marc 16,15), car elle nourrit ses membres afin qu'ils puissent devenir des "témoins à Jérusalem et en Judée et en Samarie, et jusques aux extrémités de la terre" (Actes 1: 8).