"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 1 novembre 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


19 octobre / 1ER novembre
22ème dimanche après la Pentecôte

Saint Jean de Cronstadt (1908) ; saint Joël, prophète ; saint Varus, martyr en Égypte avec six ascètes (vers 307) ; sainte Cléopâtre, qui recueillit le corps de saint Varus, (319) et son fils saint Jean ; saint Sadok, évêque de Séleucie en Perse, martyrisé avec 128 compagnons (342) ; saint Véran, évêque de Cavaillon (590)  ; saint Jean de Rila, fondateur du monastère de Rila en Bulgarie (946)  ; saints néo-martyr Serge (Pokrovsky) (1937).

Lectures : Gal. VI, 11–18  ; Jn. 4, 7-11 ; Lc. VIII, 5–15 ; Lc. VI, 31-36

VIE DE ST JEAN DE CRONSTADT
N
otre père St Jean de Cronstadt le Thaumaturge naquit le 19 octobre 1829 dans un village du grand nord de la Russie. Dès sa plus tendre enfance, son père l’amenait constamment à l’église, développant en lui l’amour de l’office divin. Ses parents vivant dans de difficiles conditions matérielles, l’enfant fit tôt connaissance avec la pauvreté, le chagrin, les larmes et les souffrances. Cette situation le rendit concentré en lui-même, pensif, et en même temps lui communiqua une compassion profonde envers les pauvres. A l’âge de six ans, Jean commença à apprendre à lire et à écrire. Mais, au début, il éprouvait  beaucoup de peine dans l’apprentissage, ce qui le poussait à recourir à la prière ardente, afin que le Seigneur l’aidât. C’est ainsi qu’après l’une de ces prières, la nuit, l’enfant fut ébranlé de tout son être : « Un rideau tomba de devant mes yeux, comme si mon esprit s’était ouvert », dira-t-il plus tard. Depuis ce moment, il commença à étudier brillamment et il termina parmi les premiers le séminaire ecclésiastique d’Arkhangelsk. Alors qu’il étudiait à l’Académie, il pensa de prime abord à se consacrer au travail missionnaire en Sibérie ou en Chine. Toutefois, il se vit une fois en rêve en train de servir comme prêtre à la cathédrale Saint-André à Cronstadt, qu’il n’avait jamais vue. En 1855, il acheva ses études à l’Académie, et il lui fut proposé de se marier à la fille de l’archiprêtre de la cathédrale de Kronstadt, Élisabeth, ainsi que d’être ordonné prêtre pour servir dans cette église. Se souvenant de son songe, il accepta la proposition. Le 12 décembre 1855, il fut ordonné prêtre. Lorsqu’il entra dans la cathédrale, il fut saisi de crainte : c’était exactement l’édifice qu’il avait vu en songe. Le premier jour de son mariage, il dit à sa femme : « Il y a beaucoup de familles heureuses… Allons, toi et moi, consacrons notre vie à Dieu », et ils vécurent dans la chasteté jusqu’à la fin de leur vie.  Dissimulant cela aux yeux des hommes, il vécut dans l’ascèse, la prière incessante et le jeûne, célébrant quotidiennement la Divine Liturgie. Dès qu’il fit connaissance de son troupeau, le père Jean comprit qu’il avait une œuvre pastorale à accomplir, qui ne serait en rien inférieure à celle qu’il aurait menée dans les contrées païennes. L’absence de foi, les sectes, l’indifférence se manifestaient fortement dans cette ville où étaient envoyés en exil les mauvais sujets de la capitale. Il y avait en outre un grand nombre de manœuvres qui travaillaient au port, vivant dans des masures et sombrant dans l’ivrognerie. C’est envers ces gens méprisés de tous que le saint, empli de l’amour du Christ, tourna son regard. Chaque jour, il commença à leur rendre visite dans leurs tristes conditions de vie, leur parlant, les consolant, s’occupant des malades, leur distribuant tout ce qu’il possédait, revenant même souvent chez lui avec une partie seulement de ses vêtements, voire sans bottes. C’est à ces gens méprisés que le saint rendait l’image du Christ qu’ils avaient perdue et c’est à eux que se révéla en premier la sainteté du père Jean, pour être ensuite connue de toute la Russie. C’est en ces termes qu’a décrit un artisan la visite que lui fit  le père Jean : « J’avais alors 22-23 ans… Alors que je revins une fois, éméché, à la maison, je vis un jeune prêtre qui était assis, qui tenait dans ses bras mon jeune fils, lui disant quelque chose tendrement. L’enfant écoutait sérieusement. Il me sembla alors que le père était semblable au Christ dans le tableau « la bénédiction des enfants »... Je voulais crier, mais les yeux du père Jean, pleins de tendresse et de sérieux, m’arrêtèrent. Je me sentis honteux… Il regardait directement dans l’âme... Il commença à parler.  Il dit que le paradis se trouvait dans cette chambrette, car là où sont les enfants, tout est toujours chaleureux, merveilleux, et qu’il ne fallait pas transformer ce paradis en cabaret. Il ne m’accusait pas, non, il justifiait tout, mais je n’avais rien pour me justifier… Il partit et je me tus… Ma femme me regarda… Et depuis ce jour, je suis devenu un homme ». Ce labeur pastoral inhabituel attira sur le jeune prêtre la moquerie et même des attaques de tous côtés, voire même de la part de l’administration diocésaine… Rapidement, la renommée de ses miracles s’étendit à toute la Russie. Les malades les plus graves, alors que la médecine était impuissante, recevaient la guérison par la prière et l’imposition des mains du saint. Les aveugles recouvraient la vue, la pluie tombait lors de la sécheresse. La journée du saint était organisée ainsi : le matin, il se levait à trois heures et se préparait à la célébration de la Sainte Liturgie. A quatre heures, il se rendait à la cathédrale pour les matines, durant lesquelles il lisait toujours le canon. Avant la Liturgie, il confessait les fidèles. La cathédrale qui pouvait contenir 5000 personnes était toujours pleine. La Liturgie s’achevait à midi. Durant la Liturgie, des larmes coulaient de ses yeux, et il était clair que le saint vivait toute l’histoire de notre salut. Durant l’office, on lui donnait les lettres et les télégrammes avec des noms à commémorer. Après l’office, il partait à Saint-Pétersbourg où d’innombrables malades lui demandaient de les visiter. Il ne revenait chez lui jamais avant minuit. Le saint recevait des sommes énormes pour la bienfaisance, qu’il distribuait immédiatement, nourrissant quotidiennement des milliers d’indigents. À Cronstadt, il créa une gigantesque « maison du labeur », avec une école, une église, des ateliers, un foyer d’accueil. Il fonda également un monastère dans son village natal, et un couvent féminin à Saint-Pétersbourg où il fut enterré. Durant la seconde période de sa vie, alors qu’il devint connu de toute la Russie, il dut cesser d’enseigner le catéchisme au lycée classique de la ville, où il enseigna durant vingt-cinq ans, donnant une grande importance à la vie des Saints.  « Tu n’as pas enseigné » lui dira-t-on, « une scolastique sèche aux enfants… Tu as implanté dans leurs âmes la semence de la Parole éternelle et vivifiante de Dieu ». La renommée du saint parvint jusqu’à la Famille Impériale. Il assista aux derniers moments du Tsar Alexandre III et au baptême du Tsarévitch-martyr Alexis. Malgré toutes ses occupations, le saint tenait encore un journal, dans lequel il exposait ses pensées spirituelles, qui constituèrent le célèbre livre « Ma vie en Christ ». Les homélies du saint ont été également éditées et constituent également une source d’enseignements. A la veille des événements révolutionnaires, le saint mit en garde le peuple russe contre ce qui allait inévitablement se passer. Dans les dernières années de sa vie, le saint fit face à la maladie, en disant : « Je rends grâces à mon Seigneur de m’avoir envoyé des souffrances pour purifier mon âme pécheresse ». Le 10 décembre 1908, rassemblant toutes ses forces, le père Jean célébra sa dernière Liturgie à la cathédrale de Cronstadt. Le 20 décembre, il se reposa dans le Seigneur, continuant après son trépas d’accomplir de nombreux miracles.

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ вѣ́рніи и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть претерпѣ́ти, и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !


Tropaire de St Jean de Cronstadt*, ton 4
Во Христѣ́ во вѣ́ки живы́й, чудотво́рче, любо́вію ми́луяй лю́ди въ бѣда́xъ, слы́ши ча́да твоя́, вѣ́рою тя́ призыва́ющыя, ще́дрыя по́мощи отъ Тeбе́ ча́ющыя, Ioа́нне Кроншта́дтскiй, возлюбле́нный па́стырю нашъ. 
Toi qui vis en Christ dans les siècles, ô thaumaturge, compatissant dans l’amour avec les hommes malheureux, écoute tes enfants qui t’invoquent avec foi, et qui attendent de toi une aide abondante, Jean de Cronstadt, notre bien-aimé pasteur.

(*) Selon la rédaction de St Jean Maximovitch

Kondakion de St Jean de Cronstadt, ton 4
Отъ младе́нства Бо́гомъ избра́нный, и во о́трочествѣ да́ръ уче́нія чуде́сно отъ Него́ пріе́мый, и къ пресви́терству въ со́нномъ видѣ́ніи пресла́вно призва́нъ бы́въ, па́стырь ди́вный Це́ркве Христо́вы яви́лся еси́, О́тче Ioа́нне, благода́ти тезоимени́те ; моли́ Христа́ Бо́га всѣ́мъ на́мъ cъ тобо́ю въ ца́рствіи Бо́жіемъ бы́ти.
Élu par Dieu dès ta jeunesse, ayant reçu de Lui miraculeusement, dans ton enfance, le don de l’instruction, tu fus appelé glorieusement en songe à la prêtrise, pasteur merveilleux de l’Église du Christ, Père Jean, éponyme de la grâce ; prie le Christ Dieu afin que nous soyons tous au Royaume de Dieu avec toi.  

Kondakion du dimanche du 5ème ton
Ko а́ду Спа́сe мо́й, coшéлъ ecи́, и врата́ сокруши́вый я́ко всеси́ленъ, умéршиxъ я́ко Созда́тель coвоскреcи́лъ ecи́, и cме́рти жáло сокруши́лъ ecи́, и Aда́мъ отъ кля́твы изба́вленъ бы́сть, Человѣколю́бче. Тѣ́мже вси́ зове́мъ : спаси́ на́съ, Го́споди.
Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme Tout-Puissant; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

« Voyez quelle lettre je vous ai écrite de ma propre main. Tous ceux qui mettent leur gloire en des cérémonies charnelles, vous obligent à vous faire circoncire ». Remarquez la douleur de cette âme bienheureuse. De même que ceux qui sont en proie à un vif chagrin, ou qui ont perdu quelqu'un des leurs, ou qui sont frappés d'un coup imprévu, n'ont de repos ni nuit ni jour par suite du chagrin qui obsède leur âme ; de même le bienheureux Paul, après avoir dit quelques mots au sujet de la morale, revient au sujet qu'il a traité d'abord et qui lui tient le plus à cœur : « Voyez quelle lettre je vous ai écrite de ma propre main ». Par ces paroles il veut seulement leur faire comprendre qu'il a écrit lui-même la lettre entière, ce qui est la marque d'une sincère affection. Quand il s'adressait à d'autres, il dictait et un autre écrivait : c'est ce qui ressort de son épître aux Romains, car à la fin de l'épître on lit : « Je vous salue, moi Tertius qui ai écrit l'épître ». Cette fois c'est Paul lui-même qui a tout écrit. Il était obligé de le faire, non pas seulement par affection pour les Galates, mais encore pour enlever tout prétexte aux mauvais soupçons. Comme on l'accusait de ne pas agir de la même manière que les autres apôtres, et qu'on prétendait qu'il prêchait réellement la circoncision tout en feignant de ne pas la prêcher, il se vit contraint d'écrire cette épître de sa propre main, et de la leur envoyer comme un témoignage écrit. Par cette expression « quelle lettre », il me semble qu'il n'a pas voulu indiquer la grandeur, mais la forme disgracieuse des caractères; c'est presque comme s'il disait : J'écris très-mal, et cependant j'ai été forcé d'écrire de ma propre main, pour fermer la bouche aux calomniateurs (…) « Mais pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ» (…) La pauvreté est chose honteuse, pour nous c'est chose glorieuse; l'obscurité et l'humilité prêtent à rire à la plupart des hommes, nous nous en faisons gloire. C'est ainsi que la Croix même est pour nous un sujet de glorification ».

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